18 mai 2007

Les yeux épris du ciel...


"Je veux rester ici sans penser : je veux vivre.
Les yeux épris du ciel n'ont pas besoin de livre.
L'automne de Venise épargné du soleil,
Sera ma rêverie et mon repos vermeil..."

Albert Mérat, les villes de marbre

17 mai 2007

Le bleu sied bien à Venise vous ne trouvez pas ?


Surtout quand l'été peine à se frayer un chemin... 
Dire qu'un jour ces palli de bois seront en résine...

15 mai 2007

Les plus belles vues de Venise

Je viens de découvrir un article élégant publié par Marie-Odile Beauvais, ravissante jeune écrivain de talent, dans le magazine Marianne que j'avoue n'avoir jamais feuilleté mais qui étant cité dans notre revue de presse sur Venise méritait qu'on y jette un coup d’œil. Rappelant les envolées lyriques des journalistes mondains du New York Times ou du New Yorker, lorsqu'ils parlent de Venise ou de Paris, l'envoyée du journal de J.-F. Kahn (dont a vu récemment qu'il était capable de publier le pire...), cet article sur les meilleures vues d’hôtel de la cité des doges présente aussi quelques adresses gastronomiques intéressantes comme le Met, le restaurant de l'Albergo Metropole récemment coté par le Guide Michelin et investi à la fois pas les membres de l'Academia italiana della Cucina et les adeptes du mouvement Slow Food. Je vous invite à lire cet article comme je vous recommande l'excellent "Proust vous écrira" (Melville Editeur) que Marie-Odile Beauvais a publié en 2005.

13 mai 2007

Brèves de Venise


Ou va le monde !
Même les princesses de sang achètent de la drogue sur la via Anelli à Padoue. L'autre après-midi, Virginia von Furstenberg, 32 ans, fille de Sebastiano von Furstenberg, est une des héritières de la famille Agnelli. Personnage très connu dans les salons vénitiens, a été surprise en train d'acheter trois grammes de cocaïne d'un pusher tunisien clandestin, Glay Ghammouri. Celui-ci a été interpelé. Embarrassante situation lorsque la police en civil a entouré la luxueuse mercedes noire de la princesse qui terminait la transaction avec le dealer recherché.

Disparition d'un homme discret
Mario Bastianello, le fondateur des supermarchés Pam (fondés en 1958) .Il vient de mourir à 74 ans des suites d'une longue maladie. Très secret, cet homme fréquentait peu la société vénitienne où il était unaniment respecté et apprécié. Très lié à sa famille, il vivaitretiré sur le grand Canal, au Palais Businello. Les obsèques ont lieu ce lundi, dans la basilique des Frari. Marié à Maria Teresa Moretti, il a trois enfants Marta, architecte à Milan, Cristina qui vit à Rome et Alberto, qui s'occupe de la propriété familiale de Caorle, ferme modèle qui passionnait le vieil homme. De nombreux témoignages de sympathie ne cesent de se manifester depuis l'annonce de sa mort.

La Fondation de Venise soutient

la future école de journalisme "Dino Buzzati"
Décidée en mars dernier par l'Ordre des journalistes pour la formation de professionnels de la presse (et la formation permanente des 4000 professionnels inscrits à ce jour. Maurizio Paglialunga, president de l'Ordre des Journalistes du Veneto, a accueilli la semaine dernière Giuliano Segre, président de la Fondazione di Venezia, en se félicitant de l'installation de cette école qui portera le nom de l'écrivain Dino Buzzati, journaliste célèbre en son temps et originaire de Belluno, dans les environs de Venise. Installé dans le centre historique, cet établissement contribuera à la redynamisation de la Cité des Doges à une période où un grand nombre de sièges sociaux et de bureaux importants déménagent vers Mestre ou sont délocalisés, montrant ainsi qu'il n'y a pas que le tourisme à Venise.

