01 mars 2007

Brèves de Venise

Ça y est, le printemps semble être là, il se prépare et va bientôt se répandre. Partout sur la lagune les fleurs vont éclore. Au Café du Paradis comme du côté de Sta Maria Formosa, sur les Zattere, à la Giudecca et dans notre petit jardin de la Toletta, les glycines sont prêtes à exploser et leur parfum entêtant se mêlera bientôt aux odeurs venus de la mer. C'est le moment que je préfère à Venise, un temps plein de promesses. la lumière se fait joyeuse, les gens sont souriants, partout les oiseaux chantent. Non, je ne cherche pas à faire du Charles Trenet, c'est simplement la joie du printemps qui renait et embellit la ville. Cela me rend lyrique. Que voulez-vous on se refait pas... Laissez-moi vous donner les derniers sujets dont on parle le matin au café ou le soir à la passegiatta.

Le Gazzettino se fait l'écho depuis un certain temps des ouvertures de commerces bien plus que des fermetures. Sage attitude qui tempère le pessimisme ambiant. Plusieurs bars et restaurants ont rouvert leurs portes ces derniers mois et le journal leur souhaite une longue vie. Le dernier en date est un bar sympathique qui après avoir existé vraisemblablement depuis plusieurs siècles, avait fermé ses portes suite au décès de son ancien tenancier. Il vient d'être transformé mais sur la base d'études très sérieuses faites par les propriétaires dans les archives d'Etat de la Sérénissime et dans les bibliothèques privées ! Il s'agit du bàcaro Risorto, sur le campo San Provolo. Tenu par les frères Jacopo et Mattia Sopradassi avec le soutien de la mamma, la signora Monica. Un local typique où sont servis tout un tas de plats typiques des osterie vénitiennes dans la grande tradition. Le journal parle d'une "autentica venezianità" . Pour accompagner ces gourmandises, vous aurez à votre disposition une large sélection des meilleurs vins du cru mais aussi du monde entier et notamment d'Argentine. J'irai essayer cette nouvelle adresse lors de mon prochain séjour comme ça, je pourrais vous en dire davantage...(plus qu'un mois !). 
Al graspa de uoa, une auberge sympathique du Rialto, vient d’être fermée sur ordre des services sanitaires suite à la dé -couverte dans une chambre d’une colonie de punaises assez virulente. Tout le monde sait que ces bestioles qui aiment l’humidité et la chaleur sont assez faciles à chasser et qu’il suffit d’une bonne désinfection pour que le mal soit enrayé. Pourtant l’USSL en a décidé autrement forçant les nombreux clients à quitter l’hôtel manu militari en dépit de leurs protestations. C’est la première fois qu’une telle mesure est prise pour un hôtel de cette catégorie, récemment refait et d’une certaine qualité (la chambre double est à 270 euros la nuit pour un confort ma foi apparemment assez développé). J’ai connu des problèmes d’invasion de punaises du côté de Cannaregio mais c'était dans de petits hôtels mal tenus. Al graspa de uoa, c’est assez surprenant ! Il faudra au moins deux mois selon les propriétaires pour que les services sanitaires soient certains de la désinfection totale de l’établissement…
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Je vous avais parlé il y a un certain temps d'un B&B; de qualité tenu par des japonais, le Fujiyama, au 2727A calle lunga san Barnaba, à Dorsoduro. Il vient d'être classé parmi les meilleurs d'Italie. Cela ne m'étonne guère. Bien placé, joliment décoré (et très propre), il accueille les voyageurs comme seuls les enfants du soleil levant savent le faire. Discrétion et raffinement. Le prix demeure raisonnable même en haute saison (de 80 à 140 euros la nuit) avec un petit déjeuner, chaque chambre a sa salle de bains privée garnie de savonnettes, de shampoing et de bonnes serviettes, la télévision et l'air conditionné. On y fait le ménage chaque jour comme à l'hôtel. Pour ceux qui ne savent pas où descendre et qui ne veulent pas y laisser leurs économies.
Tél.: (39).041.7241042 - Fax.(39).041.2771969
info@bedandbreakfast-fujiyama.it
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Le pétulant Umberto Sartori a fait parlé de lui samedi. Il rencontrait avec d’autres membres du Comité de Salut Public qu’il a fondé il y a quelques années déjà et dont votre humble serviteur fait partie. Il venait à la rencontre des vénitiens mais aussi des touristes pour expliquer ou rappeler les dangers qui menacent la cité des doges. Etaient au programme : le problème des grands navires qui perturbent les flots de la lagune, les moteurs des bateaux qui circulent trop vite dans les canaux de la ville et contribuent à déstabiliser les fondations des bâtiments, les cocktails de produits et résidus chimiques qui depuis quelques années attaquent à une vitesse vertigineuse les pierres détruisant sculptures et bas-reliefs des façades, même le pont de Calatrava qui se fait attendre était dénoncé. Il a obtenu tellement de signatures que la pétition présentée pourra enfin être présentée au Président du Conseil pour que soit enfin déclaré l’état d’urgence que l’organisation réclame depuis longtemps. Et contrairement aux mauvaises langues, Sartori et son groupe ne sont pas des passéistes uniquement préoccupés par la sauvegarde des pierres qui partent en poussière à grande vitesse. Il a été un des premiers à tirer la sonnette d'alarme et ses propos sont toujours parfaitement bien documentés, explicités et commentés. Rien n'est laissé au hasard. 

