18 octobre 2006

Venise, Chambre d'Amour

"Venise, voilà son secret, est un amplificateur. Si vous êtes heureux, vous le serez dix fois plus, malheureux, cent fois davantage. Tout dépend de votre disposition intérieure et de votre rapport à l’amour. L’amour ? Oui, et dans tous les sens : anges et libertinage." 
Philippe Sollers
posted by lorenzo at 01:08

Emily Loizeau chante pour vous

Un de mes plus fidèles lecteurs, Jean Claude Courbon qui partage avec moi cet amour pour Venise, diffuse sur son site une très belle vidéo de la chanteuse Emily Loizeau "I am leaving you".
 
Je vous la recommande comme je vous recommande son site. Si je savais comment sonoriser ce blog (je n'entend décidément rien encore à ce fichu langage HTML pas plus qu'à la programmation !), cette chanson figurerait en tête des sons que j'aimerai diffuser sur TraMeZziniMag. Histoire de souligner ma tristesse et ma hargne chaque fois que je dois quitter Venise ! 
En tout cas Michel Pampelune, le directeur des Disques Fargo ne s'est pas trompé en éditant son premier disque intitulé "L'autre bout du Monde". Emily Loizeau est franco-anglaise.  Sa musique aussi. Une voix et dans sa voix une présence. Un délice.
posted by lorenzo at 01:01

17 octobre 2006

Pour Hermès à Venise, pas un cheval ne bouge...

Paraphrasons Musset en exergue de ces quelques infos "People", dignes des magazine papier glacé qu'on feuillette chez le coiffeur ou le dentiste :
 
Pas de show équestre comme il était initialement prévu dans le programme des festivités organisées par Hermès pour célébrer l’ouverture de la nouvelle boutique de Venise et la restauration des chevaux de Saint Marc. Pas de pur-sang au galop, ni de ballets du Cadre Noir. Même 400 ans après la décision du Sénat de bannir les chevaux de la ville, l'interdiction se devait d'être respectée ! A la place, rien que des faisceaux de lumière mettant en valeur la copie des bronzes sur leur piédestal (tout le monde sait que les originaux sont à l’intérieur, ceux-là même qu’Hermès a fait restaurer, ceux de la façade sont en résine. Rien que la musique jouée simultanément par les orchestres de la Piazza. 

C’est ainsi que s’est déroulée la fête hier soir en l’honneur du Quadrige. Une fête très luxueuses pour les 700 invités de Patrick Thomas, entouré de toute la famille Hermès, qui s’est poursuivie dans le cortile du Palais des Doges où a été servi un repas terminé par un véritable festin de glaces : il n’a pas fallu moins de trente serveurs pour servir les convives…
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L’après-midi, le Président de la société Hermès avait rendu visite au Maire au Palais Farsetti, après avoir ouvert en avant-première la boutique à un public choisi parmi lequel Massimo Cacciari lui-même. A votre avis qu'est ce qu'il y a dans la boite qu'il tient à la main ? Un carré en twill de soie avec un nouveau motif inspiré de la Sérénissime ? En tout cas, au vu du format ce n'est pas une cravate ni un cendrier. Je vous en dirai davantage sur le modèle et si je peux sur le pourquoi de la moue du maire-philosophe dès que je saurai...
posted by lorenzo at 20:31

Un soir avant l'orage sur le Grand Canal



 Posted by Picasa posted by lorenzo at 18:47

Par un simple matin d'automne...

 

"[...] l'humaine chaleur de ces rues, qui ayant engendré la ville, paraissent encore, de leur réseau vivant, la sécréter. Étrangement, dans ces rues, on n'a jamais le sentiment d'être dehors : elles sont elles-mêmes l'intérieur vénitien."
Liliana Magrini
Carnet vénitien
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La Galère Royale

Il y a dans l'un des grands hangars de l'Arsenal, parmi un fouillis de bateaux, de gondoles d'apparat, à côté d'un sous-marin, une somptueuse barque d'apparat toute d'or et de brocard qui fut construite dans ces lieux pour le premier roi d'Italie, Victor Emmanuel Ier. La forme de cette galère d'apparat s'apparente davantage à celle qui fut construite pour la Reine Victoria au début de son règne et qui fut utilisé pour des parades royales sur la Tamise.

