15 juin 2011

Bordeaux-Venise , ce qui aurait pu être une histoire d'amour (I) :

1980, la Biennale invite Bordeaux.

Le Capc (Centre d'Arts Plastiques Contemporain) est né à Bordeaux de l'impulsion d'un groupe de passionnés visionnaires qui avait à sa tête Jean-Louis Froment. Soutenu par Micheline Chaban-Delmas, l'épouse du maire d'alors, qui fut aussi président de l'Assemblée Nationale, puis premier ministre. Jacques Chaban-Delmas eut l'intuition géniale de ce que cet espace pouvait apporter à la ville.

Souvent mal compris des bordelais, méconnu par l'élite locale d'alors qui bouda longtemps les lieux, le Capc devint vite un haut-lieu de la création contemporaine, reconnu dans le monde entier. Sa dimension internationale venait s'ajouter au prestige des manifestations dont le maire, soutenu par une kyrielle de bordelais mécènes et connaisseurs, avait eu l'initiative. Le Mai musical, qui à l'imitation du Maggio di Firenze, proposait chaque année une série de concerts, d'opéras et de ballets amenant au Grand-Théâtre les plus grands artistes de l'époque et un public international, ainsi que des expositions de très haut niveau : les collections du Metropolitan de New-York, de l'Hermitage... A ces manifestations officielles s'ajoutait Sigma, une initiative privée soutenue par la ville (le maire était président de l'association qui avait son siège à la mairie) qui prit de plus en plus d'ampleur jusqu'à sa mort par asphyxie à la fin des années 90, plus ou moins provoquée par le désintérêt d'Alain Juppé, nouveau duc d'Aquitaine et lui aussi à son tour fringant premier ministre...

Le Centre d'art contemporain de la capitale de Guyenne, installé dans un magnifique entrepôt de denrées coloniales qui conserva longtemps l'odeur des produits qu'on y avait entreposé (vanille, café, cacao, épices...), avait acquis une telle réputation que les organisateurs de la Biennale de Venise firent appel aux bordelais pour intervenir sur la lagune. Froment transporta Bordeaux à Venise, avec la complicité des artistes dont la présence à Bordeaux fait rêver aujourd'hui : Anne et Patrick Poirier qui réalisèrent à l'Entrepôt Laîné leur magnifique Domus Aurea, vaste maquette de charbon de bois, fascinante ruine calcinée, Christian Boltanski qui a cette année les honneurs du Pavillon Français, Claude Viallat...

Ce fut comme un déclic. Le commencement d'une histoire d'amour - de passion même - que des maladresses, des incompréhensions mais aussi des malentendus ont laissé s'éteindre. Tout Venise se pressa dans l'église San Lorenzo dont les 1500 m² furent entièrement à la disposition du Capc. La voix de Laurie Anderson planait sur ce campo très particulier qui ressemble à une scène de théâtre.

Mais laissez-moi vous compter cette belle histoire d'amour. Le film réalisé en 1980 par Marcello Paradisi pour FR3, que je viens de retrouver dans les archives de l'INA, explique mieux que je ne pourrais le faire cette période où j'étais à Bordeaux simple spectateur et où, déjà presque vénitien à temps plein, j'allais peu à peu devenir (modeste) acteur, là-bas sur les bords de l'Adriatique.
 

Quelques années plus tard, en 1990 Jean-Louis Froment allait être nommé commissaire général du pavillon français à la Biennale, après avoir dirigé de sa création jusqu'à 1996 le Capc, il est aujourd'hui directeur de la Fondation Prince Pierre de Monaco.

Mais avant ce retour de Bordeaux à Venise, il y eut l'AJIL, cette petite association d'étudiants que j'avais fondé avec quelques amis et qui organisa, avec le soutien des Chaban-Delmas, la Semaine de Venise à Bordeaux
 
C'était en 1985. Je vivais depuis près de cinq ans à Venise et je ne supportais plus d'entendre à chaque dîner mondain les bordelais cancaner sur "la ville qui s'enfonce", "ces pigeons par milliers tous porteurs de maladie", "les délicieux verres de Murano" et "la puanteur qui envahit la ville et fait fuir les touristes"... La carte postale qu'ils avaient tous en tête - hormis quelques esprits éclairés - montrait une conception étriquée de la Sérénissime qui me révoltait. Je donnais des conférences, je racontais à qui voulait m'entendre ce que la ville était vraiment et les menaces qui pesaient sur elles depuis la grande inondation de 1966. Il fallait frapper fort. C'est ainsi que naquit l'idée d'une sorte de festival, une première édition de ce que nous souhaitions voir devenir un rendez-vous annuel ou biennal entre les deux villes.
à suivre.