C'est de l'avenir d'une ville, d'un univers et d'un peuple dont il s'agit ! Il sait, par exemple, que le port de Venise - qui est une réussite récente - est nécessaire pour l'avenir économique de la Sérénissime. cependant, il préconise que les mesures soient prises pour que ce développement ne se fasse pas au détriment de l'environnement et de l'écosystème lagunaire. Je vous invite à aller sur son site et à le soutenir. Et lorsque vous serez à Venise, n'hésitez pas si on vous propose de signer une pétition !

Le Grand Canal au crépuscule



28 février 2007

Aqua alta : Venise fait le choix de passerelles synthétiques mais pourtant "biocompatibles"...

Tout ceux qui ont été à Venise lorsque les hautes hautes s'emparent de la plupart des places et des rues de la ville, confirmeront qu'il n'est pas facile d'utiliser les passerelles actuelles faites de simples planches de bois, lourdes et épaisses, juchées sur des tréteaux métalliques, glissantes, brinquebalantes, elles sont d'un usage assez limité et pourrissent vite. La ville a demandé il y a un certain temps à un organisme de recherche travaillant depuis sa création sur les techniques de pointe pour la protection de l'environnement, du patrimpoine et de l'habitat, le Consorzio Venezia Ricerche, dirigé par paolo Canestrelli, de mettre au point une passerelle fiable et révolutionnaire. Le résultat des recherches était présenté à la presse et au public lundi dernier par le maire. Fabriquées en moplen, un matériau plastique à haute concentration de molécules conçu à base de farine de bois et de polypropylène, il offre une surface parfaitement lisse, dépourvue de trous ou d'irrégularités et une solidité à toutes épreuves. C'est cependant du plastique et pourtant présenté comme "ecocompatible" (est-ce que cela veut vraiment dire quelque chose ?). 
 
A titre expérimental, ces passerelles d'un troisième type seront installées près de la Ca'Farsetti (la mairie). Matériau plus dense mais aussi plus léger donc plus facile à transporter. Un seul inconvénient tout de même, elles restent faites de plastique même si les composants d'origine végétale sont majoritaires. Est ce vraiment écologique ? L'est-ce en tout cas davantage que les planches utilisée aujourd'hui ? Les mauvaises langues continuent de jaser en prétendant que la modernité là-aussi cache une incapacité certaine à résoudre les vrais problèmes de la ville. On verra sûrement un jour prochain débarquer des palli en plastiques imitant parfaitement le bois. Comme disait un Philippe Meyer tous les matins sur les ondes de France-Inter "Nous vivons une époque moderne !" 
Décidément toutes les innovations soutenues par l'équipe municipale de Massimo Cacciari sont systématiquement critiquées et toujours décodées comme n'étant que de simples effets de manche. Chi lo sa ?

