18 mai 2009

COUPS DE CŒUR N°34

Luigi Boccherini
Sonates pour violoncelle
Ensemble La Ritirata
Direction Josetxu Obregón
Label Verso, 2009
Une belle découverte que cet enregistrement qui vient d'arriver chez les disquaires. L'interprétation des sonates est très personnelle, langoureuse. Josetxu Obregón privilégie le frottement moelleux des cordes, usant et abusant des positions basses, (son jeu avec la 7ème notamment) pour produire quelque chose de très sensuel débordant d'harmoniques. L'ensemble La Ritirata s'accorde à merveille avec cette manière de traduire l'auteur. C'est chaleureux, humain, très doux. "Il y a quelque chose de lumineux et de détendu dans cette interprétation qui s'acharne à monter dans les aigus, qui paradoxalement étale sa virtuosité sans l'assumer vraiment, qui enchaîne des tempi rapides mais qui sonnent comme repus du sommeil réparateur d'une sieste" a déclaré à propos de cet enregistrement Katarina Privlova. L'enregistrement se termine d'une manière surprenante comme une blague de potaches, mais c'est un disque agréable à écouter pendant les douces soirées de mai.
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Richard Goy
Venise. La ville et son architecture
Editions Phaidon
320 pagesIl n'est certes pas très récent mais c'est à mon goût le meilleur livre écrit à ce jour sur les architectures de Venise. Au fil des pages, on y découvre tout ce qu'il y a lieu de savoir sur les palais et les église de la cité des doges. S'il ne fallait le poser sur une table ou un lutrin pour pouvoir le consulter aisément, cet ouvrage quasiment exhaustif sur le sujet, ferait le meilleur des guides de voyage avec le Lorenzetti pour l'intérieur des monuments dont Richard Goy présente, étudie et analyse les extérieurs. Mais l'auteur fait bien plus que décrire, il raconte au lecteur une histoire et rend passionnantes son enseignement. Les très nombreuses illustrations complètent le plaisir de la lecture. Un livre essentiel pour la bonne connaissance de Venise.
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Venezia Osterie e dintorni
Scibilia Michela

Vianello Libri Editore
2005, 112 p.
Les lecteurs de Tramezzinimag me réclament un guide des lieux fréquentables de la Sérénissime. En attendant de me lancer dans ce travail de tian, laissez-moi vous recommander un petit guide véritablement bienfait et totalement libre de publicités. Les adresses citées et recommandées le son sans aucun pression ni a priori. Un petit livre très pratique qui présente 149 établissements tous passés au crible par la très exigeante Michela Scibilia qui sait de quoi elle parle et n'avait d'autre objectif en réalisant cet annuaire que d'aider les établissements qui le méritent. On y trouve des bars, des birrerie, des trattorie et des restaurants pour des budgets allant de 16 à 160 euros. Le livre est doté d'un plan qui pourra aider les moins habitués à la topographie vénitienne.
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Trattoria alla dona onesta
Dorsoduro 3922
Fondamenta della dona onesta
Tél. : 041 710586
Quand un petit restaurant situé dans une ville où passent plus de 20 millions de touristes par an, reste fréquentée par les habitants et que certains y ont leur rond de serviette, on ne peut que se sentir rassuré sur la qualité des mets proposés. Si le propriétaire de ce petit restaurant n'est pas vénitien - il l'est d'adoption - sa cuisine y est authentiquement casalinga. Une fois n'est pas coutume, laissez-moi commencer par les desserts. On y trouve le sempiternel tiramisù. A La Dona Onesta, il est fait dans la tradition et c'est un délice. Mais la panna cotta, maison aussi est un délice et j'ai un faible pour la torta greca, aux amandes. Pour le reste, rien que du très classique : assortiments de poissons grillés, risotto de poissons ou de champignons très honnêtes, et leurs pâtes aux légumes, spécialité de la maison Les prix sont très bas pour Venise, l'accueil chaleureux et le cadre suffisamment neutre pour ne pas se traduire dans l'addition.
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Trattoria Chinellato
Calle degli Albanesi
Castello, 4227
Tél.: 041 5236025
Encore un autre endroit accueillant, casalinga, qui résiste à la pression touristique et accueille toujours les vénitiens venus du quartier et d'ailleurs. Situé à deux pas de la piazza (tout près des célèbres prisons), dans un quartier épouvantablement envahi l'été par les touristes attirés par les boutiques de verroteries et de masques made in china, on y entend cependant parler le vénitien et ce qu'on y mange est bon, authentique et sans prétention, le personnel est gentil et patient avec les étrangers intimidés qui ne parlent ni italien ni vénitien. Il y a certes des tas de lieux plus casalinghe mais celui-ci à le mérite de résister en plein dans l'oeil du cyclone, depuis sa fondation en 1952 par les parents des actuels gestionnaires. Le menu (touristique) y est à 12 euros et s'avère correct. Pas de merveilles, de trouvailles ou de surprises. Juste un bon rapport qualité-prix. Pour les affamés qui viennent de visiter la basilique ou le palais des doges et n'ont plu le coeur de marcher loin de San Marco pour découvrir les osterie authentiques que j'ai l'habitude de vous conseiller. 
 
