01 décembre 2010

Pour lui aussi, voici le temps des frimas

Et en attendant que les vénitiens obtiennent que le réverbère reprenne sa place. Il était tout de même plus éclairant...

 Le garçon à la grenouille de Charles Ray - Coll. Fondation Pinault.
 

7 commentaires:

venise a dit…

j'aime bien cette idée de le protéger du mauvais temps de l'hiver :) merci aussi pour votre billet du mardi, si doux à lire

Anne a dit…

Merci pour votre humour!
Anne

Lorenzo a dit…

Merci de le comprendre !

Lorenzo a dit…

Pour Venise : A quand ce prochain voyage à Venise ? Pour le prochain carnaval ou plutôt au printemps quand la lumière se fait si douce qu'on a envie de la caresser...

Yvonne a dit…

Poor little fellow! I will knit him a nice warm sweater, and trousers!

Anonyme a dit…

Cela pourrait être une "performance" intéressante dans le cadre d'une prochaine Biennale

venise a dit…

j'aimerais tant, j'ai attendu presque vingt ans entre mes deux voyages à Venise, j'espère que le prochain ne sera pas aussi tardif Mais pour le moment, d'autres impératifs, surtout financiers, des enfants qui grandissent, dont il faut financer les études, les rêves doivent rester à l'état de rêve. Pour un temps, du moins...
La prochaine fois, je pense que ce sera au printemps et non plus au Carnaval, c'était un projet, un rêve éveillé que j'ai vécu l'an dernier. Il était parfait tel quel... L'impression de marcher dans vos pas aussi avec toutes les adresses collectées sur tramezziniMag. bon vendredi Lorenzo

30 novembre 2010

Happy tuesday everyone, Buon martedi a tutti !

Tout est toujours une question d'état d'esprit, vous ne trouvez-pas ? Se lever le matin et se dire qu'une journée difficile ou pénible nous attend encore sous un ciel gris et bas, fera la journée difficile et pénible et aucune embellie ne viendra éclairer nos pensées. On n'a pas toujours le choix. La vie est parfois pénible et le sort semble s'acharner sur certains. On ne peut hélas rien y faire, ou alors si peu quand il s'agit des autres et de la profondeur de leur désarroi. Tout l'argent du monde ne résoudrait pas les bobos du cœur et de l'âme dont les humains s'affligent. Mais il suffit souvent de petits riens pour que tout aille mieux. Un pas grand chose qui éclaire soudain le ciel et chasse les nuages.

Réveil en fanfare ce matin. Mitsou notre vieux chat rouge, a sauté sur le rebord de la fenêtre en faisant tomber des livres, puis il a sauté sur mon lit et avec sa patte a cherché à me réveiller, comme il fait quand il a faim et qu'il tolère mal d'attendre. Mais là, il n'était pas sept heures. Qu'est ce qui pouvait bien motiver cet excès d'énergie chez un gros chat casanier et poussif ? En m'approchant de la fenêtre, j'ai vu le chat des voisins qui manquait à l'appel hier soir. Grelottant, la pauvre bête s'était réfugiée sous le porche de la maison d'en face. Il miaulait doucement, comme un cri de désespoir. Tout dormait dans la rue.  
 
Mitsou l'avait entendu et voulait l'aider. J'ai ouvert la fenêtre sous le regard approbateur de Mitsou. Le chat des voisins, tout frigorifié est vite rentré. La fenêtre refermée aprs qu'une bouffée d'air glacé se soit répandue dans la pièce, les deux amiss sont allés directement vers la cour, d'où le chat des voisins a pu regagner sa maison. On eut dit que les deux bêtes bavardaient joyeusement. Avant de remonter chez lui, le rescapé a longuement léchouillé son sauveur en ronronnant. L'air de lui dire « Merci beaucoup et à bientôt ». 
 
Mon chat tout guilleret semblait avoir le sourire. Il est revenu sur le lit et, après s'être confortablement lové sur la couverture, ronronnement au maximum, il s'est rendormi, visiblement satisfait de sa B.A. du jour. INXS à la BBC envoyait les décibels. Il n'était plus temps de rester au lit. Dehors, une pluie fine tombait. La tasse de thé bouillant, ce builder's tea dont je ne sais me passer le matin, les biscuits qui vont avec (vous savez, ces Digestive de Mc Vities qui sont depuis toujours liés dans mon esprit à la délicieuse campagne anglaise), le plaisir du rasage,  la mousse sur la joue, la journée qui vient comme une page blanche... Autant de petits riens qui font déjà ce jour un bon jour. La pluie a cessé. Il fait bien froid, dans quelques minutes le bureau, la routine... Venise me manque et mon travail m'ennuie... Mais tout cela, les contraintes, les ennuis, les soucis, les chagrins ne sont rien quand je pense aux deux chats ce matin, aux enfants qui viennent de passer sous mes fenêtres en chantant joliment. Et puis les quelques minutes prises à l'instant pour noter tout cela et essayer de le partager avec vous. Petits riens sans prétentions « qui font du bien et qui ne coûtent rien», mais aident à vivre, voire parfois à sur-vivre. Bonne journée à vous.