Une nuit avec Carlo Goldoni à la Ca d'Oro

La IIIe édition de la Nuit des Musées aura lieu le 19 mai prochain dans toutes l'Europe. A Venise, c'est dans la Ca d'Oro, la fameuse et somptueuse Galerie Franchetti, qui a été retenue pour cette manifestation. Ainsi, toute une partie de la nuit (jusqu'à 22 heures), le public pourra entendre des acteurs déclamer poèmes et répliques sur le thème du théatre pour proposer aux visiteurs des lectures et des spectacles inspirés des textes de Carlo Goldoni par les membres de l'école de théâtre "Fabbrica d'attori" en collaboration avec l'association "Piuttosto Puck" de Venise. Renseignements au 39 41 522 23 49.
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 1 commentaire:
Gérard a dit…
Quelle tristesse !
A 32 ans , et se mettre déjà H.S.
Quelle tristesse !
Doit s'ennuyer drôlement pour respirer l'air malsain des paradis , jadis réservés aux artistes perdus ou dont on disait qu'ils étaient maudits .
Quelle tristesse !
Les gens d'la Haute , au fond du désespoir ?
Un peu de tenue , voyons !
Ceux du peuple pauvre , morbleu , arrivent et ceci très souvent à ..... Résister .
Moi , j'aime la beauté sauvage de la primevère qui , elle , chez nous , échevelée-belle et gavroche-dorée , fleurit au bas des caniveaux .
Et ,
Jamais regardée par ceux de la .... Haute !
Et pour cause !

12 mai 2007

Tourisme à Venise : seulement sur réservation

Accepter les touristes à Venise uniquement sur réservation... C'est la dernière idée dont on discute en ce moment à Venise et elle vient d'être proposée par l'Assesseur régional au Tourisme, Luca Zaia, pour limiter l'invasion quotidienne de la cité des doges : "S'il s'avère nécessaire de contingenter la quantité de personnes qu'une ville comme Venise peut supporter, introduisons un système d'entrée sur réservation" suggère-t-il, "pourquoi pas par le biais d'internet. Ce serait la meilleure solution pour contrôler les entrées sans discrimination par l'argent car il doit y avoir place à Venise pour la clientèle aisée autant que pour les jeunes en sac à dos"

La Ca'Farsetti (le siège de la mairie toujours en guerre avec la région) a aussitôt répliqué. Le maire adjoint Michele Vianello ironisait hier soir : "L'assesseur Zaia connait bien la législation de Padanie pas celle en vigueur en Italie !". Polémique à suivre. Il faudra bien trouver une solution qui ne lèse personne ou soit la moins inacceptable. 

Et si demain, par malheur ou ironie, les réactionnaires rétrogrades et néo-fascisants de Padanie (qui se sont inventés une Vénétie rêvée hors du giron de la mère-patrie, pourtant voulue en son temps par leurs ancêtres dans l'enthousiasme, la joie et la ferveur) arrivaient au pouvoir, la classe politique actuelle ne parvient pas à gérer la situation et régler le problème des hordes de touristes, qu'en sera-t-il ?

11 mai 2007

Les éboueurs vénitiens





C'est ainsi que sont ramassées les ordures ménagères à Venise. I Spazzini à Venise... Longtemps le ramassage des ordures ménagères a posé un réel problème que l'actuelle administration semble vouloir enfin sur le point de régler. 

D'ores et déjà, et depuis quelques années déjà, le tri sélectif a été mis en place bien que les mouettes et les rats (il n'y a pratiquement plus de chats dans le centre historique de par la volonté d'un élu de l'ancienne majorité qui ne les aimait pas et les a tous- ou presque - fait déporter !) passent souvent avant les employés municipaux...


Remerciements à Nino Barbieri pour ses clichés et à Skat pour la vidéo..

L'enfant dans la joie d'un crépuscule vénitien souriait à la vie...

