29 janvier 2008

Sérénité


Cette délicieuse photo empruntée à Venice Daily Photo où j'aime aller me promener chaque jour n'évoque-t-elle pas la sérénité, loin de ce carnaval que nous sommes peu à apprécier. Deux jeunes femmes revenant de la Guggenheim qui commentent leur visite en marchant le long de la fondamenta. En face, là où aujourd'hui Roberto Ferruzzi (le fils) tient la galerie de Roberto Ferruzzi (le père, dit Bobbo), il y avait dans les années 80 un tout petit café. Les deux ou trois tables que le cafetier disposait dehors étaient des vestiges du mobilier original du Florian, celui d'avant les rénovations des années 1890-1910. D'authentiques tables de marbre sur lesquelles Rousseau, Goldoni ou Casanova se sont peut-être accoudés... A gauche, le grand portique de pierre ouvre sur une calle tranquille avec un joli puits, lieu favori des chats du quartier. A gauche, un des plus beaux jardins de Dorsoduro cache sa splendeur sous de hauts murs de brique. Plus loin encore, il y a la calle Navarro, où j'ai vécu mes dernières années d'étudiant avant mon mariage, à côté du petit fruttariol qui a fermé ses portes depuis. Tout en bavardant, nos deux promeneuses viennent de passer devant l'ancienne galerie où je travaillais et qui est aujourd'hui la boutique du musée Guggenheim. Puis elles verront les vitrines de la galerie Bacci-Baïk avec ses lithographies incrustées de feuille d'or et d'argent. Denise est anglaise, elle veille sur les créations de son mari disparu. C'est le fils qui tient la galerie le plus souvent maintenant. A l'angle du canal et de la fondamenta, on aperçoit la façade d'un petit bar où j'aimais bien aller aussi. On y jouait de la bonne musique. La longue et étroite calle puis le campo San Vio avec la chapelle transformée en maison par un grand styliste disparu lui aussi. L'ancienne boulangerie qui servait les meilleurs croissants du quartier devenue une trattoria pour touristes. Le kiosque à journaux, puis après le pont le palais Cini, et la rue qui s'élargit, le grand café aux hautes fenêtres en face de la ruelle qui mène chez le Duc Decazes où vit mon ami, le peintre Roger de Montebello et l'Accademia, le pont, la foule à nouveau...

6 commentaires:

Pierre a dit…
Merci Lorenzo, c'est à chaque fois un honneur d'être cité sur Tramezzinimag!
FRANCOIS a dit…
Ah le dorsoduro...j'ai hâte de retourner à Venise pour savourer encore plus chaque endroit authentique et heureusement il y en a encore...comment faire savoir aux vénitiens qu'ils gardent intacte leur âme.....
anita a dit…
Bonjour Lorenzo !
j'y serai à la mi-mars .... mais savez-vous que le train 221 quitte désormais Bercy à 18h55 et arrive à 9h39 ?
Bien sûr je traînerai un peu plus longtemps à table ... mais c'est curieux quand même !
anita

Anonyme a dit…
C'est notre coin, nous l'aimons.
Ce qui nous attriste c'est que depuis 1995, nous avons vu disparaître presque tous les commerces de proximité : le boucher avec son gros billot en bois debout, le boulanger qui préfère vendre des pizzas molles plutôt que se lever le matin tôt pour faire son pain, le crémier, les deux fruttarols et maintenant le bazar des sœurs Gasparini ou on trouvait de tout, la cheville qui manquait ou le pot de peinture.
Nous nous demandons quelle est la capacité d'absorption des touristes en masques, verre, et autres bimbeloteries.
Maïté & Christian

Anonyme a dit…
Quand je vois cette photo, c'est à Henri de Régnier que je pense et à la pension des sorelle Zuliani qui se trouvait au-dessus de l'actuel magasin Guggenheim. C'est là qu'il résidait quand ses amies du Dario étaient absentes ou s'étaient éteintes, avec ceux qu'il nommait "sa bande". Pour tous les amoureux de Venise, relisez L'Altana qui évoque si précisément ces lieux, à défaut de trouver ses meilleures nouvelles vénitiennes en librairie.
Lorenzo a dit…
Effectivement c'était là, mais la chambre de l'écrivain et le salon de la dame n'était pas tout à fait au-dessus de la galerie, mais derrière avec l'accès par le sottoportego voisin. la maison donne sur l'actuel jardin de la Guggenheim. C'est là que Dachine Rainer, l'écrivain amie d'Ezra Pound et Olga Rudge écrivit son "Diary of Venezia".

