13 octobre 2006

Jean et Constance sur le campo San Maurizio


L'émotion qui m'étreint à chacune des rares fois lorsque je vois mes enfants jouer sur un campo ou courir le long d'une fondamenta. C'est un peu comme si le vieux rêve finalement s'était réalisé et qu'ils ne faisaient qu'un avec ma ville, et que leur vie avaient vraiment commencé là... (écrit en écoutant le très émouvant aria de Purcell, "When I am laid in earth").

© tramezzinimag, avril 2004 -Reproduction interdite.

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Campo Santo Stefano peint par Arbit Blatas


 Arbit Blatas - Musée de Boulogne 

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Telemann comme un souffle de joie sur le campo Santo Stefano

L'automne n'en finit pas de déployer ses fastueuses couleurs. aux brumes matinales succèdent de longues heures ensoleillées qui donnent envie de paresser en regardant passer les gens.
 
La lumière est belle à Venise en octobre aussi. Les femmes ne sont pas encore trop vêtues et laissent admirer leurs jambes bronzées, les enfants jouent sur les places et les touristes se font un peu moins nombreux. Une sonate de Telemann me parvient des hautes fenêtres du Conservatoire Benedetto Marcello.  



Le campo Santo Stefano est rempli du cri des gamins qui jouent. Les terrasses des cafés sont occupées par de jeunes parents qui ont fini leur journée de travail et boivent un verre en aérant leur progéniture, mais aussi de personnes âgées.  


Un violoniste chinois ou coréen sans âge joue du Vivaldi devant le portail de l'église. Les passerelles qui servent quand il y a l'acqua alta sont autant de présentoirs pour les africains qui vendent les faux Vuitton. Une journée comme les autres. Telemann me poursuit avec un mouvement lent où je distingue derrière la flûte, une viole, un alto, un violoncelle et bien sûr le clavecin. Un régal. Le vent est doux et le ciel très bleu. dans quelques heures, lorsque le ciel se fera plus sombre, les terrasses se videront, il fera plus frais.



Me reviennent ces lignes du Carnet vénitien de Liliana Magrini :

"C'est avec une sorte d'émerveillement que l'on retrouve, ces jours-ci, en Venise, une ville toute fraîche, comme retrempée par un souffle marin qui la rendrait à d'autres âges vigoureux. Il y a quelques semaines à peine, comme exténuée par l'été, elle s'affalait dans une lassitude cendrée. Mais déjà sous la danse de lumières dorées irisant ses lézardes, elle seùble rejaillir en logs traits blancs. Dans cette dure pierre d'Istrie qui forme la trame secrète et le plus tenace de la ville, celle-ci paraît choisir à chaque saison les lignes qui mieux lui permettent de se reconstruire - de se faire - dans une souple résistance aux mutations du ciel..."

Ce sera bientôt l'heure de la passeggiata puis chacun rentrera chez soi et sous un ciel d'encre, j'irai me promener au clair de lune. Je vais trouver ces concerti qui ne venaient pas en fait du conservatoire mais du disquaire de la calle en face. Tant de baroque dans une école de musique même à Venise avait de quoi surprendre en vérité... La Fondation Levi, de l'autre côté du campo reçoit beaucoup de spécialistes de la musique ancienne et de baroqueux célèbres. Cette musique paisible et joyeuse de Telemann est décidément une pure merveille, l'accompagnement parfait pour cette fin d'après-midi d'octobre sur le campo Santo Stefano... 



