10 janvier 2011

The perfect year


La terrible nostalgie des dimanches soirs - surtout l'hiver quand le soleil disparaît trop vite et que le ciel s'assombrit alors que la tasse de thé est encore fumante sur le plateau - et qui s'aggrave ce soir du départ des enfants venus fêter les rois avec moi. Alix partait à l'aéroport chercher une nouvelle étudiante qui logera pendant les prochains mois chez leur mère, Jean devait peaufiner ses fiches, en prévision d'un bac blanc de philo demain matin à Montaigne. Margot à Montréal doit déjeuner avec des amis, skype est resté désespérément muet. Il reste Constance, la dernière, qui demeure le plus souvent avec moi. Elle est en train de finir ses devoirs et travaille son clavecin. Même les chats semblent mélancoliques ce soir. Il va falloir défaire le sapin, ranger les guirlandes. La crèche et les santons vont retrouver leur boîte, bien emballés dans le papier de soie jaune, le même depuis toujours... L'après-midi fut radieuse, douce et drôle, un de ces moments tranquilles qui font chaud au cœur mais le temps, comme toujours a passé trop vite. Les uns après les autres, ils sont partis et nous restons là, les chats et moi devant le sapin... Tout passe tellement vite... Le plateau avec les tasses et la théière vide, les miettes sur le tapis et dehors la nuit. Le silence de la rue. Un dimanche soir pareil à des centaines d'autres dimanches. Un livre oublié, un morceau de brioché abandonné, les dernières truffes maison dans le bol Monet... 
Demain, la vie courante va reprendre avec ses obligations et ses rites... Quand reviendront-ils ? Quand nous retrouverons-nous tous ensemble, comme avant ? Je ne sais pas vous, mais chez moi, la dernière partie des dimanches après-midi a toujours été fatale à mon moral. Autrefois c'était la triste perspective de la semaine d'école, les leçons, jamais assez bien sues, les obligations, la discipline, les horaires à respecter. Puis, jeune adulte, l'idée de reprendre le chemin du bureau, refaire les mêmes gestes obligés, faire semblant de trouver de l'intérêt à cette vie sociale pleine de préjugés et de faux-semblants. Faire comme les autres, écouter les conversations sans intérêt, s'indigner ou s'amuser de leurs propos et attendre. 
Attendre que la matinée passe pour profiter d'un rayon de soleil pendant la pause déjeuner, marcher un peu, rêver, puis attendre la fin de la journée, la tasse de thé, le canapé, le chat sur les genoux, le livre retrouvé, attendre la fin de la semaine pour les rites heureux des promenades en famille, de la musique, du bricolage au son (ah notre chère BBC)... Maintenant, la mélancolie du soir dans la solitude, quand les enfants ont regagné la maison de leur mère où ils vivent depuis cinq ans maintenant. Cette impression d'être floué, dépouillé d'une part de moi-même. Et ce silence qu'aucune musique ne parvient vraiment à remplir. Heureusement, il y a l'écriture. cette magie qui me permet de recréer sans cesse l'univers idéal. celui où les enfants, leur mère et moi, sommes toujours et tout le temps ensemble, dans la joie et la paix... 
L'écriture, la seule chose que je sache faire et qui ne me coûte pas. Les chats se sont endormis au pied du sapin, comme s'ils voulaient le protéger. Nous ne rangerons les décorations que la semaine prochaine, il y a encore dimanche prochain la visite de mon filleul Félix avec sa sœur et ses parents. Nous tirerons à nouveau les rois. Les enfants seront peut-être là et Margot nous appellera depuis Montréal...
Seule Venise parvient à dissoudre cette mélancolie du dimanche soir. Il y a bien la tristesse des départs, quand on raccompagne les amis à la gare ou qu'à notre tour nous devons quitter la ville pour retrouver le monde et notre quotidien obligé. Mais Venise n'est hélas qu'un moment dans nos vies. Peut-être faudrait-il laisser ma vie d'ici et partir avec les chats, mes livres et rebâtir là-bas ce que par bribes nous avons construit. La nuit est vraiment là maintenant. Un joli clair de lune brille dans le ciel. Il fait froid de nouveau. Petula Clark chante "The perfect year". La vaisselle est faite, le salon rangé, les chats ont dîné et sont allés se coucher. A mon tour je vais rejoindre Morphée. Bonne nuit à tous et bonne semaine !

