24 janvier 2012

Venise ne veut plus des navires géants


Le récent naufrage du Costa Concordia à deux cent mètres des côtes italiennes donne un éclairage nouveau à la polémique concernant l'invasion des maxinavi comme disent les vénitiens qui débarquent chaque jour des milliers de touristes et représentent un danger certain pour les eaux lagunaires déjà bien malades, mais aussi pour l'air qu'on y respire et pour la tranquillité de ses habitants.
Savez-vous qu'un seul de ces bateaux (mais qu'ont-ils donc d'un bateau ces mastodontes ?) rejette avec ses fumées noires et nauséabondes, autant de CO² que 12.000 moteurs de voiture ? Savez-vous qu'un jour d'été 2011, ces navires ont déversé 35.000 personnes en une journée sur la ville, soit l'équivalent de la moitié de la population résidente. Si on ajoute à cette masse, les touristes pendulaires, qui arrivent par train ou par bus des environs et ne restent que la journée, les touristes logés dans les hôtels et pensions du centre historique, on atteint le chiffre de 100.000 personnes, voire plus certains jours... Davantage que l'ensemble des vénitiens résidents !

Et lorsque, par un hasard malheureux, le personnel de l'ACTV décide de faire grève, cela donne une foule agglutinée dans les rues qui ne peut ni avancer ni reculer. C'est ainsi qu'aux heures de pointe, l'affluence est telle que des rues sont bouchées de la même manière que les rocades aux abords des villes à certaines heures... Même sans grève des transports, 90.000 personnes passent en moyenne chaque jour entre San Marco et San Zaccaria, 15.000 entre la Strada Nova et le Rialto, autant entre San polo et le Rialto... Pendant ce temps, les vénitiens ont du mal à se rendre à leur travail, les enfants à l'école, les ménagères au marché...

Dans les quartiers ultra fréquentés par cette masse de touristes, il est devenu impossible de se loger, on ne trouve plus un seul commerce de proximité et les rares résidents qui ont pu rester ont l'impression d'être devenus comme des indiens dans une réserve.
Beaucoup d'entre nous, tout à leur amour pour la Sérénissime, son charme, ses trésors, son atmosphère, refusent de voir ce cancer qui se propage et détruit inexorablement toute vie véritable, mais pourtant le mal est là, omniprésent et s'accroit.

Pour ce qui est des grands navires, le naufrage du Concordia a été utile. Le maire dénonce depuis longtemps les dangers des grands navires pour Venise, de nombreuses associations ont vu le jour et sont très actives. jusqu'à un ministre qui vient de déclarer la guerre aux navires géants et veut les interdire dans les endroits fragiles. Venise et sa lagune sont un endroit fragile.

En parallèle à ce phénomène absurde, d'autres problèmes pointent à l'horizon. Le nouveau plan d'occupation des sols qui permettrait la création d'une ville nouvelle sur la terre ferme avec des buildings à l'américaine, une ligne de train à grande vitesse dont le tracé devrait exproprier bon nombre de paysans, et la scandaleuse Sublagunare, métro souterrain qui relierait Venise et Murano à la Terre ferme. Sont à l'étude aussi de nouveaux aménagements qui permettraient de délester les sites les plus visités qui arrivent maintenant à saturation. Ce qui voudrait dire autant de monde sur ces sites et de plus en plus dans des endroits encore aujourd'hui protégés parce que peu connus des touristes et donc protégés...



Bref, cancer, gangrène... Les temps modernes, le consumérisme et l'appât du gain, sont en train de tuer Venise et personne à ce jour ne possède de solution sure et efficace. Un ticket d'entrée ? C'est assurer la transformation de la ville en Veniceland, parc d'attraction pour gogos du monde entier. Quotas ? C'est assez injuste et comment les mettre en place ? Par pays d'origine ? Par âge, niveau social, montant des revenus, niveau d'étude ?

