17 septembre 2007

Madeleine Peyroux chante "the summer wind". Devant la maison, deux jeunes garçons s'amusent avec leur skate. Ils ressemblent à mon fils. Lui, le skate ce n'est pas vraiment son truc. Il est en haut, les yeux rivés à son écran d'ordinateur, jouant à Dofus où il est tout à tour marchand, artisan ou chevalier. La rumeur de la foule qui passe est atténuée par le mur qui nous sépare de l'école voisine. Toutes les fenêtres sont ouvertes. Le jardin embaume, le jasmin et les vieilles roses, l'herbe fraîchement coupée, les massifs de fleurs du voisin. Le ciel est d'un bleu limpide, sans un nuage. Il fait bon. Ce sera bientôt le retour, la rentrée. 

Mes filles bouquinent sur la terrasse. Le thé bien chaud est servi, avec les biscuits et ces délicieux macarons de Rosa Salva, sur la vieille table un peu rouillée du jardin. Il ne manque que notre bon vieux chat resté en France. Nous sommes en ville, avec cette sensation d'être vraiment au centre de quelque chose d'unique et de fondamental. Pourtant nous pourrions être dans n'importe quel jardin de campagne, tant le nôtre ici est sauvage et commun. Mais, contrairement à la ville normale, ici il n'y a pas ce bruit permanent, celui des moteurs de voitures, des klaxons, qui dérange et obsède. Ni cette odeur infecte que laissent derrière elles les automobiles. 

Oui vraiment, même sans sortir de chez nous, vivre à Venise a quelque chose d'unique et de différent. Deux voisines bavardent derrière le mur. L'une est la concierge de l'école avec qui je parle souvent. Joie d'entendre ce dialecte vénitien dont je ne comprends pas tout. Cette intonation sans pareille. 

Nous sommes à Venise, il est presque dix huit heures et la vie passe, tranquille. A deux pas les touristes vont et viennent. Devant la maison les deux garçons s'amusent avec leur skate et rient aux éclats. Jean est venu nous rejoindre dans le jardin. Alix sert le thé, Margot a posé son livre et son visage radieux qui me sourit efface la souffrance de ces dernières semaines. Notre jardin à Venise, une parenthèse dans ce temps de rupture, terrible maelström dans lequel nous sommes tous précipités... Madeleine Peyroux chante doucement "the summer wind".
Écrit à la Toletta, juillet 2007



3 commentaires:


Anonyme a dit…
Je reconnais "mon" chat et la Salizada de le Gatte...Je suis surprise de le retrouver là ...mais également heureuse que ce moment pris sur le vif ait plu au fin connaisseur de Venise que vous êtes! Fanfan
Anonyme a dit…
Après recherches et conseils...cette photo a été prise Campo del Tiziano. Fanfan
Lorenzo a dit…
je rajoute donc le copyright. Je voulais en fait un lieu qui ressemble à l'entrée de ma maison mais ne dévoile pas l'endroit. Vous savez bien les groupies, les paparazzi... Je plaisante.

16 septembre 2007

Il ponte chiodo alla Misericordia

Non loin du Ghetto, près de la Misericordia, connaissez vous ce pont ? L'un des derniers sans rambarde, comme ils le furent tous très longtemps, à l'époque des chevaux. Le pont du diavolo à Torcello date de la même période. C'est l'occasion de remercier une fois encore Pierre et Suzy, les animateurs de Venice Daily Photo que je pille très souvent et qui font un travail remarquable. Allez voir leur site si vous ne le connaissez pas encore. 

14 septembre 2007

Venise dans Second Life : ça marche !

La mode est au virtuel. C'est tellement plus simple... Je vous avais annoncé l'inauguration en mai dernier de la Venezia virtuale dans l'univers de Second Life, ce monde où on peut vivre par procuration (vous créez un ou plusieurs "avatars" et vous menez là-bas une seconde vie, toute virtuelle).
 
Et bien aujourd'hui ça marche et depuis le printemps des millions de visiteurs s'y sont précipités. Les fêtes succèdentr aux fêtes et la mode est au voyage en amoureux dans la Venezia virtuelle. De quoi convaincre les derniers publicitaires réticents.
 
Dorénavant, des sociétés bien réelles y achètent à tour de bras des espaces publicitaires, des Etats tout ce qu'il y a de plus vrais y ouvrent des ambassades. Depuis plusieurs mois, à l'initiative des créateurs du Gruppo Italian Project , une Venise assez fidèle (autant que faire se peut) a vu le jour et les touristes (virtuels) de tout Second Life s'y précipitent. Tout y est ou presque : le pont du Rialto, San Marco, les calli, les canaux, les gondoles et même... l'acque alta ! 
 
Pour l'inauguration la foule des invités en chair et en os purent se promener virtuellement et sur grand écran en gondole ou faire une passeggiata romantique dans les rues de la ville... Des manifestations officielles et commerciales sont organisées depuis sur Venezia second Life. Vous pouvez louer ou acheter un étage de palais. Au cours du Lindon dollar (la monnaie virtuelle de Second Life), c'est un peu moins cher qu'en vrai ! Un autre monde vraiment. Certes féru des riches possibilités d'Internet, je reste dubitatif et continue de préférer la vraie - même à distance - à la virtuelle.
 

