06 mai 2009

Une dernière promenade. Journal (extraits)

6 mai 1981
Revenir de Venise est à chaque fois plus difficile. La certitude que ma vie n'est que là, qu'ailleurs tout est simulation, faux-semblants et perte d'énergie. Ne penser qu'au retour.
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7 mai 1981
C'est aujourd'hui. Irrémédiablement. Mes bagages attendent dans l'entrée. Il faut y aller. Regarder une dernière fois l'animation sur le grand canal du haut du pont des Scalzi en attendant l'heure de mon train. Voir Federico repartir avec la barque bleue. Son salut de la main, le vaporetto qui le croise et le cache à ma vue.
[...] Point de tristesse en fait puisque je sais que je reviendrai bientôt mais une immense lassitude. Pourquoi doit-on toujours partir, aller ailleurs, laisser ce qu'on a commencé et ne jamais rien finir vraiment ? Pour quelle raison pressante laisse-t-on ce qui nous rend heureux et nous apporte la plénitude ? La hantise du tombeau qui importune, pour paraphraser Patrice de la Tour du Pin ?
[...] Pourquoi ne pas s'installer sur un banc un jour, sous le soleil du matin, devant la porte d'une modeste demeure et ne plus jamais en bouger. N'avoir d'horizon que les façades des maisons de l'autre côté du campo et le campanile se détachant sous un ciel éclatant ?
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(dans le train) L'homme se déplace sans cesse, emportant avec lui à chaque voyage davantage de regrets et ne parvenant jamais à s'éloigner de lui-même... Le bonheur ne consiste-t-il pas finalement dans Ithaque ? "Si peu console"...
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(Écrit en écoutant Recuerdos de la Alhambra de Tarrega par John Williams)

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7 commentaires:

Anne a dit…
Vous avez écrit un très beau texte, mais Venise est en vous et vous l'emportez dans votre cœur jusqu'à votre retour vers elle.
Anonyme a dit…
Si "partir c'esr mourir un peu", combien de fois suis-je morte de tous ces départs ?
Mais quel bonheur de revenir ! de re-découvrir chaque fois, à la descente du train, ce pincement au coeur qui vous fait dire "me voici de retour chez moi".
Les larmes d'émotions me viennent aux yeux en l'écrivant.
Bonheur de partager cette émotion.
Merci à Lorenzo et à tous les amoureux de la sublime Reine des Mers. Gabriella
Vichka a dit…
Partir quand même et revenir, bien sûr.... On ne peut pas quitter la beauté quand elle   s’appelle   "Venise" et Lorenzo, vous la portez en vous, c'est indéniable! Je suis d'accord avec Anne. A bientôt
Michelaise a dit…
Et combien de fois êtes-vous revenu Lorenzo ? Et combien de fois y reviendrez-vous encore ? C'est ainsi la passion !
FRANCOIS a dit…
C'est toujours une énorme émotion lorsqu'on quitte VENISE...on a le sentiment de laisser sa bien-aimée...on souffre de la solitude soudain,la nostalgie nous envahit et on n'a plus qu'une envie revenir au plus vite car on ne peut pas rester sans elle même si loin d'elle on l'ait toujours au fond de son ëtre,on a besoin d'elle en vrai pour vivre en vrai....VENISE ne signifie-t-il pas littéralemnt "reviens".......
"Les Idées Heureuses" a dit…
L’homme est chagrin…Toutes ces émotions à contenir.
Regret de l’ultime journée, si ensoleillée, si souriante…
Ventre qui se crispe, pincement cruel dû au futur éloignement; les volets sans doute bien fermés, la porte est tirée, verrouillée, aucune raison, aucun oubli pour faire marche arrière, se réinstaller comme à l’arrivée, il y a bien plus d’un mois …
Mais il faut y aller.
A chaque départ, c’est plus terrible, cela ne va pas le quitter de si tôt : les dentelles de pierres aux couleurs passées se reflètent une dernière fois dans sa vision qui se veut claire pour ne pas s’embuer de la pluie du chagrin, elles se pâment avec volupté dans ces entrelacs de mirages colorés, froissés par le balancement des gondoles amarrées ici et là, le souffle léger venu de la mer ou des îles voisines ; l’eau tranquille, elle, ne connait pas les regrets, elle n’est là que pour bercer l’âme des poètes.
Le son des cloches, soprani en puissance, ne réveillera plus ses pensées, à midi ou en fin de journée.
Le brouhaha du Grand Canal ne le fera plus s’échapper vers les quartiers calmes et silencieux, où, à son propre rythme, chaque pas le dirige vers une destination hasardeuse, réinventant ainsi une nouvelle fois un parcours oublié… sotoportego, calle, campo, puits ne seront plus qu’image floue, la sensation froide de la pierre disparaissant de la mémoire du toucher…
Lecteur assidu, que ne feras-tu pour adoucir sa peine du moment, lui qui t’a donné tant et tant par les mots écrits, les images partagées, les impressions retrouvées, quel cadeau peux-tu lui offrir pour qu’il retrouve son élan, et n’ait plus de peine au cœur ?
Lui faire savoir que cette émotion du départ, nous la connaissons, et nous la partageons, nous tous amoureux de Venezia, notre bien aimée, lui dire que la vie est ainsi faite de séparations, d’éloignement, moyens inventés par l’humain pour affirmer volonté et désir du retour ; qu’un jour ou l’autre, avec certitude, nous nous y croiserons sans doute, sans nous reconnaitre, peu importe…
Anonyme a dit…
Ces quelques passages de carnets oubliés, ont des accents de Chateaubriand. Tout simplement, magnifiques! Merci!