1 commentaire :

Anonyme a dit…

Merci pour la ballade. A suivre...
FRG


14 juin 2011

Le progrès fait trop de vagues à Venise

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Dans Venise la rouge, pas un bateau ne bouge... La rime n'est pas des plus élaborées mais le génie d'Alfred de Musset fait de ces vers une clé pour nos mémoires. Fermant les yeux, le lecteur voit le môle au petit matin nimbé d'un léger brouillard aux senteurs primavériles, que percent peu à peu les rayons incarnats du soleil. Sur l'eau qui scintille, les gondoles immobiles attentes le réveil. Mais soudain, un bruit étrange, mélange de pétarade et d'eau qui bruisse sort le lecteur de sa rêverie. Une vedette de la police ou bien est-ce un taxi, fend l'eau du bassin à grande vitesse, créant tout autour de son sillage des vagues de plus en plus hautes, l'eau rouge il y a un instant comme un miroir pour le soleil levant devient verte, puis noire et l'écume blanche et mousseuse éclate comme de rage sur la bordure de pierre des Esclavons, comme une protestation rageuse. La réalité éloigne la paisible vision de Musset : le moto ondoso est un poison pour la cité lacustre. Les flots remués trop fréquemment attaquent les fondations mêmes de la cité des doges, les fonds bouillonnent et ce bouillonnent se répand jusqu'aux confins de la lagune, remuant les sols, dérangeant tout ce qui tente de vivre dans ce milieu aquatique fragile qui se meurt peu à peu par la faute des hommes qui pourtant lui doivent leur existence. Qui n'a pas été témoin de ces pétaradantes cavalcades des bateaux à moteur, secouant violemment les bateaux accostés le long des canaux, arrosant les passants marchant trop près du bord au Rialto ou à San Marco ? Qui n'a pas vu de ses yeux le déplorable état des soubassements en pierre d'Istrie ou en marbre rongés par une terrible gangrène aggravée par ces vagues sacrilèges. Pompiers, police, ambulances, mais aussi livreurs, taxis, particuliers forçant leurs moteurs surpuissants comme les petits ruffians le font avec leur mobylette dans les rues des banlieues ou plus tard leur BMW ou leur Golf GTI flambant neuves, les vénitiens sont eux-mêmes responsables de ce moto ondoso catastrophique pour la ville et cela dure depuis que le moteur est apparu.

On connait les solutions. Verbaliser là comme ailleurs ne suffit pas pas plus que la limitation de vitesse, et on ne peut évidemment pas revenir aux seules embarcations à rame (quoi que parfois je me demande...). Mais il existe des moteurs électriques assez puissants pour déplacer de grosses barques mais dont la conception évite les remous, pour les déplacements lagunaires extra-urbains, les bateaux sur coussin d'air sont parfaitement adaptés, silencieux, rapides, ils n'ont qu'un impact très minime sur l'écosystème et ne dérangent aucunement les habitants - les survivants - sous-marins de la lagune. Là comme ailleurs, c'est de gros sous dont il s'agit et d'intérêts, de profit et aussi d'égoïsme. Interrogés, les bateliers concernés répètent toujours le même discours : "ce n'est pas que moi", "je ne suis pas tout seul", "il faut bien aller vite si on veut faire notre travail", etc... Là aussi, il faudrait un référendum d'initiative populaire pour forcer les autorités à prendre les mesures qui s'imposent. Pour qu'un jour, le passant puisse dire en se remémorant les vers du poète : "Mon dieu, comme Musset a bien dépeint Venise avec ces deux vers"...
photographies : © Marco Zanon.

2 commentaires:

Douille a dit… 
Sans, pour autant, vouloir prendre la défense de ces vils margoulins, force est de constater que comme toujours à Venise nous sommes "le cul entre 2 chaises"... J'aimerais bien aussi préserver la ville et mettre tout le monde à la barque à rame, mais c'est pas possible, ces gens travaillent!!! Contrairement à nous qui allons à Venise pour glander! Tout ce qu'on aime à Venise y arrive par un bateau à moteur, qu'on se le dise! Mon dernier repas si typique au Rioba (que je recommande), n'était que des produits livrés en bateau... 
14 juin, 2011  