12 septembre 2007

COUPS DE CŒUR n°17

Depuis 2005, je sacrifie à l'amour des listes qui fait florès sur la blogosphère. Pourquoi s'en priver. C'est un moyen de partager les livres et les disques qu'on aime, les découvertes, les lieux sympathiques. Cette 18e édition de Coups de Coeur marque les deux ans de la rubrique. Je lisais l'autre jour un auteur américain qui prétend que le pire est sur internet. C'est sûrement vrai. Pour ma part, je n'ai aucune autre prétention sur TraMezziniMag que de partager mon amour passionné - démesuré ? - pour Venise et la vie que j'y mène, car comme pour tous les exilés, mon Ithaque n'est que merveille et bonheur. J'espère ne pas lasser mes lecteurs ni dire trop de bêtises !
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Kirsty Gunn,
Le garçon et la mer.
Christian Bourgois, 2007
Au début de l’été, un jeune adolescent de 15 ans, Ward, le héros du livre, n'a d'autre occupation que d'aller à la plage. Un copain l’incite à venir à une fête chez Beth, riche en alcools, en filles et où il lui promet qu'ils s'amuseront bien. Mais Ward est timide et renfermé, il lutte pour se défaire de l’emprise de son père. Il préfère attendre la bonne vague sur la plage car il n’est vraiment heureux que lorsqu’il prend sa planche et va surfer, pour échapper provisoirement à ses angoisses. Comme le soleil s’approche du zénith, les courants changent et le garçon va se trouver confronté à un événement spectaculaire qui bouleversera sa vie à tout jamais. Un court roman d’apprentissage sensuel et enivrant qui décrit à la perfection les gênes et les défis de nos quinze ans, un conte où se mêlent danger et sexualité, un conte sur les mères et leurs fils, sur les pères qui les dominent et sur la mer. Par une jeune femme d'origine néo-zélandaise qui vit à Londres. A dévorer en cette fin d'été. 
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Bernard Delvaille
Plaisirs solitaires.
Ed. Le Temps qu'il fait.
"Je ne sais pas si ce que nous avons écrit nous définit ou si c’est notre vie qui détermine ce que nous écrivons. L’un et l’autre sans doute. Le plaisir solitaire, c’est celui de la lecture. Jeune, c’est aussi celui du voyage, qui, plus tard, réclame d’être partagé. Les textes ici rassemblés - dont d’importants inédits par rapport à la première édition - sont de courts essais littéraires (Le cavalier Marin, Sur Émile Verhaeren) et des souvenirs de voyages : Londres, Venise avant tout, mais aussi les côtes de Norvège, Copenhague et Elseneur, Dublin. Autant d’amers qui balisent une vie." Ces notes, comme un journal de bord, écrites par cet auteur bordelais récemment disparu et qui mériterait d'être mieux connu, contiennent de très belles choses sur Venise sans en parler vraiment. "J'aimerais vivre dans les ports verts et silencieux de Carpaccio, où le ciel et la mer ne font qu'un, et où les pavillons flottent à peine au vent humide et chaud de l'Adriatique. Mais ce n'est pas Venise, c'est un paysage de l'âme." Venise est effectivement un paysage de l'âme que ne comprennent bien que ceux qui l'ont belle, simple, pure et enfantine encore. Delvaille était de ceux-là. Bordelais, il est mort à Venise en avril dernier. On lui doit la collection Poètes d'Aujourd'hui qu'éditait Seghers, et de nombreux ouvrages de qualité. Ses manuscrits, sa correspondance et de nombreux autres documents ont hélas disparus après son décès et il serait urgent de faire quelque chose pour sauver ces archives entreposées par un des exécuteurs testamentaires on ne sait où ni dans quelles conditions.S
 
Andreas Scholl
Arias for Senesino,
Musiques de Haendel, Porpora, Lotti, Albinoni, Scarlatti.
Ed. Decca.
L'air "Al lampo dell'armi" de Haendel extrait de Giulio Cesare, vous saute littéralement à la figure. Andreas Scholl à la voix immaculée pleine de finesse explose littéralement dans ce disque hommage au fameux castrat du XVIIIe siècle, Francesco Bernardi dit Senesino, qui fascina l'Europe entière et inspira les plus grands musiciens réunis dans ce disque comme Albinoni ou Scarlatti entre autres mais surtout Haendel qu'il fascina. Merveilleuse prestation soutenue par des musiciens d'une remarquable efficacité et manifestement investis de la même mission. Un CD remarquable qu'il est impossible de laisser. Je l'écoute quasiment en boucle.
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Trattoria da Marisa
Fondamenta San Giobbe
Cannaregio 652b,
041 720211
Fermé dimanche & lundi.
Voilà une adresse incroyable que j'ai peu souvent communiquée. Elle fera fuir certains mais elle régalera (au propre comme au figuré) les amateurs de bonne vraie cuisine casalinga vénitienne. Ceux qui veulent de l'authentique et non du Mc Disney. La truculente Marisa (sur la photo en train de préparer ses légumes) est bien connue des gondoliers et des fines bouches de Venise. On peut passer devant sans remarquer ce petit restaurant. Pas de publicité ni d'enseigne. Seules quelques tables au bord du canal signalent l'établissement. Bons petits plats et une hospitalité de plus en plus rare. C'est pratiquement toujours plein et les touristes peu nombreux (cela tient du miracle !). On y propose un menu, mais chaque jour la carte est différente et il faut se laisser entraîner par les suggestions de la serveuse. Les tagliatelles au canard sont réputées, mais aussi mes gnocchis et le ragù, cette sauce à la viande qui nappe si bien les spaghettis et prouve qu'on peut les cuisiner autrement qu'à la bolognaise. Les charcuteries sont de première qualité, comme les légumes. Même la viande est bonne, ce qui est rare en Italie et particulièrement à Venise. Son boeuf mironton à la vénitienne est à se rouler par terre. Quant au vin, il coule à flots et je puis vous assurer que l'ambiance ne manque pas. Et puis, pour parfaire le tout, l'addition n'est jamais salée. Il faut compter en moyenne un peu moins de 20 euros par personne, pour un repas complet.
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Enoteca Vino e Vini
Castello 3301, Fondamenta dei Furlani
Tél. : 041-5210184
Un magasin comme on aimerait en trouver partout. Un choix incroyable de vins et un accueil empressé, jovial et vraiment amical. Un lieu que je recommande vraiment malgré son succès auprès des américains et des japonais. Ils ont d'excellentes grappa et de grands millésimes du veneto mais aussi des autres régions viticoles d'Italie. Tous les prix.