Vaste polémique à Venise : les adeptes du silence contre la jeunesse trop bruyante, dispute autour du campo Santa Margherita…

Le campo Santa Margherita, l’une des plus pittoresques places de Venise. A deux pas de l’université, entouré d’écoles et de lycées, il est situé dans une zone encore très peuplée. La population du quartier reste assez diversifiée et sur le campo se croisent étudiants et retraités, pêcheurs et fonctionnaires, aristocrates et ouvriers. C’est un lieu très vivant avec son marché où se côtoient poissonniers et marchands de légumes, fleuristes et camelots. De nombreux cafés s’y sont installés au fur et à mesure des années, remplaçant peu à peu les commerces traditionnels. Longtemps, un manège animait les après-midis sans école des enfants du quartier. Peu de touristes qui le plus souvent ne font que passer pour retourner à la gare où visiter les monuments des environs. 
C’est à cet endroit charmant dont je vous parle souvent (notre maison est à deux pas) que vient de naître une polémique qui oppose deux communautés apparemment incapables de se comprendre. Les riverains, le plus souvent des gens d’un certain âge et quelques familles avec des enfants d’un côté et les jeunes vénitiens de l’autre, étudiants et lycéens, mais aussi jeunes travailleurs qui aiment à se retrouver la nuit sur le campo où les bars sont agréables, la musique de qualité et les horaires de fermeture les plus souples de tout Venise. C’est ainsi que toutes les fins de semaine il y a foule jusqu’à deux heures du matin (heure obligatoire de la fermeture selon l'arrêté municipal) mais souvent bien plus tard. 
Joyeux, souvent bien éméchés, les jeunes ont pris depuis longtemps l’habitude de rester sur le campo bien après la fermeture des bars. Ils parlent fort, certains font de la musique ; ils rient… Et les riverains ne peuvent plus dormir. Certains s’en sont plaints à tel point que les autorités sont intervenues. Les médias aussi, faisant naître la polémique : faut-il sanctuariser Venise en interdisant la vie nocturne – ce fut longtemps le cas – et exiler les jeunes ailleurs, quitte à dévitaliser davantage la ville où bien doit-on laisser certains lieux entre les mains des jeunes et des noctambules ? "Venise musée vaut mieux que Venise Las Vegas" crient les ennemis du bruit. "Empêcher les jeunes de s’amuser, c’est détruire l’oxygène de la ville" disent les autres …

