04 février 2008

Connaissez-vous le musée Oriental ?

En 1887, le prince Henri de Bourbon-Parme, comte de Bardi et sa femme, la Princesse Marie, fille du roi Ferdinand des Deux-Siciles partent pour un long périple en Orient. Ils ramèneront de leur voyages plus de 30.000 objets rares et précieux, témoins des civilisations qu'ils ont rencontré. Ces objets sont pour la plupart exposés Ca'Pesaro depuis la création du musée en 1928, là où se trouve aussi le musée d'Art Moderne (qui abrite une superbe collection d’œuvres du XIXe et du XXe arrivées à Venise avec la création de la Biennale). 
 
Le Museo d'Arte Orientale représente une des plus importantes collections d'art japonais de la période Edo (1600-1868) en Europe, avec beaucoup d'objets des débuts de cette période mal connue (le Japon s'était entièrement refermé sur lui-même et seuls les hollandais avaient des liens avec le pays). On peut admirer aussi dans les salles parfois exiguës du musée, de très belles pièces de l'art indonésien et chinois. Mais quelle est l'histoire de cette collection ? Comment est-elle arrivée à Venise ? Les fondateurs donnèrent au musée le nom de Marco Polo évidemment.Mais c'est d'un autre qu'il eut peut-être fallu le baptiser.
 
Le prince de Bourbon-Parme, cadet de la famille qui régna sur une bonne partie de l'Italie du sud avant l'unification sous l'égide de la famille de Savoie. C'était un grand voyageur, cultivé et passionné par l'Orient et l'Asie. Il était à l'Italie, ce que son cousin le duc d'Aumale fut à la France. Un de ces princes savants, mécènes et esthètes qui firent à eux seuls bien plus que mille commissions ministérielles pour l'art et la culture... 
 
Henri de Bourbon aimait à voyager. Quand à la fin du XIXe siècle il décida de se rendre en Asie, il prépara son voyage avec beaucoup de sérieux. Nanti d'énormes moyens financiers (la fortune personnelle du prince et de son épouse, née princesse royale de Bourbon des Deux-Siciles, les amitiés tissées avec des savants et des intellectuels, les relations avec les diplomates en poste à Pékin ou à Tokyo facilitèrent les choses). 
 
On dispose du carnet de voyages d'un des membres de la suite du prince. Ces notes nous permettent de suivre presque pas à pas l'expédition. A son retour le prince ramenait des centaines de caisses contenant ces 30.000 pièces qui fond la collection du musée. D'abord installée au Palazzo Vendramin Calergi où résidait habituellement le prince quand il était à Venise (là-même où sa tante la duchesse de Berry habita et où mourut le 13 février 1883, Richard Wagner, son locataire), en attendant un lieu d'exposition adapté, la collection faillit disparaître à la mort du prince en 1905. 
 
C'est un antiquaire de Vienne qui se chargea de la mise en vente. A la fin de la première guerre mondiale, la collection fut attribuée à l'Italie au titre des réparations de guerre. En 1928, une convention passée entre l’État et la Ville de Venise permit son retour sur les bords du Grand Canal. L'installation provisoire à la Ca'Pesaro, magnifique bâtiment légué à la ville par la comtesse Bevilacqua la Masa, dure toujours. L’État a acquis le palais Marcello dans la perspective d'une installation définitive entièrement dévolue aux arts orientaux et qui permettra de montrer la totalité de la collection dont beaucoup de pièces restent en réserve faute de place.

Ce musée peu visité par les touristes est un bijou inattendu. Non seulement pour la qualité des œuvres exposées et le talent du prince qui sut assembler une collection de grande qualité, mais aussi à cause des lieux. Une grande bâtisse calme et retirée. Un silence de monastère. C'est un lieu que j'aime beaucoup. Allez-y, vous comprendrez ce que je veux dire. Il y règne quelque chose de différent que la muséographie contemporaine ne sait plus traduire en dépit de la technique et des moyens employés. Ce côté parfois un peu en retrait, un peu démodé. L'impression que des objets dans leur vitrine va surgir l'esprit de gens venus de très loin auparavant. 
 
Musée Oriental
Ca’Pesaro

Santa Croce, 2076
(ligne 1 ACTV)
Tél. : 041 5241173
Ouvert tous les jours
de 11h à 17h en hiver
et de 10h à 18h en été.

