03 mars 2012

Venezia sarebbe la mia fine

Venise serait ma fin. Présupposé qu'Hugo Pratt mettait sur les lèvres de Corto Maltese et qui rappelle indubitablement les candeurs de l'enfance : "On serait sur une île et vous seriez les méchants et nous les gentils"... Ce peut être aussi l'affirmation d'une réalité qu'on voudrait proche. Un désir très fort dont on sait bien qu'il s'accompagnera d'un tas d'effets secondaires pas toujours faciles à maîtriser... La fin... Nos esprits déformés entendent aussitôt l'irrémédiable terminaison des êtres et des choses, le dernier souffle, la disparition. "Hommes de peu de foi", des fins il en existe des milliers dans chaque vie qui sont autant de commencements, de souffles neufs, d'inventions et de trouvailles ! J'ai beaucoup voyagé au cours de ma vie. Des lieux mythiques ou banals. Souvent aussi, c'était un voyage intérieur. Et dans les profondeurs de mon âme, c'est toujours vers Venise que je revenais. Le seul lieu où depuis toujours j'ai voulu m'attarder. Je m'en suis bien des fois éloigné, mais ceux qui me connaissent savent toujours où je vais revenir. Ils savent que mes pas me ramènent au coin de San Marco et de la Piazzetta, ou bien du côté de Santa Margherita, le nez au vent... "De Venise comme de mes amis, je ne puis longtemps m'éloigner" ai-je écris à seize ans dans un de mes cahiers... C'est cet amour-là, merveilleusement jamais inassouvi, qui avec cet autre amour - né avec moi et dont une rue porte à Venise le joli nom, calle del Amor degli amici - me porte et me nourrit.
A l'heure où les vénitiens effarés viennent lire dans la vitrine d'un magasin, sur le compteur qui tourne à l'envers et marque de jour en jour la terrible chute du nombre d'habitants, dans un temps de cris et de douleurs où le monde qui n'a jamais été aussi près de sa chute, regarde tout s'effondrer autour de lui, quand nous nous rendons compte que les barbares qu'on attendait sont bien là et qu'il s'agit de nous-mêmes et pas des autres, Venise reste bien plus qu'une ville. "A travers l'eau des canaux, on voit la boue de la lagune" a écrit Dominique Fernandez. Il a raison d'affirmer que la Sérénissime a un corps de glaise et de lie. Si elle peut nous apparaître toute de perle et de nacre, solaire, irisée, pétillante, ce n'est qu'illusion. "La mer de Venise, adriatique, crépusculaire, a les couleurs du bitume et de la poix. Eau lourde, bouche d'ombre prête à reprendre et à rouler dans son limon les hasardeuses constructions dues à l'effort humain."
L'écrivain écrivait à la suite de ces lignes - en 1978 - qu'on "serait d'autant plus impardonnable d'ignorer le danger, que la menace aujourd'hui se précise. La mort à Venise a été un beau mythe romantique : actuellement c'est de la mort de Venise qu'il s'agit. Les chiffres sont terrifiants : en 1950 il y avait 185.000 habitants dans le centre historique. Vingt-cinq ans plus tard, on n'en compte plus que 100.000. Dans une Europe en pleine expansion démographique, Venise est la seule ville qui se dépeuple." Que dire de plus à l'heure ou les vénitiens du centro storico ne sont plus que 55.000 ? Inutile cependant de se lamenter. S'il est douloureux de penser que nous pourrions être témoins de la disparition de la Venise-qui-vit au profit d'un vulgaire luna-park, un simple site touristique comme les pyramides ou Pompéi, il est rassurant de constater que le sort de cette ville est loin de laisser le monde indifférent. "Fare di Venezia la nostra fine"... On peut traduire ces mots comme on se réchauffe aux premiers rayons de soleil du printemps : "Faire de Venise notre finalité"...
 

