27 novembre 2007

Venise Vedi Vici, un blog bordelais

Un ami vient de me signaler le blog d'un de mes concitoyens consacré à Venise, sur le site de Sud-Ouest. Un petit régal : de superbes photos (dont l'échantillon ci-dessus), des textes pleins de poésie et de trouvailles. Un regard différent, frais et revigorant. Un lien de plus entre Venise et Bordeaux. Et si on reparlait du jumelage ?

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4 commentaires:

venise vedi vici a dit…
Merci pour ce clin d’œil. Je vais de ce pas lier votre blog au mien et revenir souvent ici pour me replonger dans les canaux...
Anonyme a dit…
Un petit régal !
M.17
Gérard a dit…
Pourquoi pas un jumelage ?
Oui !
Mais ,
Par où commencer ?
Pas facile !
La mélancolie et le halo désuet des deux vieux ports ?
La boucle des canaux , celle de la Lune ?
Les grands Hommes de part et d'autre , aujourd'hui disparus ?
Leur trace .
Imparable .
On se doit d'y songer .
Quelle jolie province !
Lorenzo a dit…
C'est une vieille histoire que je devrais vous raconter un de ces jours. En 1985, nous étions un groupe de jeunes vénitiens et bordelais. Sous l'égide d'une association nous avions fait une "Semaine de Venise à Bordeaux" avec la bénédiction des autorités... Cela se passa tellement bien que le maire de Venise (en fait son premier adjoint) proposa à notre grande surprise un jumelage... Personne à Bordeaux ne releva le défi... Quand les édiles se réveillèrent, c'était un peu tard, Venise était passé à autre chose !

26 novembre 2007

Scoop : La fermeture de Nico !

S'il est vrai que pour la plupart des français on ne mange des glaces que l'été, en Italie et particulièrement à Venise, c'est une douceur qui fait fureur tout au long de l'année. Bêtement en France les glaciers baissent leur rideau presque partout dès les premiers frimas. 

C'est le cas à Bordeaux où les enseignes de glaciers à l'italienne ou traditionnels sont apparues depuis quelques années. Presque tous sont fermés jusqu'au printemps maintenant. A Paris, Berthillon reste fidèle au poste et c'est avec raison. La glace est un dessert qui convient à toutes les saisons. Tout cela pour en arriver à un scoop dont peu ont entendu parler ces derniers jours : Nico est fermé !
Rassurez-vous, les amateurs de gianduiotto et autres crèmes glacées avec ou sans panna montata ne seront pas longtemps frustrés : C'est d'une fermeture provisoire (trois longs jours)dont il s'agit et c'est déjà passé. Le marchand de glaces des Zattere est maintenant ouvert et tout est oublié. Il s'agissait d'une décision de justice. L'explication : depuis un certain temps, suite à des plaintes de clients (étrangers évidemment) la brigade financière a dressé à plusieurs reprises des procès-verbaux. Rien à voir avec l'hygiène, la qualité des produits n'est pas en cause en dépit des règles byzantines que la bureaucratie bruxelloise essaie d'imposer à toute l'Europe - c'est un autre sujet que je préfère ne pas aborder, je deviendrais agressif voire grossier -. Les gens se sont plaint de ne pas recevoir de ticket et comme cela est obligatoire même pour une glace à 1 €, la punition est tombée : une forte amende (500 € par ticket non émis) assortie d'une fermeture obligée de trois jours car il y a récidive. Les faits remntent au printemps dernier, puis pendant l'été. Le temps que l'administration arrive à monter le dossier, de nombreux mois ont passé jusqu'au retrait temporaire de la licence de Nico.

La loi de 1997 revue en 2006, n'avait jamais été mise en application jusque là. Elle prévoit même la pose de scellés et tout et tout s'il y a récidive... On ne badine pas avec la réglementation européenne. C'est drôlement important un ticket de caisse... Les gens qui viennent en Italie (élargissons et disons les américains qui viennent en Europe avec leur dollar trop faible) ont toujours pour principe que l'italien, ici le glacier vénitien, est un voleur et que tout est toujours trop cher. Pas de ticket, le compte n'est pas bon, on s'est fait avoir. Cela donne des dialogues de sourd du genre : "Cameriere, vous vous êtes trompés" ..."no compris monsieur"... "Quels voleurs ces italiens"... Allez je plaisante, tout le monde n'est pas aussi soupçonneux, mesquin et désespérément étroit d'esprit.
Une pensée plutôt pour ceux qui étaient à Venise ces jours de fermeture et qui ont dû se passer des délicieux gelati de chez Nico ! Vous vous rendez compte : trois longs jours sans glace à la crème après déjeuner ni de cappuccino au soleil sur la terrasse. Le point de ralliement des nombreux lycéens et étudiants du quartier, des enfants et de leurs parents et des touristes avisés abaissé son rideau. Pas de vraie surprise ni d'émeute, la clientèle était prévenue et le Gazzettino l'avait annoncé dans ses colonnes.

