20 janvier 2010

Que personne ne leur cherche des excuses : ce sont des vandales et des imbéciles

Au risque d'être classé parmi les vieux ringards réactionnaires, je ne puis m'empêcher de pester devant les horreurs que nous infligent quelques gamins sans foi ni loi qui aiment à enlaidir les murs de Venise avec leurs tags immondes.
.
Que personne ne s'avise à prétendre qu'il s'agit là d'une nouvelle forme d'expression, d'une nouvelle esthétique ou pire, de la manifestation d'un malaise profond qui gangrène la jeunesse universelle ! Assez de ces invocations au pseudo "street-art" ou "spray-art" ! On ne peut voyager nulle part désormais en train sans apercevoir ces graffitis envahir les murs près des gares, les wagons mêmes. Le moindre espace vide sur un immeuble, les portes, les vitrines, tout est couvert de ces laides pustulences.

Le monde entier est couvert de graffitis et comme les bêtes pissent pour marquer
leur territoire, des adolescents paumés font gicler de leur bombe de peinture toute leur bêtise. A ceux qui se pâment devant la créativité de ces jeunes gens, je réponds "vandalisme, horreur, laideur, bêtise". N'est pas Keith Haring, Di Rosa ou Combas qui veut, ne trouvez-vous pas ? En tout état de cause ces dégradations permanentes font le jeu de ces extrémistes qui vont encore en rajouter, avec des "de notre temps" voire même les sempiternels "tous des voyous", "graine de criminels", "il n'y a plus de discipline, il faudrait les envoyer à l'armée", "une bonne guerre j'vous dis !" fusent de toute part. Et en dialecte vénitien, ce n'est pas piqué des vers ce qui s'entend à ce sujet ! Graffiti est un mot italien qui signifie "érafler"... Venise est éraflée par ces horreurs, défigurée et personne ne dit rien, baissant par avance les bras, "é cosi purtroppo" me disait un fonctionnaire de la municipalité totalement désabusé...  
 
Tramezzinimag s'est à plusieurs reprises intéressé à ce triste phénomène de fin de civilisation... Anodin et indolore au début, voire amusant et quelquefois presque joli à voir, il s'attaque aujourd'hui aux monuments et endommage sérieusement le patrimoine architectural de Venise. Il est temps de réagir. Mais comment ? Quand on vous dit que les barbares - les vandales en vérité - sont de retour !


26 commentaires:
Appartement Venise a dit…

C'est triste de voir cela ...
en dehors de réprimer sévèrement ces pratiques je ne vois pas bcp de solutions ... Peut être dans la sensibilisation, l'éducation ? Pas facile tout de même de sensibiliser et de responsabiliser ce genre de vandales

Catherine a dit…

Je suis d'accord avec vous .Ce vandalisme est intolerable.Je me souviens d'avoir été tres choquée par les premiers que j'ai vus en 2008;ce nouveau phenomene m'a hotrrifée;comment peut on s'en prendre à Venise?

Anne a dit…

"N'est pas Keith Haring, Di Rosa ou Combas qui veut": je suis d'accord avec vous, Lorenzo! Je ne sais pas trop où pourrait être la solution, en tout cas je crois qu'elle ne réside ni dans la permissivité et l'encouragement de la surdimension de l'ego des adolescents, ni dans la répression féroce. L'éducation? Il faut l'espérer et proposer d'utiliser l'énergie de ces jeunes (tous ne "taguent" pas sur les murs de Venise, heureusement) à des fins positives.
Vous avez raison de rappeler l'origine du mot "graffiti". Le "sgraffite" est en effet une technique où l'on gratte par endroits la couche supérieure de couleur pour faire apparaître des couleurs sous-jacentes.
Anne

Gérard a dit…

Ah oui , j'avais oublié de dire que dans le reportage de France 5 , on voyait beaucoup de ces saloperies sur les murs de Venise .
Dans l'éducation , c'est aussi comme pour les lipizzans , il y a une pointe sèche et une partie sévère qui doit être consacrée au dressage . En un mot éradiquer en permanence ce travers qu'il ne faut jamais faire . Avec une persévérance à jamais oublier . Bref , une excroissance de la ruralité . Et quand on oublie cette exigence , c'est le début de la fin de l'ensemble .
C'est beau , les lipizzans , n'est-ce pas ? L'école , d'ailleurs se trouve en Slovénie , juste à côté de Trieste . Et donc finalement pas très loin de Venise .

Valy a dit…

Il fallait le dire, il fallait l'écrire.
Bravo et merci pour votre blog, tout simplement.

Marie a dit…

C'est effectivement intolérable. Ailleurs ça l'est déjà et, à Venise c'est quasi incompréhensible. Comment peut-on en toute volonté enlaidir cette magnifique cité? Quel plaisir à saccager? Et qui? Qui fait ça? Contre qui et contre quoi? Quel est ce phénomène?
Et comment le combattre... J'ignore.
Mais nous vivons dans un monde où plus rien n'est respecté parce que les mensonges, la malhonnêteté l'agression et tutti sont la force vive de la politique mondiale et la source d'idéologies douteuses. Autrement dit, guère de chances de contrecarrer les choses ;-(

Ce coup de gueule est légitime et, même si c'est un coup d'épée dans la lagune, n'hésitez pas à réitérer, ça fait du bien.