Prosecco Zardetto
Ente Vini Zardetto
La maison Zardetto, née dans les années 30, élève depuis sa création des vins de tradition, tout en cherchant en permanence à évoluer et à surprendre. Parmi l'éventail assez large de ses spumante et frizzante, le prosecco pour lequel je viens d'avoir un coup de coeur est un assemblage de 95% de Prosecco et 5% de Chardonnay. Cela donne un breuvage cristallin aux reflets de perle. Libérant de délicieux et frais arômes printaniers, tout en douceur et en délicatesse. Savoureux et longtemps présent en bouche. Idéal pour un apéritif entre amis. Il est meilleur encore consommé a l'aperto n'importe où sur un campo vénitien évidemment !


3 commentaires:

lesideesheureuses a dit…

Connaissez-vous le petit livre de Jean-Luc Petitrenaud "mes bonnes adresses à Venise" aux éditions Mango?
Un parcours par "sestieri" avec des photos sympathiques qui donnent envie de rencontrer ces personnages souriants en souhaitant qu'ils vous reçoivent tous aussi bien que leur mine enjouée. Le livre rentre dans un sac-peut être un peu lourd pour son format- il nous a été utile lors de notre dernière voyage à Venezia (plans indiquant les lieux).
Ce serait l'heure d'un "caffè" accompagné d'un zaleto de la pasticceria Didovich au Campo Santa Marina!!!

Lorenzo a dit…

Joli programme. Vous avez raison je devrais parler des "escapades de Petitrenaud à Venise" qui a un peu vieilli (il est sorti en 2005 je crois) mais reste très utile et très agréable. Vous me donnez l'idée de préparer un billet sur les guides existant.

venise a dit…

testé pour vous :) les deux adresses ci dessus : la dona onesta et chinellato. Merci pour le conseil, ça valait bien le détour. Nous avons été charmés par l'accueil si gentil du personnel !

16 mai 2009

Et la Crema Fritta, vous vous en souvenez ?

Les vénitiens ne peuvent l’avoir oubliée, et les touristes qui fréquentèrent la Sérénissime jusque dans les années 80 en ont certainement goûté. On l’achetait dans les magasins qui vendaient de la "pasta fresca". Il y en avait plusieurs à Venise avant que n’arrive Giovanni Rana ! Rien à voir avec les boutiques d’aujourd’hui qui proposent des pâtes au goût uniformisé comme les enseignes qui recouvrent les façades du monde entier… Rappelez-vous : celle qui était en face du cinéma Giorgione qui s’installa ensuite sur la Strada Nova et existait encore il y a quelques années… Et celle de la calle longa San Pantalon, et puis Rizzo à San Giovanni Crisostomo et aussi sur le Rio Terà San Leonardo. Juste en face du boulanger du même nom (le vendeur de crema fritta était son cousin en fait). C’est un délice dont se régalaient les enfants mais aussi les adultes. Nous les mangions comme ça, sur le pouce, dès que nous sortions du magasin. Les grands les dégustaient avec du vin doux, la fameuse Malvasia, ou du prosecco… On en trouvait comme dessert ou pour le goûter dans les meilleures maisons et sur les meilleures tables. 
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Ingrédients : 200 gr de farine, 180 gr de sucre roux, 5 œufs, 1 citron non traité, de la chapelure, 1 litre de lait, de l'huile de friture. 

Mettre dans une casserole les jaunes et le sucre. Mélanger jusqu’à obtenir une crème lisse. Ajouter la farine, les zestes du citron finement hachés, et peu à peu le lait. Quand le mélange est bien homogène, mettre sur le feu et remuer sans arrêt jusqu’à ce que la crème épaississe. Elle doit bouillir. Veiller bien à ce que le fonds n’attache pas. Sortir du feu et verser l’appareil sur un marbre préalablement huilé. L’étaler pour lui donner une épaisseur uniforme et laisser refroidir. Couper alors la crème à l’emporte-pièce et passer les morceaux obtenus dans le blanc d’œuf battu, puis dans de la chapelure et faire frire dans beaucoup d’huile. Saupoudrer au sortir de la cuisson de sucre semoule (certains ajoutent du sucre vanillé) et déguster. 

Je vous conseille toujours le Moscatel piémontais de nos amis Batasiolo mais un Tokai 5 puttonyos d'un bon millésime, un Sauternes ou du Muscat des Beaumes de Venise (goûtez celui du domaine de Coyeux, il est excellent) feront l'affaire.

Connaissez-vous la torta di mandorla ?