Et l'esprit d'enfance resurgit soudain : "On serait les habitants et on ferait revenir les épiciers, les boulangers, les marchands de couleurs, les bouchers, les calfats, les mercières et les charcutiers..." L'idée paraissait absurde il y a peu, mais voilà que les autorités commencent à l'envisager. L'exode provoqué par mille raisons différentes pourrait être stoppé, la tendance inversée... Et l'esprit d'enfance s'impose. Peter Pan n'est plus ridicule. "Bien avant que le XXe siècle ne parte à la recherche du temps perdu, le mythe de l'enfance flottait sur la lagune" écrit encore Dominique Fernandez après avoir rappelé (toujours dans son admirable préface à l'ouvrage de Fulvio Roiter, Vivre Venise) que le doge tout-puissant était élu "par une sorte d'espièglerie pleine de charme et de sagesse [...] Venise confiait son destin à la main légère de jeunes garçons"... On peut imaginer que, comme des municipalités le font dans des villages de montagne ou de lointaines campagnes, il soit fait appel à des bonnes volontés et que les habitudes et les fixations administratives soient bousculées. Des locaux seraient mis à disposition de ceux qui voudraient bien s'installer dans le centre historique pour recréer ce tissu économique et commercial qui est asphyxié aujourd'hui par les commerces touristiques. Des exonérations, des aides, des facilités administratives, des incitations financières, il existe toute une série de mesures qui pourraient contribuer au retour de la vie dans ces lieux désertifiés. Et une fois encore dans l'histoire, Venise se ferait modèle, laboratoire d'idées et d'innovations, repoussant loin les allégations absurdes de ces détracteurs. Les palazzi délabrés qui appartiennent à la municipalité - et qui ne sont pas tous des palais somptueux et intouchables - pourraient être transformés en appartements pour les jeunes ménages, les familles, les professionnels désireux de s'installer dans ces lieux où vivre et travailler est un bonheur. 

Les propos de l'académicien n'ont jamais été autant d'actualité : "... Nous débarrasser des clichés que trop d'esthètes, trop de littérateurs ont collés sur Venise. Venise n'est ni ce théâtre d'illusions planté pour une mascarade frivole, ni cette nécropole geignant d'échos funèbres : mais une cité vive, jeune, changeant au rythme des saisons, blanche de neige l'hiver, couleur de saumon au printemps, de rouille à l'automne ; luttant courageusement contre l'adversité, qui a pour nom finance, industrie, technocratie ; mais surtout, il importe de le comprendre, une cité où la beauté n'a jamais été un placage élitaire, mais l'expression même de la vie. La maison la plus modeste, la ruelle la plus obscure, promettent le même enchantement que les palais du Grand Canal. De même qu'on juge un cuisinier sur l'omelette, on juge une ville sur les lieux ou l'employé de la poste rentre dormir, où le calfat remise ses outils, où la fleuriste entortille ses jonquilles en bouquet."

5 commentaires:


bb84 a dit…
Merci pour cette lueur d'espoir Lorenzo. On aimerait tant que les vrais Vénitiens restent, ou reviennent. Quand je croise à Venise des parents montant courageusement les marches des ponts chargés de poussettes ou de petits vélos, je me demande toujours ce que deviendront ces petits enfants, élevés au milieu de ces merveilles, qui sont un environnement normal pour eux:souhaiteront ils rester au prix que l'on connaît ( prix de l'immobilier, certes mais aussi vie quotidienne pas facile) ou bien lâcheront ils tout et choisiront ils la commodité d'une vie banale dans une ville ordinaire?

Lorenzo a dit…
Lisez le très beau "Petit Guide sentimental de Venise" de Paolo Barbaro et vous aurez des éléments de réponse...
bb84 a dit…
je vais de ce pas le chercher ( celui-là, je ne l'ai pas)
bb84 a dit…
c'est commandé! avez vous vu " dix hivers à Venise"? j'ai adoré.
Virginie Lou-Nony a dit…
Magnifique texte, Lorenzo! Fougueux et poétique. J'espère que votre appel à l'espoir sera entendu. Hélas les "ennemis" ont la peau dure, et le pouvoir bien en main…

Venise à l'aube



Une promenade matutinale dans Venise endormie, lorsque le jour se lève. Ces images montrent l'itinéraire choisi pour la course de santé appelée Run 5.30. le principe est simple : une course est organisée dans la ville à 5 heures 30 du matin. Course non compétitive, parcours sportif et de détente à travers la cité endormie. Un moyen de découvrir Venise au mieux de sa forme, dans le silence et la douce lumière du jour qui se lève. Je vous recommande l'aventure.