 

20 commentaires:

anita a dit…
....Bonjour Lorenzo ! .... Just hello ! ... j'ai changé de vie pour être tout proche de ma fille et ses jeunes enfants car mes dimanches soirs devenaient trop nostalgiques ...je vous comprends ... ...et puis demain c'est déjà mardi et vous vous rapprochez du prochain week-end ...  
Amicalement Anita
Maïté a dit…
Et si vous la preniez cette décision de partir...une idée qui vous taraude depuis combien d'années???? J'ai toujours eu horreur des dimanches mais depuis que je ne travaille plus, je les apprécie ; c'est le jour où je ne pense qu'à moi ! Un jour viendra où vous apprécierez tous les jours de la semaine.  
Bonne semaine en attendant le prochain week-end. 
A presto !
Les Idées Heureuses a dit…
De la malinconia. Je n'aimais pas les dimanches adolescente, j'avais l'impression qu'il ne se passait rien ce jour-là. Pas souvent des invités dans la maison familiale, le calme, l'inaction, le silence. Par la suite c'est devenu le jour du rangement, de la petite lessive à la main des jupes courtes et des petits débardeurs. Enfin les sorties autorisées entre amis, qui rythment cette belle jeunesse que nous avons tous vécue où on se libère de la famille et où tout semble si léger. Après mon mariage, puis avec la venue des enfants le dimanche s'est transformé en une journée de retrouvailles familiales après des journées bien remplies, samedi compris, par le travail dense et l'organisation des activités et de l'école.  

Comme il se devait, ces mêmes enfants adorés ont quitté le nid pour construire par eux même leur avenir. Que sont leur dimanche lorsqu'on ne les voit pas? Mais il reste le compagnon toujours fidèle et encore plein de choses à échanger... c'est une chance énorme que j'apprécie consciemment chaque jour, dans ces temps si difficiles où le règne de l'instabilité et du changement frappe à nos portes quotidiennement. Je comprends votre désarroi devant cette solitude sachant que le lendemain sera fait de ce sempiternel mouvement qui vous pèse.  

Décider de partir...

Venise serait elle la solution?  

On le lit souvent dans vos écrits, on sent bien de par votre sensibilité et vos émotions qu'il ne faudrait pas grand chose pour que vous franchissiez le pas...

Il faut du courage pour tourner la page, construire ailleurs sans rien effacer, sans rien oublier.  

Vous vous êtes sans doute déjà posé la question: -"Comment seraient mes dimanches là-bas?...."
venise a dit…
et puis parfois, le blues du dimanche soir s'étale sur toute la semaine... écrire fait du bien, coucher sur le papier ou sur l'écran sa peine la soulage un peu bien à vous, lorenzo
Lorenzo a dit…
Comme vous l'exprimez tous à votre manière, les dimanches passent, arrive la semaine et son cortège de découvertes, et de joies, et de peines parfois. La nostalgie s'efface devant le quotidien et l'action. Bonne semaine donc !

Lorenzo a dit…
Une belle illustration de tous vos commentaires : l'excellent film "Another year" que je vous recommande chaleureusement (en V.O.)
dominique a dit…
mais oui ! partez ..... à Venise ....
Michelaise a dit…
Un moment d'abandon, qui nous vaut une belle page, très émouvante. Pour partager un sentiment que nous avons tous, peu ou prou, plus ou moins souvent, déjà éprouvé. On se reconnait dans vos mots, et on peut lire entre les lignes. J'ai pensé à Another Year, dès le titre, mais finalement le couple du film, par la force de leur complicité, évite cette nostalgie, ou la transforme en une douceur qui, face à la solitude des amis qu'ils accueillent, est un refuge. Ils ont quitté les rêves insensés de la jeunesse et positivent la lenteur des jours, quand elle s'assortit d'une confiance affective solide.


Lorenzo a dit…
Mais vous me chassez Dominique !Haha ! 
Cela n'est pas aussi simple administrativement, financièrement, socialement, familialement...
Anne a dit…
Ne crée-t-on pas mieux à partir de ce qui est partiellement inaccessible? Si une part de réel est nécessaire à la construction du rêve, une part d'éloignement - provisoire - impulse la force profonde et légère à la fois qui apparaîtra dans l’œuvre d'une vie. Enfin, je le suppose... Anne
J F F chemincompostelle a dit…
Ce n'est pas le dimanche qu'il faut craindre. Ce sont ces dimanches d'hiver, où la nuit tombe trop tôt et le temps est trop triste. La nature ? De loin elle semble au diapason. Bravo d'avoir écrit cette belle page pour en sortir. Un moyen d'échapper au marasme : Observer que les jours rallongent, compter les minutes de lumière en plus, et constater qu'à peine la neige fondue la moindre brindille relève la tête.  
Bonne semaine !
Anonyme a dit…
Divorce depuis 5 ans....et toujours dans le regret de l'avant. Ressasser ...Très indigeste.
 