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7 commentaires:

Luc a dit…
Nico n'est pas un cas isolé, des centaines d'autres commerçants ont été épinglés de la même façon dans le nord-est de l'Italie ces derniers mois. Et ce ne sont pas les touristes qui sont en cause puisque ce sont des brigades financières qui effectuent les controles. Il faut aussi savoir que ce qui est particulièrement visé au travers de l'application récente de la loi, c'est la contrefaçon et de nombreux commerces, tenus par des asiatiques sont plus particulièrement visés. Et ce problème est un véritable fléau à Venise en particulier. Même si Nico n'est pas un asiatique et (et on peut le prouver!) que ses glaces ne sont pas de la contrefaçon, il faut aussi savoir qu'avant fermeture il y a au moins deux procès verbaux préalables d'infraction. Ce n'est donc qu'à la troisième fois que la sanction de la fermeture est appliquée. Il était donc prévenu... Luc et Danielle
Lorenzo a dit…
Un bar (tenu par un asiatique) a aussi été visé au Lido comme le rappelait le gazzettino qui en a davantage parlé. Quand je fais le rapprochement avec les touristes qui réclament leur "scontrino", je ne mets pas en cause leur droit à un reçu de leur dépense, je déplore seulement le durcissement de la police financière - colpa des clandestins et des fraudeurs - mais démarche bien dans l'esprit ultra-libéral de notre époque ou le flicage ne souffre aucune exception. Je crois que la bureaucratisation "psychopathologiquement" pointilleuse qui nous vient de Bruxelles n'est pas un progrès ni un bien pour nous, pour Venise comme pour l'ensemble des pays européens. mais cela n'engage que moi. Reportez vous à mes premiers articles du temps du référendum dont on oublie allègrement ces temps-ci le résultat...
Lorenzo a dit…
"psychopathologiquement" voulais-je dire... Pardonnez ce barbarisme mais quand il s'agit de parler des barbares (de Bruxelles) je me retiens mal...
Anonyme a dit…
Hihi rigolote la polémique. Lorenzo votre blog est sublime mais de grâce pas de politique ! ils sont si tristes et pesants en Belgique comme en France ou chez vous en Italie. La poésie et la sensibilité de vos écrits valent bien mieux que tout ça !
Douille a dit…
" L'explication : depuis un certain temps, suite à des plaintes de clients (étrangers évidemment)" Morts aux étrangers!!! Seul les gens de Venise sont des exemples...
Lorenzo a dit…
je ne voulais pas vous faire croire que Tramezzinimag tombe dans une sorte de sectarisme. J'avoue que le commentaire sur les raisons était facile. Comme Luc l'a expliqué, il s'agit de l'application normale de la loi qui vise à protéger les consommateurs comme toute décision administrative elle peut être jugée superficiellement et paraitre injuste. C'est surtout l'épisode qui devait retenir l'attention : un des lieux emblématiques de Venise pour les vénitiens comme pour les touristes fermé pendant quelques jours. Cela valait un article. Mais non, douille, les étrangers ne sont pas à l'évidence des mauvais coucheurs, des méchants etc... J'ai simplement voulu dire que la majorité des gens ici, qu'ils soient vénitiens ou pas, n'ont que faire du ticket de caisse, le plaisir de la consommation est ce qu'on est venu chercher. En général me semble-t-il pas besoin de vérifier si le chiffre et la TVA sont corrects après s'être régalé et je témoigne que souvent certains touristes râlent parce qu'il sont peur d'avoir été volés parce que c'est dans leur esprit une évidence : à l'étranger (et en particulier en Italie) ce sont tous des voleurs qui nous entourent ! Je voulais critiquer cet état d'esprit mesquin. Désolé de vous avoir choqué.
douille a dit…
Sincèrement je pense qu'il est plus "logique" qu'un habitant de Venise (concurrent ou voisin) en veuille à Nico... Plutôt qu'un gars de passage qui ignore certainement les lois italiennes ainsi que l'existence des GDF...