09 septembre 2007

Traghetto

En attendant que la barque soit complète... Le traghetto vu du côté de la Strada Nova, devant le Palazzo Sagredo, qui permet de se rendre au marché du Rialto pour quelques centimes. J'allais dire pour quelques lires. Décidément, je ne m'y ferai jamais à cette monnaie unique...

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2 commentaires:

Mara a dit…
Je passe par là tous les matins ou presque pour aller à mon travail à l'Université. Nous vivons derrière la Strada Nova, près du Ghetto. Enzo qui vient de Ancona est un ami de Julia que tu connais. Bravo pour ton magazine et au prochain tramezzini al tonno-uova que je savoure promis je pense à toi !
Lorenzo a dit…
Merci Mara, un bon tramezzini avec un verre de prosecco pris au soleil sur une petite place tranquille, rien de tel pour reprendre des forces avant d'aller travailler; !

Mostra del Cinema : les résultats

La Mostra a fermé ses portes, les lions rentrent au bercail et la foule s'éparpille. Sur le ponton de l'Excelsior, le tapis rouge a été rangé. Les dernières vedettes s'attardent du côté du Harry's bar ou au Danieli (Woody Allen venu présenter hors compétition son nouveau thriller, reste quelques jours supplémentaires). Le jury vient de rendre son verdict. En voilà la liste.

Lion d'Or pour le meilleur film :SE, JIE (LUST, CAUTION) de Ang Lee (Usa/Chine/Taïwan)

Lion d'Argent pour la meilleure mise en scène :
Brian De Palma pour le film REDACTED (Usa)

Prix Spécial du Jury (ex aequo) :LA GRAINE ET LE MULET de Abdellatif Kechiche (France)
I’M NOT THERE de Todd Haynes (Usa)

Coupe Volpi pour la meilleure interprétation masculine :
Brad Pitt dans le film THE ASSASSINATION OF JESSE JAMES BY THE COWARD ROBERT FORD de Andrew Dominik (Usa)

Coupe Volpi pour la meilleure interprétation féminine :
Cate Blanchett dans le film I’M NOT THERE de Todd Haynes (Usa)

Prix Marcello Mastroianni à un jeune acteur débutant :Hafsia Herzi dans le film LA GRAINE ET LE MULET de Abdellatif Kechiche (France)

OSELLA pour la meilleure photographie :
Rodrigo Prieto, directeur de la photographie du film SE, JIE (LUST, CAUTION) di Ang Lee(Usa/Chine/Taïwan)

OSELLA pour la meilleure mise en scène :
Paul Laverty
du film IT’S A FREE WORLD… de Ken Loach (Grande Bretagne)


Lion d'Or spécial
décerné pour l'ensemble de son oeuvre à Nikita Mikhalkov
Les extraordinaires capacités et le talent du cinéaste russe ont été récompensé par un jury unanime. Son nouveau film confirme une fois de plus les qualiéts humaines de l'artiste. Roberto Ellero, le directeur de Venezia Circuito Cinema doit être très heureux, Mikhalkov est depuis longtemps un de ses amis. Je me souviens en 1985 à Bordeaux, lorsque j'organisais la présentation en France de son exposition "Venise, Cité du cinéma" ( je dois vous en reparler), Roberto Ellero apprit que Mikhalkov venait au cinema Jean-Vigo invité par son directeur l'éminent Alain Marty, les deux amis parlèrent ensemble devant un public médusé. Et notre vénitien déclara ce soir là au public bordelais :"vous avez en face de vous un des plus grands cinéastes du monde".