2 commentaires:

Anonyme a dit…
C'est avec intérêt que je découvre ces méditations Vénitiennes. Il est 5 H Venise s'éveille. Quel beau reportage. Je suis devenu familier de cette ville la soixantaine accomplie et j'ai la chance d'y résider plusieurs mois par an. Encore à 7 H du matin lorsque Venise se réveille elle est trop belle. Je regrette qu'elle ne soit que devenue la Venise d'un jour pas toujours. Le merchandising a fait son œuvre et Venise est devenue un produit que l'on vend sur les télé achat. Pour le prix de la moindre croisière Costa vous résidez à Venise pendant 2 mois. Évidemment à la frénésie touristique il y a le revers de la médaille. Je conseille aux visiteurs ici de lire aussi toute la série de Dona Léone qui parle d'une Venise de manière critique mais qui continue à l'aimer comme Lorenzo. Restons critiques et positifs.   
Frédéric
Lorenzo a dit…
Merci Frédéric de visiter nos pages. TraMeZziniMag abonde dans votre sens. Bienvenu donc. N'hésitez-pas à nous faire part de vos avis et commentaires. 
Venezianamente, 
Lorenzo

02 mars 2012

B&B gratuit le 3 mars à Venise !



C'est le retour du Bed and Breakfast day qui permet de bénéficier d'une nuit gratuite dans un des B&B adhérents de l'opération. La seule condition : réserver au moins une nuit supplémentaire. Cela se passe demain 3 mars. Et la liste des établissements qui participent à l'opération est sur cette page : ICI. Alors si vous êtes à Venise et que vous ne savez pas encore où loger, ou si votre chambre d'hôtel vous parait trop chère et passablement bien tristounette, appelez un de ces établissements et passez-y donc le week-end, vous ne le regretterez certainement pas !
Lien

27 février 2012

Quand Capital parle de Venise

C'est comme pour les présidentielles, on n'entend le plus souvent que les grands ténors qui n'ont pas grand chose à nous dire de nouveau et d'excitant, et on oublie les petits candidats, souvent les plus sincères et les plus en adéquation avec les besoins et les attentes des gens... Le plus souvent ce sont toujours les mêmes clichés qui reviennent dans les médias sur Venise : le carnaval, les pigeons, la montée des eaux. Quand la télévision française essaie d'aller plus loin, même du bout des lèvres et des images, c'est déjà une avancée. Lecteurs de TraMeZziniMag, donnez-nous votre avis !
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20 commentaires:

anita a dit…
Emission intelligente ... les principaux problèmes de Venise y sont exposés ...mais les solutions ? Je ne crois pas du tout à l'efficacité d'une super-taxe de séjour ... anita