Un de mes lieux préférés : La Zucca

"Les Vénitiens ont dans le caractère un immense fond de joie ; leur péché capital est la gourmandise, mais une gourmandise babillarde et vive." 
(George Sand). 

On parle de glaces et ma gourmandise reprenant le dessus, j'avais envie de vous vanter les mérites de cet excellent petit restaurant qui existe depuis de nombreuses années et qui, en dépit des effets de mode et de son inscription dans pas mal de guides internationaux, reste un lieu authentique, sympathique et abordable. J'en ai déjà parlé sur TraMeZziniMag, il s'agit de la Zucca, situé un peu en retrait des circuits touristiques, assez difficile à trouver quand on ne maîtrise pas encore la topographie de la Sérénissime. Fort heureusement. Son authencité préservée, la Zucca la doit justement en bonne partie à sa situation géographique. Et puis, comme il n'y a pas de menu touristique ni de pizza affichée au menu... 

C'est un lieu où j'allais souvent quand j'étais étudiant. Enfin quand mes finances me permettaient de mettre le nez dehors avec les copains. A l'époque une grande citrouille de bois peinte sur un panneau de bois accueillait les clients. Il y avait en guise de terrasse une grande table de bois et des bancs. 

On n'y servait que des plats végétariens. Un petit quelque chose d'alternatif à l'époque. C'était un lieu toujours paisible, surtout à l'heure du déjeuner. Le soir, des petites bougies éclairaient les tables rustiques. Un fumet délicieux attirait le passant qui s'aventurait sur le petit pont del Megio, juste en face qui mène au campo S. Giacomo dell'Orio. Rien n'a changé. Si ce n'est la carte qui, toujours aussi inventive, s'est ouverte à la viande : lapin, pigeons, canard, mouton... La cuisine reste quand même essentiellement végétarienne. 

Les deux cuisinières - et patronnes - Rossana Gasparini et Paola Salazàr, réinventent des plats traditionnels mais présentent aussi des trouvailles inédites à Venise. Leur canard rôti aux pommes et au Calvados est une merveille. Pas de poisson, peu de viande mais beaucoup de plats à base de légumes, comme les spaghetti aux aubergines fraîches servis avec une sauce à la ricotta assaisonnée au basilic, les tagliatelle aux artichauts et au Pecorino, les lasagne à la chicorée de Vérone, et avant tout à base de citrouille comme le flan de citrouille à la ricotta (à se damner). 

Mais mon plat préféré chez ces dames, c'est le flan d'asperges à la fondue de parmesan. Les desserts sont excellents notamment la très plantureuse mousse au chocolat noir aux noisettes. Quant à la carte des vins, si les prix moyens ont tendance à monter (plus rien à voir avec mon époque -bénie - où la carafe de rouge du pays coutait à peine 500 lires !), le sommelier Roberto Oran connait son métier et apprécie ce qu'il vous sert. Autre bon point, le restaurant est entièrement non-fumeur. A essayer été comme hiver. 

Voici la recette du flan aux asperges :

Il faut des asperges vertes surgelées en bocal ou mieux fraîches (mais ce n'est pas la saison), 450 grammes (environ 3 bottes), un peu de ciboulette, 150 gr de parmesan râpé, 250 ml de crème fraîche épaisse, 6 œufs, du sel et du poivre, du beurre pour le moule. Pour la fondue, il faut : 200 gr de parmesan frais, et du lait entier. 

Commencez par laver les asperges et les faire pocher dans de l'eau bouillante salée puis les passer sous l'eau froide pour préserver leur couleur. 
Mixer finement les asperges et la ciboulette jusqu'à obtenir une purée bien lisse. Dans un bol, battre les œufs avec la crème et ajouter le parmesan râpé, du sel et du poivre. 
Ajouter la purée d'asperges Bien mélanger le tout et mettre la préparation dans un moule à cake beurré. Cuire au four au bain-marie (th.160°) pendant 30 à 40 minutes (selon que les asperges sont fraîches, surgelées ou en bocal). 
Préparer la fondue au dernier moment : faire fondre de parmesan que vous aurez râpé au dernier moment en ajoutant peu à peu du lait entier jusqu'à obtenir une crème épaisse mais pas collante. On peut aussi adoucir en ajoutant du mascarpone (dans ce cas on mettra moins de lait). 
Dès que le flan est cuit (quand la pointe d'un couteau ressort sèche), le démouler. Couper des tranches épaisses, les napper de la fondue, décorer avec des brins d'asperges entiers. 