Personnellement, je pencherai pour la création à quelques kilomètres d'une copie de la cité des doges, avec des restaurants, des cafés, des gondoles et des musées où les gens pourraient se divertir, découvrir les monuments et l'histoire de la Sérénissime, tout en mangeant des glaces, en se dorant au soleil, voire en se baignant. Les vénitiens reprendraient leur ville et les palais, les églises, les musées seraient ouverts aux touristes dans des limites précises par jour et par lieux. Ce n'est pas la panacée, mais cela permettrait de sauver ce qui peut l'être. Venise, patrimoine universel, pourrait déployer ce qu'elle est déjà, un laboratoire de recherches et d'innovations. Des chercheurs du monde entier pourraient venir y travailler. on y installerait des centres de formation aux métiers d'art, à la restauration, à la communication, la gestion urbaine. elle deviendrait un centre culturel de haut niveau où culture classique, histoire et technologies de demain se côtoieraient pour mieux faire avancer l'humanité. Il n'est pas interdit de rêver. Sans être pessimiste, on ne prend hélas pas ce chemin...






9 commentaires:


Evelyne a dit…
Merci beaucoup mon livre est bien arrivé.
Anonyme a dit…
En somme construire une Venise-Grotte de Lascaux, je dois dire que l'idée est originale :-))) Oui Lorenzo vous cauchemardez, il faut vous réveiller, Venise est loin d'espérer un avenir radieux... Je comprends votre souffrance et je la partage, mais sans être pessimiste, Venise est à vendre... Cordialement.

Lorenzo a dit…
Mais qui parle de souffrance ? Je ne fais que constater. Quant à une Venise artificielle reproduisant les principaux lieux visités, il y a longtemps que l'on y a pensé. Cela parait absurde mais à Lascaux, cela a permis de sauver l'original... Pas plus que pour le reste de notre monde - et de notre civilisation - on ne peut s'attendre à un avenir radieux du moins si on ne fait rien et si on arrête de secouer les consciences. "Venise, autrefois peuple de marchands, aujourd'hui peuple de boutiquiers" ce n'est pas de moi, mais de Barrès... Bien sur que Venise est à vendre. Comme tout d'ailleurs. Mais que faut-il faire ? Se taire et regarder notre univers sombrer ? Je préfère donner à voir la réalité, expliquer ce qui se passe, donner mon avis aussi parfois. Sinon à quoi servirait ce blog ? Une dernière chose : soyez gentil, même en gardant votre incognito, choisissez un pseudonyme ou un prénom lambda, mais ne restez pas "anonyme", c'est agaçant (attention, je ne veux pas dire que vous êtes agaçant(e)!)de ne pas savoir à qui s'adresser ! Je ne vais tout de même pas vous appeler du nom de votre adresse IP ! De plus plusieurs personnes laissent des commentaires avec la même signature... Je sais que les "Anonymous" sont à la mode, mais c'est dans un autre registre ce me semble... Il n'y a qu'une toute petite manipulation à faire pour s'inscrire. Merci d'avance

Lorenzo a dit…
Merci Evelyne pour avoir pris la peine de cette confirmation. Logiquement tous les souscripteurs doivent l'avoir reçu à ce jour. Un record dans les délais, digne des postes italiennes des années 80 (1680 he veux dire bien entendu !)

FRANCOIS a dit…
L'UNESCO veut que le gouvernement italien interdise la circulation de ces mastotondes à Venise et dans ses abords !!! Espérons que l'UNESCO soit persuassif !!! et que l'interdiction soit très rapide!!!

Lorenzo a dit…
Le maire a pris position contre aussi. Il ne s'agit pas d'interdire à ces bateaux d'inscrire Venise dans leurs escales mais de ne plus passer par le bassin de San Marco et le canal de la Giudecca. Une escale plus éloignée limiterait forcément le nombre de passagers débarqués chaque jour, ce qui serait une bonne chose.

