31 août 2007

Lady Diana, dix ans déjà

Le matin du 31 août 1997, j'allumais machinalement la radio de la cuisine. La maison dormait encore et comme tous les dimanches, que ce soit à Venise, à Bordeaux ou ailleurs dans nos lieux de vacances, je m'étais réveillé avant tout le monde pour préparer le petit déjeuner familial, moment sacré du week-end. Il devait être 8 heures et le journal venait de commencer. 

Les mots prononcés très lentement par le journaliste avec beaucoup d'émotion dans la voix : "La Princesse de Galles est décédée cette nuit des suites d'un accident de voiture à Paris", je les entends encore résonner dans ma tête. Le pot de lait que je tenais à la main m'échappa et comme des millions de gens ce jour là, je fus suffoqué. Les enfants et leur mère réveillés par le bruit du pot fracassé sur le carrelage, furent eux aussi atterrés. Nous avons su plus tard combien la réaction fut partout dans le monde, instantanément la même.

Cette femme magnifique qui occupait la scène médiatique tant par ses mésaventures conjugales que par la générosité de ses combats, disparaissait brutalement au moment où on la disait prendre son destin en main. Elle rayonnait. 
En un instant je pensais aux morts célèbres qui m'avaient profondément marqué dans ma jeunesse : l'assassinat de John F. Kennedy, appris un soir ( j'avais à peine huit ans) avant de m'endormir au moment où ma mère venait m'embrasser, laissant la radio allumée comme un rite. Nos larmes soudaines. La mort du Général de Gaulle en 1969, la foule des chefs d’État du monde entier à Notre Dame. Puis un matin de septembre 1982 où je tenais l'accueil du petit Hôtel Biasin près du ponte delle Guglie à Venise, l'annonce de la mort de la Princesse Grace... 

Des êtres d'exception qui deviennent pour les peuples du monde entier des sortes d'icônes, des modèles voire des références. On peut se moquer de cet attachement qui efface tous les défauts, les erreurs ou les manquements de ces héros des temps modernes. Ils occupent l'esprit et réchauffent le coeur de bien des malheureux, un peu comme les saints pour les gens d'autrefois. Ne nous gaussons pas. 
Sur la photo ci-dessus, la Princesse de Galles sortait d'un déjeuner à la Locanda Cipriani de Torcello avec le Prince Charles et leur suite, lors de leur visite à Venise. Un déjeuner dans un cadre bucolique par une belle journée d'été. C'était en 1984.

....................

8 commentaires:


