17 août 2006

Le Cotentin comme une île

Le Cotentin comme une île m’éloigne de mon quotidien... Un climat plus difficile ou l’aléatoire beau temps soulève des cris de joie lorsqu’il daigne se présenter et réchauffer nos virées à la plage. Il y fait très calme et le cri des mouettes se mêlant au braiement des ânes dans le pré voisin remplace assez avantageusement chaque année le bruit des moteurs sur le Grand canal et la rumeur des foules sur les Esclavons.
L’ADSL n’étant encore qu’une légende dans le village où nous déposons chaque année nos bagages, je ne puis alimenter aussi régulièrement que je le souhaiterai mes blogs. Lorsque Constance, ma dernière va faire sa promenade équestre hebdomadaire à Coutainville, j’en profite pour me rendre à Coutances, la jolie petite ville voisine, où un cyber-café me permet de reprendre mes chroniques. Mais, que mes lecteurs se rassurent, je serai de nouveau devant mon clavier la semaine prochaine : prochain article, le 22 août 2006
posted by lorenzo at 14:41

La tour de l’horloge après dix ans de pérégrinations

Il aura fallu plus de dix ans pour que soit restaurée la superbe tour de l’horloge vieille de 500 ans. Pérégrinations en tout genre, procès et recours administratifs, incidents, conflits, grèves et rumeurs jusqu’à ce que, miracle digne de l’Evangéliste Saint Marc, patron de la ville, le monument puisse se montrer de nouveau au public venu nombreux le 27 mai dernier pour l’admirer dans sa splendeur originelle retrouvée.

Les travaux avaient pourtant été décidés en février 97. L’état pitoyable de la tour jamais rénové depuis l’occupation autrichienne nécessitait une intervention musclée. C’est sur un projet des architectes vénitiens Giorgio Gianighian, Matteo Pandolfo et Alberto Torsello que la municipalité se décida. Malheureusement, les méandres administratifs ne permirent l’attribution du chantier à l’entreprise Brandolin Dottor Group qu’en… juillet 2004 ! Pour compliquer la sauce, il faut savoir que la tour ayant plusieurs propriétaires, cette indivision a nécessité un certain nombre de réunions de copropriétés pour que tous les co-propriétaires puissent se mettre d’accord. Il y a eu ensuite une quantité incroyable de recours déposés par des artisans éconduits qui contestaient l’appel d’offre simplifié (sept ans pour que la décision soit rendue officiellement !) qui attribua les travaux à la société pressentie par les maîtres d’œuvre… Passons sur les nombreux contentieux entre les corps de métiers intervenant, les délais non respectés, les devis dépassés ou les matériaux non livrés.

Finalement, sous la férule de l’architecte Roberto Benvenuti, les travaux ont pu être menés à bien près de dix ans après la décision de la municipalité. L’horloge, réparée par Piaget depuis 1999, attendait bien sagement au Palais des Doges où elle fut exposée pendant quelques mois pour fêter le 500e anniversaire de son installation. On pu voir ainsi le mouvement restauré, ainsi que la cloche et les automates. Une polémique sur cette restauration anima quelque temps les conversations dans les bars vénitiens et amena le maire Massimo Cacciari à faire devant la presse une mise au point musclée qui fit taire les esprits chagrins toujours prompts à critiquer – parfois avec raison d’ailleurs – les initiatives des pouvoirs publics en matière de restauration et de protection de la cité des doges.

Mais tout semble bien s’être terminé comme le plus souvent ici. Giandomenico Romanelli, l’actuel directeur des Musées Civiques de la ville, se disait très satisfait du résultat et la foule des vénitiens présents le 27 mai dernier pour l’inauguration du monument. C’est Marco Balich, le chorégraphe vénitien qui organisa l’ouverture des Jeux Olympiques de Turin, qui mit en scène les retrouvailles de Venise avec sa tour, ses rois mages et ses maures resplendissants.