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3 commentaires:

anita a dit…

Oh ! oui !!!! votre histoire de chats est mon 2è sourire du matin ( le 1er pour mon petit-fils ... ) la journée sera agréable malgré le froid humide ....
merci !!!
Anita

VenetiaMicio a dit…

Merci Lorenzo pour ces petits riens qui m'ont fait du bien et qui m'apportent beaucoup par cette matinée triste d'hiver...Venise me manque, à moi aussi !!!
Vous voyez votre page d'aujourd'hui ne sera pas blanche, ces quelques mots sont joyeux grâce à Mitsou et son petit pote !
Alors Buon martedi a voi Lorenzo
Danielle

Anne a dit…

C'est une anecdote charmante que je découvre ce soir et à laquelle je penserai demain matin. Merci, Lorenzo!
Anne

28 novembre 2010

Pour finir ce dimanche en beauté

A Venise, le temps passe si vite quand on n'est là que de passage, que chaque moment compte. On ne sait pas toujours traîner le nez au vent. J'ai été comme cela moi aussi autrefois, et mes enfants après moi. Mais désormais, lorsque nous avons la chance de pouvoir y revenir, quelque soit la durée de notre séjour, c'est davantage d'atmosphère dont il s'agit, plus que de vie sociale, de marathon culturel avec la longue liste des expositions à voir, des musées, des biennales et des collections privées ouvertes au public. Comme je le scandais au micro d'une sympathique journaliste suisse, il y a quelques années, Venise, n'ayez pas peur". N'ayez pas peur de vous perdre, mais n'ayez pas peur non plus de laisser le temps filer, que ce soit en restant longtemps à une terrasse de café (ce n'est pas trop la saison je le reconnais), pour observer les gens qui passent, sur un banc aux Schiavoni, pour admirer ce paysage unique au monde, mais aussi, chez vous, si vous avez la chance de bénéficier d'une fenêtre avec vue, d'un jardin ou d'une altana... 
 
Moi, ce que je préfère, c'est quand il fait assez bon, en hiver, pour laisser la fenêtre ouverte et sentir le mouvement de la ville, les passants dans la rue, les bateaux sur le canal voisin. Une tasse de thé fumant, quelques biscuits, un scone ou une tranche de cake (fabrication maison bien entendu), un livre ouvert à portée de main, et de la musique. C'est là le meilleur moyen que je connaisse pour éloigner cette mélancolie du dimanche soir, surtout quand l'hiver est proche et que la nuit tombe vite. Cette belle chanson de Josh White convient parfaitement à cet état d'esprit. laissez-moi vous en faire cadeau ce soir, en vous souhaitant une bonne semaine.

1 commentaire:

Les Idées Heureuses a dit…

N'est ce pas ce que l'on emmène avec soi en quittant la lagune, songeant: -"Quand y reviendrai-je ?"
Elle ne nous abandonne jamais, cette impression de la sentir, de la frôler, de l'écouter respirer, au moindre détour d'une seconde.
Chaque jour, chaque nuit, on s'en éloigne et on s'en rapproche.
Bonne semaine à vous Lorenzo.

Sartre et les pigeons de Venise

«Les pigeons, morceaux de marbre fous. Ces grands nerveux à quelle épreuve soumis. Photographiés, nourris par des touristes eux-mêmes énervés, ils ont l’égarement des êtres vivants astreints à faire couleur locale. Ils marchent entre les jambes des Anglaises mais à chaque sonnerie de cloche, s’envolent en ronds fous, une grande étoffe claquante. Je suis sûr qu’ils jouent la peur : pensez, ça fait un siècle que ça dure.»
Jean-Paul Sartre
in-La Reine Albermale, « Venise »
 

25 novembre 2010

Joie à Venise : Il revient notre lampadaire, c'est le maire qui l'a dit !

Le maire Orsoni l'a confirmé dans un entretien paru le 23 novembre, dans le Gazzettino : non seulement la sculpture la plus photographiée de Venise restera le temps de l'exposition des collections Pinault, mais après son retrait, le lampadaire dont nous sommes des milliers à réclamer le retour, reprendra effectivement sa place.