Lorenzo a dit…
Allons, Hauts les cœurs : Sursum corda ! C'est vrai que les jours rallongent et que la lumière se fait plus belle, plus fine aussi.
dominique a dit…
je ne vous chasse pas ...... je me projette peut-être ds ce qui est mon rêve .......
VenetiaMicio a dit…
Le dimanche soir, l'hiver, après les fêtes...tous ces moments un peu éteints, sont des pages qui laissent un goût d'abandon, de mélancolie, de morosité. Heureusement que vous avez l'écriture et que vous nous faîtes partager ces autres instants émouvants que vous savez si bien nous raconter. Mais bientôt le printemps va pointer son nez, et l'humeur refleurira avec elle, j'en suis persuadée, vous savez si bien parler de la Primavera, peut-être un petit séjour à Venise que vous aimez tant à cette saison...  
à bientôt Lorenzo  
Danielle

Lorenzo a dit…
Dominique : ce sont nos rêves qui nous portent en avant. Je plaisantais, vous avez deviné qu'il m'en faut peu pour que je sois poussé vers mon Ithaque ! 
Je vois que je ne suis pas le seul !
Les Idées Heureuses a dit…
Mercredi, journée bien remplie où la mélancolie n'a plus de place!!!!! Intéressant toutes ces commentaires...
Les Idées Heureuses a dit…
"tous ces commentaires"
dominique a dit…
Rassurez-vous .... je l'avais compris ...... dès que je trouve un vaisseau ..... je vous fais signe
Anonyme a dit…
C'est par hasard que j'ai ouvert cette page, en voyageant de blog en blog. Le doigt sur la souris, je m'apprêtais à cliquer pour m'échapper comme je le fais habituellement quand, à la troisième ligne, mon intérêt n'est pas éveillé, et là, je suis restée, les yeux fixés sur l'écran, ne voyant plus le texte mais la scène que vous décriviez. J'y étais! J'étais dans votre salon, je sentais précisément ce que vous ressentiez.La fluidité des phrases coulait comme l'enchaînement des gestes familiers, les mots simples, sans artifices,traduisaient l'émotion spontanée du vécu. C'était exactement cela, c'était du vrai.Je n'ai rien lu d'autre de vous. Je ne sais rien de plus mais ça, j'ai aimé. Lyre.

09 janvier 2011

La Venise authentique



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4 commentaires:
Yvonne a dit…
That was so enjoyable, I will watch it many times. Thank you
Lorenzo a dit…
you're welcome.
VenetiaMicio a dit…
Très nostalgique Lorenzo ? Venise vous manque c'est certain ! à bientôt Danielle
Venissima a dit…
super montage, images et musique superbe

Hommage de Venessia.com à la librairie Mondadori



Aucun commentaire à apporter. Seulement un peu de dépit, du dégoût et beaucoup de tristesse. Je n'aimais déjà pas le logo Vuitton, je vais le détester désormais... 

L'espace culturel qu'en quelques années les vénitiens, jeunes et moins jeunes, s'étaient appropriés, à deux pas de la piazza vient de fermer ses portes. Bientôt, un gigantesque magasin Vuitton va remplacer la librairie comme nous vous en avions informé il y a quelques jours, simplement par l'appétit de lucre de Benetton, propriétaire des lieux, ancien cinéma des années 30, dont soudain le loyer a été augmenté tellement haut que les libraires ne pouvaient envisager de poursuivre... En dépit des tentatives et des pressions de la municipalité, des nombreuses signatures de la pétition et de toutes les manifestations, rien n'a pu sauver notre librairie.

Ciao la Mondadori de San Marco !

07 janvier 2011

COUPS DE COEUR N°42

Stéphane Hessel
Indignez-Vous !

Édition Indigènes,
Harmonia Mundi.