Lorenzo a dit…
Ah, mes lecteurs sont bien là. j'ai cru un moment que mes fidèles commentateurs n'en avaient plus que pour les pantins qui s'agitent dans la petite lucarne en cette période pré-électorale. J'ai même pensé un moment que le sort de Venise ne les intéressait plus vraiment et j'ai eu peur d'une sorte de résignation. Ne nous lassons pas de prendre la défense de la Sérénissime et de répandre la bonne parole pour essayer de contribuer à sa sauvegarde.
Anonyme a dit…
je partage l'avis d'Anita... les énormes paquebots de croisière m'ont choquée lors de ma visite (trop brève hélas)  Josette
Veneziamia a dit…
Bonjour Lorenzo, L’entretien avec Matteo n’est pas récent et bien que je sois d’accord avec son argumentation je n’ai pas beaucoup de considération pour ceux qui crachent dans le potage qui les nourrit. La taxe pour touristes résidents – et non ceux d’un jour ? – a été introduite à fin août 2011 mais, à l’instar d’Anita, je m’interroge sur son efficacité pour résoudre le problème de Venise, à savoir son dépeuplement inexorable. Une ville reste attractive quand on y trouve des magasins proches, des marchés, des possibilités de travail diversifiées, des écoles, des hôpitaux, des moyens de transport efficaces, des loyers abordables, des services à domicile pour les personnes âgées et les familles…mais cela demande de l’investissement – pas seulement pécuniaire – de la part des élites et élus. Finalement, vivre du tourisme n’est-il pas une facilité ? Si cela s’avère exact, ce choix pourrait bien devenir mortifère pour l’avenir, le jour où « la vache à lait » détournera son regard vers d’autres horizons.

Lorenzo a dit…
François, vous avez raison et ce que vous écrivez résume bien la problématique fondamentale de Venise. J'ai voulu diffuser cet entretien effectivement assez ancien parce que l'émission avait abordé cette situation quand la plupart des médias s'en tiennent au carnaval et autres apparences. Le regretté Otto de Habsbourg nous disait déjà il y a trente ans que le tourisme était une manne empoisonnée et dangereuse pour nos nations.
Veneziamia a dit…
Il avait vu juste Otto de Habsbourg. Malheureusement Venise n'est pas la seule sur terre à souffrir de cette plaie. Mais là c'est d'une acuité particulière à cause de la fragilité de l'environnement. Reste à espérer....il y a souvent des retournements de situations inattendues...comme par exemple pas de carnaval l'an prochain ? Bonne journée Lorenzo ! Françoise
Veneziamia a dit…
Dans le même ordre d'idée je viens de lire un article d'Il Gazzettino de ce jour et que je vous recommande : Venezia e i giovani/ Giù la maschera: rinnovare la città per costruire il futuro http://www.gazzettino.it/articolo.php?id=183247&sez=NORDEST
Anonyme a dit…
A franchement parler je ne vois aucune solution au problème de Venise, je cherche comme tout le monde et je ne trouve rien... Peut-être effectivement, Venise va-t-elle mourir, victime de son succès auprès des touristes que nous sommes tous. Je songe même moi-même, fidèle depuis plus de 10 ans à ne plus y retourner... Depuis deux trois ans, j'hésite à faire le voyage... Je ne veux pas paraître pessimiste, mais, comment faire pour que cette ville vive normalement ? Venise n'est plus une ville normale depuis longtemps, ses emplois ne sont en majorité des emplois ayant trait au tourisme, la spéculation immobilière est terrible, ça ne va pas arranger ses affaires dans l'avenir... Les habitants vendent et partent... Peut-t-on leur en vouloir ? Venise devient uniquement une ville de vacances touristiques. Je cherche des solutions, mais je ne trouve rien...Trop compliqué pour moi ! Amicalement.   Isabelle
annie a dit…
J'ai vu cette émission. Comme vous tous je suis inquiète pour l'avenir de Venise... Mon premier souhait ( peut-être réalisable) serait que les bateaux de croisière géants ne viennent plus dans la lagune. Au mois de Mai je viens à Venise pour quelques jours ( en touriste mais je promets de respecter cette grande Dame merveilleuse ) et je redoute la présence de ces immeubles flottants. Pouvons-nous agir d'une manière ou d'une autre ?

