09 mai 2012

On ne peut devenir qu'autant qu'on soit déjà

9 mai 2012 
C'est Novalis qui écrivait cela. Profitant d'un beau soleil, je relisais assis sur l'herbe des poèmes de Rainer Maria Rilke. Leur beauté m'a renvoyé, par un de ces mystères de la pensée, vers Louis Émié, cet auteur bordelais peu connu encore, mais qui est l'un des plus grands poètes de notre époque.

Dans Le Mémorial, son journal, édité en 2000, j'avais trouvé le texte suivant qui date de 1941 je crois, quand la France était occupée. Il m'avait paru alors tellement en adéquation avec ma vie. Plus de dix ans après, ces lignes restent tout aussi fortes. 

"Est-ce un bonheur ou un malheur que de savoir qu'il y a des choses que l'on ne pourra jamais faire, qu'on demeure toujours limité à soi-même malgré tous les efforts que l'on accumule pour se dépasser ? 

"Il y a des livres que je ne lirai jamais, des villes que je ne connaîtrai jamais. J'en éprouve par instant un regret aussi douloureux qu'un soudaine brûlure. Et puis, je jette un coup d’œil sur moi-même, sur mon passé et mon présent. Je reprends ainsi conscience du peu que j'ai réussi à être - et, alors, je me résigne. 

"Naguère, la résignation me paraissait la plus lâche, la plus méprisable des solutions. En ce temps-là, il y avait en moi des sursauts, des révoltes. Tout cela est mort, maintenant. Au courant de la vie, quelque chose de nous s'émousse, s'évanouit peu à peu. J'ai cessé d'être un révolté ; j'accepte les évènements et je m'accepte tel qu'ils me font. Philosophie assez rudimentaire, prudente et facile, sans aucun doute ; mais du moins, m'évite-t-elle de tomber dans le pêché d'orgueil et me permet-elle de connaître mes véritables limites, au-delà desquelles je ne puis sans danger m'aventurer." 


..Un jour de mai tout pareil à aujourd'hui, j'allais avec un ami sur les eaux de la lagune, en direction de Pellestrina. Le ciel était d'un bleu très doux, l'air plein de senteurs nouvelles. Il n'y avait pas de vent et l'eau sur laquelle notre barque glissait semblait faite d'une soie précieuse, d'un joli vert aux reflets mordorés. Tout était douceur et silence. Nous avancions comme dans une prière. Cette plénitude qui nous prenait tout entier, je ne saurai l'exprimer. Nous étions à la fois joyeux et inquiets. Portés par l'effort qu'il faut donner sans cesse pour avancer, amplifier le rythme et se caler dans cette profonde harmonie qui unit vite les rameurs et leur donne une sensation de sereine plénitude. J'avais la sensation qu'un moment comme celui-là était une bénédiction et qu'il fallait en absorber chaque bribe. Savourer l'instant où fondus dans un même effort, nos deux êtres s'unissaient dans la même ferveur, lançant à l'unisson une même louange au Créateur pour toutes ces merveilles. 

,,L'impossibilité au retour d'expliquer aux autres cette expérience, fit éclater cette triste vérité : je ne pouvais pas, je ne pourrai jamais, donner en partage cette émotion, cette joie profonde que j'assimilais naturellement à Dieu. Le texte de Louis Émié résume bien cette incapacité. C'est peut-être pour cela que, depuis toujours, j'écris sans cesse...

Louis Émié Mémorial 
Préface de Pierrette Sartin 
Présentation et appareil critique de Francesco Maria Mottola 
Éditions Opales 


______

3 commentaires

02 mai 2012

La Venise d'avant (1)


,,L'église de la Pietà que l'on peut voir aujourd'hui sur le quai des Esclavons n'est pas celle où Antonio Vivaldi dirigeait les jeunes musiciennes du couvent. Elle a été construite après sa mort. L'église qu'il connut et où eurent lieu les nombreux concerts qu'on venait écouter de toute l'Europe n'a été démolie que plus tard et remplacée par un palais aujourd'hui transformé en hôtel, l'Albergo Metropole. La gravure ci-dessus montre l'entrée de la chapelle de l'Ospedale della Pietà telle que Vivaldi et ses jeunes musiciennes l'ont connue. 