J F F GrandsLieux a dit…

Sujet intéressant, le phénomène a ses causes invisibles, et ses effets sont on ne peut plus évidents.
A l'origine, il s'agit d'imitation. Et oui ! A l'instar de la mode (jeans) de la musique (rock), du mode de vie (autos, achats, alimentation, etc.), les taggueurs imitent ce qui se passe aux USA. C'est facile, on vient la nuit, on laisse des traces, une signature, et on s'en vante auprès de ses copains le lendemain.
Il n'y a que par l'éducation -très tôt- dans les familles et à l'école, par une attention permanente des adultes aux enfants, que nous arriverions à supprimer cette pollution, cette dégradation. En outre il y a un trop gros écart entre les capacités immenses des jeunes et leur place-pouvoir dans une société de vieux, gérée par les vieux, exploitée par les vieux. La rançon est qu'ils font n'importe quoi pour exister... Une autre solution serait de taxer lourdement les ventes de peinture en aérosol, mais ne comptez pas sur le lobby des marchands et fabricants de peinture pour soutenir ce projet !
J'espère que vous aimerez tout ce que je viens de dire... comme vous je déteste les tags (comme les tatouages-tiens ! y aurait-il un lien ?).

VenetiaMicio a dit…

Merci Lorenzo, pour ce coup de geule, bien légitime ! J'en ai marre de voir toutes ces saloperies sur les murs, c'est un sacrilège de faire cela à Venise, mais aussi à Paris ou ailleurs !!!
Danielle

tia o'c a dit…

A Paris il y a une equipe speciale d'intervention (paiye par les autorites locales) qui s'ocupe de cette afaire.

Gérard a dit…

Je pense que ça va beaucoup plus loin que tout ce qui est écrit . C'est un rejet complet de tout ce qui constitue notre civilisation . Et sa mémoire . Surtout de ce qu'elle porte de délicatesses extérieures . Un nihilisme pastiche , mais un nihilisme quand même . Donc , sans vraiment rien proposer à la place . Que le vide . Les 250 lipizzans de l'école de Vienne furent sauvés in extremis par le vieux " tripes et sang " , en l'occurrence George Patton , dont les deux caractéristiques principales de caractère étaient l'attrait indéfectible des grécos-latins antiques et la détestation du nazisme , des barbares .

Artemisia a dit…

Tout se mondialise au travers des ces affreux gribouillis qui griffent les murs et agressent les esprits en niant toutes les cultures ! C'est un des signes d'une relative "décadence" qui précéde - souhaitons le - une "renaissance" !Il y a eu de tous temps des nivellements par le bas de la culture qui fort heureusement ont permis à des merveilles de voir le jour par réaction. En attendant, il faut être les gardiens forts et déterminés de la beauté et de la richesse des cultures ... Il y a du boulot c'est sûr !

FRANCOIS a dit…

Oui c'est honteux et inadmissile que des personnes se livrent à ses actes qui enlaidissent notre environnement!
Quelle politique envisage la ville de Venise!!!Il serait temps qu'il y ait une réaction: éducation/prévention/sanctions et nettoyage systématique par des équipes spécialisées cela se pratique dans de nombreuses villes et les résultats sont probants

Michelaise a dit…

Oui c'est révoltant parce que Venise est belle, mais c'est aussi révoltant ailleurs : sur une maison modeste, repeinte à grands frais par son propriétaire pas nécessairement richissime, cela fait des dégâts parfois impossibles à réparer

Michelaise a dit…

On admet plus facilement que ce soit choquant à Venise, mais que diable pourquoi détériorer le bien d'autrui ?

Lorenzo a dit…

Que de (bonnes)réactions suscite ce billet. Mais qui a la solution ? Comment résoudre ce problème ? Comment juguler cette hémorragie généralisée de peinturlure et autres bombages ?

FRANCOIS a dit…

Existe-t-il une association internationale ou vénitienne des amoureux de Venise qui pourrait faire des propositions à la municpalité de Venise à laquelel on peut adhérer ?

Anne a dit…

JFF Grands Lieux, il m'arrive d'utiliser de la peinture en aérosol (JAMAIS pour taguer, rassurez-vous, toujours sur papier ou toile dans mon atelier). Le produit n'est pas responsable des tags et je ne souhaite pas qu'il soit taxé, de grâce!
Anne

Polar a dit…

Keith Haring (à mon humble avis très largement surévalué), je ne sais pas, mais Combas et plus encore Di Rosa ne se permettraient jamais des dégradations de ce genre, même pour faire un chef-d'œuvre. Quand on connait les Italiens d'une manière générale, les Vénitiens en particulier et la fierté qu'ils ont tous à l'égard de leur pays et de son extraordinaire patrimoine (si vous voulez voir un Vénitien heureux, montrez-lui le respect et l'admiration que vous inspire sa ville!), je suis toujours étonné que leurs propres gosses aillent faire eux aussi des conneries pareilles... Et encore, Venise, c'est rien... Allez faire un tour à Rome...Même à Florence!

