14 août 2009

Un merveilleux jardin à Venise

© Photographie Jeff Cotton
Il est un jardin sur la Giudecca qui est tombé, depuis plus de trente ans, dans une décrépitude que certains qualifient de criminelle, mais qui en fait sourire d'autres. Après avoir été pensé, entretenu et gardé comme un joyau précieux, admiré par tout ce que le monde comportait d'artistes, de poètes et de célébrités quand ils passaient par Venise, le Giardino Eden, situé au 137-138 de la Fondamenta della Croce, est devenu une jungle couverte de mauvaises herbes, victoire posthume de l’idéal iconoclaste de son dernier propriétaire, le peintre autrichien Friedensreich Hundertwasser. Ce jardin aujourd’hui clos sur son mystère repose dans l' attente d'une flamboyante résurrection. Il fut considéré comme l'un des plus fameux jardins du monde au XIXe siècle. Laissez-moi vous raconter son histoire.
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© Photographie Jeff Cotton.
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enise en 1884. La cité des doges a sombré depuis une cinquantaine d'année dans une misère incroyable. Les plus anciens de ses habitants se souviennent encore de la prospérité et de l'opulence des dernières années de la République. Les caisses de l’État étaient certes presque vides, mais la société fonctionnait comme elle l'avait toujours fait, pareille au mouvement du balancier d'une horloge. Napoléon avait ensuite surgi, bloquant le mécanisme que les autrichiens s'empressèrent de dérégler définitivement. L'indépendance de l'Italie et le rattachement des anciens territoires de la République à la couronne vidèrent Venise de ses forces vives. Elle n'était plus désormais qu'une petite ville de province dont les façades n'étaient plus entretenues et où les plus modestes de ses habitants ne trouvèrent plus de travail. C'est dans ce contexte un peu morbide, que les riches aristocrates du monde entier, attirés par le charme de la déliquescence, vinrent en masse s'installer sur les bords du Grand Canal. 
 
Parmi eux, un britannique issu d'une vieille famille de parlementaires britanniques, Sir Frederick Eden, (1828-1916), tomba amoureux de la ville. Avec sa femme, Caroline Jekyll, comme lui passionnée par Venise, il acheta en 1884 une ancienne dépendance du couvent des soeurs de Santa Croce. C'était un vaste espace semi-rural, un vestige de potager où poussaient ça et là des rosiers sauvages, des hortensias. Ils entreprirent de le transformer, l'agrandir et le planter. Mais restaurer des bâtiments et aménager un jardin d'agrément sur la lagune n'est pas aussi facile que dans le Kent.
Notre lord excentrique découvrit l'ampleur des défis : les vents (la Bora, le Scirocco, le Garbin, le Levante, et les autres) , les marées, le sol mouvant et instable. Tout le ramenait à l'expérience de la Venise anadyomène quand la cité primitive émergeait à peine de la lagune. Il parvint cependant à faire naître son fabuleux jardin, à force de ténacité et à grand renforts d'espèces sommantes et trébuchantes. L'orto di Santa Croce devint vite le bien-nommé "Giardino Eden", le plus vaste espace vert privé de Venise. Un paradis de jardin à l'anglaise, luxuriant et confortable. Il tira de cette épreuve titanesque un récit horticole très pittoresque et plein de poésie comme les anglo-saxons savent si bien en écrire. Publié à Londres en 1903, «A garden in Venice» eut un grand succès et fut aussitôt traduit dans le monde entier. Sir Eden avait conçu son jardin comme un anglais sait le faire, avec un respect inconditionnel de la nature, mais sans oublier pour autant le côté : « Our individual taste loves vegetation as nature grows it rather than as man clips it ».

