07 décembre 2010

Le Bal du Siècle, ou la dernière fête du Palais Labia (1)

D'instinct et de culture, Tramezzinimag préférera toujours à la terriblement vulgaire Tea Party moderne des populistes américains déchaînés, la très distinguée Café Society dont les membres, qui cherchaient, parfois avec arrogance, à faire de leur vie - à faire de chaque instant de leur vie - un chef-d'œuvre. Ces «bright young things» comme les appelait la presse mondaine de l'époque, étaient souvent de très vieille naissance, d'autres récemment hissés jusqu'aux très hauts sommets de la High Society; On a parlé ensuite de la Jet Set, par le génie d'un cavalier d'industrie dont ils se contentaient de dépenser l'immense fortune, inventaient sans cesse de nouveaux loisirs et d'innovants plaisirs. 

Peut-être est-ce le côté désuet des images qu'on en garde, les noms célèbres qui y sont associés, mais ces «Beautiful People» n'avaient rien à voir, à quelques exceptions près, avec ces nantis parvenus et Bling-bling qui se bousculent de nos jours au Fouquet's, les soirs d'élection présidentielle, se retrouvent dans à Saint-Tropez, au Cap-Ferret désormais ou à Aspen... Employée pour la première fois en 1915 par le chroniqueur Maury Henry Biddle Paul, L'expression désignait ce milieu mondain et cosmopolite qui évolua dans au gré des saisons à New York, Paris, Londres, mais aussi Venise et Capri entre les deux-guerres. La littérature, le théâtre puis le cinéma rendirent à la  mode cet univers de jeunes (et moins jeunes) gens très privilégiés qui faisait rêver les foules.

 Sans ordre chronologique, Jean Lorrain, Marcel Proust comme Cocteau en furent, la duchesse de Gramont, Charles et Marie-Laure de Noailles, Elsa Schiaparelli, Cecil Beaton, plus tard le duc et la duchesse de Windsor, l'Aga Khan, Christian Dior et Jacques Fath, Peggy Guggenheim et Pablo Picasso, Salvador Dali et Winston Churchill, le baron Alexis de Rédé, et tant d'autres encore.

L'un d'entre eux, célèbre pour son goût, sa fortune  et son sens de l'hospitalité a marqué la deuxième partie du XXe siècle. Charles de Beistegui, qui se faisait appeler Don Carlos n'était pas noble. Fils de diplomate, il descendait d'un émigré basque qui fit fortune au Mexique dans les mines d'argent. Dans un monde à peine sorti de l'épouvantable cataclysme que fut la seconde guerre mondiale, il décida un jour de recevoir tout ce qui comptait dans le Who's Who à Venise, dans le palais Labia qu'il venait de faire restaurer à grands frais. 
 
Ce fut le «Bal du Siècle». Le neveu de Don Carlos raconta il y a quelques années « Mon oncle souhaitait fêter la restauration de son palais. Il a choisi ses invités parmi les gens qu'il aimait. Tout était inouï et très naturel. C'était très exactement une “pendaison de crémaillère”,il n'y avait rien de publicitaire !», et de citer la perfide Louise de Vilmorin: « Ce fut le dernier bal où l'on n'invitait pas ses fournisseurs.»
 

Ce 3 septembre 1951 est donc resté dans les mémoires. Parce que ce fut une fête incroyablement belle, parce que le monde entier en entendit parler, parce qu'au lendemain de ce gigantesque carnaval privé qui renoua pour un soir avec les somptueuses fêtes de la Sérénissime, l'excentrique milliardaire mexicain d'origine basque, quitta Venise. Cette fête pharaonique célébrait la fin des travaux que Beistegui avait engagés. Une pendaison de crémaillère en quelque sorte comme le suggére Juan de Beistegui... 
 
 
Les années passèrent. Presque ruiné, il vendit à l'encan en 1964, le palais et tout ce qu'il contenait par l'intermédiaire de Maurice Rheims, alors jeune commissaire-priseur à la RAI qui en fit son siège régional net le restaura entièrement.
 
