18 juin 2007

Dialogue entendu à la caisse d'un supermarché de Mestre

Le problème du logement et de la vie quotidienne dans le centre historique sont des dossiers préoccupants que personne n'a encore pu résoudre. Voici une discussion édifiante entre deux retraités, entendue l'autre jour dans un supermarché de Mestre qui venait juste d'ouvrir ses portes :
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"- Toi aussi tu es ici ? Comment cela se fait-il ?
- Cela va faire trois mois que j'habite à Mestre. Comme toi.
- A Mestre ? Ne me dis pas que tu as vendu ta maison de Venise ?
- Si, si! J'ai trois enfants qui sont mariés à Mestre. Mon frère habite à Scorzé. J'ai tenu aussi longtemps que j'ai pu, mais si je voulais être plus près des enfants, des petits enfants et de mon frère j'étais obligé de faire ce choix. J'ai vendu ma maison de Venise et j'ai acheté un appartement à Mestre. Mais j'ai gardé un petit magazzino à Castello où j'ai encore plein d'affaires que je me ramène ici peu à peu.
- Je n'aurai jamais cru que tu puisses laisser Venise et la maison de ta famille.
- C'est comme ça hélas, et puis cela devenait vraiment trop lourd, les travaux, les autorisations, les touristes. Ici je suis plus tranquille mais je regrette la vie là-bas, c'est sûr..".

Que rajouter ? Chaque jour de plus en plus de vénitiens font ce choix. Certains, qui ont la chance d'être propriétaires vendent la maison souvent héritée de leur famille et ne sont pas trop à plaindre. Ceux qui ne sont que locataires sont bien souvent remerciés et sont contraints de chercher en urgence un logement sur la Terre Ferme. 

En revanche pour ceux qui peuvent conserver leurs maisons et qui ont un peu de trésorerie, la fortune est au rendez-vous : il leur suffit d'y faire quelques travaux pour les transformer en chambres d'hôtes ou en location saisonnière. C'est le pactole assuré. Un appartement de 4 à 5 couchages rapporte au minimum 3.000 euros par mois soit 36.000 euros en moyenne de revenus annuels. Il faut enlever les frais divers, mais c'est un agréable complément de revenus, vous ne trouvez pas ? 

Avec cette manne, les vénitiens préfèrent quitter le centre historique trop encombré par la foule des touristes et où chaque jour un commerçant de détail baisse le rideau. En 20 ans, le nombre de charcutiers, bouchers, tripiers, marchands de fruits, droguistes et boulangers a diminué de plus de 80% dans le centre historique...

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3 commentaires : (enregistrés lors de la publication initiale sur le blog originel)  

Condorcet a dit… 
C'est hélas une illustration navrante de la concurrence des activités au sein d'un même territoire. Les activités contemporaines sont de moins en moins complémentaires et peuplantes. Autant dire que c'est l'entière organisation des sociétés humaines qui est à repenser dans un sens ouvert aux êtres et à la vie en général. 
13 juin 2007

Lili a dit… Quel triste constat! Je me mets à la place des vénitiens pour qui ce doit être un vrai crève-coeur de quitter Venise! Venise ne leur appartient plus... 
13 juin 2007 

MOB a dit… 
Et à Saint-Germain des Prés, qu'est-ce que vous croyez? Et à Mougins (dans le village) où il n'y a plus ni boulanger ni épicier (juste un dépôt de pain)? 
28 juin 2007

Et dans son sillage, un délicat parfum de tubéreuses...

 
© Klaus Baum - Tous Droits Réservés

La jeune femme était à Venise pour la première fois. Élégante et racée, elle s'accoutuma très vite au rythme vénitien, posant ses pas sur les pas de tous les voyageurs d'autrefois qui vinrent ici, le cœur rempli des beaux textes que la ville a souvent suscité. Elle connaissait certains de ces poèmes depuis toujours. Se levant tôt et se couchant tard, elle allait partout, visitant églises et musées, son guide sous le bras. un mouchoir de batiste à la main. Un parfum délicat prolongeait son sillage et on se retournait souvent sur son passage. Il émanait d'elle une harmonie et une paix qui se fondaient chaque jour davantage dans l'harmonie et la paix des ruelles et des campi écrasés de soleil. La jeune femme ne quitta plus jamais Venise. Son parfum comme un léger souffle printanier, je le sens parfois quand je me promène dans certaines rues calmes, l'été du côté de Castello...