En attendant, l’ancien propriétaire du Salus Bar (situé sur la calle larga qui va de San Barnaba au campo Santa Margherita), Franco Bernardi, vénitien de Valdobbiadene, vient d’ouvrir une nouvelle osteria, en plein sur le campo, près de la banque, à l’emplacement d’une ancienne boucherie et qu’il a baptisé l’ostaria alla Bifora, car en faisant les travaux de rénovation notre ardent cabaretier a retrouvé les arches d’origine du local. Ouvert depuis quelques jours seulement, il attire déjà les anciens habitués du quartier que le bruit des groupes de rock appréciés des jeunes, a fait fuir vers le Rialto. Il espère les faire revenir et contribuer ainsi à recréer un équilibre sur le campo. Cette osteria traditionnelle s’adresse donc à une génération plus posée, moins bruyante et économiquement plus à l’aise. Inutile de préciser que les tarifs pratiqués ne seront pas ceux du Margaret Duchamp ou du Bar Rosso… Un moyen comme un autre de lutter contre le bruit après tout…
Le campo Santa Margherita, pendant la journée est un lieu merveilleux. Comme dans d’autres places des quartiers de Venise, on y retrouve toutes les générations. Comme sur une place de village. Les commerçants n’ont pas encore cédé leur place aux boutiques à touristes et le soir, au moment de l’apéritif, la passeggiata demeure une des plus rafraîchissantes de Venise. C’est après que tout se complique, plus tard le soir, la nuit aussi. Mais, gageons qu’avec un peu de doigté, le sens de la mesure et quelques spritz, les différentes factions trouveront un accord pour que tous continuent de vivre ensemble, harmonieusement, sans jamais avoir besoin de reprendre la tradition du combat entre Nicolotti et castellani (*), qui tous les ans se retrouvaient sur le pont des Pugni, à San Barnaba, pour une sacrée castagne immortalisée par de nombreux peintres.
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(*) : voilà ce que l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert disait au XVIIIe siècle de ces NICOLOTTI & CASTELLANI, (in Histoire de Venise) : "Ce sont deux partis opposés parmi le peuple de Venise, qui tirent leurs noms de deux églises de cette ville; ils forment deux espèces de factions, qui en viennent quelquefois aux mains; mais le conseil des dix ne tolère ces deux partis, qu'autant qu'il n'y a point de sang répandu dans leur querelle. Cette république aristocratique pourroit sans doute éteindre peu - à - peu l'animosité populaire des deux factions, mais elle aime mieux la laisser subsister, dans la crainte que ces deux partis ne se réunissent, pour tramer quelque complot contre le sénat, ou contre la noblesse". (D.J.)

Le label Venise ne parle pas français


Le label Venise lancé à grand renfort de publicité est décliné de différentes manières, couleurs et formats. Un magnifique vademecum à été édité avec une couverture orange très Hermès. Cependant, vous remarquerez qu'avec l'italien, seul l'anglais a été retenu. Et nous autres français, dont la langue fut autrefois avec le latin, le plus parlé dans l'ensemble du monde civilisé, langue de la culture, de la diplomatie et de l'art, nous devons renfiler notre orgueil et parler cette langue anglaise qui prend le pas sur toutes les autres. Et nos amis hispaniques, allemands, les scandinaves, les slaves ?

26 février 2007

Somewhere over the rainbow...

Comme l'apparition des montagnes enneigées certains jours de printemps derrière Murano et Torcello, la vision d'un arc-en-ciel sur la lagune a toujours quelque chose de magique. Après l'averse, la lumière froide et métallique se réchauffe et le miracle se produit : la plus belle vue du monde s'embellit d'un des plus réjouissants phénomènes que nous offre Dame Nature.

25 février 2007

Promenade ou farniente ?

La pluie ne cesse de tomber. le ciel est bas. Gris sale. La lagune a pris des teintes vert foncé. Peu de monde sur les Schiavoni. Les cafés sont remplis et la buée sur les vitres donne une impression irréelle à ces lieux illuminés où vénitiens et touristes se réfugient quand le temps est mauvais. Un chien traverse seul le campo que je vois de la fenêtre. Il ne fait pas vraiment froid mais l'humidité est désagréable. Mieux vaut avoir de bonne chaussures. Pour le promeneur tout s'achève lorsque ses pieds ont froid. Nous sommes bien au chaud dans la maison. Certains sont dans le salon et bouquinent. Mario Lanza chante "you are my love" sur Yahoo.launchcast.radio. Le programme de cette radio en ligne va parfaitement avec l'atmosphère de ce dimanche tranquille.