En 1970, Beistegui mourait presque oublié et abandonné, seul au milieu de ses valets, dans le merveilleux château de Groussay, près de Versailles, qui est maintenant ouvert au public. On parla de moins en moins de ce fameux bal au fur et à mesure que s'éteignaient ceux qui en furent les vedettes : Orson Welles, la comtesse Mocenigo, l'Aga Khan III, le marquis de Cuevas, Elsa Maxwell, Maria Callas, Jacqueline de Ribes, les Polignac, les Rosthchild, Paul Morand, Leonor Fini... Mais il demeure le plus grand évènement mondain du XXe siècle, le parangon de la fête, sans vulgarité, toute de grâce et d'esthétique, de beauté et de joie, comme on imagine que furent les fêtes de Versailles, de Vienne ou de Petersbourg, jusqu'à la barbarie... 
 
En tout 1.500 invités tous costumés. Le maître de maison refusa la présence des journalistes. On raconte qu'il refusa huit millions de dollars à une chaîne de télévision amricaine qui voulait filmer l'évènement... Il demanda à Doisneau, alors photographe chez Vogue, et à Cecil Beaton, le cousin de la reine d'Angleterre ainsi qu'à André Ostier, d'immortaliser les costumes  presque tous signés par les plus grands noms de la mode. Le russe Alexandre Serebriakoff fut chargé de peindre les scènes les plus marquantes de la soirée. C'est pour cela qu'il existe peu d'images de cette mémorable soirée.
 
L'arrivée du couturier Jacques Faith et de son épouse, elle en Reine de la Nuit et lui en Roi Soleil
 
J'ai eu le privilège, lors d'un dîner au Palais Decazes, tandis que l'on servait le traditionnel tilleul provenant de les arbres de la propriété girondine du Duc, de pouvoir entendre le prince de Faucigny-Lucinge, témoin de cette mirifique soirée. Devenu très âgé - et un peu sourd, du moins quand cela l'arrangeait -  raconter à notre groupe de jeunes gens, la mémorable soirée. Il en parla dans son livre de souvenirs. *

« Beistegui décida de donner la Fête des Fêtes sur le thème le plus logique en ces lieux : la Venise de Longhi et de Casanova, et de lui réserver l'ampleur d'un spectacle de cour. Il en fut ce qu'il espérait. […] Les invités étaient venus de tous les coins de l'Europe, de Lady Clementine Churchill au vieil Aga Khan, en passant par les plus belles princesses romaines ou napolitaines. […] Car Carlos de Beistegui tenait aux références : nom, talent, beauté, notoriété, et — j'ajoute — amitié, car c'était un ami très fidèle. »

Paul Morand qui naturellement y était, parle du bal dans Venises et Jean Cocteau en a bien évidemment tiré quelques jolis mots 
«Notre fastueux ami Beistegui avait décidé de tenir tête au temps ; reconstituer un palais, c'est dire non au gouffre, c'est comme d’écrire Le Temps Perdu. Son œuvre terminée, Beistegui s'en désintéressait».

Christian Dior non plus ne tarissait pas d'éloges en se souvenant de ce somptueux bal :  « Ce fut la plus belle soirée que je vis et verrai jamais. La splendeur des costumes égalait presque les atours triomphants des personnages de Tiepolo peints à fresque sur les murs. Toute la profondeur de la nuit italienne plaçait ce spectacle nocturne hors du temps […]. Les fêtes de cet ordre sont de véritables oeuvres d'art. »
 

Mais, chut, faufilons-nous le long de la fondamenta et allons admirer le spectacle...
 







à Suivre...