1 commentaire:

Gérard a dit…

Bravo pour cet article !
Il est parfait .
Cette collection résume à elle seule l'esprit oriental de la grande Venise .
Sa grande et on peut le dire éternelle respiration .
Vers le large .
C'est un des lieux de la Sérénissime qui m'a le plus marqué .
Un des lieux .
Que je n'oublie jamais . Là-bas .
Le dernier étage de la Pesaro , le crissement des derniers escaliers , raide l'escalier en bois de ce bâtiment somptueux , appareillé de chaque côté , la proue du vaisseau , la nacre des armes , leur profusion , les innombrables petites boîtes à raffinements , les porcelaines ainsi que , ainsi que , ....
Le grand silence .
Des nobles esthètes .
Disparus .
Mais aussi celui des chemins touristophages .
Mais pas tout à fait quand même .
Comme ceux qui aujourd'hui tiennent les Antiques romains du Louvre .
Ce lieu m'inspire beaucoup .
Quel trésor secret que ce périple que le prince fit !
En quelque sorte , on est loin de la jet-set inutile d'aujourd'hui .
Il reste à certains aristos , encore , ce petit plus qui les différencie !
Et qui parfois m'épate , me comble . Et jamais ne m'agace .
Chapeau pour eux !

03 février 2008

Il y avait à Venise un maure très brave...

C'est ainsi que commence le roman de Giraldi Cinthio dont s'inspira Shakespeare pour écrire sa célèbre tragédie "Othello". Le mari épris (et qui s'est cru trahi) de la pure Desdémone n'avait de maure que le nom, qui fut quelques dizaines d'années plus tôt aussi celui d'un doge célèbre. Notre Othello était en fait gouverneur de Chypre. Suggérée par le fielleux et jaloux Iago, l'infidélité présumée de la belle le rendit tellement fou de rage qu'il en tua son épouse avant de se donner la mort...
 
L'histoire fit beaucoup de bruit en son temps et Cinthio qui n'avait que six ou sept ans au moment des faits s'est peut-être souvenu de cette histoire et la raconta dans un ouvrage que les vénitiens de la cour du roi d'Angleterre s'arrachèrent. William Shakespeare en prit certainement connaissance un soir d'hiver, au coin du feu, dans une des salles du palais de Saint-James où résidait la cour. L'Ambassadeur de Venise à l'époque était un ami de l'auteur. Fin lettré, il contribuait à diffuser poèmes et romans, en même temps qu'il faisait découvrir aux lords et aux duchesses de la cour les peintres et les musiciens de la Sérénissime. C'est ainsi qu'allait naître l'une des tragédies les plus belles et l'un des textes les plus grands de l'histoire de la littérature mondiale. Othello, au même titre que les tragédies grecques et le théatre classique français, est un monument de l'art d'écrire universel.

Tous les touristes connaissent le maison de Desdémone, l'exquis petit palais Contarini-Fasan, sur le Grand Canal. Le jeune et fringant Othello passa en gondole sous le balcon de la belle qui tomba éperdument amoureuse de l'officier richement vêtu qui n'avait d'yeux que pour elle... Vous connaissez la suite. 
 
Mais ce que peu de gens savent, c'est où se trouvait la demeure du jeune homme. Il n'en reste pas grand chose. Seulement quelques vestiges enchâssés dans une construction plus récente, au numéro 2615 du sestiere de Dorsoduro, sur le campo dei Carmini, en face du majestueux palais Foscarini. C'est là qu'habitait la famille Civran-Guoro. On peut voir leur blason sur la façade sur le rio dei Carmini. Là, se dresse une niche. avec à l'intérieur la statue d'un soldat. Attribuée à Antonio Rizzo ou à son atelier, elle représente un homme jeune, la main appuyée sur un bouclier. C'est Cristoforo Moro, devenu pour l'éternité le vaillant et orgueilleux Othello. 
 
En 1508, il partira à la demande du Sénat pour défendre Chypre et les intérêts de la Sérénissime. Sa jeune épouse demandera à le suivre. Cela la perdra. Le drame enfiévra Venise des semaines durant. Puis le dramaturge anglais s'empara de l'histoire. Il en fera une légende universelle. Les restes du malheureux couple ainsi immortalisé par une tragédie anglaise, sont peut-être ensevelis sous les dalles antiques de la petite chapelle de la famille Guoro (construite par Sebastiano da Lugano), quand on est dans l'abside à droite, dans la tranquille église Santa Maria del Carmelo, appelée église des "Carmini". Au passage, je vous recommande de demander à visiter le petit jardin derrière le campanile. Un lieu un peu abandonné et secret comme on aime à en découvrir à Venise...

 

1 commentaire:

Jaio a dit…

Enchanté de trouver un gran amoureux de Venise. J'avais lu quelque-chose de semblable dans le guide Corto sconto qui est un guide qui décrit des itineraires à faire sous le guide de Corto Maltese (Il existe en français mais j'ai la version italienne)

01 février 2008

Pauvres dans un monde de riches

Il y a dans les rues de Venise, des voyageurs pas comme les autres. Arrivés on ne sait comment de leurs pays en proie à la guerre ou à la misère, ils errent dans les rues sans but précis. Au début, on ne les remarque pas. Sauf les tenues des femmes qui se repèrent vite : robes trop longues souvent en tissu synthétique à grosses fleurs, fichus de laine sur la tête, ballots... Peu à peu, quand ils n'ont pas trouvé où aller, on les voit comme une apparition qui dérange. Hommes mal rasés, tous portent des vêtements élimés et leur pas moins sur que les autres passants. La plupart finissent par mendier. Certains basculent dans la petite délinquance. 
 
