24 juillet 2006

L'affaire du Lavena : suite (sans fin)...

La musique... ne change pas. Mais l'orchestre trop "bruyant" du Cafè Lavena sur la piazza est plus vivant que jamais. Le verdict est tombé, la loi appliquée mais s'il n'a plus le droit de jouer à l'emplacement précédent clos par des scellés, personne ne lui a interdit de jouer... 

Ainsi les musiciens qui depuis des années perturbent le quotidien de la signora Paola Cazzavillan, propriétaire de la bijouterie-horlogerie voisine se sont contentés de se déplacer quelques mètres plus loin, contre le podium en fait et cela fait davantage de bruit... Mais personne ne commente l'évènement chez Lavena. Comme le dit le Gazzettino de ce matin "le bocche sono tutte cucite" (toutes les bouches sont cousues). Giovanni Rei, un jeune neveu du propriétaire  aurait aimé dire son point de vue mais s'est fait vite remettre vertement à sa place par son oncle... Les touristes sont toujours là et les consommations vont bon train... La bijoutière elle, a précisé simplement (et gentiment) aux journalistes que le désagrément sonore était pire maintenant car sur l'estrade au moins, les sons étaient étouffés par le velum et les tentures... Voilà une querelle qui promet de durer, un peu dans le genre Don Camillo et Peppone... 

posted by lorenzo at 19:22

23 juillet 2006

A Venise aussi !

A Venise aussi les services publics sont sur les dents, l'alerte a été donnée ce matin : plus de 40° attendus au plus chaud du jour. Une aubaine pour les vendeurs d'eau glacée, de granita et de fruits frais ! Mais les dalles des rues seront bouillantes et la ville une étuve. Il restera pour ceux qui peuvent se déplacer à se ruer au Lido. Les monotave et les vaporetti vont être pris d'assaut !
.
.
Vue originale des capanne du Lido
(les cabines de plage des grands hôtels).
 
posted by lorenzo at 08:30

22 juillet 2006

Brèves, Nouvelles & Ragots

Plus d'orchestre pour le Lavena
C'est confirmé par le Tribunal, le Café Lavena n'a plus le droit de faire jouer son orchestre sur la Piazza. C'est ce qu'a décidé un jugé après une procédure de plus de 10 ans. En effet, en 1994, la signora Cazzazillan, propriétaire de la boutique d'horlogerie qui est située juste derrière le podium de l'orchestre avait déposé une plainte. Non pas tant parce que cette construction était préjudiciable pour son commerce mais bien plutôt parce que les scies interprétées quinze heures sur vingt quatre par le petit orchestre lui causaient un dommage nerveux de première gravité... Elle eut gain de cause assez rapidement, obtenant que l'estrade soit placée devant l'entrée du bar. Mais le propriétaire de Lavena n'en fit rien, alors les carabiniers ont posé mercredi les scellés sur l'estrade. Plus de musique donc pour ce prestigieux café fondé en 1750 et qui fut très fréquenté par Wagner, Liszt, d'Annunzio et tant d'autres. Un évènement après 160 ans de présence musicale (le premier orchestre se produisit au Lavena sous l'occupation autrichienne) qui n'était pas la pire de la place !
.
Pierre Cardin au secours de Venise
Après des années d'abandon, un des lieux les plus dégradés de Venise, patrie des immondices et royaume des rats, va bientôt revivre grâce à Pierre Cardin et à son neveu Rodrigo. Depuis une semaine en fait, les travaux de restructuration du "Sotoportego de la siora Bettina", qui relie le campo San Cassiano au campo Santa Maria Mater Domini, dans le quartier de Santa Croce, non loin du palais que le couturier possède, ont commencé. Cette rénovation est entièrement financée par Pierre Cardin, né en 1922 à Venise, avec la collaboration de Rodrigo Designer pour l'éclairage et la société locale Bolzonella, sous la direction de l'architecte Pier Giorgio Rizzo. Les travaux comportent notamment la rénovation de la Trattoria Nono Risorto et le plafond du sottoportego.
Pour la réouverture, le couturier a promis une surprise. "En fait, nous sommes en train de penser à un évènement original" explique Rodrigo, "cela se fera avec Nono Risorto, et c'est pour la mi-septembre... C'est la première fois qu'un particulier décide de prendre à sa charge la rénovation d'une partie de Venise, et nous espérons que cette initiative donnera des idées aux autres amoureux de Venise". Que le ciel l'entende. Si les vénitiens avaient tous continué de participer à l'entretien de leur ville comme la République les y obligeait jusqu'en 1790, tant de déboires auraient pu, sans doute aucun, être évités. Les riverains des canaux par exemple étaient tenus de participer à leur nettoyage une fois l'an et un devant de porte non nettoyé était puni par de sévères amendes...
...
Pauly reste à Saint Marc
La célèbre verrerie "Pauly & Co" ne disparaitra pas de San Marco grâce à l'intervention de quatre concurrents qui vont ainsi permettre que demeure à Venise la très importante collection historique de la maison, après bien des rumeurs sur la fermeture pure et simple de l'entreprise et la dispersion de ses stocks. En effet, comme partout ailleurs dans le monde l'imbécile ultra-libéralisme risquait de sévir après l'acquisition par une société immobilière romaine des bâtiments de la plus que centenaire maison Pauly.
Les sauveurs de la célèbre marque sont des verriers opérant depuis plus de 30 ans. Les sociétés Palazzo Bianca Cappello, Pauly srl, héritiers de l'antique savoir-faire né en 1866, et les entreprises Ferro & Lazzarini srl, Laguna Murano Glass srl, Vecchia Murano srl et la Galleria San Marco srl ont ainsi trouvé un accord qui permettra à la marque "Pauly & C.V.M" de continuer à exister et être commercialisée. Conservatyion du savoir-faire et des modèles exclusifs mais aussi développement commercial. Les pièces les plus significatives de la collection Pauly vont être exposées dans différents lieux de la ville en attendant que puisse s'ouvrir le musée prévu au rez de chaussée du palazzo Trevisan Cappello, au pont della Canonica (situé derrière la basilique). Cet accord permet de combler un vide ressenti depuis longtemps dans l'environnement de Saint Marc : enfin une structure culturelle de qualité consacrée au verre dans le centre historique. Ferro & Lazzarini, situés sur la fondamenta Navagero à Murano, exposent en attendant les prototypes des verres modern'style produits dans les années 1890-1910 par les établissements Pauly pour les familles royales d'Italie, de Russie, du Maroc, d'Egypte et les créations commandées par les famille Agnelli, Pirelli ou Crespi. .. Quelques reproductions seront bientôt commercialisées par la Verrerie Eugenio Ferro. "Mais le plus important" disent avec orgueil les signataires, "c'est qu'une marque aussi célèbre que Pauly ne disparaisse pas de Venise". Jusqu'à ces derniers jours, il n'y avait rien de moins sûr...