Son jardin fascina aussitôt les visiteurs. Toutes les célébrités littéraires de l'époque en ont parlé : Proust, Cocteau, Rilke, Henry James, Aragon. D'Annunzio situe un des épisodes de son célèbre roman Le Feu dans le jardin. Le célèbre Baron Corvo proposa ses services comme gardien du poulailler. Jean Cocteau est à Venise en 1908. A peine âgé de 19 ans, il accompagne sa mère dans un grand tour de l'Italie du nord par un bel automne. Un soir, le 24 septembre exactement, son ami Raymond Laurent se suicide sur les marches de la Salute. Ils venaient à peine de se quitter, après avoir visité le jardin en compagnie d'un jeune américain cause du drame. Le triste épisode lui inspira une poésie, intitulée «Souvenir d'un soir d'automne au jardin Eden». L'allusion à l'évènement figure dans ces quelques vers à la consonance symboliste presque outrée : «jardin exquisément fatal, sépulcre embroussaillé de roses».
 
© Photographie Jeff Cotton
Au printemps 1910, c'est au tour de Rainer Maria Rilke de parler du jardin. Il écrit à Marie von Thurn und Taxis en avril : «Ma première promenade hier me conduisit au Giardino Eden ; il me semblait que nous étions convenus de nous y retrouver. La Princesse Gabrielle se serait réjouie du violet sombre de l'ancolie. Les roses ne sont qu'en devenir. Mais le plus beau, c'était les nombreux papillons qui flamboyaient au-dessus de l'herbe haute, dans le vent , et la jeune feuille de vigne à peine déployée, aperçue contre le ciel». Frederick Eden mourut en 1916, Lady Caroline continua à y vivre jusqu'en 1928. La propriété fut ensuite vendue à Lord James Horlick, le fondateur de la fameuse Horlick’s Malted Milk Company.
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Dans les années folles, la vanité mondaine s'empara de ce jardin qui devint une étape obligée de tout séjour à Venise. Puis il fut acquis par la reine Aspasia de Grèce, qui y vécut jusqu'à sa mort. Elle était l'épouse morganatique d'Alexandre de Grèce, roi des Hellènes, qui l'épousa en 1919 pour mourir l'année suivante d'une septicémie due à la morsure de son singe favori. 
 
Sa fille, la princesse Alexandra en hérita. Devenue reine de Yougoslavie, abandonnée par le roi qui la fit passer pour démente, elle demeura quasiment cloîtrée dans le jardin jusqu'à sa mort en 1974. Elle décrit dans ses mémoires toutes les déprédations subies par le jardin pendant la seconde guerre mondiale. Mais elle s'employa à tout remettre en état, planta de nouveaux arbres. 
 
© Photographie Jeff Cotton
 
C’est alors qu’intervient le vibrionnant peintre et "médecin de l’architecture", Fritz Hundertwasser (de son vrai nom Friedrich Stottwasser). Personnage singulier de l’art, militant écologiste avant l’heure, il l'acquit à la mort de la reine. Il y vécut jusqu'à sa mort en février 2000 et laissa le jardin devenir une ruine romantique. Étrangement, le peintre prétendait toujours ne pas en être propriétaire en dépit des rumeurs qui parlaient d'une transaction de plusieurs centaines de millions. 
 
Installé à Venise en 1968 pour restaurer dans un chantier de la Giudecca un vieux gréement qu’il avait ramené de Sicile et rebaptisé "Regentag", il découvre en 1972 le Giardino Eden et décide d'en être le propriétaire. Là, ce chantre de l’ortie qui disait : «Savez-vous qu’il est facile de vivre sans argent ? il suffit de manger des orties… Les orties poussent partout, elles ne coûtent rien…Mangez les !», laisse la nature reprendre ses droits, s’exposant à la virulence des critiques : «Les gens qui ne comprennent rien colportent que je laisse le jardin à l’abandon» expliqua-t-il, «Pas du tout : je n’aime que les plantes sauvages. Je repique constamment les orties, les ronces. Vois commeces verts sont harmonieux. Et ces fouillis de ramures, on dirait une broderie !».
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Il défend haut et fort sa théorie des jardins :"Il ne faut pas jardiner. Mais laisser faire la nature. Pratiquer la végétation spontanée. Tout laisser pousser sans jamais couper... Il est urgent de dialoguer avec nos jardins, de signer un traité de paix"
 
Depuis sa mort, le jardin demeure fermé et le mystère reste entier. Gruener Janura, la société allemande qui gère les biens de l'artiste a posé sa plaque sur la sonnette du portail d'entrée. En 2003, le magazine Hortus (no 67 - Automne 2003) publia un article de John Hall, qui, ayant pu pénétrer dans le jardin, en décrit l'état lamentable. Peu de traces de la configuration dessinée par Eden sont encore visibles. Le journaliste dépeint des allées négligées aux pavés disjoints, des pergolas écroulées et des statues brisées couchées dans de hautes herbes folles. De quoi alimenter de romantiques rêveries et mille rumeurs. 
 
