18 mars 2008

La Pescheria : Promenade et recette gourmande à Venise

Quand on a la chance de séjourner à Venise assez longtemps pour cuisiner, faire ses courses devient un réel plaisir. La cuisine vénitienne traditionnelle est simple mais savoureuse car elle profite depuis toujours d'excellents ingrédients qui poussent à portée de barques de la cité des doges. 

Parmi les grands classiques, les cichetti, ces tapas vénitiens dont je vous ai souvent parlé et qui sont traditionnellement accompagnés d'un verre, la fameuse ombra (surtout du vin blanc). On y retrouve les fameuses sarde in saor (sardines marinées avec de l'huile d'olive, du vinaigre, du laurier et/ou des oignons, des pignons de pin, des raisins secs) dont j’ai déjà donné la recette, mais aussi quantité de préparations de poissons et de fruits de mer: bigorneaux, poulpes, polenta aux schie (petites crevettes)... Sans oublier la baccalà mantecàto, sorte de brandade de morue séchée (mais non salée, contrairement à ce que désigne le terme baccalà dans le reste de l'Italie) préparée avec des anchois, de l'ail, du lait, de l'huile d'olive et du persil. Ce délice n’est pas si difficile à préparer même pour les cuisiniers obsessionnels comme Julian Barnes, dont je vous ai recommandé le très humoristique ouvrage paru il y a peu en poche "Un homme dans sa cuisine" (cf. Mes Coups de Cœur).

Le Veneto est une région du nord certes mais toute sa tradition culinaire est imprégnée des produits de la Dieta Mediterranea (cette philosophie culinaire qui fait la part belle aux produits naturels, de proximité, où l’ail, la tomate, l’huile d’olive sont les acteurs principaux). La polenta, jaune ou blanche, et les risotti y sont monnaie courante bien davantage que la pizza méridionale qu’on trouve partout pour satisfaire le touriste pour qui Italie rime forcément et presque exclusivement avec spaghetti et pizza... La polenta, à base de farine de maïs, est servie liquide ou durcie et sautée dans une poêle beurrée en accompagnement de nombreuses préparations (voyez la recette de Casanova que j’ai donné en 2007). 
Les risotti s'ornent de toutes sortes d’ingrédients mais toujours de saison: potirons, roquette, houblon, artichauts, champignons, coques, crevettes, scampi, Saint-Jacques... Légèrement différent, puisque le riz est ici ajouté au bouillon et non l'inverse, le risi e bisi (riz et petits pois) est, sans doute, l'un des plats populaires les plus connus de Venise et du Veneto, surtout quand viennent, avec le printemps, ces belles variétés de petits pois parfumés qui poussent du côté de Mazzorbo mais aussi dans les potagers des collines d’Asolo. Le fameux risotto al nero surprend toujours par sa couleur noir profond, obtenue grâce aux poches d'encre fraîche des petites seiches utilisées dans pour cette recette. J’essaie d’en faire quand je suis en France, à Bordeaux ou sur le Bassin d’Arcachon, mais jamais les variétés que je trouve là-bas ne permettent d’obtenir le goût du risotto qu’on réalise sur place. 

Bien entendu, à Venise aussi la pasta est incontournable (à la table quotidienne de presque tous les vénitiens et à la carte de quasiment tous les restaurants vénitiens). Simplement agrémentée d’une passata di pomodoro avec de l’ail et des herbes fraîches, ou enrichie de boulettes de viandes, de morceaux de poulet rôti. Dans les restaurants mille variétés sont offertes aux amateurs. Les spaghettis à l’ail sont simplement succulents. Les penne rigate servies avec des morceaux de tomates fraîches coupées en quartier, un filet d’huile et du parmesan fraîchement coupé en tranches fines et du basilic… 

Comment résister ? Puisqu’on évoque la morue et la seiche, allons donc nous promener du côté du marché aux poissons, au Rialto. A chaque saison, les étals présentent des denrées d’une telle richesse que l’on ne peut manquer d’avoir envie de tout goûter. Connaissez vous les moeche ? Ces ces petits crabes mous très recherchés qu’on ne trouve que pendant une très brève période (à peine quelques jours, un peu comme dans l'estuaire de la Gironde, les fameuses pibales), au début de l’automne, récoltés pendant leur mue. Frits entiers et vivants, on les consomme en beignets cuisinés de la même manière depuis plusieurs centaines d’années. 