Lorenzo a dit… 
Douille, personne ne souhaite revenir aux galères et autres barcasses. Le moto ondoso est l'exemple même de l'abus ces gens qui poussent au maximum la vitesse de leurs puissants moteurs causent de graves dommages à la ville et la règlementation n'est pas respectée. Ni les vaporetti ni les barques à moteur qui respectent la limitation de vitesse sont en cause. Heureusement que le bateau reste le moyen de transport mais il y a de plus en plus de trafic et de plus en plus d'excès de vitesse. On sait aujourd'hui que ces vagues sont très dangereuses pour les fondations de la ville.Sans remettre en cause la motorisation des embarcations, il s'agit de rappeler chacun à sa responsabilité qui non seulement finit par coûter cher à la collectivité mais aussi met en danger le patrimoine artistique de la ville. C'est un peu comme ces gens qui font du jogging dans un jardin public et courent chaque jour sur le bord de la pelouse. ils sont un puis deux puis dix puis cent et en quelques semaines il n'y a plus de pelouse. Quand on leur fait remarquer la disparition de la pelouse à l'emplacement de leur passage, tous répliquent en chœur "nous ne sommes pas les seuls" ou "ce n'est pas moi"... Que répondre à cette terrible inconscience ? Il en est de même pour le moto ondoso évidemment aggravé par la vogue de smoteurs puissants et le goût pour la vitesse (car s'il y avait seulement les ambulances, les taxis et les pompiers,mais il y a surtout les particuliers qui se font plaisir en poussant des pointes sur le grand canal comme ailleurs ils le font avec leur voiture !)  
14 juin, 2011

Venise à Bordeaux, le retour de l'ambassadeur

Cliché © Pierre Paréja - Tous Droits Réservés.
 
Pendant 25 ans, il y eut à Bordeaux une élégante petite boutique dans le quartier Saint Pierre à l'enseigne de Marco Polo. Sa fondatrice en avait fait une sorte d'ambassade de la Sérénissime. On y trouvait tout l'artisanat vénitien - l'authentique - signé des meilleurs : masques, cadres et miroirs, vases, lustres et lampes, bracelets, colliers et pendentifs. Les plus grands noms étaient représentés et toutes les bourses pouvaient s'y satisfaire, depuis les bagues en verre colorés jusqu'aux lustres à girandoles entièrement soufflés à la main, en passant par la verrerie de Nason & Moretti, des vases et des lampes de créateurs, de Fortuny à Hans Peter Neidhard, le fondateur de Dimensione Vetro.
 
Mais vingt cinq ans c'est long et Claire Normand décida il y a un an de fermer boutique pour pouvoir enfin disposer de temps pour elle entre Venise et le bassin d'Arcachon où elle décida d'acquérir une petite maison. Et c'est là que l'histoire devient comme un conte, de ceux qu'on écoute au coin du feu dans les maisons perdues dans les îles de la lagune. Cherchant la maison qui lui conviendrait le mieux, la fondatrice de Marco Polo se décide sur un coup de cœur. Elle rencontre les propriétaires, Sabine et Brigitte, deux jeunes femmes qui souhaitaient changer de vie. Elles avaient fait le tour des charmes de leur profession et envisageaient une reconversion. Ensemble. C'est là que le miracle se produisit. Claire leur parla de sa boutique, de Venise, de l'artisanat de Murano, des artistes faiseurs de masques traditionnels...
 
Ces dames ne réfléchirent pas des mois. Elles demandèrent à Claire de les introduire chez ses ex-fournisseurs, de les aider à se lancer et elles dénichèrent dans le vieux Bordeaux, à deux pas de la rue où se tenait l'ancienne boutique, un superbe local. Sabine et Brigitte étaient fin prêtes pour le grand saut. Il ne manquait plus que le voyage à Venise, une véritable initiation pour ces jeunes femmes qui découvraient, émerveillées, la Sérénissime et son art de vivre. Accueillies chaleureusement par tous, elles tombèrent sous le charme. Après quelques semaines de travaux, Marco Polo, le second du nom est ouvert au public pour le bonheur d'une clientèle qui avait vu avec tristesse le rideau tomber sur la petite boutique de la rue du Parlement Saint Pierre.

Vous ne pouvez pas le manquer, le nouveau magasin est situé au 4 rue des Lauriers, entre la rue Saint Rémi et la somptueuse place du Parlement. Si vous êtes à Bordeaux, ou quand vous vous y rendrez, allez y jeter un coup d’œil, vous ne serez pas déçus ! Et si elles ont le temps, les nouvelles ambassadrices de Venise se feront un plaisir de trinquer avec vous. Le Prosecco n'a plus de secrets pour elles, non plus que le spritz qui les a conquis, au point que le restaurant italien voisin a ajouté l'apéritif vénitien à sa carte. Au Campari seulement pour le moment.