 
 
 
Tous sont marqués par une terrible misère qui n'est pas que matérielle. Partout dans nos villes d'Europe on en voit. Ils suscitent la rogne, le mépris parfois. Certains vont se mettre à chanter des mélopées sucrées qu'ils répètent à satiété contre trois sous. D'autres proposent de curieux remugles de marchandises le plus souvent avariées. Ils cherchent à sur-vivre
 
A Venise, parmi les flots des touristes, ils dénotent encore davantage qu'à Paris ou à Londres. Du temps de la Sérénissime, les mendiants étaient suivis par les ordres religieux, lavés, habillés et nourris. Le plus souvent, ils rentraient dans le système par une voie ou une autre : la marine, l'arsenal, les manufactures et les ateliers. Les étrangers ne s'aventuraient pas à mendier. La prison (parfois la potence) était pour les récidivistes, les malandrins qui prétextaient leur pauvreté pour piller et voler le passant la nuit...
 
Ceux qui restaient et qu'on croisait parfois (je parle du temps de la Sérénissime pas de l'occupation autrichienne) canne et sébille à la main sur les marchés ou devant le porche des églises, étaient des attardés mentaux, des aveugles ou de grands infirmes. Ils faisaient partie du paysage urbain et si les enfants parfois les chahutaient, ils étaient respectés par la population. 
 
Aujourd'hui, ils sont de plus en plus nombreux, venus des côtes dalmates, de plus loin encore, attirés par les lumières de notre occident plantureux. Ils ne cherchent pas à s'intégrer. Ils veulent juste manger. Survivre. Cette régression qui nous renvoie à des époques barbares me choque beaucoup mais qu'y pouvons-nous dans le fond ? Le système est ainsi fait qui broie les faibles et les laissés pour compte. Les forts ont trop peur de la contagion. L'égoïsme de nos pays bien nourris n'est qu'une forme d'auto-protection mais comment cela va-t-il finir ?

Le constat le plus terrible est de se dire que rien n'a vraiment changé : On a cru dans les belles années d'après-guerre en avoir fini avec la misère. Mais regardez bien cet homme. Il me rappelle les images des malheureux qu'on déplaçait pendant les horribles conflits qui ont embrasé par deux fois le monde au XXe siècle, sans parler de ceux qui montèrent dans des wagons plombés... Il ressemble aussi à ces migrants entassés dans les soutes et sur les ponts des cargos qui partaient pour l'Amérique, ces pauvres qui erraient dans les rues de Moscou après la guerre de 14 quand tout s'était écroulé en Russie... La photo a pourtant été prise il y a peu de temps, à Venise... Elle donne envie de pleurer.
 

4 commentaires:

anita a dit…

...bouleversante la photo de l'homme sans âge ... sans foyer ... sans pain
oui , les riches de plus en plus nantis , les pauvres de plus en plus démunis et des milliards d'euros qui s'envolent ...
Oui l'Abbé on meurt toujours de faim et de froid en 2008

Gérard a dit…

En voilà une vraie question de fond !
Et des tréfonds .
Qui nous remue des tréfonds .
Sauver un homme , c'est déjà beaucoup : faut déjà pouvoir le faire . C'est pas donné à tout l'monde .
Mais comme l'abbé Pierre , en sauver des milliers et des milliers , alors là , je l'avoue , je m'incline complètement .
Et très bas .
Il a réussi à redonner l'espérance et de la tenue à tous ces perdus .
Quelle puissance que cet homme !
J'en suis totalement incapable .
Immense respect .
Je crois qu'aujourd'hui on a tous un peu peur de nos propres révolutions .
Celles que l'on doit faire sur nous .
Etrange impuissance !
Peut-être que Venise , au coeur de son immense grandeur , comme une Vierge non effarouchée , comme une Sand de 1848 , n'en avait pas totalement peur . Ce qui ne fait que renforcer l'idée que je me fais de la Principauté des Mers .
Etrange mystère !
Les Idées en marche ne poussent que sur des landes vierges , ces océans nus .
L'avenir est à nous .