,,On peut encore voir des colonnes de l'ancien bâtiment dans le hall de l'hôtel. Est-ce l'esprit du prêtre roux qui fit décider le propriétaire de l'hôtel d'organiser chaque semaine des concerts de musique de chambre ou des récitals de chant dans un salon à côté du hall où trônent les deux colonnes vestiges de l'église reconstitue plus loin ? CertainementMais ce fut surtout à la mémoire de son fils, mort dans un accident de voitures et jeune violoniste.



______

 4 commentaires : non archivés par Google

"Gelido in ogni vena", Vivaldi chanté par Cecilia Bartoli


En relisant mes notes sur l'Ospedale della Pietà, j'ai eu envie d'écouter ce magnifique disque enregistré par la grande Cecilia Bartoli, The Vivaldi Album, paru il y a un certain temps déjà (en 1999 !) chez Decca. Une merveille que tous les amateurs de musique baroque connaissent. Tout est beau dans ce disque. Avec l'enregistrement du Nisi Dominus de James Bowman, les Gloria et Magnificat dans la sublime version de Riccardo Muti avec la grande Teresa Berganza, c'est un des plus extraordinaires enregistrements consacrés à la musique du prêtre roux. Dans son Dictionnaire amoureux de Venise, Philippe Sollers décrit parfaitement la beauté émouvante de cette musique et le portrait qu'il dresse de la cantatrice est totalement justifié par ces images. Qui disait si bêtement qu'Antonio Vivaldi avait passé sa vie à écrire le même concerto ?

Il m'est impossible de parler de Vivaldi sans évoquer la mémoire d'Olga Rudge et d'Ezra Pound. Sans eux, le compositeur serait considéré à l'aulne de ce qu'en a écrit Goldoni dans ses mémoires, ("un bien médiocre compositeur", sic). Johan Sebastian Bach lui, qui avait transcrit nombre de pièces du vénitien, ne s'y était pas trompé : Vivaldi est un grand compositeur, un poète et un précurseur. Son œuvre est mystérieuse comme sa vie. Ce qui est évident, c'est le rôle de Venise, de la lagune, de cette ambiance unique, dans l'inspiration du musicien. Quand on tend l'oreille - et le cœur - à l'écoute d'une de ses pièces, c'est la lumière, les odeurs, les sons de Venise qui surgissent soudain. Et puis cette musique divine ramène toujours le soleil et une sérénité joyeuse... 

Cet aria, Gelido in ogni vena (« Chacune de mes veines se glace »), extrait de Farnace, est en fait une citation d'un texte de Metastasio écrit pour Siroe, cantate du compositeur napolitain Leonardo Vinci, représentée en 1726, que le librettiste a repris dans l'opéra de Vivaldi

4 commentaires:


Gérard a dit…

Un joli article !
Il faut toujours pour le grand Antonio à chaque fois remettre l'ouvrage sur le tapis tellement il fut vilipendé , maltraité , etc , etc , ....
Perso , " La Stravaganza " ou " La notte " , et ce , dans la nuit froide et noire de la Sérénissime .
La clarté cristalline de son violon , de sa flûte , telle qu'elle est parce qu'il l'a voulue ainsi , suspendue au milieu de l'orchestre , nous guide , on la suit dans le dédale de partout : elle nous envoûte à tout jamais , son but .
Il percevait les sons , et les sens , comme peu .
Et nous les rend , 3 siècles après , merveilleusement intacts .
Un vrai artiste authentique , en somme !
Sa plus belle qualité .
Une individualité immortelle .
Et bien sûr , par là , très très précieuse .

kate.rene a dit…

Celui qui disait bêtement que Vivaldi avait passé sa vie à écrire le même concerto était Igor Stravinsky !

Anonyme a dit…

SUBLIME ! Comme Venise.
Merci Lorenzo.
Gabriella

Lorenzo a dit...

Il y a encore des musiciens, baroqueux pour la plupart à ma grande surprise, qui font leur la perfide flèche de Stravinsky - qui n'est ni à son honneur ni au leur ce me semble - mais il faut rappeler qu'à l'époque où le musicien russe disait cela, on connaissait de Vivaldi peu de choses et toujours les mêmes qu'on ne savait jouer qu'à la manière pompeuse du XIXe avec des instruments à un diapason bien différent de celui de l'époque du prêtre roux !