J F F GrandsLieux a dit…

Anne, je comprends votre réaction. D'ailleurs imposer une taxe, c'est un mauvais réflexe de politicien (que je ne suis pas) impuissant (que je ne suis pas non plus)... une sorte de solution de facilité.
Nul doute, vous faites bon usage de ces bombes. Bombes ? Le même mot que ces armes, qu'on ne laisserait pas dans les mains de n'importe qui. Certainement pas un hasard.
Alors je propose à la place que l'achat des peintures en aérosol soit sous contrôle strict, réservé aux professionnels et assimilés.
Cela existe bien pour les fusils, nous en sommes fiers en France.
On mettrait en jeu une sorte de "permis de peinture", il y aurait bien des accidents collatéraux... mais limités. En revanche :
- Economies substantielles pour les collectivités locales et les régies de transports publics,
- Esthétique des lieux respectée.
Je rêve ? Qu'en pensez-vous ?

Anne a dit…

Un "permis de peinture"? J'avoue que j'ai beaucoup ri en lisant cela. Personnellement, j'aime trop l'universalité de la peinture pour ne pas souhaiter que chacun puisse s'exprimer avec et découvrir l'infini bonheur qu'elle procure.

Je n'appelle pas "bombes" les aérosols; je dis naturellement le nom de la couleur, c'est tout ce qui compte.

Je pense cependant comme vous que les lieux doivent être respectés et lorsqu'il s'agit de Venise encore plus qu'ailleurs.

Bonne soirée!
Anne

Thierry a dit…

Je propose deux peines indissociables, pour ces "tueurs de beauté": fortes amendes, bien plus élevées que la simple facture de "nettoyage", compte tenu que le dit nettoyage, sera toujours une atteinte, hélas irréparable, à la "peau" du bâtiment ou de l'oeuvre souillée (et responsabilité pécuniaire des parents, cela va sans dire, en cas de délinquants "mineurs", si j'ose dire pour des petites frappes de cet acabît);

Second volet: rétablissement (j'allais dire des peines physiques, que l'on infligeait autrefois dans les meilleurs collèges anglais...non, je n'irai pas jusque là, je suis devenu libéral, moi aussi, je vieillis et je me ramollis) mais rétablissement d'une sorte de pilori; que ces criminels de l'Art, aillent passer quelques heures par jour, dans un enclos ad-hoc, dans un endroit bien touristique et bien fréquenté où ils devront affronter les risées et le mépris du public, pour leur immonde grossièreté de faire du mal à Venise et pour payer un peu ce crime contre l'intelligence,figurant parmi les pires des forfaits.

Moi, j'vous le dis: les tags, graffitis et autres déjections de ces petites larves, il n'y en n'aurait plus beaucoup.

P.S. à creuser quand même, le lien entre ces cochonneries...et celles de la Biennale, souvent de la même eau mais adulées par les "connaisseurs" (de quoi?) et payées à prix d'or: ça ne vous pose pas un problème de fond?...lol

Catherine Chaumet a dit…

J'ai apprécié de lire tous ces commentaires intéressants qui ont précédé le mien et notamment le P.S. de Thierry juste au-dessus en forme de clin d'oeil (oui, cela me pose un problème!). Je ne rajouterai donc rien sur l'enlaidissement de Venise par les tags, l'essentiel sinon tout a été dit sur le sujet, mais, me promenant avant-hier à Venise, j'ai envie de pousser mon coup de gueule sur la forêt d'antennes rateaux qui déparent cette si jolie ville. Difficile de comprendre comment il n'a n'a pas encore tout fait pour câbler la réception de la télé. Pour moi, tags ou antennes télé dépassant des toits, c'est pratiquement aussi laid!

Anne a dit…

Thierry, la Biennale d'art contemporain et ses artistes ne sont en rien responsables des tags sur les murs de Venise! Je ne peux pas vous laisser établir une telle association sans réagir! Aucun artiste, contemporain ou non, n'a tagué la Sérénissime et n'aurait le désir de le faire. L'art contemporain provoque parfois, mais il s'agit d'une provocation raisonnée destinée à faire réagir le public par rapport à des idées, des phénomènes de société, etc... On est plus ou moins d'accord, on aime ou pas, je vous l'accorde, mais on ne peut pas dire que ces oeuvres temporairement exposées poussent aux dégradations! L'art contemporain n'existerait pas, que les taggers s'empareraient des murs de la même manière. Que le marché de l'art vous irrite, je peux le comprendre. Moi-même je suis souvent très réservée face à certains discours. Mais ne convient-il pas, lorsqu'on aime la mesure en toute chose et qu'on respecte les autres, de différentier les multiples aspects de l'art contemporain et de ne pas tout rejeter ou dénigrer "en bloc"?
Bon weekend.
Anne

Thierry a dit…

Chère Anne, je reconnais bien là votre sens de la mesure et votre grande sensibilité, qui rendent vos posts si intéressants: vous avez d'ailleurs grandement raison...n'empêche qu'il y a un lien secret, c'est cela que je voulais faire ressortir, entre certaines formes décadentes et néanmoins portées au pinâcle, de ce que l'on nomme "Art Contemporain" et le fait que des gens, se promènent dans Venise (et ailleurs!), leurs bombes aérosol, sous le bras et trouvent tout à fait normal, pour ne pas dire héroïque ou "artistique" (les sombres idiots) d'en asperger ici, un bas-relief en marbre du XIVè. siècle, ou là, la façade amoureusement restaurée, d'un Palais du XVIè.