Anonyme a dit…

Beaux portraits traités avec délicatesse sans sensiblerie.
Sur ce sujet, je vous renvoie à quelqu'uns des portaits d'Ariane Mounckine dans son dernier spectacle " Les Ephémères" ou à Agnès Varda et et ses "glaneurs"...

leyloula a dit…

Patrick Declerck , Les naufragés ... a lire

une très belle photo qui capte un regard tres parlant

31 janvier 2008

Paris-Venise de nuit avec Artesia : nouveaux horaires

Comme le signalait Anita dans son commentaire du précédent billet, Artesia vient de changer ses horaires de nuit sur le Paris-Venise. Au lieu de partir à 19 heures 42 de la gare de Bercy, le "Stendhal" partira à compter du 1er mars à 18 heures 55 du lundi au vendredi sans qu'on en sache réellement la raison... Mais qu'Anita se rassure, et tous les lecteurs de Tramezzinimag avec elle : ce sont des travaux importants sur la ligne qui sont à l'origine de cette modification temporaire. Le trafic étant sérieusement ralenti par ces travaux entre Dijon et Dôle, la compagnie a préféré avancer l'heure de départ plutôt que de modifier l'heure d'arrivée. A partir de la frontière, le train retrouve ses horaires normaux avec le passage à Milan qui est toujours à 5 heures 38. L'arrivée à Venise est à 9 heures 39 comme avant. Ces horaires "perturbés" ne dureront que jusqu'au 5 septembre. Le weekend, les travaux étant interrompus, le train partira comme maintenant à 19 heures 42.


3 commentaires:

anita a dit…

....ouf ! soulagée ! Des travaux sur la voie .... Je me posais des questions ( existentielles , bien sûr ! ) " ce train est-il à bout de souffle ? en fin de vie ? va-t-il nous "lâcher" l'hiver , de nuit , en rase campagne ??? "
Merci Lorenzo !
01 février, 2008 

Gérard a dit…
C'est sympa ces vieux trains qui traversent un peu d'l'Europe .
La nuit .
Mais est-ce que ça va durer tout l'temps ?
Mystère !
02 février, 2008

anita a dit…
s'il vous plaît Lorenzo , livrez-nous la suite de votre Nouvelle ...
merci !
anita
03 février, 2008

30 janvier 2008

Attention, ils arrivent !

A Régis Debray, qui a dénoncé le tourisme de masse à Venise.
J'ai entendu ce matin un minet fatigué qui marmonnait dans ces moustaches: 
"Au secours les copains, je les entends ! Mamma mia, les voilà, les gens déguisés qui se bousculent et envahissent chaque centimètre de chaque rue. Je ne sais plus où aller. C'est qu'ils me piétineraient ces malotrus. Ou alors, ils se précipitent sur moi et dans toutes les langues m'abreuvent de mots doux qu'ils susurrent à qui mieux mieux en me prenant en photo. Ah ! vivement les cendres. Au moins on sera plus tranquilles et les poubelles seront pleines de restes de poissons !"
___________

1 commentaire:

Luc et Danielle a dit…
Non, cette année ce n'est pas la foule, loin de là ! Les hôtels sont vides aux deux tiers et l'on circule dans Venise presque aussi facilement qu'en décembre. Mais c'était prévisible, le carnaval trois semaines après Noël/Nouvel an, il faut bien aussi travailler de temps en temps...

Bref, minou peut être tranquille mais malheureusement pour lui les poubelles sont aussi vides car les restaurants ne sont pas plus pleins que les hôtels.

Et la météo pluvieuse des deux prochains jours ne devrait pas arranger les choses. Bref, c'est la déroute de ceux qui espéraient se faire de l'argent avec le Carnaval.

Par contre, la Fête des Maries, le premier dimanche du Carnaval a été magnifique et très "naturelle" ! contrairement aux "poseurs" en masques.

29 janvier 2008

Sérénité


Cette délicieuse photo empruntée à Venice Daily Photo où j'aime aller me promener chaque jour n'évoque-t-elle pas la sérénité, loin de ce carnaval que nous sommes peu à apprécier. Deux jeunes femmes revenant de la Guggenheim qui commentent leur visite en marchant le long de la fondamenta. En face, là où aujourd'hui Roberto Ferruzzi (le fils) tient la galerie de Roberto Ferruzzi (le père, dit Bobbo), il y avait dans les années 80 un tout petit café. Les deux ou trois tables que le cafetier disposait dehors étaient des vestiges du mobilier original du Florian, celui d'avant les rénovations des années 1890-1910. D'authentiques tables de marbre sur lesquelles Rousseau, Goldoni ou Casanova se sont peut-être accoudés... A gauche, le grand portique de pierre ouvre sur une calle tranquille avec un joli puits, lieu favori des chats du quartier. A gauche, un des plus beaux jardins de Dorsoduro cache sa splendeur sous de hauts murs de brique. Plus loin encore, il y a la calle Navarro, où j'ai vécu mes dernières années d'étudiant avant mon mariage, à côté du petit fruttariol qui a fermé ses portes depuis. Tout en bavardant, nos deux promeneuses viennent de passer devant l'ancienne galerie où je travaillais et qui est aujourd'hui la boutique du musée Guggenheim. Puis elles verront les vitrines de la galerie Bacci-Baïk avec ses lithographies incrustées de feuille d'or et d'argent. Denise est anglaise, elle veille sur les créations de son mari disparu. C'est le fils qui tient la galerie le plus souvent maintenant. A l'angle du canal et de la fondamenta, on aperçoit la façade d'un petit bar où j'aimais bien aller aussi. On y jouait de la bonne musique. La longue et étroite calle puis le campo San Vio avec la chapelle transformée en maison par un grand styliste disparu lui aussi. L'ancienne boulangerie qui servait les meilleurs croissants du quartier devenue une trattoria pour touristes. Le kiosque à journaux, puis après le pont le palais Cini, et la rue qui s'élargit, le grand café aux hautes fenêtres en face de la ruelle qui mène chez le Duc Decazes où vit mon ami, le peintre Roger de Montebello et l'Accademia, le pont, la foule à nouveau...