01 mai 2012

Premier matin de mai


"Quelle ville pour les marins ! Tout flotte, et rien ne roule. Un silence divin. l'odeur de la marine, partout. Même ignoble, aux carrefours de l'ordure croupie, des choux pourris, des épluchures et de la vase, l'odeur salée se retrouve encore ; et toujours monte la douceur sucrée du filin et l'arôme guerrier du goudron, cet Othello des parfums. C'est un bonheur d'aller grand'erre sur les eaux dociles : le charme de Venise contente tout caprice. Et moins l'on sait où l'on est, moins l'on sait où l'on va, plus l'issue a de grâce, le plaisir s'y parant de la surprise. Il n'est canal qui ne mène à la lumière." 
André Suarès  

30 avril 2012

Dimanche. Un livre, un gâteau, et la musique de Bach.

Les dimanches que j'aime sont toujours de la même couleur. Celle d'un bonheur tranquille que rythment joyeusement les Suites anglaises de Bach sous les doigts de Glenn Gould. Peu importe le temps qu'il fait au dehors, dans la maison le soleil brille de tous ses feux. Le chat ronronne de plaisir, la table pour le thé réunit toute la famille. Scones dorés, thé fumant et parfois, un de ces gâteaux qui réveillent en nous mille souvenirs d'enfance. Hier, c'était un Fondant à l'orange. Constance qui s'est prise de passion pour ces petits bracelets de ruban qu'on garnit de breloques retrouvées dans les tiroirs et les vieux coffrets de sa Bonne-maman (comme la recette du délicieux Fondant), s'affaire près de la fenêtre. Tout autour d'elle, fils et tissus dans un joyeux désordre, illuminent de couleurs acidulées le gris du ciel. 

La sarabande de la Deuxième Suite se glissent dans toute la maisonnée. Dehors, la pluie continue sans arrêt depuis plusieurs jours. Une accalmie ce matin nous a permis d'aller à la messe sans parapluie. Joie de ce moment de soleil si doux. En rentrant, petit détour par des ruelles silencieuses pour admirer quelques vieilles pierres, rajouts très anciens qu'un architecte habile a utilisé autrefois, nous permettant aujourd'hui d'admirer là une fresque gallo-romaine, ici un arc médiéval. Le temps passe vite quand tout est en harmonie. La panique et l'angoisse de vendredi envolées, le blog retrouve peu à peu l'ensemble de son contenu. Ouf... 

Dix sept heures sonnent au clocher voisin. L'heure sacrée du thé. Les scones, la confiture de poires faite l'été dernier, la gelée de coings, celle de mûres un peu liquide... Le roman découvert par hasard et qu'on ne peut plus quitter. Hier, c'était La liste de mes envies de Grégoire Delacourt (à lire toutes affaires cessantes !). Un petit bijou d'émotion et d'humour aussi. Comme la vie ordinaire. Un passage émouvant sur un père retombant en enfance, des pages sur l'utilité des blogs. Dehors, des enfants rient en pataugeant bruyamment dans les flaques. Leurs rires répondent à la musique du Kantor de Leipzig. Même rythme, même ton. Combien j'aime ces dimanches tranquilles tout remplis d'âme et de paix. 

Le Fondant à l'orange de Bonne-maman : 
Il vous faut : 175 g de bonne farine tamisée, 1/2 sachet de levure, 3 œufs frais, 80 g de beurre frais, 175 g de cassonade, 125 g de sucre glace, 3 oranges à jus, une pincée de sel, 1/2 cuillère à soupe de rhum ou de Cointreau. 

Commencez par mélanger le beurre ramolli avec le sucre jusqu'à obtenir un mélange bien crémeux. Ajoutez le zeste d'une orange, puis les œufs en remuant vigoureusement, puis la farine, la levure et le sel, quand l'appareil est homogène, versez-y le jus d'une orange. Bien mélanger. Versez la pâte ainsi obtenue dans un moule à manqué beurré et fariné. Cuire à feu doux (th 4, 150°) pendant environ 40 minutes (jusqu'à ce que le dessus soit joliment doré et qu'une pointe de couteau ressorte sèche du gâteau (tout le monde sait ça, pourquoi me sentir obligé de l'écrire une fois encore ?). Pendant la cuisson, faire un sirop avec le jus des trois autres oranges et le sucre. Laisser bouillir plusieurs fois et maintenir au chaud. le sirop est prêt quand le sucre a entièrement fondu. Inutile d'écumer, après cuisson le sirop va s'éclaircir et la mousse disparaître. Quand le gâteau est cuit, le démouler aussitôt et le renverser sur une grille que vous poserez sur un plat. Imbibez-le avec le sirop de façon à ce que toute la surface et les côtés soient mouillés, recommencez tant qu'il y a du sirop dans le plat. Servir tiède ou froid. Les deux manières ont leurs partisans. Personnellement, je le préfère tiède. Servi avec une crème anglaise peu sucrée (la vraie), c'est absolument à se damner ! 

