30 novembre 2006

Le sommeil du juste

 
Et tant pis pour ceux que je gêne, moi je suis bien et puis je suis chez moi ; Gatto genetico nato a Venezia pour vous servir!
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29 novembre 2006

Quand les enfants jouaient sur les places et dans les rues

 
Il y avait autrefois à Venise une population gouailleuse et changeante dont les cris enchantaient l'oreille des passants. Assemblés autour des puits, sous le porche des cortiles, jaillissant des sottoporteghi pour s'abriter sous les arbres des campi lors d'interminables parties de cache-cache ou de colin paillard, tout un peuple de petits lutins, de gentils gnomes règnait sur la Ville. 
 
Les enfants! Il y avait des enfants partout et le silence du jour soudain, vers seize heures explosait en un feu d'artifice de cris joyeux et le bruit des taloches se répandait sur les pavés. La rue, puisque sans danger ici, étaient leur royaume, merveilleux terrain de jeu pour des parties sans cesse renouvelées qui inspirèrent peintres, poètes et cinéastes. Combien d'images nous reviennent ainsi des joyeuses cavalcades des petits vénitiens d'autrefois. Dans les années 80, lorsque je vivais ici mes douces années d'étudiant, il y en avait encore beaucoup partout. 
 
Maintenant on a parfois l'impression que la municiplaité en exhibe quelques uns, toujours les mêmes, pour donner à la ville un semblant de vie. Ils sont tous devenus vieux, ou bien ils sont morts ou en exil. Il reste heureusement des écoles et les places se remplissent à l'heur e du goûter de ces joyeuses troupes qui s'ébattent sous le regard attendri de leurs mères qui papotent sur les bancs. Mais combien en restera-t-il demain ?

27 novembre 2006

Chez Bobo Ferruzzi

A deux pas des Zattere, sur un campiello retiré, le peintre Bobbo Ferruzzi a aménagé il y a une trentaine d'années un ancien entrepôt pour en faire sa maison-atelier. De l'extérieur, le bâtiment tout en longueur ressemble à une grange, avec ça et là des vestiges du glorieux passé de la Sérénissime enchâssés comme des pierres précieuses. Un pied de vigne noueux surplombe la porte Renaissance. 
Quand on pénètre chez le maître de maison, voilà ce que l'on voit. Un univers tout en couleurs à l'image de sa peinture. Une cheminée sur la droite, des assiettes anciennes aux murs, une belle vierge en bois polychrome, partout de beaux objets d'art de toujours grande qualité, des fleurs, des fruits et un accueil chaleureux.
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Les fauteuils profonds et confortables à souhait sont recouverts d'une simple toile que le maître a peint de ces tons vigoureux dont il a le secret et qui habillent aussi ses tableaux. De chaque côté de la porte d'entrée sont d'ailleurs les placards ou le peintre range les toiles qu'il réalise. certaines sont très anciennes (il y en a de la période scandinave, sud-américaine, parisienne, londonienne...) et d'autres très récentes. Lorsque je dirigeais la galerie, j'adorais venir choisir avec lui dans ses réserves les peintures à mettre en vente.
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Bobo Ferruzzi est un vedutiste avant tout, et comme ses glorieux prédécesseurs, il entasse souvent une dizaine de tableaux reprenant la même vue, le même angle qu'il reproduit jusqu'à ce qu'il parvienne à traduire ce que ses sens voient et ressentent. La toile alors (c'est souvent un panneau de bois qu'il encadre lui-même) aura droit aux cimaises de sa galerie. A l'époque où je travaillais pour lui, cette galerie occupait un local sublime donnant sur la fondamenta qui mène au musée Guggenheim. Occupé tout d'abord en partage avec Bacci-Baïk, un autre vénitien aujourd'hui disparu (Denise sa femme et leur fils perpétuent le souvenir de ce peintre en vendant à quelques mètres de là ses lithographies).
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La grande salle du fond où j'avais mon bureau, donne sur les jardins du palais Venier dei Leoni. C'est aujourd'hui la boutique du musée. L'actuelle galerie Ferruzzi, tenue par son fils Roberto Ferruzzi junior (qui est aussi antiquaire et bibliophile à ses heures), est en face, à l'emplacement d'un bar où nous prenions le café en surveillant l'entrée de la galerie. Ce bar, je m'en souviens, utilisait pour sa petite terrasse le long du quai, des tables en fonte et en marbre qui provenaient du premier café Florian. Chaque fois que je m'y accoudais je pensais à Casanova, Rousseau ou Goldoni...
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La femme de Bobo, la charmante Hélène et sa fille, Nora sont les créatrices de Norelène, une petite et florissante entreprise artisanale qui fabrique, à la main (dans la galerie au-dessus du salon de la maison) de somptueux tissus de soie ou de velours peints et frappés selon la technique ancienne des vénitiens reprise par Fortuny. De grandes tentures de chez Norelène habillent les murs et les lits de la maison. Un chat dort sur le canapé. Atmosphère unique et délicieuse.
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Il y avait autrefois chez Bobo et Hélène, un vieux domestique extraordinaire dont j'ai oublié le prénom. Était-ce Antonio ou Alberto ? Fin cuisinier, il faisait tout dans la maison, allait couper et ranger le bois pour la cheminée, faisait les courses au marché, ou accompagnait Bobo en bateau sur la lagune, il rangeait faisait le ménage et prenait ses repas à table avec la famille comme un vieil ami de la famille. Antique usage que cette proximité faite d'affection, de respect et de familiarité qui mit à l'abri ce pauvre homme sans famille ni ressource.
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il était célèbre dans tout le quartier presqu'autant qu'Eugenio dit Eugenio delle Zattere troubadour incapable de bien chanter. De sa voix cassée, il égrenait des chansons que personne ne voulait entendre mais qui faisait partie du paysage du quartier (je vous en reparlerai).

