10 janvier 2007

Promenade à Venise (2)


Le rio, l'église et le squero San Trovaso, depuis les zattere, sur le ponte dei frati... A deux pas sur la droite, après les arcades de la vieille caisse d'épargne, il y a Nico, le glacier aux célèbres gianduiotti. Hmm! vivement l'été, qu'on se régale à nouveau de ces somptueuses glaces en marchant le ong des zattere jusqu'à la pointe de la douane !

09 janvier 2007

Promenade à Venise (1)



Le Grand Canal vu du pont du Rialto avec le palais des Camerlingues à gauche. Une vision estivale pour supporter la grisaille des jours d'hiver...

06 janvier 2007

Ida Barbarigo chez Fortuny

I Terrestri, exposition des derniers travaux de l'artiste au Palais Fortuny depuis le mois de septembre et jusqu'à la mi-décembre. 200 travaux réalisés la plupart dans son atelier de Venise, sont présentés au public. Une sorte d'allégorie du parcours artistique et humain de l'artiste.

Cette grande dame, grande artiste, compagne de Zoran Music, chez qui François Mitterrand logeait (au Palazzo Balbi-Valier), lorsqu'il venait à Venise, a présenté sur les cimaises du Palais Fortuny un travail magnifique, très parlant, sorte de synthèse de l’œuvre qu'elle peaufine depuis de nombreuses années. Il est difficile de parler d'un artiste et de son travail quand on n'a pas sous les yeux sa création. Je ne suis pas un spécialiste de l'art contemporain. Le travail chez Graziussi, la fréquentation de nombreuses biennales à Venise, des expositions à Bâle, à Paris, puis les leçons de vie et d'art de Bobbo Ferruzzi m'ont aidé à comprendre que le meilleur œil est celui qui se fait humble et sensible. Sensible à ce que le cœur peut ressentir de ce qu'il nous est donné de voir. peu importent les liens, les écoles, les idées. Il me semble que c'est d'émotion dont il s'agit.

J'ai découvert l’œuvre d'Ida Barbarigo quand je travaillais à la galerie de Giuliano Graziussi, a San Fantin, en face de la Fenice. C'est Arbit Blatas qui me montra un jour des gravures qu'elle avait publié. J'appris qu'elle était la fille de Guido Cadorin, professeur à l'Accademia (l’École des Beaux Arts de Venise), mais avant tout peintre et poète. Sa mère aussi était peintre. Extraordinaire lignée que cette famille Cadorin : des peintres, des sculpteurs, des architectes, des écrivains...

Ida Barbarigo a d'ailleurs étudié l'architecture avec un de ses oncles, Brenno del Giudice, mais elle préféra vite le dessin puis la gravure. A Paris, puis de nouveau à Venise, elle a énormément travaillé, restant cependant toujours à distance des courants modernes ou plutôt "à la mode" n'avait pas un grand succès. Elle est cependant toujours restée fidèle à sa vision de la réalité et son travail est aujourd'hui reconnu dans le monde entier. Elle a épousé Zoran Music en 49 je crois. Installé à Venise (il logeait au début sous les combles du Conservatoire Marcello), il devint l'assistant de son père.


Mais revenons à son travail présenté jusqu'à ces derniers jours à Ca'Fortuny. 200 toiles récentes (réalisées entre 2003 et 2006) consacrées toutes à la représentation matérielle de l'énergie de vivre qui caractérise l'être humain jusqu'à son dernier souffle. La décoration due à Daniela Ferretti tentait de reconstituer l'atmosphère de l'extraordinaire atelier de l'artiste : des structures polygones ouvrant et fermant l'espace en même temps permettent de voir les toiles comme sur la cimaise d'un atelier afin d'induire un contact émotionnel avec le visiteur, celui-là même qui vous prend lorsque vous pouvez toucher, tenir une toile qui vous plait chez vous ou chez l'artiste. Ces travaux récents montrent une humanité pleine de vie, qui bouge, hésite, tombe, se redresse, avance, recule, s'arrête, fuit, mais de qui toujours émane une vitalité "organique", induite, absolue et nécessaire.

A cette présentation des "terrestres" s'ajoutait un parcours didactique qui voulait reconstituer le cheminement artistique du peintre de 1962 à 1997 (avec le magnifique "Saturne") par une sélection de dix toiles toutes rassemblées sur un mur entier de la salle d'exposition.