Un incroyable petit livre de 28 pages vendu 3 euros et qui a fait fureur au pied des sapins ce Noël. Plusieurs milliers d'exemplaires vendus. Souvent parents et enfants se sont offert le livre, sans se donner le mot. C'était le cas chez nous. Nous étions 12 et il y avait 12 exemplaires sur la table après que chacun ait ouvert ses cadeaux ! L'auteur a 93 ans, grand (et authentique) résistant, rescapé des camps de la mort, co-auteur de la Déclaration Universelle des Droits de l'homme de 1948, défend les principes sublimes de générosité et d'humanisme que le Conseil National de la Résistance posa sous l'égide de Jean Moulin et à la demande du Général de Gaulle, pour la France moderne qui devait se réveiller après la chute du nazisme et le retour de la paix. Quel beau titre aussi ! Car s'indigner est aujourd'hui un devoir citoyen, ne plus fermer les yeux sur ce qui se trame, sur ce qui nous est imposé par une caste insane qu'il faudra bien chasser un jour. Spontanément indigné par les propos du sinistre Denis Kessler, dirigeant du MEDEF qui a osé déclarer publiquement : "Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945 et de défaire le programme du Conseil National de la Résistance… Il est grand temps de le réformer et le gouvernement s’y emploie"... Né une dizaine d'années après la fin de la guerre, ayant grandi dans un univers où le respect de l'homme et les valeurs humanistes sont fondamentales, où résister est inscrit depuis toujours au fronton de nos maisons (le fameux "Register" des prisonniers huguenots de la tour de Constance sous Louis XIV), et où on ne s'accommoda jamais des arrangements du régime de Vichy, venant d'une famille pour qui de Gaulle, en dépit des obligations politiques qu'il dut affronter, continue de représenter la liberté, la grandeur de la France, je ne puis qu'être indigné par les propos de ceux qui veulent détruire les principes fondateurs de notre République et qui détiennent aujourd'hui le pouvoir. Lisez cet excellent petit ouvrage. il ne dit que des vérités et même si s'indigner ne suffit pas, c'est déjà un pas vers la délivrance. Petite anecdote, pendant les quelques jours que j'ai passé récemment à Paris, j'ai croisé, dans les cafés, dans le métro ou dans l'autobus, des dizaines de gens qui lisaient ce livre. Achetez-le, lisez-le, offrez-le ! Ce qu'il contient va faire des émules et très rapidement ! Certes on a accusé l'auteur de faire appel à l'émotion plus qu'à la réflexion, mais n'avons-nous pas besoin de suivre nos sentiments pour oser agir ?

Francesco Rapazzini
Damia, une diva française

Éditions Perrin.
ISBN978-2-262-03403-0

Elle fut LA diva, la grande star française de la chanson réaliste d'avant-guerre et connut une réputation internationale. Mon ami Francesco Rapazzini, romancier et journaliste vénitien vivant à Paris, auteur entre autres d'une retentissante biographie de la Duchesse de Gramont parue en 2005 chez Fayard (voir le COUPS DE CŒUR N°1) vient de publier chez Perrin, la première biographie de Damia (1889-1978), extraordinaire personnage au destin romanesque et hardi, bien plus grande que Piaf mais que l'on a un peu oublié depuis sa disparition. Une vie sulfureuse mais riche de rencontres et d'engagements. Agréablement écrit, illustré de photos inédites, ce livre est un plaisir. La chanteuse a représenté - et représente encore - "L'idée même que l'on se fait de la chanson populaire réaliste". Francesco Rapazzini qui connait bien cette période de la vie intellectuelle et artistique française, nous fait rencontrer autour de la vie de cette diva, chanteuse et actrice, de nombreux personnages hauts en couleur et passionnants : Loïe Fuller, Nathalie Barney, Jean Bérard, Gabrielle Bloch, Simenon, Eileen Gray, Foujita, Edwige Feuillère, Mistinguett, Cocteau et jean Marais, Tino Rossi, Mary Marquet, Lucienne Boyer... Tant d'autres célébrités... L'auteur rend à la perfection l'atmosphère de ces années folles, ce monde qui n'en finissait plus de mourir et allait définitivement sombrer avec l'invasion des barbares. Damia chanta la Marseillaise dans le film d'Abel Gance. Pendant l'occupation, bien qu'elle continuât à travailler, Damia ne se compromit jamais. Sa fin fut un peu triste, en dépit de l'attention de Claude Le Lorrain, son dernier agent et producteur. Atteinte depuis longtemps de la maladie d'Alzheimer, elle est morte à 89 ans. Elle était née en même temps que la Tour Eiffel. Ses restes reposent au cimetière de Pantin. "Quand j'entends la grande Damia/ J'aimerai bien chanter comme elle/ Des chansons plus simples et plus belles/ On en chantait en ce temps-là" chantera plus tard Marie-Paule Belle - paroles de Françoise Mallet-Joris. 