Venise comme un défi


"A Venise, le silence se voit, c'est le défi taciturne de l'Autre Rive. Brusquement, tout le cortège marin se noie, l'eau est comme les songes, elle n'a pas de suite dans les idées : voilà qu'elle s'aplatit et que je me penche au-dessus d'une grosse touffe de torpeur : on dirait qu'elle jalouse la rigidité cadavérique des palais qui la bordent."

Jean Paul Sartre
"Venise de ma fenêtre" in Situations IV,
1964, Éditions Gallimard

Germaine Richier chez Peggy Guggenheim


Première grande rétrospective (les critiques italiens parlent volontiers d’exposition anthologique) de la grande sculptrice française, Germaine Richier que l’on redécouvre enfin et qui est aujourd’hui considérée (enfin) avec Alberto Giacometti et Marino Marini, comme l’un de plus grands protagonistes de l’Avant-garde artistique de l’après-guerre.
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C’est la plus grande manifestation qui lui ait jamais été consacrée depuis l’exposition de 1996 à la Fondation Maeght de Saint Paul de Vence. C’est Luca Massimi Barbero qui a choisi les œuvres qui sont présentées au Palais Venier dei Leoni
 
Plus d’une soixantaine de sculptures en bronze, dont la Montagne - dont un autre des 11 exemplaires avait été exposé à Venise au Palais Grassi en 1960 dans le cadre de l'exposition « Dalla natura all'arte »-, des petits plâtres, des dessins et des lithographies, sont présentées au public jusqu’au deux février prochain, privilégiant une lecture chronologique et analytique du cheminement artistique de cette grande dame. 
 
Un cheminement particulièrement torturé et réfléchi pour aboutir à ces chefs-d’œuvre que l’on peut admirer sur la terrasse du Musée Picasso du vieil Antibes.
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Avec Augusto Mürer en Italie, Germaine Richier a progressé vers une représentation figurative complètement débarrassée de toute fioriture. Les corps qu’elle nous présente sont toujours dans la nudité de leur âme, de leur joie ou de leur peine. Comme chez Murer, ils ne trichent pas et la force que donne la matière – en l’occurrence le bronze - fait surgir mille sensations extraordinaires où l’âme et le corps fusionnent pour rayonner tels des dieux bienveillants. Depuis Camille Claudel, il n’y avait pas eu de femme sculpteur de cette ampleur. 
 

Collection Peggy Guggenheim
Jusqu'au 5 février 2007
infos : ICI
 
 
 
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26 novembre 2006

Scrap book

 

Un dimanche comme les autres à Venise

Par un doux dimanche d'automne, vers midi, quand Venise se prépare à une belle journée de farniente...
 