S. Croce, 1762, calle del Megio 
(entre S. Giacomo dell'Orio et S.Stae) 
ouvert à midi et le soir. 
Fermé le dimanche 
Prix moyens : 25 à 30 € sans la boisson 
Réservation recommandée au : 041 52 41 570 



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2 commentaires : (archives Google)

Anonyme a dit… 
Mi metti l'acqua in bocca Lorenzo ! 
27 novembre, 2007 
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25 novembre 2007

Esquisses vénitiennes

Je viens de mettre la main sur un exemplaire de l'édition originale des "Esquisses vénitiennes" d'Henri de Régnier, parue au Mercure de France en 1920. Le volume, broché, un peu sali, a souffert. Mais il a certainement été entre les mains d'un amoureux de Venise. En le feuilletant, j'y ai trouvé une carte postale plus ancienne qui avait du servir de marque-page. Elle est datée de 1909. Rédigée au dos de l'affiche en réduction de la VIIIe biennale de Venise, voilà ce que dit son texte :
Venise, 11-5-09
Par suite d'un hasard heureux j'ai pu aller passer deux heures à l'Exposition. Albert Besnard y a une place d'honneur. Le pavillon de la Hongrie est un véritable joyau. Si par hasard je n'étais pas rentré à 11 heures, ne t'inquiètes pas, c'est que je ne rentrerai qu'à 6 heures du matin lundi. Bons baisers mon gros loulou.
Maurice"
Et c'est adressé à Madame Maurice Vinot, 45 via S. Gregorio, Milano. Le cachet de la poste montre que la carte a été postée depuis la Ferrovia.
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J'aime ces instants de vies passées que le hasard ressuscite. C'est déjà émouvant lorsqu'il s'agit de membres de notre famille que nous avons pu connaître. Ces témoignages sont alors comme un rappel de leur vie; une palpitation qui ne demanderait qu'à se faire entendre de nouveau et nous rend un peu de ceux que nous avons aimé. Ça devient encore plus émouvant quand ce sont des inconnus. On a l'impression de rentrer par effraction dans leur intimité et en même temps, on se dit que lire leur nom, déchiffrer leur message, regarder leur photo, c'est les sortir de l'anonymat dans lequel la mort les a plongé. Un peu comme le sourire réconfortant de l'infirmière à un malade qui n'a plus ni famille ni ami pour le soutenir dans son agonie...
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Qui était ce Maurice Vinot ? Que faisait-il à Milan en 1909 avec son épouse, celle qu'il surnomme affectueusement "Loulou" ? Peut-être que leurs noms n'ont plus jamais été prononcés depuis des années ? Peut-être cette carte postale est-elle le seul témoignage matériel existant encore de leur passage sur cette terre? Peut-être, par un malheureux hasard, cette carte n'est-elle jamais parvenue à sa destinataire et qu'un drame est né de l'absence de Maurice ? Et s'il avait menti ? Si tout cela n'était qu'un subterfuge et qu'il s'était enfui avec une autre femme rencontrée à Milan ou ailleurs? 
En cherchant un peu sur internet, j'ai trouvé plusieurs Maurice Vinot. L'un fut le premier présentateur du journal parlé à Radiola qui deviendra le Radio Paris de triste mémoire (vous savez la rengaine "Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand"), un autre tourna de nombreux films à succès sous la direction de Louis feuillade ou Romeo basetti. Il mourut en 1918. Un autre encore était un industriel... Quand au 45 via s. Gregorio, c'est un immeuble bourgeois du centre de Milan, aujourd'hui siège d'une maison de prêt à porter.
..
A partir de ces quelques indices, on pourrait écrire toute une histoire... Elle commencerait par quelques jours à Venise, à la Biennale, avec le pavillon hongrois nouvellement construit comme décor et les peintures académiques, aujourd'hui oubliées, de l'alors directeur de la Villa Médicis, comme prétexte...