Depuis sa plus tendre enfance, mon fils Jean est amoureux de Venise. Tout comme ses sœurs, il aime passionnément cette ville d'où nous venons et ressent cette fascination qu'aucun autre lieu au monde n'est capable de susciter. Cela lui est tombé dessus dès le premier regard, dès son premier pas sur le parvis de Santa Lucia, en débarquant du train, il y a quelques années. Une histoire d'amour familiale qui dure depuis tellement de générations et dont je suis fier ! En écoutant Moon River, je songe ce soir à tous ceux qui nous y ont précédé. Cet article et cette photo, comme un hommage qu'il me plait de leur rendre à l'occasion de l'anniversaire de TraMeZziniMag qui vient de fêter en effet des deux ans d'existence ! Comme le temps passe...

Feed the parrots !


Venise a toujours inspiré les publicistes. La dernière campagne de Diesel montre une piazza déserte où les perroquets remplacent les pigeons. Réchauffement planétaire oblige certainement. Ces messieurs de la pub sont ils des visionnaires ou seulement d'aimables plaisantins ?

Renseignements pris, il s'agit d'une campagne d'envergure sur le "Global Warming" où se déclinent dans des clichés très esthétisants les conséquences envisagées du réchauffement. Cela fait sourire mais c'est très sérieux. La firme a investi des sommes énormes pour communiquer avec son public sur les moyens de lutter contre les catastrophes climatiques à venir. Allez voir, c'est édifiant ! On hésite entre la satisfaction de voir une marque branchée donc porteuse, se mettre au service de la sauvegarde de la planète et la hargne devant une provocation commerciale utilisant un danger réel et gravissime à des fins publicitaires... Mais on connaît la tradition Diesel en Italie et dans le monde : la provocation avant tout. C'est très décadent tout ça. Alors, la fin du monde du moment que vous la vivrez en Diesel ce n'est pas la mer à boire...

Je ne sais pas ce que vous en pensez mais le message est assez clair en dépit des efforts faits par la marque depuis pour encourager la démarche de Al Gore et souhaiter publiquement la sauvegarde de Venise... Moi je n'achèterai rien portant le label "Diesel". Par principe. Na ! Qu'en dites-vous ? A ce sujet, j'ai déniché un article édifiant sur culture buzz (cliquez sur le lien) qui va dans le sens de mon humeur. Non, tout n'est pas permis en matière de publicité vous ne pensez pas. En tout cas un ami vénitien avec qui je me suis entretenu de cette campagne au téléphone me disait que Massimo Cacciari aurait fait suggérer (j'aime ce genre de précautions oratoires) aux dirigeants de Diesel une action en faveur de la ville, restauration d'un monument ou quelque chose dans le genre. Histoire de se rattraper.

Les touristes, c'est limite !



"Il y a trop de touristes, l’invasion est devenue un problème très sérieux pour les vénitiens. C’est limite” note le maire, Massimo Cacciari qui vient d’intervenir pour que soit réservée aux vénitiens au moins une ligne de navigation ou au moins quelques horaires dans la journée, tant il est devenu quasiment impossible de circuler normalement depuis quelques mois.

Contrairement à ses prédécesseurs qui ne se déplaçaient qu’en bateau privé avec chauffeur et sirènes, le maire va souvent à pied et utilise donc les transports en commun. Il peut ainsi se rendre compte des problèmes que les vénitiens doivent supporter. S’il est vrai en revanche que grâce aux touristes le bilan de l’A.C.T.V. est largement positif comme vient de le souligner son président Marcello Panettoni aux actionnaires, précisant que les fonds propres de la société s’élèvent aujourd’hui à plus de huit millions d’euros, il devient quasi impossible de circuler en vaporetto quand on est vénitien. Des hordes de touristes envahissent par flots les navires, s’entassent sur le pont et dans la cabine, empêchant les manœuvres et bousculant les autres passagers pour pouvoir prendre la photo-souvenir du siècle. Que faire ?