La tarte aux amandes telle qu’on la déguste à Venise est un dessert fabuleux pour lequel votre serviteur ferait des kilomètres. Quand j’étais étudiant, avec une amie, nous avions décidé de faire la tournée des pâtisseries et des bars de Venise et des alentours pour découvrir où se fabriquait la meilleure torta. Les vainqueurs ex-æquo furent, sans aucune hésitation, la pâtisserie Rosa Salva et un petit boulanger du Lido dont j’ai oublié le nom mais que je saurais retrouver en allant sur place, qui dépassait parfois, question de cuisson et de fraîcheur certainement, la vénérable maison du campo San Luca et de Zanipolo. Des recettes à base d’amandes, il y en a des milliers à travers le monde, mais je vous certifie que la torta di mandorla qu’on sert à Venise est un monument. Tramezzinimag est heureux de vous en communiquer la recette. Il s’agit en fait de notre recette de famille. La boulangère de la fondamenta delle Guglie appelait ce gâteau, la torta di marzapane. Voilà un nom qui sonne davantage XVIIIe vénitien. On dit que l’origine de ce dolce est la douce cité de Piacenza (Plaisance). 
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Ingrédients : 6 œufs de taille moyenne, 300 grammes de sucre roux, 300 grammes d’amandes non pelées, 2 cuillères à soupe de farine type 00, ½ sachet de levure chimique ou 2 cuillères à café de baking powder, 1 sachet de sucre vanillé, un peu de sel, de la chapelure ou du pain dur réduit en miettes, du sucre glace. 
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Hacher finement les amandes. Battre les jaunes avec les sucres jusqu’à blanchir votre préparation, ajouter les amandes, la farine, la levure et le sel et mélanger finement le tout. Le résultat est paraît-il meilleur quand la pâte est mélangée à la main. Monter les blancs d’œufs à la neige avec un peu se sel et ajouter cet appareil à la préparation avec précaution d’abord au mixer puis à la cuillère. Il faut veiller à faire retomber le moins possible les blancs ajoutés en dernier. Beurrer les parois et le fonds d’un moule (il est recommandé de tapisser le fonds du moule de papier sulfurisé beurré), garnir les parois de chapelure et verser la pâte. Cuire à four moyen (180°) pendant 50 à 55 minutes. Pour éviter que le dessus de la tarte brunisse, poser en milieu de cuisson une feuille d’aluminium sur le moule. Le gâteau est cuit quand l’habituel couteau planté au milieu du gâteau ressort sec. Quand le gâteau est refroidi, garnir le dessus de sucre glace. 

Une variante consiste à faire une pâte sablée dans laquelle on intègre des amandes puis une fois ce fonds de tarte dressé on y verse l’appareil réalisé de la même manière que ci-dessus. Les pâtissiers vénitiens donnent à la tarte une forme allongée (moule à cake) ou font des tartelettes individuelles (le tour est lisse il ne faut donc pas utiliser de moules à tarte rainurés comme ceux qu’on utilise habituellement pour les tartes aux fruits). Le pâtissier du Lido dont je vous parlais donnait à ses tartes l’aspect d’un panier avec une anse en pâte sablée et Rosa Salva en faisait des ovales. 
Régalez-vous bien ! 

3 commentaires:

Anne a dit…
Merci pour cette recette!
Robert M a dit…
Une recette bien sympathique mais je ne sais ce qu'est une farine 00 ....
Lorenzo a dit…
Bonsoir Robert, Cette farine 00 est utilisée pour la pizza, les pâtes fraîches et les brioches. Elle est ce qu'on appelle une farine de force, alors que les farines habituelles du commerce (en général de type 55) sont des farines de panification qui demandent davantage de pétrissage. La farine que je recommande permet de faire de la vraie pâte à pizza et de délicieux gâteaux. On la trouve un peu partout depuis le succès des machines à pain familiales.

06 mai 2009

Une dernière promenade. Journal (extraits)

6 mai 1981
Revenir de Venise est à chaque fois plus difficile. La certitude que ma vie n'est que là, qu'ailleurs tout est simulation, faux-semblants et perte d'énergie. Ne penser qu'au retour.
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7 mai 1981
C'est aujourd'hui. Irrémédiablement. Mes bagages attendent dans l'entrée. Il faut y aller. Regarder une dernière fois l'animation sur le grand canal du haut du pont des Scalzi en attendant l'heure de mon train. Voir Federico repartir avec la barque bleue. Son salut de la main, le vaporetto qui le croise et le cache à ma vue.
[...] Point de tristesse en fait puisque je sais que je reviendrai bientôt mais une immense lassitude. Pourquoi doit-on toujours partir, aller ailleurs, laisser ce qu'on a commencé et ne jamais rien finir vraiment ? Pour quelle raison pressante laisse-t-on ce qui nous rend heureux et nous apporte la plénitude ? La hantise du tombeau qui importune, pour paraphraser Patrice de la Tour du Pin ?
[...] Pourquoi ne pas s'installer sur un banc un jour, sous le soleil du matin, devant la porte d'une modeste demeure et ne plus jamais en bouger. N'avoir d'horizon que les façades des maisons de l'autre côté du campo et le campanile se détachant sous un ciel éclatant ?
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(dans le train) L'homme se déplace sans cesse, emportant avec lui à chaque voyage davantage de regrets et ne parvenant jamais à s'éloigner de lui-même... Le bonheur ne consiste-t-il pas finalement dans Ithaque ? "Si peu console"...
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(Écrit en écoutant Recuerdos de la Alhambra de Tarrega par John Williams)

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7 commentaires:

Anne a dit…
Vous avez écrit un très beau texte, mais Venise est en vous et vous l'emportez dans votre cœur jusqu'à votre retour vers elle.
Anonyme a dit…
Si "partir c'esr mourir un peu", combien de fois suis-je morte de tous ces départs ?
Mais quel bonheur de revenir ! de re-découvrir chaque fois, à la descente du train, ce pincement au coeur qui vous fait dire "me voici de retour chez moi".
Les larmes d'émotions me viennent aux yeux en l'écrivant.
Bonheur de partager cette émotion.
Merci à Lorenzo et à tous les amoureux de la sublime Reine des Mers. Gabriella
Vichka a dit…
Partir quand même et revenir, bien sûr.... On ne peut pas quitter la beauté quand elle   s’appelle   "Venise" et Lorenzo, vous la portez en vous, c'est indéniable! Je suis d'accord avec Anne. A bientôt
Michelaise a dit…
Et combien de fois êtes-vous revenu Lorenzo ? Et combien de fois y reviendrez-vous encore ? C'est ainsi la passion !
FRANCOIS a dit…
C'est toujours une énorme émotion lorsqu'on quitte VENISE...on a le sentiment de laisser sa bien-aimée...on souffre de la solitude soudain,la nostalgie nous envahit et on n'a plus qu'une envie revenir au plus vite car on ne peut pas rester sans elle même si loin d'elle on l'ait toujours au fond de son ëtre,on a besoin d'elle en vrai pour vivre en vrai....VENISE ne signifie-t-il pas littéralemnt "reviens".......
"Les Idées Heureuses" a dit…
L’homme est chagrin…Toutes ces émotions à contenir.
Regret de l’ultime journée, si ensoleillée, si souriante…
Ventre qui se crispe, pincement cruel dû au futur éloignement; les volets sans doute bien fermés, la porte est tirée, verrouillée, aucune raison, aucun oubli pour faire marche arrière, se réinstaller comme à l’arrivée, il y a bien plus d’un mois …
Mais il faut y aller.
A chaque départ, c’est plus terrible, cela ne va pas le quitter de si tôt : les dentelles de pierres aux couleurs passées se reflètent une dernière fois dans sa vision qui se veut claire pour ne pas s’embuer de la pluie du chagrin, elles se pâment avec volupté dans ces entrelacs de mirages colorés, froissés par le balancement des gondoles amarrées ici et là, le souffle léger venu de la mer ou des îles voisines ; l’eau tranquille, elle, ne connait pas les regrets, elle n’est là que pour bercer l’âme des poètes.
Le son des cloches, soprani en puissance, ne réveillera plus ses pensées, à midi ou en fin de journée.
Le brouhaha du Grand Canal ne le fera plus s’échapper vers les quartiers calmes et silencieux, où, à son propre rythme, chaque pas le dirige vers une destination hasardeuse, réinventant ainsi une nouvelle fois un parcours oublié… sotoportego, calle, campo, puits ne seront plus qu’image floue, la sensation froide de la pierre disparaissant de la mémoire du toucher…
Lecteur assidu, que ne feras-tu pour adoucir sa peine du moment, lui qui t’a donné tant et tant par les mots écrits, les images partagées, les impressions retrouvées, quel cadeau peux-tu lui offrir pour qu’il retrouve son élan, et n’ait plus de peine au cœur ?
Lui faire savoir que cette émotion du départ, nous la connaissons, et nous la partageons, nous tous amoureux de Venezia, notre bien aimée, lui dire que la vie est ainsi faite de séparations, d’éloignement, moyens inventés par l’humain pour affirmer volonté et désir du retour ; qu’un jour ou l’autre, avec certitude, nous nous y croiserons sans doute, sans nous reconnaitre, peu importe…
Anonyme a dit…
Ces quelques passages de carnets oubliés, ont des accents de Chateaubriand. Tout simplement, magnifiques! Merci!

14 avril 2009

Certains appellent cela de l'art...