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3 commentaires:

Anonyme a dit…
Votre papier m'a mis les larmes au yeux ce soir, je le trouve terriblement émouvant. Vos écrits si poétiques me font rêver. Venise me manque. M.17
Anonyme a dit…
Le curé de l'église Santa Maria Della Fava (S Marco)nous a raconté que le Ponte delle Tette (S Polo)avait été entièrement payé grâce aux dons des passants aux riveraines qui, le soir, se mettaient à leur fenêtre, seins au vent, pour rassembler assez d'argent pour construire ce fameux pont! (j'ai une photo de l'endroit, si ça vous amuse!) Ce curé est un homme fort jovial et rigolo qui nous a longuement parlé de son église avec beaucoup d'humour! Marie G
Lorenzo a dit…
Ce brave curé a bien édulcoré l'histoire. Le quartier abritait en vérité de nombreux lupanars tolérés voire encouragés par le gouvernement pour éviter la prostitution sauvage et la profusion des maladies. Les femmes étaient obligées de se montrer les seins nus aux fenêtres des maisons closes pour éviter qu'on les confonde avec des travestis. l'homosexualité était tolérée en privé, mais pas quand il s'agissait d'amour tarifé. Afficher ses seins, c'était prouver qu'on était une femme. La silicone n'existait pas encore !

Ganga, le marché aux poissons de Venise

D'autres petits riens prélevés sur un quotidien unique : Une note d'humour et de fantaisie. Pour ma lectrice Marie Daynié qui a pâti de la grève du personnel d'Artesia. De sombres considérations financières risquent de mettre à mal cette ligne, trop peu rentable à ce qu'il parait. En attendant de pouvoir repartir, voici un petit film de dix minutes, sympathique et original : un jour comme les autres sur le marché aux poissons de Venise, de l'aube au crépuscule ! L'illustration musicale est superbe, les images pleines de poésie et l'essentiel de Venise transpire de ces images. Regardez, vous m'en direz des nouvelles.


Direction & photographie par Francesco Cabras & Alberto Molinari
édité par Francesco Struffi
Musique originale composée par Alessandro Molinari.  
Produit par Ganga Films © 1999.


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3 commentaires:

Marie a dit…
C'est également plein d'humour!  Grazie, Lorenzo d'avoir fait un tour par mon album photos, de votre commentaire et de m'avoir dédié ce nouveau post, ça me touche bien plus que vous n'imaginez... Je ne sais pas si c'est le personnel d'Artésia ( n'est-t-il pas italien?) ou le réseau ferroviaire français qui est devenu impraticable - aiguilleurs, sabotages - mais c'était hier... Place aux projets pour le printemps! :-)  En tous cas, ce serait dommage à terme, pour des raisons d'absence de rentabilité, de voir disparaître cette ligne : pour ma découverte de Venise, j'ai trouvé tout à fait extraordinaire au sortir de la gare de me sentir plonger ( grand canal oblige) comme par magie dans un "autre monde".. C'est saisissant! Pour revenir au quotidien, si vous le permettez, je vous poserai de temps en temps quelques questions sur des choses que j'ai remarquées, qui m'ont intriguée...  Comme par exemple le ramassage des poubelles! J'ai observé comment les vénitiens triaient, posaient à même le sol ou accrochaient leurs petits sacs de déchets à leur poignée de porte.. ou ailleurs.... le passage du préposé à la chose (piano piano) avec sa petite carriole métallique puis l'embarquement sur un bateau ( où vont les déchets?)... des petits riens comme vous dites!  Ou encore les chats.  Que représentent les chats pour les vénitiens? J'ai imaginé une théorie mais elle est sûrement fausse! Fidèlement vôtre et encore merci. Marie
Lorenzo
Lorenzo a dit…
Racontez nous votre théorie, je vous dirais comment est la vie des chats ici. Quant aux déchets ils sont triés le plus possible en Italie. A Venise, ils partent vers une île, grand dépotoir au milieu de la lagune qui fait le bonheur des mouettes mais ils vont aussi vers des centres de retraitement très modernes.
la girafe a les yeux noirs a dit…
et le silence et le vide quand la vie s'est retirée sous le regard de la petite vierge à l'enfant que j'ai toujours vue fleurie, cette lumière si spéciale qui traverse les grandes bâches rouges et vient s'épandre sur le sol mouillé