14 avril 2009

Certains appellent cela de l'art...


Nous l'avons déjà évoqué il y a quelques mois, ce que certains ont baptisé (pompeusement) le "street art" a aussi envahi les murs de la Sérénissime. Comme si certains jugeaient qu'il fallait mettre Venise au même rang de laideur que les autres métropoles de notre civilisation malade.
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Après New York, Berlin, Londres, Marseille, Paris et Tokyo, voilà les murs - et les monuments - de la cité des doges souillés par des graffitis le plus souvent informes et hideux qui font indubitablement penser à la manière dont les chiens et les chats mâles - souvent en rut - marquent leur territoire. Une amie me faisant remarquer que, sauf erreur, les "taggeurs" ne sont jamais des filles mais bien seulement des mâles désireux de marquer leur présence. Certainement pour exorciser les manques dans leur vie et la pauvreté de leur existence quotidienne. Mais ne polémiquons pas. N'ironisons pas non plus...
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Parfois, des tags peuvent être de parfaites réussites artistiques. Hélas, pour un Hervé di Rosa, un Combas ou un Keith Haring, combien d'horreurs sont répandues sur les murs de Venise. Et sur les précieux marbres des monuments déjà endoloris par la pollution, le sel et les déprédations des pigeons et des touristes (à force d'uriner sur certains angles de la basilique San Marco, les milliers de touristes qui y ont assouvis leur besoin pressant, sont parvenus à faire fondre littéralement la pierre d'Istrie pourtant résistante...). ..
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Mr A (A pour André, tagueur bien de chez nous) qui a sévi à Venise comme dans des tas d'autres lieux dans le monde laisse le plus souvent des figures pleines d'humour, toujours reconnaissables au "X" à la place d'un œil qui marque les visages de ses personnages. A ma connaissance, ses créations respectent les sculptures et les marbres et ont plus d'une fois embelli des parcelles de murs bien tristes. Depuis toujours apparaissent aussi de petits pochoirs humoristiques ou des œuvres répétées à la photocopieuse, collées ensuite sur des itinéraires précis. Tous ces travaux, même à sujets spécieux inventés pour susciter la polémique, sont des créations éphémères et c'est ce qui en fait leur charme.
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Mais les gribouillages immondes qui rendent les murs des églises et des palais aussi laids que les hangars abandonnés et pouilleux des friches industrielles milanaises ou moscovites, ces infâmes chiures (pardonnez cet écart de langage !) qui défigurent les trains de banlieues et les rames de métro, ceux-là sont de trop ici et ne peuvent être tolérés.
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Pour la simple raison que poser l’œil sur eux est une injure à la beauté de Venise. Un dénigrement absolu, la preuve d'un mépris pour ce qui est beau et le restera bien après la disparition de ces pseudo-artistes adeptes de la peinture en bombe. C'est peut-être l'odeur qui se dégage de ces aérosols qui les stimulent. Une drogue de plus pour leur faire oublier la misérable vacuité de leur vie. Quand Giorgione, Titien ou, plus près de nous, Ferruzzi couvraient les murs de Venise avec leurs fresques, ils exprimaient leur foi, leur amour du beau, leur sens de l'harmonie et de la couleur. Ils ne vomissaient certainement pas du mal-être ni de la vulgarité. Leur art était un hommage à la beauté, à l'esthétique et à Venise !

10 commentaires:
Gérard a dit…

L'art pictural n'a rien à voir avec ces cochonneries . Un art majeur nécessite , un peu comme l'artisanat et la haute agriculture ( 2 termes qui prennent à leur compte à la fois l'art et la culture ) , un apprentissage rigoureux , un effort tendu vers la production , le sens des saisons . Le rythme . Et un don . Ces déjections misérables sont souvent à la hauteur des personnages qui salissent scandaleusement des murs dont ils ne sont pas les propriétaires et ne font que rajouter à la laideur d'un monde hypnotisé par ces soi-disant inventions culturelles admirées , et en faillite . Personne n'y échappe , mais il faudra y mettre un jour un terme . Quelle saleté !

Michelaise a dit…

Oui, c'est agressif, ça manque totalement d'humour et cela s'impose avec une telle arrogance qu'on en est ulcéré. En effet, quand ces tags "ornent" des murs lépreux ou des barrières de chantier, on trouve qu'ils sont supportables, mais quand ils défigurent des monuments ou plus simplement des façades de maisons particulières, parfois juste repeintes (et ce type de travaux coûte fort cher) c'est révoltant. C'est une atteinte au patrimoine, voire à la propriété privée. On a du mal à imaginer Venise devenant la proie des tagueurs.