Section HORIZONS
Prix Horizons :
SÜGISBALL (AUTUMN BALL) de Veiko Õunpuu (Estonie)
Le Prix Horizons est soutenu par la Fondation Groupama Gan pour le Cinéma avec une dotation de 20.000 €

Prix Horizons Doc :WUYONG (USELESS) di Jia Zhangke (Chine)

Mention spéciale du jury :
KAGADANAN SA BANWAAN NING MGA ENGKANTO (DEATH IN THE LAND OF ENCANTOS) de Lav Diaz (Philippines)

Section LEONE DEL FUTURO
Prix Venezia de la première oeuvre Luigi de Laurentiis :
LA ZONA de Rodrigo Plà (Mexique)
Aurelio De Laurentiis et la société Filmaro dotent ce prix de 100.000 dollars. Le réalisateur reçoit 40.000 € de pellicule Kodak

Section CORTO CORTISSIMOLion d'Argent pour le meilleur court-métrage :
DOG ALTOGETHER de Paddy Considine (Grande Bretagne)

Mention spéciale :
LIUDI IZ KAMNYA (STONE PEOPLE) de Leonid Rybakov (Russie)

PRIX UIP :
ALUMBRAMIENTO de Eduardo Chapero-Jackson (Espagne)

07 septembre 2007

Venise la joyeuse et non pas Venise la morbide


En 1869, mon arrière grand-père qui était parti se marier en Allemagne, fit son voyage de noces en Italie et notamment à Venise. Il a tenu le journal de ce périple et quelques documents retrouvés dans le cahier de moleskine noire (une ou deux photos réalisées, des cartes postales, un billet de vapeur, la facture de l'hôtel, etc...) rendent leur séjour très vivant. Nous avons toujours, dans un bel album relié, les photos qu'ils ramenèrent de leur voyage, magnifiques tirage sur carton, devenus aujourd'hui des raretés pour collectionneur.

Cela me donne l'occasion de vous parler des archives Filippi léguées par la famille à l'IRE, l'Istituto di Ricovero e di Educazione di Venezia où la dernière fille du grand photographe termina ses jours. Tomaso Filippi (1852-1948) était un photographe vénitien élève de Carlo Naja, qui passa sa vie à faire des clichés de Venise, des gens et des monuments. Une extraordinaire collections de souvenirs d'un monde disparu. En noir et blanc ou colorisée, les premiers clichés conservés datent de la fin du XIXe, les plus récents de la fin des années 40. C'est une incroyable source de documentation qui couvre toute cette période somme toute assez noire pour Venise, au propre comme au figuré. Après les années de la domination autrichienne et les débuts de l'Unité italienne, Venise n'est plus que l'ombre d'elle-même. Elle se paupérise. 
Psychologiquement, elle se méprise et se sent déconsidérée. Sa jeunesse devient ce qu'a été un temps la jeunesse misérable des Philippines. Elle se donne au plus offrant. Non, plutôt, elle se vend. Les murs s'effritent, les canaux sales ne sont plus nettoyés et les grandes familles désertent les palais pour Rome et se pavanent au Quirinal, (les mêmes qui avaient glané titres et couronnes à Vienne). Le petit peuple se sait abandonné. Les Richard Wagner, Thomas Mann, Maurice Barrès, Jean Lorrain, Jacques d'Adelsward-Fersen et tant d'autres se repaissent de cette atmosphère déliquescente qui va si bien à leur dandysme décadent. Ils vont répandre dans la mentalité universelle cette contre-vérité qui veut que Venise soit mélancolique, morbide et moralement décatie. Ne l'a-t-on pas appelé le "royaume des invertis" ou "Notre Dame des Mers Mortes"? Ceux qui la connaissent savent qu'elle est tout le contraire, la vie, la lumière, la fête, la joie, le rire. Derrière son apparente décrépitude, elle découvre à ceux qui l'aiment vraiment les restes grandioses de ce qu'elle fut des siècles durant, la reine de l'Adriatique. 
















Le pain des pêcheurs


L'excellentissime Venise Daily Photo présentait hier ce délicieux biscuit vénitien qu'on trouve dans les vraies pâtisseries comme celle que le webmestre mentionne à Cannaregio sur la Lista di Spagna, mais aussi sur celle qui est voisine du ghetto près du pont des Guglie, sur la calle Barbarie delle Tole, près de la maison de retraite de San Zanipolo, en face de l'école primaire du quartier. En fait c'est une sorte de macaron croustillant à la pistache et aux amandes. Comme sa couleur rappelle les produits de la mer et qu'il est assez dur et s conserve longtemps, on dit que les marins l'emportaient avec eux sur leur bateau. Il existait au Lido une petite pâtisserie spécialisée dans les produits à base d'amandes qui en faisait de délicieux : dur en dehors et moelleux à l'intérieur. A se rouler par terre. Cette même pâtisserie proposait une sorte de petite puits de fine pâte sablée garnie d'un onctueux mélange comme la torta di mandorla mais d'un parfum unique. Je vais rechercher l'adresse pour la communiquer aux amateurs de ce genre de délices.

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1 commentaire:


Pierre a dit…
Merci Lorenzo pour cet "Excellentissime" qui me touche même si mon blog n'en mérite pas tant... Et merci pour toute cette culture vénitienne que tu nous transmets avec régularité au fil des pages de Tramezzinimag.

06 septembre 2007

Polémique sur le Grand Canal.


Peut-être serait-il plus charitale de ne pas revenir sur l'échange violent entre le maire et l'un des vainqueurs de la Regata Storica l'autre jour sur La Macchina. Mais comme le Gazzettino en rajoute une couche aujourd'hui en annonçant l'ouverture d'une information judiciaire contre les protagonistes de cette malheureuse affaire, je ne résiste pas à l'envie de vous raconter ce qui s'est passé.