On mange beaucoup de poissons ici, la plupart du temps simplement grillés (un régal)simplement accompagnés d’un pesto de rucola (roquette), frits ou cuits à la vapeur. Il n’est pas rare de trouver de l’espadon et les têtes de ces étranges poissons avec leur piquant géant attirent toujours les curieux. Thons, sardines, merlus, anguilles, des dizaines de variétés de poissons se retrouvent sur les bancs des marchands du Rialto et des quelques autres poissonniers installés all’aperto, à Santa Margherita ou Viale Garibaldi.

Si la viande est plus rare (mais je puis vous indiquer deux ou trois très bons bouchers et un des derniers tripiers de Venise), les Vénitiens raffolent du canard, du lapin, des tripes et bien entendu du foie de veau (cf. la recette du chef de l’Antico Martini) et du carpaccio de boeuf. Ce plat qui a aujourd'hui fait le tour du monde a été créé au début des années 50, du temps où Hemingway fréquentait le propriétaire du Harry’s Bar, le génial Giuseppe Cipriani. A l’origine, ce plat était accompagné non pas de copeaux de parmesan et d’un filet d'huile d'olive mais d'une sauce "universelle" (car se mariant aussi bien à la viande qu'au poisson), à base de mayonnaise, de crème fraîche, de moutarde et de sauce Worcestershire. On vous le prépare encore comme cela à la demande.

Venise ne reste pas inoubliable pour ses desserts, comme le reste de l’Italie en général. Longtemps le sucre a été un luxe. Si l'on excepte le tiramisu, devenu universel (et souvent massacré), il y a peu de grandes trouvailles sucrées. Cependant les livres de recettes qui sont parvenus jusqu’à nous, des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, donnent des exemples de délicieux sabayons, de massepains et de biscuits dont certains existent encore. Les temps modernes font la part belle aux préparations à base de fruits et aux gelati que les biscuits secs typiques accompagnent agréablement sur toutes les tables authentiques. Les plus connus sont les baicoli (que l'on trempe dans un Moscato ou un vin cuit), les bussolai, biscuits aux œufs en forme de couronne ou les esse buranèi car en forme de S, spécialité de l'île de Burano, (endroit où il faut les acheter pour ne pas se faire plumer comme le conseillait devant moi à un groupe de touristes belges, un guide très avisé !). Pour ma part j'ai un faible pour la torta di mandorla et le strüdel hérité des autrichiens.

Au vu de la diversité offerte par la Lagune, il serait dommage, lors d'un prochain séjour à Venise, de ne pas profiter de son art de vivre, qui pousse la soirée venue, à s'asseoir à une terrasse installée sur un campo animé pour siroter l'aperitivo ou au bar pour déguster une assiette de cichetti. On profite alors de cette magie vénitienne - un art de vivre - qui fait que ces mêmes gestes répétés chaque soir ne lassent jamais… 

Mais revenons à la Pescheria. Allons acheter les ingrédients nécessaires à ce plat toujours apprécié de mes invités comme de mes enfants : le thon à la vénitienne

Il faut de jolis filets de thon frais. N'importe quel étal de la pescheria vous en proposera. Passez prendre du bon vinaigre de vin à la boutique qui fait l'angle, achetez au passage des oignons. Vous aurez certainement déjà de l'huile d’olive, du sel et du poivre, de l'ail et de la polenta. Nous voilà de retour à la maison. Installons nous dans la cuisine. Pour commencer, il faut peler et émincer les oignons. Faites les dorer et frire à feu doux dans une sauteuse avec un peu d'huile. Remuez constamment afin qu'ils restent blonds et légèrement croustillants. Poêlez le thon rapidement dans l'huile d'olive. Cela prend quelques minutes, le temps d'émincer grossièrement les gousses d'ail. 
Quand le poisson a pris une jolie couleur et que son délicieux arôme s'est répandu dans toute la pièce, réservez-le au chaud dans un plat que vous aurez chauffé au préalable et déglacez la poêle au vinaigre puis faites-y cuire l'ail sans le faire brûler. il doit rester blanc. Remettez le thon dans la poêle et parsemez avec les oignons frits. Au moment de servir, je rajoute un morceau de beurre et plein de parmesan fraîchement râpé. Servi avec de la polenta grillée ou en purée, c'est sublime. La prochaine fois, nous nous mettrons à la torta di mandorla. Si cela vous tente bien entendu !