Car tout a été refait le plus possible à l’identique selon les plans, schémas, croquis, peintures et descriptions conservées dans les archives et les musées. Il a fallu revenir sur la restauration du XIXe qui avait voulu accentuer le côté renaissance du bâtiment en utilisant de lourds matériaux modernes, notamment pour la façade des briques vernissées d’un rouge Véronèse très théâtral mais totalement éloigné de l’esprit et de la technique d’origine. Exit donc les lourdes briques rouges. Des fondations à la toiture, en passant par les escaliers, les pavements, les encadrements de fenêtres, les pierres de la voûte, les encorbellements, tout a été refait. On s’est ainsi aperçu que les poutres qui soutenaient la voûte ne reposaient pratiquement plus sur rien et menaçaient vraiment de s’écrouler, risquant de faire s’effondrer le bâtiment, ce qui aurait pu coûter la vie à de nombreuses personnes et entraîner une partie des Procuratie par terre ! 

Un miracle que cela ait tenu jusqu’au bout. Mais Saint Marc n’est pas loin. Feu d’artifice, discours officiels, spectacle musical et chorégraphique, grand bal et festin, tout y était pour fêter ce magnifique travail mais beaucoup reste à faire : la piazzetta, consommée par les hordes de touriste est dans un état lamentable, l’ensemble des bâtiments de la piazza sont d’année en année défigurés par les déjections des pigeons, la zinguerie des façades et des toitures s’écroulent rognés par la rouille et les fientes et les nombreuses acque alte endommagent les fondations des bâtiments comme le pavement de la place. Mais nous en reparlerons avec le peu orthodoxe Ludovico de Luigi et son idée de Piazza San Parco.
posted by lorenzo at 14:37

03 août 2006

L'image du jour




Bonnes Vacances a tutti !
 
posted by lorenzo at 23:57

Il fauno allo scoglio

Je contemplais ce soir le petit faune de Augusto Murer que j'ai acheté en 1984, ma première œuvre d'art, à Venise. Je l'avais acheté sur les conseils d'Arbit Blatas à la galerie Graziussi où quelques mois plus tard je serai embauché. Toutes mes économies y étaient passées ! Devant cet élégant petit faune de bronze tiré à quelques exemplaires, c'est "The Day between" de John William, qu'il composa pour le film Stepmom (Ma Meilleure ennemie), qui me sauta à l'esprit. La délicatesse de la lumière sur les formes de ce merveilleux bronze me rappelait l'air du film. Une grande bouffée de nostalgie et en même temps une grande tendresse. 
Un joli titre, Le Jour entre deux. Mais entre deux quoi ? Entre hier et demain bien sûr. Entre une journée de travail avec sa cohorte d'appels téléphoniques, de paperasses à trier, de lettres à signer, et la journée de demain consacrée au voyage. car demain, je quitte Bordeaux pour rejoindre mes enfants en Normandie, dans notre vieille "maison de famille". Presque une journée de train ! Alors aujourd'hui est un de ces jours différents, où rien n'est vraiment comme hier ni comme demain. Demain sera une journée de lecture et de rêverie. Mansfield Park de Jane Austen m'accompagnera. J'aurai pu choisir un lourd roman de Dickens mais c'est davantage pour les voyages d'hiver, avec un chocolat chaud ou un vieux porto dans un compartiment bien clos. Non, demain ce sera Mansfield park avec une bonne tasse de thé (j'emmène toujours mon petit thermos à thé quand je voyage) et des Digestive, ces délicieux biscuits de Mc Vities. Le temps passera très vite avec Jane Austen.
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Il passe très vite tout court ce soir. Le train part tôt. Je dois encore finir mes bagages, mettre mes blogs à jour (pour ne pas décevoir mes fidèles lecteurs dont je remercie au passage l'assiduité), le chat à cajoler - il faut le préparer psychologiquement à notre absence - et mille choses à ranger. Sur un air de guitare de John William ou un air de flûte d'un concerto guilleret de Benedetto Marcello, car Venise dans cette maison n'est jamais loin.
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Bonnes vacances à mes lecteurs. Notre maison du Cotentin est un petit paradis mais, si nous captons merveilleusement bien la BBC de Jersey - qui est en face de notre jardin - Internet n'est pas très répandu. Je vous le promets, j'irai au cyber-café de Coutances (oui, je crois qu'il y en a un !), la seule grande ville à proximité, ou à Coutainville, pour entretenir un peu TraMeZziniMag pendant ces quinze jours. 

posted by lorenzo at 23:50

02 août 2006

Riflessi d'estate







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San Giorgio


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posted by lorenzo at 22:11

Toujours prêts !