6 commentaires:

Pierre a dit…
Merci Lorenzo, c'est à chaque fois un honneur d'être cité sur Tramezzinimag!
FRANCOIS a dit…
Ah le dorsoduro...j'ai hâte de retourner à Venise pour savourer encore plus chaque endroit authentique et heureusement il y en a encore...comment faire savoir aux vénitiens qu'ils gardent intacte leur âme.....
anita a dit…
Bonjour Lorenzo !
j'y serai à la mi-mars .... mais savez-vous que le train 221 quitte désormais Bercy à 18h55 et arrive à 9h39 ?
Bien sûr je traînerai un peu plus longtemps à table ... mais c'est curieux quand même !
anita

Anonyme a dit…
C'est notre coin, nous l'aimons.
Ce qui nous attriste c'est que depuis 1995, nous avons vu disparaître presque tous les commerces de proximité : le boucher avec son gros billot en bois debout, le boulanger qui préfère vendre des pizzas molles plutôt que se lever le matin tôt pour faire son pain, le crémier, les deux fruttarols et maintenant le bazar des sœurs Gasparini ou on trouvait de tout, la cheville qui manquait ou le pot de peinture.
Nous nous demandons quelle est la capacité d'absorption des touristes en masques, verre, et autres bimbeloteries.
Maïté & Christian

Anonyme a dit…
Quand je vois cette photo, c'est à Henri de Régnier que je pense et à la pension des sorelle Zuliani qui se trouvait au-dessus de l'actuel magasin Guggenheim. C'est là qu'il résidait quand ses amies du Dario étaient absentes ou s'étaient éteintes, avec ceux qu'il nommait "sa bande". Pour tous les amoureux de Venise, relisez L'Altana qui évoque si précisément ces lieux, à défaut de trouver ses meilleures nouvelles vénitiennes en librairie.
Lorenzo a dit…
Effectivement c'était là, mais la chambre de l'écrivain et le salon de la dame n'était pas tout à fait au-dessus de la galerie, mais derrière avec l'accès par le sottoportego voisin. la maison donne sur l'actuel jardin de la Guggenheim. C'est là que Dachine Rainer, l'écrivain amie d'Ezra Pound et Olga Rudge écrivit son "Diary of Venezia".

La piazzetta dimanche dernier

 Aucun commentaire

3 commentaires:

Florence a dit…
Pourtant d'après il Gazzettino, deux chambres d'hôtel sur trois sont libres.
D'où vient cette foule et où se loge-t-elle??
Ma cousine Claudia attend avec impatience la fin du Carnaval. Si elle pouvait fuir Venise en cette période, car c'est l'invasion....
Ciao e a presto

AG a dit…
Bonsoir Lorenzo,
Aucun commentaire, effectivement, la photo parle d'elle-même.
Mais surtout, à mes yeux, AUCUN INTERET : être étouffée, malmenée au milieu de cette foule... pour voir QUI ? QUOI ?
Vive la Venise dite "mineure" qui me correspond si bien.
Bonne soirée. Agnès

Tietie007 a dit…
J'ai vu les images à la TV, c'est assez incroyable ! Je crois que je préfère Venise juste après le carnaval, car là ...
Bonne journée !

Georges Clooney, invité d'honneur du Grand Bal du carnaval

10/08/2022 : A la demande de Google ce billet publié en 2008 suite à l'annonce du choix de l'acteur et réalisateur américain Georges Clooney comme invité d'honneur du Carnaval, a été retoqué pour satisfaire aux règles. Cependant, après avoir parcouru attentivement celles-ci, nous n'avons trouvé aucune injure, menace, ou attaque personnelle contre l'acteur. Nous exprimions dans ce billet notre opinion relayant celle de milliers de vénitiens et de journalistes intéressés au sort de Venise et des vénitiens. Ce n'était pas non p lus une attaque contre la municipalité qui cherche sans arrêt des solutions pour sauver Venise. Nous critiquons seulement certains choix qui selon nous ne vont pas dans le bon sens.