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12 octobre 2006

L’arrivée du buon gusto italien en France

Je ne sais pas si vous partagez mon goût pour le vrai café, parfumé, onctueux, fort sans jamais être âcre qu’on sert à Venise, dans n’importe quel petit troquet, comme partout ailleurs dans toutes l’Italie : recouvert d’une mousse de lait chaud si dense que le sucre met du temps à se répandre dans le breuvage. Le parfum délicieux qui se dégage de la tasse fumante répand ses effluves délicates jusqu’au cœur. Le macchiato, équivalent raffiné du "café noisette" des cafés français, fait peu à peu son entrée dans les bars de l’hexagone.
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Un ami qui revient de Quito me disait avoir eu la surprise d’en trouver partout aussi bons qu’à Venise ! La France est un peu en retard dans ce domaine et quand, le matin, désireux de retrouver l’atmosphère si agréable de mes matinées vénitiennes, je réclame au serveur un café avec du lait chaud mousseux, la plupart du temps je me vois répondre "c’est un petit crème que vous voulez". D’autres me disent, sur un ton péremptoire "mais si c’est un noisette c’est un expresso avec du lait froid" ou bien "c’est un grand crème pour le monsieur" ou encore "un cappucino"… Certains pour me plaire me servent avec la tasse un petit pot de lait chaud vaguement mousseux.. J’ai vite abandonné.
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Mais, depuis quelques temps, les fournisseurs de café, à l’instigation des grands comme Illy ou Segafredo, fournissent à leurs clientèle des bars et brasseries, des conseils qui permettent au consommateur de déguster – enfin – un vrai macchiato ou un vrai ristretto. Mais reprenons en détail l’index des variétés de café que les italiens savent servir quelque soit le type de machine en leur possession. Bien entendu, il faut au départ un bon café, torréfié comme il faut, pas trop grillé, bien frais. La machine doit être propre et l’eau – détail fondamental – la plus pure possible. 
.Le point de départ : l’expresso.La recette est simple. Il faut 25 à 30 cc d’eau répandue dans la tasse en 25/30 secondes. La dose pour une tasse est de 7 grammes de café. Pas un milligramme de plus ou de moins. Il doit être moulu afin de permettre l’écoulement d’1 cc par seconde, sinon il est amer ou fade. La température de la machine doit être réglée entre 88 et 92°. Sinon le café brûle et donne ce go^$ut désagréable que l’on trouve trop souvent dans les cafés français. La pression ne doit pas dépasser 9 bar. Voilà pour la recette de base, le café du puriste : l’espresso italiano vero. 
.Le caffé macchiato (littéralement le café "tâché") n’est rien d’autre qu’un expresso (1/3 de la tasse) servi avec de la mousse de lait chaud obtenue par le jet de vapeur de la machine. Ce n’est pas du lait qu’on fait mousser sur le dessus. Ce n’est pas un café crème non plus. C'est la boisson du milieu de la matinée, de l'après-midi quand on recherche quelque chose de plus doux que le simple expresso. 
.Le caffé ristretto est un expresso avec moins d’eau donc coulé en moins de temps. Le café semble plus dense, plus parfumé donc plus corsé. 
.Le cappucino (littéralement le "capucin") est un café expresso servi dans une grande tasse auquel on rajoute la même quantité de lait chaud et la même quantité de mousse de lait. On termine en recouvrant de cacao amer ou de cannelle. Une fois mélangé, le breuvage a la couleur de la robe de bure des capucins. C’est la boisson par excellence du petit déjeuner. C’est plus léger que le café au lait français qui lui est a peu près dans les proportions suivantes : ¼ café ¾ lait chaud. A ne pas confondre avec le café viennois (ou cappucino viennese) où en plus de la mousse – souvent à la place – on sert de la crème fouettée.
Le caffé latte existe aussi en Italie, souvent servi dans un verre.
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Le caffé americano, très à la mode dans les années qui ont suivies la guerre avec l'arrivée des GI's d'origine italienne, est un double expresso plus léger que l’expresso mais à peine. Il est l’équivalent de la boisson préférée des américains que ces fous furieux boivent le plus souvent en marchant tellement ils sont toujours en mouvement. Si les italiens prennent la plupart du temps leur café debout, ils prennent le temps de savourer ce moment de convivialité au comptoir où tout le monde se retrouve et refait le monde. Les stocks options et le second marché peuvent attendre !
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Enfin, il y a le caffé corretto (corrigé) où l’expresso est complété par quelques gouttes de grappa ou de cognac. Un délice après le repas. A Venise, j'ai vu de vieux messieurs commander un caffé corretto vers 7 ou 8 heures du matin...