23 novembre 2007

Petits riens







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6 commentaires:


Anonyme a dit…
Comment petits riens ? C'est juste la vie dans sa simplicité quotidienne ... vous faites du "street photography" très sympa, j'aime beaucoup le banc et Zitelle !!! Sunny
venise86 a dit…
Ces petits rien qui font tout le charme de Venise. J'adore toutes ces surfaces que Venise transforme en miroirs en coquette qu'elle est. Le grand canal et la lagune ne lui suffisent pas, elle se mire encore et encore partout où elle peut.
guillaume a dit…
stupendo come sempre...^^
Marie a dit…
Merci pour ces petits rien de Novembre.. que je n'ai pas pu voir ! Les trains Artésia étaient supprimés et aucun moyen de substitution proposés. Et pas de possibilité pour moi de remettre à plus tard comme il était gentiment conseillé! Le mot "déception" est bien faible... :-(( Vous suivre quotidiennement me console un peu. Bon dimanche. Marie
Lorenzo a dit…
Rectification : les photos présentées ici ne sont pas de moi. elles ont été glanées sur internet ou envoyées par des lecteurs. Sans mention précise et devant l'impossibilité de retrouver les auteurs, TraMeZziniMag les prie d'avance d'excuser une utilisation qu'ils pourraient ne pas souhaiter.
Anonyme a dit…
Oui, j'ai toujours trouvé bien étrange d'appeler "petits riens" "Venise mineure" les photos qui montrent les gens au travail, où les lieux habités par les gens qui travaillent. Avec ce regard de bourgeois, surplombant la misère, bien nécessaire au paysage, pour se trouver tout à fait à l'aise dans son confort quotidien. Quel dommage !
Lorenzo a dit… 
         Mais ces petits riens qui font du bien et ne coûtent rien pour paraphraser un livre
         d'enfants, "La Première gorgée de bière", vous vous souvenez ?
        Rien de péjoratif ni de réducteur dans ces mots.
        Au contraire. Plutôt une réaction au goût commun du grandiose et du monumental, du
        sensationnel et de l'évènementiel. Dans cette rubrique, TraMeZziniMag cherche à 
        donner à voir le quotidien dans sa simplicité, la vie de tous les jours, les merveilles du
        commun, du  courant, du  normal. Pas une vision de classe. Juste un goût pour les petits
        riens et la Venise mineure, sans rentrer dans l'insupportable lutte des classes.
        La beauté est universelle !!!
        12 octobre, 2010

22 novembre 2007

Les malheurs du temps frappent aussi à Venise

Derrière ces rideaux rouillés qui servent aujourd'hui de tableau d'affichage géant qui rappelle les parois du Pudding Shop à Istanbul ! se trouvait la Maison Pettenello, un bazar florissant où petits et grands enfants trouvaient à coup sûr leur bonheur. Jusqu'à l'année dernière, la propriétaire et sa fille proposait aux petits vénitiens un bric-à-brac de joujoux, de poupées et de nounours, des pantins de bois, des marionnettes, des dînettes...

© Photo de Claire Normand. Novembre 2007.Tous droits réservés.

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4 commentaires:

Anonyme a dit…
Cher Pettenello, royaume des enfants !
Passage obligé sul campo. J'habite Dorsoduro.
Faire des provisions de craies, bulles et scopieti (introuvables à Paris) et tant d'autres choses.
Et que dire de la fin de la Trattoria Due Torri, juste en face. Nous ne savourerons plus ses délicieux gnocchi !
Simplement triste.
M.17
Lorenzo a dit…
Ne soyons pas que nostalgiques bien sur. Nous sommes donc voisins quand je suis à Venise! Vous avez dû lire mon papier du 4 octobre sur la trattoria... Les temps changent. Il y a avait il y a longtemps un restaurant chinois (le seul de Venise à l'époque) fabuleux de l'autre côté du campo. J'y allais avec un père arménien de mes amis et d'autres étudiants. Là aussi, il a disparu. Mais bon regardons en avant ! Il y a de bonnes nouvelels choses qui nous font un peu oublier ce qui nous attriste ! Les do draghi et le Margaret Duchamps sont de bons endroits !
Anonyme a dit…
Mon endroit préféré sul campo, le bar Verde, je l'appelle ainsi, dai vecchieti aussi, il ferme très tôt le soir, c'est celui avec la toile verte et les chaises vertes verso I Carmini, beaucoup moins fréquenté et discret que les autres.
M.17
Anonyme a dit…
Pour ceux qui ont un Macintosh, je recommande le widget de 5 webcams à Venise à charger sur http://www.venetianrooms.com/pietro/
C'est agréable à avoir dans un coin de son écran ! pour l'instant on voit une étrange construction grandir sur la Piazza San Marco... Un giga-sapin ? un bonhomme de neige ? à suivre !
MG - www.atelier23.be