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4 commentaires:

Anne a dit…

"Inconscience ou défi, il était satisfaisant de penser qu'un grand amateur tenait tête, pour la seule satisfaction de réanimer Venise, de faire sortir de leurs cadres ces personnages des grands et des petits maîtres qui s'assommaient sur les toiles peintes de musées, les déesses captives dans la trame des gobelins; d'autres auraient pu le faire, lui seul osait."
Paul Morand

AnnaLivia a dit…

Avez-vous vu le film documentaire sur ce personnage dans une série intitulée Le Bal du siècle?

Lorenzo a dit…

Oui j'ai prévu d'en publier des extraits dans la suite de l'article.

elza jazz a dit…

Lorenzo, je découvre ton blog. Je me demandais si un jour, on parlerait de ces fêtes époustouflantes au palais Labia. Par exemple du bal
de l'année 51, où Dior était habillé par Dali etc... Bref, je veux m'inscrire à ton blog, qui parle si bien de Venise.
elza jazz

Lorenzo a dit…

          Merci Elza Jazz et bienvenue parmi les Fous de Venise de Tramezzinimag.   

          Votre blog est splendide. Merci.

04 décembre 2010

Publicité décalée, "ti ga asciuga el canal !" (1997)

 

Je ne suis pas (plus) fou de publicité, trop souvent vulgaire et aliénante, mais je dois dire que ce qui se faisait avant (hé oui, on va encore me taxer de conservateur nostalgique et rétrograde), méritait qu'on en parle. Comme par exemple ce petit spot de 1997, pour la marque DeLonghi qui vante les mérites d'un déshumidificateur baptisé Tasciugo (littéralement "je t'assèche"). C'est bien fait, efficace, didactique sans prétention, et surtout plein d'humour. L'humour de Burano, Appellation VSOP garantie ! Devant une réalité quotidienne assez préoccupante, il parvient à apporter un peu de légèreté et d'humour.   Tout ce qui est nécessaire afin de mieux appréhender les problèmes et les solutions qu'il nous faut trouver. Bonne journée.

2 commentaires:
Anonyme a dit…

drôle en effet !
Laura

Yvonne a dit…

Even with my small grasp of the language, that was funny and effective!

03 décembre 2010

Les métiers traditionnels vénitiens, autour de la gondole (1)

Gondole avec son felze sur le Bassin de San Marco. Photographie de Paolo Salviati (circa 1890) Collection particulière
 
Depuis dix ans, une association fait un travail remarquable de préservation des traditions vénitiennes, mais s'avère aussi au fil des années un véritable laboratoire d'idées tant en matière de conservation d'un patrimoine historique unique au monde qu'en matière d 'innovations techniques.

Dans un monde où tout bouge très vite, où les modes se font et se défont en l'espace que quelques clics sur internet, El Felze fondée par Saverio Pastor, Giuliana Longo et Emilio Ballarin, défend un artisanat de qualité, mais bien plus encore une philosophie de la vie où le beau et l'authentique ont la part belle. L'Associazione dei mestieri che contribuiscono alla costruzione della gondola organise ainsi régulièrement des conférences et des séminaires de haut niveau, présente des expositions didactiques autour de tous les métiers qui participent à la naissance, à l'entretien et à l'utilisation des gondoles. Tramezzinimag a décidé de vous présenter ces métiers, dont la plupart tendent à disparaître. On en garde cependant la trace dans la toponymie vénitienne, puisque souvent des rues, des ponts ou des cortile rappellent l'existence de ces artisans autrefois très nombreux. Avec El Felze, Tramezzinimag divulguera à ses lecteurs les adresses des quelques artisans qui perpétuent ces traditions.