Nous l'avons déjà évoqué il y a quelques mois, ce que certains ont baptisé (pompeusement) le "street art" a aussi envahi les murs de la Sérénissime. Comme si certains jugeaient qu'il fallait mettre Venise au même rang de laideur que les autres métropoles de notre civilisation malade.
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Après New York, Berlin, Londres, Marseille, Paris et Tokyo, voilà les murs - et les monuments - de la cité des doges souillés par des graffitis le plus souvent informes et hideux qui font indubitablement penser à la manière dont les chiens et les chats mâles - souvent en rut - marquent leur territoire. Une amie me faisant remarquer que, sauf erreur, les "taggeurs" ne sont jamais des filles mais bien seulement des mâles désireux de marquer leur présence. Certainement pour exorciser les manques dans leur vie et la pauvreté de leur existence quotidienne. Mais ne polémiquons pas. N'ironisons pas non plus...
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Parfois, des tags peuvent être de parfaites réussites artistiques. Hélas, pour un Hervé di Rosa, un Combas ou un Keith Haring, combien d'horreurs sont répandues sur les murs de Venise. Et sur les précieux marbres des monuments déjà endoloris par la pollution, le sel et les déprédations des pigeons et des touristes (à force d'uriner sur certains angles de la basilique San Marco, les milliers de touristes qui y ont assouvis leur besoin pressant, sont parvenus à faire fondre littéralement la pierre d'Istrie pourtant résistante...). ..
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Mr A (A pour André, tagueur bien de chez nous) qui a sévi à Venise comme dans des tas d'autres lieux dans le monde laisse le plus souvent des figures pleines d'humour, toujours reconnaissables au "X" à la place d'un œil qui marque les visages de ses personnages. A ma connaissance, ses créations respectent les sculptures et les marbres et ont plus d'une fois embelli des parcelles de murs bien tristes. Depuis toujours apparaissent aussi de petits pochoirs humoristiques ou des œuvres répétées à la photocopieuse, collées ensuite sur des itinéraires précis. Tous ces travaux, même à sujets spécieux inventés pour susciter la polémique, sont des créations éphémères et c'est ce qui en fait leur charme.
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Mais les gribouillages immondes qui rendent les murs des églises et des palais aussi laids que les hangars abandonnés et pouilleux des friches industrielles milanaises ou moscovites, ces infâmes chiures (pardonnez cet écart de langage !) qui défigurent les trains de banlieues et les rames de métro, ceux-là sont de trop ici et ne peuvent être tolérés.
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Pour la simple raison que poser l’œil sur eux est une injure à la beauté de Venise. Un dénigrement absolu, la preuve d'un mépris pour ce qui est beau et le restera bien après la disparition de ces pseudo-artistes adeptes de la peinture en bombe. C'est peut-être l'odeur qui se dégage de ces aérosols qui les stimulent. Une drogue de plus pour leur faire oublier la misérable vacuité de leur vie. Quand Giorgione, Titien ou, plus près de nous, Ferruzzi couvraient les murs de Venise avec leurs fresques, ils exprimaient leur foi, leur amour du beau, leur sens de l'harmonie et de la couleur. Ils ne vomissaient certainement pas du mal-être ni de la vulgarité. Leur art était un hommage à la beauté, à l'esthétique et à Venise !

10 commentaires:
Gérard a dit…

L'art pictural n'a rien à voir avec ces cochonneries . Un art majeur nécessite , un peu comme l'artisanat et la haute agriculture ( 2 termes qui prennent à leur compte à la fois l'art et la culture ) , un apprentissage rigoureux , un effort tendu vers la production , le sens des saisons . Le rythme . Et un don . Ces déjections misérables sont souvent à la hauteur des personnages qui salissent scandaleusement des murs dont ils ne sont pas les propriétaires et ne font que rajouter à la laideur d'un monde hypnotisé par ces soi-disant inventions culturelles admirées , et en faillite . Personne n'y échappe , mais il faudra y mettre un jour un terme . Quelle saleté !

Michelaise a dit…

Oui, c'est agressif, ça manque totalement d'humour et cela s'impose avec une telle arrogance qu'on en est ulcéré. En effet, quand ces tags "ornent" des murs lépreux ou des barrières de chantier, on trouve qu'ils sont supportables, mais quand ils défigurent des monuments ou plus simplement des façades de maisons particulières, parfois juste repeintes (et ce type de travaux coûte fort cher) c'est révoltant. C'est une atteinte au patrimoine, voire à la propriété privée. On a du mal à imaginer Venise devenant la proie des tagueurs.

Marie G a dit…

Oui c'est odieux! toutes les villes du monde sont défigurées sans compter les campagnes, le moindre rocher leur servant de cible... je ne comprends pas comment personne ne réagit. Cette apathie est paradoxale. Mais comment faire? Interdire les bombes de peinture? multiplier les policiers la nuit? Je penche plutôt pour l'éducation dès le plus jeune âge à la belle musique, l'art vrai, le respect de la belle architecture, la culture, quoi, enfin! Mais qui pense encore à la "culture" en ce bas monde? L'enseignement est en chute libre... la presse est bourrée de fautes d'orthographe... à Bruxelles le palais des Beaux-Arts a été rebaptisé "Bozart" et tout le monde rigole! J'hésite chaque matin entre devenir ermite ou m'exiler en quelqu'île déserte... mais le travail m'appelle. ah quelle misère.

Marie a dit…

Lors de mon dernier séjour en mars j'ai eu l'impression que ces cochonneries s'étaient développées - ou est-ce que je l'avais moins remarqué avant toute dans l'envoûtement que j'étais?- depuis le séjour précédent. C'est une horreur et rien à voir avec une expression picturale ( le graph , au grand jour et dans des espaces réservés possède une certaine valeur artistique), c'est du pipi de chien! Mais comment lutter contre ça? C'est de l'ordre de l'incivilité mondiale, de l'irrespect de la beauté jalousée, du laisser-aller à la bestialité... Pauvre monde et pauvre Venise.
Et pourtant les murs de Venise ont une vie propre, leurs couleurs, leur passé imprimé. J'ai commencé à les regarder de très près avec mon objectif et je commence à découvrir leurs mystères.
Une consolation.

Tietie007 a dit…

Mouais, le Street Art peut aussi défigurer un paysage urbain ! Nous revenons de Rome, et le centre historique est défiguré par les tags !