Mais là, effectivement, il faudrait s'expliquer en détail, en profondeur, ça dépasse un peu le cadre de nos conversations, au demeurant fort amicales, par posts interposés, grâce à Lorenzo.

Lorenzo a dit…

24 commentaires ! Voilà ce qui motive l'existence d'un blog : la transversalité des idées,des opinions,des solidarités.

Gina Paillette a dit…

Peut-être que pour limiter les dégâts il faudrait... encourager ces jeunes?!! Souvent il y a beaucoup moins de moches graffiti une fois qu'on leur demande de peindre les barrières des chantiers, le mur d'un bâtiment municipal (souvent aveugle et décrépi), ou que des commerçants leurs demandent de peindre leurs rideaux de fer.
En les encourageant et peut-être même en leur apprenant à faire de leurs graffiti de vrais beaux tags -ou autre- je suis sûre que le plus gros des dégâts serait évité... en associant cela à un apprentissage de certaines techniques ancestrales et en replaçant celles-ci dans l'histoire de Venise ; ils seraient valorisés, ils se rendraient compte du travail nécessaire et du coût, et ils seraient associés au fonctionnement de la ville (je crois que c'est aussi là que le bât blesse!).
Non?

12 janvier 2010

Quand il fait bien froid, le rôti de veau réconfortant s'impose

A Hubert D. et à sa compagne, Sophie.


Non seulement il fait vraiment froid mais le ciel s'est fait très gris et bas. Une sorte de neige fondue tombe et se transforme en verglas sur les dalles des rues. Peu de monde dehors, presque aucun bruit. Les chats dégoutés de ne pouvoir aller regardent par la fenêtre puis vont se lover dans les endroits les plus abrités de la maison. La panière de linge à repasser pour Ulysse, le noiraud, un gros pull-over tyrolien en laine bouillie laissé sur un fauteuil près du radiateur de la bibliothèque pour Mitsou, le roi des chats que tous les lecteurs de Tramezzinimag connaissent. N'est-ce pas le temps rêvé pour se mettre à cuisiner ? 

Concocter de bons petits plats est l'un des meilleurs remèdes contre la morosité. Puisque c'est de réconfort dont il s'agit ce matin, laissez-moi vous proposer un rôti de veau réconfortant (ou revigorant) : Arrosto di vitello detto di Casanova.

Il va vous falloir : un beau rôti de 1,5 à 2 kilos (noix ou quasi de veau), des gousses d'ail, des filets de harengs, des épices (romarin et thym), un verre de vin blanc, du beurre, de l'huile d'olive, du sel et du poivre.
 
Préparer une marinade avec du vin blanc, du romarin et du thym, poivrer le rôti avant de le tremper dans cet appareil. Ne pas saler à ce stade. Laisser mariner une ou deux heures dans un endroit frais (à l'abri des chats si vous en avez !). Puis égoutter légèrement la viande, la piquer d'ail, et barder le dessus du rôti de morceaux de harengs que vous aurez découpé comme du lard. Mettre au four dans le plat de cuisson avec deux cuillères à soupe d'huile et un bon morceau de beurre. Ajouter des herbes, la marinade. En milieu de cuisson saler et poivrer. Quand la viande est cuite, le hareng caramélisé et croustillant aura l'aspect et le goût relevé d'un morceau de lard rôti. Le suc du poisson se sera mélangé à celui de la viande, dégageant un arôme raffiné. Couper en tranche et servir aussitôt, nappé du jus que je déglace au dernier moment.

Comme accompagnement ? : Un plat de pâtes simplement cuites al dente avec de l'ail et du parmesan fraîchement râpé, ou bien une vraie bonne purée à la manière d'Alain Ducasse et vous allez vous régaler ! Pour la purée, voici le secret :


Prendre de belles pommes de terre, les peler et les laver, puis les mettre dans une casserole avec une branche de romarin et une gousse d'ail. Recouvrir d'eau froide (l'eau doit à peine couvrir les pommes de terre). Mettre une poignée de gros sel. Laisser cuire. Et mettre le lait à bouillir et le maintenir au chaud. Quand il n'y a presque plus d'eau dans la casserole, vérifier la cuisson des pommes de terre. La lame du couteau doit s'enfoncer facilement dans la chair devenue jaune pâle. Faire évaporer toute l'eau en remuant la casserole sur le feu, cela équivaut à égoutter les pommes de terre qui vont s'écraser une peu (ce qui est bon signe). Veiller à ne pas les faire accrocher cependant sinon elles prendront vite un goût de brûlé. 