Sorte de modèle réduit du Bucentaure que Buonaparte, vainqueur barbare de la République honnie par ce génois, avait fait brûler et dont on peut voir au Musée Correr comme au Musée Naval quelques vestiges, le navire royal fut commandé au milieu du XIXe siècle. Il servit plusieurs fois pour des cortèges solennels qui permirent au peuple de Venise d'honorer le nouveau monarque. En voici une illustration. Il me semble qu'on l'a utilisé quelquefois pour certaines manifestations comme la cérémonie du mariage de Venise avec la mer ou la Regata Storica.

Il existe aussi à un petit bucentaure, appelée la Peota di Savoia qui fut fabriqué à l'Arsenal de Venise pour le roi de Savoie, Charles-Emmanuel III, en 1730  et servit à promener les hôtes du roi sur le Pô. C'est l'unique navire de parade construit dans les chantiers navals d'où sortirent les différents modèles du Bucentaure, mais aussi des galères d'apparat comme celles qu'on voit dans les tableaux de Canaletto, qui reste au monde. La cabine et le pont de la péotte fut montée et décorée non pas à l'Arsenal où ne se fabriquaient que des navires de guerre et autres bâtiments officiels de la République, mais aux Mendicanti, en face de la Scuola du même nom, dans le squero (qui existe toujours) du padron Zuane, atelier réputé qui fabriqua de nombreuses galères de parade pour les cardinaux et les ambassadeurs. Nous reviendrons sur ce squero et sur ce vestige de l'art naval d'avant les barbares.
posted by lorenzo at 00:32

Le saviez-vous ? : Le Palais Royal de Venise

Le 26 avril 1875, le roi Victor-Emmanuel accorda à la Province de Venise l'autorisation d'utiliser son propre emblème au lieu et place des armes royales. Le lion de Saint Marc se retrouvait ainsi couronné par la volonté du monarque par qui l'Italie était enfin unifiée. Moins de 100 ans après la chute de la République, Venise "redorait" son blason par la volonté du roi d'Italie. Celui-ci se rendit plusieurs fois au Palais qui lui était dévolu. Le vieux Palais des Doges n'avait pas plu à Napoléon pas plus qu'à son vice-roi, le Prince Eugène de Beauharnais. les autrichiens ensuite préférèrent les salles modernes et aérées crées par l'imposteur corse dans ce qui est aujourd'hui le Musée Correr. 

E.V. Lucas décrit le palais Royal quelques mois avant le début de la Grande Guerre :"Les Nouvelles Procuraties sont maintenant le palais Royal et vous pouvez voir les laquais royaux qui bavardent avec les sentinelles sous le portique près du Florian... Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je crois que le Palais Royal de Venise est la seule demeure d'un roi européen qui possèdes des boutiques en-dessous. Les chambres à coucher et les appartements privés sont intelligemment situés sur le Grand Canal, avec un jardin en dessous. Il serait impossible de dormir du côté de la Place. Mais toutes les salles d'apparat donnent sur la Piazza. Le Palais est ouvert à jours fixes et on peut le visiter sous la férule d'un chambellan en chapeau melon"... 

De nos jours, la partie situé sur la place est occupée par les réserves du Musée Correr Il est question d'ouvrir bientôt cette aile au public. les appartements privés sont toujours plus ou moins dans l'état où ils étaient en 1921 quand le roi d'Italie remit les clés de son Palais au Conseil Municipal de Venise. Je crois que le chambellan au chapeau melon a disparu, son chapeau est resté longtemps accroché à une patère dans la penderie d'une antichambre...

Tags: Venise, Vittorio Emanuele II, Palace
posted by lorenzo at 00:22

16 octobre 2006

Hommage à notre jeunesse


En rangeant mes cartons remplis de vieux papiers du temps de ma jeunesse vénitienne, j'ai retrouvé mille souvenirs. Des adresses griffonnées sur des bouts de nappes en papîer, des cartons d'invitation, des petits mots, des photographies, des lettres. Certains noms me sont encore familiers, d'autres inconnus. L'oubli prend le pas sur la mémoire. Tout un quotidien qui peut à peu s'efface. Parmi mes amis de Venise, étudiants aux Beaux Arts, en Architecture, au Conservatoire ou comme moi en Lettres, beaucoup sont demeurés proches et nous veillissons ensemble ou à proximité. D'autres ont quitté ma vie et je ne sais plus ce qu'ils sont devenus. 