On prétend aujourd'hui que le jardin a été acquis par deux entreprises, une japonaise et une suisse. Mais après enquête, le jardinier (suisse) qui s'y rend de temps à autre, est toujours employé par les gens de Vienne... Mystère et boule de buis ! Le jardin Eden a été classé monument historique en 1945. Nous sommes nombreux à espérer pouvoir y pénétrer un jour prochain. En attendant, l'arrivée de Google Earth nous permet d'avoir une idée de ce jardin mythique unique à Venise.
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Photographies extraites du livre de Frederick Eden.

13 commentaires:

Michelaise a dit…

L'histoire du jardin est passionnante, et donne envie d'aller le voir lors d'un prochain séjour... quant à l'ortie j'avoue que cela me plait beaucoup, je pratique la même politique avec mon jardin, et ma voisine est furieuse, voire fachée avec moi de ces fantaisies sauvages !
En fait j'u ai des graminées car je il n'y pas d'orties... c'est vrai que ces dernières sont bien commodes pour la soupe !
Michel l'avait bien dit c'est TRES tendance !!

http://lepetitrenaudon.blogspot.com/2009/07/jardin-bio.html

Anonyme a dit…

Tout l'Art réside en un juste milieu : ni trop, ni trop peu. Entre la nature "sauvage" et le "domestiqué", il est possible de tout imaginer.
Peut-on encore pénêtrer dans ce jardin ? Je n'en ai pas trouver l'entrée lors de mes nombreux séjours.
Gabriella

AnnaLivia a dit…

Merci Lorenzo pour ce beau billet! Je suis justement en train de lire le livre de F. Eden. Espérons qu'on jour quelqu'un décidera de faire renaître ce beau jardin.
à+
AnnaLivia

Jeff Cotton a dit…

Si vous désirez lire cet article dans sa version d'origine
http://www.fictionalcities.co.uk/gardenofeden.htm

Habituellement lorsqu'une personne utilise des informations ou des photos glanées sur mon site, elle me demande tout d'abord l'autorisation de le faire ou a l'amabilité d'offrir un lien pour mon site. Malheureusement, dans le cas présent je me vois obligé de le faire moi meme.

Lorenzo a dit…

Dear Jeff Coton,
I apologize if you think that my post is only a translation of your excellent article on the item. If I have to pay tribute to your text, i do it "volontiers".
Mais laissez-moi souligner que la plupart des illustrations sont extraites de l'ouvrage original de Sir Frederick Eden, disponible et utilisable librement sur Google Books d'où je les ai copiées, et que les autres illustrations sont en libre accès, toujours sur Google. 

Elles m'ont d'ailleurs été adressées par une des éminentes spécialistes des jardins vénitiens, qui les utilise depuis longtemps notamment en diaporama pour ses conférences et publications à Venise et ne se permettrait pas de les utiliser sur des outils officiels s'il y avait un problème de copyright. 

Mais puisque vous revendiquez la propriété artistique des clichés présentés et effectivement utilisés dans votre excellent billet, je vous remercie de la précision que vous venez d'apporter aux lecteurs de Tramezzinimag.

Cependant je vous suggère de rectifier la mention "dans sa version d'origine" qui laisse entendre que mon texte ne serait que la traduction du votre, ce que je réfute. 

J'ai effectivement trouvé dans votre texte des précisions qui ne figurent pas toutes dans l'ouvrage de Sir Eden et dont je me suis servi.

Je ne pense pas qu'imposer à mes lecteurs le détail des sources compulsées, lues et utilisées pour compléter et développer mes articles s'impose. 

Je vous remercie toutefois d'avoir pris la peine de mentionner tout cela.