 
Une meute de scouts (des vrais) posant sur les marches du Florian.
Gageons qu'il y a parmi eux un totem Lion ailé !
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Le grand canal par un bel après-midi d'été

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Touriste ou voyageur ?

En passant près de la rue Sainte Catherine, la rue la plus commerçante de Bordeaux où, à part une belle croix médiévale et une fontaine du XVIIIe adossée à une église très ancienne désaffectée, il n’y a absolument rien d’autre à voir que les sempiternelles enseignes présentes dans toutes les rues piétonnes de France et de Navarre, j’ai remarqué un groupe de touristes. Une famille avec une dizaine de personnes, du grand-père au bébé dans sa poussette. L’aïeul, la (jeune) soixantaine épanouie brandissait le guide vert Michelin. Venant de la Place de la Comédie, où notre théâtre trône maintenant sur unes esplanade livrée aux seuls piétons et bordée de terrasses très agréables, ils cherchaient la cathédrale. Le guide indiquant cette longue rue (elle fait plusieurs kilomètres de long) comme le meilleur moyen d’arpenter Bordeaux et d’aller vers ses monuments les plus significatifs.

Je me suis souvenu du guide préféré des jeunes américains, dans les années 80, Go to West qui disait alors que Bordeaux était une ville industrielle, noire et sale, sans grand intérêt à part Saint André (la Cathédrale), un musée assez ordinaire selon eux et une façade sur les quais assez belle. Le guide conseillait donc d’éviter Bordeaux, simple étape vers l’Espagne pour ces jeunes yankees qui parcouraient sac à dos en un mois toute l’Europe. L’opinion du guide a - je l’espère - changé. Mais les mentalités elles, changent peu. Je ne me permettrai pas de critiquer le Michelin et autres guides traditionnels, fort bien faits en général, mais toujours assez succincts. Mais comment comprendre une ville, l’apprécier, la découvrir, même en peu de temps, si on se réfère seulement à trois pages dans un ouvrage qui couvre toute une région, voire un pays. Quel manque d’imagination et quel dommage de se contenter de suivre le chemin indiqué… Ne serait-il pas judicieux de confier aux autochtones la description de leurs lieux de vie, quitte à vérifier ensuite auprès d'historiens et de géographes les informations reçues ? J'imagine même un site internet alimenté par les habitants d'une ville pour indiquer les lieux à voir ou à éviter et servir ainsi de guides virtuels aux visiteurs, rendant ceux-ci intelligents et avisés...

Pour vous donner juste un exemple, là où j’ai croisé cette sympathique petite famille, visiblement cultivée et curieuse des choses de l’art, en s’engageant sur sa gauche – ce qu’a fini par faire l’aîné de ce groupe tandis que les autres attendaient son verdict – elle aurait vu la place Camille Jullian, avec son ancienne église gothique, transformée en cinéma (le cinéma Utopia, assez controversé, mais qui dispose de plusieurs salles très joliment - gothiquement – décorées qui diffusent de très bons films, le plus souvent en V.O), des terrasses à profusion et un curieux monument fait de vestiges romains. Dans un angle une petite maison trop restaurée, date du XVIe, là où tout le reste est né entre 1720 et 1850. Un peu plus loin encore, un minuscule square a été aménagé de d’une manière très originale : au milieu des hôtels particuliers du XVIIIe, la ville a fait planter un jardin vertical. Sur de hauts murs poussent des plantes mais à la verticale. Un lieu très agréable. 

Cent mètres plus loin, il y a le cœur du centre historique, cet ensemble très vaste de constructions du XVIIIe (bientôt classé au Patrimoine de l’Humanité) souvent parfaitement rénovées, parfois encore dans un jus sympathique contrairement à l'avis de Monsieur Juppé que le noir de fumée qui protège les pierres agace au plus au point.. Au hasard des ruelles pavées de ces pierres ramenées des Iles où Bordeaux convoyait son vin et ses nègres (langage imagé et significatif de l’époque), on rencontre de très belles façades, des cours pittoresques, d’anciennes églises, des placettes ensoleillées où il fait bon prendre l’air… Partout des terrasses, des glaciers, des boutiques pleines d’attrait. C’est le Bordeaux mineur. De loin selon moi le plus parlant à un visiteur. Celui qui permet le mieux de comprendre l’âme d’une ville et d’en sentir le souffle.