Beaumarchais a écrit : "Les faits sont sacrés mais les commentaires sont libres". Cet article donne, dans le respect des faits et dans le cadre de la liberté d'opinion, l'avis de la rédaction  ne peut être censuré où alors nous changeons de paradigme et la démocratie a du souci à se faire quand on s'attaque à la liberté d'opinion ! 

Tramezzinimag n'a rien contre Monsieur  Clooney, bien au contraire. C'est un fantastique acteur et un excellent réalisateur. Notre propos à l'époque, comme aujourd'hui, était d'informer nos lecteurs de ce qui semblait initier une dérive qu'avec de nombreux vénitiens et d'observateurs, nous obserons depuis quelques années et qui nous parait dangereuse. 

Nous sommes nombreux à penser que ni le développement du tourisme de masse, ni la disneylandisation de la ville, ni la gentrification des lieux ne sont de bonnes choses pour la cité de Venise, ni pour ses habitants de moins en moins nombreux au vu des immeubles fermés avant d'être transformés en auberges de luxe et du prix des loyers. 

Peut-être que l'acteur américain n'est pas au fait de tout cela. Peut-être à sa décharge, pense-t-il que l'argent que lui et ses pairs laissent à Venise,  est sa manière d'aider la ville à se maintenir vivante et active.


Il va finir par s'installer à Venise ou par y acheter un palais... Cela étant, mes filles seraient ravies de le croiser quand elles vont chercher des croissants le matin... Venise cherche vraiment à attirer le maximum de "people" pour faire parler d'elle autrement. 
 
Ce qui est inquiétant c'est que tous ces gens qui vivent au-delà du monde du commun des mortels de ce siècle risquent de renforcer le côté Happy Few et anéantir ce qui reste de la Venise authentique, entraînant les prix vers le haut et transformant, certainement à leur corps défendant, la Sérénissime en un Lunapark à la Disney, figé dans un pittoresque mortifère ou tout est attraction (payante). 
 
Ce serait tellement bien si Monsieur Clooney devenait citoyen actif de Venise et par sa célébrité, ses réseaux, il s'engageait à sauver Venise en défendant son patrimoine, ses traditions et ses habitants.

 

3 commentaires:

AG a dit…
Mille fois d'accord avec vous, Lorenzo. Venise n'a pas besoin de toute cette "pipolisation", ce côté "bling-bling". Georges CLOONEY a déjà élu domicile au bord du lac de Côme. Alors pourquoi pas AUSSI Venise. Bonne soirée. Agnès
Lorenzo a dit…
il vient en voisin.
Jaio a dit…
En effet, et on voudrait tous dire tire toi de là que je m'y mette:-) Ce que je ne comprends pas, c'est que la population diminue très fort chaque année et qu'il n'y a pas moyen de trouver une maison libre!

28 janvier 2008

Des nouvelles du carnaval 2008

Comme le rappelait une fidèle lectrice, cette année l'ange qui volait sur la piazza était un homme. Il s'agissait du rappeur Coolio qui, tout de blanc vêtu descendit du campanile jusqu'aux pieds du doge et de son cortège, précédé de grandes lettres de mousse épelant le mot "angelo". La foule était plus que dense et c'est amusant de voir parmi les gens d'aujourd'hui quelques tricornes et des plumes de toutes les couleurs... Il y avait du monde en effet (la société des chemins de fers Trenitalia a déclaré avoir vendu pour la journée de dimanche près de 30.000 billets pour Venise) mais tout c'est bien passé. Certainement grâce aux 140 policiers sur le qui-vive. 120 bus, 1800 véhicules privés. Plus de 8000 tickets de vaporetto. La Questure estimait le nombre de visiteurs à plus de 50.000 rien que pour dimanche. Il ne fait pas bon sortir ces jours-ci...

Sauf pour ceux qui rêvent de rencontre la toujours ravissante Ornella Muti, choisie cette année par le toujours vif Bruno Tosi pour être la marraine de la Fête des Maries, célébrée avec encore plus de faste et de solennité que les autres années. Le spectacle en costume qui fait fureur parmi les hordes de touristes est maintenant bien rodé. Les jolies jeunes filles, sélectionnées il y a quelques jours par un jury mais aussi par la population de Venise (par le biais des quotidiens du cru), ont traversé toute la ville du campo San Pietro jusqu'à la piazza sur des brancards portés à bout de bras par de solides gaillards, rameurs ou gondoliers pour la plupart. 




L'actrice était entourée de ses enfants. Après avoir accueilli en compagnie du doge le cortège des douze jeunes filles, elle honorait de sa présence les salons de l'hôtel Luna Baglioni où l'organisation du Carnaval offrait un chocolat chaud apparemment bienvenu (initiative de l'Association Internationale pour la Promotion du Carnaval de Venise que préside Giovanna Barbiero). Les discussions allaient bon train pendant ce cocktail sucré : très lié au XVIIIe et au XIXe siècle dans l'esprit des gens, ce carnaval aurait besoin de se renouveler sans lâcher ses origines. Certains parlaient même d'innovations transgressives... A quand un gigantesque défilé-lupanar comme la défoulante gay-pride en passe de devenir une institution respectable ? Je crains que c'est ce que ces adeptes du modernisme à tout crin veuillent nous concocter pour les années à venir. 