Très beau catalogue publié chez Marsilio avec des textes de Giandomenico Romanelli (le directeur des musées de Venise), Jean Clair (ancien directeur du musée Picasso à Paris et qui vient de publier un roboratif "journal atrabilaire").


Ida Barbarigo
I Terrestri
2004

05 janvier 2007

Sargent and Venice, une grande exposition au Musée Correr

On annonce une grande exposition intitulée Sargent and Venice est proposée au public dans les salles du Musée Correr, à compter du 23 mars et jusqu'au 22 juillet 2007.


John Singer Sargent
Gondoliers’ Siesta, 1904
acquarello su carta, 36 x 51 cm.
Collezione privata
by Courtesy of Adelson Galleries, New York

04 janvier 2007

You raise me up.

L'enfant marchait seul le long de la berge. Il ne faisait pas beau, le ciel était gris et il allait certainement pleuvoir. L'enfant semblait ne pas craindre la tempête qui menaçait. Il paraissait si fragile et pourtant quelque chose dans son allure montrait une incroyable détermination. Il marchait seul le long de la berge. Soudain, en arrivant à cet endroit de la route où on aperçoit le port, avec les maisons du village déjà éclairées, l'enfant s'est mis à courir. Dévalant les marches qui descendent vers le quai au risque de tomber, il volait plus qu'il ne courait. Et c'était comme une lumière qui émanait de lui, comme une nuée d'anges, au son des trompettes se serait répandue sur le petit port : il venait de voir le bateau de son père qui rentrait enfin.
Venise, 13 février 2006
Ecrit en écoutant "You raise me up" de Josh Groban

03 janvier 2007

Venise au quotidien


C'est vrai qu'ici rien n'est jamais banal. Un bateau près d'un quai, devant un palais. mais pas n'importe lequel, le Palazzo Querini-Stampalia, avec le pont dessiné par Carlo Scarpa qui était le seul accès naguère à la bibliothèque et au musée.

Toute la population sur la place

La municipalité attendait 35.000 personnes pour la soirée du nouvel an sur la Piazza. Ce furent plus de 60.000 personnes qui se sont finalement rassemblés sous les fenêtres du Doge et au milieu du plus beau salon du monde pour admirer le spectacle pyrotechnique offert par la ville. Belle fête, une sorte de carnaval avant l’heure avec beaucoup de rires et de danses. Une population joyeuse, parfois un peu excitée mais toujours bon enfant.

60.000… Pratiquement le chiffre officiel de la population du centre historique en ce début d’année. La population vénitienne est maintenant tombée en dessous du seuil de 70.000 habitants ! Tous les habitants de Venise peuvent maintenant se réunir sur la Piazza. Lorsque j’étais étudiant, le nombre d’habitants du centre historique venait de descendre à 80.000 habitants. Cent ans avant, du temps de mes grands parents, il y avait plus de 120.000 habitants. Je crois que les troupes napoléoniennes pénétrèrent dans une Venise peuplée de près de 200.000 personnes…

62.000 habitants au 1er janvier 2007 Et ce phénomène va se poursuivre puisque les spécialistes prévoient moins de 60.000 habitants en 2010 ! Les causes sont multiples : logements trop chers ou insalubres, vie quotidienne devenue trop chère, de moins en moins d’emploi en dehors des métiers – certes honorables – de serveur, de porteur de bagages ou de vendeur de souvenirs. Trente fois moins de boulangeries, de boucheries, de merceries, de papeteries, de drogueries et de quincaillerie qu’il y a trente ans ! C'est pareil partout me direz-vous, mais ici c'est encore plus visible et dramatiuqe... Cent fois plus de boutiques à touristes… Et des masses de plus en plus nombreuses déferlant sur la ville. Terrible constat. L’agonie sera longue et pénible.