Quant au lien sur votre site, il existe depuis longtemps dans ma liste des sites que je recommande mais il est vrai que cette liste est encore un peu "fouillis". Vous me donnez l'occasion de la repenser.

J'espère que ces précisions vous conviennent, notre commune passion pour Venise ne laissant certainement pas de place à la polémique.

Cordialement et vénitiennement votre.

beatrice De a dit…

Hundertwasser ! je l'ai rencontré à Salzbourg. J'avais eu une correspondance avec lui, lui racontant mes péripéties pour voir ces oeuvres à Vienne. J'étais tombée sur une employée intelligente et motivée à l'office du tourisme. Ne sachant où elle pourrait m'envoyer pour voir ses peintures, elle m'envoya voir la maison, devenue célèbre, encore en construction. J'étais jeune à l'époque, et la vision de cette maison, avec ses colonnes inclinées,les mosaïques contre les murs, les étages à l'aspect tous différents, me laisse encore un souvenir immémoriale.

Après ma lettre, il a demandé à son représentant en Suisse, de m'envoyer quelques livres et même le calendrier, qu'à l'époque je ne pouvais pas m'offrir.
Vous pouvez imaginer ma surprise.
Ce même représentant, m'avertit d'une expo à Salzbourg, où je suis allée. Les maquettes d'autoroutes enterrées m'ont aussi impressionné.

Je lui suggérais de proposer à notre municipalité, des rénovations pour un quartier du centre devenu plus que vétuste. Il me répondit, qu'il étais trop vieux pour convaincre des gens qui n'y comprenais rien *. Il parlait un français parfait, ayant vécu à Paris. Je me rappelle encore le pull qu'il portait, un magnifique Missoni.
Le centre de Lausanne a été rénové, mais je me surprends encore à rêver ce que ce centre aurait eu de couleurs et d'attractions, si Hundertwasser l'avait pris en main.
Béatrice décoratrice à Lausanne.

beatrice De a dit…

Si vous aimez les jardins, à Lausanne en ce moment une manifestation qui pourrait vous intéresser :*LAUSANNE JARDINS* dont vous pourriez suivre le parcourt ( et les commentaires) sur mon blog.

Béatrice de Lausanne.

beatrice De a dit…

Etant enfants, nous avons mangé beaucoup d'orties que ma mère nous envoyait cueillir, mes soeurs et moi. En soupe, c'est délicieux.

Béatrice de Lausanne.

Anonyme a dit…

Excellent billet !
J'aimerais tant y flâner ...
M.17

Gérard a dit…

Les lords excentriques anglais m'ont toujours passionné . Comme leurs roses . Et c'est bien peu dire . Leur vaste culture , très précise , excessivement précise , ciblée au millimètre , leur désinvolture large et faussement négligée , cette façon d'agiter la muleta jamais démentie , et cet art inimitable de confectionner jardins souples et pergolas raides quand leurs fils s'occupent tranquillement de guerres mondiales à tout va . Stupéfaction totale de la part d'un simple lecteur ! Et une légère pointe d'admiration quand même . Un petit rosier " New Dawn " fera très bien l'affaire de ce désuet souvenir .

Lorenzo a dit…

Ah les roses anciennes,délicates et parfumées... Je vous recommande le blog de Béatrice de Lausanne, à propos de jardins. Et vrai, les orties en soupe c'est délicieux. Avec de l'ail et des croutons.

J F F GrandsLieux a dit…

Félicitations pour cet article vraiment intéressant et parfaitement rédigé.
Tout y est : les personnages, la nature, l'histoire, et bien entendu la Ville !
Cet espace paradisiaque aurait-il existé si le parlementaire avait porté un autre nom ? Vous avez su résister à la tentation du jeu de mot.
Bonne soirée !