7 commentaires:

Anonyme a dit…
Bien sûr que ça me tente !
Noto Bene : Où trouver la recette du foie de veau du chef de l'Antico Martini
Anonyme a dit…
Questions
Dans quel restaurant et à quelle époque peut-on déguster de bons moeche ?
Quel restaurant sert les meilleures tripes de Venise ? Da Marisa ? Ai Gondolieri ? Autre ?
Valerio a dit…
Je serai début avril à Venise et j'ai hâte de découvrir certains de vos bons tuyaux.
Merci pour votre blog qui est un ravissement pour ceux qui aiment Venise et veulent mieux connaître sa face cachée.
Lorenzo a dit…
il fegato alla veneziana... La semaine prochaine sur Tramezzinimag, laissons passer la semaine sainte ! La recette de l'Antico Martini est assez spéciale car elle renferme un ingrédient inédit. Mais chut, ce sera pour plus tard.
Anonyme a dit…
Quel suspense !
Lorenzo a dit…
N'est ce pas !
catherine a dit…
Bonjour,
De retour d'En Haut après 6 jours merveilleux à nous perdre dans la Sérénissime. Quel bonheur de découvrir vos billets sur les marchés. Notre appartement était à 5 minutes et tous les matins c'est avec un plaisir renouvellé que je découvrai l'étal argenté des poissonniers et cette mosaïque verte et rouge chez les maraichers. Nous avons fait des festins de "cuor de bue" (quand je pense aux malheureuses coeurs de boeufs qu'on essaie de nous refiler sur nos marchés !) et de roquettes. Je continue le voyage en vous lisant chaque jour et fait découvrir en ce moment à mes enfants un Livre "Rendez vous à Venise" de Eva et Olga Prud'homme.
Catherine

16 mars 2008

COUPS DE CŒUR N°24

Contrairement à ce que j’ai pratiqué jusqu’ici dans cette rubrique, je voudrais vous parler de livres qui m’ont plu mais qui n’ont rien à voir avec Venise sauf peut-être que je les ai lu en y allant, où dans notre jardin de Dorsoduro, où encore à la terrasse du Margaret Duchamp, de Nico, du café del Paradiso ou du Harry’s Dolce. D’autres parce qu’ils sont allés rejoindre les rayons de notre bibliothèque vénitienne à l’attention de nos hôtes à venir. Quant aux disques, ce sont vraiment des coups de cœur.
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Julian Barnes 
Un homme dans sa cuisine
Mercure de France, 2008

Imaginez un peu, un britannique qui parle de cuisine sans haut-le-cœur quand il mentionne l’ail et les pratiques culinaires françaises, cela montre que la Perfide Albion a bien changé (hélas parfois) depuis le passage de la terrible Dame de Fer. Du temps de Shelley ou de Browning, les anglais colonisaient Venise et le reste de l’Italie, produisant dans leurs villégiatures exotiques de Capri ou des Îles Borromées, les chefs d’œuvres que l’on sait. Aujourd’hui, ils s’en prennent au Périgord ou aux Landes et Barnes fait partie de ces intellectuels branchés qui fonctionnent à l’obsession. Vivant à deux cents à l’heure, cuisiner est pour ces bobos une activité qui doit être cadrée, rationnelle et répond systématiquement à des critères bien définis. C’est ce qui fait l’intérêt de ce petit livre. On y suit les péripéties de l’auteur dans ses velléités gastronomiques. Il collectionne les livres de recettes, en jette parfois et panique complètement quand l’explication fournie n’est pas assez précise. Aucun sens de l’improvisation, aucune confiance en son bon goût ni en son flair. Avec beaucoup d’humour, il raconte au fil des pages son combat pour réussir des plats et avoue ruser en passant par la case traiteur. Il faudra décidément de longues décades pour que ce peuple sache se détacher de son flegme et de sa rigueur victorienne. Même en cuisine. Un des plus célèbres écrivains anglais d'aujourd'hui nous livre ainsi un désopilant récit de ses trouvailles (parfois curieuses comme le saumon aux raisins secs), de ses échecs (souvent savoureux comme le lièvre à la sauce au chocolat) et de ses coups de gueule (ah, ces livres de cuisine tous aussi imprécis les uns que les autres !). Il nous fait partager ses angoisses et bien sûr ses enthousiasmes - en nous livrant au passage quelques (demis) secrets.
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Hippolyte Taine
Vie et opinions philosophiques d’un chat
Éditions Payot-Rivages
Petite Bibliothèque poche. 2008