Mais, en dépit des hordes qu’on ne peut plus arrêter, nombreux sont ceux qui cherchent des solutions ou du moins des aménagements. C’est ainsi que les monuments comme les musées peu à peu s’aménagent pour accueillir ces hordes sans trop de dommage. C’est ainsi que la municipalité cherche le moyen de réguler la transformation des logements en chambre d’hôtes et autres studios loués aux étrangers. Mais comment freiner l’exode des administrations, des entreprises du tertiaire qui avaient leur siège – ô combien prestigieux – à Venise ? Le développement industriel s’il a pu pallier une grande partie du problème de l’emploi au début du XXe siècle a apporté tellement de nuisances qu’il n’est pas envisageable, surtout dans le contexte actuel de la mondialisation, de le redéployer. Attirer des entreprises quand la plupart s’en vont ? Ce qui attire ce sont les palais vacants que l’on rénove et aménage pour des soirées somptueuses mais qui n’apportent rien à la ville que la préservation de ses monuments. Cacciari mise sur l’art contemporain et la création… Pourquoi pas, mais on flirte toujours ainsi avec la calcification de la Cité des Doges : musée ou laboratoire de création, ce n’est pas ce qui fait vivre une ville et rouvrira boucheries et épiceries…

Égoïstement, nous qui avons la chance extraordinaire de pouvoir nous rendre souvent à Venise, d’y avoir un logement, des amis, des habitudes, nous cherchons à préserver notre ville et c’est parfois au détriment des vénitiens eux-mêmes et de la ville après tout. Plus nombreux seront les étrangers à choisir de vivre quelques mois dans l’année à Venise, à louer ou à acheter des pieds à terre ici comme d’autres sur la Côte d’Azur ou en Dordogne, plus difficile sera la recherche de logements pour les vénitiens de souche. Le problème ne se pose qu’avec ceux qui comme moi vont et viennent, s’installent quelques semaines et repartent. Le reste du temps la maison est vide ou au mieux prêtée à des amis ou louée… Si au moins nous vivions toute l’année à Venise… Peut-être faudrait-il encourager les forestieri à rester toute l’année. Après tout, le climat est très bon à Venise. Peu de pollution, une vie calme, les attraits d’une grande ville et d’un village en même temps. En Périgord, des villages ont repris vie grâce aux nouveaux colons britanniques ou hollandais. Cela ne s’est jamais fait sans grincement de dents mais au moins les maisons sont restaurées, occupées, les écoles rouvertes, des magasins apparaissent là où il fallait prendre sa voiture et faire trente kilomètres pour trouver un supermarché… On pourrait envisager l’obligation pour l’étranger d’apprendre le vénitien et de suivre des cours de vie vénitienne… On pourrait imposer un quota d’artistes, d’écrivains, de créateurs et de simples retraités amoureux de la ville pour ne pas en faire une sorte de Greenwich village artificiel, ghetto de vieillards ou d’artistes argentés… Et puis, il faut briser le globe sous lequel on a enfermé la ville. Depuis sa création, elle a bougé, elle s’est reconstruite, transformée, agrandie… Construisons là ou il y a de la place – et il y en a – laissons aux jeunes architectes italiens – Venise en regorge – la possibilité de s’exprimer et d’innover en partant des contingences locales certes très prégnantes mais nécessaires à respecter pour que se pérennise l’idée même de Venise. Le pont autrichien était déjà une aberration, alors le béton armé, la brique industrielle ou les structures de verre et de bois ne sont pas des audaces mais des conneries (pardonnez cet écart de langage). Venise est propriétaire de nombreux bâtiments mais les aménager en logements salubres coûterait une fortune. En l’état, peu sont habitables selon les critères d’aujourd’hui. Démolissons ce qui n’a pas un caractère extraordinaire et majeur pour le patrimoine de l’humanité. Il y a des friches à Venise, des îles vides, des terrains vagues. Ne les laissons pas aux spéculateurs de Las Vegas ou de Disney Corporation. Plus de projets d’hôtels de trop grand luxe pour happy few asiatiques ou américains. Offrons des logements locatifs abordables et les familles reviendront, les écoles rouvriront, les commerces réapparaîtront. A l’ère de l’ultra technologique pourquoi ne pas délocaliser à Venise ? Un statut spécial pour les entreprises italiennes ou étrangères créatrices d’emploi (je ne sais quelle est la marge de manœuvre de la municipalité et de la région en Italie en matière de taxes et d’imposition, mais je sais que n’importe quelle entreprise qui se verrait offrir 50, 100 ou 200 logements gratis en échange de l’implantation d’une unité de production ou de bureaux administratifs y réfléchirait à deux fois). Avoir son siège à Venise, pouvoir loger ses employés à moindre frais, qui n’en voudrait pas ? Mais je ne suis ni un élu, ni un économiste et mes idées sont peut-être naïves.