Le maire avait prévenu tout le monde : si les régates ne se déroulaient pas dans l'ordre et si les décisions des juges sont contestées, la commune annulerait toute la stagione remiera, saison sportive que les vénitiens attendent comme d'autres les internationaux de tennis ou la coupe de football. La journée semblait s'être parfaitement bien passée. Le cortege historique avait été très applaudi et sur la machina, si on s'ennuyait un peu entre deux courses, on appréciait la qualité des prestations sportives qu'offraient les différentes équipes, depuis les moins de 14 ans, les équipes féminines jusqu'aux anciens et aux gondoliers professionnels. Mais tout a basculé quand les vainqueurs sont arrivés sur le ponton officiel. La tradition veut que soit remis aux gagnants un fanion de couleurs ; l'équivalent des médailles d'or, d'argent et de bronze. Et soudain, le drame : un des protagonistes, classé troisième, a jeté son trophée dans l'eau du grand canal et en hurlant a voulu s'en prendre physiquement au jury, devant l'assistance médusée. Massimo Cacciari, qui a un tempérament bouillonnant et ne s'en laisse jamais compter (pour un philosophe, je l'ai rarement vu rester stoïque !), s'est mêlé de l'affaire et les deux hommes en sont venus pratiquement aux poings. En tout cas les injuers et les noms d'oiseaux ont fusé entre le rameur et le premier magistrat de la ville, plus petit mais teigneux. Bref, scandale sur le Grand canal. Et l'affaire apparemment ne va pas en rester là puisque la justice est saisie. 
Ne riez pas, il ya dans Venise les partisans et les opposants au vaincu râleur et cela discute sec dans les bars et les osterie. Tout cela en fait reste dans la bonne tradition des nicolotti contre les bartolotti. La République sérénissime savait faire : elle laissait ses administrés en découdre de temps à autre et d'une manière très officielle afin d'éviter ce genre de tensions qui persiste et finit un jour par permettre une de ces tragédies à l'antique, vous savez l'histoire éternelle des Capulet et des Montague (après tout Vérone n'est pas loin !). Mais l'échange entre le rameur et Cacciari n'a pas grand chose à voir entre le dialogue de Juliette avec son Roméo...

Pavarotti est mort : Venise en deuil


Les drapeaux ont été mis en berne sur la façade de la Fenice ce matin à l’annonce de la mort du grand ténor Luciano Pavarotti et ce soir, une minute de silence sera observée au début de la représentation du Prince de la Jeunesse. C’est sur cette scène mythique que l'artiste, tout jeune chanteur venu de Modène, fit ses débuts dans le rôle d’Alfredo de la Traviata, le 3 décembre 1961... Il avait été découvert par Mario Labroca, alors directeur artistique du théâtre. L’émotion que suscite cette disparition, pourtant pressentie depuis quelques jours, parmi la population vénitienne est perceptible dans toute la ville. Les gondoliers ont décidé de porter un ruban noir en signe de deuil et l’orchestre du Florian a joué toute la journée un pot-pourri des plus fameux airs qu’interpréta le maestro. A Vienne, un drapeau noir a été hissé à l’Opéra et à Londres, la fanfare royale de Buckingham Palace a joué "Nessun dorma" pour la relève de la garde. Romano Prodi a fait applaudir les membres du gouvernement rendant ainsi un hommage officiel à celui que beaucoup considèrent comme le plus grand ténor du XXe siècle. "Le monde a perdu un grand ténor, mais j'ai perdu un grand ami, un frère", a déclaré sa grande amie d'enfance, la soprano italienne Mirella Freni, "Nous avons grandi ensemble, étudié le chant ensemble, et Dieu nous a offert de grandes carrières. J'ai perdu un frère". Il venait de se voir décerner par le gouvernement italien le prix de l’excellence pour la culture italienne. C’était une grande star, une voix divine et comme des millions de gens dans le monde, je n’ai pu m’empêcher de verser une larme en apprenant la nouvelle. Ecoutez son interprétation de "Nessun dorma". Bonne route, maestro et merci !


1 commentaire:

condorcet a dit…
Oui, avec la Callas, ce sont des voix qu'on ne peut s'empêcher d'entendre sans être ému jusqu'au plus profond de son âme.

05 septembre 2007

Journée Tim Burton mercredi à Venise



Le réalisateur Tim Burton, spécialiste des films macabres et rigolos a été honoré par la Mostra par un Lion d’Or décerné pour l’ensemble de son œuvre. Les organisateurs du festival l'ont cité comme "le plus visionnaire et innovant réalisateur parmi les meilleurs cinéastes américains” .
Interrogé par la presse sur la terrasse de l'Excelsior, le cinéaste a commenté son séjour à Venise : "Je suis souvent venu à ce festival et à chaque fois j’ai ressenti ici quelque chose de vraiment spécial”, les yeux cachés par de superbes lunettes de soleil très fashion. C’est Johny Depp, son acteur fétiche qui a été chargé de lui remettre le prix.

Journée Tim Burton au Lido donc puisque après la cérémonie, on présentait au Lido une version 3D de son film de 1993 "the nightmare before Christmas”, (TNBC pour les afficionados et "l'Etrange Noël de Mr Jack" en français) son plus fameux dessin animé musical. On projetait aussi quelques rushes de son prochain film "Sweeney Todd, the demon barber of Fleet street" , une adaptation de la comédie musicale de Stephen Sondheim avec Johny Depp dans le rôle titre et Helena Bonham-Carter, la compagne de Burton, encore plus radieuse que d'habitude (le couple attend un deuxième enfant !).