Jean Pierre Ryf a dit…

J'ai laissé un message ailleurs mais je le redis ici. Il y a eu dans une Galerie de la Giudecca une exposition de photos magnifiques de Venise vue d'avion. Un livre:"Venise vue d'en haut" a été publié et sur l'une des photos on voit trés bien le jardin d'Eden.
Voici un lien vers la Galerie qui a édité ce livre de photos:
http://www.giudecca795.com/ita/

13 août 2009

Soyons précis

Voilà en fait à quoi ressemblent les patrouilleurs envoyés par le ministre de la défense. Photo parue dans le Gazzettino. L'illustration du précédent article montrait en fait un groupe de parachutistes défilant à Venise lors d'une cérémonie militaire. C'est tout ce que j'avais de disponible dans ma photothèque...

Que les lecteurs de Tramezzinimag se rassurent, Venise pas encore en état de siège ! Mais restons vigilants. La démocratie est la plus importante des conquêtes modernes. La condition première pour que fonctionne la démocratie que nos ancêtres ont eu tant de mal à instituer et à sauvegarder. Des millions d'hommes et de femmes sont morts pour la défendre. Nous les européens d'aujourd'hui, soyons solidaires, et ne laissons personne confisquer le plus cher de nos biens communs, même au nom des mille bonnes raisons qui pourraient être un jour invoquées !

10 commentaires:

Anne a dit…

Il est évident que nous sommes tous attachés aux valeurs démocratiques. Il faut aussi penser qu'un militaire est un homme et non un robot maléfique incapable de penser, non?
Anne

autourdupuits a dit…

OUF!!!
Espérons qu'Anne ait la bonne analyse.
Je profite du blog de Lorenzo pour vous indiquer le numéro du National Géographic du mois d'août consacré à Venise mais je crains de ne pas apprendre grand choses aux amoureux de Venise que vous êtes à l'affût de tout ce qui paraît sur la Sérenissime

Lorenzo a dit…

Les militaires obéissent aux ordres et c'est bien. Défendre son pays, intervenir au nom de la solidarité des peuples, aider en cas de catastrophe, protéger femmes et enfants et vieillards en cas de besoin. Oui c'est bien le rôle de l'armée. Aucun de ces motifs ne justifie la présence de l'armée dans nos rues. Si ce n'est ce fameux principe de précaution qui est utilisé de plus en plus comme un prétexte pour sécuriser au maximum nos sociétés et habituer les citoyens à une présence policière jamais très positive à terme. Mais cette opinion n'engage que moi et espérons que pour une fois dans l'histoire de l'Humanité tout cela n'évolue pas de la même manière...

Michelaise a dit…

Bien sûr que les militaires sont indispensables à la paix d'un pays, mais pas très "déco" devant saint marc, surtout mitraillette au point ! comme cela c'est plus soft !!

Bruno a dit…

C'est vrai que ce serait un comble, surtout à Venise.

Anne a dit…

Vous avez tous raison. Maintenant, changeons de point de vue et essayons de nous mettre à la place d'un jeune militaire qui a l'occasion d'aller à Venise. Je suis sûre que c'est une aubaine pour lui et que bien peu lui importe un motif sécuritaire quelconque. Et puis faisons confiance à Venise pour apaiser tous les coeurs ambitieux, batailleurs ou orgueilleux.
Anne

Aldo a dit…

Buongiorno Lorenzo,

J’ai découvert votre blog au hasard de mes flâneries sur la toile. Je n’en ai encore pas fait le tour mais c’est avec délectation que je remonte le temps de vos posts.

Italien d’origine, vivant en Suisse depuis ma naissance, j’ai eu l’occasion (et la chance) depuis ma plus tendre enfance de faire la découverte de Venise. Je passais mes vacances d’été dans le village d’origine de mon père, près de Pordenone, et à chaque fois nous nous y rendions en famille pour notre escapade annuelle. Depuis j’ai eu de nombreuses occasions de découvrir la Serenissima et de bien des manières.

En vous lisant, je ne peux m’empêcher de noter que nous avons un grand nombre de points communs… l’un d’entre eux est celui d’avoir eu la chance de rencontrer et de côtoyer ce grand Monsieur qu’étais Hugo Pratt lors d’une soirée mémorable avec un autre dessinateur vénitien, Leone Frollo.

