14 septembre 2006

Un nouveau musée pour Venise...

Un nouveau musée vient d'ouvrir ses portes à Venise. mais tout le monde ne pourra pas y pénétrer car les collections qu'il présentent ne sont pas accessibles à tous les regards. Il s'agit du Musée d'Art Érotique, situé à quelques mètres de la Piazza, calle dei Fabbri, dans le palais Rota qui abritait naguère le musée des dentelles.
«Sexe femelle de l’Europe», comme la définissait Guillaume Apollinaire qui connaissait bien le sujet. Ainsi dans la ville de Casanova, du poète "lubrique" Zorzi Baffo souvent repris et cité par nos amis de la compagnie de la Calza, des honorables courtisanes du XVè siècle comme la célèbre Veronica Franco, il y a aujourd'hui le Museo d’Arte Erotica. Musée privé, il est situé à deux pas de la place Saint Marc, le plus beau salon galant du monde, rendez-vous du monde entier autant qu'élégant et traditionnel centre de l'amour et du libertinage. Ce nouveau musée vénitien est une "annexe" du controversé Musée de l’érotisme de Paris. Un parcours de 700 m² réparti sur quatre niveaux fait découvrir aux visiteurs la Venise libertine à travers des oeuvres d'artistes de toutes les époques. Des artistes contemporains ont réalisé des oeuvres spécialement pour le musée, sur les thèmes de la sensualité, de la transgression, la malice, l'Eros...
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Malheureusement aucune œuvre d'artistes majeurs. Des jeunes talents au travail prometteur cependant, comme le parisien Christophe Mourthé, exposent leur travail. Il y a aussi des sculptures, des dessins d'une dizaine d'artistes d'aujourd'hui.
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Le dossier de presse précise que le musée offre aux regards d'une manière exhaustive les différents aspects de la sexualité à travers les siècles dans l'art plastique, mais aussi dans l'art décoratif. De précieuses et rares éditions bibliophiliques sur l'érotisme sont aussi présentées.Il y a, c'est certain, des amateurs pour cela.
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Le cœur du musée baptisé "Venezia di Piacere" (les collections permanentes), propose un regard original sur les personnages qui illustrèrent au cours des siècles ce volet caché de la Sérénissime. Quelques salles sont dédiées aux objets à usage sexuel à travers les époques et les civilisations (!). Mais ne soyons pas bégueule après tout : les passions érotiques sont universelles et de tous les temps. Il y a même une boutique au rez de chaussée où il est possible de procurer des livres, des cartes postales, des affiches, des gravures, des revues et même des objets sur les thèmes présentés dans ce musée absolument interdit aux moins de 18 ans !
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Le musée est ouvert tous les jours de 10 heures à 26 heures sans interruption et l'entrée est à 10 euros (6 euros pour les étudiants, les résidents et les personnes âgées)... si ça vous chante. En tout cas, après huit mois d'ouverture, les avis sont partagés. Certains parlent d'un lieu très sobre, agréable, malicieux et drôle. D'autres crient à la vulgarité et à la grossièreté... D'aucuns parient sur une durée de vie du jeune musée assez réduite. Je ne le souhaite pas aux fondateurs mais je partage assez leur point de vue...



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13 septembre 2006

TraMeZziniMag Galerie




La galerie virtuelle de TraMeZziniMag vous présente un dessin plein d'humour pris sur le vif par Michel Krafft, artiste suisse qui vit et travaille à Lausanne. Avant tout photographe, il sait rendre d'un trait de crayon l'ambiance unique de Venise sans tomber dans l'anecdotique de bazar à touristes.
 