Enlever l'ail et le romarin. Mettre les pommes de terre dans le moulin à légumes que vous aurez chauffé dans de l'eau bouillante et mélanger dans une terrine avec 15 cl de lait entier pour 1,5 kilos de pommes de terre. Mélanger les pommes de terre avec la préparation à l'aide d'une cuillère en bois. Ne pas trop remuer la chair écrasée des pommes de terre toute seule car elle risquerait de corder (la chair devient gluante et seulement bonne à coller du papier-peint !), ajouter ensuite 60 g. de beurre frai. Vérifier l'assaisonnement et servir aussitôt ou réchauffer à feu très doux au moment de servir. Vous aurez obtenu la meilleure purée du monde. Au Louis XV de Monte Carlo, Ducasse ajoute de l'huile de truffe mais cela n'irait pas avec notre rôti de veau d'aujourd'hui ! Bon appétit !


10 commentaires:


Anne a dit…
Merci pour ces recettes. Je n'aurais jamais osé mettre du hareng avec du veau! Mais pourquoi le titre "di Casanova"?
Anne
Lorenzo a dit…
dans le nom est la réponse : rôti réconfortant ou revigorant. Censé donner des forces à qui en a besoin... Recette vénitienne du XVIIIe, on pense aussitôt aux ébats dont Giacomo se vantait... Ce plat était souvent préparé aux jeunes mariés pour le souper du milieu des noces. Un clin d’œil des cuisinières d'autrefois, à une époque où sous des airs affranchis, le monde est bien plus prude qu'il n'était alors. Il y a aussi les anchois qui bardent la viandes sensées donner force et vigueur et donnent un goût génial à celle-ci dans la recette du Fricandeau Remedio de jean Clausel. Un rappel des pratiques culinaires des anciens temps.
VenetiaMicio a dit…
Miam ! Miam ! Vous êtes une perle, comment peut-on se passer de vous ?
Voilà un plat qui m'aurait bien ravigotée...surtout que j'ai travaillé à l'extérieur, car nous sommes toujours bloqués dans notre belle Provence. Déjà la pelle est presque trop lourde pour moi, mais j'y suis arrivée !
Puis-je me permettre de vous donner une excellente recette de purée de pommes de terre à l'huile d'olive.
1 kg de pommes de terre moyennes (charlotte, ratte) 2,5 dl d'huile d'olive extra vierge -150 gr de lait -150 gr de beurre frais- sel de mer -4 pincées de fleur de sel
Choisir des pommes de terre de même taille et les peler. Les couvrir d'eau salée. Cuire à petite ébullition durant 20 à 25 min.Les égoutter soigneusement et les transvaser dans un moulin à légumes. Les passer immédiatement dans un plat chaud. Incorporer à l'aide d'un spatule le lait bien chaud et le beurre. Rectifier l'assaisonnement en sel. Incorporer petit à petit l'huile d'olive en mélangeant. Conserver au bain-marie. Au moment de servir, ajouter sur l'assiette un filet d'huile d'olive et une pincée de fleur de sel.
Voilà c'est la meilleure purée que j'ai mangé et elle est la recette de Wout Bru, l'excellent cuisiner de mon village chez Bru
Corinne a dit…
Du veau et du hareng ! C'est audacieux. Je remercie Patrick de m'avoir permis de découvrir ce blog. Il me semble qu'il existe aussi une sauce dite "ravigote", pour rester dans le même esprit. Que Casanova ait eu souvent besoin de recharger ses accus, nul n'en doute !
C'est un plaisir de vous rendre visite.
Lorenzo a dit…
Vous êtes la bienvenue Corinne. VenetiaMicio, cette variante de la purée de pomme de terre me semble délicieuse, nous allons l'essayer à la première occasion.
Corinne a dit…
Merci !
J F F GrandsLieux a dit…
Et voilà, je découvre que Venise a encore une recette inventive à son actif (au delà des macarons, du tiramisù, du foie au lard et des spaghetti aux clovisses).
Magnifique recette.
Dommage, ma cuisinière (oui, j'ai cette chance, mais pour combien de temps ? ) ne veux préparer que ses plats à elle...
Il va falloir que je m'y mette si je veux goûter à ce veau-là !
Anonyme a dit…
Bonjour
je voulais faire votre plat ce week end sauf que je n'ai pas su choisir entre les filets de hareng "nature" et les "fumé". J'imagine que si vous n'avez pas précisé c'est qu'il s'agit des nature .. mais j'aimerai bien en être certaine!
merci
Lorenzo a dit…
C'est avec des harengs "frais" mais les fumés font aussi bien l'affaire de même que l'on utilise selon son propre goût du lard fumé ou non dans d'autres recettes. Si vos harengs ne se laissent pas effiler jusqu'à ressembler à de belles bandes de lard (cela dépend de la qualité du produit), vous pouvez aussi essayer de larder la viande avec des lanières de poisson. personnellement je préfère barder le rôti, le poisson finit par caraméliser et le suc en devient d'autant plus subtil. Attention cependant à ne pas mettre trop de harengs. Pour un beau rôti quatre ou cinq bardes suffiront.