J'entends Constance dans la cuisine qui prépare le thé. Une assiette de digestive et de custard cream, nos biscuits préférés. (merci au supermercato Billa des Zattere de penser aux amateurs de biscuits anglais), du panettone (les enfants n'en mangent pas ce qui ne m'ennuie pas vraiment vue ma passion pour ce gâteau d'hiver). Jean fait de la peinture près de la fenêtre et le chat fulmine. il aimerait bien courir et surprendre les moineaux qui chantent dans le jardin mais la pluie n'arrête pas de tomber. Un dimanche d'hiver comme les autres avec cette odeur très particulière qui est un mélange des parfums de la campagne et des remugles de la ville. Le feu crépite en bas. C'est en principe interdit mais ici à Dorsoduro tout le monde ou presque allume sa cheminée l'hiver, surtout quand comme nous, elle est au rez-de chaussée et ne risque pas d'embraser la maison. 

Je me souviens des après-midis chez Bobo Ferruzzi et sa femme Héléne. Le feu dans la cheminée de leur living, les confortables canapés bariolés, Savall et Hespérion XX en fonds sonore. Héléne sur la mezzanine qui travaillait à l'application de pochoirs sur une pièce de velours; Bobo qui me racontait sa jeunesse avec Neruda, le vieux domestique un peu simple qui s'affairait dans la cuisine. Atmosphère unique que je retrouve un peu dans la maison de la Toletta, avec en plus les odeurs du jardin, herbes et terre mouillées...

Insula : le nettoyage des canaux, une nécessité absolue enfin prise au sérieux

Crédits Photographiques :
Dominique Hazaël-Massieux/ Gis Portal & Insula.
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Toute ville est comme une gigantesque machine qu'il faut régulièrement réviser et réparer. Chaussées et trottoirs, canalisations en tout genre, bâtiments publics, espaces verts, etc...
C'est une règle qui s'applique particulièrement à Venise, ensemble urbain unique au monde, avec ses cinquante kilomètres de canaux accumulent chaque année près d’un 500.000 mètres cubes de boues et de déchets en tous genres, ses 454 ponts et ses 100 kilomètres de rives, la plupart donnant sur les sous-sols de palais, d’églises et de couvents, chefs-d’œuvre reproduits dans les livres d’art du monde entier.
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Bien que l’entretien de cette ville paraisse une nécessité évidente, il a fallu des années de discussion pour que soit repris l'entretien des canaux interrompu depuis plus de soixante dix ans. Depuis la fondation de la Sérénissime, l'Administration des Eaux veillait à ce que les riverains draguent et entretiennent les canaux. Ce nettoyage évitait que les voies de circulation aquatiques ne deviennent ce qu'ils sont plus ou moins de nos jours : des égouts à ciel ouvert. L'eau était propre au point que les enfants pouvaient y nager (on voyait encore dans les années 70, des gamins s'amuser à plonger du haut des ponts pour amuser les passants et surprendre els touristes !).  

Mais la lourdeur de l'administration, les complications apportées par les nouvelles répartitions des responsabilités, l'indigence de la pensée politique contemporaine (cela ne s'applique pas qu'à Venise hélas), et la perte de la mémoire collective ont contribué à l'envasement des canaux et à leur pollution. Il aura fallu de nombreuses interventions, des cris d'alarme et la terrible inondation de 1966 pour que tout le monde se réveille. Mais ce n'est que depuis six ans que la décision est effective et les moyens mis en place. 
Le résultat s’appelle Insula, une société d'économie mixte (52 % des parts sont détenues par la municipalité et 48 % par quatre entreprises privées), née en juillet 1997 afin de gérer la machine urbaine de Venise.En un peu moins de trois ans, Insula s’est fondée sur une énorme masse d’études réalisées par le bureau de l’UNESCO à Venise pour draguer plus de 22 kilomètres de canaux, extraire 123 000 mètres cubes de boues et restaurer 79 ponts. Insula est chargée de nettoyer, de réparer mais aussi de pourvoir au câblage de la ville par de la fibre optique car, pour survivre, Venise doit aussi se propulser à la pointe de la science et de la recherche. De cela on parle peu car le voyageur qui vient à Venise n'est pas là pour chercher l'innovation mais pour s'imprégner des vestiges d'un passé somptueux qui le fait rêver. C'est là une des chances de Venise : pouvoir associer les plus beaux monuments, les plus belles oeuvres d'art aux techniques de pointe et aux systèmes les plus innovants.