Le soleil est revenu faire un petit tour, jouant avec les miettes sur la nappe sous le regard ravi du chat qui n'aime pas toute cette humidité. Des images iconoclastes qui nous parviennent de Venise n'entameront pas notre bonne humeur. Pourtant il y a de quoi enrager. Ces horribles grandi navi qui se font chaque jour plus nombreux et dont personne ne veut dans le centro storico et ces (superbes) vieux modèles d'automobiles qui ont envahi le parvis de San Giorgio, à l'occasion de l'arrivée d'un rallye parti de Monaco et dont les prix étaient remis en grande pompe lors d'une soirée de gala, dans les salons de la Fondation Cini. C'était la maison Vuitton qui était l'instigateur). Voir des voitures à Venise qui a su lutter depuis toujours contre ce qui enlaidit les autres villes du monde, à de quoi faire hurler. Exactement comme la vitrine Ferrari qui faisait tâche (rouge) sur la Piazza ! heureusement, Buonaparte n'a pas eu le temps de mettre ses menaces à exécution, et le petit Attila corse est parti vers Sainte-Hélène avant que de transformer le grand canal en boulevard carrossable !

Crédits photographiques © OliaiKlod

29 avril 2012

La pluie, encore et toujours...



Bordeaux et une partie du pays sont noyés sous des trombes d'eau. Pendant ce temps, Venise ce temps voit la température monter et le ciel se dégager... Ce printemps est bien surprenant

5 commentaires:

anita a dit…
Ouf !!!!!!
En effet mon séjour à Venise ( 09/19/04 ) fut "mouillé" mais réjouissant quand même ! bon dimanche!
anita

VenetiaMicio a dit…
Les jeunes ont l'air heureux quand même !
Espérons que le soleil sera au rendez-vous en mai, la dernière fois que je m'y suis trouvée à cette période là, le temps avait été mitigé.
Je croise les doigts !
Bon dimanche
Danielle


Anne a dit…
En Limousin il pleut aussi. Heureusement, le jaune de la barque vénitienne et les rires des jeunes gens sous leurs parapluies ensoleilleront cette journée, que je vous souhaite joyeuse, Lorenzo.
Anne

Géraldine a dit…
...je suis restée plusieurs jours sans venir vous lire et j'apprends aujourd'hui la fin de ce blog - et sa résurrection! OUF! Je ne commente jamais (peut-être une fois ou deux, depuis deux ou trois ans que je vous lis...) mais je vous lis assidûment et avec bonheur... Surtout, continuez, et merci pour tout!
Bonne journée (à Lyon, le ciel est bleu, le soleil brille...pour le moment!)
G

Anonyme a dit…
Sur le site de blogspot
ici>>>http://www.blogger.com/template-editor.g?blogID=4010125631613458355
Il serait préférable de choisir le mode simple et aussi ajuster l'écran. Moi je ne vois rien dans la zone supérieure noire.
Fredéric

Plus de peur que de mal !

Que mes lecteurs me pardonnent. J'ai cédé bien vite à la panique et au découragement. Vos messages ont dû agir comme une prière puisque - avec le conseil d'autres blogueurs - je suis aprvenu à retrouver ce qui semblait engouti à tout jamais dans les méandres de la galaxie informatique. 
Il m'a fallu bien sûr, sacrifier sur l'autel de la modernité et de l'innovation effrénée l'ancien modèle du blog qui rendait de bons et loyaux services depuis le printemps 2005, et le résultat ne me convient pas encore tout à fait, mais l'essentiel est de n'avoir rien perdu des données figurant sur la colonne extérieure que vous aviez l'habitude de consulter. Ce sera l'occasion dans les prochaines semaines d'améliorer ce site et, pourquoi pas, d'innover aussi. Question de se mettre au goût du jour. Je ne voulais pas désorienter les fidèles de Tramezzinimag. Oublions l'incident. Pour fêter la bonne nouvelle, nous nous sommes régalés d'un risi bisi somptueux arrosé d'un Bardolino hors pair. Hauts les coeurs, reprenons notre route... Evviva Venezia !
P.S. : furieux de cette mésaventure, je songe sérieusement à faire migrer Tramezzinimag vers WordPress, plus dynamique et plus fiable ! Qu'en pensez-vous ?