C’est pareil à Venise. Ils vont, ces pauvres touristes, depuis cent ans, de la gare au Rialto, du Rialto à Saint Marc, de Saint Marc à la Salute et à la Pointe de la Douane et parfois jusqu’à l’arsenal. Une excursion (ou bien serait-ce une incursion ?) à San Giorgio, une autre à Murano, Burano, voire à Torcello (pour les plus courageux)… Tout est dans le guide. Mais si on l’oubliait ce guide, et son plan aussi ? Si une fois les bagages posés, la première suffocante impression digérée (vous savez tous, quand on débarque du train et qu’en sortant de cette  - assez horrible - gare très pays de l’Est, on se retrouve sur le parvis, le souffle coupé par la vue, les odeurs, l’air marin, les bruits ; ce spectacle incroyable qui nous saute aux yeux, au nez aux oreilles…), si on osait partir à l’aventure. Ce n’est pas la forêt amazonienne que diable ! C’est une ville avec tellement de monde qu’il y aura toujours quelqu’un pour vous remettre sur le bon chemin. Si donc chaque visiteur prenait son courage à bras le corps et allait droit devant. A l’instinct. Bien sûr il pourrait se faire que le séjour se passe sans rencontrer un seul des grands monuments qu’il faut parait-il avoir vu. Mais combien notre esprit et notre âme y gagneraient.

Quelle joie de découvrir, par hasard un campo solitaire avec son puits médiéval… Écouter une jeune flûtiste par une fenêtre ouverte… Caresser un chat paressant sur le pas d’une porte entrouverte… Quel bonheur de s’asseoir sur un banc dans une petite église fraîche dont on n'avait jamais entendu le nom, loin des grandes rues. La Venise mineure, qui vit et s’agite encore comme du temps de Goldoni, toute remplie de parfums, de bruits, de musique n’est pas enfermée dans les guides verts ou bleus ou rouges. Le petit bar où vous sera servi un délicieux macchiato ou un’ombra de Fragolino pour quelques centimes, n’aura pas de menu inscrit en cinq langues. La mammà qui étend son linge et vous voit vous avancer vers un cul de sac, vous criera avec gouaille "acqua ! acqua !" et vous rirez avec elle de votre méprise. Un chat peut-être vous suivra quelques pas, mais seulement parce qu’il va dans la même direction… Après, quand vous vous serez imprégné de cette atmosphère authentique, libre à vous de pénétrer ces hauts lieux sanctuarisés de la culture mondiale : San Marco (mais pas le jour, plutôt le matin très tôt, pour une messe à laquelle assister ne vous fera pas de mal), le palais des doges, loin des groupes et en prenant le temps d’imaginer la vie qu’on y menait, le campanile, la Salute, San Giorgio, Santa Maria dei Miracoli, Zanipolo, les Frari… Comme les pièces d’un puzzle qu'on assemble avec patience, lentement... 

Vous serez alors à même de comprendre cette ville et ses habitants. Vous vous souviendrez aisément ainsi que ce furent un État et un Peuple triomphants. Mieux encore, vous vous sentirez vénitien. Bon vénitien. 
posted by lorenzo at 19:32

01 août 2006

Jardins secrets pour initiés


S'il existe dans tout Venise de somptueux jardins historiques cachés derrière de hauts murs, au fond de passages fermés et protégés par de hautes grilles, des parcs, des potagers et des vergers plusieurs fois centenaires débordant de plantes rares et odoriférantes, remplies de statues antiques, il y a aussi un grand nombre de jardins plus modestes, aux proportions équivalentes à nos jardins de ville partout ailleurs dans le monde. 
Il y a bien sur le nôtre à Dorsoduro avec son catalpa et sa glycine centenaire. Mais il n'est pas très grand. J'en sais de bien plus charmants encore. En voici quelques uns. Mais, lecteur, vous ne m'en voudrez pas de taire leur adresse exacte et le nom de leurs (heureux) propriétaires.
Constance dans le jardin de la Toletta

Bonne promenade virtuelle !







 







 posted by lorenzo at 22:52