L’idée de Massimo Cacciari serait de réserver une ligne transversale de la Biennale à Piazzale Roma aux détenteurs de la carte orange vénitienne, résidents permanents ou de faire sen sorte que des navettes régulières soient interdites aux touristes aux heures d’embauche et de débauche les jours ouvrables. D’autres parlent d’un numerus clausus pour limiter l’afflux de visiteurs. On a même évoqué l’enregistrement nominal des visiteurs avant leur arrivée et la création d’un fichier afin de limiter les visites. Vous seriez inscrit pour une visite tous les deux ans avec interdiction d’y revenir avant ce délai…

De quoi l’avenir sera-t-il donc fait ? Lorsque je vivais toute l'année à Venise (je suis revenu travailler en France en 1986 !), il y avait des périodes où la ville n'appartenait qu'aux vénitiens : dès la mi-octobre le tourisme ralentissait, les hôtels fermaient, les prix baissaient. Hormis un petit pic entre Noël et le premier de l’an, une chape de tranquillité retombait sur la ville jusqu’à Carnaval. Après février, il fallait attendre la mi-mai pour que les touristes refassent leur apparition et l’été voyait la ville se vider de ses habitants. Après la Mostra du cinéma, Venise se rendormait doucement, bon nombre de restaurants et d'hôtels baissaient leur rideau. Depuis cinq ou six ans, il y a du monde tout le temps partout sans arrêt. Alors, imaginez l'enfer sur les bateaux aux heures de pointe, été comme hiver…

09 mai 2007

Nouvelles scènes de la vie quotidienne

  

Sans commentaire, le quotidien ordinaire à Venise.




Les Zattere vus du vaporetto


Sur mes pas d'autrefois...


Cette photo empruntée au magnifique site Venice Daily Photo, montre le portique de la Corte del Sabion, qui permet de passer de la Fondamenta où se trouve aujourd'hui la boutique de la Guggenheim (à mon époque la galerie du peintre Bobo Ferruzzi où je travaillais) au campiello qui débouche sur la calle Navarro, où j'ai habité jusqu'à mon retour en France en 1986. Au bout de la corte vivait une vieille femme qui nourrissait (et abritait) une nombreuse colonie de chats. L'écrivain Dachine Rainer, aujourd'hui disparue, attendrie par ces chats abandonnés souvent faméliques, m'avait chargé de distribuer à la vieille femme une assez forte somme d'argent pour veiller à l'entretien des petits orphelins... Venise est ainsi remplie de lieux pittoresques qu'il faut apprendre à découvrir. Ouvrez l’œil, visiteurs, tant qu'il est encore temps !

Quand le Croiseur Colbert mouillait devant Saint Marc



Bordeaux accueillait depuis de nombreuses années le célèbre navire amiral de la Flotte de Méditerranée, le Croiseur Colbert sur lequel le Général de Gaulle se rendit au Canada pour pousser son fameux "Vive le Québec libre !". Devenu un musée flottant, passionnant témoignage de la vie des marins et rempli de souvenirs de nombreuses années au service de la Royale, ce bateau était à quai devant les façades XVIIIe de l'ancienne cité portuaire. Mais laminé par le temps, endommagé, il n'était plus que l'ombre de lui-même en dépit de la volonté et de l'énergie des bénévoles de l'association "Les amis du Colbert" que je tiens à saluer au passage.

Le maire de Bordeaux et le ministre des armées ont décidé de son sort. Le navire effectuera son ultime voyage le 29 mai prochain en direction de Brest où il restera jusqu'en 2010 puis il rejoindra au cimetière marin les autres fières dépouilles des navires de la Royale abandonnés. Le Colbert vint à plusieurs reprises à Venise : en 1960 (la photo de Pierre Le Quellec ci-dessus - Collection Les Amis du Colbert) puis lors de sa dernière mission avant son désarmement. 