posted by lorenzo at 21:25

20 juillet 2006

Deux jours à Venise

"Summertime" interprété par Bob Crosby et son orchestre. Une musique des années 50 pour accompagner ma rêverie sur cette lagune que j'aime tant. Je viens d'arriver à Marco Polo. 48 heures de dolce farniente dans ma ville. Ne pas résister à la tentation, parfois, cela a du bon.  

Pietro est venu me chercher avec son bateau. Il joue du saxo dans une petite formation et fait le taxi depuis quinze ans maintenant après son père qui lui a laissé un bateau magnifique qui a transporté bien du monde et des célébrités. Aujourd'hui ce n'est que moi. 

Il fait beau. L'air est pur, l'eau de la lagune est presque blanche tellement la lumière est dense. Voilà les premières maisons des Fondamente Nuove, le cantiere Soccol de mon ami Federico, le canal des Guglie qui passe devant la petite auberge des Biasin où j'ai commencé ma vie vénitienne il y a plus de 25 ans. L'ancienne ambassade de France où logeait le Président de Brosses, puis le Palais Labia, San Geremia, le Grand Canal, la Ca d'Oro, le Rialto et l'Accademia, le petit rio qui mène aux Zattere. Les jardins embaument. 

La sirupeuse chanson "On the sunny side of the street" par Tommy Dorsey (ou est-ce Vaughn Monroe ?) nous accompagne. Il n'y a aucun autre bruit que celui du moteur au ralenti. Pietro est très attentif à ne pas remuer trop d'eau quand il circule dans les petits canaux ! Voilà la Toletta. Le pont, quelques marches, la ruelle, la maison. Quelques pas encore et ce sera la fraîcheur de mon chez moi vénitien. Les passants sont rares. Il est presque midi. Il fait déjà chaud. Les rideaux de toile sont tendus sur les vitrines de la librairie. Un japonais téléphone depuis la cabine.  

Rosetta est là qui m'attend, les clés à la main. Le jardin est superbe. L'herbe qui vient d'être coupée, parfume toute la maison comme les glycines le font à Pâques. Un rayon de soleil pénètre dans le salon, faisant danser des milliers de grains de poussière échappés à la vigilance du chiffon de flanelle de la buona Rosetta. Un bouquet de fleurs siège sur la table du salon et je sais qu'il y a du vin blanc dans le frigo, des glaçons et des fruits bien mûrs comme je les aime. 48 heures de bonheur et de paix. Je vais ranger mes affaires, boire un thé, faire le tour de la maison et après m'être changé, j'irai me promener du côté des Zattere.