3 commentaires: (lors de la première parution sur le blog originel)


Lili a dit…
Quelle belle ébauche de roman Lorenzo! J'ai tout de suite envie d'en savoir plus sur cette jeune femme.. et son histoire d'amour avec Venise...
Delphine R2M a dit…
Qui est elle? d'où vient-elle? que fait-elle à Venise?.... Tant de questions qui pointent sous vos mots, Lorenzo.
Lorenzo a dit…
Mais elle vit, Delphine, elle vit !

17 juin 2007

Le silence de Venise comme un baume.


L'été est là. La foule aussi accourue des quatre coins du monde pour la Biennale. Loin des sentiers battus, les ruelles demeurent calmes, les canaux tranquilles. Le silence si léger de la ville est un baume après la fureur du monde. Là-bas près de San Marco ou au Rialto, sur les Schiavoni vers la Biennale, les hordes se pressent et se bousculent, par vagues débarquant des vaporetti ou dévalant les ponts. Partout ailleurs, le vent déjà bien chaud transporte en écho les sons familiers à ceux qui connaissent Venise : les cloches qui rythment le temps qui passe, le cri des mouettes et le rire des enfants. La lumière forme sur les façades et au fil de l'eau un décor unique, toujours renouvelé, toujours différent...

12 juin 2007

Der Leiermann...


 
Connaissez-vous la merveilleuse interprétation du lied de Schubert "Der leiermann","Winterreise" de l'Opus 89, par le ténor Peter Schreier, accompagné au piano par Sviatoslav Richter ? Lorsque j'observe l'élégant mouvement des gondoliers et la barque sombre qui glisse sur l'eau verte des canaux, c'est toujours cet air si mélancolique qui me vient à l'esprit.

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A Venise, l'atelier Orsoni fête 130 ans de mosaïques à la feuille d'or

Ses mosaïques à la feuille d'or ont fait d'Orsoni le plus raffiné des ateliers d'art vénitiens, et le patient travail de ses 27 employés perpétue depuis 1888 à Cannaregio, une tradition qui a magnifié le Sacré-Cœur de Paris ou encore la cathédrale Saint-Paul de Londres.
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Au fond d'une cour ombragée cachée dans un quartier populaire au nord de Venise, une ouvrière prend une délicate feuille d'or 24 carats et la dépose sur une plaque de verre transparente pour la préparer à l'épreuve du feu. Dans la pièce voisine, coeur de la fabrique, un immense four de briques noircies dégage une chaleur étouffante. Du verre en fusion rougeoyant est sorti des flammes et vient recouvrir la feuille d'or et son support, qui sont immédiatement ré-enfournés: une plaque de mosaïque vient de naître. "Nous utilisons les mêmes techniques qu'il y a cent ans. La seule chose qui ait changé, c'est l'utilisation du gaz pour le four au lieu du charbon. Sinon le concept de production est identique et tout est encore entièrement fait à la main", explique Liana Melchior, chargée de la gestion interne de l'entreprise.

En 1888, lorsqu' Angelo Orsoni reçoit l'entreprise des mains du mosaïste Giandomenico Facchina, il est déjà un artisan consacré et gagne une renommée internationale dès l'année suivante lorsqu'il présente une des ses compositions à l'Exposition universelle de Paris. Dans ses ateliers vénitiens, il décide de faire revivre les antiques mosaïques byzantines à la feuille d'or, qui deviendront la marque de fabrique de la société, et multiplie également les couleurs pour les "smalti", ces morceaux d'émaux de verre opaque qui composent une mosaïque. 