Valérie Bettencourt
Sombre lagune

Éditions du Préau
ISBN 9-782-953-68942-6
Une découverte. J'étais chez des amis et je m'ennuyais un peu. Les conversations sur les avantages de tel modèle de 4x4 ou les envolées sur les mérites d'Obama, la personnalité de Mélenchon ou les aberrations du Sarkozysme me laissent généralement de marbre... Une bibliothèque dans le couloir attira mon attention. Sauvé, de quoi oxygéner mon esprit embrumé par un délicieux Haut-Marbuzet 1981 (mon vin préféré). Parmi les livres, un roman sur Venise. J'avais lu quelque part des commentaires assez élogieux. C'est ainsi que je me suis plongé dans une de ces lectures qui vous happent tout entier et vous laissent un peu groggy la dernière page refermée. Le roman de Valérie Bettencourt est un petit bijou baroque, joliment ciselé, agréable compagnie plein de mystères et de surprises. Je n'ai pas eu le temps de le lire en entier, mais Venise y apparait bien étrange. Elle est vide, dérangeante dans sa mort annoncée, plus belle que jamais et les héros sont attirants. Mais de quoi s'agit-il ? Voilà ce qu'en dit le résumé de l'éditeur : "Dans un monde ravagé par des catastrophes naturelles de plus en plus violentes, Venise commence à sombrer dans la lagune. Toute la ville est évacuée en urgence. Mais d’étranges personnages sont restés cachés dans un somptueux palais gothique au cœur du sinistre labyrinthe vénitien : ils ont décidé de se laisser engloutir avec la cité et organisent des bals costumés dont le thème change de siècle chaque soir. Dans cette atmosphère baroque et onirique, Marie retrouve Laurent. Ils se sont croisés dix ans plus tôt et toute la vie de Marie en a été bouleversée. Laurent, lui, a totalement oublié cette brève rencontre. Chaque jour, Marie et les autres personnages sombrent un peu plus profondément dans la folie de leur sensuel univers d’amour et de mort. De bal en bal, elle donne à Laurent des indices pour qu’il se souvienne d’elle. Et s’il ne retrouve pas la mémoire, elle laissera Venise les emporter tous les deux.. Dans cette atmosphère baroque et onirique, Marie retrouve Laurent...Dans un monde ravagé par des catastrophes naturelles de plus en plus violentes, Venise commence à sombrer dans sa lagune." Je ne résiste pas au plaisir de vous présenter la vidéo promotionnelle de l'ouvrage. Valérie Bettencourt est aussi comédienne et sa voix est très belle.
Pour ceux qui seront à Venise à la fin du mois, rendez-vous le 29, au Casino Venier, siège de l'Alliance Française où l'auteur présentera son roman que j'aimerai bien terminer du coup.
Sombre Lagune from Franck Allera on Vimeo
 
Somewhere
film de Sofia Coppola

avec Stephen Dorff, Elle Fanning.
Lion d'or Venise 2010

On en a tant entendu parler, le voilà dans les salles. Personnellement, le travail de Mademoiselle Coppola ne m'avait jamais vraiment convaincu. j'avais essayé son Marie-Antoinette à deux reprises et à deux reprises, j'avais quitté la salle... Lost in translation m'avait ennuyé. Somewhere en revanche m'a littéralement enchanté. Est-ce le thème, finalement le même que dans les précédents opus, cette confrontation de l'individu avec la solitude et le mal-être qui en découle, cet ennui forcené propre à notre époque trop remplie d'artifices et de faux-semblants ? Est-ce le jeu extrêmement prévis et vrai des deux acteurs, le père et sa fille ? Est-ce la bande son parfaitement bien choisie et adaptée ? En tout cas ce Lion d'or est bien plus mérité que la honteuse Palme d'or 2010, vous vous souvenez, l'ignoble "Uncle Boonmee". Donnez-moi vite votre avis. en attendant, voici la bande-annonce en V.O. :


Ristorante Acqua Pazza
Campo Sant'Angelo

San Marco 3808/10
Tél. 041 277 54 21
Fermé le lundi.
C'est indubitablement un restaurant pour touristes. Mais les vénitiens y vont aussi. L'accueil y est sympathique, le cadre agréable, bien tenu, dans le genre international qui a ses adeptes. Non, ne croyez pas que j'ai finalement cédé aux sirènes des gargotiers vénitiens qui m'adressent régulièrement invitations et dépliants affriolants. L'Acqua Pazza est authentiquement amalfitain, disons même qu'il est ma connaissance le seul de Venise, et le meilleur napolitain pour qui aime le poisson et veut changer des sempiternels plats vénitiens combien subtils quant ils sont préparés casalinga mais qu'on sert partout ici. Cette cuisine de Campanie est un bonheur ensoleillé. A la carte, le saumon aux Câpres et aux oignons est un délice. Pour les amateurs de vraie pizza (Venise n'est pas le lieu pour, je le sais bien, mais parfois l'envie d'une pizza comme du côté d'Amalfi se fait sentir, non ?), de la Saracena (la plus classique) à celle aux aubergines, c'est un régal. Quand je m'y suis rendu, la salle était remplie d'étrangers, mais aussi de jeunes vénitiens BCBG. Un vieux couple habitant à deux pas qui semblaient se régaler avec un Falerno del Massico, Falanghina dont ils vantaient la saveur de miel.. Quant à nous, ce fut un savoureux Montecorvo (d'un rouge sang), millésimé 2002, cépage déjà apprécié du temps de Pline. Pour ceux qui à Venise ont envie d'un peu de dépaysement sans trop de surprise, c'est un lieu à recommander. Pour une agréable soirée entre amoureux ou une fiesta entre amis. L'été, la terrasse est des plus agréables, placée dans un recoin du campo, elle permet d'observer les passants. ce n'est pas un spectacle déplaisant.