04 septembre 2007

Spritz et Caffe latte



Un clin d’œil à Claire de Marco Polo Vetro qui, sous le fallacieux prétexte d'aller compléter ses commandes passe à Venise la semaine en solitaire pendant que nous sommes tous contraints de reprendre le chemin de la routine bordelaise...

Vie quotidienne


Pour éviter qu'on me reproche de ne jamais voir tout qu'en noir et montrer que je ne passe pas mon temps à dénigrer les temps modernes ni leur (triste) impact sur Venise, voici un petit montage qui fait bien ressortir le quotidien dans la cité des doges. Cette atmosphère unique faite de la même vie que partout ailleurs, avec en moins le bruit immonde des voiture, la pollution et le stress. Ce rythme de vie imposé par les ponts, les tours et détours qu'il faut faire pour se déplacer d'un point à un autre, les rencontres qu'on ne manque pas de faire sur un campo ou au marché, tout rend ici la vie meilleure et plus joyeuse. Et cet air, mélange indescriptible de senteurs urbaines et marines... 
Crédits photographies : © Dan Helle. Tous droits réservés.

3 commentaires:

condorcet a dit…
Jan Morris aussi était très lucide sur Venise revisitée par les temps modernes. On peut aimer passionnément et couler un regard en biais sur la Sérénissime.
Pourquoi pas ? Les deux me paraissent conciliables. Chaque époque charrie son lot d'inquiétudes et d'incertitudes. Heureusement, l'histoire a plus d'un tour dans son sac. Et qui sait ? Peut-être Venise connaît-elle en ce moment les premières effluves d'un renouveau démographique et d'un tourisme plus maîtrisé ?
condorcet a dit…
Évidemment, à lire Venessia.com, votre blog ou même "Le Moniteur des travaux publics" ou dans un genre plus grand public "Le Monde", il est probable que le lecteur ne sera pas saisi d'un optimisme grandiloquent sur l'apport de la modernité à Venise.
Venessia évoque en effet ce jour la fermeture d'un magasin de jouets remplacé par un magasin de chaussures. Remarquez, on a échappé au sempiternel magasin de masques et autres souvenirs.
"Le Monde" évoque quant à lui le pont de Calatrava et le futur funiculaire.
Pour se remettre de ces nuages qui pèsent sur la Ville, une bonne bouffée d'air lagunaire vient à point nommé.
Lorenzo a dit…
Sage conclusion !

03 septembre 2007

Le temps des vacances est passé

N'allez pas vous moquer mais voilà que me reprend cette horrible sensation pas du tout à l'ordre du jour des mentalités d'aujourd'hui. Si j'ai chaque année beaucoup de mal à lever le pied au début de l'été et qu'il me faut envisager de dételer pour quelques semaines, couper avec les préoccupations matérielles et oublier les préoccupations de ma vie professionnelle, si cette petite mort périodique me perturbe et me rend de très mauvaise humeur, le lâcher-prise qui suit et me prend tout entier, fait de moi un animal heureux qui se blottit vite dans ce cocon tissé de mille petits bonheurs et cela me renouvelle à un point tel qu'il m'est presque impossible de reprendre le collier. Je traîne, j'hésite, je passe au bureau, je repars, sans regarder les mails ni le courrier, je prétexte mille impondérables pour refuser dîners et rendez vous. Pourtant il faut bien s'y remettre. La vie doit être gagnée, du moins pour la plupart d'entre nous et ce n'est pas toujours de gaieté de cœur que nous devons nous atteler au joug, nous mettre au travail. Notre campagne me manque. Les journées sans but précis, les longues promenades sur la plage, les jours de marché, les petits plats préparés en famille. 

Et puis Venise aussi me manque terriblement, mais c'est la rentrée et je ne puis plus prolonger mes séjours lagunaires tant que les enfants vont à l'école et que mon entreprise ne peut fonctionner sans moi... Alors, hauts les cœurs. La Régate Historique marque la fin de l'été, du moins de l'été du farniente et de la sérénité retrouvée. Les images, les mille petits riens qui font les jolis souvenirs serviront à pallier le stress et l'ennui de la vie sociale. Le costume de Peter Pan est remisé dans la penderie avec les maillots de bains, les serviettes de plage et les romans faciles. Soyons sérieux, mettons-nous au travail et point de nostalgie, l'été reviendra. Le temps des vacances aussi. More Veneto (*)...
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(*) : More Veneto : littéralement "selon l'usage vénitien". Du temps de la République, l'année commençait le 1er mars. Pour distinguer les dates du calendrier vénitien du calendrier en vigueur dans le reste du monde, on ajoutait les initiales MV, après la date. Selon cet usage, mars étant le premier mois de l'année, c'est février qui en était le douzième et les mois de septembre, octobre, novembre et décembre étaient effectivement les septième, huitième, neuvième et dixième mois comme leur étymologie l'indique. Cet usage a été aboli par Buonaparte en 1797 avec l'assassinat de la République.

1 commentaire:

condorcet a dit…
Même pour les activités qui nous sont chères, il est difficile de reprendre le rythme et l'allant habituel. Il y a des signes qui ne trompent pas : un ticket de musée, un livre de la Toletta, un numéro du Gazzettino et l'irrésistible envie de courir, toutes affaires cessantes, à brides abattues, vers la lagune.