Je vois seulement quand je passe dans les rues combien la ville change. Rien qu’en sortant de chez moi pour aller acheter le journal quand j’habitais Cannareggio, Calle del’Aseo, derrière le Cinéma Italia, et que le kiosque de la lista di Spagna était fermé, je partais vers la gare, je passais devant trois coiffeurs, une quincaillerie, un droguiste, cinq épiciers, deux marchands de fruits et légumes, trois boulangeries, une mercerie, deux bouchers, un charcutier, quatre boulangers, un marchande de jouets, deux buralistes (ils vendaient encore du sel à cette époque), un serrurier, deux drapiers, un marchande de bonbons, un grand magasin Standa, quatre pharmacies, un nombre incalculable de petits bars avec des stands de Totocalcio, un réparateur de radios et télévisions, un négoce de vaisselle et d’articles ménagers, une salle des vente, six restaurants, un libraire, deux antiquaires, un parfumeur, un ébéniste, un plombier, trois bijoutiers, deux pressings, et des magasins de vêtements. Il y avait certes déjà un marchand de gravures et deux boutiques de souvenirs… L’énumération est fastidieuse, je sais, mais je voudrais faire comprendre à celui qui découvre Venise aujourd’hui combien il est triste de se promener dans des rues figées dans un passé artificiel, vides de leurs commerces ou remplies de boutiques attrape gogos Made in Taïwan. Imaginez combien les rues étaient bruissantes, les conversations animées, la vie bouillonnante partout, et cela depuis un millenaire… Aucune nostalgie dans ces lignes, je rêve seulement que la vie revienne dans ces rues et sur ces campi autrement qu’artificiellement avec des carnavals populaires et des fêtes de luxe pour les riches...

Il faut des enfants qui courent et nous bousculent, des vieux qui discutent assis au soleil, des marchands qui apostrophent les ménagères pour faire remarquer la beauté de leurs fruits et de leurs légumes venus des îles de la lagune, des pêcheurs qui offrent le produit de leur pêche, des livreurs qui se faufilent en criant gare… Même le touriste s’en trouvera bien, rien de tel que la vraie vie pour marquer un voyage non ? Allez du côté du marché du Rialto un matin vers 11 heures ou bien à Castello, sur la Viale Garibaldi, devant Santi Apostoli, et la vie qui fuse sous vos yeux dans ces endroits, c’est la vie et l’animation qu’on pouvait trouver partout dans Venise autrefois. De même à l’heure de la passeggiata, à San Luca ou à San Bartolomeo, les campi étaient nors de gens, tous ou presque avaient moisn de vingt ans. A Sto Stefano leurs aînés se retrouvaient, étudiants, jeunes ménages. Les familles sortaient à San Polo, Santa Maria Formosa, ailleurs encore. Une foule innombrable sortait des maisons et se retrouvait dans un brouhaha tellement chaleureux que le plus agoraphobe d’entre vous se serait senti comme seul avec des amis ou en famille… La passeggiata existe encore mais évidemment les figurants sont moins nombreux. La production n’a plus les mêmes moyens. Imaginez ce que cela sera lorsqu’on ouvrira le matin les portes de Venise aux hordes... De vrais figurants ceux-là se mettront en place et comme dans une sorte d'écomusée, singeront les gestes de leurs ancêtres : gondoliers, souffleurs de verre, marins, provéditeurs et conseillers en toge, mitrons portant sur leur tête les paniers remplis de croissants fumants, les lavandières avec leur panières de linge, les étudiants leurs livres sous le bras. On peut imaginer à certaines heures, comme la relève de la garde devant Buckingham Palace, des sortes de ballets comme Broadway ou Las Vegas savent en créer : gondoliers regagnant leur gondole, apprentis et serveuses, étudiants et religieuses qui s’agiteront en musique sous le crépitement des flashes des hordes qui en auront pour leur argent. Allez, ne vous en faites pas Venise-disneyland, cela pourrait ne pas être dans très longtemps. Parfois, je prie pour qu’Al Gore se soit trompé et que la montée des eaux soit pour demain et qu’on en finisse avec ce cauchemar !