Marie G a dit…

Oui c'est odieux! toutes les villes du monde sont défigurées sans compter les campagnes, le moindre rocher leur servant de cible... je ne comprends pas comment personne ne réagit. Cette apathie est paradoxale. Mais comment faire? Interdire les bombes de peinture? multiplier les policiers la nuit? Je penche plutôt pour l'éducation dès le plus jeune âge à la belle musique, l'art vrai, le respect de la belle architecture, la culture, quoi, enfin! Mais qui pense encore à la "culture" en ce bas monde? L'enseignement est en chute libre... la presse est bourrée de fautes d'orthographe... à Bruxelles le palais des Beaux-Arts a été rebaptisé "Bozart" et tout le monde rigole! J'hésite chaque matin entre devenir ermite ou m'exiler en quelqu'île déserte... mais le travail m'appelle. ah quelle misère.

Marie a dit…

Lors de mon dernier séjour en mars j'ai eu l'impression que ces cochonneries s'étaient développées - ou est-ce que je l'avais moins remarqué avant toute dans l'envoûtement que j'étais?- depuis le séjour précédent. C'est une horreur et rien à voir avec une expression picturale ( le graph , au grand jour et dans des espaces réservés possède une certaine valeur artistique), c'est du pipi de chien! Mais comment lutter contre ça? C'est de l'ordre de l'incivilité mondiale, de l'irrespect de la beauté jalousée, du laisser-aller à la bestialité... Pauvre monde et pauvre Venise.
Et pourtant les murs de Venise ont une vie propre, leurs couleurs, leur passé imprimé. J'ai commencé à les regarder de très près avec mon objectif et je commence à découvrir leurs mystères.
Une consolation.

Tietie007 a dit…

Mouais, le Street Art peut aussi défigurer un paysage urbain ! Nous revenons de Rome, et le centre historique est défiguré par les tags !

Petite Fée a dit…

C'est vraiment triste que les murs de cette belle Venise soient maculés de ces tags! quand c'est dans un endroit réservé à cet effet, ça ne me dérange mais quand c'est fait sur de magnifiques battisses ou des monuments historiques, ça me dégoute !

Thierry a dit…

Passionnant de lire nos commentaires furieux d'il y a quelques mois, y compris sous la plume de notre élégant Lorenzo, qui y va de son "écart de langage", c'est dire...

Mais nous les bobos, ne savons guère joindre les actes aux belle paroles! Qu'auraient fait les illustres et combatifs Vénitiens d'autrefois, sinon pendre par les c...ces iconoclastes, aussi grossiers qu'incultes, venus faire sous eux, jusque dans la plus belle cité du monde (ne doutez pas qu'il s'agit d'une véritable guerre de civilisation): oûtre une forte amende, dont ils se souviendraient toujours, tels les petits chats auxquels on apprend à faire dans leur bac, par quelque tape judicieusement administrée, ils auraient certainement exposé ces vils "taggeurs" à la vindicte publique, parqués dans un coin puant et à demi-nus, voués à la risée et au mépris des passants, pour leur bêtise et leur vulgarité impardonnables.

Non, pour l'heure, comme le dit si bien Marie G, personne ne réagit...pire...ne sont-ils pas presque encouragés...?

albu93 a dit…

D'accord pour dire ques ces tags sont insupportables. Mais sincèrement, lors de ma dernière visite à Venise, j'ai eu aussi beaucoup de mal à supporter la "pub bleu métalisée" recouvrant en grande partie le palais et le pont des soupirs ! Que pensent les vénitiens de ce genre de dégradations !

Alain.

kate.rene a dit…

À Venise, et à certains endroits c'est indécent. À New York, à L.A. c'est beau. La biennale a peut-être inspiré les aspirants-artistes. La roue tourne...
Ce que dit Albu93 en revanche est plus que vrai. La pub du pont des soupirs me choque plus que ces quelques tags pas encore trop envahissants. Et cette pub est légale, lucrative certainement et tellement durable... Il me semble qu'il y a des années qu'elle m'aveugle

Lorenzo a dit…

Vous avez raison. Mais je me dis souvent que Venise ayant été de tout en temps une sorte de laboratoire, montre à chaque fois pour le positif mais aussi le négatif, ce qui ensuite se répand dans le monde. Sans vouloir faire le grincheux réactionnaire (comme me qualifient certains lecteurs)j'ai la conviction que ces deux exemples d'enlaidissement d'un des plus beaux lieux vivants de l'univers montre l'appauvrissement de nos valeurs et l'amorce d'une décadence de la civilisation. N'a-t-on pas dans la littérature des années qui précédèrent l'arrivée des barbares et l'écroulement de Rome des témoignages sur les graffitis obscènes et désespérés qui couvraient les murs des villes, des voyous qui dégradaient les monuments ? Je m'interroge sur le parallèle entre ces graffitis miteux et moches et les coûteuses publicités qui recouvrent les façades. Laideur spontanée et laideur organisée...