I Squerarioli
Ce sont les charpentiers spécialisés dans la construction des embarcations en bois et donc des gondoles. En vénitien, squero désigne le chantier naval où se fabriquent les petits bateaux. Ceux qui connaissent Venise connaissent bien le Squero di San Trovaso, à Dorsoduro, à deux pas des Zattere. Du côté de San Giovanni e Paolo en existe un autre, moins photographié parce que moins pittoresque, le Squero dei Mendicanti (ou Squero Canaletto) remis en fonction il y a quelques années par un américain devenu authentique vénitien. mais il y en a d'autres, comme le Squero dei Muti, non loin du campo dei Mori, à Cannaregio, celui de Roberto de Rossi au sud de la Giudecca. Quelques chantiers navals perpétuent aussi ce savoir-faire. Le squero est l'authentique chantier de construction de gondoles. Autrefois, avant le développement de l'Arsenal, chantier d'État, de nombreux squeri fabriquaient tous les types d'embarcation nécessaires à la navigation sur les eaux de la Lagune, mais aussi sur les fleuves voisins. Les premiers squerarioli étaient des charpentiers venant des montagnes voisines, souvent de Cadore et de Val Zoldana. Ils arrivaient jusqu'à Venise avec les trains de bois qu'ils acheminaient depuis les forêts de leur pays et ils mettaient vite leur savoir-faire au service de la construction navale. 
 
Aujourd'hui, les derniers qui subsistent et peuvent ainsi prétendre à l'appellation originelle, ne construisent plus que des gondoles, barque symbole de la Cité des Doges. Dans le squero va naître la gondole dans sa structure, avec sa forme asymétrique? c'est là qu'elle sera montée, son fond calfaté. Le forgeron y posera les structures métalliques de la proue, de la poupe, puis c'est là encore que le peintre et le vernisseur interviendront. Curiosité : dans certains squeri, on utilise encore le le pede venexian unité de mesure de l'ancienne République qui vaut un peu plus de 1,4 mètre et se divise divisé en onces faisant douze lignes chacune, semblable à la mesure utilisée avant l'invention du système métrique. les charpentiers qui l'utilisent expliquent qu'il est parfaitement adapté aux dimensions originales de la gondole.
..
Chantiers encore en activité et membres de l'association Il Felze :
Squero Roberto Tramontin, Dorsoduro 1542.
Squero Daniele Bonaldo, Dorsoduro 1545.
Squero Roberto Dei Rossi, Giudecca 866a.
Squero San Trovaso, de Lorenzo Della Toffola, Dorsoduro 1097.
Squero Canaletto, de Tom Price, Cannaregio 6301
Cantiere nautico Crea, de Gianfranco Vianello, Giudecca 212.
Cantiere nautico Bote, Giudecca 2211d.

8 commentaires:

Danielle a dit…

Connaissez-vous les livres(3e éditions mars 2010) sur les métiers de Venise de Antonio Manno :I Mestieri di Venezia 2 volumes. Editions Biblos. Pas vraiment génial mais qui ont le mérite d'exister...

Bonne journée.

Gérard a dit…

En voilà une chose qu'elle est belle ! Une vraie noblesse du travail . Charpentier de marine . Pierre le Grand , force de la nature , colosse aux pieds sans argile , tira de ses souvenirs maritimes des Danois la force de construire la Russie . Lui manqua le temps de l'embellir . J'suis sûr qu'il y songea , nostalgique , à l'Amirauté , dans sa cabane . Autre grande noblesse des mains , le plâtre et les stucs . En voilà une autre merveille . Le gâchage , le dosage sélect , la prise , le modelage , le lissage , le séchage , les mains sensuelles à l'extrême , les très grands décorateurs , le chignon des miss et la chevelure fine au bout . J'adooooooooooore ! Et ne m'en lasse jamais . Venise en splendeur ! Sa très grande valeur . Que dis-je , mon vrai bonheur . For old happy few , only ! What else ? Offffffffeeeeee , un pt'tit café dans ma cabane d'arpette .

Anne a dit…

Votre reportage est très intéressant. J'attends avec impatience les autres articles.
Anne

Anonyme a dit…

Unfortunately Squero Canaletto is no longer operating, since Thom Price and his beautiful work left Venice a few years ago.

Lorenzo a dit…

But the squero seems to be opened and boats still being built there. Who owns it now ?