La Régate Historique 2007

Posted by Picasa

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1 commentaire:

Luc et Danielle a dit…
Bonjour Lorenzo et merci pour ces photos.
Nous étions presque en face de vous, entre les Fabriche Nove et les Camerlenghi.
Nous avons également mis en ligne pas mal de photos sur la Régate 2007 sur notre site e-Venise.com
Comme nous habitons maintenant à Venise, nous serons heureux de vous rencontrer lors de votre prochain passage, n'hésitez pas à nous contacter !
Bien cordialement,
Luc e Danielle

01 septembre 2007

Chioggia : la webcam



Dans la série "ne gardons pas les bonnes choses et les petits secrets pour nous seuls", voici une webcam que j'aime bien regarder de temps à autre, surtout quand la vie en ville à Bordeaux me pèse et que la perspective d'un séjour sur la lagune est bien trop éloignée pour que je sois dans l'euphorie qui me prend lorsque le retour est proche.


31 août 2007

Dimanche prochain, la Régate Historique

Le toujours très apprécié défilé historique qui précède la régate.
Le 2 septembre aura lieu la traditionnelle régate historique, grande fête très appréciée des vénitiens et des touristes. Elle retrouve cette année sa configuration traditionnelle puisque les travaux de restauration de la Ca'Foscari sont terminés et que la "Machina", la grande installation somptueusement décorée qui abrite depuis le temps des doges, les autorités de la ville et leurs invités de marque, sera de nouveau dressée sur le grand canal, à l’endroit où la vue est la meilleure pour assister à cette grande course. 
 
Aujourd'hui devant la Salute, comme le veut la tradition, le patriarche de Venise, le Cardinal Angelo Scola bénira les embarcations et les équipages qui participeront aux différentes compétitions. 
 
Dans une conférence de presse donnée à la Ca'Farsetti mercredi, Massimo Cacciari a souligné combien la municipalité avait fait en sorte que tout soit fait pour que cette fête appartienne avant tout aux vénitiens. C'est ainsi que de nouvelles courses ont été mises en place, dont notamment celle pour les très jeunes rameurs, réservée aux garçons de moins de 14 ans, les futurs champions. Il a particulièrement insisté sur la nécessité de maintenir un esprit de bonne conduite et de fairplay. Souvent dans les années passées,  trop d'incidents avaient eu lieu : contestation de la décision des juges, mauvais esprit entre équipes, tricheries et gros mots échangés. Cette année le maire a menacé d'interdire la prochaine stagione remiera (la saison 2008) s'il se produisait la moindre nouvelle incivilité.

Lady Diana, dix ans déjà

Le matin du 31 août 1997, j'allumais machinalement la radio de la cuisine. La maison dormait encore et comme tous les dimanches, que ce soit à Venise, à Bordeaux ou ailleurs dans nos lieux de vacances, je m'étais réveillé avant tout le monde pour préparer le petit déjeuner familial, moment sacré du week-end. Il devait être 8 heures et le journal venait de commencer. 

Les mots prononcés très lentement par le journaliste avec beaucoup d'émotion dans la voix : "La Princesse de Galles est décédée cette nuit des suites d'un accident de voiture à Paris", je les entends encore résonner dans ma tête. Le pot de lait que je tenais à la main m'échappa et comme des millions de gens ce jour là, je fus suffoqué. Les enfants et leur mère réveillés par le bruit du pot fracassé sur le carrelage, furent eux aussi atterrés. Nous avons su plus tard combien la réaction fut partout dans le monde, instantanément la même.

Cette femme magnifique qui occupait la scène médiatique tant par ses mésaventures conjugales que par la générosité de ses combats, disparaissait brutalement au moment où on la disait prendre son destin en main. Elle rayonnait. 
En un instant je pensais aux morts célèbres qui m'avaient profondément marqué dans ma jeunesse : l'assassinat de John F. Kennedy, appris un soir ( j'avais à peine huit ans) avant de m'endormir au moment où ma mère venait m'embrasser, laissant la radio allumée comme un rite. Nos larmes soudaines. La mort du Général de Gaulle en 1969, la foule des chefs d’État du monde entier à Notre Dame. Puis un matin de septembre 1982 où je tenais l'accueil du petit Hôtel Biasin près du ponte delle Guglie à Venise, l'annonce de la mort de la Princesse Grace... 

Des êtres d'exception qui deviennent pour les peuples du monde entier des sortes d'icônes, des modèles voire des références. On peut se moquer de cet attachement qui efface tous les défauts, les erreurs ou les manquements de ces héros des temps modernes. Ils occupent l'esprit et réchauffent le coeur de bien des malheureux, un peu comme les saints pour les gens d'autrefois. Ne nous gaussons pas. 
Sur la photo ci-dessus, la Princesse de Galles sortait d'un déjeuner à la Locanda Cipriani de Torcello avec le Prince Charles et leur suite, lors de leur visite à Venise. Un déjeuner dans un cadre bucolique par une belle journée d'été. C'était en 1984.