Petite Fée a dit…

C'est vraiment triste que les murs de cette belle Venise soient maculés de ces tags! quand c'est dans un endroit réservé à cet effet, ça ne me dérange mais quand c'est fait sur de magnifiques battisses ou des monuments historiques, ça me dégoute !

Thierry a dit…

Passionnant de lire nos commentaires furieux d'il y a quelques mois, y compris sous la plume de notre élégant Lorenzo, qui y va de son "écart de langage", c'est dire...

Mais nous les bobos, ne savons guère joindre les actes aux belle paroles! Qu'auraient fait les illustres et combatifs Vénitiens d'autrefois, sinon pendre par les c...ces iconoclastes, aussi grossiers qu'incultes, venus faire sous eux, jusque dans la plus belle cité du monde (ne doutez pas qu'il s'agit d'une véritable guerre de civilisation): oûtre une forte amende, dont ils se souviendraient toujours, tels les petits chats auxquels on apprend à faire dans leur bac, par quelque tape judicieusement administrée, ils auraient certainement exposé ces vils "taggeurs" à la vindicte publique, parqués dans un coin puant et à demi-nus, voués à la risée et au mépris des passants, pour leur bêtise et leur vulgarité impardonnables.

Non, pour l'heure, comme le dit si bien Marie G, personne ne réagit...pire...ne sont-ils pas presque encouragés...?

albu93 a dit…

D'accord pour dire ques ces tags sont insupportables. Mais sincèrement, lors de ma dernière visite à Venise, j'ai eu aussi beaucoup de mal à supporter la "pub bleu métalisée" recouvrant en grande partie le palais et le pont des soupirs ! Que pensent les vénitiens de ce genre de dégradations !

Alain.

kate.rene a dit…

À Venise, et à certains endroits c'est indécent. À New York, à L.A. c'est beau. La biennale a peut-être inspiré les aspirants-artistes. La roue tourne...
Ce que dit Albu93 en revanche est plus que vrai. La pub du pont des soupirs me choque plus que ces quelques tags pas encore trop envahissants. Et cette pub est légale, lucrative certainement et tellement durable... Il me semble qu'il y a des années qu'elle m'aveugle

Lorenzo a dit…

Vous avez raison. Mais je me dis souvent que Venise ayant été de tout en temps une sorte de laboratoire, montre à chaque fois pour le positif mais aussi le négatif, ce qui ensuite se répand dans le monde. Sans vouloir faire le grincheux réactionnaire (comme me qualifient certains lecteurs)j'ai la conviction que ces deux exemples d'enlaidissement d'un des plus beaux lieux vivants de l'univers montre l'appauvrissement de nos valeurs et l'amorce d'une décadence de la civilisation. N'a-t-on pas dans la littérature des années qui précédèrent l'arrivée des barbares et l'écroulement de Rome des témoignages sur les graffitis obscènes et désespérés qui couvraient les murs des villes, des voyous qui dégradaient les monuments ? Je m'interroge sur le parallèle entre ces graffitis miteux et moches et les coûteuses publicités qui recouvrent les façades. Laideur spontanée et laideur organisée...

07 avril 2009

COUPS DE CŒUR N°33


Paolo Giordano
La solitude des nombres premiers
Titre original : La solitudine dei numeri primi
Traduit de l'italien par Nathalie Bauer
Editions du Seuil
Ce roman raconte l’histoire douloureuse et émouvante de deux adolescents d'aujourd'hui qui se croisent, se reconnaissent, s’éloignent, se rapprochent, sans jamais réussir à se trouver. C’est beau et infiniment triste. Alice et Mattia ont vécu tous deux dans leur enfance de ces tragédies qui bouleversent une vie et abiment l'âme. Alice est anorexique. Mattia est couvert de scarifications. Ils sont comparés, dans le roman, à "deux nombres premiers, divisibles uniquement par 1 ou par eux-mêmes … Ce sont des nombres soupçonneux et solitaires"... Mattia, mathématicien surdoué, apprendra plus tard qu’il existe aussi des "nombres premiers jumeaux, presque voisins, car il y a toujours entre eux un nombre pair qui les empêche de se toucher vraiment". Comme les nombres premiers, ces deux-là sont condamnés à une solitude profonde, à la fois choisie et subie. Relations distantes et apparemment dénuées d’affection avec les parents, inadaptation à la vie sociale... Alice en veut à son père qu’elle rend responsable de son infirmité, suite à une chute de ski. Le garçon vit sous le poids de la culpabilité depuis ses 10 ans, quand a disparu sa sœur jumelle, attardée mentale, laissée sans surveillance et jamais retrouvée... Il s’enferme dans l’étude des mathématiques, incapable de nouer la moindre amitié avec quiconque, même avec Alice. Alice a désespérément besoin d’amour et d’affection mais bien sûr ceux qui l'attirent la rejettent. 
 
Roman d'apprentissage comme chaque époque en a produit, où le lecteur suit, page après page, le douloureux cheminement de ces deux jeunes gens. C'est poignant, captivant, parfois drôle. Souvent émouvant. Il montre aussi du doigt l'irresponsabilité de certains parents, obligeant les adolescents à se prendre eux-même en charge, s'ils veulent en finir avec les fantômes d'une enfance endolorie et survivre. Triste constat de l'état de la famille italienne dont nous n'avons pas à nous gausser en France, quand on voit comment les choses se passent ici aussi, de plus en plus souvent...
 