C'est le cas de Pippo. Giuseppe de son vrai prénom. Palermitain exilé à Bologne avec ses parents, il voulait devenir architecte. Il dessinait à merveille et nous n'étions jamais d'accord sauf devant les tableaux de Bellini et de Carpaccio et au moment de plonger dans les vagues de l'Adriatique. Nous passions l'été sur les Murazzi du côté de Malamocco où j'ai habité un été, juste à côté de chez Hugo Pratt. Peut-être lira-t-il ces lignes et me donnera-t-il enfin de ses nouvelles ? Il a quitté Venise après moi. Nous nous sommes écrit deux ou trois fois puis plus rien. Un long silence rempli de beaux souvenirs...
posted by lorenzo at 22:50

Le Fondaco dei Turchi


Merveilleuse vision du fondaco dei Turchi, ce caravansérail mis à la disposition des marchands ottomans et qui fut longtemps un véritable centre d'affaires où turcs et vénitiens se retrouvaient pour échanger leurs produits. Lourdement restauré au XIXème (avec de sérieuses modifications qui ont altéré sa structure originelle), c'est aujourd'hui le siège du Museum d'Histoire Naturelle, un des musées les moins visités par les touristes. Pourtant un lieu à voir, tant pour ses collections que pour son emplacement. Et pour rêver...
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Photo inédite de Pierre Venice Daily Photo) - Tous Droits Réservés.
 
posted by lorenzo at 12:35

14 octobre 2006

Sur les Zattere

Voilà une promenade finalement assez peu connue des touristes - et c'est tant mieux - qui s'avère être vraiment l'une des plus agréables de Venise. Comme les flâneries le long des Fondamente Nuove ou sur les Schiavoni, marcher le long des quais de Dorsoduro est un régal. La lumière y est toujours différente et on peut y méditer tout à loisir ou bien poursuivre une conversation entre amis. Les enfants aiment à y courir et on rencontre des tas de gens différents. Vaste solarium en été (et dès le mois d'avril d'ailleurs), c'est en automne et en hiver un lieu assez privilégié, à l'abri des vents du nord, où les vrais vénitiens se retrouvent en fin de journée et le dimanche. Le meilleur glacier (Gelateria da Nico) de la ville et quelques bons restaurants y sont installés.
   
Face à la giudecca, allons donc faire un tour, de la calle del vento à la Pointe de la Douane. Nous croiserons des étudiants qui prennent le soleil sur un ponton, puis les enfants qui sortent des écoles et se précipitent chez Nico, les vénitiens qui prennent un café ou un verre. Le curé des Gesuiti qui fait constater à qui veut bien l'écouter l'état de plus en plus grave des sculptures qui ornent le fronton de son église et se transforment chaque jour davantage en talc.  
Un peu plus loin quelques touristes s'attardent sur le pont. La vue sur le canal y est si belle. Le peintre Ferruzzi sera peut être installé à l'angle d'une ruelle pour croquer la Giudecca juste en face. La concierge d'un immeuble est assise devant sa porte avec une voisine. Plus loin, la Calcina de Ruskin où nous parviennent des conversations en anglais. Encore un pont et les Zattere se font plus déserts. Le mur du jardin du séminaire est éclairé par le soleil. Les feuilles des arbres commencent à tomber. 

 
Plus loin encore, les jeunes athlètes membres de la Società Canotiera Bucintoro mettent leurs bateaux à l'eau. Le rouge vif de la grue tranche avec le vert de l'eau et le blanc écarlate de leur tenue. Les avirons sont prêts et les ardeurs fourbies. la ballade sera belle et sportive. Puis le quai se rétrécit. Un beau bateau à voile, amarré à deux pas bat pavillon néo-zélandais. Nous voilà à la pointe de la douane. A droite, San Giorgio qui touche presque la Giudecca. Les arbres du Cipriani sont une symphonie de verts et d'orange. A gauche, le Bassin de Saint Marc et son époustouflante vue : la piazzetta avec le Palais des doges, les colonnes, les dômes de San Marco et le Campanile. La lagune est toute irisée d'argent. Vaporetti, motoscafi, taxis, barques en tout genre se croisent dans un tintamarre merveilleux. C'est tellement plus agréable que la place de la Concorde ou les sorties d'autoroute... 

 
Quand les travaux seront finis, il n'y aura plus alors, après s'être assis quelques minutes face à ce magnifique spectacle, qu'à repartir vers la Salute, l'abbaye San Gregorio, les petites ruelles qui longent les palais, la Ca'Dario, la Guggenheim, San Lio et le pont de l'Accademia. Il sera temps de reprendre des forces dans un des petits bars qui longent le chemin. A moins que vous ne préfériez traverser le grand canal avec le traghetto. Deux heures de marche dans un indicible bonheur et une grande paix. C'est cela le miracle de Venise. Le bonheur et la paix. Mais je vous ennuie avec mes radotages.  

posted by lorenzo at 18:30