Anonyme a dit…
Oui, mais si ceux qui viennent visiter Venise (98 % ?) prennent les vaporetti, est-ce que ce sera vraiment un progrès ? Soazig
Anonyme a dit…
il faudrait penser à fermer l'aéroport Marco Polo, et aussi dynamiter le pont de la liberté comme ceci plus ou très peu de touristes et donc adieu tout le monde, à tous les commerçants de Venise et autres car tout le monde à Venise ( quasi 100% ) vivent du tourisme.Plus de travail donc ce n'est plus 59000 résidents mais une poignée peut-être.... Les gains, l'argent, les taxes, les impôts obtenus font vivre et entretiennent Venise Le pire est d'entendre les gens qui vivent du tourisme se plaindre de ces derniers, pitoyable...
Cannaregio24 a dit…
Une pétition est en ligne pour la sauvegarde de Venise, des Vénitiens et de sa lagune. Elle a pour but de restreindre la circulation des bâteaux de croisière de fort tonnage dans la lagune; ce qui nuit à ce fragile équilibre, et de protéger ses habitants de la pollution : Pétition Populaire - Hors de la lagune les navires incompatibles - Petizioni Online - Raccolta Firme Afin de protéger la Sérénissime, n'hésitez pas à la signer. N'oublions pas que Venise est appartient au patrimoine mondial de l'UNESCO. Nous avons tous notre mot à dire...!  
08 mai, 2012

20 janvier 2012

Les nouveaux vénitiens : un moyen de sauver Venise ?

Les vrais vénitiens, ceux qui sont nés de père en fils dans Venise, vivant et habitant le plus souvent dans les lieux mêmes où les pères de leurs pères sont venus au monde, ceux-là hélas se font de plus en plus rares. Triste constat dont Tramezzinimag s'est souvent fait l'écho. Mais, face à cette hémorragie - dont nous ignorons tous si elle pourra être enrayée et par quels moyens - apparait un phénomène qu'il faut peut-être finalement considérer sérieusement et d'un oeil bienveillant : l'arrivée et l'installation de "nouveaux vénitiens", des vénitiens de coeur autant que les fils légitimes de la Sérénissime. C'est pour eux que Tramezzinimag existe et ils en sont le plus souvent de fidèles lecteurs, voire pour certains, de précieux contributeurs.
 
Au fil de leurs séjours, par leur aptitude à pénétrer l'âme de la ville, par leur sensibilité qu'exacerbe sa lumière et ses parfums, ses silences et ses bruits, ils se font peu à peu, autant vénitiens que ceux qui les ont précédés. Ils vivent non plus en touristes à l'extérieur de la vie vénitienne, mais s'y impliquent. Ces nouveaux arrivants se fondent dans l'atmosphère particulière de cette vie, dans ces lieux uniques que le voyageur pressé qui s'y rend au milieu de la masse de ses semblables ne peut absolument pas pénétrer en vérité. Que le lecteur ne voit pas dans ces lignes un quelconque jugement de valeur, une énième diatribe anti-touristes ! Mais n'est-ce pas notre lot à tous lorsque nous nous nous retrouvons au milieu d'un monde dont on sent bien qu'il palpite ardemment. Même avec la meilleure volonté du monde, ce qu'il nous laisse entrevoir n'est qu'un aspect superficiel et outré de sa réalité. Pressés, orientés, dirigés par les impératifs économiques et le temps mesuré, nous ne faisons que frôler un univers dont nous avons instinctivement le sentiment qu'il est bien plus riche que ce qu'on nous donne à voir... C'est le lot des vingts millions de visiteurs qui passent chaque année entre la Piazzale Roma et San Marco.
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Dans cette foule, chaque jour quelques âmes sensibles, ou disponibles, se laissent prendre toutes entières par Venise et ne peuvent plus concevoir d'exister en dehors d'elle. Il y en a de toutes catégories, des poètes ou des scientifiques, des gens simples comme des savants. Nul besoin d'être milliardaire pour y trouver un point de chute. Posséder un bon petit pécule facilite les choses, mais n'est pas la condition sine qua non. Il est vrai que parmi les vénitiens d'adoption, il y a beaucoup d'acteurs, de musiciens célèbres, d'écrivains ou de capitaines d'industrie. C'est vrai aussi qu'il est moins facile d'y installer son activité professionnelle ou d'y vivre sa retraite d'instituteur ou de bibliothécaire. Mais on peut penser que l'évolution des mœurs, l'aptitude à travailler chez soi, les nouvelles normes permettant à chacun de pratiquer son métier n'importe où dans l'espace européen. Il n'est pas réservé aux milliardaires de s'installer à Venise, que ce soit toute l'année ou quelques semaines, voire quelques mois par an. Les loyers sont au diapason de ce qui se pratique à Paris, à Madrid ou à Londres. Acheter est déjà plus compliqué, mais avec de la patience et de l'entregent, tout est possible. C'est bien plus difficile qu'il y a dix, quinze ou trente ans mais je suis convaincu que cela peut changer, sauf catastrophe générale.