07 avril 2009

COUPS DE CŒUR N°33


Paolo Giordano
La solitude des nombres premiers
Titre original : La solitudine dei numeri primi
Traduit de l'italien par Nathalie Bauer
Editions du Seuil
Ce roman raconte l’histoire douloureuse et émouvante de deux adolescents d'aujourd'hui qui se croisent, se reconnaissent, s’éloignent, se rapprochent, sans jamais réussir à se trouver. C’est beau et infiniment triste. Alice et Mattia ont vécu tous deux dans leur enfance de ces tragédies qui bouleversent une vie et abiment l'âme. Alice est anorexique. Mattia est couvert de scarifications. Ils sont comparés, dans le roman, à "deux nombres premiers, divisibles uniquement par 1 ou par eux-mêmes … Ce sont des nombres soupçonneux et solitaires"... Mattia, mathématicien surdoué, apprendra plus tard qu’il existe aussi des "nombres premiers jumeaux, presque voisins, car il y a toujours entre eux un nombre pair qui les empêche de se toucher vraiment". Comme les nombres premiers, ces deux-là sont condamnés à une solitude profonde, à la fois choisie et subie. Relations distantes et apparemment dénuées d’affection avec les parents, inadaptation à la vie sociale... Alice en veut à son père qu’elle rend responsable de son infirmité, suite à une chute de ski. Le garçon vit sous le poids de la culpabilité depuis ses 10 ans, quand a disparu sa sœur jumelle, attardée mentale, laissée sans surveillance et jamais retrouvée... Il s’enferme dans l’étude des mathématiques, incapable de nouer la moindre amitié avec quiconque, même avec Alice. Alice a désespérément besoin d’amour et d’affection mais bien sûr ceux qui l'attirent la rejettent. 
 
Roman d'apprentissage comme chaque époque en a produit, où le lecteur suit, page après page, le douloureux cheminement de ces deux jeunes gens. C'est poignant, captivant, parfois drôle. Souvent émouvant. Il montre aussi du doigt l'irresponsabilité de certains parents, obligeant les adolescents à se prendre eux-même en charge, s'ils veulent en finir avec les fantômes d'une enfance endolorie et survivre. Triste constat de l'état de la famille italienne dont nous n'avons pas à nous gausser en France, quand on voit comment les choses se passent ici aussi, de plus en plus souvent...
 
Le roman est enfin disponible en français. Son auteur, jeune scientifique de 25 ans (il prépare un doctorat en physique théorique) a remporté l'année dernière le célèbre prix "Strega", avec cet extraordinaire texte, son premier roman paru en 2008 et déjà vendu à plus d'un million d'exemplaires. Son succès parmi la jeunesse italienne est immense et j'espère que les français vont s'en emparer à leur tour, tant la traduction de Nathalie Bauer restranscrit à la perfection l'esprit et la musique de Paolo Giordano. Une fois n'est pas coutume, comme toute la blogosphère italienne l'a fait avant moi, voici la photo de l'auteur. Gageons, mesdemoiselles et mesdames, que ce ne sera certainement pas un obstacle à l'achat du livre...
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Alain Buisine
Nudités de Venise
Ed. Zulma.
C’est au XVIe siècle que le nu triomphe à Venise. Il devient omniprésent en peinture, jusqu’à couvrir les façades des palais le long du Grand Canal. On peut voir alors des gondoles glisser sur les immenses nus de Giorgione qui se reflètent dans l’eau. Le maître de Castelfranco est bientôt suivi par tous les grands peintres vénitiens, Titien, Tintoret, Véronèse. Figures mythologiques et bibliques autorisent la célébration de la nudité féminine : Suzanne exposée au voyeurisme des vieillards, Danaé recevant l’aurifère semence divine, Léda subissant les assauts du cygne… Venise valorise la couleur, incarne les chairs dans la somptuosité des chromatismes. Une manifestation picturale qu’accompagne l’épanouissement érotique d’une ville devenue le grand bordel de l’Europe, la Venise de Casanova, Baffo, lord Byron, où se rendent les libertins fortunés pour profiter des charmes des courtisanes. Un très intéressant ouvrage paru en 2004, agréablement écrit par l'un des universitaires français les plus sensibles à la magie et à la grandeur de Venise.
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Gabrieli - Frescobaldi - Guami
Musique vénitienne pour cuivres