Recette gourmande : Filets de bar à l'acqua pazza
Il vous faut : 600 à 800 g de filets de bar ou un bar entier, 1 oignon finement ciselé, 2 gousses d'ail, 3 cuillères à soupe d'huile d'olive, une dizaine de petites tomates cerises, quelques lanières de poivrons verts, de l'eau, du vin blanc ou du vinaigre, des câpres fraîches, du persil, du cerfeuil et du basilic frais, sel et poivre.

Préparer le poisson, le couper en morceaux. Mettre l'ail, l'oignon et l'huile dans une casserole à fond épais et assez large. Ajouter deux cuillères à soupe d'eau et laisser évaporer à feu doux jusqu'à ce que ail et oignons frémissent de plaisir. Ajouter le poisson puis mouiller avec un demi-verre d'eau et une ou deux cuillères à soupe de vin ou de vinaigre. Certains recommandent du Cognac. Couvrir et cuire à petit feu. Ne pas remuer le poisson qui s'effriterait. Quand il est presque cuit, saler un peu, augmenter le feu et ajouter les tomates cerises (les plus petites possibles c'est plus joli), les lanières de poivrons, le persil et le cerfeuil ciselés. Couvrir à nouveau et ôter du feu (10/15 minutes en tout), quand les tomates se ramollissent. Ajouter le basilic ciselé. Servir aussitôt avec du riz blanc ou de la polenta. Ce qui est très bon aussi, c'est de dresser le poisson avec des tranches de pain grillé imbibées de sauce et frottées à l'ail avec persil et basilic. Bon appétit !


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4 commentaires  (non archivés par Google)

Magie de la lagune



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1 commentaire :

Anne a dit…
Le vent rend la lagune semblable à un jardin zen. Superbe! Anne

06 janvier 2011

Une librairie qui ferme, c'est un peu d'humanité qui meurt

Triste début d'année pour la culture à Venise : c'est aujourd'hui que la librairie Mondadori ferme définitivement ses portes. La pétition signée par des milliers de vénitiens et d'étrangers aussi n'aura servi à rien. Après des mois de lutte, les multiples interventions de personnalités, dont Giovanni Pellizzato (qui est aussi propriétaire de la librairie de la Toletta), les propriétaires des lieux n'ont rien voulu savoir. 
 
Ce haut-lieu de la culture et du livre à Venise, bien que ressemblant à s'y méprendre à un de ces supermarchés culturels genre Fnac, Virgin ou autre, était plus qu'un grand magasin. On y trouvait des milliers de titres, il s'y organisait des rencontres, des expositions. La biennale y était même présente puisque le Spazio eventi abrita même  le pavillon biélorusse pour une exposition très courue. 
 
C'est une méga-boutique de luxe qui va prendre la place des livres. Pour le bonheur des japonais et des nouveaux riches russes et chinois : Vuitton s'installe... Mais il est certainement plus important pour les vénitiens, petits et grands, d'avoir un magasin Vuitton plutôt qu'une librairie ! Comme il est certainement mieux d'avoir au pied de chez soi des centaines de boutiques d'artisanat Made in China plutôt qu'un épicier ou un cordonnier ! Nous vivons une époque moderne !

Voilà, la page se tourne. En note de bas de page, juste un constat. Toujours le même, l'argent (qui ne manquait pas à la librairie, vue la fréquentation du public et l'emplacement à deux pas de Saint Marc) est vainqueur. La société propriétaire (en l'occurrence Benetton) n'a vu que le profit et se sert du bâtiment comme objet de pression dans son combat avec la ville pour la rénovation du Fondaco dei Tedeschi.