Des néo-vénitiens donc qui ne se contentent plus de débarquer du train de nuit à Santa Lucia, d'utiliser un taxi pour amener leurs bagages signés des meilleurs maroquiniers parisiens dans les hôtels chics, à la Giudecca, sur le Grand Canal ou aux Chiavoni, passant du bar de l'hôtel aux salles bondées du Florian, du Quadri ou de Lavena. depuis quelques années, ils louent des appartements et, dès leur arrivée, vont au Rialto faire leur marché. Ils se retrouvent sur un campo pour leur premier cappuccino dans les bars où ils ont leurs habitudes et parfois un compte. Ils papotent avec leurs voisins et déambulent dans leur quartier, hors des circuits touristiques. Parfois même, à leur tour, ils vont chercher à la gare ou à l'aéroport des amis qui viennent à Venise pour la fois. Ils cuisinent des plats vénitiens, boivent du spritz ou du prosecco en grignotant des cichetti. Bref, ils vivent en "bons vénitiens" comme le recommandait expressément Henri de Régnier.

Certains lecteurs objecteront que ces Happy few ne sont pas des chômeurs longue durée ni des titulaires du RSA. Certes. Mais là n'est pas notre discours. Ce qui m'importe ici, c'est de souligner, au regard des commentaires et débats suscités par la réduction dramatique de la population autochtone de Venise, que l'arrivée de ces amoureux de Venise peut s'avérer une des solutions au problème de sa sauvegarde. Par ce mot, il faut entendre non seulement la restauration et la protection des trésors architecturaux et artistiques que contient le centre historique, mais aussi la défense d'une vraie vie quotidienne en dehors du tourisme industriel qui ne peut pas être jugulé et qui, ayant d'une certaine manière son utilité, doit être organisé, réglementé pour la satisfaction de tous.

Et puis, ce ne sont pas tous des privilégiés arrogants aux moyens illimités. Le plus souvent, à ma connaissance, ce sont des gens qui arrivés à un moment de leur vie professionnelle et personnelle où on peut se permettre de souffler, où les enfants sont partis vivre leur propre vie, où un capital s'avère disponible. Certains achètent une villa au Pays basque, sur le bassin d'Arcachon, dans le midi, en Bretagne ou ailleurs. Eux, les amoureux de Venise, investissent sur la lagune. Une nuit de train, quelques heures de voiture ou deux heurs d'avion et on retrouve ce qui peut être vite considéré comme un paradis. D'autres sont à la retraite et viennent depuis toujours, plusieurs fois l'année, dans la même pensione ou le même Bed & Breakfast. Ce sont souvent des femmes, mais pas seulement. Artistes dans l'âme, elles s'adonnent à la peinture ou à l'écriture et Venise à chaque fois les regonfle d'énergie. Les plus chanceux de ces Fous de Venise disposent d'un petit appartement, souvent un piano terra realzato pour éviter les inconvénients de l'acqua alta. 35 ou 45 m² à Castello, à Cannaregio ou à la Giudecca, cela leur parle mieux qu'un studio aux Arcs ou un mobilhome près du lac de Biscarosse et on les comprend. D'autres enfin ont pu installer leur activité professionnelle à Venise. Il y a des commerçants (la plupart sont à Venise depuis plusieurs dizaines d'années), des agents immobiliers, des guides, des galeristes, mais aussi des enseignants, qui viennent s'ajouter aux écrivains, aux peintres, aux musiciens... La qualité de la vie sur la lagune, ce rythme paisible imposé par l'eau qui nous entoure, le charme indubitable des lieux, mais aussi la sécurité qui y règne, vont attirer des gens plus jeunes dont le métier pour s'exercer n'a besoin que du téléphone et de l'informatique. Déjà certains vénitiens d'adoption continuent leur activité professionnelle française depuis leur appartement à Venise. N'est-ce pas un exemple à suivre quand cela est possible ? L'Europe ne permet-elle pas ce choix ?