Ensemble HR Brass dirigé par Edward Tarr
Label Capriccio - 2009.C'est vers 1570 que fut fondée à Saint-Marc un ensemble de cuivres permanent, sous l'impulsion de Andrea Gabrieli, sur le modèle du somptueux ensemble instrumenta que Roland de Lassus avait créé à la cour de Munich. La renommée de Gabrieli et l'attrait de Venise qui était le seul état de la péninsule à pouvoir se permettre d'entretenir un tel ensemble d'une manière permanente, attirèrent vite des compositeurs de toute l’Italie qui se mirent à écrire des œuvres pour cuivres. Le disque en présente un assez large éventail, avec en tête Gabrieli et Frescobaldi : Lappi, Guami, Gussago, Massaino. L’ensemble hr brass de la Radio de Hesse (d’où les initiales) joue sur des instruments modernes, mais dans un mode d’exécution teinté de l’enseignement de la musicologie moderne. "On notera en particulier l’accompagnement continu par un orgue positif accordé selon le tempérament mésotonique. Naturellement, l'ensemble allemand joue avec les équilibres acoustiques et la spatialisation poly-chorale qu’offrait l’acoustique de Saint-Marc de Venise, où l’on avait pour habitude de placer les sous-ensembles instrumentaux et vocaux à divers endroits de la basilique pour créer un effet de stéréophonie, effet polychoral". (Abeille Musique). C'est un superbe enregistrement (la prise de son est de 1992 !) qui devrait ravir autant les baroqueux que les modernes.
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Sonates pour flûte des fils Bach
Barthold Kuijken, flûte
Ewald Demeyere, clavecin
Label Accent - 2009.
Deux interprètes d'exception pour un répertoire à la lisière entre baroque et style galant. Une délicieuse musique trop rarement interprétée par des artistes de ce niveau, qui seuls peuvent en faire ressortir les délicates nuances et les riches couleurs.Un disque lumineux et plein de charme.Wilhelm F. Bach (1710-1784), Johann Christian Bach (1735-1782), Carl Philip Emanuel Bach (1714-1788) Johann Christoph Friedrich Bach (1732-1795) sont rassemblés pour notre plus grand bonheur. C'est un disque plein de joie et de sérénité, un des ces enregistrements profonds et tranquilles qu'on aime emporter avec soi et écouter quand on voyage. C'est ce que je vais faire quand nous partirons pour les vacances de Pâques vers notre cher bassin d'Arcachon a défaut de nous rendre tous ensemble à Venise.
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Baldassare Galuppi
La Clémence de Titus (Intégrale)
Orchestre Baroque de Savaria
dirigé par Fabio Pirona
Label Hungaroton - 2009.
Baldassare Galuppi (1706-1785) fut un compositeur très productif puisqu’il a plus de cent opéras à son actif dont la "Clémence de Titus", écrit bien avant celui de Mozart. La magnanimité de l’empereur Titus Vespasien a inspiré de nombreux musiciens, qui ont tous utilisé le livret de Pietro Metastasio (écrit en 1734) plus ou moins modifié. L’opéra en trois actes de Galuppi , enregistré pour la première fois (et en intégrale) dans ce disque, a été créé en 1760 au Teatro San Salvatore de Venise. Il figura pendant de nombreuses années à l’affiche de tous les théâtres européens avant de tomber dans l’oubli. Cette première discographique mondiale nous permet de découvrir une œuvre de grande qualité, témoignage de l’art musical vénitien dans les dernières grandes années de la République. 
 
Ayant beaucoup voyagé - il est à Londres de 1741 à 1743, puis à Saint-Pétersbourg de 1765 à 1768 à l’invitation personnelle de Catherine II - , Galuppi s'est imprégné des diverses influences européennes. Très proche de Carl Philipp Emmanuel Bach mais aussi de Goldoni, sa musique fut ardemment défendue par Jean-Jacques Rousseau ou Casanova. On dit que de nombreuses œuvres de l'auteur auraient été attribuées à tort à Vivaldi… Justice lui soit ici enfin rendue grâce à cet opéra, d’autant qu’il occupe une place importante dans l’évolution de la comédie lyrique. Cette Clémence appartient à l’esthétique de l’opera seria vénitien et regorge d’airs magnifiques et poignants. On y retrouve toutes les caractéristiques de l’écriture de Galuppi : son sens de l’orchestration, de l’harmonie et du rythme. Accompagnés sur instruments d’époque par l’Orchestre Baroque Savaria Baroque, les chanteurs, très vibrants, redonnent pleinement vie à cette œuvre négligée mais pas du tout démodée.
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Le Club-sandwich
Dans le précédent Coups de coeur (N°29), je vous parlais du livre d'Arrigo Cipriani paru chez Plaibac, dans lequel le propriétaire du Harry's Bar et du Harry's Dolci, livre quelques unes des recettes emblématiques de ces lieux magiques. J'avais envie de vous donner la version Tramezzinimag du club sandwich , ce grand classique incontournable des fins de weekend où sans avoir envie de se mettre en cuisine, on a envie de bien manger devant un bon film ou en en poursuivant l'interminable partie de Monopoly. De quoi faire passer en douceur le terrible stress du dimanche soir.
 
Il faut par personne : 3 tranches de pain de mie (l'idéal étant le pain de mie anglais carré de grande taille ou le pain de mie maison à condition qu'il soit taillé dans le sens de la longueur), des tomates, des feuilles de salade, du concombre, 2 tranches de bacon (du vrai pas du Herta) ou de la poitrine fumée, 1 blanc de poulet, du Brie ou tout autre fromage (mes enfants sont partagés, certains préfèrent le cheddar ou le cantal extra-doux ? les autres ne veulent que du Brie), de la mayonnaise (sans moutarde), du beurre.