Lorenzo a dit…

Danielle, je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous, je trouve "I mestieri di Venezia" très documenté et Manno, qui est membre de l'Ateneo Veneto, a eu si je me souviens bien le Prix Gambrinus pour cet ouvrage. Connaissez-vous son "Tesori di Venezia". C'est toujours du domaine de l'inventaire savant qu'on vulgarise, mais c'est une somme de documentation aussi. Mais vous avez raison de toute manière, cela a le mérite d'exister. Bonne fin de weekend à vous.

Danielle a dit…

Non Lorenzo je ne connais pas ce titre, je vais me le procurer, merci...

Pour revenir sur le livre des métiers, je ne le trouve pas assez fouillé, il y aurait beaucoup plus de chose à dire sur chaque métier... Mais peut-être le coût éditorial y est il pour quelque chose je ne sais pas.

Merci Lorenzo à presto.

Anonyme a dit…

Lorenzo, I think you refer to the Circolo Nautico Generali, which is right next to former Squero Canaletto. The latter was bought by a company to temporarily store materials for the hospital and as far as I know is not being used as a boatyard anymore.

02 décembre 2010

Nebbia a Venezia

Traverser le grand canal en traghetto quand il y a du brouillard, c'est un peu avoir un aperçu de la traversée de l'Achéron... Mais éloignons de nos esprits l'idée de mort quand on parle de Venise...
 
Frisquet ce matin sur les bords du Grand Canal... A peine deux degrés sous abri au lever du soleil. Soleil que l'on imagine loin, très loin derrière cette masse de brume qui envahit tout. Parfois dans les cortile entourés de maisons ou les petits campi, on voit le brouillard non pas descendre mais monter comme venant du sol et au débuché, les passants surgir d'un coup de cette masse très dense, comme autant de furtives apparitions... L'hiver à Venise, dans certains quartiers me rappelle le smog londonien de mon enfance (le parfum de tourbe brûlée en moins). Un délice pour ceux qui aiment le rêve et laissent leur esprit s'évader loin des préoccupations quotidiennes. 
 
Je crois que pour aimer la neige, le brouillard, le froid qui fouette la peau, il faut avoir conservé une part d'enfance. Je suis toujours surpris quand j'entends des gens se plaindre de la neige qui tombe, des embarras que cela entraîne. Cette part d'enfance, elle est ancrée, immarcescible, dans le cœur de tous les Fous de Venise qui l'aiment sous la torpeur de l'été autant qu'aux jours de froidure, sous la neige et le brouillard.

2 commentaires:

Martin a dit…

Salut, j´aime aussi beaucoup le brouillard à Venise. On peut le comparer avec le brouillard à Londres, seulement plus beau parce que la silhouette est plus belle et encore plus mystérieuse à Venise!

Lorenzo a dit…

C'est tout à fait vrai. Et puis à Venise, quand le brouillard, il y a ce silence magique, mystérieux, un peu effrayant parfois. Un régal pour les âmes poètes.

01 décembre 2010

Pour lui aussi, voici le temps des frimas

Et en attendant que les vénitiens obtiennent que le réverbère reprenne sa place. Il était tout de même plus éclairant...

 Le garçon à la grenouille de Charles Ray - Coll. Fondation Pinault.
 

7 commentaires:

venise a dit…

j'aime bien cette idée de le protéger du mauvais temps de l'hiver :) merci aussi pour votre billet du mardi, si doux à lire

Anne a dit…

Merci pour votre humour!
Anne

Lorenzo a dit…

Merci de le comprendre !

Lorenzo a dit…

Pour Venise : A quand ce prochain voyage à Venise ? Pour le prochain carnaval ou plutôt au printemps quand la lumière se fait si douce qu'on a envie de la caresser...

Yvonne a dit…

Poor little fellow! I will knit him a nice warm sweater, and trousers!