Plus je vieillis et plus je ressens de la haine (le mot n'est pas trop fort) pour ces financiers et ces traders inhumains et imbéciles qui ne voient la vie et les hommes qu'au travers d'un seul et même prisme : le profit, la rentabilité, la croissance... Venise qui a un peu inventé le libéralisme et a nourri tout au long des siècles un amour pour l'argent assez caricatural, en est aujourd'hui sans cesse la victime.
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  "Ils n'ont toujours rien compris   et pourtant,
   quelque part au loin,
   un terrible orage gronde déjà
   que tout l'or du monde
   jamais ne pourra freiner...
"
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Pour ceux qui sont à Venise et qui liront ces lignes, rendez-vous à 17h30 devant l'entrée, pour un dernier hommage à la librairie, aux livres et à la culture. Fêtée lors de l'inauguration par plus de 2.000 personnes avec une masse de gens dans les rues adjacentes qui ne purent rentrer, essayons d'être à la hauteur pour rendre à la librairie et à ses initiateurs un vibrant hommage et un dernier adieu à ce lieu. Il est prévu un Brindisi d'honneur !
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Crédits Photographies © Manua et Fausto Baroder

25 décembre 2010

Buon Natale a tutti voi !

Joyeux Noël à vous tous, les lecteurs qui avaient été 90.778 à venir feuilleter les pages de Tramezzinimag entre octobre 2009 et aujourd'hui ! Mille mercis pour votre soutien, vos encouragements, vos commentaires, pour tous les avis, les conseils que vous avez la gentillesse de m'adresser, les critiques et les suggestions aussi. Toutes vos preuves d'amitié. Bonnes fêtes de Noël à vous tous avec nos amis Michael Henry & Justin Robinet!

10 commentaires:

Anne a dit…

Joyeux Noël, Lorenzo, en compagnie de ceux que vous aimez!
Anne

VenetiaMicio a dit…

Merci Lorenzo pour ce doux duo qui amène toute la sérénité du moment et à mon tour je vous souhaite un très Joyeux Noël avec les personnes qui vous sont chères.
A bientôt
Danielle

Evelyne a dit…

Joyeux Noël Lorenzo pour vous et ceux qui vous sont chers.

Calyste a dit…

Buon Natale anche a tu, Lorenzo.

Enitram a dit…

Bon bout d'an et joyeuses fêtes Lorenzo !
Et encore merci de nous avoir donné l'adresse d'un gîte à Venise qui nous avait bien satisfait pour les huit jours passés dans cette ville merveilleuse !
A bientôt

Yvonne a dit…

Sorry to be so late. Best wishes for a happy 2011.

Thank you for "Hallelujah". The music/poetry of Mr L. Cohen is remarkable.

Maïté a dit…

Avec quelques heures d'avance, je vous souhaite une très bonne année 2010, quelques escapades à Venise et beaucoup de petits bonheurs. A presto !

Maïté a dit…

Une très bonne année 2011 serait davantage de circonstance....

Lorenzo a dit…

Mille merci à tous !Bonne année et Meilleurs vœux !

Martin a dit…

Bonne année à toi de l´Allemagne!
En tout cas je vais continuer de lire tes billets aussi la nouvelle année!

24 décembre 2010

On n'y croyait plus !

Un petit bout de papier orange dans la boite aux lettres mercredi. UPS venait de passer mais personne n'étant là, le livreur avait remis au lendemain la livraison... C'était prévu pour jeudi... Inutile de vous dire combien j'étais excité à l'idée de pouvoir enfin le tenir entre les mains... 
Je ne l'avais jamais remarqué auparavant, mais les camions d'UPS sont partout. J'en ai vu à chaque coin de rue ou presque. Miracle de Noël, les elfes de Babbo Natale ne sont pas vêtus de vert ni de rouge, les enfants, mais de marron ! Et ils ont le sourire. Car, dans mon impatience et ma peur de devoir remettre au lendemain des fêtes le moment attendu depuis plus de six mois maintenant - mes lecteurs auront suivi ces rocambolesques aventures - j'interrogeais chaque livreur. Aucun n'était le bon. Puis soudain, dans une rue à deux pas de chez moi, une camionnette mal garée sur un trottoir. 
La neige venait de se mettre à tomber. Pas de livreur en vue. Quelques minutes passent et le voilà qui arrive. « Ah je crois deviner que vous attendez quelque chose » me lança-t-il sur un ton rigolard. Tout à fait l'attitude et le langage qu'on attend d'un elfe n'est-ce pas ? Je lui explique ma petite affaire, et farfouillant dans sa hotte métallique, il me tend rapidement une grande enveloppe de carton. Les voilà enfin ces épreuves tant attendues, maintes fois égarées, retardées, dénaturées ! 
Dans les prochains jours, après l'ultime correction. Il va me falloir encore relire ma prose, à l'affût d'une énième coquille, d'une faute oubliée. Plusieurs lecteurs se sont déjà penchés sur le tapuscrit, mais il reste toujours des erreurs, des oublis, des fautes... 
Puis, ce sera la signature du bon à tirer et l'expédition des colis. Chers lecteurs souscripteurs, vous êtes enfin presque arrivés au bout de cette longue aventure ! Ce sera pour les Étrennes ! 
Soyez-tous remerciés de votre patience et de votre gentillesse. En lançant la souscription, je n'avais pas idée de tout ce qui pourrait arriver et combien il faudrait du temps pour publier un simple petit opuscule de 270 pages ! Bonnes Fêtes à tous !