9 commentaires:

bb84 a dit…
ouf, me voilà rassurée, je n'arrivais même pas à laisser un commentaire!
Robert M a dit…
Il suffit de ne pas trembler devant l' hydre informatique Bravo pour la nouvelle présentation , une petite réticence pour les bandes noires, Venise est trop vivante pour y avoir droit ! Avis très personnel et même si elles perdurent je serai fidèle.
VenetiaMicio a dit…
Voilà une bonne chose ! Comme je vous l'avez dit hier, il suffit de prendre un peu de temps, après les jours qui suivent sont là pour améliorer le nouveau look afin de revenir à celui qu'on aimait précédemment. J'ai joué avec les fonds, avec les encadrements, les écritures etc...
Dommage ce film foncé sur votre bannière, on ne peut plus lire votre texte et il semble apparaître une image magnifique derrière ?
Mais c'est juste mon appréciation personnelle.
A très bientôt
Danielle

Anne a dit…
Je suis ravie de vous retrouver, Lorenzo, et je vous félicite pour le nouveau fond de votre blog. Mais l'essentiel, ce sont vos articles, que j'ai toujours du plaisir à lire, même si je ne laisse pas de commentaire. Passez un bon weekend!
Anne
Maïté a dit…
Tout est bien qui finit bien !
Bon dimanche Lorenzo, a presto !
J@M a dit…
Je n'ai pas eu le temps de m'en inquiéter et je découvre aujourd'hui cette nouvelle présentation qui m'a surpris, je dois le dire, avant d'en lire l'explication.
Je suis sûr qu'un peu de peaufinage la rendra aussi bien (et même mieux) que la précédente. Et puis, en effet, l'important n'est il pas ce qui est dans la boite ?...
Nathalie a dit…
Ouf! J'ai eu un moment d'angoisse hier soir en rentrant de vacances: je tombais sur de petits encadrés dans tous les sens à la place de votre cher blog. Cette présentation est un peu moins plaisante mais vous allez nous l'arranger. L'essentiel est que rien ne soit perdu ! Quant aux vacances, j'y ai souvent pensé à Venise et à ce qu'elle pourrait devenir; j'étais à Dubrovnik, un petit bijou qui s'est totalement vidé de ses habitants et où l'essentiel des logements est voué au tourisme. Trois malheureuses épiceries pour y faire des courses de base et des boutiques de souvenirs en veux-tu en voilà. Puissent les vénitiens réagir à temps avant d'en arriver là...

Lorenzo a dit…
Merci à tous, j'ai pris note de vos avis et je vais continuer à peaufiner ce nouveau Tramezzinimag ! Votre soutien et votre fidélité me sont une grande joie !
oliaiklod a dit…
Bravo GRANDE Lorenzo !
WordPress a ses avantages, mais aussi ses contraintes...

27 avril 2012

Fin (contrainte et forcée)

Devant l'inanité et l'imbécilité (pour rester poli) des responsables de blogger qui décident sans nous demander notre avis des modifications qu'ils imposent à la présentation de nos blogs et devant l'impossibilité à l'heure où j'écris ce billet de trouver comment reprendre l'ancienne présentation peaufinée depuis sept ans, j'ai le regret de vous annoncer que je cesse, à regret, jusqu'à nouvel ordre toute parution sur Tramezzinimag. Tous les éléments qui composaient les colonnes permanentes de votre magazine en ligne ont été supprimées sans que je fasse une seule fausse manœuvre et personne chez Blogger n'a encore daigné prendre la peine de répondre à mon appel au secours. Fatigué de cette course permanente au toujours plus et à l'innovation permanente, je préfère arrêter tant qu'on ne m'aura pas redonné mon ancien Tramezzinimag ! Cette grève durera et merci d'avance pour votre soutien à tous. Et si Tramezzinimag ne pouvait pas reprendre comme il était et ne devait pas revenir, un grand merci à mes nombreux lecteurs pour leur fidélité.