04 janvier 2010

COUPS DE CŒUR N°38

Beaucoup de livres dans ce premier Coups de Coeur 2010, (le trente cinquième de la série !), le Père Noël vient à peine de passer et le facteur a glissé dans la boîte aux lettres quelques services de presse parmi lesquels certains titres vraiment sympathiques. Ceux recommandés ici ne sont pas tous des parutions récentes mais ils méritent vraiment votre attention !
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Henri Landier
Venise ou l'Innocence retrouvée

Editions Somogy
. 2007.
ISBN-9782757200865
Henri Landier entre en peinture comme d'autres entrent en religion. Une vie haute en couleurs comme sa peinture : il expose ses premières toiles à 13 ans, s'enfuit de chez ses parents quatre ans plus tard pour dessiner et peindre frénétiquement les bistrots de Montmartre, les rues de Paris, mais aussi le monde - de Maracaïbo à Amsterdam, en passant par la Provence - sans relâche. Huiles, dessins, gravures... Tous les supports l'inspirent et ses portraits gravés de Rostand, Michel Simon ou Pierre MacOrlan sont devenus des classiques. En 1980, le peintre redécouvre Venise, qu'il retranscrit dans de grandes aquarelles douces et joyeuses. C'est le fruit d'un travail de trente années qui est présenté dans ce livre en collaboration avec Alain Vircondelet qui retrouve dans les œuvres de Landier une Venise vivante et authentique "Venise ou l'Innocence retrouvée", ou la rencontre de deux artistes passionnés qui ensemble nous invitent à un voyage inédit. 
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Elio Bartolini
Le crépuscule de Ca
sanova (1774-1798)
Traduit par Isabelle Abramé-Battesti
Editions Desjonquères
210 pages.
ISBN : 2 904227 88 1
Les trois mille pages de l'Histoire de ma vie de Giacomo Casanova s'interrompent brusquement à son retour à Venise en 1774. Pourtant, il ne mourra que plus de vingt ans après, laissant délibérément dans l'ombre la chronique amère de son déclin. C'est cette période mal connue qu'Elio Bartolini retrace grâce à des témoignages et des documents d'archives.
Le temps des succès mondains et amoureux révolu, Casanova essuie une suite de revers qui le conduisent à devenir espion à la solde de l'Inquisition vénitienne. En 1782, une ultime bravade contre l'aristocratie de la Sérénissime l'en chasse définitivement : ses errances, qui le mènent dans la Vienne de Mozart et de Da Ponte, s'achèvent en Bohême, où, dans la retraite du château de Waldstein, l'aventurier revit ses heures de bonheur et d'insolence en rédigeant ses mémoires, avant de mouriren 1798, survivant de l'Ancien Régime, totalement oublié dans une Europe emportée par les tumultes de la Révolution et les conquêtes de Bonaparte.
Elio Bartolini est né dans le Frioul en 1922. Il avait auparavant présenté et annoté "Le Duel de Giacomo Casanova" et "Les trente-trois lettres de Francesca Buschini à Casanova". Son Crépuscule de Casanova a connu un très grand succès en Italie.
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Giambattista Basile
La chatte cendrillonne

traduit par Myriam Tanant

ill. de Jean-Baptiste Blom
Éditions Le Mercure de France
Coll.Le petit Mercure
64 pages
- ISBN : 2-7152-1949-0
L'histoire d'une Cendrillon napolitaine au XVIIe siècle, qui ne se laisse pas faire. Elle tue une marâtre, réussit à échapper à ses poursuivants et rend fou d'amour son roi qui, en contemplant le soulier perdu, s'écrie : " ô trépied de la belle marmite dans laquelle bout ma vie !". Tout un programme que les trois contes de ce petit recueil, extrait du Conte des contes de Giambattista Basile publié en 1634 et dont s'inspirèrent largement les frères Grimm. Un petit bijou que j'offre assez souvent autour de moi.

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Daisy Waugh
Bordeaux Housewives

Harper & Collins Ed.
400 pages
ISBN: 0007168209
Maud et Horatio Haunt ont franchi le pas. Avec leurs deux jeunes enfants, ils ont quitté leur ravissant intérieur londonien pour les collines fleuries et la vie rustique du Sud Ouest de la France. Daffy Fielding vient de persuader son mari de racheter l'Hôtel Marronnier. L'arrivée de ses compatriotes ne réduira pas l'ennui permanent de Lady Emma Rankin qui de son joli château va tisser les nouveaux liens qui s'instaurent dans ce joli coin de la campagne bordelaise. Mais tout va se compliquer pour le plus grand amusement du lecteur. Histoires cachées, adultère, bonne chère... Un roman très drôle et sans prétention pas encore traduit en français qui se lit d'une traite. Daisy Waugh, romancière et chroniqueur dans de nombreuses revues et magazines britanniques et américains, est la petite fille de l'écrivain Evelyn Waugh (et la fille d'Auberon Waugh). Elle est l'auteur de plusieurs romans, notamment "The Desperate Diary of a Country Housewife" (paru en 2008) que je recommande aussi à mes lecteurs anglophones. Elle n'est pas encore traduite en français.
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Collectif
La cuillère d'argent