condorcet a dit…
Le Général de Gaulle mort en 1969 ? Une mort politique alors : après le référendum du 27 avril 1969, il démissionne de ses fonctions de Président de la République. Il nous a quitté le 9 novembre 1970. Ce qui illustre bien la théorie du "double corps" s'appliquant aux monarques capétiens (on peut l'étendre aux monarques républicains) chère à Kantorowicz, un corps charnel d'un côté et une essence divine de l'autre... Les saints, les rois thaumaturges. Je ne sais pourquoi mais les Annales me manquent tout d'un coup. C'est le bonheur des classiques que de pouvoir être relu sans perte et sans abus de l'arguement d'autorité.
condorcet a dit…
"argument" : mille excuses. Ce clavier est une erreur. "Ne nous gaussons pas" : l'attraction du grand public ne saurait constituer un sujet de moquerie mais au contraire celui d'une étude historique dans les règles. Cordialement. F.
condorcet a dit…
"erreur" et surtout horreur, le clavier et pourtant il ne s'agit pas d'un QWERTY !!
Lorenzo a dit…
Oui pardon 1970. Je devrais davantage me relire.
condorcet a dit…
Mais non, mais non (on fait tous des erreurs et celle-là est bien menue) : vos commentaires sont excellents et stimulent l'esprit. C'est au lecteur de mobiliser ses ressources. Continuez ainsi, vous nous offrez une belle fenêtre sur la vie vénitienne, dans toutes ses dimensions. Cordialement. F.
Gérard a dit…
Ce qui était terriblement prenant lors des funérailles de De Gaulle n'était peut-être pas à Paris , mais se trouvait à Colombey . Il y eut d'abord l'affût sortant de la Boisserie et portant le cercueil français drapé en bois des chênes de Clairvaux ou des forêts qu'il parcourut alentour . Et puis . Il y eut le silence du village, le froid. Il y eut la famille , la toute petite église , les Saint-cyriens, le vent, les Compagnons, la population. Il y eut la simplicité, cet honneur qu'il voulut et qu'il reçut : absolu ! Un très grand moment d'Histoire qui nous ramène tout d'un coup à ce que nous sommes. Face à lui ! Je l'avoue , j'ai pensé à Diana Spencer ; elle fut littéralement broyée et ceci du début jusqu'à la fin par une effroyable machination, la pire de toutes. La raison d’État. Perfidie. Secrets inavouables. Son allure, son feeling, sa jeunesse m'imposent d'ailleurs un jugement à ce sujet certainement erroné. Alors tant pis. Irrationnel, tant mieux ! Ce fut terriblement injuste. Et c'est pour cela que je pense très fort à elle ! Les "Mémoires" commencent ainsi, et en un lieu où tout se rejoint : "... le sentiment me l'inspire aussi bien que la raison . Ce qu'il y a d'affectif en moi imagine ..... "
condorcet a dit…
Quelques éléments troublants entourent la disparition de Lady Di : mort rapide de certains témoins, disparition des prélèvements sanguins du chauffeur, incohérence entre les résultats communiqués et la possibilité de conduire. Il y a quelques années, un historien s'est penché [dans la revue "Vingtième siècle, revue d'histoire" - malgré des recherches sur Persée et Cairn, impossible de retrouver ses références exactes] sur ces doubles funérailles qui renforçaient selon lui la théorie du "double corps du roi", d'un côté une essence divine à Notre-Dame et de l'autre l'enveloppe charnelle à Colombey. Alain Peyrefitte le raconte avec soin dans ses "Mémoires" : le testament de 1952 et la simplicité voulue : http://perso.orange.fr/colombeyles2eglises/testament/testament.html.
Gérard a dit…
Non. L'enveloppe charnelle rejoignit le divin et ceci précisément dans un seul lieu : le village tant aimé de la Haute-Marne. Celui des terres pauvres, landeuses, crayeuses. Pas à Notre-Dame. Qui fut un rendez-vous politique ou des politiciens, de notables, c'est comme on veut. Le divin voulu par ce militaire pour le moins curieux, mais fidèle à l'irradiation qu'il reçut, peut-être d'instinct d'ailleurs, du vieux pays hexagonal, le divin vint se manifester ici dans sa véritable expression majeure : le dépouillement exigé. Afin que tout le superflu en fut définitivement chassé ! Et le recentrage final eut lieu sur l'essentiel en fait : une parcelle de la terre de France, la famille et l'Ordre, quelques gens anonymes. C'est à dire le point origine de son départ. L'éternel constituant d'une véritable nation. Celui de Péguy, celui de Bergson, celui de sa famille, celui de ses professeurs, celui de Jeanne, celui des villageois proches. Et pour toujours, jusqu'au bout, cette incroyable rébellion atavique. Ce pied de nez aux corps constitués du pouvoir. Qui est aussi parfois une manifestation terrestre du divin recherché  Afin que ceux qui vont la quêter, ceux qui la sentent en eux, puissent un jour - dans mille ans certainement - s'y reconnaître. Qui sait ? 
Les cérémonies de Westminster avaient quelque chose de déplacé, comme un malaise, et ce ne sont pas les commentaires des journalistes mondains d'aujourd'hui qui changeront mon jugement. La destinée de cette jeune femme fut terriblement injuste ; mais le propre des trajectoires de l'Histoire se nomme souvent Tragédie. La Félicité, dans ce domaine - et elle sut l'irradier comme bien peu - , ne peut être qu'un chanceux Miracle. Que l'on reçoit. Mais qui, hélas, s'évapore et ne dure. Et que finalement jamais elle ne reçut . Ce Miracle , On y croit . Nous aussi . Et faut y croire : c'est nécessaire !

2 commentaires:

  1. On se demande comment on peut admirer cette bécasse !

    Ramon Mercader

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On se demande comment votre homonyme a pu assassiner Trotsky ! Cette "bécasse" comme vous dites, sacrifiée à la Raison d’État, avait certainement comme nous tous des défauts et des côtés sombres (cf ligne ci-dessus)mais elle a su donner son image pour des causes universelles et s'est servie de sa notoriété, de sa fortune, et de sa situation pour changer un peu les choses ou y contribuer. Vos propos semblent montrer un total mépris de la foule qui, dans le monde entier, a été bouleversée par sa mort. Qu'on le veuille ou non, cette femme a marqué notre époque.J'ai la faiblesse de penser que nous devons du respect aux morts, quelque soit notre opinion et ce qu'ils furent.

      Supprimer

Vos commentaires :