Un Gianduiotto chez Nico, une visite à mes amis  encore à Venise et ce sera le temps de la passeggiata à Santa Margherita (une halte au Margaret Duchamps) puis à Santo Stefano, San Luca et Campo S Fantin pour me souvenir du bon vieux temps. Je terminerai certainement ma promenade à San Bartolomeo. Un œil à la vitrine de Bastianello, le bijoutier-antiquaire qui expose toujours des merveilles, sa vitrine comme un musée ouvert dans la rue. 

Puis je dînerai à la Rosticerria que j'aime tant, à moins que je n'achète un risotto à l'encre avec des gambas grillées ou des gnocchis à la romaine que je ramènerai pour les déguster avec un verre de Soave bien frappé, dans le jardin, si les moustiques ont émigré vers l'intérieur de la lagune et les rives du Lido

L'air "I'm getting sentimental about you" des Dorsey Brothers (autre chanson bien sirupeuse qui correspond à mon humeur vénitienne) me vient à l'esprit en défaisant mon sac. Rosetta est partie, profitant du bateau de Pietro qui va la déposer à la stazione. Elle a même mis un petit  bouquet de fleurs du jardin sur ma table de nuit. 48 heures de rêve chez moi. Enfin.
posted by lorenzo at 01:16

17 juillet 2006

Il Redentore 2006

Comme chaque année depuis des siècles, le troisième samedi de juillet est consacré à la dévotion du Rédempteur. Cette fête, l'une des plus belles et des plus suivies par les vénitiens, tous milieux confondus, avec son magnifique feu d'artifice et ces centaines d'embarcations décorées de fleurs et de lampions où les familles et les groupes d'amis ripaillent après avoir suivi la procession qui traverse le canal de la Giudecca sur un pont de bateaux, à la suite des corps constitués et de tout le clergé, le patriarche de Venise en tête. Mais d'où vient cette tradition ? C'est l'une des plus anciennes cérémonies que les changements d'époque, de régime et de mentalité n'ont guère atteint. La peste et ses ravages en sont à l'origine. En 1576, le Gouvernement, ou bien était-ce seulement le Sénat, fit vœu de bâtir une église si le Christ chassait cette horrible maladie de la ville.  

La disparition de l'épidémie conduit ainsi la Sérénissime à commanditer cette belle église sur la Giudecca où tous se rendent ainsi en franchissant le canal de la Giudecca à pied dans une longue procession très suivie. Le soir, avant de finir (au petit matin) sur les plages du Lido, les vénitiens par milliers s'installent sur toutes sortes d'embarcation décorées et aménagées en salles à manger flottantes et les cuisinières s'affairent dans toutes les maisons pour préparer les plats de fête : sarde in saor, tiramesu, fritelle... Le feu d'artifice - un des plus beaux d'Europe vraiment - attire tout ce bon et chacun crie, chante, plaisante. C'est une expérience que je souhaite à tous les amoureux de Venise. Il faut le vivre au moins une fois. Nous, nous y rendions chaque année avant que les enfants grandissant aient leurs occupations estivales. Suivez le lien que j'affiche : il vous mènera à la description à chaud de cette fête par une amie du Campiello. Et Bonnes Vacances à tous ceux qui sont à Venise en ce moment !
posted by lorenzo at 20:38

Douceur estivale



Le rio San Francesco della Vignapar Danielle du Campiello
 Posted by Picasa

Promenade par un beau jour d'été

Rien n'est plus agréable que de déambuler dans les ruelles et sur les ponts, l'été, loin des touristes. Au hasard d'un chemin, c'est un campo inconnu qui s'offre au promeneur, avec les chats endormis à l'ombre des puits ou sous les arbres. Sur le canal voisin, les reflets ondulants et brillants de lumière sont parfois transformés par le sillage que laisse une barque. 

Des bruits, des odeurs descendent des maisons par les fenêtres ouvertes. Une poulie qui grince avec le linge qu'une main étend tout la haut, une radio, un rideau de bambou qui crisse. Le temps qui passe doucement, c'est Venise en juillet... Peu à peu, quand la fraîcheur reviendra, les maisons s'ouvriront, laissant sortir des petites vieilles qui iront papoter entre voisines sur des chaises qu'elle sortiront devant leurs portes, les enfants iront courir ou jouer à la balle, les chiens feront leur promenade de fin de journée. Puis ce sera la passegiatta... 