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12 septembre 2006

COUPS DE CŒUR N°8

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Concert baroque à la Cité Interdite
Musique de Teodorico Pedrini et Joseph-Marie Amiot interprété par Jean Christophe Frish(flûte), Martine Chapuis (clavecin), hager Hanana (violoncelle).
Auvidis - 1996 - E8609.
Un ami musicien vient de me prêter un disque dont j'avais souvent entendu parler mais qui est difficile à trouver. C'est une splendeur. Les sonates de ce musicien italien né en 1671 près d'Ancône et mort à Pékin en 1746 sont un pur régal. Le violoncelle de Hager Hanana onctueux répond aux vibrati de la flûte traversière de Jean-Christophe Frish avec le délicieux jeu de Martine Chapuis qui est professeur de clavecin au Conservatoire National de Bordeaux, pour notre délice. La qualité de la prise de son est sublime.
Un curieux personnage que ce Pedrini. Moine jésuite envoyé à la cour de Pékin par le pape Clément XI afin d'évangéliser l'Empereur de Chine. Il y a à Venise dans les archives de la République de nombreux commentaires sur cette tentative déjà envisagée quelques siècles auparavant peu après le retour de Marco Polo. Et si la Chine était devenue chrétienne à la suite de son maître ? Ce disque m'amène à vous parler d'un petit livre très agréable à lire consacré à ce compositeur qui était aussi réputé comme claveciniste.
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Jacques Baudouin
Le mandarin blanc
Editions Lattès
Comment résister au charme fou de son héros? Modeste natif de Fermo, dans les Marches d'Ancône, à la fin du XVIIe siècle, le jeune Teodorico se révèle si bon organiste qu'il se fraye un chemin jusque dans les salons de l'aristocratie romaine. Compositeur et claveciniste de renom, après un rêve d'amour brisé par la mort de sa bien-aimée, il entre chez les pères lazaristes, jusqu'au jour où le pape lui confie une mission secrète : convaincre l'Empereur de Chine que les rites sinisés encouragés par la Compagnie de Jésus sont incompatibles avec la foi chrétienne. Pourquoi Teodorico? Parce que Kangxi, le Fils du Ciel, est un passionné de musique qui vit entouré d'instruments occidentaux. Les jésuites l'ont circonvenu grâce à leur maîtrise des cartes et du calendrier. L'envoyé de Clément XI doit le charmer par sa musique et obtenir l'abandon du culte des ancêtres.
Voici Teodorico parti pour un incroyable périple que ni les "crimes" des jésuites ni les éléments déchaînés ne parviendront à entraver. Jacques Baudouin décrit comme personne l'enfer que représente la traversée de l'Atlantique sur un trois-mâts de Louis XIV, les périls inouis courus lors du passage du détroit de Magellan, les délices perverses de la société péruvienne, les dangereux mystères de la cour de Pékin, les subtilités de la querelle des rites et le baume du tao. Propulsé au faîte de la puissance par Kangxi, qui lui décerne la plus haute distinction jamais accordée à un étranger, faisant de Te Li-Ko (nom chinois de Pedrini) le Mandarin blanc, il connaîtra la déchéance et la disgrâce. Mais jamais le lazariste ne renoncera, malgré la soutane, à explorer les arcanes de l'amour avec sa compagne Yao Niang. Il traduira ainsi dans sa musique les plaisirs de la chair, les joies de la paternité, les douleurs du deuil et la sérénité prônée par le taoïsme. In nomine Domini...
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Trattoria Alle Vignole Vecchie 
Isola delle Vignole, Venise
Tel. (39) 041 5289707

L’ile des Vignole, protégée à l’Est par le Fort Sant’Andrea et proche du délicieux oasis de la Chartreuse, est depuis toujours le jardin potager et le verger de la Sérénissime. De ses rives proches de Murano, on a les plus couchers de soleil de toute la lagune. C’est d’ailleurs au crépuscule qu’il faut s’y rendre pour dîner dans ce petit restaurant sans prétention. Un local qui se mérite, puisqu’il faut un bon quart d’heure de vaporetto pour y arriver. Mais cet effort est vite récompensé. Les propriétaires de cette auberge, la famille Vianello, accueillent depuis près de cent ans les clients comme s’il s’agissait d’amis de toujours.
Un grand jardin ombragé, une salle rustique mais confortable pour déguster une cuisine traditionnelle mitonnée à partir de produits de la lagune. Un délice au tarif des bars à vin de Canareggio ou de la Giudecca. On y va par le n°52 au départ des Fondamente Nuove, mais si vous insistez, il est possible de venir vous. Et si vous y allez un dimanche, vous rencontrerez sûrement une noce, comme nous l'avons fait lors de notre dernière promenade sur la lagune : les mariés et leurs invités arrivèrent sur des barques toutes fleuries, avec les musiciens, les grand-mères, les enfants. Une scène à la Goldoni. D'ailleurs, dans cette trattoria, la polenta est servie comme autrefois !
posted by lorenzo at 22:12