C'est une bonne nouvelle qui a été accueillie avec satisfaction par les vénitiens et tous ceux qui regrettaient de ne plus pouvoir s'installer à la pointe de la douane, la nuit, pour contempler l'un des plus beaux paysages urbains du monde, les amoureux qui aimaient s'asseoir au pied du lampione, les rêveurs, les musiciens qui parfois, loin de toute habitation, venaient gratter leur guitare ou souffler dans leur flute. Il va donc être remis en place et Tramezzinimag s'en félicite.

Combien de fois, la nuit, après un dîner, une soirée, ou simplement en revenant de la bibliothèque Querini-Stampalia, avec des amis, ou le plus souvent seul, suis-je venu m'asseoir au pied de ce lampadaire. A droite la longue façade de la Giudecca avec le Redentore éclatant de blancheur, en face, San Giorgio et son campanile, le petit port de plaisance d'où parvenaient le cliquetis des drisses et le grincement des coques contre les pontons, et à gauche, la Piazza, illuminée, avec le palais des doges , les coupoles byzantines de la basilique, le campanile, "Il paron di casa"... L'eau noire du bassin, du Grand Canal et du Canal de la Giudecca, comme un appel du large. Les quelques bateaux qui passaient, le dernier vaporetto, une vedette de la police, plus rarement une ambulance. Puis, plus rien que le silence et le clapotis de l'eau. 

 
Le plaisir de tirer une longue bouffée odorante de la pipe qui ne me quittait jamais alors. Le ciel étoilé. Le silence. La paix. La beauté du décor. Et le lampadaire contre lequel j'appuyais mon dos, qui éclairait cette pointe de la douane et répandait l'ombre de mon corps en de multiples directions, symbole de mon désir d'être partout à la fois dans cette ville tant aimée, de tout voir, de tout posséder. Chaque fois, en me relevant, j'avais l'impression d'être le capitaine à la proue de son navire, scrutant l'horizon de ses jours. Les rares fois où un chagrin, une angoisse, un problème m'empêchaient de dormir, une promenade jusqu'au lampione suffisait pour tout apaiser en moi...


23 novembre 2010

La pluie n'arrête pas le pêcheur

©Enzo Pedrocco

2 commentaires:

Les Idées Heureuses a dit…

On pourrait aussi inverser: le pêcheur n'arrête pas la pluie!

Lorenzo a dit…

cela ressemblerait alors à un proverbe oriental.

22 novembre 2010

Ce quotidien que nous aimons

Comme le décrivait si bien Julien Gracq, aller faire le marché à Venise... Passer par des ruelles et des campi calmes que la pluie a lavé.. Prendre son temps, discuter avec le marchand. parler de la pluie et du beau temps... Humer tous les parfums de la vie quotidienne, l'odeur marine que le grand canal amène au pied du marché, le parfums des fruits et des légumes... Puis les cloches qui sonnent, le cri des vendeurs appelant le chaland, le musicien des rues avec le cliquetis de la pièce qui tombe dans sa coupelle... Rien que de très humble, de très ordinaire. Mais quel bonheur.

Photographie © Dorli

3 commentaires:

Enitram a dit…

Oui, quel bonheur!

Martin a dit…

Salut, on manque tout cela en Allemagne, malheureusement!

Marie G a dit…

la dernière fois que j'ai fait mon marché à Venise, j'avais acheté entre autres du poisson pour le rapporter l'après-midi même en Belgique.... notre avion a été supprimé à cause de grèves à Bruxelles... Nous avons miraculeusement récupéré la valise de soute et transité par Amsterdam, ensuite le train etc.... heureusement les queues de lotte étaient encore fraîches à minuit!

COUPS DE CŒUR (HORS SÉRIE 13) : Découvrez l'extraordinaire travail de Venise-Sérénissime

Quel travail et quelle qualité dans le travail proposé aux Fous de Venise que nous sommes : un plan interactif (accessible en anglais et en italien aussi), de Venise avec, sestiere par sestiere, des photos magnifiques, souvent originales, des lieux marqués. Parmi ces clichés, les 600 puits répertoriés que l'on peut ainsi retrouver. C'est rapide, efficace, esthétique. Bien plus rapide aussi que le plan interactif de Venice Connected qui, comme Google maps, génère tellement de données qu'il faut un ordinateur rapide et puissant pour parvenir à avancer virtuellement dans le dédale des rues (je ne sais pas vous, mais moi j'ai toujours un ordinateur de retard sur la puissance et les compétences des nouvelles machines mises sur le marché !). Plusieurs internautes ont ainsi contribué à la mise en place de ce plan en fournissant les photos, mais Nicole, l'animatrice du site met en avant le travail de J@M, dont les photos nous enchantent depuis des années sur ce site, et à qui Tramezzinimag doit beaucoup.