Paru en 1858 à la Librairie Hachette, le célèbre Voyage aux Pyrénées, illustré par Gavarni et d’autre talentueux dessinateurs, contenait ce petit texte humoristique qui reparaît enfin. Ce petit classique de la littérature sur les chats (j’allais écrire de la littérature pour les chats…) a pris sa place sur les rayonnages de notre bibliothèque vénitienne. Le chat narrateur est pourtant un lointain cousin de nos matous vénitiens. C’est un chat campagnard qui en quelques pages raconte sa vie et ses expériences, du jour où il a ouvert les yeux jusqu’au soir de sa vie, où, repu et satisfait, il tire quelques conclusions qui ont fait dire à l’auteur «j’ai beaucoup étudié les philosophes et les chats. La sagesse des chats est infiniment supérieure». La très belle illustration de couverture est due à Gerrit Greve. A offrir à tous les amis des chats et aux autres qui ne le sont pas encore.
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Mavis Gallant
Laisse couler

Éditions Payot, Rivages. 2008
Coll. Rivages Poche/Bibliothèque étrangère n°599
"Les nouvelles ne sont pas des chapitres de roman, dit Mavis Gallant. On ne doit pas les lire l’une après l’autre comme si les histoires se suivaient. Lisez-en une. Fermez le livre. Lisez quelque chose d’autre et revenez plus tard. Les nouvelles peuvent attendre. Peut-être, mais pas celles-ci, croyez-moi." écrit Russell Banks dans sa préface. Canadienne de langue anglaise, née à Montréal en 1922, Mavis Gallant vit à Paris depuis 1950. Elle y écrit des histoires courtes qui font d’elle l’une des plus grandes nouvellistes de notre époque. Quand on le commence, on ne lâche plus ce petit livre de la très jolie collection Payot Rivages.
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Salomone Rossi
Vocal works
Ut Musica Poesis Ensemble, L’Aura Soave Ensemble & Hypothesis
Label Symphonia, 2008
Ce compositeur auprès de la cour de Mantoue était à son époque une célébrité. Ami et collègue de Monteverdi (sa sœur créa le rôle d’Ariane dans le Lamento d’Ariane de Monteverdi, Rossi jouant dans l’orchestre), on ne dispose malheureusement que de bien peu d’éléments biographiques et il semble que bon nombre de ses œuvres aient été perdues, en particulier après le sac de Mantoue par l’armée autrichienne, sans parler de la peste qui s’ensuivit (il était habituel de détruire par les flammes toutes les possessions des pestiférés). Dans ce disque de très bonne facture, le label Brilliant Classics a choisi de nous présenter des madrigaux à quatre voix parmi les plus tardifs, ainsi que les superbes Cantiques de Salomon et surtout des madrigaux pour une voix seule, accompagnée du théorbe. Rossi fut l’un des premiers musiciens, précurseur du baroque en cette toute fin de la Renaissance, à se pencher sur le langage nouveau du chant monodique, accompagné harmoniquement par un simple instrument. Ancêtres vénitiens du Lied, Ces pièces instrumentales et vocales témoignent de la hardiesse de style et de langage de Rossi. En complément de programme, quelques ouvrages de Purcell et Campra, plus tardifs de deux générations, mais dans la lignée d’une certaine conception à l’italienne et qui furent beaucoup joués à Venise.
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L'organo nella Venezia del XVI secolo : Claudio Merulo, Andrea Gabrieli, 
Hans Leo Hassler, Gioseffo Guami, Massimiliano Raschetti, 
Orgue Colombo de 1532
Label Symphonia
Une radiographie complète de la musique d'orgue vénitienne du XVIe siècle, voici ce que nous offre Massimiliano Raschetti sur un très bel orgue de 1532. La musique autant que l'orgue sont colorés comme des verres ou des bijoux vénitiens : l'idéal de cette époque alliait l'exubérance byzantine et la vitalité de la culture arabe, qui se rejoignaient dans ce port ouvert à toutes les influences artistiques et intellectuelles. Trois pièces inhabituelles dans ce programme : des compositions poétiques d'origine populaire, collectionnées sous le nom de l'éditeur Andrea Antico. Toute en grâce et en délicatesse, elles témoignent des aspirations esthétiques de tout un chacun en ces temps. Il faut noter l'utilisation judicieuse de percussions pour en souligner le caractère dansant. Un bijou.