Petit trésor d'Orsoni, l'impressionnante "bibliothèque des couleurs" compte aujourd'hui quelque 2.800 tonalités, les grands carrés de "smalti" déclinant toutes sortes de verts, rouges, orange, bleus, roses et gris, méticuleusement rangés sur de vieilles étagères en bois brut. "Il y a dans cette pièce toutes les couleurs que l'on peut obtenir à partir des oxydes de métaux. Il nous manque cependant des tons de bleu et de violet car on ne peut pas mélanger pour des raisons chimiques le cobalt (bleu) et le cadmium (jaune). Et il nous arrive aussi de produire une couleur spéciale sur demande", souligne Liana Melchior. Une fois "cuites", les plaques de mosaïques à la feuille d'or ou de "smalti" passent à l'atelier découpe. 

Assises face à face, Gabriella et Manuela peuvent en une heure couper à la main 5 kilos de petites tesselles, ces morceaux qui composent les mosaïques. "C'est très fatigant pour les mains et les bras, c'est presque un travail d'homme! Mais on a la satisfaction de savoir que cela va servir pour une oeuvre d'art", sourit Gabriella, 35 ans d'Orsoni, les mains protégées par d'épais gants beige et qui brosse sa plaque en verre avec de l'huile avant de la quadriller à l'aide d'une lame très coupante, pour casser ensuite à la force de ses doigts des petits morceaux de 2 cm sur 2. 

Chaque jour, les 27 employés des ateliers produisent quelque 500 kg de "smalti" et 200 kg de mosaïque à la feuille d'or, cette dernière se vendant entre 82 et 140 euros le kilo. Les petits morceaux de lumière d'Orsoni ont notamment servi à la restauration de la basilique de Lourdes, mais se retrouvent aussi sur le Mausolée d'Ataturk à Ankara, les Bouddhas dorés de Bangkok, la cathédrale Westminster de Londres ou encore le bassin de La Défense à Paris. Racheté en 2003 par le groupe italien Trend, Orsoni a cessé d'être une entreprise familiale et Lucio, arrière-petit-fils d'Angelo, doit aujourd'hui se contenter du titre de président honoraire de la société. Mais le nom perdure et reste synonyme de créativité et de beauté.

D'après une dépêche AFP, paru dans La Tribune de Genève.