Marco Polo
4, rue des Lauriers
33000 - Bordeaux
05 56 81 53 76
contact @marcopolovetro.com


3 commentaires:

ladivinecomedie a dit…
" Un Spritz campari seulement" ! Pourtant de l'Aperol, on en trouve facilement en France maintenant ;-)
http://www.nicolas.com/fr/_18_17_8294_aperol.htm

Lors de mon dernier passage à Bordeaux, après avoir acheté quelques livres sur Venise aux bouquinistes de la Halle des Chartrons, j'ai découvert non loin u ne sympathique épicerie italienne La Bocca (78 bis Rue Notre Dame) : http://www.epicerielabocca.com/
Mais je ne manquerais pas de faire un tour à votre adresse lors de mon prochain séjour bordelais !

Lorenzo a dit…
merci pour cette adresse. Il y en a quelques unes d'autres dans la ville depuis quelques années ! Evviva Italia !
Maïté a dit…
Dommage pour le spritz à Bordeaux...à quand le Lillet à Venise ! Bonne soirée, a presto !

Venise en juin avec Henry James


© Stefano Neno - Tous droits réservés

[...] Pour ce qui est de venir à Venise, si vous le pouvez, je n'ai qu'une seule réponse, enthousiaste : oui, mille fois oui. Ce serait pour moi, dans certaines circonstances (si j'étais libre, et ma vie, sur cent autres points, différente) la solution de tous mes problèmes et la consolation de mes jours déclinants. Jamais la ville entière ne m'a semblé plus délicieuse, plus chère, plus divine. elle laisse tout le reste loin derrière. Je voudrais pouvoir rêver de venir m'y mettre dans mes meubles [...], près de vous. Je caresserais cette idée avec un attendrissement bouleversé. Que vous êtes heureuse de pouvoire envisager un tel bonheur !..."
Henry James, 
Lettre à Laura Wagnière-Huttington, 
23 juin 1907

Venise, le résultat du moto ondoso

On pourrait publier des milliers de clichés des conséquences du moto ondoso. Celui-ci est un exemple flagrant des conséquences indirectes de cette maladie des temps modernes, la vitesse. Ce pontile placé sur le grand canal non loin du Rialto est agressé jour et nuit par les vagues que provoquent les embarcations à moteur à grande vitesse. Cela ne se voit pas tout d'abord, puis peu à peu les dommages apparaissent. Conjugué à la pollution des eaux, à la pourriture naturelle, les poteaux de bois résistent mal. Au point que certains envisagent de les remplacer par des poteaux moulés... en plastique ! Mais il en est de même pour les pierres qui soutiennent les quais ou forment les soubassements des édifices de la ville.

13 juin 2011

Grazie Italia ! ( e Grazie Riccardo Muti)

 
Les électeurs italiens se sont prononcés. Avec un taux de participation de plus de 57%, ils ont répondu à l'appel des opposants au "Cavaliere" en se rendant aux urnes pour répondre aux questions des référendums demandés par l'opposition.
 
Portant sur l'abandon du nucléaire, sur l'abrogation de la loi qui permettait au président du conseil d'échapper à la justice, sur la privatisation de l'eau notamment, ces référendums se sont transformés en véritable plébiscite pour le changement et le départ de Berlusconi. Autant de sujets qui confirment le ras le bol des italiens devant la politique maffieuse du chef du gouvernement, devant ses frasques personnelles, sa morgue et sa mise à sac depuis des années de l'économie italienne. 
 
Après les municipales où son parti avait subi une retentissante défaite, le référendum a transformé l'essai montrant que le peuple italien, alors qu'on fête le 150e anniversaire de l'Unité italienne, n'est pas un ramassis de crétins abrutis par des années de cette mauvaise télévision et des journaux censurés qui appartiennent à Berlusconi et à sa clique, mais un peuple ardent et repris pas la grâce. ! C'est une grande joie de voir nos voisins prendre enfin leur destin en mains, et se rendre compte que celui qui se prenait pour un imperator n'est qu'un nabot, pour rester poli et respecter la fonction actuelle de l'individu. Une leçon aussi pour nous...
 