Nos plus anciens lecteurs se souviendront des débuts de mon site. N'étant pas très à l'aise avec un appareil photo dans les rues de Venise, j'ai peu de photos des lieux que je souhaitais montrer. Les clichés de cet amoureux de Venise ont ainsi plusieurs fois illustré mes articles. Enregistrés le plus souvent dans l'urgence, ils étaient publiés sans aucune mention ni copyright des auteurs. L'omission a été le plus souvent possible corrigée mais pour les fois où ce n'a pas été le cas, je profite de ce billet pour prier tous les photographes à qui Tramezzinimag a pu faire des emprunts de bien vouloir m'en excuser. L'outil que j'utilise (Picasa en l'occurrence, sans vouloir faire de la publicité) depuis plusieurs mois, évite ce genre de problème. Chaque cliché est classé par catégorie avec le nom du photographe et il est facile de retrouver la source sur le net. 
 
 
Je ne vais plus très souvent du côté de San Girolamo. J'y ai habité un an, dans une maison qui donnait sur cette fondamenta. Sa prise de vue m'a rappelé mon quotidien d'alors et ce qu'il a photographié est ce que je voyais chaque matin en partant travailler à la galerie. Un petit coup de nostalgie pas vraiment désagréable ! Merci donc à J@M.
Photographie © J@M

3 commentaires:

Nicole a dit…

Je suis très touchée de cette attention.
Merci Lorenzo pour ce billet sur la nouveauté de mon site vénitien "le plan interactif".
Beaucoup de travail fourni pendant un an et demi, mais avec le plaisir de la découverte ou redécouverte... et des balades vénitiennes... Les puits une recherche incessante et ma passion ! Mais il y aura d'autres découvertes car l'aventure ne fait que commencer...
Merci aussi pour J@M qui a été un collaborateur très précieux.
Nicole

J@M a dit…

Que dire devant de telles brassées de fleurs ? ... Merci !

Lorenzo a dit…

Merci à vous pour ce travail utile à tous et toutes ces photos. C'est de tout ce travail, le vôtre, le mien, celui de tous les Fous de Venise, que peut naître une prise de conscience de l'urgence qu'il y a désormais à sauver vraiment Venise, à préserver les trésors qu'elle contient et à aider ses habitants à continuer d'y vivre, à y revenir sans ôter au monde le bonheur de découvrir ses merveilles !

19 novembre 2010

I gatti di Oscar et Joyeux anniversaire à Jean !

Oscar est un blogueur plein de talents (cliquer ICI pour voir le blog d'Oscar) qui présente sur son blog de très belles photos de Venise et du Nord de l'Italie. Le traitement original de ses clichés fait de son site un lieu plein de poésie. Oscar ne pouvait qu'être habile à immortaliser les chats de Venise à qui ce billet est dédié. Car comme pour les humains, la vie à Venise est devenue difficile et la communauté féline est en constant déclin depuis quelques années.

Il y a dix-sept ans aujourd'hui naissait mon fils Jean. Comme ses sœurs et comme moi, il aime les chats et il aime Venise. Je lui dédie ce billet en lui souhaitant une Très Joyeux Anniversaire !

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5 commentaires:

maite a dit…

Le lien ne marche pas pour aller chez "Oscar"...Bonne journée, a presto !Et un joyeux anniversaire à Jean !

VenetiaMicio a dit…

J'essayais justement et en vain de me mettre sur le blog d'Oscar. Je vois que Maïté vient de vous le signaler...
Quel joli Chat, j'adore son expression et j'aimerais bien voir le Venise d'Oscar.
Venise et les chats, mon univers quotidien aussi !
Bonne journée Lorenzo, Bon anniversaire à votre fils !
Danielle

Lorenzo a dit…

Le problème est réparé, Mesdames. En route pour le blog d'Oscar ! Si le lien restait capricieux, voici l'adresse  : http://bluoscar.blogspot.com
Bonne journée d'automne à tous.

anita a dit…

merci Lorenzo ! ... un nouveau petit trésor ... Un joyeux anniversaire à Jean !

anita

chantal a dit…

qu'il est beau ce chat ! quelle photo expressive ! merci pour ce lien, lorenzo et bon dimanche.
chantal

18 novembre 2010

Le roi des chats est vénitien (suite et fin)

Suite retrouvée du billet paru le 19/06/2006 
 
Me voilà de retour chez moi. Je m'installe. Mon bureau est devant la fenêtre. Quand je m'y assois, je vois le jardin, les toits et au loin un clocher qui penche. Je prend ma pipe. La boîte verte, le tabac parfumé, un peu humide. Je bourre ma pipe, l'allume avec de longues bouffées. Délices de ces premières bouffées. J'égalise la cendre. L'air se remplit d'effluves musquées et comme un peu sucrées. Je puis alors commencer à écrire. C'est l'histoire d'un chat et de son maître... Tiens, pourquoi un chat ? Je n'ai jamais écrit d'histoires d'animaux ...