Beurrer les tranches de pain de mie et les mettre à griller. Couper les blancs de poulet sans la peau en escalope et les faire bouillir dans un bouillon de légumes ou de poulet, l'essentiel étant que le liquide soit bien assaisonné. Attention, il ne s'agit pas de laisser la viande trop longtemps dans l'eau mais juste le temps nécessaire pour la rendre blanche et tendre. Dans une poêle faire dorer les tranches de bacon, les réserver au chaud puis passer rapidement sur le feu les escalopes de poulet pour que l'extérieur s'imbibe du suc de cuisson du bacon. Les maintenir au chaud. 
 
Quand le pain est grillé, recouvrir généreusement chaque tranche de mayonnaise (sur la partie beurrée bien sûr), puis disposer des feuilles de salade, des tranches fines de tomates, le poulet, une deuxième tranche de pain, une couche de mayonnaise, les morceaux de fromage, une tranche de bacon puis des tranches (taillées très fines) de concombre, de la salade et couvrir avec la dernière tranche de pain. Presser le tout pour que l'appareil s'agglomère sans que le pain soit écrasé. 
 
Couper en quatre morceaux les faire tenir chacun avec une pique si nécessaire et servir aussitôt. Régal assuré. Détail important : on mange plus facilement le sandwich-club avec fourchette et couteau qu'à la main en regardant "Raisons et Sentiments" ou "The Sound of Music" ! Et on peut le farcir avec plein d'ingrédients différents, sachant cependant que le vrai est au poulet et au bacon, mais avec du saumon fumé et du thon ce n'est pas mal non plus. Bon appétit.
 

3 commentaires:

Anne a dit…

Permettez-moi de citer un autre livre d'Alain Buisine, paru en 1998: son "Dictionnaire amoureux et savant des couleurs de Venise" fourmille d'informations habilement distribuées autour des couleurs.
Votre blog sur Venise est très intéressant.
Anne (miscellanéesanne)

Lorenzo a dit…

oui oui il fait partie de mes ouvrages favoris et j'envisageais de lui consacrer un billet, surtout quand je suis à Venise et que nos yeux sont assaillis par les couleurs de la lagune, des reflets, des bâtiments, des ciels !

Michelaise a dit…

ça me tente bien la solitude des nombres premiers... je l'achète, je le lis puis je l'offre à ma petite matheuse poète

01 mars 2009

COUPS DE CŒUR N°32

Sylvestro GANASSI

Io amai sempre - Venise 1540 
Madrigaux, Motets, Ricercars, Toccatas et Fantaisies Pierre Boragno (flûtes à bec), Marianne Muller (violes), Massimo Moscardo (luth), François Saint-Yves (orgue et clavecin).Label Zig Zag Territoires, Harmonia Mundi, 2008.Il est rare en écoutant un disque, de se sentir transporté à l'époque du compositeur, sur les lieux mêmes où sa musique fut jouée la première fois. C'est pourtant l'impression que l'on a avec ce disque paru en automne dernier et que je viens de découvrir. Surmontant les difficultés techniques, assimilant parfaitement "l'esprit et le goût" du XVIe siècle vénitien, le quatuor de brillants musiciens s'est transformé le temps de cet excellent enregistrement en nobles de la cour du doge, appliquant les conseils et méthodes du maestro Ganassi pour interpréter des airs de Gombert, Arcadelt, Willaert, qu'il présentait comme les références absolues de son époque. Piffaro (*) du doge de Venise à partir de 1516, il a défini et codifié en quelque sorte l’interprétation musicale à l’usage du courtisan idéal, dans des ouvrages fameux, dont "La Fontegara", traité écrit pour le doge Andrea Gritti, en 1535, écrit - et près de 200 diminutions modèles dont on a conservé les manuscrits. Selon les critères établis dans le "Livre du courtisan" de Baldassare Castiglione, l’aristocrate vénitien se devait d'être artiste. Il lui fallait"maîtriser à la perfection mais avec modestie l’art de l’improvisation et de l’ornementation, en atteignant autant que possible l’éloquence naturelle, dont la voix est le modèle, jusqu’à donner l’illusion de la facilité et de l’évidence". L’œuvre de Ganassi constitue la première somme musicale volontairement "pédagogique". C'est le premier traité d’ornementation de l’histoire de la musique. Pierre Boragno, Marianne Muller, Massimo Moscardo et François Saint-Yves ont ainsi réuni comme le recommandait Ganassi, des pièces composées à Venise entre 1520 et 1550, et, puisant dans l’impressionnant corpus des diminutions, s’aventurent sans complexe dans un dédale rythmique parfois étonnant, sculptant les phrases. On comprend encore mieux le chemin emprunté quand une même pièce se succède dans deux versions, comme Io vorrei Dio d’amor de Fogliano, d’abord à la viole, simple et pure, sans ornement, puis avec une flûte exubérante mais jamais excessive. Un bel enregistrement donc, recréant une atmosphère de douce sérénité, sans maniérisme ni affectation, très poétique où tout est juste et de bon goût. Comme l'auraient aimé Ganassi et Castiglione !
 