En 1985, j'étais à bord. Souvenir très précis de notre arrivée avec la vedette du Consulat, les sifflets, les marins au garde-à-vous, le cocktail, puis le dîner à la table du Commandant, la visite de la chambre et de la salle de bains du Général, la fausse cheminée installée pour l'agrément de Madame de Gaulle qui n'aimait pas voyager en mer ! Puis le départ de la plupart des jeunes gens, les filles restant, comme le veut la tradition, pour danser avec les officiers et les marins. Un moyen facile pour eux d'éviter la concurrence ! Je garderai longtemps le souvenir de ce navire superbe, orgueilleux fleuron de notre marine. J'ai rencontré il y a deux ans un ancien quartier-Maître qui était à bord quand le navire reçut à son bord tout Venise. Il me raconta combien il fut ému de pouvoir arpenter de nouveau le pont et les coursives du navire, à Bordeaux et retrouver ainsi toutes les odeurs, toutes les sensations de sa jeunesse.

08 mai 2007

A la recherche d'un rêve...

Il y avait naguère, au numéro 50 de la Giudecca, à deux pas du luxueux hôtel Cipriani, une pension romantique à souhait qui était tellement appréciée des voyageurs amoureux de Venise que les réservations devaient se prendre plus de six mois à l'avance. Une lectrice me demande ce qu'elle est devenue.

Située dans le ravissant petit palais Volpi-Minetti, en face des Zattere, la Locanda Frollo est devenu un lieu mythique. Ceux qui l'ont connu en gardent un souvenir ému. C'était un de ces endroits délicieusement hors du temps, comme on en trouve parfois à travers le monde. Quand on pénétrait dans le hall de la Casa Frollo, on sentait la présence de tous ceux qui y séjournèrent. On imaginait de jeunes anglaises élégantes, le visage protégé d'un voile de fine dentelle, suivies de leur chaperon austère, ombrelle et Baedeker sous le bras, passant en souriant devant de jeunes gens timides vêtus de flanelle blanche... Le jardin plein de poésie était rempli d'oiseaux et de fleurs. Tout dans la décoration, le mobilier, la vaisselle transportait les hôtes hors du temps.

La Casa Frollo telle que nous l'avons connue a fermé ses portes à la fin des années 90. Longtemps abandonné à ses souvenirs, le vieux palais du XVIIe siècle attendait qu'un prince charmant vint le réveiller. Les touristes de bon goût espéraient que la maison retrouve sa destination première. La famille Volpi propriétaire des lieux a vendu il y a un an la fameuse auberge et le bâtiment adjacent, l'ex-asile Mason, pour 18 millions d'euros à une société immobilière de Padoue cotée en bourse et spécialiste des grosses opérations immobilières, devançant ainsi le richissime couturier Armani qui voulait rouvrir la pension après en avoir refait l'intérieur. Si l'immeuble est protégé, si le jardin ne peut pas être aliéné, l'esprit de la vieille auberge pourra-t-il survivre ? On parle d'un énième hôtel de luxe, d'appartements en location saisonnière, voire d'une annexe du Cipriani. On dit à Venise que la commune est liée à l'acquéreur et que c'est le Bauer qui gèrerait le futur établissement...

Depuis peu, la Locanda est réapparue dans la liste des auberges de Venise et son numéro est de nouveau sur l'annuaire. Je n'ai pas encore appelé pour savoir. Si vous êtes à Venise ces jours-ci, allez donc faire un tour sur la Fondamenta de la Giudecca, et jetez un coup d’œil au numéro 50. Vous aurez la surprise de découvrir une Casa Frollo rénovée et pimpante. Mais, même avec la meilleure volonté du monde, personne ne sera jamais en mesure de recréer cette atmosphère unique, hors du temps que la Signora qui géra jusqu'à sa mort la locanda, avait si bien su maintenir. Les rêves ont aussi une fin à Venise...

07 mai 2007

TraMeZziniMag a deux ans aujourd'hui !


Deux ans déjà ! De retour d'un de nos nombreux séjours à Venise, l'idée de ce blog a germé, encouragée par un éditeur qui voulait me pousser ainsi à travailler tout ce que j'avais envie d'écrire sur Venise et qui jaillissait ainsi pour la première fois ainsi à l'attention du public.