La piazzetta dimanche dernier

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3 commentaires:

Florence a dit…
Pourtant d'après il Gazzettino, deux chambres d'hôtel sur trois sont libres.
D'où vient cette foule et où se loge-t-elle??
Ma cousine Claudia attend avec impatience la fin du Carnaval. Si elle pouvait fuir Venise en cette période, car c'est l'invasion....
Ciao e a presto

AG a dit…
Bonsoir Lorenzo,
Aucun commentaire, effectivement, la photo parle d'elle-même.
Mais surtout, à mes yeux, AUCUN INTERET : être étouffée, malmenée au milieu de cette foule... pour voir QUI ? QUOI ?
Vive la Venise dite "mineure" qui me correspond si bien.
Bonne soirée. Agnès

Tietie007 a dit…
J'ai vu les images à la TV, c'est assez incroyable ! Je crois que je préfère Venise juste après le carnaval, car là ...
Bonne journée !

Georges Clooney, invité d'honneur du Grand Bal du carnaval

10/08/2022 : A la demande de Google ce billet publié en 2008 suite à l'annonce du choix de l'acteur et réalisateur américain Georges Clooney comme invité d'honneur du Carnaval, a été retoqué pour satisfaire aux règles. Cependant, après avoir parcouru attentivement celles-ci, nous n'avons trouvé aucune injure, menace, ou attaque personnelle contre l'acteur. Nous exprimions dans ce billet notre opinion relayant celle de milliers de vénitiens et de journalistes intéressés au sort de Venise et des vénitiens. Ce n'était pas non p lus une attaque contre la municipalité qui cherche sans arrêt des solutions pour sauver Venise. Nous critiquons seulement certains choix qui selon nous ne vont pas dans le bon sens.

Beaumarchais a écrit : "Les faits sont sacrés mais les commentaires sont libres". Cet article donne, dans le respect des faits et dans le cadre de la liberté d'opinion, l'avis de la rédaction  ne peut être censuré où alors nous changeons de paradigme et la démocratie a du souci à se faire quand on s'attaque à la liberté d'opinion ! 

Tramezzinimag n'a rien contre Monsieur  Clooney, bien au contraire. C'est un fantastique acteur et un excellent réalisateur. Notre propos à l'époque, comme aujourd'hui, était d'informer nos lecteurs de ce qui semblait initier une dérive qu'avec de nombreux vénitiens et d'observateurs, nous obserons depuis quelques années et qui nous parait dangereuse. 

Nous sommes nombreux à penser que ni le développement du tourisme de masse, ni la disneylandisation de la ville, ni la gentrification des lieux ne sont de bonnes choses pour la cité de Venise, ni pour ses habitants de moins en moins nombreux au vu des immeubles fermés avant d'être transformés en auberges de luxe et du prix des loyers. 

Peut-être que l'acteur américain n'est pas au fait de tout cela. Peut-être à sa décharge, pense-t-il que l'argent que lui et ses pairs laissent à Venise,  est sa manière d'aider la ville à se maintenir vivante et active.


Il va finir par s'installer à Venise ou par y acheter un palais... Cela étant, mes filles seraient ravies de le croiser quand elles vont chercher des croissants le matin... Venise cherche vraiment à attirer le maximum de "people" pour faire parler d'elle autrement. 
 
Ce qui est inquiétant c'est que tous ces gens qui vivent au-delà du monde du commun des mortels de ce siècle risquent de renforcer le côté Happy Few et anéantir ce qui reste de la Venise authentique, entraînant les prix vers le haut et transformant, certainement à leur corps défendant, la Sérénissime en un Lunapark à la Disney, figé dans un pittoresque mortifère ou tout est attraction (payante). 
 
Ce serait tellement bien si Monsieur Clooney devenait citoyen actif de Venise et par sa célébrité, ses réseaux, il s'engageait à sauver Venise en défendant son patrimoine, ses traditions et ses habitants.

 

3 commentaires:

AG a dit…
Mille fois d'accord avec vous, Lorenzo. Venise n'a pas besoin de toute cette "pipolisation", ce côté "bling-bling". Georges CLOONEY a déjà élu domicile au bord du lac de Côme. Alors pourquoi pas AUSSI Venise. Bonne soirée. Agnès
Lorenzo a dit…
il vient en voisin.
Jaio a dit…
En effet, et on voudrait tous dire tire toi de là que je m'y mette:-) Ce que je ne comprends pas, c'est que la population diminue très fort chaque année et qu'il n'y a pas moyen de trouver une maison libre!