Les aléas de vie la m’ont un peu éloigné de cette magnifique ville qu’est Venise et c’est avec surprise que je me suis rendu compte que cela fait bien 10 ans que je ne m’y suis plus promené. Vous avez réveillé en moi une envie irrépressible d’y retourner au plus vite, si possible à une période pas trop « chargée » en touristes.

Je tenais à vous remercier pour avoir fait renaître en moi cette passion de la ville des doges qui s’était un peu endormie en moi.

Amitiés
Aldo Zambon

Lorenzo a dit…

Cher Aldo, vous lire m'est une grande joie. Bon prochain retour à Venise et n'oubliez pas de revenir sur Tramezzinimag nous confier vos impressions. Merci pour vos éloges. Tramezzinimag est une affaire de coeur que je partage avec bonheur avec de plus en plus de lecteurs. Si seulement cet amour partagé pouvait être utile à la Serenissima, même par bribe...

douille a dit…

N'est-ce pas le travail de la police???

Un militaire n'est pas fait pour faire régner l'ordre en ville... On ne doit les "sortir" qu'en cas de menace très élevée... De plus par défaut ils n'ont la même formation qu'un policier (formé à ce genre de situation, lui...)

Lorenzo a dit…

D'où la polémique, la municipalité rappelant que devant les vols à la tire et les menues escroqueries qui se développent dans la rue, des carabiniers ou des policiers en civil font bien plus l'affaire. De même pour les commerçants clandestins qui envahissent la ville. Mais le ministre en a décidé autrement. En plus cela a un coût pour la communauté !

12 août 2009

L'armée dans les rues de Venise ? Non merci !


Ça y est, depuis hier, les soldats patrouillent dans les rues de la Venise. C'est le ministre de la défense italien, Ignazio La Russa qui a décidé d'envoyer dans la Sérénissime 90 militaires. Venise en état de siège ? L'argument du gouvernement : renforcer la sécurité et servir de renfort aux forces de l'ordre déjà en place. Réplique virulente de la municipalité. Ces militaires, Venise n'en veut pas, comme l'affirme le maire-adjoint, Michele Vianello
« S'ils veulent nous donner des militaires, qu'ils renforcent le nombre de carabiniers en civil. La ville n'a pas besoin de patrouilles en promenade dans la cité des doges, mais d'agents de polices et de gendarmes qui évoluent dans la ville sans être reconnus afin de réprimer le commerce abusif qui se développe au détriment des commerçants officiels, mais aussi pour remédier au développement des vols à la tire. Avec des soldats en uniforme, on n'arrivera à aucun résultat ! ».
55% de la population interrogée par le quotidien La Nuova Venezia est du même avis. Décidément, le berlusconisme montre chaque jour de plus en plus son côté sombre, et toujours l'air de rien ; méfions-nous, français, au nom du principe de précaution et du sécuritarisme, le même mal nous guette...ET traditionnellement, nous constatons que ce qui se passe en Italie arrive ensuite en France...

2 commentaires:

Les Idées Heureuses a dit…

N'est-ce pas dans "la guerre des étoiles" qu'il y a un "Dark Vador"?

Michelaise a dit…

faut dire que le tableau est étrange... les manoeuvres devant san marco ça fait un peu déplacé !

Mamma mia, quelle chaleur !

Ce n'est pas la canicule, mais le mois d'août tient ses promesses. L'air à Venise aux alentours de Ferragosto, (l'Assomption) devient vite irrespirable...
 
Le Garbino,vent chaud assèche tout et quand il s'arrête, l'air se fait lourd, chargé d'humidité. Le mois avait commencé avec des rafales incroyables et de la pluie. Aujourd'hui, les touristes désertent la Piazza et se réfugient aux terrasses (ombragées)des cafés. L'air conditionné des restaurants et des bars attirent davantage les vénitiens. Il devrait faire aux environs de 30° me disait une amie au téléphone ce matin. 28° déjà à midi... On a vu pire ! Cependant c'est beaucoup pour la majorité des touristes venus du Nord. Les pauvres se liquéfient et on respire dans les rues un mélange de parfums, d'huile solaire et de transpiration pas toujours agréable... La police doit même rappeler à l'ordre ceux qui prennent les bords du grand canal ou la riva dei Schiavoni pour une plage et se dénudent comme au Lido... 
 