Francesco Geminiani

Sonates pour violoncelle avec la basse continue
Bruno Cocset (violoncelle), Luca Pianca (théorbe)
& Les Basses Réunies.
Label Alpha.
Bruno Cocset est indéniablement aujourd'hui l'un des meilleurs violoncellistes baroques. Ce disque consacré au musicien de Lucques ami de Haendel. Après les magnifiques sonates de Vivaldi et mieux encore, son enregistrement des sonates du compositeur bordelais Jean Barrière, ce nouvel opus est encore une merveille. Un jeu très chaleureux, intime et tendre, soutenu par le luthiste italien Luca Pianca qui l'accompagne avec une sensibilité presque mélancolique, une langueur toute italienne qui convient parfaitement à ces pièces. Mort à Dublin, Geminiani qui voyagea énormément dans le nord de l'Europe, n'en demeure pas moins terriblement méditerranéen et son oeuvre en porte toute la fougue et l'énergie mais aussi ces pointes de nostalgie voire de tristesse qui nous rendent si attachante la musique italienne, " alternant la furia des doubles croches avec le bercement élégiaque des Affetuoso." comme le souligne la La Muse baroque. Un disque que je vous recommande vraiment, à écouter au coin du feu ou, dès qu'il fera plus doux, la fenêtre ouverte sur les senteurs du jardin. Un régal.
 
Les mémoires de Giorgione
Claude Chevreuil
Livre de PocheJ'avais ce roman sur mon bureau depuis un certain temps déjà et je remettais toujours à plus tard sa lecture. On m'en avait parlé sans grand enthousiasme et j'avais eu la faiblesse d'écouter son détracteur, au demeurant critique éminent et grand connaisseur de la peinture vénitienne. Je viens de le terminer et j'ai refermé le petit livre à regret. Lu d'une traite, j'ai beaucoup aimé l'aisance avec laquelle Claude Chevreuil transporte le lecteur dans la Venise de la fin du XVe siècle. Très fidèle au récit qu'Antonio Vasari a donné du peintre dans son ouvrage "Vite de’ piu eccellenti Pittori, Scultori et Architettori", le romancier rend le peintre très attachant. L'atmosphère de la cité des doges, le comportement des personnages qui apparaissent au fil des pages, authentiques ou inventés est toujours vraisemblable, Sans ces anachronismes qui gâchent souvent les meilleures oeuvres (sinon au détour d'une page les mensurations d'un tableau données en centimètres...), le livre nous permet de rencontrer Catherine Cornaro, reine de Chypre et la belle Isabelle d'Este, le maître Bellini et l'élève Titien. Giorgione dont on sait peu de choses en dehors du témoignage de Vasari et de quelques lettres et notices, devient ainsi un héros sympathique à la vie trépidante, de caractère ardent, fier et passionné. On laisse à regret cette société brillante et la Venise puissante et douée pour les arts. .
....
Le Petit fugitif
réalisé par Morris Engel
avec Richie Andrusco
1953. DVD Kino Video (Import Etats Unis)
Ce petit bijou du cinéma indépendant américain reçut en 1954 le Lion d'argent à la Mostra de Venise. Il ressort enfin sur les écrans - dans une mauvaise version en langue française - et je vous encourage à chercher les cinémas qui le diffusent. Le réseau Utopia notamment (Bordeaux, Paris, Toulouse et Avignon) avait choisi de le présenter pendant les vacances de février. Tourné en noir et blanc avec des moyens limités, il s'agit d'un grand film, pelin de fraîcheur et d'humour. Vieux de plus de 50 ans, il n'a pas pris une ride ou presque. Hormis les maillots de bain des messieurs (un peu ridicules) et les robes des dames (très élégantes), on croirait voir les tenues des ados d'aujourd'hui : Chaussures Converse, jeans et t-shirts. rien n'a vraiment changé.
 