Sur le rebord de la fenêtre, arrivé par je ne sais quel enchantement, j'aperçus soudain trois chats dont celui de ce matin. Je croyais rêver : tous me regardaient. Le roux au regard narquois était assis sur mon pot de romarin. Une chatte grise se léchait en suivant du regard mes gestes et le troisième était carrément debout sur ses postérieurs, une patte négligemment appuyée contre la vitre. Je fis comme si de rien n'était et travaillais fort tard dans la nuit. Lorsque je terminais le dernier paragraphe, je levais les yeux. Ils étaient toujours là et semblaient tenir entre eux un véritable conciliabule, me jetant un regard de temps à autre. Finalement, intrigué mais amusé, je me levais pour ouvrir la fenêtre et les caresser. Aussitôt ils disparurent. Le chat roux avant de sauter dans le jardin me gratifia d'un clin d'œil ! Quelle drôle d'aventure. Je sais qu'à Venise tout peut arriver. Les vieilles gens prétendent que les chats des rues sont l'âme des êtres et des choses. Ils vous aideraient ou vous poursuivraient de leur vindicte, selon que votre cœur est pur ou flétri.

Dès le lendemain, je passais au moins cinq heures chaque jour devant ma machine à écrire. A l'Osteria de Santa Maria Formosa, comme sur la terrasse du café des Zattere ou chez Zorzi, le salon de thé de la calle della Mandorla, je ne cessais de prendre des notes, de remplir des pages et des pages... En trois semaine, le manuscrit attendu à Paris était prêt, emballé. Il fallait maintenant l'expédier. Après avoir terminé le paquet, joliment couvert de ce papier brun qu'on ne trouve qu'ici, je me couchais et pour la première fois depuis longtemps, je me sentais satisfait.

Le temps était très mauvais le lendemain matin, quand je me réveillais. J'entendis même la sirène de l'acqua alta. Mon premier acte de la journée serait de poster le manuscrit. La veille, j'avais eu mon éditeur au téléphone qui avait promis de m'expédier un mandat assez conséquent. De quoi payer les trois prochains mois de loyer et un billet de train pour Naples où je comptais me rendre pour le vernissage d'une exposition. Il pleuvait mais mon cœur était en fête. A la fenêtre, le chat roux qui refusait toujours de rentrer dans la maison, était là, l'air affable. On eut dit un marquis de Goldoni ! Arrivé au Rialto, à la Posta Centrale, je le retrouvais, lissant ses moustaches sur la margelle du puits du cortile, en compagnie de ses acolytes. « Bah ! », pensai-je, «à Venise tous les chats se ressemblent ...»

Extrait de «Venise, l'hiver et l'été de près et de loin»
à paraître aux Éditions Tramezzinimag

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3 commentaires:

VenetiaMicio a dit…

Merci pour ce petit extrait de "Venise, l'hiver et l'été de près et de loin", j'ai vraiment hâte d'en lire tout son contenu...
Je les aime ces chats de Venise mais quel dommage de ne plus en croiser et faire un bout de chemin en leur compagnie, comme autrefois !
A bientôt Lorenzo et excellente journée
Danielle

Lorenzo a dit…

Avec plusieurs amis, pazzi di gatti, nous avons décidé de repeupler - sous contrôle d'un planning familial félin - la ville de sa population. Le complot se trame peu à peu. A chaque voyage, nous envisageons d'amener une jolie jeune chatte, voire des portées. Vaccinés, tatoués, ils seront peu à peu lâchés dans la ville, avec des points de ralliement pour les soins, la nourriture et les abris, à proximité d'un relais humain, mamma (ou babbo) gatto. Nous nous emploierons à convaincre la municipalité...
S'il devait ne plus y avoir de vénitiens à deux pattes, qu'il y en ait toujours sur quatre, dignes cousins du lion ailé...

Anne a dit…

C'est une excellente initiative que celle des "pazzi di gatti". Je leur adresse tous mes encouragements!
Anne