12 mars 2008

Almoro Morosini et le chien féroce

Je passais l’autre jour calle Lunga santa Maria Formosa et, aux pieds de l’une des énormes façades du palais Ruzzini-Priuli (longtemps abandonné et dont je vous ai déjà parlé dans un précédent article), je songeais à la terrible aventure vécue à cet endroit même par le jeune et fringant Almoro Morisini, une anecdote peu connue. Laissez-moi vous la conter si vous ne la connaissez-pas.

Au tout début du XVIIIe siècle, un jour où la Sérénissime avait organisé des festivités, une course de taureaux avait lieu sur le campo Santa Maria Formosa, Almoro Morosini, qui n'était alors qu'un jeune notable bien de sa personne et tranquille, avait été accosté par quatre malfrats au visage masqué qui voulurent s’en prendre à lui. 
 
Le jeune homme se défendit avec une telle énergie que non seulement il vint à bout des quatre malandrins mais aussi de leur chien, un molosse dressé à attaquer, qu’il parvint à tuer. Il mit tellement de force en s’attaquant à la bête qu’il la fendit en deux avec son épée. Le geste devint fameux et le peuple vénitien en fit une expression longtemps employée "Gnaca el stoci del Morosini che à tagià el can per mezo".:" ("Il faudrait le coup d'épée de Morosini, qui a coupé le chien en deux")...
 
Depuis le balcon du Palais Ruzzini où il séjournait, le fougueux Prince Eugène de Savoie-Carignan fut témoin de la rixe et resta émerveillé par la bravoure du jeune homme qu'il se fit présenter. Il s’en fit un ami et lui offrit une belle Vierge peinte par Le Corrège.
 
Au même endroit, en 1765 un incendie détruisit plusieurs boutiques et causa la mort de trois personnes. Des ruines fumantes, on raconte qu’on vit sortir un chien furieux que personne n’avait jamais vu. Bientôt la populace raconta dans toute la ville, qu’il s’agissait du chien tué par le jeune patricien qui revenait pour se venger. On l’avait même distinctement reconnu : il était coupé en deux et sanguinolent. L'horreur digne d'un film d'épouvante... S'étant faufilé dans les ruelles voisines, il aurait même dévoré un nouveau-né dans une bicoque voisine. On dit que le fantôme de la bête rode encore autour de la calle où il fut battu à mort par le jeune Morosini…  
 
Le peuple de Venise aimait ces histoires de magie et de sorcellerie que l’Inquisition avait beaucoup de mal à faire taire. Je tiens ces histoires d’une de mes vieilles cousines qui jusqu’à sa mort, il y a une quinzaine d’années, vivait calle della Mandorla, près de la Fenice, dans une maison remplie de livres sur Venise dont j’ai pu récupérer quelques volumes. Quand elle racontait ces histoires parfois véridiques, souvent alambiquées et romancées, elle prenait un aspect particulier, qui la faisait traiter de vieille sorcière par certains des plus jeunes de mes cousins. 
 
Elle connaissait bien Hugo Pratt qui discuta souvent avec elle et s'inspira sans aucun doute de ses histoires. Tous les jours, tant qu’elles purent marcher, avec son amie la Comtesse Marcello, elles sortaient se promener jusqu’au Florian et après avoir bu leur verre de vin, elles revenaient, saluées sur leur chemin par tous les vénitiens qu'elles croisaient sur leur passage. Un de leurs meilleurs amis portait le même prénom que son vaillant ancêtre. Il avait une peur panique des chiens...
 