L'histoire en deux mots : C'est l'été. Deux enfants vivent avec leur mère dans un quartier populaire de New York. L'aîné a douze ans et des vélléités d'indépendance. il aime jouer dans la rue avec ses copains mais il est souvent obligé de se coltiner son jeune frère, joey, presque huit ans qui est passionné par les chevaux. Un jour que la mère doit s'absenter, le grand frère doit garder le petit au lieu d'aller à Coney Island passer la journée. Les grands inventent un stratagème pour se débarrasser du petit : ils lui font croire qu'il a tué son grand frère par accident et qu'il doit fuir. Prenant la chose très au sérieux, le petit bonhomme s'enfuit et prend le premier métro venu. Il arrive... à Coney Island, où il va vivre la plus extraordinaire aventure de sa vie. Pour la première fois livré à lui-même, apparemment inconscient mais toujours lucide (il faut voir sa réaction quand il passe près d'un policier, persuadé qu'il est recherché pour meurtre !). Le film finit bien, mais sans mièvrerie hollywoodienne. Le jeune héros joue divinement et les décors naturels, les figurants (la plage bondée de Coney Island un week end, en plein été 53) donnent à ce petit bijou un cachet extraordinaire. Le jury de la Mostra, présidé alors par Ignazio Silone, ne s'y était pas trompé qui l'ovationna, la même année que "l'Air de Paris" de Marcel Carné et "Touchez pas au grisbi" de Jacques Becker. Ce film plein de poésie existe en DVD, mais seulement en version originale. Si vous pouvez vous le procurer, vous ne le regretterez vraiment pas !
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J'adore
Jean Desbordes
Éditions Grasset, Coll. Les Cahiers rouges.
On va dire que je mélange genres et idées et que je suis décidément bien brouillon, mais parler de ce sympathique petit film m'a fait penser au très beau texte de Jean Desbordes découvert il y quelques jours et qui m'a fasciné par sa liberté de ton et cette "foi" naïve et sauvage. Ce sont quelques lignes découvertes au hasard en feuilletant le livre qui m'ont incité à le lire : "J'avais tant envie d'écrire tout à l'heure, J'avais tant envie d'écrire et envie de ne rien faire et d'être doux et de sourire et de soupirer... Je voulais être seul afin de mieux sentir ce que je sentais avec mon amie. J'avais tant envie d'écrireet de ne rien faire et de me taire et de sourire, quà présent je n'ai plus envie de rien du tout , ni même dd'écrire ni de sourire, ni même d'avoir le courage de désirer la paresse qui est source d'amour. J'avais tant désiré écrire tout d'un coup que j'étais bien et que je demandais la solitude. J'avais tant voulu lire et rêvasser et ne rien dire et ne rien penser...". Belles lignes. Plus loin pourtant cette adoration païenne de la nature peut choquer où déranger, tant le désir d'elle s'avère épidermique et plus encore... On comprend à lire cet essai hédoniste (et très sensuel), la réaction de Jacques Maritain qui rompit avec Jean Cocteau juste après la parution de l'ouvrage, supervisé - c'est assez facile à déceler - par l'auteur des Enfants terribles, (nous sommes en 1928), chez Grasset. Fascinantes élégies qui font ressortir tout ce qui brillait tant chez son amant terrible : une sincérité et un abandon scandaleux. Comme le précise l'éditeur : "Jean Desbordes (1906-1944) vouait une passion charnelle à la campagne, ses nuances de paysages, ses odeurs, sa faune, ses bruits, son calme maternel, mais chez lui, le bucolisme se double d'une célébration (voire d'un dérèglement) de tous les sens. Elégiaque et frondeur, il prie puis il exulte. A l'image de son auteur, cet ouvrage est passé comme une comète sensuelle dans le ciel de la littérature française." Cocteau, dans sa préface qui scandalisa ajoute : " L'innocence est dans le désir. La passion humaine sur terre exige un équivalent de pureté au ciel, et quand on aime ici on plaît là-haut. " Dieu est partout dans J'adore, mais c'est un dieu insolent et intime.
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L'Italie simplissime
Arrigo Cipriani
Editions PlayBac.
Le genre de livres qu'on offre au moment des fêtes. Pourtant, si on dépasse le côté fonctionnel de la mise en page (carnet de cuisine-chevalet à spirale), l'ouvrage est intéressant. Rédigé par Arrigo Cipriani (ou sa chargée de com), l'actuel propriétaire du mythique Harry's Bar de Venise (de Londres, Hong Kong et de New York par la même occasion), il présente 150 recettes bien expliquées et commentées. Parmi elles, la recette du Bellini, ce fameux cocktail à base de pêches fraîches, le risotto alla primavera, copié partout à Venise mais qui n'est authentique et délicieux qu'au Harry's, le croque-monsieur et le club sandwich, deux classiques de la cuisine internationale mais qui, interprétés par les cuisiniers du Harry's et du Harry's Dolci à la Giudecca, sont tout simplement fichtrement et somptueusement bons !
 
(*) : le piffaro était le sonneur du doge, musicien qui précédait, seul ou avec la fanfare du palais, le prince annonçait son arrivée et scandait les différents évènements officiels de la cour. Le piffaro était un instrument à vent dans le genre du hautbois mais désigne aussi certains types de flûtes.

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3 commentaires:

Michelaise a dit…

J'avais aussi bien aimé les mémoires de Giorgione...Votre enthousiasme et les détails évoqués me donnent fort envie de découvrir Geminiani...

Lorenzo a dit…

vous pouvez l'entendre sur deezer.com c'est vraiment un très bel enregistrement

Marie G a dit…

Outre Geminiani, Bruno Cocset a aussi enregistré une version intéressante de la suonata a viloncello solo de Vivaldi, très différente de l'interprétation de Christophe Coin et Christopher Hogwood (excellente aussi mis à part). Achetables ainsi que le Geminiani sur iTunes. Evidemment il vaut mieux se procurer le CD original qui est toujours de meilleure qualité.

 

10 février 2009

Est-ce que l'hiver est enfin fini ?


On dit qu'à la Chandeleur, s'il fait beau, c'est que le printemps est à nos portes. Pas de tempête de neige cette année à Venise. Le manteau blanc s'est fait très discret et n'a pas vraiment duré. Les poètes et les photographes s'en plaindront, les personnes âgées et les gens qui travaillent bien moins !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

M.17
"Il Covo", quel délice !