Tramezzinimag le rappelle à ses lecteurs : hormis sur les quais de Paris-Plage, on ne se promène pas torse nu, ni en maillot de bain, on ne trempe pas ses pieds dans l'eau des canaux (c'est plutôt déconseillé avec la pollution de l'eau dans le centre),on ne se vautre pas sur les dalles du sol et on ne bivouaque pas par terre autour de chaque monument... Pour ceux qui veulent vraiment se rafraîchir, il y a la mer à deux pas et il suffit de changer son rythme quand le soleil est haut : faire la sieste au frais dans sa chambre d'hôtel, s'installer confortablement à l'ombre d'un arbre dans les jardins de la ville ou, armé d'un bon bouquin et de musique, s'attabler à une des nombreuses terrasses ombragées de la ville. Si possible loin de San Marco et du Rialto
 
Et si vous avez vraiment très chaud, un conseil venu de chez nos amis anglais, du temps où ils vivaient en Inde et en Egypte : buvez du thé brûlant. Cela désaltère vraiment et on a ensuite une sensation de fraîcheur bien plus profonde qu'après avoir ingurgité un soda ou de l'eau glacée ! 
 
Mais en fait rien de tel qu'une balade en sandolo. Regardez ces trois-là, l'âge n'a pas entamé leur ardeur ! (Reportage complet des pappy en bateau chez Les Idées Heureuses que je remercie au passage - cliquer sur le titre du blog de notre amie claveciniste).

3 commentaires:

Les Idées Heureuses a dit…

J'ai l'équipe entière des jeunes marins en sandolo, ils sont superbes, d'une beauté saine que l'on peut envier à tout âge, la preuve dans les Idées Heureuses, je vous propose un choix royal!
Pour la chaleur mon époux pense que c'est dans la "tête"... je ne dois pas en avoir!

Wictoria a dit…

une bonne bière très fraîche pour moi quand j'ai super chaud, ah la la, oui, je sais qu'il vaudrait mieux boire du chaud mais... pour le plaisir :)

Lorenzo a dit…

L'un n'empêche pas l'autre en réalité !

10 août 2009

La notte di San Lorenzo


Le 10 août à Venise, comme partout en Italie, quand le soleil est couché, les enfants regardent le ciel pour voir tomber les "larmes de Saint Laurent". Il s'agit en fait des Perséides, une pluie d'étoile qui se reproduit depuis toujours autour de la fête du saint martyr. Plus d'une centaine de météores à l'heure défilent ainsi, la terre pénétrant dans une mer de poussières d'étoiles venue d'une comète de la constellation de Persée. C'est l'occasion de faire des vœux et pour les amoureux, le moment de se jurer une éternelle fidélité. 
 
A Venise, comme il fait généralement très doux cette nuit-là, de nombreuses embarcations glissent sur les eaux de la lagune en direction des îles ou des lieux les plus sauvages du Lido, là où aucune lumière artificielle ne vient perturber le magnifique spectacle. Dans un ciel noir comme de l'encre, les étoiles soudain jaillissent comme des fusées et des milliers de points lumineux semblent prendre vie. Un moment magique. Avec les modifications que connaît notre planète, ce n'est plus toujours exactement le 10 août que ce phénomène se produit, mais entre le 8 et le 12. L'occasion de se rendre plus souvent sur la plage avec l'élu(e) de son coeur et lui jurer un amour éternel !

12 commentaires:

Anne a dit…

La science au service de la poésie trouve le meilleur écho dans le coeur des hommes en Italie, bien sûr!
Anne

maite a dit…

Bonne fête sous cette belle pluie d'étoiles

Lorenzo a dit…

Merci Maïté

Michelaise a dit…

Merci de ce rappel... en France aussi nous fêtons les Perséides... dans certains endroits ! Quand mes filles étaient petites nous partions avec pique-nique, couvertures et anti moustiques pour une grande expédition nocturne... au fond du jardin où nous passions la nuit dans nos sacs de couchage à guetter les étoiles filantes, nous endormant souvent avant qu'elles n'arrivent ! En ce moment c'est la pleine lune, cela va rendre la quête plus difficile, mais ce soir on couche sur le balcon !