10 octobre 2006

Venise en Noir & Blanc



Le noir et blanc sied bien à Venise. Ceux qui me connaissent savent que ce n'est pas le côté sombre et romantique de la Cité des Doges, inventé au XIXe par des artistes sulfureux (ou tuberculeux) qui a mes préférences. Le noir et blanc avec toutes ses nuances sait rendre la lumière des chaudes journées d'été, les reflets que l'eau des canaux fait éclater tout au long du jour, l'atmosphère paisible d'un campo oublié au crépuscule. En voici quelques exemples glanés au fil de mes visites sur la toile, dans mes albums ou dans des livres. Bonne promenade.
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posted by lorenzo at 21:09

Le Palais des Doges devient pour un jour la résidence Hermès

450 invités venant du monde entier dont 50 journalistes triés sur le volet et une soixantaine de membres de la famille de Thierry Hermès, le fondateur de la célèbre maison française sont attendus au Palais des Doges pour présenter lundi prochain, dans une gigantesque, fête le résultat de la restauration de la copie du quadrige en bronze de la Basilique Saint Marc. Le 16 octobre correspond la date choisie pour l’inauguration des nouveaux locaux Hermès de Venise (près de 200 mètres sur deux étages) à l’emplacement de la bagagerie Vogini. Le dîner sera exclusivement vénitien et lors du spectacle qui aura lieu sur la piazza, on pourra voir des chevaux. Une première à Venise depuis la chute de la République.
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Décidément le quotidien de Venise est très contrasté. Aux masses de touristes désargentés qui déambulent de lieu en lieu et pique niquent sur le piédestal des monuments on oppose de plus en plus des rendez-vous hyper-fashion ou le people (on parlait avant de la jet-set society) évolue dans des manifestations débordant de luxe. Ce n’est pas de mondanité dont il s’agit la plupart du temps mais d’opérations marketing pour happy few. C’est Las Vegas bien plus que Buckingham Palace ! Après tout, si cela rapporte à Venise assez de subsides pour améliorer le quotidien des autochtones. Je ne puis cependant m'empêcher de penser à ces vieilles courtisanes fanées qui s'acoquinent avec le premier vilain venu du moment qu'il apporte de l'or en quantité... 
posted by lorenzo at 07:19

06 octobre 2006

Venise in the Fall… *

(*) L’automne à Venise…)

Il n’y a pas de beauté qu’à New York in the fall, à Venise aussi…  

Je ne sais pas si vous ressentez la même chose que moi, mais quand je lis dans la presse ou sur internet ce joli mot utilisé par les anglo-saxons pour parler de l’automne, "the fall", je suis pénétré d’images, d’odeurs et de sons qui remontent du tréfonds de mon enfance. "Quand il y avait des saisons" dirait ma voisine. Oui, the fall, (littéralement : la chute), est une belle saison ; Après le délicieux accablement de l’été, on pense aux vendanges, aux champignons (ah ! les cèpes parfumés qu’on trouve dans les sous-bois chez nous !), aux feux de cheminée, à la terre mouillée qui embaume… Une sorte d’engourdissement encore plein de vie et de lumière en attendant l’hiver froid et morose se répand peu à peu. Glorieuse saison en vérité, remplie de couleurs somptueuses. Les feuilles mortes… Bref, ceux qui ont la chance d’avoir grandi dans ces paysages vallonnés où vignes et forêts se mélangent au flanc des coteaux, comprendront ce dont je veux parler, mais à Venise me direz-vous ? A Venise comment décrire the Fall ?
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C’est un peu comme l’adagio du concerto pour clavier seul BWV 374 de J.S. Bach d’après le concerto pour hautbois de Benedetto Marcello quand Alexandre Tharaud le joue (vous savez le générique d’Antenne 2 avec les illustrations de Folon dans les années 80). Une longue et presque mélancolique mélodie, où les sons se répètent et s’alourdissent pour marquer le temps qui passe mais avec lenteur. Comme pour saluer l’harmonie des couleurs et des odeurs de cette chute nécessaire pour que se préparent les relevailles de la nature… Il fait gris puis soudain le soleil perce à travers les nuages, le ciel redevient bleu comme en été. Nimbé d’une fraîcheur nouvelle, l’air porte mille parfums nouveaux, des feuilles et des pétales qui se décomposent, l’humus qui se répand mêlé aux senteurs profondes de la lagune. L’eau devient d’un vert presque gris et le matin parfois, la brume se répand comme un mince filet au-dessus de l’eau. Les parois des maisons s’affranchissent du conventionnel éclatement des couleurs pour s’envelopper de tons plus appropriés : rouille, bruns, rouge vigne et jaunes pâlis. Les cheminées fument et le passant qui traîne encore volontiers sur son chemin foule les feuilles mortes des campi désertés. Venise en automne a un charme fou. La lumière y est exquise, le calme délicieux. Les hordes de barbares ont regagné leurs îles lointaines et les enfants reprennent le chemin de l’école. Vous savez "le parfum d’un bouquet de crayons fraîchement taillés" dont parle Tom Hanks dans ce sympathique petit film sur New York "You've got mail" (vous avez un message). Oui, the Fall à Venise aussi est un moment merveilleux. 