Lorenzo a dit…
Mais il n'y a aucune honte ni ignominie à être touriste. C'est l'exploitation qui est faite du tourisme qui est en cause et ils ont raison ceux qui rappellent que les vénitiens - comme nous le sommes chez nous dans tous les lieux qui attirent les visiteurs - sont les premiers responsables de la situation. l'appât du gain, la course au profit... On est puni par là où on a pêché. Je ne parle pas du vénitien lambda qui est souvent contraint à subir les conséquences de l'arrivée des hordes, mais de ces successions de gouvernants incapables de réglementer, de maintenir un équilibre parce que souvent participant pour eux-mêmes à la course au profit. Sauver Venise, outre les grands combats comme la lutte contre les grandi navi, la montée des eaux ou la pollution de la lagune, c'est poser chacun à notre niveau, vénitiens, amis de Venise, visiteurs d'un jour ou visiteurs réguliers, des actes significatifs. C'est participer à tout ce qui se créé en matière d'aide et de protection, c'est en parlant des problèmes, c'est en usant dignement de cette ville unique, en refusant de faire le jeu des "faiseurs d'argent-tueurs de civilisation". Evviva Venezia !
Anonyme a dit…
j'ai remarqué que les sites classés "Patrimoine de l'Humanité" deviennent des lieux à fuir... Hélas ! Tous se dénaturent, à tel point que leur visite devient un cauchemar, ainsi je n'irai jamais en Égypte voir les pyramides... Hélas ! Pauvre Venise... Hélas ! Cordialement.   Agnès
Condorcet a dit…
Ce court extrait appelle pourtant de nombreuses remarques : - la taxe de séjour instaurée le 23 août dernier répond plus à un besoin urgent de trésorerie (la commune de Venise doit trouver 100 millions d'euros pour boucler le budget 2012 et la taxe doit en rapporter 20 millions d'euros, le reste étant apporté par la vente de plusieurs palais) que par la volonté d'endiguer le tourisme de masse qui devient de plus en plus une mono-activité ; - la spéculation foncière et l'exode démographique vénitien rappellent fort la gentrification bien connues des métropoles européennes comme Paris ou Londres. Ce constat souvent dressé par les élus locaux vise à briser ce qui constitue selon eux le cercle vicieux de l'exceptionnalité vénitienne : ne se concevoir qu'à travers l'insularité et ses particularités et rester sourd aux évolutions du monde. Même si intellectuellement, une telle position est séduisante, concrètement, elle sert souvent de prétexte au financement de projets herculéens tant par leur coût que par leur impact environnemental (métro sublagunaire, création d'une grande zone commerciale autour de l'aéroport, injection d'eau salée à travers les puits) ; - le puissant mouvement de contestation né contre le passage des navires de croisière dans les bassins de la Giudecca et de San Marco donne l'espoir qu'une solution pérenne soit trouvée même si la croisière comme les pétroliers abîment la lagune, quel que soit l'endroit où ils y entrent et en sortent. Les faire passer à Malamocco les soustraira à la vue des habitants de la Giudecca ou de Dorsoduro mais ne résoudra pas le coeur du problème ; - l'appel aux jeunes Vénitiens voire aux étrangers qui voudraient résider à Venise à l'année constitue une amorce de réponse. D'autres pistes de réflexion doivent être poursuivies concernant la décongestion de Venise durant la saison touristique (notamment en réduisant la croisière, la desserte aéroportuaire, ferroviaire et automobile pour les non-résidents). Les séjours touristiques de durée moyenne et longue (une ou plusieurs semaines) doivent être favorisées et ceux de quelques jours découragés.
Condorcet a dit…
Erratum (pardon, Lorenzo) Ce court extrait appelle pourtant de nombreuses remarques : - la taxe de séjour instaurée le 23 août dernier répond plus à un besoin urgent de trésorerie (la commune de Venise doit trouver 100 millions d'euros pour boucler le budget 2012 et la taxe doit en rapporter 20 millions d'euros, le reste étant apporté par la vente de plusieurs palais) qu'il ne s'explique par la volonté d'endiguer le tourisme de masse qui devient de plus en plus une mono-activité ; - la spéculation foncière et l'exode démographique vénitien rappellent fort la gentrification bien connues des métropoles européennes comme Paris ou Londres. Ce constat souvent dressé par les élus locaux vise à briser ce qui constitue selon eux le cercle vicieux de l'exceptionnalité vénitienne : ne se concevoir qu'à travers l'insularité et ses particularités et rester sourd aux évolutions du monde. Même si intellectuellement, une telle position est séduisante, concrètement, elle sert souvent de prétexte au financement de projets herculéens tant par leur coût que par leur impact environnemental (métro sublagunaire, création d'une grande zone commerciale autour de l'aéroport, injection d'eau salée à travers les puits) ; - le puissant mouvement de contestation né contre le passage des navires de croisière dans les bassins de la Giudecca et de San Marco donne l'espoir qu'une solution pérenne soit trouvée même si la croisière comme les pétroliers abîment la lagune, quel que soit l'endroit où ils y entrent et en sortent. Les faire passer à Malamocco les soustraira à la vue des habitants de la Giudecca ou de Dorsoduro mais ne résoudra pas le coeur du problème (la forte dégradation de l'écosystème et des équilibres lagunaires); - l'appel aux jeunes Vénitiens voire aux étrangers qui voudraient résider à Venise à l'année constitue une amorce de réponse. D'autres pistes de réflexion doivent être poursuivies concernant la décongestion de Venise durant la saison touristique (notamment en réduisant la croisière, la desserte aéroportuaire, ferroviaire et automobile pour les non-résidents). Les séjours touristiques de durée moyenne et longue (une ou plusieurs semaines) doivent être favorisés et ceux de quelques jours découragés.
Veneziamia a dit…
Tout à fait d'accord avec Condorcet ! Mais à l'heure actuelle, que ce soit dans la presse, dans les agences de voyages, dans les médias en général..etc. tout est fait pour que les touristes aillent à Venise, alors quid des problèmes de cette ville si on continue à la vendre à l'extérieur !? Un peu de discrétion ne serait-elle pas de mise..? Françoise
Anonyme a dit…
Le problème de Venise c'est le problème de toutes les grandes villes. C'est la cosmopotilisation. Il suffit de lire ou relire, par exemple l'Histoire de Venise d'A Zorzi pour ce rendre compte que cette ville a connu tous les aléas de l'histoire. Mais de toutes les villes que j'ai visitée, Paris, Rome, Bruxelles, Budapest, Mexico, Palerme, Bologne,Vérone, Pise,Marakech, etc... elle reste la plus belle et la plus conviviale hormis le boulevard San Marco-Rialto en heure de pointe. Le tourisme c'est aussi une activité économique. Venise a inventé l'argent elle doit aussi subir le beurkkkk !!! et elle n'est pas la seule.   Frédéric