4 commentaires:

venise a dit…

quel joli cadeau de noël pour vous Lorenzo :)
j'en suis bien contente !

Anonyme a dit…

Bonnes fêtes a vous aussi, Lorenzo ; et nous aurons le plaisir de commencer l'année en votre compagnie...peut-être. Mais notre attente sera récompensée par le plaisir de la découverte de vos souvenirs vénitiens.
En toute amitié vénitienne
Gabriella

VenetiaMicio a dit…

Notre patience sera récompensée j'en suis sûre et quand on aime on ne compte pas ...les les mois et les semaines !!!
Joyeuses fêtes Lorenzo et à bientôt
Danielle

chantereve a dit…

Chouette c'est vraiment un beau cadeau d'étrenne que cettte arrivée ... la patience est toujours récompensée !...
Merci Lorenzo et tous mes voeux de bonne et heureuse année 2011... que tramezzinimag continue son beau chemein et fasse encore et toujours réver tous les amouruex de Venise.
Bien sincèrement.
Chantereve

Joyeux Noël à tous, petits et grands !


"This is Christmas", la chanson du film de Paolo Costella"A Natale mi Sposo" chantée par Jacopo Sarno, qui l'a composée et joue dans le film, avec  Stefano Signoroni et Andrea Torresani pour les arrangements. C'est l'esprit de Noël à l'anglo-saxonne revu par de jeunes italiens au talent naturel. Second degré, c''est la magie de Noël !

Cette vidéo est particulièrement dédiée à Marie Ch. et à tous ceux qui comme elle passent Noël dans la solitude. Que la magie de la fête éclaire tout de même leur cœur.

22 décembre 2010

Billet pour Constance

Un petit air de ressemblance avec son cousin, ton chien Sam, ne trouves-tu pas ? Le même regard gentil, ce petit museau affable plein de bonne volonté et de gentillesse. Bien sur ce n'est pas un chien de race. Ni labrador, ni golden retriever, juste un corniaud, vénitien qui plus est. Son maître lui a demandé de poser sagement et il regarde l'objectif.

A quoi pense-t-il ? A la friandise qui viendra ensuite comme récompense ? Cherche-t-il à comprendre ce que veut cet escogriffe planté devant lui avec sa drôle de petite boîte noire. Une photo ? Mais à quoi cela sert donc une photo ? Il y a peu de chiens à Venise, mais finalement avec toutes les campagnes de stérilisation des chats et la disparition des usages vénitiens, ils seront bien plus nombreux que les chats qu'on rencontre moins désormais. Il y en avait tant et tant sur les campi et dans les rues il y a encore quelques années. A part quelques mamies irréductibles, il n'y avait que les propriétaires de maisons de campagne et les amateurs de chasse pour posséder en ville des chiens à Venise. 
 
Longtemps muselés, ils vont par les rues de la ville, en laisse, polis et très propres. I cani veneziani sont avec les félins devenus rares, les mouettes cabotines et les pigeons toujours trop nombreux, les autres occupants de la cité lagunaire. 
 
Commande de TramezziniMag : Il serait temps de leur rendre hommage à ces petits habitants de la planète Venise. Lors de notre prochain séjour tous ensemble ici, nous devrions nous lancer dans un safari-photo et immortaliser la gent canine de la Sérénissime. Il y a de quoi faire en vérité et tes talents de photographe seront bien utiles !
 
 

3 commentaires:

Les Idées Heureuses a dit…

J'en ai quelques spécimens de ces petits habitants à quatre pattes photographiés l'an dernier lors de notre séjour hivernal, je me promettais de les réunir, voilà une raison de m'y mettre...
Bonnes fêtes de fin d'année Lorenzo.
M de Sclos

Cleia a dit…

Bonjour Lorenzo
Marie, sur son site autour de moi et ailleurs, propose des images de nos amis à quatre pattes. Elle a su photographier avec talent et humour la vie quotidienne des chats et des chiens vénitiens.

Les Idées Heureuses a dit…

Voilà qui est fait!
Bonne journée, bien grise dans le sud...