11 septembre 2006

La Venise de tous les jours

Mes lecteurs appréciant visiblement tout ce qui peut leur donner une autre vision de Venise, moins touristique, moins liée aux modes, aux foules, aux clichés, j'ai cherché des images de ce quotidien qui prend bien sur ici une autre mesure qu'ailleurs. Voici par exemple un cliché montrant Luigi Gambirasi, dit Gigio pour les amis, aujourd'hui disparu.
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Nous sommes en 1989, à Santa Fosca. La scène se déroule un matin, sur un de ces pontons qui servent à Venise à la fois de débarcadère, d'atelier flottant, de garage pour les barques. Le vieil homme est resté jusqu'à sa mort le plus célèbre rémer de Venise. Traduisons ce métier existant à Venise depuis toujours par fabricants de rames.
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Jusqu'à la fin de son existence, Gigio taillait, sculptait, façonnait des rames, comme sur la photo, mais aussi ces fameuses forcole qui sont un des symboles de la Cité des Doges, sous le regard des passants. Et ce spectacle fascinant d’un artisan en pleine possession de son art attirait beaucoup de monde, spécialement des étrangers en visite à Venise, peu habitués à voir l' extraordinaire spectacle d'un très vieil homme aux gestes habiles et précis. Un orfèvre vraiment.
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Malheureusement, il ne nous est plus aussi souvent donné aujourd’hui de pouvoir contempler l’extraordinaire habileté de ces artisans, détenteurs d'un savoir-faire millénaire. Les habitudes et les modes de notre monde moderne nous poussent à toujours aller plus vite et à préférer le moindre effort. Ainsi, il y a de moins en moins de bateaux à rames à Venise et ces charpentiers d'un genre très particulier se comptent aujourd'hui sur les doigts d'une main. A l'artisanat traditionnel se substitue chaque jour davantage le produit manufacturé à la chaîne made in China. Combien l'âme et la poésie y perdent.
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© veniceXplorer.net, 2005
posted by lorenzo at 22:36

07 septembre 2006

Venise au quotidien

Le voyageur qui réfléchit se doute bien qu'il y a une vie à Venise en dehors du tourisme. Les enfants vont à l'école, les retraités se retrouvent pour bavarder ou jouer aux cartes. Il y a les ménagères qui font leurs courses, les ouvriers sur leurs chantiers, les artisans, le balayeur des rues, le boulanger, le boucher, le marchand de journaux, le facteur...

Tout un peuple qui vit et se déplace dans un décor magique qui fait leur quotidien. Comme je le répète toujours, on vit à Venise comme partout ailleurs. Parfois plus difficilement à cause de ces contingences particulières qui rendent chaque chose différente ici : pas facile de changer une baignoire, de se faire livrer des surgelés, d'être à l'heure à un rendez-vous.

Il y a les vaporetti, le transport en commun le plus beau du monde mais aussi le plus lent. Il y a les ponts qui cassent le rythme de la marche et, s'ils donnent depuis toujours aux vénitiens une démarche unique, ne permettent pas d'aller vite. Il y a aussi les masses de touristes toujours agglutinés à l'endroit où la rue se resserre, devant le sottoportego où il ne faut pas être et qui encombrent...

Mais en dépit de tout cela, il fait bon vivre à Venise. Capitale de la beauté et de la culture, c'est aussi une petite bourgade de province finalement, où tout le monde se connait, où il y a peu de malfrats, peu de bruit.

certains diront qu'il y a aussi beaucoup d'ennui. Mais moi je vous confirme qu'il n'existe au monde aucun lieu urbain où la vie soit aussi douce et paisible. Un seul endroit au monde où chagrins et soucis prennent la même dimension...

Il y a une vie quotidienne à Venise comme n'importe où ailleurs dans le monde. En voici quelques exemples glanés dans ma photothèque ou au gré de mes découvertes sur le net :

























posted by lorenzo at 20:14

05 septembre 2006

E la nave và...

 
Voilà la rentrée est consommée. Chez nous, les enfants sont tous à l'école. Pour la première fois, chacun dans un établissement différent. Paperasseries à n'en plus finir, fournitures selon les nombreuses exigences des professeurs et des maîtres, emplois du temps à coordonner et le rythme régulier des jours de classes à retrouver : lever tôt, coucher tôt... Venise est loin avec son doux farniente. Pour un temps en tout cas. Vogue le navire jusqu'aux prochaines vacances... Bonne route à tous !