La vidéo qui suit que je ne peux regarder sans être ému, montre le peuple de Rome chanter à l'invitation de Riccardo Muti le célèbre chœur des esclaves d'Aïda, " Va Pensiero". Evviva Italia !
 

 

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Trop chouette !!

Bravo nos voisins...

Anonyme a dit…

Je partage votre joie. Il était temps !
Soazig

Anonyme a dit…

Meno male!

XIIe Fête de la Saint Antoine à S. Francesco della Vigna

Comme chaque année, Venise fête Saint Antoine et cela se passe du 12 au 19 juin à San Francesco della Vigna. Au programme des réjouissances de nombreux concerts, ballets, pantomimes, tournois sportifs et rencontres gastronomiques.

Viandes grillées, poissons frits, pasta fagioli, desserts comme à la maison au stand gastronomique, préparé sous la férule de la célèbre Ada,la cuisinière vénitienne qui a appris aux chefs du monde entier les secrets de la gastronomie locale. Les tentations ne manqueront pas et ce pauvre Saint Antoine aura bien besoin de toute sa foi pour ne pas y succomber !

J'hésite toujours à parler de cette manifestation restée totalement vénitienne tant les touristes qui s'aventurent jusque là sont peu nombreux et que ces lieux préservés sont un bonheur. On y parle en dialecte et tout le monde ou presque se connait. C'est cette authenticité conservée qui mérite le détour bien plus que l'évènement lui-même ! Mais il faut aussi souligner la qualité des prestations offertes à chaque fois, comme sur d'autres campi dans d'autres sestiere... Cette année la musique est à l'honneur et ça chauffe à San Francesco !

© Walter Fano - 2011 - Droits Réservés
 
L'an passé, la fête débuta comme c'est désormais l'usage dans le cloître avec "Giganti, Viaggio in Utopià", un important spectacle de théâtre expérimental, mis en scène par Erica Taffara de la compagnie Teatrocontinuo, présenté de nouveau cette année au teatro di san Clemente.

Troisième volet d'un travail sur le patrimoine et l'histoire de Venise et de sa région, Giganti est une sorte de parabole sur le thème de la déstabilisation que provoque la rencontre avec l'inattendu, avec l'inconnu, la transformation, les changements. Les giganti(géants) sont des acrobates suspendus dans l'air qui passent d'un monde à l'autre l'esprit léger. Sorte de voyage, relecture du passé et du présent, le spectacle se sert de Venise comme prétexte, à cause de ce qu'elle représente aux yeux du monde, un immense et pesant patrimoine historique et culturel de l'humanité. Venise par la magie de la fiction théâtrale devient ainsi une vieille dame percluse de nombreux problèmes de santé, assise sur un héritage colossal que beaucoup voudraient dilapider et que d'autres veulent conserver. Ce combat entre les héritiers ne se règle que par l'intervention des Giganti, ceux-là même qui ont imaginé et construit cette extraordinaire cité amphibie, utopie de l'humanité. Notre ami Walter Fano était sur place et il a pu photographier le spectacle.

Cette année, les réjouissances ont débuté par un concert du groupe Collettino (Gente disturbata), tous vénitiens, ils forment l'ensemble le plus fou et les plus génial d'Italie ! Je ne résiste pas à vous offrir une vidéo d'un de leurs spectacles complètement allumé, drôle et roboratif !

 
Ceux qui prétendent que Venise est morte et que l'espace public, l'espace urbain est désormais réduit à un musée ou un lunapark (ce qui n'est pas totalement faux hélas) n'ont qu'à se rendre à cette manifestation. Ils verront combien les vénitiens sont nombreux dans ces moments de fêtes citadines, temps de retrouvailles bon enfant où tous retrouvent les gestes et les habitudes d'antan.

06 juin 2011

Il y a un mois, le Saint Père était à Venise

 
Grande visite apostolique du Saint Père à Venise où l'attendaient plus de 200.000 personnes. Cortège pontifical sur le Canalazzo, messe à Saint-Marc, grande cérémonie sur la terraferma, rencontre avec le monde de la culture et de l'économie à la Salute (video ci-dessous) :

1 commentaire :  

Nathanaëlle a dit…

Mille mercis pour ces vidéos.