Anonyme a dit…
Je continue. Et que dire de l'époque ou Riva Schavoni était un port, ou les bâteaux accostaient pour décharger des produits venant du monde entier et des quartiers de marins en transit qui animaient les cali. Et que dire de l'époque de Casanova et de celle moins resplendissante de la ville de la bagatelle, et pas la moindre. La ville des exécutions sommaires et de la délation généraliséée. Venise n'est-elle pas plus belle aujourd'hui ? Ne faudrait-il pas faire un billet sur tout ce qui est beau et agréable ? Est-il utile de perpétrer la ringardise, le c'était au temps où ?   Carpe Diem.   Frédéric

Lorenzo a dit…
Mais les billets sur ce qui est beau et agréable et fonctionne bien à Venise sont légion sur TrameZziniMag. Des lecteurs pourtant- parfois me rappellent à l'ordre pour que soient évoqués les problèmes que vous soulevez tous ici. Merci Condorcet pour ce rappel. Difficile situation qui impose une longue et profonde réflexion que les politiques ont du mal à entreprendre, nécessités électoralistes obligent... Merci à tous pour ce forum improvisé !
douille a dit…
Mais c'est quoi ce guignol? il vit du tourisme et crache dessus!!! On doit être bien reçu dans son hôtel... Et ses remarques sur les poubelles, pfff...
 