Peu à peu, les visiteurs se sont faits plus nombreux, des amitiés sont nées au fur et à mesure des pages et ce passe-temps nouveau pour moi est devenu une nécessité. Jour après jour maintenant, j'organise ma vie en fonction de ce moment, dur et doux à la fois, où je m’assois devant mon écran et tape sur le clavier le nom de mon modeste ouvrage sans cesse repris, retravaillé, agrandi : mon blog sur Venise, ce TraMeZziniMag qui est ma façon à moi de célébrer Venise et sa beauté. De lui dire mon amour et lui chanter ma ferveur. 

Mille mercis à tous ceux qui me lisent, qui m'encouragent et m'apportent leur soutien et leurs conseils. Merci de leur fidélité et de leur indulgence.

Le grand jour



Souvent les vénitiens qui se marient fêtent ce grand jour all'aperto (en plein air) et familles et amis se retrouvent autour d'une grande table sur un campiello ou dans une de ces cours ouvertes qui rappellent les comédies de Goldoni. Pluies de pétales de rose, accordéons et robes du dimanche, les noces vénitiennes ont toujours un petit airs de noces campagnardes, quelque chose de naïf et de très joyeux, comme surgi de vieux albums des temps anciens. J'aime croiser ces jeunes couples radieux qui montrent que Venise veut vivre comme on vit ailleurs. Hélas, si l'on croise toujours des mariés, c'est le plus souvent des couples d'asiatiques ou de néo-zélandais désormais qui viennent s'offrir une romantique cérémonie et glissent ensuite sur le grand canal dans des gondoles trop brillantes avant de retrouver leurs hôtes engoncés dans des vêtements trop cérémonieux pour un cocktail au Gritti ou au Danieli ! Pour ma part, je préfère ces mariages populaires où les hommes aux pommettes déjà rougies par le Prosecco serrent un peu trop fort la taille de leurs compagnes en rentrant dans la trattoria casalinga où une mamma affairée leur a mitonné un banquet de poissons et de pâtes comme Casanova en raffolait ! Et vive la mariée !

La présidentielle chez les français de Venise


On a voté à Venise, comme dans les autres grandes villes d'Italie où la France a une représentation consulaire. Pour toute l'Italie, il y avait 28.980 électeurs inscrits. 11.678 d'entre eux se sont exprimés, soit un taux de participation assez faible de 40,3 %. Et le résultat, non encore validé par le Conseil Constitutionnel est le suivant : Nicolas Sarkozy : 48,59 % (soit 5.674 voix) contre Ségolène Royal : 51,41 % (soit 6.004 voix). Pour info et à titre de comparaison, les résultats globaux du vote des français à l'étranger sont les suivants : Nicolas Sarkozy l'emporte avec 53,99% contre 46,01% pour Madame Royal. Dès qu'ils me seront envoyés, et pour la petite histoire, je vous donnerai les résultats de la circonscription consulaire de Venise (qui n'est plus maintenant qu'une sous-circonscription sous l'égide du consulat général de Milan, retour à la situation qui était celle de Venise sous la triste période de l'occupation autrichienne : quand on dit que l'Europe actuelle est une régression...).

05 mai 2007

La modernité de Venise


Vous êtes de plus en plus nombreux à m'écrire pour me demander des conseils et des adresses avant de vous rendre à Venise. Une fillette m'a envoyé un courriel mercredi me demandant s'il était vrai que Venise s'enfonçait de plus en plus car elle voulait aller à Venise et avait peur que le temps de préparer son voyage, il n'y ait plus rien. Je l'ai évidemment rassurée et je le répète : Venise ne s'enfonce pas davantage que New-York ou Bayonne. Le niveau des eaux monte et partout dans le monde cette préoccupation est relayée par les médias. Le système lagunaire se modifie au même titre que les autres écosystèmes de notre planète et c'est préoccupant. 