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posted by lorenzo at 00:29

04 septembre 2006

Cameriere, un Gianduiotto per cortesià !


  posted by lorenzo at 20:25

Avez-vous déjà goûté le merveilleux, l'extraordinaire, l'unique gianduiotto de chez Nico ? Il faut le déguster sur leurterrasse, sur la Fondamenta des Zattere. Après une journée de ballade, après une visite à l'Accademia ou à la Guggenheim, une excursion sur la lagune ou un doux farniente au Lido, cet appareil de glace chantilly fraiche et légère cachant un bloc de glace au gianduja, accompagné par un verre d'eau glacée, c'est l'idéal avant l'heure de l'apéritif, que ce soit le spritz sur la campo Sta Margarita ou un Bellini au Harry's bar ou dans un fauteuil du Danieli. Laissez la terrasse du Florian, du Quadri ou de Lavena pour les touristes paresseux. Si vous n'y êtes pas encore allés, vous vous y rendrez demain ou après-demain. Il y a le temps. Choisissez plutôt un soir après un excellent dîner ou un début d'après-midi pour le café, comme du temps de Goldoni. En revanche, chez Nico, le gianduiotto s'impose à n'importe quelle heure du jour ! Mais vous n'en consommerez pas deux à vous tout seul. Ce serait du mauvais goût et mal vu de votre estomac ! Allez-y et vous nous en donnerez des nouvelles !

Un bout de paradis

 
Il y en a beaucoup comme cela à Dorsoduro,
à Cannaregio, à San Polo ou plus loin encore à Castello.
Comment ne pas aimer la vie et la vie à Venise 

quand on a la chance de vivre là ? 
 
  Posted by Picasa posted by lorenzo at 20:13

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1 commentaire: 

    lucie h a dit… 

    c'est mon rêve 

     04 septembre, 2006

 

Calle del vento

Dans mon précédent billet, c’est Henry de Régnier qui chantait la louange des Zattere, cette Fondamenta qui longe Dorsoduro de la Pointe de la Douane aux hangars de Santa Marta. Il mentionne à la fin de son texte l’ultime rue de ce quartier de San Trovaso, loin de tout et peu fréquentée par les touristes : la Calle del Vento.
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Eté comme hiver, la ruelle porte bien son nom, le vent y est toujours présent comme chez lui. C’est un endroit plein de poésie. Partie des Zattere, elle débouche sur le petit campo San Basegio, non loin de l'église San Sebastiano. Un des lieux les plus pittoresques de Venise. Encore préservé et peu fréquenté.
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L’écrivain vénitien Diego Valeri (l'auteur du seul vrai guide sentimental sur Venise et qui habitait à deux pas, sur la fondamenta Cereri, à côté des Carmini), a écrit à son sujet un poème que j’aime bien. Calle del vento, c’est aussi le titre d’un recueil de poésie paru l'année de sa mort, en 1976 chez Mondadori, qui mériterait d’être traduit en français pour les amoureux de Venise. Les anglais ont la chance d'avoir My Name on the wind, paru en 1989, dans une belle traduction de Michaël Palma (Princeton University press). En voici un extrait, dans une traduction personnelle que j'espère fidèle à l'esprit de ces vers inspirés :
Qui c’è sempre un po’ di vento
a tutte l’ore, di ogni stagione:
un soffio almeno, un respiro.
Qui da tanti anni sto io, ci vivo.
E giorno dopo giorno scrivo
il mio nome sul vento.
Il y a toujours ici un peu de vent
A n’importe quelle heure, à chaque saison :
Un souffle au moins, comme on respire.
C’est là que je suis depuis tant d’années, j’y vis.
Et jour après jour j’écris
Mon nom sur le vent.

Diego Valeri
Calle del Vento,
Mondadori, 1976

posted by lorenzo at 07:30

03 septembre 2006

Venise en septembre

Cette mosaïque réalisée avec Picasa, le logiciel de gestion d'image de Google (que je vous recommande en passant si vous ne l'avez pas encore adopté) comme une impression de Venise en ce début de septembre. L'été semble installé pour quelques semaines encore et il fait ici aussi bien meilleur qu'en août. A Venise non plus il n'y a plus de saisons. La Mostra bat son plein, les plages du Lido sont très fréquentées. Il fait beau. Il fait doux. Venise est resplendissante. Catherine Deneuve aussi. 
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posted by lorenzo at 22:59