4 commentaires:

Sophie a dit…

ça fait quand même froid dans le dos ces histoires ! Vous en savez des choses passionnantes.A quand un livre sur Venise Lorenzo ?

 
Anonyme a dit…

oui un livre d'un vrai amoureux de Venise!!!
Où se situe la calle Lunga de cette histoire?

Lorenzo a dit…

C'est la rue qui va de la place vers San Lorenzo et la Questure avec à l'angle le bar de l'Horloge, près de la maison du vainqueur de Lépante.

 
géraud a dit…

Campo Maria Santa Formosa est un des mes préférés.
L'église est belle et les palais aussi.

04 mars 2008

Deux recettes de mon carnet

Cette petite promenade gourmande m'a ouvert l'appétit ! Je ne résiste donc pas au plaisir de vous donner deux recettes que j’aime bien réaliser, en modifiant les ingrédients en fonction des arrivages et de l’avancée de la saison. Car il s’agit de plats qui font la jonction gustative entre les mets roboratifs de l’hiver et ceux plus légers et parfumés qui annoncent le printemps.

2 commentaires:  (archivés par Google)

Petite Fée a dit…
Merci pour ces bonnes recettes!
délicieux vraiment merci pour vos recettes et vos articles je me régale chaque jour !

19 février 2008

Hommage à Silvio Ceccato


Se tu mi dai una moneta e io ti do una moneta ognuno di noi ha una moneta. Se tu mi dai un’idea e io ti do un’idea ognuno di noi ha due idee. 
 
«Si tu me donnes une pièce et que je te donne une pièce, chacun de nous a une pièce. Si tu me donnes une idée et que je te donne une idée, nous avons chacun deux idées.»
 
Cette jolie pensée est de Silvio Ceccato, un homme brillant, philosophe, savant spécialiste de l'intelligence artificielle (il est le créateur d'Adamo II, le premier protoype d'intelligence artificielle italien, qui était destiné à reproduire les états mentaux de l'homme). Il était aussi - cela me touche beaucoup - violoncelliste et compositeur émérite, disparu en 1997. Il mettait le bonheur et la félicité au-dessus de tout et tout au long de sa vie, ses recherches et ses écrits n'eurent qu'un sujet  la Joie. Il souhaitait rendre la vie de l'homme plus facile et plus heureuse. Il aimait beaucoup Venise.
 

Silvio Ceccato à gauche, avec Lucio Fontana (assis) et Pino Parini, à Milan, 1964.


 

2 commentaires:

anita a dit…

Depuis que j'ai "déniché" votre blog , il me semble bien que , sans lui , ma vie serait un peu moins riche . C'est comme une rencontre bénéfique : bien sûr on vivait avant elle , mais un peu moins bien ...
Merci

Delphine R2M a dit…

Bonjour Lorenzo,
Cela faisait longtemps que je n'étais pas venue vous rendre visite dans votre Tramezzinimag, me revoilà à nouveau lectrice, et c'est une jolie pensée que celle de Silvio Ceccato m'accueille ce soir, merci!
A bientôt, Tramezzinimag me manquait, et j'ai pris mes billets pour Venise...

18 février 2008

Et Venise peu à peu sort de l'hiver...

Me revoilà. Tout est en place, sur les rails et ma nouvelle organisation devrait me permettre de mieux me consacrer à TraMeZziniMag et à l'écriture. Enfin, j'espère. Le ciel bleu et le soleil printanier de ces derniers jours m'invitent plutôt au farniente, mais il faut résister ! Je vous remercie en tout cas, mes fidèles lecteurs pour les gentils encouragements que vous me faites régulièrement parvenir. Allez au travail, tâchons d'avancer. Pro Venetia !

13 commentaires:

anita a dit…

Merci pour cette bouffée de printemps avant mars !

Anita

Florence a dit…

Enfin de retour!!Vite, vite des nouvelles de Venezia....
A presto.