21 novembre 2007

Bonne fête de la Salute

Comme chaque année depuis des siècles, c'est aujourd'hui la solennité de la Salute, avec le pèlerinage de la population de Venise, patriarche en tête, à l'église éponyme, en passant par le pont votif en bois.

En ce jour dédié à la présentation de Marie au Temple, les vénitiens depuis la grande peste de 1631 ont l'habitude de se rendre en grande pompe à l'église de la Salute en passant depuis San Marco par un pont votif qui enjambe pour l'occasion le grand canal. Chaque année la foule est très nombreuse entourant le patriarche et l'ensemble des autorités constituées.
Il reste peu de fêtes populaires que les vénitiens aiment à célébrer entre eux sans que les touristes s'en emparent. La fête de la salute est peut-être la dernière authentique festivité datant de la Sérénissime qui réunisse croyants et non croyants dans une même communion aux traditions ancestrales. Toujours la même ferveur et les mêmes rites tous les ans, le 21 novembre. Una façon pour les vénitiens de marquer l'amour qu'ils portent à leur ville. Qu'ils vivent dans le centre storico ou sur la terra-ferma, ils vont en pèlerinage à l'église de la Madonna della Salute en remerciement à la vierge noire d'avoir sauvé la Sérénissime de la grande peste de 1630.
Cette fête automnale a toujours un côté magique, peut-être parce que la plupart du temps, aux belles journées de l'été de la Saint Martin que nous avons vécu la semaine dernière, succède avec la nouvelle lune, un temps maussade, brumeux, grisâtre et où la pluie se met à tomber. C'est un moment toujours émouvant qui semble fasciner les rares touristes qui séjournent à Venise en cette période. Mêlés au flux des pèlerins, ils suivent le même parcours, les yeux grands ouverts. Rien à voir avec le Redentore. Encore moins avec le carnaval. Tout est d'aujourd'hui et pourtant hors du temps. Calli et Campi sont remplis de monde, aux murmures des prières et des invocations ferventes s'ajoute le cri des marchands de bonbons et autres sucreries traditionnelles. On vend des cierges mais aussi des ballons. La tradition veut que l'on se rende en barque tôt le matin à la première messe. Un tableau célèbre de Canaletto montre cet afflux de gondoles et de barques en tout genre qui amènent les fidèles aux pieds de la belle église de Baldassare Longhena.

Après le sacré vient le profane avec les nourritures terrestres. L'usage est de servir ce jour là la Castradina, une soupe roborative faite à base de mouton cuit et recuit, et de chou (la variété la plus répandue en Italie qu'on appelle souvent en France le "Chou de Milan", en latin "Brassica oleracea sabauda"), pour se souvenir - c'est ce que dit la légende - qu'au temps de la Grande Peste, la ville mise en quarantaine, le dernier navire qui entra dans le port transportait des gigots de mouton en provenance d'Istrie. Ce qui permit de nourrir la population. Cette tradition est arrivée jusqu'à nous. 
 