12 commentaires:



Jean-Claude a dit…
Quand vous êtes dans le mode "Conception", il y a une roue dentée complètement à droite avec une option "Ancienne interface Blogger". Mais probablement l'avez-vous essayé. Sinon, a bientôt de vous relire comme nous l'espérons tous. 
JCC
anita a dit…
...pendant quelques années vous avez été le seul blog sur Venise que je me hâtais de consulter avant de me lancer dans ma "vraie" vie ... merci pour ces moments-là et à très bientôt ! ...forcément ! Anita
Veneziamia a dit…
Bonjour Lorenzo, j'espère vivement que nous pourrons à nouveau vous lire. C'est avec un grand intérêt que j'ouvrais chaque jour votre page car vous êtes une mine précieuse pour tous ceux qui aiment Venise, et nous sommes nombreux. On peut sans doute vous joindre par courriel, heureusement. 
A presto... 
Françoise
Agnès a dit…
Vous ne pouvez pas nous abandonner ! Essayez ce que dis Jean-Claude. Au plaisir de vous revoir bien vite Agnès

Anne a dit…
Gardez courage, Lorenzo! Parfois Internet bloque sans raison apparente, mais tout revient à la normale au bout de quelques jours. Je suis certaine qu'avec un peu de patience vous retrouverez le plaisir de publier et nous, celui de vous lire. A presto! Anne
VenetiaMicio a dit…
Cher Lorenzo, je me suis trouvée devant le même problème que vous-même, il y a quelques jours maintenant. Malencontreusement me trouvant devant le fait accompli, j'ai appuyé sur la touche dynamique et la page présentée n'était plus du tout dans le ton que je lui avais donné, des photos occupant toutes la page. N'ayant pas trop de temps, j'étais prête à m'arrêter également. Après réflexion, je ne suis pas une experte mais tenace, j'ai cherché à reconstituer un peu le VenetiaMicio que j'avais avant, je crois que j'ai récupéré l'ensemble, sauf le titre ... 
Ne vous découragez pas et ne nous privez surtout pas de Tramezzinimag qui fait partie de mon quotidien depuis très longtemps maintenant. 
A presto 
Bien à vous Danielle
Enitram a dit…
È triste per noi e per voi ! A bientôt !
Anonyme a dit…
Dans Googel http://www.google.fr/search?hl=fr&q=tramezzinimag&bav=on.2,or.r_gc.r_pw.r_qf.,cf.osb&biw=821&bih=448&wrapid=tlif133562242847010&um=1&ie=UTF-8&tbm=isch&source=og&sa=N&tab=wi&ei=NPubT8D6G8vS4QSJ9tGpDg#q=tramezzinimag&um=1&hl=fr&sa=N&tbm=isch&bav=on.2,or.r_gc.r_pw.r_qf.,cf.osb&fp=1&biw=1067&bih=522 Tout est conservé. Où est le problème ? Blogspot propose une alternative il suffit de la suivre. Maintenant je propose aussi d'exploiter les énormes ressources de Facebook : on peut poster des messages et des belles photos, mieux que dans blogspot. 
Réactivez votre facebook.
 Voilà la bonne solution. 
Fredéric.
Lorenzo a dit…
Merci pour vos encouragements et vos conseils. Le travail est assez lourd, mais je vais essayer de recréer tout ce qui a disparu. heureusement les messages sont toujours là ! Si par hasard un lecteur avait eu l'idée d'enregistrer le blog. j'avais bien une sauvegarde mais le disque sur lequel elle se trouvait a rendu l'âme ! Quand le sort s'en mêle !
oliaiklod a dit…
Quand j'ai lu ton annonce sur FB j'ai craint le pire ! Mais le contenu extraordinaire est toujours là... OUF ! Il ne faut pas croire, mais ailleurs ce n'est pas mieux. Notre ancien blog nous a redirigé d'autorité sur WordPress, c'était à prendre ou a tout perdre... finalement, nous n'avons pas perdu au change, mais là aussi, ils ont la fâcheuse manie de changer des choses "pour améliorer", sauf que avant que tout fonctionne bien, les "améliorations" prennent bien la tête. Nous restons persuadés que tu retrouvera tes marques après les changements et que nous retrouverons tes billets savoureux qui, parfois nous donnent idée d'aller voir tel ou tel endroit, parfois nous donnent envie d'écrire nous aussi, ou parfois au contraire... nous décident à mettre un lien vers ton blog (quand le travail est bien fait, à quoi bon le refaire ?)... Courage, ne désespères pas et à bientôt (pour nous) la joie de te lire à nouveau...
Anonyme a dit…
"Rien ne se perd, tout se transforme..." c'est comme re-découvrir Venise à chaque visite. C'est tout ce qui bouge qui fait avancer, donc... avançons encore ensemble, per favore, Lorenzo ! 
Veneziamente 
Gabriella
Lorenzo a dit…
Voilà, c'est reparti ! Merci à tous et désolé pour la perte de sang-froid ! Bon dimanche à tous !