Faisons alors un rêve. Gageons que peu à peu de plus en plus d'amoureux véritables de Venise franchissent le pas (et le pont de la Liberté) pour s'installer dans le centre historique et y déployer leur savoir faire, développant ou reprenant des activités qui leur permettront de vivre et maintiendront en vie la ville. Pourquoi pas un cordonnier, un tailleur, un ébéniste ou un luthier ? Pourquoi pas non plus des dentistes, des architectes (il y en a) et d'autres traducteurs, chercheurs, ingénieurs, enseignants ?

Mais pour que ces néo-vénitiens ne soient pas considérés comme une colonie avec tout ce que cela comporte de connotations négatives, ils devront s'intégrer. Et pour se faire accepter, il faut s'adapter aux usages et aux traditions. Les anglais ont un proverbe qui est valable partout et que j'ai enseigné très tôt à mes enfants et que je dis à tous ceux qui viennent avec moi visiter Venise : "When in Rome, do as the romans do" (Quand vous êtes à Rome faites comme font les romains"). C'est le B.A.BA du bon touriste, mais cela doit être aussi la règle de base de tous ceux qui veulent s'installer dans une communauté qui n'est pas celle où ils ont grandi. Cela procède du respect mais aussi de la nécessité. Sauf à vouloir rester reclus, on ne peut vivre nulle part sans se mêler aux autres et à Venise, qui reste une île, il nous faut nous adapter au mode de vie des vénitiens. C'est aussi le moyen de les aider à défendre et perpétuer leurs usages et leurs traditions. Cela ne veut pas dire que celui qui s'installera à Venise doit abandonner ce qu'il est et oublier ses usages et ses traditions à lui. Au contraire : N'est-ce pas un enrichissement mutuel incroyable ?

Aux usages de base, comme la manière de se comporter dans les ruelles étroites ou aux comptoirs des bacari, comment faire sa passeggiata, se tenir dans la gondole du traghetto ou en vaporetto, s'ajoutent les usages plus typiques : vogare et parlare. Nous aborderons ces deux sujets dans les prochains billets de Tramezzinimag. En attendant, vos témoignages, vos idées ou vos simples commentaires sont les bienvenus, que vous soyez de ces nouveaux vénitiens ou pas.

19 janvier 2012

COUPS DE CŒUR (HORS SÉRIE 22) : Connaissez-vous Robert de Laroche ?