11 juin 2007

A Venise, l'Afrique a deux visages




Je vous parlais le 6 juin des vendeurs abusifs comme les nomment la presse italienne. Ils font partie du paysage du centre historique et amusent les touristes tant ils sont entassés les uns à côté des autres, file presque ininterrompue de la gare à l'accademia en pensant par le Rialto et Saint Marc. Ils sont la face sombre de ce que le continent africain est devenu. Derrière l'outrance de ces déballages de camelote à trois sous et de mauvaises répliques de maroquinerie de luxe pour gogos, il y a toute la misère d'un peuple qui continue d'envoyer ses enfants se brûler aux lumières de l'occident trop riche. Mais à Venise en ces premiers jours de la 52e Biennale d'art contemporain, une autre Afrique est aussi présente à Venise.
Davide Croff, le président de la Biennale et Robert Storr, le directeur artistique de cette cinquante deuxième édition de la plus ancienne manifestation d'art contemporain du monde ont remis dimanche le Lion d'or à Malick Sidihé, le photographe malien, pour l'ensemble de son oeuvre. Cette récompense - tout à fait méritée - est aussi un symbole fort que Robert Storr voulait adresser au monde de l'art. En créant un pavillon africain dont la mise en place a été confiée à la Fondation congolaise Sindika Dokolo, dont le siège est à Luanda, en exposant dans la sélection internationale, à côté du lauréat, des artistes comme le camerounais Eyoum Ngangué et l'ivoirien Faustin Titi, créateur de la superbe BD "une éternité à Tanger", Yinka Shonibare, El Anatsui ou Mounir Fatmi. D'un côté des artistes africains de renom et des organisations officielles qui les soutiennent et les mettent en avant, un marché de la création africaine en expansion et dont les prix atteignent le même niveau que les artistes-phares de l'art contemporain occidental, de l'autre les fameux "Vucumprà" (1), ces jeunes africains qui assaillent les touristes avec leur camelote contrefaite. 
Déjà la polémique (la légende ?) est en route : leur manifestation devant les bureaux de Massimo Cacciari qui a mal tourné attire déjà le regard des journalistes et de certains intellectuels qui ont vite fait de crier à la ségrégation. le sujet est sensible mais Venise n'est pas Milan. Le racisme n'est pas une composante naturelle de l'âme vénitienne, bien que certains autonomistes nostalgiques d'un passé bien sombre aimeraient en faire un réflexe. Harry Bellet, l'envoyé du Monde à Venise cite la réaction épidermique du critique d'art Lino Polegato, commissaire du pavillon nomade de Tahiti qui s'inquiétait de leur condition et de la répression dont ils font l'objet. Je le dis à nouveau, cette profusion exponentielle de vendeurs ambulants sans autorisation, clandestins pour la plupart, vendant les uns à côté des autres la même marchandise contrefaite et de mauvaise qualité, ravitaillés par la Camorra qui revient ainsi en force à Venise et qui encombrent les abords des sites les plus fréquentés par les touristes, devient chaque jour de plus en plus difficilement supportable. Les commerçants se plaignent, les ambulants officiels déjà concurrencés par les vendeurs de gadgets et de roses congelées de la Place Saint Marc, venus d'Albanie ou de l'ex-Yougoslavie, n'en veulent plus. 
Les vénitiens eux-mêmes en ont assez de voir chaque matin ces chalands déballer leur marchandise devant leurs portes. Ils sont sympathiques et vraiment pas méchants mais ils n'ont pas le droit d'être là, ils n'ont pas le droit de vendre ces contrefaçons. Certains ont été régularisés. Ils ont un emplacement officiel et leur marchandise - toujours de pacotille certes - est au moins ethnique (ou de style ethnique) : boubous, pagnes, foulards, sacs, porte-monnaies, ceintures, tam-tams, figurines en bois ou en corne. Ils sont malheureusement peu nombreux. La majorité arrive clandestinement dans des camions affrétés par la Mafia, de mystérieux pourvoyeurs leur distribuent la marchandise comme celle saisie l'autre jour sur les quais de déchargement du port de Venise et ils débarquent par centaines chaque matin dans le centre historique... L'Afrique est à l'honneur à la Biennale mais la situation des Vucumprà n'est à l'honneur de personne !
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(1) : Avant que ce terme ne se répande et devienne une assertion commune, il faut savoir que "vucumprà" n'est pas né du dialecte vénitien. Il est la traduction sur le mode napolitain de la phrase la plus souvent prononcée par ses africains"vuoi comprare", ("voulez vous acheter" devenu "vous acheter"), dans un italien approximatif appris dans la baie de Naples, où ils débarquent en général avant de remonter vers le nord de l'Italie. Ce vocable devenu en une dizaine d'années un nom commun, est à rapprocher du mot "sciuscia" qui désignait dans les années d'après-guerre ces gamins napolitains qui gagnaient leur vie en cirant les chaussures des soldats américains. Ils attiraient le chaland en criant dans leur anglais approximatif "shoeshine" devenu "sciuscia". Ce terme a été rendu célèbre par le magnifique mélo de Vittorio de Sica, récemment diffusé dans la collection des DVD du Monde. Il faut noter qu'en Italie, les mots à connotation péjorative sont souvent choisis avec une consonance napolitaine ou sicilienne par les italiens du nord, marquant ainsi l'idée que rien de bon ne vient jamais des méridionaux surnommés depuis toujours i terroni, ou africani par les romains, les milanais ou les vénitiens...

10 juin 2007

C'est aussi de l'art contemporain, non ?




 

2 commentaires:

venise86 a dit…
Je ne sais pas comment vous faire parvenir des photos... j'essaie avec celle-ci du marché aux poissons http://orangeblog.fr/web/resizer?image=3949465&type=2
Sinon donnez 

moi la recette ou je vous invite sur le blog venise86 chez orange
Lorenzo a dit…
le lien de la photo fonctionne mais l'accès au blog avec le nom que vous donnez ne fonctionne pas. merci de me communiquer l'adresse http complète que je vous mette en lien sur Tramezzinimag. Merci de votre fidélité !