Anonyme a dit…

Cela pourrait être une "performance" intéressante dans le cadre d'une prochaine Biennale

venise a dit…

j'aimerais tant, j'ai attendu presque vingt ans entre mes deux voyages à Venise, j'espère que le prochain ne sera pas aussi tardif Mais pour le moment, d'autres impératifs, surtout financiers, des enfants qui grandissent, dont il faut financer les études, les rêves doivent rester à l'état de rêve. Pour un temps, du moins...
La prochaine fois, je pense que ce sera au printemps et non plus au Carnaval, c'était un projet, un rêve éveillé que j'ai vécu l'an dernier. Il était parfait tel quel... L'impression de marcher dans vos pas aussi avec toutes les adresses collectées sur tramezziniMag. bon vendredi Lorenzo

30 novembre 2010

Happy tuesday everyone, Buon martedi a tutti !

Tout est toujours une question d'état d'esprit, vous ne trouvez-pas ? Se lever le matin et se dire qu'une journée difficile ou pénible nous attend encore sous un ciel gris et bas, fera la journée difficile et pénible et aucune embellie ne viendra éclairer nos pensées. On n'a pas toujours le choix. La vie est parfois pénible et le sort semble s'acharner sur certains. On ne peut hélas rien y faire, ou alors si peu quand il s'agit des autres et de la profondeur de leur désarroi. Tout l'argent du monde ne résoudrait pas les bobos du cœur et de l'âme dont les humains s'affligent. Mais il suffit souvent de petits riens pour que tout aille mieux. Un pas grand chose qui éclaire soudain le ciel et chasse les nuages.

Réveil en fanfare ce matin. Mitsou notre vieux chat rouge, a sauté sur le rebord de la fenêtre en faisant tomber des livres, puis il a sauté sur mon lit et avec sa patte a cherché à me réveiller, comme il fait quand il a faim et qu'il tolère mal d'attendre. Mais là, il n'était pas sept heures. Qu'est ce qui pouvait bien motiver cet excès d'énergie chez un gros chat casanier et poussif ? En m'approchant de la fenêtre, j'ai vu le chat des voisins qui manquait à l'appel hier soir. Grelottant, la pauvre bête s'était réfugiée sous le porche de la maison d'en face. Il miaulait doucement, comme un cri de désespoir. Tout dormait dans la rue.  
 
Mitsou l'avait entendu et voulait l'aider. J'ai ouvert la fenêtre sous le regard approbateur de Mitsou. Le chat des voisins, tout frigorifié est vite rentré. La fenêtre refermée aprs qu'une bouffée d'air glacé se soit répandue dans la pièce, les deux amiss sont allés directement vers la cour, d'où le chat des voisins a pu regagner sa maison. On eut dit que les deux bêtes bavardaient joyeusement. Avant de remonter chez lui, le rescapé a longuement léchouillé son sauveur en ronronnant. L'air de lui dire « Merci beaucoup et à bientôt ». 
 
Mon chat tout guilleret semblait avoir le sourire. Il est revenu sur le lit et, après s'être confortablement lové sur la couverture, ronronnement au maximum, il s'est rendormi, visiblement satisfait de sa B.A. du jour. INXS à la BBC envoyait les décibels. Il n'était plus temps de rester au lit. Dehors, une pluie fine tombait. La tasse de thé bouillant, ce builder's tea dont je ne sais me passer le matin, les biscuits qui vont avec (vous savez, ces Digestive de Mc Vities qui sont depuis toujours liés dans mon esprit à la délicieuse campagne anglaise), le plaisir du rasage,  la mousse sur la joue, la journée qui vient comme une page blanche... Autant de petits riens qui font déjà ce jour un bon jour. La pluie a cessé. Il fait bien froid, dans quelques minutes le bureau, la routine... Venise me manque et mon travail m'ennuie... Mais tout cela, les contraintes, les ennuis, les soucis, les chagrins ne sont rien quand je pense aux deux chats ce matin, aux enfants qui viennent de passer sous mes fenêtres en chantant joliment. Et puis les quelques minutes prises à l'instant pour noter tout cela et essayer de le partager avec vous. Petits riens sans prétentions « qui font du bien et qui ne coûtent rien», mais aident à vivre, voire parfois à sur-vivre. Bonne journée à vous.