© Jean-Michel Labat - Éditions La Tour Verte
Normand et vénitien, Cet écrivain joyeusement prolixe écrit et vit une partie de l'année à Venise. Il écrit donc - entre autres - bien évidemment sur Venise et... sur les chats. Les lecteurs de Tramezzinimag savent combien nous y apprécions sa vision de la Sérénissime. Subjugué par la cité des doges quand il avait huit ans, comme je le fus à douze ans, il a redécouvert Venise en 1983, à l'âge adulte et a fait de la ville un lieu de méditation et de travail. Pour mieux le connaître, voici Passeport-Passion, un document sonore qui permet de saisir le pourquoi du comment de cet amour de Venise, que je partage avec les mêmes réserves et le même enthousiasme. Pour écouter le document, cliquer ICI.
Robert de Laroche a publié de nombreux ouvrages, dont certains consacrés à la Sérénissime et a créé il y a quelques années sa propre maison d'édition, La Tour Verte :
  • Chats de Venise, paru chez Casterman en 1991, avec de très belles photographies de Jean-Michel Labat.
  • Lagune vénitienne, paru en 1995, toujours avec le même photographe-complice.
  • Venise carnaval secret, édité à La Renaissance du Livre en 2002
  • Florian Venezia 1720. Superbe publication du Caffè Florian-Sacra Srl (2008).
  • Venise sauvée par ses chats, aux Éditions de la La Tour Verte.

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4 commentaires:

Anonyme a dit…
Oh que oui, je connais Robert ! C'est un ami de longue date : nous nous sommes rencontrés la première fois, sur le traghetto entre S.Sofia et la Pesceria. Amoureux de Venise et des chats, tout comme moi, cela ne pouvait que faire "tilt". Il écrit très bien et je vous conseille ses ouvrages.
Je rentre aujourd'hui de Venise où le froid et le brouillard ont pris possession de la ville : c'est magique !!!
Cordialement
Gabriella
Lorenzo a dit…
Quand je dis que Tramezzinimage et ses lecteurs sont à l'unisson. Pour ceux qui ne l'ont jamais encore lu, le document sonore qui illustre ce billet leur donnera à coup sûr l'envie de le lire !
VenetiaMicio a dit…
J'ai dans ma bibliothèque Venise sauvée par ses chats et bien sûr le Florian mais aussi Venise carnaval secret...
Je suis allée faire un tour sur les liens. J'ai découvert qu'il avait des chats noirs et blancs, trois de mes chats ont aussi la même "robe" !
Bien à vous
Danielle
Anonyme a dit…
moi aussi j'ai eu la chance de rencontrer Robert de Laroche, c'était à Arcachon dans les années 90 lors d'un salon du livre (pour la jeunesse je crois) nous avons parlé chats bien sur, je le revois sortir de son porte feuille la photo de son chat noir et blanc et je suis repartie avec un exemplaire dédicacé des "Chats de Venise" .
quel bon souvenir
Dominique
quel bon souvenir

16 janvier 2012

Venise (presque) in Memoriam...

Lorsque au XIVe siècle mes ancêtres partirent comme des centaines d'autres marchands, pour faire du négoce avec Constantinople et les pays du Levant, ils faisaient partie des 100.000 vénitiens qui peuplaient la Sérénissime. C'était alors une cité parmi les plus peuplées du monde civilisé.
Lorsque je me suis installé à Venise pour mes études en 1981, nous étions un peu plus de 93.000.

En 2008, les vénitiens inquiets commencèrent à suivre de très près la démographie locale. On installa des compteurs dans les vitrines de certains magasins. On constatait avec terreur qu'il n'y avait plus que 60.704 habitants recensés.


Jamais le niveau de population n'avait été aussi réduit à Venise, même pendant les grandes épidémies de peste qui tuèrent des milliers de gens.


En ce début de l'an de grâce 2012, il n'y a plus que 58.990 habitants... (*)

 
Par contre, on compte désormais plus de 22.000.000 de visiteurs par an.

 
Croissance inversement proportionnelle : plus il y a de touristes, moins il y a de vénitiens...

Venise devient ainsi peu à peu comme une réserve indienne et les vénitiens une espèce en voie de disparition !

Certes ces chiffres ne concernent que le centre historique et ni les étudiants ni les étrangers en séjour permanent ne sont comptabilisés. Le compteur lié à l'anagrafe, l'équivalent italien du registre d'Etat-Civil tenu par l'administration, se base uniquement sur les résidents officiels détenteurs d'un codice fiscale et d'un lieu de vie enregistré. Ils démontrent tout de même combien l'hémorragie devient chaque année plus conséquente et préoccupante.