Le roman est enfin disponible en français. Son auteur, jeune scientifique de 25 ans (il prépare un doctorat en physique théorique) a remporté l'année dernière le célèbre prix "Strega", avec cet extraordinaire texte, son premier roman paru en 2008 et déjà vendu à plus d'un million d'exemplaires. Son succès parmi la jeunesse italienne est immense et j'espère que les français vont s'en emparer à leur tour, tant la traduction de Nathalie Bauer restranscrit à la perfection l'esprit et la musique de Paolo Giordano. Une fois n'est pas coutume, comme toute la blogosphère italienne l'a fait avant moi, voici la photo de l'auteur. Gageons, mesdemoiselles et mesdames, que ce ne sera certainement pas un obstacle à l'achat du livre...
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Alain Buisine
Nudités de Venise
Ed. Zulma.
C’est au XVIe siècle que le nu triomphe à Venise. Il devient omniprésent en peinture, jusqu’à couvrir les façades des palais le long du Grand Canal. On peut voir alors des gondoles glisser sur les immenses nus de Giorgione qui se reflètent dans l’eau. Le maître de Castelfranco est bientôt suivi par tous les grands peintres vénitiens, Titien, Tintoret, Véronèse. Figures mythologiques et bibliques autorisent la célébration de la nudité féminine : Suzanne exposée au voyeurisme des vieillards, Danaé recevant l’aurifère semence divine, Léda subissant les assauts du cygne… Venise valorise la couleur, incarne les chairs dans la somptuosité des chromatismes. Une manifestation picturale qu’accompagne l’épanouissement érotique d’une ville devenue le grand bordel de l’Europe, la Venise de Casanova, Baffo, lord Byron, où se rendent les libertins fortunés pour profiter des charmes des courtisanes. Un très intéressant ouvrage paru en 2004, agréablement écrit par l'un des universitaires français les plus sensibles à la magie et à la grandeur de Venise.
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Gabrieli - Frescobaldi - Guami
Musique vénitienne pour cuivres

Ensemble HR Brass dirigé par Edward Tarr
Label Capriccio - 2009.C'est vers 1570 que fut fondée à Saint-Marc un ensemble de cuivres permanent, sous l'impulsion de Andrea Gabrieli, sur le modèle du somptueux ensemble instrumenta que Roland de Lassus avait créé à la cour de Munich. La renommée de Gabrieli et l'attrait de Venise qui était le seul état de la péninsule à pouvoir se permettre d'entretenir un tel ensemble d'une manière permanente, attirèrent vite des compositeurs de toute l’Italie qui se mirent à écrire des œuvres pour cuivres. Le disque en présente un assez large éventail, avec en tête Gabrieli et Frescobaldi : Lappi, Guami, Gussago, Massaino. L’ensemble hr brass de la Radio de Hesse (d’où les initiales) joue sur des instruments modernes, mais dans un mode d’exécution teinté de l’enseignement de la musicologie moderne. "On notera en particulier l’accompagnement continu par un orgue positif accordé selon le tempérament mésotonique. Naturellement, l'ensemble allemand joue avec les équilibres acoustiques et la spatialisation poly-chorale qu’offrait l’acoustique de Saint-Marc de Venise, où l’on avait pour habitude de placer les sous-ensembles instrumentaux et vocaux à divers endroits de la basilique pour créer un effet de stéréophonie, effet polychoral". (Abeille Musique). C'est un superbe enregistrement (la prise de son est de 1992 !) qui devrait ravir autant les baroqueux que les modernes.
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Sonates pour flûte des fils Bach
Barthold Kuijken, flûte
Ewald Demeyere, clavecin
Label Accent - 2009.
Deux interprètes d'exception pour un répertoire à la lisière entre baroque et style galant. Une délicieuse musique trop rarement interprétée par des artistes de ce niveau, qui seuls peuvent en faire ressortir les délicates nuances et les riches couleurs.Un disque lumineux et plein de charme.Wilhelm F. Bach (1710-1784), Johann Christian Bach (1735-1782), Carl Philip Emanuel Bach (1714-1788) Johann Christoph Friedrich Bach (1732-1795) sont rassemblés pour notre plus grand bonheur. C'est un disque plein de joie et de sérénité, un des ces enregistrements profonds et tranquilles qu'on aime emporter avec soi et écouter quand on voyage. C'est ce que je vais faire quand nous partirons pour les vacances de Pâques vers notre cher bassin d'Arcachon a défaut de nous rendre tous ensemble à Venise.
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Baldassare Galuppi
La Clémence de Titus (Intégrale)
Orchestre Baroque de Savaria
dirigé par Fabio Pirona
Label Hungaroton - 2009.
Baldassare Galuppi (1706-1785) fut un compositeur très productif puisqu’il a plus de cent opéras à son actif dont la "Clémence de Titus", écrit bien avant celui de Mozart. La magnanimité de l’empereur Titus Vespasien a inspiré de nombreux musiciens, qui ont tous utilisé le livret de Pietro Metastasio (écrit en 1734) plus ou moins modifié. L’opéra en trois actes de Galuppi , enregistré pour la première fois (et en intégrale) dans ce disque, a été créé en 1760 au Teatro San Salvatore de Venise. Il figura pendant de nombreuses années à l’affiche de tous les théâtres européens avant de tomber dans l’oubli. Cette première discographique mondiale nous permet de découvrir une œuvre de grande qualité, témoignage de l’art musical vénitien dans les dernières grandes années de la République. 
 