C'est ainsi que l'UNESCO a depuis 1966 un de ses laboratoires dans l'ancienne abbaye San Gregorio, où, avec les instruments les plus sophistiqués, des savants venus du monde entier s'appliquent à mettre au point des techniques de recherche et de restauration qui seront ensuite mises au service de l'humanité entière. C'est ainsi que ITAL Telecom a ouvert à deux pas de San Marco une galerie high tech où le passé est omniprésent grâce aux inventions les plus récentes de l'informatique et de l'électronique. C'est ainsi que Venise s'est dotée d'un des sites les plus performants en matière urbanistique sous l'égide de la société Insula, le Gis Portal qui permet de visualiser l'état de la cité lagunaire, les bienfaits des rénovations, mais aussi de calculer vos déplacements selon les marées, de repérer le sottoportego ou le pont que vous recherchez en vain. Accessible de n'importe quel poste internet, c'est un outils incroyablement riche dont peu de villes modernes sont dotées.

Voilà comment il faut concevoir Venise, voyez-vous. Un merveilleux témoin du passé de l'humanité qui par chance - et avec l'aide de la nature finalement - nous a été conservé jusqu'à maintenant et en même temps un laboratoire où s'inventent chaque jour des solutions et des techniques au service de l'art, de l'habitat et de l'environnement. Nulle part ailleurs ce mariage entre le passé et le futur n'est aussi fort qu'à Venise et je crois que les vénitiens commencent à en prendre conscience. L'Italie, en dépit d'un système politique brinquebalant, en l'absence d'une élite politique créative et inspirée (mais c'est aujourd'hui hélas le lot de tout l'occident, n'est ce pas), et Venise en dépit de l'exode forcé de sa population naturelle, sont loin d'avoir fini de nous surprendre. Car ils sont nombreux à Venise - et à Rome - à avoir compris que si le problème de la montée des eaux et de l'affaissement des îlots est crucial, le véritable souci vient de la pollution potentielle dont Venise est à la merci avec les centaines de millions de mètre cube de produits chimiques notamment des dérivés du pétrole qui transitent chaque année par la lagune. Un seul incident comme l'Amoco Cadiz suffirait à détruire irrémédiablement l'écosystème lagunaire et souillerait à tout jamais la ville, empoisonnant la nature mais aussi l'avenir...

La pioggia a Venezia


Même sous la pluie, la ville est belle. Peut-être même davantage sous certains aspects.

Vous savez la chanson de Charles Trenet qui dit approximativement : "...quand il fait soleil, je suis heureux, et quand il pleut j'aime la pluie..." 

C'est un peu cela je crois que les amoureux de Venise ressentent quand ils foulent le sol de leur ville tant aimée : sous un ciel d'été ou par une pluie glacée, par temps de neige ou de brouillard, ils sont à Venise et cela les rend pleinement heureux.

Je vous expliquerai bientôt comment manier un parapluie dans les ruelles étroites et les campi sous une pluie battante. tout un art qui pourrait contribuer à faire de vous, de vrais vénitiens !

24 février 2007

Venise et la littérature de gare

Bon, ce n'est pas un conseil, mais si vous vous sentez esseulé(e) dans votre voiture-sleeping(*) lors de votre prochain voyage à Venise, pourquoi ne pas vous plonger dans la lecture de ce roman comme cela vous nous en ferez le compte-rendu ? Moi je crains le pire mais bon après tout, ce n'est peut-être pas si nul que la couverture veut bien le suggérer...

(*) : wagon-lit pour les générations qui ne prennent que l'avion ou les TGV et n'auront pas goûté aux délices des cabines avec vrai lit et cabinet de toilettes dans les trains de nuit !