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1 Comments:


jacqueline said...
magnifique description. je ne connais que venise au printemps et en été j'imagine que cela doit être magique. J'aime beaucoup votre écriture et vos photos sont superbes. Merci de m'enchanter ainsi chaque jour.
09 octobre, 2006

05 octobre 2006

L'affiche la Mostra Mantegna





posted by lorenzo at 08:04

L'Evènement

 
Grande exposition répartie dans trois lieux : Padoue, vérone et Mantoue pour un parcours extraordinairement riche de l'oeuvre de Mantegna et de ses contemporains pour fêter le 500e anniversaire de la mort du peintre.

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C'est une manifestation très originale qui se déroule depuis la mi-septembre en Italie. Sous la direction de Vittorio Sgarbi, les plus grands spécialistes italiens de la Renaissance ont mis en place une exposition unique répartie sur trois lieux géographiques différents réunis dans un seul parcours muséographique. Trois villes emblématiques de la carrière artistique de Mantegna : Padoue accueille la première période de l'artiste (de 1438 à1460) avec la présentation d'un Mantegna méconnu : la Madone de la tendresse, à Vérone est présentée "Mantegna et les arts à Vérone", (couvrant une période allant de 1450 à 1500) et Mantoue pour la période de 1460 à 1506.
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Rapidement considéré comme le peintre le plus doué de sa génération au Nord de l'Italie, simple fils de bûcheron, Andrea Mantegna épousa Nicolossa Bellini, la fille de Jacopo Bellini, et soeur de Gentile et Giovanni.
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En entrant dans cette prestigieuse famille d'artistes vénitiens, il se fera rapidement un nom et passera de l'état d'artisan à celui de courtisan en se liant à la puissante famille des Gonzague de Mantoue. Ami de Dürer, il fut le maître du Bramante.

posted by lorenzo at 07:28

03 octobre 2006

COUPS DE CŒUR N°9

Apprendre l'italien à Venise. On me pose souvent la question. Si vous ne parlez pas ou si vous parlez peu ou mal l'italien, pourquoi ne pas en profiter pour reprendre le chemin de l'école. Inscrivez-vous depuis chez vous à des cours de langue ou à des séances de conversation, selon votre niveau et partez à Venise parfaire votre cursus ! N'est-ce pas joindre l'utile à l'agréable d'une manière absolue et joyeuse ? Emmenez avec vous des livres utiles autant que passionnants, voilà les thèmes de notre coups de cœur du mois.