25 avril 2012

COUPS DE CŒUR (HORS SERIE 28) : "Autant la mer" de François Matton

Découvert par hasard ce très bel album-livre comme je les aime, où l'histoire mêle les mots et le dessin. Un trait acéré et plein de poésie, sans fioritures ni concessions. c'est moderne et très classique en même temps. L'histoire est belle et parlera certainement à beaucoup. Une parenté indirecte avec Venise qui parlera aux lecteurs de TraMeZziniMag. Voici ce que l'auteur a écrit sur cet opus dans son blog :
"Vouloir partir vivre sur l'eau est un rêve d'enfant qui ne s'encombre pas du réel. C'était le rêve de mon frère Benoît, tel que je le raconte dans Autant la mer. Partir vivre sur l'eau, loin de l'agitation des villes, loin des habitudes bourgeoises, loin de ce qui se répète sans qu'on le remette en question, loin des moules dans lesquels, après quelques fanfaronnades, on se coule si vite (c'est tellement pratique), loin des responsabilités compliquées, loin des enjeux d'argent, loin de la nécessité de se battre pour travailler, loin de la nécessité de jouer des coudes pour être, sinon le premier, celui qui sait passer sans scrupules au-dessus des autres (tous les coups bas sont bons), loin des stratégies honteuses nécessaires pour se faire passer pour celui sur qui compter, loin de tout les arrangements véreux - sans parler de la vie de couple, de la sexualité arrangée, cadrée, fichée, tristement réglée. Partir loin de tout ça qu'il est répugnant d'endosser à son tour : le monde bavard des hommes qui produisent, réclament, vendent, mentent, se réjouissent de réussir un coup, se désolent outre mesure d'en avoir raté un autre. Cette misère que mon frère, encore très jeune, n'avait pas connue directement mais qu'il devinait facilement par l'observation des autres (The Others), il voulait la fuir au plus vite, et je le comprends." 
 Autant la mer 
François Matton 
Éditions P.O.L. - 2009 
128 pages, 17 €

Evviva San Marco !

 
C'est aujourd'hui le 25 avril, journée sacrée entre toutes pour les vénitiens : la fête de Saint-Marc. Symbole de la Sérénissime République, resté très cher au cœur des habitants, cette solennité se traduisait avant 1797 par une grande procession dont le doge prenait la tête et qui rassemblait toute la population, du plus humble au plus noble.
.
C'est aussi le jour où les hommes offrent à leur belle, leur fille, leur mère, un bouton de rose rouge, le bòcolo. Tramezzinimag a publié à plusieurs reprises la légende qui entoure cette sympathique tradition. Les opinions divergent sur l'origine de cette coutume, toutes sont poétiques et romancées. Le 25 avril correspond aussi, hasard de l'histoire, à la fête nationale de l'Italie qui fête en ce jour sa libération du joug fasciste en 1945.

Buona Festa di San Marco a tutti ! 

 

Chronique nocturne d'un 25 avril à Venise

Ce matin, sous le premier véritable soleil de printemps, alors que défilaient sur la Piazza, les mêmes drapeaux partisans que soixante-sept ans plus tôt, comme partout ailleurs dans nos belles villes, avec une charge d'espoir sans égal dans toute l'histoire de l'Italie, me sont revenus à l'esprit ces beaux vers de Rimbaud, écrits juste après la Commune, qui plus que jamais dans la période d'incertitude dans laquelle nous vivons, résonnent dans la tête de tous ceux qui défilaient, joyeux mais préoccupés. N'expriment-ils pas, outre le plaisir et l'enthousiasme d'être là, l'espoir que bientôt enfin « nous entrerons aux splendides viles » pour renouveler le Pacte des beaux espoirs des jours de la Libération. Contrairement à l'époque, notre patience est moins ardente ; beaucoup fatiguent à résister à tout ce qui éloigne notre société des acquis de la Résistance. Rester fidèle, ici en Italie comme en France et ailleurs en Europe, aux idées généreuses de liberté et d'égalité, de paix et d'entraide. L'esprit dont nous sommes tous si fiers du 25 avril. Une résistance non moins décisive que celle qui a ouvert les portes de la dignité, de la liberté et de la démocratie il y a soixante-sept ans ! 
 