Marie a dit…

Juste un petit mot pour assurer de ma fidélité même si je ne me manifeste pas souvent (l'arrivée d'un doublon de petits-fils ....;-) )et heureuse que vous vous atteliez à l'écriture: vous avez un si joli talent que c'est un plaisir d'imaginer le voir se développer.
Continuez à nous ravir.
Avec mes remerciements pour tout le bonheur que vous m'apportez, mes amitiés.
Marie

Choubine a dit…

Ravie de vous retrouver! Et comme elle est belle, cette photo...

Maité a dit…

Merci pour le bonheur et la bouffée d'oxygéne que vous apportez dans ma vie- et quelle belle écriture !

Anonyme a dit…

Chic, chic, chic, c'est reparti ...

anita a dit...

Lorenzo : " Au bonheur des dames " .....

Anonyme a dit…

L'anonyme du dessus vous salue bien...
J@M
(Le jour où j'arriverai à faire marcher ce machin...)

mhaleph a dit…

Félicitations pour cette superbe photo.

Anonyme a dit…

Est-ce ainsi que nous allons découvrir Venise ? J'y retourne pour la deuxième fois, en famille cette fois-ci avec mes trois enfants (11, 9 et 6 ans ) espérant leur émerveillement.
Grace à votre blog, je suis déjà dans la ville, me perdant depuis un mois dans vos commentaires et photos.
Merci pour ces regards et la générosité de votre partage.

catherine

Lorenzo a dit…

Quelle chance ils ont bien sur qu'ils vont être émerveillés ! Je vous recommande pour eux un excellent petit ouvrage d'Elisabetta Pasqualin "Les enfants à la découverte de Venise" paru chez Lapis Palombi Editori. Vous risquez d'avoir du mal à le trouver. En tout cas sur place aucun problème. Il présente la ville aux enfants. Un autre petit livre rigolo pour les enfants de 11-12 ans de la collection c'est pas sorcier : Eaux troubles à Venise (Nathan), une enquête policière à Venise et pleind e renseignements en même temps qu'une révision de matrhs et sciences ! Bon voyage !

Florence a dit…

Bien sur qu'ils vont aimé Venise. Elle a un coté ludique de se déplacer en vaporetto!
Pour mieux comprendre leurs racines j'avais donné à lire à mes enfants "Les villes ont une histoire...Venise" dans la collection Globe-Trotter chez Larousse.
Lorenzo, que se passe-t-il avec cette marée curieusement si basse jusqu'à changer les itinéraires des vaporetti???
Cet après-midi je fais des fritelle alla veneziana. Hum!!les beignets du carnaval.
A presto.

10 février 2008

Pardonnez-moi !

Pardonnez ce long silence, mais je dois m'esquiver quelques jours : mes fonctions m'appellent et je ne puis plus reculer : je dois remplir mes obligations vis à vis de l'organisation qui vient de me confier sa présidence. Le temps de mettre en place mon équipe et de classer les priorités, mettre de l'ordre dans les dossiers et établir mon plan de campagne, je vais délaisser Tramezzinimag. 
 
Pas longtemps. Je le promets. Quelques jours d'allers et retours harassants entre Paris et Bordeaux. Peut-être un petit passage par Venise, histoire de me ressourcer. Puis je serai de nouveau disponible. J'ai plein d'idées et de textes en tête pour vous faire oublier mon absence et l'immobilisme du blog ces derniers jours. 
 
A presto ragazzi !

9 commentaires:

Florence a dit…

A presto Lorenzo!!!

anita a dit…

....bien sûr vous nous manquez !
Revenez-nous vite !!!

Anita

Choubine a dit…

Tanti auguri!

AG a dit…

Mais nous n'avons rien à pardonner, Cher Lorenzo. Nous saurons tous être patients, j'en suis sûre, pour apprécier encore plus vos si beaux "billets".
Bonne chance à vous dans vos obligations professionnelles.
A bientôt. Agnès

Mercè a dit…

Tanti auguri!!!
Noi saremo qui sperando il tuo ritorno.
A presto.

pierre a dit…

un habitué des longs silences...ne peut déplorer une très courte absence!
Ciao depuis l'altera roma...

J@M a dit…

On saura vous attendre... A bientôt !

douille a dit…

Courage président...

Tietie007 a dit…

A bientôt. Mon voyage scolaire à Venise est en bonne voie, pour avril 2008 !