Mais les techniques modernes et la volonté des hommes sauveront Venise. Cependant d'autres désagréments menacent : la pollution due au nombre grandissant des visiteurs qui s'entassent aux mêmes endroits de la cité des doges, consomment les lieux et laissent derrière eux des montagnes de déchets de plus en plus difficiles à enlever. Et je ne dis rien des tags, des graffitis, des dégradations volontaires (on grave ses initiales sur la pierre des monuments comme sur le tronc d'un arbre, on essaie d'enlever un morceau de pierre, une sculpture, et j'en passe)... 

Mais Venise dans son ensemble, de par la volonté de ses habitants tous amoureux de leur ville, se débat pour survivre et ne pas subsister que par le tourisme de masse, le tourisme tout court. Mais vous connaissez tous mon combat contre la lasvegasationite (pardonnez le barbarisme) de la Sérénissime. Cela commence par le respect que nous devons avoir pour ce miracle culturel qu'est Venise. Avez vous réfléchi à cet extraordinaire chance qui nous est donnée, nous les gens du XXIe siècle de pouvoir, non seulement contempler un lieu dont la beauté et la spécificité sont restées intactes depuis des siècles, mais aussi l'opportunité de pouvoir errer, respirer, rêver, penser, vivre dans un univers vivant partout ailleurs disparu ?

Car tout à Venise vient d'un autre temps. Un temps où l'homme devait affronter d'énormes contraintes que la technique a aboli partout ailleurs depuis, mais où il régnait un art de vivre certes non choisi mais imposé par les circonstances. Marcher dans les rues de Venise, observer la vie quotidienne, y participer, c'est en quelque sorte se projeter dans un autre monde partout ailleurs révolu. Le marché du Rialto, avec les marchandises qui arrivent sur des barges, le traghetto qu'on emprunte pour passer d'une rive à l'autre, le silence des rues, les embarras parfois quand elles sont trop étroites et bien d'autres choses encore dont nous prenons conscience sur place... nous pourrions être à Pompéi avant l'éruption du Vésuve, à Paris ou à Londres il y a des siècles... 

Pourtant, en même temps - j'ai conscience de me répéter une fois de plus - nous avons à faire à une conception incroyablement moderne de la ville, de son organisation, de sa toponymie. L'architecte Le Corbusier la qualifiait de révolutionnaire. Bon nombre d'architectes contemporains continuent de s'en inspirer qui cherchent à adapter les inventions vénitiennes dans l'aménagement des cités modernes : le partage des lieux de circulation et de communication, pour les marchandises, pour les habitants ; l'extraordinaire originalité des circuits et des pôles d'activité. Je ne parle même pas de l'organisation sociale et politique. L'urbanisme vénitien est unique au monde parce que par chance la lagune l'a préservé de trop de changements et de destructions. Un peu comme si Pompéi que je citais plus haut avait été découverte simplement recouverte d'une chape de lave séchée et que tout était en place comme avant la catastrophe. Quel réservoir à rêves !

04 mai 2007

Atelier d'artiste à la Giudecca

Vous vous souvenez, je vous ai parlé il y a quelques temps du peintre britannique Geoffrey Humphries qui habite une grande maison à la Giudecca et recevait beaucoup du temps de ma jeunesse vénitienne. La réputation sulfureuse de ses soirées nous attirait et lui était ravi de recevoir chez lui des jeunes filles esthétiques et de fringants jeunes gens. La musique y était bonne et le vin abondant. En feuilletant un ouvrage sur les intérieurs vénitiens, je viens de retrouver une photo de son atelier-salon.

De nombreux artistes étaient installés à la Giudecca. De la Casa Frollo aux moulins Stucky, on pouvait croiser des personnages célèbres comme d'authentiques crève-la-dalle, artistes maudits en rupture de société. Le peintre Arbit Blatas et sa femme, la célèbre cantatrice Regina Reznik, les peintres Guttuso, Santomaso, Huntervasser, le réalisateur Albert Lamorisse et tant d'autres ont ou eurent leur maison sur cette île que les vénitiens appellent par dérision "l'Ile des phoques", au milieu d'une population très mélangée d'ouvriers, de pêcheurs et d'étudiants.