Società Dante Alighieri
presso Ateneo Veneto San Marco 1887
30122 Venezia
00 39 041 523 45 90
On m'a souvent posé la question. En tout premier lieu, je recommande évidemment notre bonne Association Dante Alighieri, j'en veux pour témoignage ma propre expérience, cet institut demeure l'un des meilleurs lieux pour l'apprentissage ou le perfectionnement de la langue. Il y en a dans pratiquement toutes les grandes villes de France et de Belgique. Celle de Venise longtemps très dynamique a beaucoup bougé et ses activités se sont longtemps ralenties. Aujourd'hui, la sociéta de Venise repart d'un pied allègre dans de somptueux locaux, situés à Sant'Elena, tout au bout de Venise, dans l'ancien monastère franciscain située dans le quartier de Santa Croce était autrefois installée dans de confortables locaux à l'arsenal, près de l'église San Martino. C'est le professeur Rosella Mamoli Zorzi qui en est la présidente (l'écrivain et historien Alvise Zorzi en est le président d'honneur). Le site internet sera bientôt opérationnel. je suis à votre disposition pour vous envoyer de la documentation en attendant par mail.
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Istituto Venezia
Campo Sta Margherita 3116/a
Dorsoduro, 30123 Venezia
0039 041 522 43 31 / fax 528 56 28
Situé sur le campo Sta Margherita de loin le préféré des étudiants et des habitants de Dorsoduro, l'Istituto Venezia propose tout au long de l'année des sessions de cours avec 5 niveaux de programmes d'étude, de l'initiation au perfectionnement et à la préparation de concours et d'examens. Les groupes sont composés de 12 étudiants au maximum. Tout est fourni à l'étudiant et il est possible d'être logé par l'école, soit en résidence étudiante, soit dans des familles. Il existe aussi des cours individuels intensifs. Deux catégories de prix sont proposées : les cours intensifs avec programme d'activités culturelles et sportives, 220 euros la semaine (tarifs dégressifs selon la durée) et une version "petit budget" pour seulement 160 euros. 4 heures de cours par jour du lundi au vendredi. Une annexe existe aussi à Trieste. Pour ce qui est du prix demandé pour une chambre individuelle en résidence, il faut compter 210 euros pour une semaine et 190 euros chez l'habitant. Il est possible la plupart du temps d'utiliser la cuisine de la maison. Ils organisent aussi des stages Italien et art qui combinent l'apprentissage de la langue et l'histoire de l'art et de l'architecture.
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Lectures vénitiennes. Dans le paysage éditorial francophone, de nombreux ouvrages consacrés à Venise paraissent chaque année. En voici un de grande qualité.
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Sergio Bettini
Venise. Naissance d'une ville
Traduit de l'italien par Patrizia Farazzi
Editions de l'Eclat.Coll. Philosophie imaginaire
320 pp. - Octobre 2006
Considéré par les italiens comme un classique, cet ouvrage tient une place particulière en ce qu'il adopte dès l'abord une position qui veut concevoir Venise comme obéissant, à travers les siècles, à une intention artistique propre, faisant de la ville une seule et unique oeuvre d'art, vivante et cohérente. Tout entière construite dans une relation à la lumière et au rythme, obéissant à un tempo pleinement humain. Venise est "la ville, la plus ville qui soit, écrit Bettini. Non seulement les places et les rues, les maisons et les églises ont été, comme partout, construites par la main de l’homme, mais le terrain lui-même a été fait par l’homme. Les Vénitiens ont dû fixer et “amarrer” leur sol, consolider le fond boueux et instable des îles avec des pylônes, relever et renforcer les grèves contre les marées, imposer aux canaux des cours moins hasardeux. Construire enfin la base elle-même de la ville, pour affirmer leur volonté de vivre, et donner à cette vie une forme et un destin". C'est l'histoire de cette forme et de ce destin que Sergio Bettini raconte ici, dessinant la mosaïque d'une ville depuis ses origines jusqu'à l'apogée de son aventure architecturale. Mort il y a tout juste vingt ans, il fut professeur d’esthétique à l’université de Padoue. Il a publié plusieurs ouvrages parmi lesquels: Pittura delle origine cristiane (1942), L’Arte alla fine del mondo antico (1948), Il Gotico internazionale (1996). Quelques-uns de ses plus importants essais ont été rassemblés par Andrea Cavalletti dans le volume Tempo e forma. Scritti 1935-1977 (1996). Malheureusement aucun de ces ouvrages de référence n'est encore traduit en français. Mais je reviendrai sur cet auteur et sur son oeuvre dans un prochain texte. 
posted by lorenzo at 13:03

Les Lions de Venise ont tous des ailes

Ils sont rugissants. Les plus jeunes n'ont pas douze ans. Ce sont les membres du club de rugby Venise-Mestre qui attirent de plus en plus d'amateurs. Sponsorisés par le Casino de Venise et de nombreuses entreprises locales, ils ont fait parler d'eux cet été malgré un résultat final un peu décevant.
 
Je voulais saluer ce club et vous le faire connaître depuis longtemps : Ma double appartenance vénitienne et bordelaise (vive le C.A.Béglais) me pousse à me réjouir de voir ce sport se répandre chez les jeunes vénitiens. Bien plus noble que le football, le rugby est toujours agréable à regarder et pour ceux qui le pratiquent, c'est pour les jeunes, comme pour les adultes, une bonne école d'endurance et de courtoisie. 
S'il n'attire pas encore beaucoup de spectateurs sur son terrain situé à Favaro Veneto, près de Mestre, il forme une association dynamique qui organise les troisièmes mi-temps comme chez nous : le club house accueille joueurs et aficionados de l'équipe.  