Nos amis du "Campiello" qui savent déambuler le long des ruelles et sur les ponts de la Cité paisible des jours d'été, présentent sur leur site de bien belles images de cette Venise tranquille où il fait bon vivre même sous les grosses chaleurs qui accablent bien des visiteurs. En voici quelques unes. Qu'ils soient remerciés de cet emprunt (Merci à Jas, Danielle, Stef !)




posted by lorenzo at 07:11

16 juillet 2006

Venise inédite

En écoutant Ligabue, Simply Red ou Rod Steward, sur Radio Conegliano. Le temps pour le pompiste de faire le plein, et en route pour la plage...
 © Photographie de Magali Gourret
Tous droits réservés
posted by lorenzo at 23:17

D'une lagune à l'autre...

Je reviens du Bassin d'Arcachon - retour toujours difficile vers la ville étouffante de moiteur, polluée et sale - après deux semaines de farniente, baignades, sorties en bateau et longues siestes à l'ombre du grand pin rescapé de la tempête de 1999. Le retour dans un Bordeaux caniculaire infesté de touristes rendus hagards par la chaleur, est toujours pénible.
 
A température égale, je suis toujours impressionné par la différence entre l'air pur et roboratif du Moulleau et des Abatilles (la ville d'été d'Arcachon) et l'atmosphère pesante et puante de Bordeaux. Dans la grande ville, pas un souffle d'air, même à l'ombre des grands arbres du Jardin Public. Heureusement, la maison est fraîche mais nous nous traînons depuis hier et la joie n'est plus la même. Tout mouvement devient difficile et on dort mal. Bordeaux atteint en ces jours un seuil de pollution difficilement supportable. Comme parfois  à Venise en Août, lorsque l'Ostro ou le Garbin, variantes locales du scirocco, amènent un air brûlant et que l'air devient étouffant. On prend alors le bateau pour les plages du Lido. Le calvaire se poursuit le long de la grande avenue qui mène aux plages. Mais, lorsque, débarrassés de nos vêtements, nous plongeons dans la mer, quel bonheur... 
Mais tout ce verbiage pour souligner des ressemblances entre la Lagune vénitienne et le Bassin d'Arcachon. En me promenant l'autre soir près de l'Ile aux oiseaux, la lumière qui semblait jaillir de l'eau éclairait les cabanes tchanquées et leur ressemblance avec les constructions lacustres de la lagune de Grado ou de Torcello me parut évidente. Le parfum du soir sur la plage est le même que celui qui embaume la promenade des murazzi et, dernier élément de comparaison, les étals des poissonniers sont aussi riches - les espadons en moins - que nos étals de la pescheria du Rialto... Les arcachonnais ont la pinasse qui joue le même rôle que les péottes de l'Adriatique... 
Des amis vénitiens qui ont séjourné quelques jours au Cap-Ferret l'an dernier, s'ils ont été affolés par la prétention et la vanité des petits bourgeois qui s'entassent sur les 44 hectares, avec leurs codes vestimentaires, leurs habitudes et leurs poses de nouveaux-riches, ont ressenti cette proximité. Cela m'a fait très plaisir. Finalement, à défaut de pouvoir chaque fin de semaine m'envoler vers la Sérénissime, les joies simples de notre vieille villa au bord de la plage, le bruit des vagues, les poissons du marché qu'on fait griller avec de la polenta, les promenades en barque quand la nuit tombe - il fallait voir le soir du 14 juillet ces dizaines d'embarcations qui voguaient toutes éclairées vers le port pour le feu d'artifice comme à Venise pour la nuit du Redentore - tout cela nous aide à patienter jusqu'au retour d'exil ! Et puis cette sérénité des gens là-bas, avec la même chose dans le regard qu'à Burano ou à Chioggia... Mais ce "paragone" mériterait une approche beaucoup plus scientifique. 
Tenez, laissez-moi vous donner un autre exemple : il y a une rue de la ville d'Automne que nous prenons pour aller vers le centre d'Arcachon (que des générations de promoteurs avides et sans aucun goût défigurent depuis cinquante ans) : la rue Thomas Illyricus. C'est le nom d'un moine qui aurait échoué il y a bien longtemps sur une plage entre le Moulleau et Arcachon, après une tempête. Seul survivant, on raconte qu'il fut sauvé du naufrage par une statue de la vierge amenée dans ses bagages... La sculpture passe depuis pour miraculeuse. On peut toujours la voir dans une très ancienne chapelle décorée de fresques et dorée à souhait. Plusieurs fois détruite par le feu, l'oratoire a toujours été reconstruit et la statue jamais détruite. Dde nombreux ex-votos manifestent la dévotion des marins d'ici et de leurs familles, comme dans les iles de Venise. 