Sont-ils capables d'autre chose d'ailleurs ?Cela renforce l'opinion de bon nombre de mes amis (je la partage à 100 %) : Venise pendant le carnaval n'est vraiment pas un endroit où il faut être ou alors enfermez-vous chez vous, bien au chaud avec de bons bouquins et de la bonne musique et si par un malheureux coup du sort, le facteur vous apporte un bristol, vérifiez bien qu'il s'agisse d'un bal costumé Renaissance ou XVIIIe dans les salons d'une comtesse au-dessus de tout soupçon ou bien d'un concert de musique ancienne. Là vous ne risquerez pas l'attaque d'apoplexie devant ces troupeaux de travestis rebutants, ces costumes en tissus synthétiques chatoyants mais tellement artificiels. Patience dans quelques jours tout cela sera fini. Bonhomme Carnaval brûlera en place de grève pour la plus grande joie des vénitiens qui pourront de nouveau vivre en paix chez eux ! Mais tout n'est pas si noir. la Festa Veneziana, superbe spectacle aquatique a été très apprécié. Grande parade en costume d'apparat sur une soixantaine de barques avec des musiciens, des saltimbanques. Moment d'émotion parmi les vénitiens : sous le pont du Rialto, les gondoliers ont chanté à l'unisson l'Hymne de San Marco.



1 commentaire:
Anonyme a dit…
Bonsoir, Actuellement en France et étudiante à Marseille en événementiel, master 2 (bac +5) je réalise une thèse sur le pouvoir de l'événementiel et je prend des exemples concrets qui sont les Carnaval de Venise et l'empire Armani. Je me permets donc de vous demander si vous auriez des sites ou des adresses mails à me communiquer pour avr des infos sur ce sujet et ce qui a été fait et comment ceci marche toujours autant. Grazie mille Claire Bellone stregona21@hotmail.com

27 janvier 2008

Les petits riens



Ottavio et Cocco qui jouent sur la plage du Lido.

Vous connaissez mon goût pour les petits riens, les choses simples. ces moments sans importance qui guérissent toutes les peines et apaisent les âmes les plus tourmentées. Ces petits riens qui font du bien - et qui souvent ne coûtent rien - comme l'affirme un merveilleux livre de la littérature enfantine dont ma fille Alix fit ses délices quand elle était petite... 

A Venise, ces petits riens prennent une autre dimension. Face à l'immensité de tout ce qui nous entoure et demeure la démonstration du pouvoir que la Dominante continue d'exercer sur le monde, les petits riens du quotidien sont comme une libération. Après les richesses des palais et des églises, la beauté des monuments, la lumière tellement particulière, les reflets, ces ciels magnifiques avec un soleil qui semble ne pas briller ici comme il brille ailleurs, avec un éclat différent, plus raffiné peut-être, après toutes ces merveilles, les petites choses du quotidien sont un apaisant bonheur : un tout jeune homme qui joue avec son chien sur la plage, une  très vieille dame dans le vaporetto qui éclate de rire en lisant une blague dans le journal, l'odeur gourmande qui s'échappe de la boutique du boulanger le matin, des enfants qui jouent sur la margelle d'un puits devenue un vaisseau pirate en haute mer... Le balayeur en bleu de chauffe qui siffle un menuet de Bach en nettoyant le campo... Ces chats endormis, allongés de tout leur long les uns à côté des autres sous l'ardent soleil de midi, pareils à ces gens qui dorment sur les plages l'été et ce gros chat-concierge qui semble attendre le visiteur devant l'entrée de la basilique. De petits riens que le hasard nous donne à voir. De vrais bonheurs... 

Pigeon anonyme sur un mur de Castello

Chat tranquille à Torcello

2 commentaires:

anita a dit…
...oui ! et le rire d'un petit enfant , le cerisier en fleurs , le jus suave d'une pêche dégustée en plein air .... perles de bonheur !
J@M a dit…
... Et comme ces petits riens sont reposants du boucan du carnaval !!

Il volo dell'Angelo



3 commentaires:

anita a dit…
Bonjour Lorenzo ! Bonne idée la vidéo de l'Ange , descente impressionnante que je n'ai encore jamais vue en direct ! anita
AG a dit…
Bonjour Lorenzo, Quel courage effectivement. Mais cette année c'est un homme (précédé des lettres dorées "ANGELO") qui a tenté l'expérience. Bonne journée. Agnès
anita a dit…
....il est vrai que les anges n'ont pas de sexe !