J'aime beaucoup me promener l'automne, mais aussi l'été ou au début du printemps, après avoir entendu la messe à l'église San Giorgio, le long du petit port de plaisance qui fait face au Palais des Doges. Il y a là des peintres, des marins, quelques touristes. Le vent y est plus doux qu'ailleurs et souvent, les senteurs du beau jardin de la Fondation Cini se mêlent aux odeurs de la mer que la brise envoie du Lido. Après, quand toutes les cloches de la ville se mettent à sonner le milieu du jour, le bruit que fait le vaporetto qui vient prendre les paroissiens et les visiteurs nous ramène vers l'embarcadère. Le bateau nous déposera sur les Zattere. Nous irons acheter une tarte aux amandes chez Vianello. La boîte de carton blanc et le ruban doré font partie de notre imagerie vénitienne. Une impression de paix et de bonheur ineffable. Rien que de très banal. Comme l'air du Non Nobis Domine, ce motet que j'écoute très souvent dans ce bel enregistrement des chansons de Shakespeare interprétées par le Deller Consort. Nos pas nous porteront, tranquillement, vers la maison. La nappe blanche, le rayon de soleil au milieu sur le grand plat de fruits brillants. C'est aussi dans mon esprit la belle musique pleine de sérénité et de simplicité des concerti pour violoncelle de Vivaldi dans l'interprétation complètement extrovertie de Wispelwey. Un dimanche comme les autres à Venise. Et Dieu que cette tarte aux amandes est bonne...

25 novembre 2006

Nous vivons une époque moderne

 
Vous ai-je parlé déjà du label Venise déposé par une société de communication italienne et dessiné par Philippe Starck ? Il est ici malicieusement détourné par un site vénitien, pour illustrer un triste sujet. De plus en plus des (vrais ou faux) mendiants se rassemblent à Venise. Venus de l'autre côté de l'Adriatique, très souvent gitans, ils s'installent sur les ponts, à l'entrée des églises et des musées, sur la Piazza... Du temps de la Sérénissime, on en voyait peu. La loi était sévère devant la mendicité et la République avait mis en place un système d'aide sociale très sophistiqué qui ne laissait personne sur le pavé. Il en est bien différemment aujourd'hui...Posted by Picasa

24 novembre 2006

TraMeZziniMag Tabloïd...

Je ne sais pas vous, mais moi j'ai un faible depuis toujours pour Meryl Streep. Son physique, son jeu, sa voix. Et maintenant savoir qu'elle aussi se laisse prendre au merveilleux piège que Venise tend depuis toujours à ceux qui savent percevoir en elle autre chose qu'un musée à ciel ouvert ou un réserve de drôles d'indiens vivant d'une drôle de manière et hors du temps des autres.
 
.Le Gazzettino annonçait en première page son récent séjour, en famille. Elle est descendue quelques jours incognito au Monaco & Grand Canal qui possède une des plus jolies vues sur le Canalezzo et le Bassin de Saint Marc. Le secret avait été bien gardé, la réservation faite avec un nom d'emprunt, l'arrivée tellement discrète que le personnel et les clients présents eurent du mal à cacher leur surprise...
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Son mari, le sculpteur Don Gummer l'accompagnait avec leurs trois enfants. Le journal dit qu'elle a passé beaucoup de temps à se détendre mais aussi qu'elle a sacrifié à l'inévitable tradition du shopping dans les boutiques des Mercerie... Je revois la prestation de l'actrice dans ce film qui n'a pris ce me semble aucune ride "Out of Africa" où elle incarnait l'écrivain Karen Blixen aux côtés de Robert Redford.
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Rien à voir avec Venise, en dépit de ses visites répétées à la Guggenheim, mais connaissez vous les sculptures monumentales de ce monsieur (le mari) ? Certaines sont exposées dans des musées américains et plusieurs pièces sont des commandes publiques qui trônent sur des campus (dans l'Ohio notamment) ou sur des places publiques. Son travail est intéressant. Toujours gigantesque, toujours en métal et toujours très géométrique. Cela me rappelle le travail de Nathalie Lamire-Fabre, aujourd'hui galeriste à Bordeaux mais aussi celui de Chillida le basque et de Sirvent le catalan qu'elle me fit découvrir et acheter quand leurs œuvres, dessins et gravures restaient abordables. En voici quelques vues.

La vita e bella a Venezia

 
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