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9 commentaires:


FRANCOIS a dit…
Que faire nous les amoureux de la VENISE authentique pour peser sur les décideurs politiques!?? Créer une vaste association mondiale des amoureux de Venise pour que Venise vive de sa vraie vie??!comment se mettre en lien avec les Vénitiens qui ont cet objectif?
Suzon a dit…
Nous qui évoquons souvent l'idée folle d'aller y vivre! Mais est-ce vraiment une idée folle?
FRANCOIS a dit…
Nous aussi nous envisageons d'aller à Venise au moins une année
Veneziamia a dit…
Les raisons de cette hémorragie ? J'aimerais qu'on m'explique, moi qui souhaiterais tant y vivre les 4 saisons...
Lorenzo a dit…
Les raisons ? Tout d'abord le système actuel qui transforme tout en pompe à fric et se moque des conséquences humaines et matérielles. L'appât du gain qui a transformé la lagune et peu à peu tue son écosystème. L'hyper-tourisme qui a poussé, par esprit de lucre de nombreux vénitiens à transformer leur logement en Bed and Breakfast ou en résidence touristique. Et comme il vaut mieux louer son bien à 1500 euros la semaine aux touristes plutôt qu'à 600 euros par mois aux résidents, ceux-ci sont obligés de quitter le centre historique. Puisqu'il est plus juteux de vendre des masques et de la verroterie (de plus en plus souvent importée d'Asie) que de la lessive ou des cahiers, les commerces de détail et de proximité ferment les après les autres. moins d'habitants cela entraîne la fermeture de classes, puis d'écoles entières. Plus qu'un service de maternité à Venise et de moins en moins d'hôpitaux... Une vie tellement chère que les plus démunis doivent quitter le centre historique... Ajoutez à cela plein de besoins nouveaux (artificiellement créés par la publicité) qu'il est difficile d'assouvir dans un lieu aussi figé que Venise. Ce qui pourrait expliquer la profusion de graffitis hideux sur chaque façade ou presque... Ce n'est qu'un explication prosaïque et incomplète. Bien d'autres raisons se greffent là-dessus. Mais l'essentiel est dit : notre monde ultra-libéral est le fossoyeur de la Sérénissime et nous portons tous notre part de responsabilité. Ainsi va le chemin des nations et le destin des peuples.
Veneziamia a dit…
Merci Lorenzo pour ce long inventaire à la Prévert, sauf que le vôtre est nettement moins poétique ! Venise manque vraiment d'une ferme volonté politique pour renverser la vapeur et comme vous le dites avec d'autre mots, trop de vénalité dans notre monde moderne finit par détruire les plus belles choses. Mais en réalité, Venise n'est que le reflet microscopique d'une réalité macroscopique. A longue échéance on pourrait presque entrevoir pour Venise le même destin que celui de son aïeule Torcello ! En attendant cette triste fin, restons optimistes et sur place soutenons les artisans, les commerces locaux et par les blogs, les livres, les témoignages, essayons de transmettre l'Histoire de cette ville magnifique...les petits ruisseaux font les grandes rivières...
FRANCOIS a dit…
Y a-t-il à VENISE une association qui se bat pour sauvegarder l'authenticité de Venise? Si oui comment s'y joindre en nombre ????
Veneziamia a dit…
François, excellente initiative ! Affaire à suivre....
Danielle a dit…
Hélas oui, je crains bien que rien ne puis sauver Venise du raz de marée touristique, donc de l'envol des prix immobiliers. c'est vrai, les vénitiens vendent leur logement à prix d'or... Mais on ne peut les blâmer... Qui serait assez fou pour ne pas être tenté de le faire... Les Vénitiens sont en voie de disparition, Lorenzo a raison... Rien ni personne ne peut se battre contre 22 millions de touristes par an... Dans cette petite ville. Il faut la vivre comme elle est... Encore ! Cordialement.