26 janvier 2008

Les festivités du carnaval suspendues

Venise était en deuil aujourd'hui et pour la première fois depuis la renaissance du carnaval celui-ci a été suspendu toutes la journée à l'occasion des obsèques des deux ouvriers morts dans un accident à Marghera. Partout les policiers étaient chargés d'informer les touristes de la suspension de toutes les festivités. A Mestre, sur la Piazzale Roma et à la gare, des panneaux indiquaient en italien et en anglais l'évènement. Cela n'a pas posé trop de problème. Pas d'émeutes en tout cas. La foule (estimée à plus de 40.000 personnes) a continué à déambuler dans les rues, les touristes ignorants - ou préférant ignorer - les mesures prises en raison du deuil décrété par le maire s'amusaient dans les rues, déguisés et masqués. Parfois un commerçant ou un policier leur expliquait que le carnaval était suspendu pour la journée, toute festivité interrompue et le deuil proclamé invalidant tout délire. Demain ce sera la reprise de la fête avec le traditionnel vol de l'ange.

Nocturne vénitien


Il marchait seul dans la nuit. Depuis toujours, il aimait arpenter Venise après le coucher du soleil. Un écouteur sur les oreilles, c’était chaque fois la même musique qui l’accompagnait : Vivaldi, le Magnificat et le Gloria. Un enregistrement sublime qu’il ne peut plus entendre sans que son cœur se remplisse du bruit de ses pas qui résonnent sur les dalles des ruelles, sans être pénétré de l’envoûtante odeur de la Cité endormie, ce mélange unique d’air marin, de salpêtre et de bois pourri. Il marchait seul dans la nuit en compagnie de ses rêves. Dans cette ville unique au monde, il savait qu’on ne risque pas de mauvaises rencontres dans les rues de Venise.

Il avait ainsi appris à connaître chaque recoin de la ville. Sa première promenade, il l’avait faite, seul déjà, un soir d’août alors qu’il n’avait pas quinze ans. Il demeurait avec ses parents et ses sœurs au Londra, sur la Riva dei Schiavoni, avant de partir pour la Grèce et la Turquie. Ce soir-là, il n’avait pas voulu accompagner sa famille à un concert. Il préférait se promener, seul. Il partit en même temps qu’eux mais choisit d’aller dans l’autre direction, vers les Giardini Reali, derrière la Piazza, le long de cette promenade qui borde le bassin de San Marco, avec les gondoles et les taxis bien alignés devant les balustres en pierre blanche. Le soir toute une foule cosmopolite et élégante s’y rencontre. De mauvais peintres y proposent des portraits à trois sous, des camelots se mêlent aux touristes sous le regard indifférent des nombreux chats qui vivent là depuis toujours. Il avait toujours aimé les chats et surtout ceux de Venise, tantôt faméliques, tantôt plantureux. Ses sœurs se moquaient de lui : il voulait un chaton vénitien comme à Rhodes il voudra un chaton grec. Ce n’était plus un enfant mais ce jeune adolescent restait très jeune dans sa tête. Poète, il rêvait chaque instant de sa vie et sa rencontre avec Venise fut un miracle, une révélation. Il ne devait plus s’en guérir. Jamais.

La nuit allait être belle et la lune brillait. Le soir tombait peu à peu recouvrant d’un voile rose les toits et les façades. Les colonnes de la Piazzetta se dressèrent devant lui quand sonnait le Gloria dans son casque. Il se rêva condottiere dans son retour triomphant d’Orient. Tour à tour prince d’Asie ou riche marchand, il avançait à travers les rues, hors du temps. Fasciné, il marcha plusieurs heures et ne revint dans sa chambre que fort tard dans la nuit. Il s’endormit, rompu, les yeux remplis de toute la beauté dont il s’était imprégné dans cette nuit magique.

Ce plaisir ne l’a jamais plus quitté. Il a grandi, Devenu homme, il a beaucoup voyagé. Nombreux de ses rêves d’enfants ont été trahis, perdus, abandonnés. La vie ne lui a pas toujours été facile, mais il n’a jamais cessé de revenir marcher dans la nuit, à Venise. Et toujours, depuis plus de trente ans, il écoute le Gloria et le Magnificat en errant sur les ponts, dans les rues et les campi de sa ville.
Parfois c'est la romance anonyme de Narciso Yepes ou la sonatine de la Cantate BWV 106 de Bach qui l'accompagnent, mais aucune musique n'accompagne et illustre mieux la longue histoire d'amour qui le lia définitivement ce soir à Venise...

 

2 commentaires:

venise86 a dit…
C'est en traversant mon premier pont et en rencontrant donc le premier canal, au bout d'une ruelle étroite et sombre, à la descente d'un vaporetto coté Castello, que je suis tombée irrémédiablement amoureuse de Venise...
anita a dit…
Découvrir vos mots , vos textes , le matin ...quel plaisir ! mais quel bonheur aussi de musarder ce soir , avant de me mettre au lit ... et rêver d'Elle ... anita