Quel bonheur de voir le Saint Père à Venise et en Notre Dame della Salute.
Bon week-end et merci pour votre passionnant blog
Amitiés,
Nathanaëlle

05 juin 2011

Les délices du Rialto : recette du fricandeau di storione

"[...] Je jouis de la plus belle rue et de la vue la plus animée du monde. Je ne peux me mettre à la fenêtre sans voir des milliers de gens et autant de gondoles à l'heure du marché. A droite, la vue découvre le campo delle Beccarie et la Pescheria, le champ gauche embrasse le pont et le Fondaco dei Tedeschi ; à la croisée des deux, le Rialto où se pressent les marchands. Il y a pour moi des vignes sur les chalands, le gibier à poil et à plume dans les boutiques, le potager sur le sol. Peu m'importent les ruisseaux arrosant les prés quand à l'aube je regarde l'eau couverte de toutes sortes de produits de saison. Quel joli passe-temps, le manège des convoyeurs distribuant des tas de fruits et de légumes aux porteurs qui les acheminent ! " 

Dans une de ces lettres, Pietro Aretino (1492 - 1556) dit l'Arétin, décrit le spectacle qu'il avait sous les yeux depuis la chambre où il logeait, ca'Bollani, un palais aujourd'hui disparu dont les fenêtres ouvraient sur l'Erberia. Le réjouissant spectacle quotidien qu'offre un vrai marché comme celui du Rialto si poétiquement décrit par le poète invite à la gourmandise. Laissez-moi vous donner une recette qui nécessite ces bons produits frais et naturels qu'on trouve encore sur les étals des marchés traditionnels et que la culture de l'hypermarché et de la nourriture industrielle n'a pas encore tué : 

Fricandeau d'esturgeon sauce allemande 

C'est une vieille recette familiale que j'ai trouvé écrite en français dans un joli petit carnet recouvert d'un vieux tissu fleuri ayant appartenu à ma grand-mère, et en italien dans un autre carnet, de moleskine celui-là, avec l'inscription "Venise, 1908" : "Choisir un beau tronçon d'esturgeon, nettoyez le bien, surtout enlevez bien toutes les peaux qui sont très dures ainsi que les arêtes. Quand il sera bien paré de tous ses nerfs, piquez le de lard comme un fricandeau et faites le revenir dans un bon morceau beurre mêlé à une cuillère à soupe d'huile d'olive. Ajoutez oignons, carottes, bouquet garni et morilles avec du vin blanc (une demie-bouteille) et laisser réduire de moitié. Mouillez d'une tasse d'un bon jus ou de bouillon. Assaisonnez, sel et poivre en grains, laissez cuire 3/4 d'heure au four pour colorer le fricandeau. 
Sauce : Mettez dans une casserole 100 grammes de beurre et de la farine pour faire un petit blanc. Laissez la cuire sans le faire colorer, mouillez avec le jus de cuisson de l'esturgeon et laissez sur le feu pendant 10 minutes. Quand la préparation est cuite, faites une liaison avec 2 ou 3 jaunes d’œufs, liez votre sauce et réduisez-la fort; passez à l'étamine dans une autre casserole ; assaisonnez de bon goût. Ajoutez-y une des champignons de Paris frais de préférence mais une boite peut faire l'affaire. Dressez l'esturgeon dans un plat, et servez votre sauce et les champignons autour . Faites quelques croutons que vous mettrez sur le plat. (Cette sauce peut servir pour la sole, la carpe, le brochet etc.)" A déguster avec un délicieux pinot Grigio au délicieux goût d'amandes comme celui de la Cantina Breganza.

Voyage d'initiation : Venise en hiver, novembre 2011




A la demande de lecteurs qui ne connaissent pas ou peu Venise, Tramezzinimag envisage l'organisation d'un voyage d'une semaine à Venise en novembre prochain. 
Rien de très original, une simple approche de la cité des doges pour ceux qui veulent en voir l'essentiel ou pour ceux qui connaissent mais voudraient y amener des amis ou leurs enfants et petits-enfants (à partir de 10 ans)

Le nombre de places sera limité à seize personn personnes

Au programme : découverte des principaux monuments, visite commentée de musées et collections d'art, concerts, mais aussi promenades dans la Venezia sconosciuta en hiver, découverte de lieux et de jardins secrets, et farniente, le tout dans l'esprit Tramezzinimag.
En fonction des demandes, nous retiendrons une des dates suivantes : 
du 7 au 14 novembre, du 14 au 21 novembre ou bien du 21 au 28 novembre.

Les personnes intéressées peuvent nous écrire à l'adresse suivante : viaggio.tramezzinimag@virgilio.it


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05 juin 2011

Voyage d'initiation : Venise en hiver, novembre 2011

A la demande de lecteurs qui ne connaissent pas ou peu Venise, Tramezzinimag envisage l'organisation d'un voyage d'une semaine à Venise en novembre prochain. 
Rien de très original, une simple approche de la cité des doges pour ceux qui veulent en voir l'essentiel ou pour ceux qui connaissent mais voudraient y amener des amis ou leurs enfants et petits-enfants.