Tous les dimanches après la messe, la tradition veut qu'on se recueille un instant - le temps d'un Ave Maria - devant l'autel de la vierge miraculeuse. Un lieu de paix à deux pas de la mer. Même l'odeur qu'on y respire, (ce mélange d'huile de lin, de cire et d'encens, d'air marin et de vieux bois) rappelle l'odeur qui embaume les église de Venise... 

Ce moine Thomas n'était-il pas parti de l'Adriatique ? On sait que de nombreux navires vénitiens s'aventurèrent sur la côte atlantique et les registres des Archives de l’État, près des Frari, renferment des listes de bateaux perdus corps et biens au large du golfe de Gascogne, quelques liaisons épisodiques avec Bordeaux, Bayonne ou La Rochelle... De quoi laisser s'envoler l'imagination...
posted by lorenzo at 19:30

15 juillet 2006

Casanova en France le 26 juillet

"Méfiez-vous des apparences... Mise en garde délivrée aux jeunes filles des couvents quand passe dans les parages le débauché Casanova, mais que l'on pourrait appliquer au public s'attendant à une nouvelle chronique des exploits du plus célèbre tombeur de ces dames - a fortiori avec Heath Ledger, tout juste magnifié par Brokeback Moutain, dans le rôle titre", c’est ainsi que la Libre Belgique présentait au printemps ce film encore inédit en France (il sort le 26 juillet sur nos écrans ! du moins c'est ce qui est annoncé).
.
Mais surprise, bien que pur produit hollywoodien, ce film a été abordé par le cinéaste suédois Lasse Hallström et son scénariste Jeff Hatcher, d’une manière originale et assez décalée... Oui, Casanova a séduit toutes les femmes de Venise, oui il passe pour revenu de tout , incapable de tomber amoureux. Son cynisme fait de lui, en apparence, un vainqueur perpétuel. Pas un jupon ne lui résiste ? Mais voilà qu'il va tomber sur un os : la pétillante Francesca (Sienna Miller en blonde... vénitienne), féministe avant l'heure, va repousser ses avances. Ce qui à l'heur de plaire à sa mère (Lena Olin), qui veut la marier au plantureux et riche marchand Paprizzio (Oliver Platt), seul moyen de sauver la famille de la ruine imminente... Classique, classique.


Casanova quant à lui, poursuivi par le Grand Inquisiteur Pucci (Jeremy Irons), n'a plus d'autre solution que de feindre de vouloir épouser la jeune Victoria (Victoria Dormer), très agréable tout de même (bref ce ne serait pas un calvaire pour Giacomo !), mais cette jolie promise tombe sous le charme de Giovanni, le jeune frère de Francesca (Charlie Cox qui jouait en 2004 dans Le Marchand de Venise)... 
C’est un peu compliqué mais finalement on s’y retrouve : En manipulant les uns et les autres, Casanova espère se rapprocher de Francesca le soir du carnaval où expire l'ultimatum de Pucci. L'imbroglio peut se mettre en place. Cela ne manquera pas de vous rappeler nos classiques : Shakespeare, Molière ou Goldoni revisités par Hollywood...
Avec sa foule de personnages et ses rebondissements en cascade, cet énième Casanova (souvenez-vous de celui de Comencini ou de Fellini), vire progressivement à la pantalonnade, plus commedia dell'arte que drame sentimental. Heureusement, le brio des acteurs, qui s'en donnent à cœur joie, sauve un scénario tarabiscoté. Les puristes en sortiront perplexes, on peinera parfois à accepter les accents anglo-américains (alors que le réalisateur a tenu à filmer dans les décors authentiques de Venise), mais, en restant positifs, on savourera tout de même cette comédie en costumes d'époque avec son final inattendu, entre le cinéma de Richard Lester et celui de Philippe de Broca, comme un plaisir estival. 

Vous savez ces soirées très chaudes où on projette sur de grands écrans en plein air des films que tout le public, bon enfant, commente. Certes pas de quoi faire un classique retentissant et inoubliable qu’il faudra avoir dans sa filmothèque, mais c'est une farce plaisante où brille en sérénissime comique Oliver Platt et d'où émerge Victoria Dormer, délicieuse en jeune fille de bonne famille coquine. Une image saine de Venise, comme au XVIIIème, toute de joie et de plaisir.

posted by lorenzo at 23:00