09 juin 2007

San Giobbe inédit.




Magnifique photo de Pierre publiée le mois dernier sur son site VeniceDailyPhoto que je vous recommande. Merci Pierre du soin que vous prenez dans le choix de vos clichés, contribuant ainsi à montrer au monde une vision de Venise plus originale, intime et merveilleuse !

08 juin 2007

Trivialité : Venise servie à toutes les sauces en toute impunité.


Encore un crime de lése-Venise ! Au premier regard, cela semble amusant. Une belle jeune femme et son ami montent sur une gondole. Musique, champagne et Venise, rayonnante et paisible. Soudain la rupture. L'homme n'a pas plus de considération pour la belle qu'un macho de base après soixante ans de mariage avec Bobonne. Il pêche et pêche gros. La prise est de taille, la dulcinée en est toute arrosée. Pour fêter ça, l'homme redevenu cro-magnesque, se délecte d'une de ces boissons dont les gosiers américains si peu raffinés se délectent. Bière ou soda, ils produisent le même genre d'éructation. La blonde en est outrée... Drôle, pas vraiment en fait. D'une part parce que Venise est encore montrée avec les clichés d'usage : amour à trois sous, sous-entendus salaces et décor de bluettes. Ensuite parce que pour le spectateur lambda, Venise continue de se résumer à la gondole et aux reflets des palais sur le grand canal (ce qui est déjà beaucoup car dans l'ensemble tout s'arrête aux gondoles - merci Sheila et Ringo !). Ah, les clichés... Si Venise est triste pour certains, le regard des publicitaires gogos sur la Sérénissime est affligeant.

2 commentaires:

condorcet a dit…
Cher Lorenzo,

C'est bien le propre des publicités : travestir le réel pour l'arranger à leur sauce. Inutile donc de s'émouvoir sur ces clichés. Il n'est pas évident que la majorité des téléspectateurs adhère à ce message. Et puis, le sexe, l'eau, la séduction, rien que de très banal pour arriver à caser un produit qui lui, n'est pas affriolant.
Je crois que, souvent, plusieurs niveaux de lecture s'associent chez le téléspectateur. Venise n'est pas éreintée par ces clichés dans la mesure où il ne traite pas de Venise mais d'un fantasme.
Il faudrait d'ailleurs analyser la production de tels clips pour comprendre le caractère froidement rationnel de leur production. Rien de très sexy là-dedans mais l'obsession de l'argent.

Lorenzo a dit…
j'en suis convaincu mais je ne puis jamais m'empêcher de "pester" quand Venise est utilisée comme cliché aussi superficiel et vulgaire. Ni le sexe, ni la séduction, pas plus que le plaisir ne sont en cause dans mes propos. Seulement la vulgarité et la trivialité. Rien de cela ne sied à Venise. du moins à l'image que je crois qu'il faut répandre d'elle.

Tendre l'oreille au pied du palais Pisani




On parle d'art contemporain ou de cinéma, mais on oublie la musique à Venise. Le Conservatoire Benedetto Marcello, situé dans le somptueux Palais Pisani, à deux pas du campo Santo Stefano, dirigé actuellement par le pianiste Giovanni Umberto Battel, abrite plusieurs centaines de jeunes gens venus se former à la pratique instrumentale et aux autres disciplines musicales. Chaque semaine pendant l'année scolaire, ils donnent de petits concerts dans une des salles de ce Palais du XVIIème siècle. Régulièrement les meilleurs élèves se produisent à la Fenice ou ailleurs. C'est un régal de s'aventurer sous les hautes fenêtres de ce palais pendant l'année et d'entendre, au hasard, de la musique ancienne, des gammes, du chant. Le son des violons, trompettes, clavecins, guitares ou harpes se répand et se mêle aux odeurs des fleurs du palais Franchetti voisin.