Wictoria a dit…

je ne connaissais pas du tout ces "larmes d'étoiles"

Les Idées Heureuses a dit…

Les vœux d'amour:
Qu'il dure toujours!
Si on n'a pas le cou cassé après avoir observer ce ciel magique on peut encore se raconter fleurettes, le reste de de la nuit!
Le mieux, cependant, est d'être allonger sur l'herbe...ou au fond d'un "sandolo" si c'est possible- pour les vénitiens-. On a ainsi l'impression d'être aspiré dans l'Univers et de devenir à son tour une étoile dans le firmament!
Bonne fête à vous,sans larmes toutefois!
Et une idée étoilée me vient...si nous avions une pensée amicale vers nous tous, les blogger qui participons à ces échanges, disons à minuit... en regardant le ciel ? L'idée vous plait?

Michelaise a dit…

A propos, Bonne Fête Lorenzo !
Comme tu y vas, Idées Heureuses... un sandolo... faudrait que j'essaye cela sur l'estuaire
Mais l'idée de tous nous retrouver dans le ciel à minuit, oui oui... même si je dois me contenter d'être allongée sur le sable ! Rendez-vous à ce soir, dans les étoiles !

Les Idées Heureuses a dit…

Mais pour les vénitiens!!!
J'ai précisé car, par exemple, ici,dans ma piscine en plastique de 3,60X 3,60, je n'y mettrais qu'un bateau pour petitouné...
A ce soir, minuit.
Mille excuses à Lorenzo qui sert ici d'intermédiaire "postal".

Enitram a dit…

Buona festa Lorenzo et je me précipite la tête dans les étoiles puisqu'il sera minuit dans quelques minutes!!!!!!!
Buona notte a tuti........

autourdupuits a dit…

Merci Lorenzo de nous rappeler cette coutume, et avec une peu de retard bonne fête!

Lorenzo a dit…

Merci à tous !

Lorenzo a dit…

C'était en fait la nuit du 12 qui a été la plus prolifique en pluie d'étoiles mais le ciel n'était pas assez clair pour en profiter pleinement. Cela me donne envie de parler du beau film des frères Taviani "la notte di San Lorenzo". L'avez-vous vu ?

09 août 2009

La nonne de la ca'Frollo

 
Je cherchais, il y a quelque temps, de la documentation sur la Ca’Frollo à la Marciana, et j’ai fini par trouver un livre édité à New york dans les années 30, "the nun of the ca’Frollo", des lettres et la vie de Henrietta Gardner Macy qui a vécu là les premières années de sa vie à Venise. C’était une américaine (1854-1927) qui était sculpteur et professeur. Il semble qu’elle ait habité plus tard à Murano où elle créa une école pour les enfants pauvres. Elle mourut dans une tempête sur la lagune. Gabriele d’Annunzio en parle, et la Duse l’appelait "the franciscan nun of ca’Frollo". Par la grâce du miraculeux internet, j'ai déniché un exemplaire de cet ouvrage dans une librairie du Wyoming (...). Extraordinaire personnage en vérité ! Dès que je reçois le livre, nous reparlerons de cette dame qui fut correspondante du Punch en Italie et commença sa vie professionnelle comme institutrice en école maternelle, les fameux kintergarten qui venaient de naître.

2 commentaires:

Anne a dit…

Cette histoire paraît intéressante Nous attendons tous vos prochains articles sur ce sujet.
Anne

Lorenzo a dit…

En réalité, ce n'était pas à la Marciana, mais à la Querini Stampalia, par un délicieux soir de printemps quand les salles se vident et qu'on peut lire tranquillement, les fenêtres ouvertes sur le beau jardin de Scarpa...

Un bacio on rete (*)

Qu'ils sont heureux les vénitiens, 
maintenant que les voilà ultra-branchés !
.
(*) :un  baiser en ligne
 
 
2 commentaires:
Anne a dit…

Charmante image, mais les Vénitiens étaient heureux aussi avant...
Anne

Michelaise a dit…

chaste le baccio on rete