Traduit de l'italien
Editions Phaidon
1064 pages
ISBN 0714896667

Plaisir absolu des yeux et des papilles, ce livre de cuisine est incontournable. La bible ! C'est le plus populaire d'Italie depuis sa première édition en 1950 par Domus, le célèbre magazine italien dédié à l’architecture et au design. Il est présent dans toutes les cuisines de la péninsule, comme un temps le Ginette Mathiot en France et en Belgique (la qualité en plus) ! Pour la première fois publié en français, cette authentique bible de la cuisine italienne propose 2000 recettes, la plupart du temps très simples et joliment illustrées. De quoi donner envie de se mettre aux fourneaux aux plus réticents ! Un régal vraiment. Si vous aimez la cuisine italienne, il n’y a pas à hésiter. Ce livre est une bible : Antipasti, paste i risotti, verdure, pesci, frutti di mare, carni, dolci. Que des recettes issues de la tradition, recettes traditionnelles et innovations contemporaines glanées par des spécialistes dans chacune des régions du pays dans ce très gros volume, dont les pages risquent vite de se parfumer de basilic et de se tacher d’huile d’olive. "Pour l'édition en français, les ingrédients, quantités et modes de préparation ont été adaptés aux goûts et aux habitudes modernes afin d’en faciliter l’utilisation tout en conservant l’esprit original du livre et la volonté de transmettre ce savoir-faire ancestral aux nouvelles générations. Simple et sophistiqué à la fois, La Cuillère d’argent s’adresse tant aux cuisiniers occasionnels qu’aux talents confirmés." (Amazon). Belle et pratique mise en page, superbe couverture, nombreuses photographies et sympathiques illustrations de Francesca Bazzuro, en font un alléchant ensemble. Des menus réalisés par des grands chefs confirment le caractère incontournable du livre. "Pour toute ces raisons, La Cuillère d’argent, plus qu’un classique de la cuisine italienne, est bien LE livre de cuisine à avoir chez soi" (Le mot de l'éditeur).

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7 commentaires:

Enitram a dit…

Tout simplement merci pour ces coups de cœurs (déjà le 35 ième)si bien résumés qui nous donnent envie de se précipiter en librairie, et la musique, cela m'étonnerai qu'elle soit absente de votre florilège...

Lorenzo a dit…

cette fois-ci oui, mais le prochain sera effectivement fourni en conseils musicaux et en adresses ! Bien à vous Enitram.

Thierry a dit…

Je suis très heureux d'apprendre l'existence de Daisy Waugh et de la découvrir, en pensant à son grand-père dont j'avais lu "Brideshead revisited" avec délice, quoiqu'en traduction française, mon "anglais" étant plus qu'élémentaire. Merci de toutes ces alléchantes références.

Michelaise a dit…

Sympa le Père Noël, veinard (vivent les services de presse !)... j'aurais préféré que ce soit l'italien qui ne soit pas traduit que l'anglais, car je suis comme thierry, rudimentaire !!! non, élémentaire ! mais tout cela est bel et bon, merci Lorenzo pour ces découvertes que nous transformons parfois en achats (je viens de recevoir l'Aguéev que vous aviez recommandé)

Thierry a dit…

Bonsoir Michelaise,...ouf! bien content de ne pas me savoir le seul "nul en anglais" sur ce blog...so british...lol...et j'en profite pour vous adresser mes meilleurs voeux!

Lorenzo a dit…

Impossible d'être ou plutôt de rester nul en anglais : achetez un journal, une revue ou mieux un roman et jetez-vous à l'eau vous verrez, ça vient vite et tout seul. Bien que belle et sophistiquée, la langue de Shakespeare est très intuitive, fonctionnelle et les mots qu'on ne connait pas, avec un peu de pratique et de réflexion, on finit toujours par en trouver le sens ! Essayez et vous verrez ! Really !

Thierry a dit…

Thank you so much, dear Lorenzo, you are marvellous teacher, is'nt it? (I hope it's ok, like that!)...
...and to send you my best wishes, please, look at this...Mrs. Whithney Houston...so beautiful woman:
http://www.youtube.com/watch?v=xiMl8UcXOLs&feature=related
Whitney Houston - I look to you (2009)