Il existe même depuis 1997, une très sérieuse confrérie de la castradina fondée par l'architecte Marino Alessandri qui défend la recette traditionnelle de ce plat typique servi dans toutes les familles vénitiennes la nuit du 21 novembre. Preuve et affirmation d'une authentique "venezianità" (traduire par vénitienneté me semble acceptable) ce plat typique a pourtant failli disparaître en même temps que s'allégeait la cuisine de la lagune, se mettant au goût des plus jeunes pour une cuisine plus simple et moins longue à préparer. L'étranger a qui l'on sert ce plat pour la première fois, se demande toujours ce qu'on lui propose de manger. Soupe fumante, tenant davantage du ragoût, voire de la purée, que d'un potage, la castradina a un fumet merveilleux et quand on y a goûté, il est impossible de ne pas l'aimer. En fermant les yeux, on imagine une foule bigarrée répandue sur toute la longueur de la riva degli Schiavoni, des hommes et des femmes provenant de toutes les régions de l'Adriatique, de Bosnie, de Dalmatie, d'Albanie, de Grèce, portant des paquets, chargeant et déchargeant des marchandises. Leurs barques de petit tonnage, légères mais très rapides faisaient sans cesse la navette entre les côtes d'Istrie et Venise. Ces bateaux transportaient surtout des denrées alimentaires que la Sérénissime ne produisait pas en assez grande quantité ou qui n'existaient pas dans la Péninsule. Par cette voie maritime sont arrivées de nombreux aliments qui ont profondément marqué de leur empreinte la cuisine vénitienne, modifiant parfois complètement et à jamais, les habitudes alimentaires de la population. Dans beaucoup de plats vénitiens on sent les parfums de la Dalmatie, comme le riz in cavroman, mélange de riz rond et de mouton haché, le mouton bouilli servi avec des pommes de terre, l'agneau à l'orientale, rôti après avoir été enduit de beurre et de lait... Mais c'est la castradina qui porte le plus, encore aujourd'hui, la marque de l'histoire tout en étant un symbole religieux pour les vénitiens comme l'agneau pascal ou les 13 desserts des marseillais à Noël. 
 
La castradina est un plat qui évoque le souvenir des terres perdues outre-mer que l'on appelait "le altre Venezie" (les autres Venises) plus que des colonies ou des territoires occupés. On pourrait débattre longtemps de ce que fut la venezianità dans ces pays de la côte adriatique : une harmonie totale avec la république que Bonaparte et les autrichiens ont détruit à Campo Formio
 
Mais revenons à notre mouton. La castradina est donc un plat que l'on déguste à Venise chaque 21 novembre depuis 1631, année de la première fête solennelle de la Salute. Les vénitiens ne plaisantent pas avec la Santé (Salute en italien). La viande qui arrivait de Dalmatie était salée, fumée et séchée. Elle provenait de jeunes moutons castrés. Toutes les connaissances de l'époque en matière d'hygiène participaient à la confection de ces conserves de viande qui avec les légumes secs, la farine et certains légumes de grande conservation comme les choux ou la citrouilles, permettaient d'affronter les périodes de quarantaine et de faire face à toute urgence sanitaire. Nous qui possédons les antibiotiques et les réfrigérateurs, il nous est difficile de comprendre le soin apporté à ces denrées. 
 
Elio Zorzi dans son livre "Osterie Veneziane", paru en 1928, nous apprend que "la première mention de ce plat se trouve dans un des plus anciens documents relatifs aux denrées alimentaires de la République : dans l'édit fixant les prix établi par le Doge Sebastiano Ziani daté de 1173 on parle de "sicce carnis" de Romanie et Schiavonie. La castradina est en fait de la viande de mouton, taillée par moitié en longueur, salée puis fumée puis mise à sécher à l'air et conservée dans les entrepôts et les magasins" (pardonnez-moi cette traduction rapide et maladroite). 
 
Il est pratiquement impossible de déterminer précisément comment et à quel moment un plat provenant des Balkans a pu être assimilé à la plus vénitienne des fêtes religieuses typiquement . Quoiqu'il en soit, la recette s'est transmise de génération en génération. De nos jours la viande ne provient plus de Dalmatie mais de Sauris, près de Udine, à plus de 1200 mètres d'altitude, dans les montagnes. Venise n'a pratiquement plus aucun lien avec ces terres du Levant qui furent son domaine sinon ce plat, dont on retrouve des variantes jusqu'en Macédoine voire en Turquie sur les bords de la mer Noire.
 
Jusqu'à ce soir 23 heures 30, et pour la 377e fois, il sera possible de se rendre à l'église de la Salute à pied, par le pont qui part de Sta Maria del Giglio jusqu'à la calle S. Gregorio à Dorsoduro. Des milliers de cierges brûleront sur le chemin et autour de l'autel ou siège la fameuse icône miraculeuse de la vierge noire. Et il y aura tellement de monde que, comme chaque année des sens uniques seront mis en place pour les piétons !