Mais soyons résolument optimistes, les autorités cherchent des solutions et parfois proposent de bonnes choses. Les Moulins Stucky qui seront à la fois un hôtel de luxe et des logements sociaux, l'arsenal réorganisé et ré-exploité, la venue de la collection Pinault au Palais Grassi, d'autres projets de qualité qui créeront des emplois ailleurs que dans le tourisme... Et puis que diable, Venise reste toujours aussi belle et les jeunes qui s'en éloignent sont remplacés par de jeunes vénitiens d'adoption qui la découvrent : visiteurs ébahis, étudiants déterminés, certains resteront et formeront la Venise de demain. Je suis certain que tous, vénitiens d'adoption ou de souche, ils refuseront de devenir des sortes d'indiens dans une réserve, imbibés d'alcool et d'ennui ! Quant aux touristes, ils ne seront plus une horde de consommateurs ignares et pressés, mais des voyageurs informés et bien élevés dont l'émerveillement sera teinté de respect et de sollicitude.

01 janvier 2007

Premier jour...

Frisquet ce matin ici. A peine 5° au thermomètre de la fenêtre. Les toits étaient blancs à l’aube. Le ciel est gris avec des nuances de rose. Rien de terrible. Pourtant le ciel parait bleu à l’horizon. La pluie qui tombe ne parviendra pas à nous déprimer. C’est le premier jour de l’année et Venise s’éveille doucement.
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Dans la rue, les bruits commencent à se faire plus denses. Les passants échangent leurs vœux, des touristes cherchent leur chemin. Les vitrines de la librairie sont toutes illuminées, comme un souvenir des fêtes déjà terminées. Un autre capodanno passé. Que sera 2007 ? Constance m’a réveillé ce matin en me disant : "papa, plus que 359 jours et c’est Noël!". J’aime cet esprit ("de Noël"aurait dit Charles Dickens) qui ne veut voir des choses que le bon côté, sans tomber jamais dans la guimauve et le mièvre de midinettes. Cette petite est très profonde. Venise la transcende : Elle semble totalement épanouie quand elle est ici. Son frère et le reste de la fratrie aussi d’ailleurs. Ma tribu vibre autant que moi au rythme de cette cité unique et nous ne sommes jamais aussi bien que lorsque nous poussons la porte de notre petite maison et franchissons ce seuil comme un havre espéré, désiré à chacune de nos absences.
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Giuseppe Faggiotto, le marchand de chocolat de Pordenone installé sur la Fondamenta di San Trovaso est en train de me faire aimer le chocolat noir. Mais le gianduiotto garde une place de choix pour mes papilles. Grignoter ces délicieux chocolats au praliné avec un macchiatto sur les Zattere, les pieds bien au chaud dans de bonnes chaussures, à l’abri du vent froid sous un parasol de Chez Nico... comment nier l’existence du paradis et de la Divine Providence ?
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Hélas les horreurs du monde nous rattrapent, la politique française apporte une revanche aux italiens vexés du mauvais exemple qu’ils nous ont montré pendant les sombres années du règne berlusconien, la pendaison de Saddam Hussein quand le monde entier récuse la peine de mort, les dures vérités de Syriana, ce film de Clooney vu hier soir en DVD… Mais qu’y pouvons-nous ?  Les hommes n’apprennent jamais rien et l’histoire comme le dit Antonio Tabucchi ("Au pas de l'oie", Le Seuil) n’a pas beaucoup d’imagination, tout recommence toujours. Rien de nouveau même sous le soleil de Venise. Les patriciens de la Sérénissime voyaient déjà le gouvernement comme nos politiques aujourd’hui. Coupés du monde et de la réalité, eux au moins avaient les masques pour se faufiler parmi le peuple et s’imprégner des rêves et des désirs. Du commun. Tant qu’elle a su innover, son élite s’est perpétuée. Et son univers aussi.

Ne voyez aucun parallèle avec notre monde dans ce que j’écris là. Ratiocinations d’un vieux ronchon. Mais Venise est belle même avec un ciel gris et cette pluie glacée. J’ai vu au loin le bleu du ciel, il fera peut-être beau cet après-midi et nous irons à Castello voir des amis. Nous ferons une halte au Café du Paradis, là où la vue sur le bassin de San Marco est la plus belle. Nous y reviendrons au printemps, quand la glycine sera en fleur. Voir San Giorgio, la Pointe de la Douane et San Marco entre les grappes parfumées est un grand moment d’émotion que nous ne manquons jamais. !
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Les photos sont de Pupetto dont je recommande le blog.


TraMeZziniMag
souhaite à ses lecteurs une très Bonne Année !
à Venise, à Bordeaux et ailleurs dans le monde :
Que 2007 soit une année de paix et de joie !