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3 commentaires:

anita a dit…

Oh ! oui !!!! votre histoire de chats est mon 2è sourire du matin ( le 1er pour mon petit-fils ... ) la journée sera agréable malgré le froid humide ....
merci !!!
Anita

VenetiaMicio a dit…

Merci Lorenzo pour ces petits riens qui m'ont fait du bien et qui m'apportent beaucoup par cette matinée triste d'hiver...Venise me manque, à moi aussi !!!
Vous voyez votre page d'aujourd'hui ne sera pas blanche, ces quelques mots sont joyeux grâce à Mitsou et son petit pote !
Alors Buon martedi a voi Lorenzo
Danielle

Anne a dit…

C'est une anecdote charmante que je découvre ce soir et à laquelle je penserai demain matin. Merci, Lorenzo!
Anne

28 novembre 2010

Pour finir ce dimanche en beauté

A Venise, le temps passe si vite quand on n'est là que de passage, que chaque moment compte. On ne sait pas toujours traîner le nez au vent. J'ai été comme cela moi aussi autrefois, et mes enfants après moi. Mais désormais, lorsque nous avons la chance de pouvoir y revenir, quelque soit la durée de notre séjour, c'est davantage d'atmosphère dont il s'agit, plus que de vie sociale, de marathon culturel avec la longue liste des expositions à voir, des musées, des biennales et des collections privées ouvertes au public. Comme je le scandais au micro d'une sympathique journaliste suisse, il y a quelques années, Venise, n'ayez pas peur". N'ayez pas peur de vous perdre, mais n'ayez pas peur non plus de laisser le temps filer, que ce soit en restant longtemps à une terrasse de café (ce n'est pas trop la saison je le reconnais), pour observer les gens qui passent, sur un banc aux Schiavoni, pour admirer ce paysage unique au monde, mais aussi, chez vous, si vous avez la chance de bénéficier d'une fenêtre avec vue, d'un jardin ou d'une altana... 
 
Moi, ce que je préfère, c'est quand il fait assez bon, en hiver, pour laisser la fenêtre ouverte et sentir le mouvement de la ville, les passants dans la rue, les bateaux sur le canal voisin. Une tasse de thé fumant, quelques biscuits, un scone ou une tranche de cake (fabrication maison bien entendu), un livre ouvert à portée de main, et de la musique. C'est là le meilleur moyen que je connaisse pour éloigner cette mélancolie du dimanche soir, surtout quand l'hiver est proche et que la nuit tombe vite. Cette belle chanson de Josh White convient parfaitement à cet état d'esprit. laissez-moi vous en faire cadeau ce soir, en vous souhaitant une bonne semaine.

1 commentaire:

Les Idées Heureuses a dit…

N'est ce pas ce que l'on emmène avec soi en quittant la lagune, songeant: -"Quand y reviendrai-je ?"
Elle ne nous abandonne jamais, cette impression de la sentir, de la frôler, de l'écouter respirer, au moindre détour d'une seconde.
Chaque jour, chaque nuit, on s'en éloigne et on s'en rapproche.
Bonne semaine à vous Lorenzo.

Sartre et les pigeons de Venise

«Les pigeons, morceaux de marbre fous. Ces grands nerveux à quelle épreuve soumis. Photographiés, nourris par des touristes eux-mêmes énervés, ils ont l’égarement des êtres vivants astreints à faire couleur locale. Ils marchent entre les jambes des Anglaises mais à chaque sonnerie de cloche, s’envolent en ronds fous, une grande étoffe claquante. Je suis sûr qu’ils jouent la peur : pensez, ça fait un siècle que ça dure.»
Jean-Paul Sartre
in-La Reine Albermale, « Venise »