Le nombre de places sera limité à seize personnes.
 
Au programme : découverte des principaux monuments, visite commentée de musées et collections d'art, concerts, mais aussi promenades dans la Venezia sconosciuta en hiver, découverte de lieux et de jardins secrets, et farniente, le tout dans l'esprit Tramezzinimag.
 
En fonction des demandes, nous retiendrons une de ces dates : 
du 7 au 14 novembre, du 14 au 21 novembre ou bien du 21 au 28 novembre.

Les personnes intéressées peuvent nous écrire à l'adresse suivante : viaggio.tramezzinimag@virgilio.it

8 commentaires:

ladivinecomédie a dit…
Quel dommage que mes vacances de la Toussaint ne permettent jamais de voir Venise en novembre.
En plus si vous optez pour les deux premières semaines proposées vous pourrez profiter de Concerts dans le magnifique Palazzo Bru Zane dont les prémices de programme viennent d'être dévoilés sur vivaticket !
http://www.vivaticket.it/festival.php?id=433
Pour moi, Venise ce sera sans doute en solitaire fin avril 2012 en plein entre-deux tours de la présidentielle. J'ai déjà mes billets pour le concert du Quatuor Raphael qui se produira également au Grand Théâtre de Bordeaux en mai 2012 !
http://www.opera-bordeaux.com/detail-spectacle/concert-3/quatuor-raphael-554/11-12-7.html
Robert M a dit…
Pourquoi pas, nous sommes libres mais j'aimerai avoir plus de renseignements sur le programme et le prix du voyage.
Mon mail maury-robert@orange.fr
Anonyme a dit…
Je vais toujours à Venise en novembre, la lumière y est sublime. J'avais l'intention d'y aller cette année entre la San Martino et la Festa della Salute, deux fêtes que j'affectionne particulièrement. Comme Robert, j'aimerais avoir plus de renseignements. S'il y avait trop de monde interressé, serait-il possible, étant sur place, de me joindre au groupe ?
Voici mon mail : jcduchamp29@aol.com
Gabriella
venise a dit…
quelle belle idée... ce sera sans conteste un beau voyage dans l'esprit de tramezzinimag !
Catherine Chaumet a dit…
Bonjour,
J'avais déjà manifesté mon intérêt pour un voyage que vous organisiez en avril 2009 et vous ayant demandé plus d'informations, vous ne m'avez jamais répondu... j'avais été très déçue!
http://tramezzinimag.blogspot.com/2009/09/proposition-pour-un-voyage-venise.html
Lorenzo a dit…
Bonjour Catherine, vous n'étiez pas la seule. Des contingences diverses avaient empêché la finalisation de ce voyage. d'autres ont eu lieu - des commandes - mais ce premier projet était voué à l'échec. je cherchais à organiser un séjour comme on en fait entre amis ou en famille loin de tous les clichés habituels de la visite à Venise. Celui que je me propose d'organiser en novembre prochain s'adresserait avant tout à des personnes ne connaissant pas la ville ou la connaissant à peine. Les Fous de Venise qui la connaissent sur le bout des doigts, qui sont à l'affût (et je les comprends) de lieux inconnus ou rarement visibles pour le particulier ne seront pas rassasiés. Le programme complet est en cours de finition. Je vous en tiendrai informé dans ces colonnes ou par des courriels personnels.
Catherine Chaumet a dit…
Merci pour votre courtoise réponse! Il est vrai que connaissant déjà un peu Venise, le genre de séjour que vous préparez ne correspondrait pas à ce que je souhaite encore découvrir!
Anonyme a dit…
je me marie la fin octobre 2011, j'aimerai bien faire une surprise a mon épouse, alors puis-je avoir plus de renseignements sur le programme et le prix du voyage.
Mon mail lst_r@yahoo.fr

04 juin 2011

Rialto no se toca ! (Pas touche au Rialto !)




En février dernier, on a appris que la municipalité envisageait de déplacer le marché en gros de poissons du Tronchetto, actuellement situé non loin de la Piazzale Roma, à Fusina, sur la Terre ferme, ce qui aurait de graves conséquences en terme de coûts et de temps pour les revendeurs du marché du Rialto. 