Ayant beaucoup voyagé - il est à Londres de 1741 à 1743, puis à Saint-Pétersbourg de 1765 à 1768 à l’invitation personnelle de Catherine II - , Galuppi s'est imprégné des diverses influences européennes. Très proche de Carl Philipp Emmanuel Bach mais aussi de Goldoni, sa musique fut ardemment défendue par Jean-Jacques Rousseau ou Casanova. On dit que de nombreuses œuvres de l'auteur auraient été attribuées à tort à Vivaldi… Justice lui soit ici enfin rendue grâce à cet opéra, d’autant qu’il occupe une place importante dans l’évolution de la comédie lyrique. Cette Clémence appartient à l’esthétique de l’opera seria vénitien et regorge d’airs magnifiques et poignants. On y retrouve toutes les caractéristiques de l’écriture de Galuppi : son sens de l’orchestration, de l’harmonie et du rythme. Accompagnés sur instruments d’époque par l’Orchestre Baroque Savaria Baroque, les chanteurs, très vibrants, redonnent pleinement vie à cette œuvre négligée mais pas du tout démodée.
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Le Club-sandwich
Dans le précédent Coups de coeur (N°29), je vous parlais du livre d'Arrigo Cipriani paru chez Plaibac, dans lequel le propriétaire du Harry's Bar et du Harry's Dolci, livre quelques unes des recettes emblématiques de ces lieux magiques. J'avais envie de vous donner la version Tramezzinimag du club sandwich , ce grand classique incontournable des fins de weekend où sans avoir envie de se mettre en cuisine, on a envie de bien manger devant un bon film ou en en poursuivant l'interminable partie de Monopoly. De quoi faire passer en douceur le terrible stress du dimanche soir.
 
Il faut par personne : 3 tranches de pain de mie (l'idéal étant le pain de mie anglais carré de grande taille ou le pain de mie maison à condition qu'il soit taillé dans le sens de la longueur), des tomates, des feuilles de salade, du concombre, 2 tranches de bacon (du vrai pas du Herta) ou de la poitrine fumée, 1 blanc de poulet, du Brie ou tout autre fromage (mes enfants sont partagés, certains préfèrent le cheddar ou le cantal extra-doux ? les autres ne veulent que du Brie), de la mayonnaise (sans moutarde), du beurre.

Beurrer les tranches de pain de mie et les mettre à griller. Couper les blancs de poulet sans la peau en escalope et les faire bouillir dans un bouillon de légumes ou de poulet, l'essentiel étant que le liquide soit bien assaisonné. Attention, il ne s'agit pas de laisser la viande trop longtemps dans l'eau mais juste le temps nécessaire pour la rendre blanche et tendre. Dans une poêle faire dorer les tranches de bacon, les réserver au chaud puis passer rapidement sur le feu les escalopes de poulet pour que l'extérieur s'imbibe du suc de cuisson du bacon. Les maintenir au chaud. 
 
Quand le pain est grillé, recouvrir généreusement chaque tranche de mayonnaise (sur la partie beurrée bien sûr), puis disposer des feuilles de salade, des tranches fines de tomates, le poulet, une deuxième tranche de pain, une couche de mayonnaise, les morceaux de fromage, une tranche de bacon puis des tranches (taillées très fines) de concombre, de la salade et couvrir avec la dernière tranche de pain. Presser le tout pour que l'appareil s'agglomère sans que le pain soit écrasé. 
 
Couper en quatre morceaux les faire tenir chacun avec une pique si nécessaire et servir aussitôt. Régal assuré. Détail important : on mange plus facilement le sandwich-club avec fourchette et couteau qu'à la main en regardant "Raisons et Sentiments" ou "The Sound of Music" ! Et on peut le farcir avec plein d'ingrédients différents, sachant cependant que le vrai est au poulet et au bacon, mais avec du saumon fumé et du thon ce n'est pas mal non plus. Bon appétit.
 

3 commentaires:

Anne a dit…

Permettez-moi de citer un autre livre d'Alain Buisine, paru en 1998: son "Dictionnaire amoureux et savant des couleurs de Venise" fourmille d'informations habilement distribuées autour des couleurs.
Votre blog sur Venise est très intéressant.
Anne (miscellanéesanne)

Lorenzo a dit…

oui oui il fait partie de mes ouvrages favoris et j'envisageais de lui consacrer un billet, surtout quand je suis à Venise et que nos yeux sont assaillis par les couleurs de la lagune, des reflets, des bâtiments, des ciels !

Michelaise a dit…

ça me tente bien la solitude des nombres premiers... je l'achète, je le lis puis je l'offre à ma petite matheuse poète