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8 commentaires:


condorcet a dit…
Le Général de Gaulle mort en 1969 ? Une mort politique alors : après le référendum du 27 avril 1969, il démissionne de ses fonctions de Président de la République. Il nous a quitté le 9 novembre 1970. Ce qui illustre bien la théorie du "double corps" s'appliquant aux monarques capétiens (on peut l'étendre aux monarques républicains) chère à Kantorowicz, un corps charnel d'un côté et une essence divine de l'autre... Les saints, les rois thaumaturges. Je ne sais pourquoi mais les Annales me manquent tout d'un coup. C'est le bonheur des classiques que de pouvoir être relu sans perte et sans abus de l'arguement d'autorité.
condorcet a dit…
"argument" : mille excuses. Ce clavier est une erreur. "Ne nous gaussons pas" : l'attraction du grand public ne saurait constituer un sujet de moquerie mais au contraire celui d'une étude historique dans les règles. Cordialement. F.
condorcet a dit…
"erreur" et surtout horreur, le clavier et pourtant il ne s'agit pas d'un QWERTY !!
Lorenzo a dit…
Oui pardon 1970. Je devrais davantage me relire.
condorcet a dit…
Mais non, mais non (on fait tous des erreurs et celle-là est bien menue) : vos commentaires sont excellents et stimulent l'esprit. C'est au lecteur de mobiliser ses ressources. Continuez ainsi, vous nous offrez une belle fenêtre sur la vie vénitienne, dans toutes ses dimensions. Cordialement. F.
Gérard a dit…
Ce qui était terriblement prenant lors des funérailles de De Gaulle n'était peut-être pas à Paris , mais se trouvait à Colombey . Il y eut d'abord l'affût sortant de la Boisserie et portant le cercueil français drapé en bois des chênes de Clairvaux ou des forêts qu'il parcourut alentour . Et puis . Il y eut le silence du village, le froid. Il y eut la famille , la toute petite église , les Saint-cyriens, le vent, les Compagnons, la population. Il y eut la simplicité, cet honneur qu'il voulut et qu'il reçut : absolu ! Un très grand moment d'Histoire qui nous ramène tout d'un coup à ce que nous sommes. Face à lui ! Je l'avoue , j'ai pensé à Diana Spencer ; elle fut littéralement broyée et ceci du début jusqu'à la fin par une effroyable machination, la pire de toutes. La raison d’État. Perfidie. Secrets inavouables. Son allure, son feeling, sa jeunesse m'imposent d'ailleurs un jugement à ce sujet certainement erroné. Alors tant pis. Irrationnel, tant mieux ! Ce fut terriblement injuste. Et c'est pour cela que je pense très fort à elle ! Les "Mémoires" commencent ainsi, et en un lieu où tout se rejoint : "... le sentiment me l'inspire aussi bien que la raison . Ce qu'il y a d'affectif en moi imagine ..... "
condorcet a dit…
Quelques éléments troublants entourent la disparition de Lady Di : mort rapide de certains témoins, disparition des prélèvements sanguins du chauffeur, incohérence entre les résultats communiqués et la possibilité de conduire. Il y a quelques années, un historien s'est penché [dans la revue "Vingtième siècle, revue d'histoire" - malgré des recherches sur Persée et Cairn, impossible de retrouver ses références exactes] sur ces doubles funérailles qui renforçaient selon lui la théorie du "double corps du roi", d'un côté une essence divine à Notre-Dame et de l'autre l'enveloppe charnelle à Colombey. Alain Peyrefitte le raconte avec soin dans ses "Mémoires" : le testament de 1952 et la simplicité voulue : http://perso.orange.fr/colombeyles2eglises/testament/testament.html.
Gérard a dit…
Non. L'enveloppe charnelle rejoignit le divin et ceci précisément dans un seul lieu : le village tant aimé de la Haute-Marne. Celui des terres pauvres, landeuses, crayeuses. Pas à Notre-Dame. Qui fut un rendez-vous politique ou des politiciens, de notables, c'est comme on veut. Le divin voulu par ce militaire pour le moins curieux, mais fidèle à l'irradiation qu'il reçut, peut-être d'instinct d'ailleurs, du vieux pays hexagonal, le divin vint se manifester ici dans sa véritable expression majeure : le dépouillement exigé. Afin que tout le superflu en fut définitivement chassé ! Et le recentrage final eut lieu sur l'essentiel en fait : une parcelle de la terre de France, la famille et l'Ordre, quelques gens anonymes. C'est à dire le point origine de son départ. L'éternel constituant d'une véritable nation. Celui de Péguy, celui de Bergson, celui de sa famille, celui de ses professeurs, celui de Jeanne, celui des villageois proches. Et pour toujours, jusqu'au bout, cette incroyable rébellion atavique. Ce pied de nez aux corps constitués du pouvoir. Qui est aussi parfois une manifestation terrestre du divin recherché  Afin que ceux qui vont la quêter, ceux qui la sentent en eux, puissent un jour - dans mille ans certainement - s'y reconnaître. Qui sait ? 
Les cérémonies de Westminster avaient quelque chose de déplacé, comme un malaise, et ce ne sont pas les commentaires des journalistes mondains d'aujourd'hui qui changeront mon jugement. La destinée de cette jeune femme fut terriblement injuste ; mais le propre des trajectoires de l'Histoire se nomme souvent Tragédie. La Félicité, dans ce domaine - et elle sut l'irradier comme bien peu - , ne peut être qu'un chanceux Miracle. Que l'on reçoit. Mais qui, hélas, s'évapore et ne dure. Et que finalement jamais elle ne reçut . Ce Miracle , On y croit . Nous aussi . Et faut y croire : c'est nécessaire !