Toni, la Poppi et Pastina, servent avec la verve vénitienne les traditionnels cicchetti et de somptueux tramezzini (vous comprenez pourquoi je tenais à parler d'eux dans TraMezziniMag !) et les merveilleuses polpette (croquettes de viande, de riz ou de fromage typiques), le tout arrosé de l'inévitable Spritz, le fameux apéritif vénitien célèbre aujourd'hui dans le monde entier. L'ambiance y est chaleureuse et je vous assure qu'on ne s'y ennuie pas plus là-bas qu'à Bègles ou à Dax ! Le stade, flambant neuf avec ses gradins jaune d'or et rouge amarante (les couleurs de Venise et celles de l'équipe) et ses vestiaires ultra-modernes accueillera peut-être bientôt des jeunes stagiaires bordelais. C'est une invitation ou plutôt une suggestion !
posted by lorenzo at 01:02

02 octobre 2006

juillet 1986, Venise, terrasse du Cucciolo

Nous avions marché toute la matinée. Tu avais dormi tard sur mon épaule. C'était la première fois que je me réveillais avant toi. J'avais pu te regarder longtemps ainsi, abandonnée et confiante. Je me sentais fort, je me sentais fier. Arrivée d'Antibes la veille, tu n'avais pas voulu attendre de te remettre de cet interminable voyage en train pour découvrir la galerie de San Vio et rencontrer les amis qui peuplaient mon quotidien ici. Tu voulais le cacher, mais je savais bien que tu étais inquiète. Je parlai tellement souvent de mon désir d'indépendance, de ma volonté de demeurer seul, disponible, pour écrire. Je te parlais des Agnès, Violaine, Rebecca, Betty avec qui je partageais mon quotidien ici, tellement loin de toi. De nous. Tu avais d'avance accepté de ne me voir que trois ou quatre fois dans l'année et toi qui déteste marcher, toi que les musées et les églises assomment, préférant nager et te dorer au soleil en bouquinant, tu acceptais d'avance mes caprices, toutes ces visites que je t'imposais : San Rocco, les Schiavoni, la cathédrale, l'arsenal, les galeries d'art moderne, les antiquaires... 

Ce jour là, nous n'avions pas arrêté. Puis vers le milieu du jour, je t'avais amené sur les Zattere. Tu étais exténuée mais souriante. Nous avions faim. Le Cucciolo nous accueillit. Croque-monsieur et macchiato, puis gianduiotto come di solito. Tu étais belle, radieuse. La fatigue sur ton visage durcissait un peu tes traits mais ton sourire merveilleux me rassurait. Tu étais bien. Heureuse même peut-être... 

Après de nombreux séjours à Venise et de multiples étapes sur cette terrasse aujourd'hui disparue, après vingt ans de vie commune, quatre merveilleux enfants, les aléas de la vie, les accidents, les échecs et les triomphes, tu as mis un terme à cette aventure. Je retourne désormais à Venise sans toi, les enfants m'accompagnent encore mais leur vie bientôt les appellera ailleurs et je ne puis m'empêcher de penser combien vivre ici avec toi aurait été merveilleux. Tout ici était possible et notre amour se serait répandu comme l'eau de la lagune à travers la ville. 

Nous avions marché toute la matinée...