La plupart d'entre eux se verraient contraints d'arrêter leur activité. Si les autorités maintiennent leur décision, ce sera un coup très dur porté à la ville au nom d'impératifs économiques qui une fois encore font fi de l'intérêt public au profit d'intérêts financiers privés. Non seulement cela fera périr à plus ou moins brève échéance ce qui reste de commerces de détails dans le centre historique et conduira à la disparition pure et simple du marché du Rialto, supprimant un service public en fonction depuis mille ans, mais cela portera aussi atteinte à l'image même de la ville car ce marché,depuis des siècles, attire des visiteurs. Son pittoresque et son authenticité amènent au Rialto un flux touristique quotidien deux fois plus élevé qu'à San Marco. Cela n'a pas de prix. Les médias ont à plusieurs reprises alerté l'opinion mais on ne sait pas vraiment ce qu'il en est à ce jour. De nombreuses organisations se mobilisent, à commencer par les associations de commerçants, mais aussi les nombreuses associations de défense de Venise qui se battent pour sa survie en tant que ville normale, comme mes amis de Venessia.com ou les 40xVenezia. Les mêmes qui ont réussi à faire réduire les épouvantables publicités géantes qui couvrent les façades en cours de restauration. Tramezzinimag se joint à eux pour que ce projet soit abandonné. 

Il s'agirait en fait d'accorder à une société privée l'organisation et la gestion du marché de gros déplacé dans une zone industrielle à côté de dépôts de déchets pétrochimiques, (dans la proximité immédiate des bouches de rejet des eaux usées de Marghera) loin du centre historique. Les revendeurs qui ont leur ban au Rialto, à Sta Margherita ou à Castello seraient obligés d'affréter des camions pour aller chercher la marchandise et le prix de revient s'accroitrait obligeant à une augmentation du prix des denrées pour le consommateur. Cela signifierait aussi la disparition des poissons pêchés dans la lagune qui proviennent aujourd'hui des pêcheries artisanales des îles voisines. Nombreux sont les revendeurs qui travaillent seuls et ne pourront aller s'approvisionner à Fusina... 

Rien que de très banal à l'ère de l'ultra-libéralisme qui touche aussi les italiens. Mais les gens s'indignent aussi de l'autre côté des Alpes et les vénitiens sont très déterminés. Quelque chose est en marche qui semble aller vers un renouveau, une prise de conscience des abus et de trop d'années de laisser-faire qui peu à peu contribuer à la confiscation de la démocratie et des libertés au bénéfice des grands groupes financiers et de leurs actionnaires. Les images ci-dessous (en dialecte et en italien seulement, désolé !) montrent le désarroi des vénitiens et les explications des meilleurs experts sur le sujet, les marchands de poissons du marché du Rialto.

Parce que les défenseurs du marché aux poissons du Tronchetto et de l'avenir du marché du Rialto savent qu'il faut rester aux aguets face à une administration taisante, la population est invitée - et les amis de Venise avec elle - à se mobiliser. Un court-métrage documentaire vient d'être réalisée par une jeune et brillante réalisatrice vénitienne. Il sera projeté le 6 juin à 22 heures 30 au Rialto, aux Beccarie (la halle aux viandes). 

 

  




2 commentaires:

Anne a dit…
Encourageons les Vénitiens à résister!
Anne
Anonyme a dit…
bonjour
n'y a-t-il pas de pétitions pouvant être signées en ligne? Pour les vénitiens, pour les commerçants, pour éviter que Venise devienne une vitrine sans vie ?
Et pour les touristes comme moi qui adorent, une semaine dans l'année, aller faire leurs courses du soir au Rialto !
Merci

31 mai 2011

Christian Boltanski à la Biennale

Christian Boltanski, figure emblématique de la scène artistique internationale, représente la France à la 54e Biennale d'Art Contemporain de Venise et propose une installation spectaculaire unique intitulée "Chance". Il traite ainsi de l’un des thèmes qui lui sont chers, celui du hasard, de la chance et de la malchance, des forces qui fascinent et imposent leurs lois. L’artiste a choisi pour Commissaire Jean-Hubert Martin, directeur honoraire du Musée national d’art moderne Georges Pompidou.

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2 commentaires:

Anonyme a dit…
Bonheur total de retrouver ce grand artiste à la Biennale... Je suis pressée d'y arriver.
Sans compter que je lui ai déjà donné les battements de mon cœur... Pour l'île...
Bonsoir.
Anne a dit…
J'ai hâte de voir cette oeuvre à la Biennale!
Merci pour cette présentation.
Anne