24 avril 2012

Des salopards

"Bastardi, deliquenti, barbari !" criait une vieille dame devant le spectacle. Aucune traduction ne semble nécessaire pour qualifier les auteurs, de plus en plus nombreux qui ne trouvent rien d'autre à offrir au monde que la laideur de leurs déprédations qu'ils considèrent comme de l'art. Un exemple du niveau où notre civilisation est tombée. Bien bien bas. 

Il y a les hordes de touristes qui envahissent la ville, les Grandi Navi qui encombrent de plus en plus les eaux de la lagune et font courir à la ville le risque d'une catastrophe sans précédent, l'érosion produite par les émanations chimiques et les remous provoqués par les hors-bords circulant à grande vitesse ; il y avait les pigeons, grands pollueurs et destructeurs de monuments qu'on a réussi à circonvenir. Hélas, il y a aussi, encore, toujours et de plus en plus, ces débiles qui doivent penser que la Sérénissime n'est pas assez belle et ont entrepris depuis quelques années de transformer les murs de la ville en lieux d'exposition en plein-air pour montrer au monde ce qu'ils pensent certainement être de talentueux chefs-d’œuvre. 


Mis à part quelques pochoirs ou collages vraiment réussis, qui se fondent avec grâce et humour dans le paysage et sont réellement du street-art et ne sont donc qu’œuvres éphémères, les ignobles graffitis, les tags qui surgissent comme des champignons vénéneux sont d'ignobles dégradations,d'immondes saloperies qui dégradent Venise. Ailleurs dans le monde ils apparaissent dans les ruines de certains quartiers, dans les friches industrielles, les quartiers en cours de démolition, les hangars éloignés, le long des voies ferrées. A Venise, il y en a partout. Celui sur la photo d'Alberto Alberti que nous publions est d'autant plus insupportable qu'il vient d'apparaître sur la façade toute neuve de l'église San Simeone Piccolo,en face de la gare. Cachée aux regards pendant de nombreuses années pour être restaurée. restauration qui a coûté fort cher et a été très longue, rendant à ce magnifique monument sa splendeur d'origine. Jusqu'à ce matin où un petit imbécile, un barbare, ignare et prétentieux (il s'agit d'une signature) surgisse pour marquer son territoire comme le font les chiens avec leur urine. 

Comme l'a proposé un ami gondolier - certes un peu extrémiste dans ses propos, mais l'amour ne connait pas la raison après tout - "attrapons-les et après les avoir badigeonné avec leurs bombes de peinture, faisons-leur bouffer ces bombes !"... Propos violents et grossiers, mais l'idée est réjouissante et puis aux grands mots les grands remèdes (second degré). Un des commentaires sur Facebook rappelait qu'on a mis Ezra Pound en prison pour ce qu'il avait écrit pendant la guerre et que ces jeunes délinquants poursuivent leur travail de destruction et d'enlaidissement en toute impunité. "Il y a quelque chose qui cloche dans ce monde, quand parmi les jeunes se répandent des iconoclastes psychotiques qui traquent et démultiplient la laideur et l'horreur. Je veux bien croire que notre société est responsable de leur désespoir, mais ce n'est ni vous ni moi qui armons ces soldats du diable de peinture et d'irrespect. Pas de pitié pour les salopards. Prison ferme et travaux d'intérêt général". La colère du commentateur produit des propos outrés mais, ma foi, leur permettre de prouver leur bonne foi et après quelques mois au service des autres, les obliger à suivre des cours d'art plastique et d'histoire de l'art vénitien... *

************************
12 commentaires postés à la suite de ce billet complétaient ces propos et signifiaient l'agacement et la colère des lecteurs devant ces horribles tags et graffitis qui dénaturent Venise comme ils le font pour la plupart des espaces urbains du monde depuis quelques années. Le robot Google en faisant se volatiliser le premier TraMeZziniMag en juillet 2016 n'a pas permis qu'ils soient conservés.