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posted by lorenzo at 07:21

01 octobre 2006

Eloge de Venise par Moderata Fonte, Erudite et femme de Lettres du XVIe siècle

"La très noble cité de Venise, nul ne l'ignore, se trouve admirablement sise à l'extrémité de la mer Adriatique. Venise n'est entourée d'autres remparts, gardée par d'autres forteresses ni ceinte par d'autres portes que cette même mer qui lui sert aussi de fondation. En se ramifiant et divisant en divers canaux qui passent au travers de ses maisons, cette mer fait office de route et permet de transiter commodément de lieu en lieu, au moyen de petites embarcations. Pour Venise, la mer est une voie publique, une campagne ouverte à travers laquelle vont et viennent toutes sortes de trafics et marchandises de diverses provenances. Elle fournit et procure fot diligemment tout ce qui est nécessaire au ravitaillement et à l'entretien d'une telle patrie. Outre la profusion infinie de poissons qu'elle lui offre de jour en jour, Venise, sans rien produire d'elle-même, est pourvue en très grande abondance de tout ce qui est nécessaire à la vie humaine, de par le concours incessant des bateaux qui arrivent ici avec toutes sortes de provisions opportunes. Cette ville est toutefois très différente des autres - œuvre inédite et merveilleuse, faite de la main de Dieu. 
Pour cette raison comme pour beaucoup d'autres titres d'excellence rares et surnaturels, elle dépasse en noblesse et dignité toutes les autres villes du monde aussi bien antiques que modernes, de sorte qu'on peut à juste titre l'appeler "Métropole de l'univers". La pompe et la grandeur de cette ville sont inestimables, ses richesses sont infinies. La somptuosité de ses édifices, la splendeur de l'habillement, la liberté du mode de vie et l'affabilité des personnes sont rares et prisées à un degré qu'on ne saurait imaginer ni décrire. Mais Venise, chérie et estimée, n'est pas moins crainte qu'aimée. On ne peut qu'être frappé de voir comme tous veulent y habiter, comme toute personne de quelque provenance qu'elle soit, semble ne plus savoir la quitter, dès qu'elle a goûté à sa douceur de vivre. De là vient qu'on y trouve des personnes originaires de tous les pays et, de même que tous les membres et artères de notre corps correspondent avec le coeur, de même toutes les villes et parties du monde correspondent avec Venise. Ici, l'argent court plus qu'en tout autre lieu et c'est une ville libre, à l'instar de la mer qui, sans subir aucune loi, légifère pour les autres. Chose plus remarquable encore et digne d'émerveillement : la paix incroyable et l'équité qui y règnent, malgré une telle diversité de sangs et de coutumes. Cela procède de la prévoyance, de la vigilance et de la valeur de ceux qui la gouvernent. Les esprits les plus choisis dans tous les arts et les professions rivalisent pour vivre ici. Toutes les vertus y triomphent, on y goûte délices et plaisirs. Les vices sont extirpés et les bonnes mœurs fleurissent. Les hommes se signalent par leur vaillance, jugement et courtoisie; les femmes se distinguent par leur beauté, prudence et chasteté. En somme, Dieu à accordé tous les bienfaits qui se puissent désirer à cette ville bénie, craintive de sa divine majesté, fort religieuse et reconnaissante des dons célestes. Et, après Dieu, elle est très dévouée et très obéissante à son prince, lequel, afin que rien ne manque à une république si heureuse et si bien ordonnée, ne sauriat être égalée en bonté, prudence et justice. 
Dans cette ville donc, véritablement divine, résidence de toutes les grâces et excellences surnaturelles, vivaient récemment et vivent encore plusieurs femmes nobles et valeureuses. Issues des familles les plus illustres et réputées, leur âge et leur état différaient, contrairement à leurs origines et mœurs. Distinguées, vertueuses et d'esprit élevé, elles se voyaient souvent et, ayant contracté une amitié pleine d'affection et de discernement, prenaient souvent le temps et trouvaient l'occasion de se rencontrer pour converser en toute simplicité et sans se soucier d'hommes qui pussent les réprimander ou les en empêcher. Elles conversaient de ce qui leur agréait le plus, traitant tantôt de leurs occupations de femmes, tantôt d'honnêtes distractions. et parfois l'une d'entre elles qui aimait la musique, prenant un luth en main ou bien accompagnant sa très belle voix d'une harpe bien accordée, offrait un passe-temps fort agréable à elle-même et à ses compagnes. Une autre qui goûtait la poésie, en récitant quelques vers inédits et gracieux, offrait une manière nouvelle et plaisante de s'attarder à cette compagnie aussi judicieuse qu'avertie".
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Extrait de "Le Mérite des Femmes, écrit par Moderata Fonte en deux journées,
où l'on montre clairement combien elles sont dignes et plus parfaites que les hommes"
Traduction, annotation et postface de Frédérique Verrier,
Ed. Rue d'Ulm Presse de l’École Normale, 2002
posted by lorenzo at 00:03