03 janvier 2010

Venise de noir et de blanc


Des amis revenus de Venise me parlaient de la neige tombée sur la Sérénissime, il y a quelques jours. Cela m'a donné envie de parler de cette métamorphose de la ville pleine de couleurs quand soudain elle se transforme et devient blanche et noire avec des nuances de gris si typiques des hivers sur la lagune. Qui pourrait mieux en parle qu'Alain Buisine ? Voici ce qu'il écrit dans son Dictionnaire amoureux et savant des couleurs de Venise ? :
"«A vrai dire, l'incontestable prédominance de la couleur n'empêche pas, apparemment, Venise d'opérer des prodiges dans le noir et blanc : l'eau les lie. Les Italiens excellent dans l'utilisation du noir et blanc, pierre blanche et obscurité intérieure. La couleur surgit au milieu, intensément mais graduellement amassée : une gondole entre ciel et eau », remarque Adrian Stokes dans Venise... « Ces complexes et quasiment dialectiques, rapports du noir et du blanc qui se produisent et s'intensifient l'un l'autre, en particulier parce que le marbre d'Istrie, si massivement utilisé à Venise, noircit dans l'ombre, blanchit - neige ou sel - au soleil », dramatisant, retenant et matérialisant les jeux de l'ombre et de la lumière : les encadrements blancs des fenêtres donnent sur l'extrême obscurité des intérieurs, mais en retour, les « fenêtres les plus sombres gagnent une sorte de radiance à être ouvertes sur les eaux encloses : leur obscurité brûle lentement, et pour toujours, sur l'élément réflecteur au-dessous qui est pour une part obscurité, pour une part lumière.» Il n'y aurait donc de plus exemplaire image de Venise que «les cinq balustres noircis à la dernière fenêtre des anciennes prisons [qui] sont portés par de blanches allèges bombées. On dirait des pingouins. Les blancs et noirs des oiseaux marins sont les pierres de Venise». Faut-il en conclure que pour l'essentiel, et aux dépens de la couleur elle-même, «les colonnes et ressauts des constructions vénitiennes affichent un noir et blanc spectaculaire», dès lors qu'ils sont construits en une pierre qui possède la curieuse propriété optique de blanchir à la lumière et de noircir à l'ombre ?"

"En fait Adrian Stokes, qui n'ignore pas qu'il ne peut pas soutenir à l'infini son subtil paradoxe, est lui-même bien obligé de convenir qu'«à Venise, dans son ensemble, le ton acquiert facilement la valeur attribuée à la couleur. Ainsi, le noir comme le blanc prennent un sens qui se situe en deçà et au-delà de leur valeur tonale, un sens essentiel au rapport profond des couleurs, à l'identité dans la différence. Le serpent navigable du gondolier est noir [...] entre l'eau et la mer; mais plus qu'une silhouette détachée sur un paysage appelé à dessiner un contraste, la gondole noire se donne dans un rapport organique avec son clair environnement - rapport suggérant la circulation et qui appartient à la couleur plus qu'au ton. Cette obscurité solide semble avoir été tirée des zones sombres qui, en retour, paraissent plus claires ». Absolu triomphe du chromatisme. A Venise, même le noir et le blanc finissent par rentrer dans le spectre des couleurs, mais réciproquement les couleurs n'échappent jamais à un effet de noir et blanc. Ainsi le campo San Zan Degola : «Un degré extrême de décoloration dans une ville aux teintes pourtant délavées. Mais rien de terne, plutôt une luminosité diffuse, des passages subtils d'ombre et de clarté que voile ou dévoile un soleil pâle, comme le ferait, sur un corps nu, le mouvement./La place est vide en ce début d'après-midi : rien ne s'y donne en spectacle sinon, longuement, la métamorphose infime de la couleur lorsque l'œil glisse d'une matière à l'autre [...]. Les nuances, entre chair et pierre, du campo semblent se situer dans une sorte de no man's land du spectre solaire : photographié en noir et blanc, l'espace perdrait ce que le blanc contient secrètement de rose, de jaune, de gris. Photographié en couleurs, il ressemblerait à un cliché en noir et blanc» ("Le grain de la vue", Edwige Lambert)."
 
Pour ceux qui n'ont pas (encore) lu cet admirable ouvrage, notez que son auteur n'aime pas trop le noir et blanc pour représenter Venise. Mais il s'agit surtout des ces images de la fin du XIXe ou du début du XXe qu'on trouve à profusion dans les brocantes et qui effectivement donnent de la cité des doges une vision sinistre voire inquiétante. Seuls les grands photographes de cette époque - comme ceux de la nôtre - parviennent à montrer le sublime de la ville mis en valeur par le contraste du noir et blanc.

On pourrait penser qu'hormis le propos sur le noir et blanc, cette longue citation de Buisine n'a rien à voir avec un billet assez ancien de Maurice Darmon qu'il consacrait au magnifique ouvrage de Jean-Christophe Bailly, "l'Instant et son ombre"... Pourtant, là-aussi, dans un domaine proche, ce qui s'impose reste avant tout la quête de sens : cliquez ici.

Stéphanie M. a dit…

Bonne année à vous Lorenzo ... Je suis votre blog avec toujours autant d'intéret, merci à vous ! Amicalement,

Michelaise a dit…

Ouvrage passionnant en effet que ce dictionnaire des couleurs de Venise, qu'il est bon de relire parfois, guidé par un aminaute toujours attentif à "sa" ville