Lorenzo a dit…
Douille, un peu de retenue, même si tout le monde connait votre art du second degré ! Ce "guignol" comme vous le nommez est un passionné et ce qu'il dit est fondé.
Douille a dit…
Mais oui à quand le dealer qui viendra nous dire que la drogue c'est mal... y a un juste milieu, avant tu ne mettais pas d'eau dans ton vin, et là y a plus d'eau que de vin... je suis d'accord entendre les même propos d'un habitant, mais lui il fait partie des marchands du temple, il loue quelques chambre à plus de 100€ par jour, Alors non je ne cautionne pas... En plus à part un discours limite raciste et protectionniste quand on le voit frimer dans son bateau, c'est vrai qu'on voit l'homme martyr qui souffre...

26 février 2012

Un acte citoyen de Venessia.com

C'était en octobre ou en novembre dernier, je ne sais plus très bien. Fatigués de voir que rien n'est fait par l'administration pour nettoyer les murs de Venise de plus en plus souillés par d'immondes graffitis que d'aucuns traitent de "Street art", les membres de Venessia.com, toujours très imaginatifs, se sont décidés à faire le travail de rénovation eux-mêmes. Ce n'est pas leur première opération de nettoyage. Dans la nuit, munis de brosses et d'un pot de peinture (coût de l'opération : 50 euros), le petit groupe s'est rendu au rialto où une des façades du Fondaco dei Tedeschi, ce magnifique bâtiment racheté par le Groupe Benetton, fut autrefois le caravansérail des marchands allemands. Décoré par de superbes fresques de Giorgione, la paroi qui a fait l'objet des soins de Venessia.com était lamentablement souillée comme presque tous les murs de Venise par d'ignobles graffitis sans aucune valeur artistique, simple déjections graphiques apposées là par des vandales dégénérés. L'ouvrage a été réalisé rapidement dans la bonne humeur et signé par un joli petit cœur de peinture rouge, symbole de l'amour des vénitiens pour leur ville. Bravo !




Et si nous nous y mettions tous ? S'il y a parfois des tags joyeux et artistiques, des collages inattendus qui embellissent des parois abandonnées ou des recoins sombres, de belles fresques aussi, la plupart des déjections laissées sur leur parcours par les writers comme on les appelle ici, sont immondes. Alors, comme on balaye devant sa porte, comme on évacue la neige sur le trottoir, n'attendons plus que les services municipaux obtiennent les crédits et décident de lancer les opérations de nettoyage et faisons disparaître à chaque fois ces horreurs qui transforment peu à peu Venise en un décor de banlieue chaude pour film de dealers et de guérilla urbaine. 
Ils recommenceront, on repeindra. Et puis, si par un heureux hasard un jour on tombe sur ces débiles, il suffira - toujours dans la bonne humeur et avec le sourire - de les couvrir de peinture, un peu comme dans l'Ouest américain des origines on trempait les gredins dans du pétrole et des plumes... Ils trouveraient certainement cela pas très cool, mais qu'est-ce que cela ferait du bien ! N'est-ce pas le moins que nous pourrions faire pour Venise ? Au travail les amis ! Evviva Venezia !


1 commentaire:


dominique a dit…
bravissimo venessia.com

L'hiver s'éloigne

Grazie a Matteo Chinellato !


2 commentaires:

Denis a dit…
Et on pouvait marcher dessus ? Absolument. Il existe des gravures anciennes qui le montrent et des photos plus  récentes. Ce n'est plus le cas aujourd'hui mais sait-on jamais avec le réchauffement climatique qui paradoxalement risque de nous amener une période fort glaciale... 
Lorenzo a dit...         
        Absolument. Il existe des gravures anciennes qui le montrent 
        et des photos plus   récentes. Ce n'est plus le cas aujourd'hui mais sait-on jamais avec
        le réchauffement climatique qui paradoxalement risque de nous amener 
        une période  fort glaciale... 
        26 février, 2012 

Pour un bon dimanche

Chacun a sa recette pour que dimanche soit une belle et bonne journée. Il y a les lève-tard qui font la grasse matinée, avec un énorme plateau de petit-déjeuner, les journaux du dimanche et un tas de livres, d'autres qui dès l'aurore partent chiner dans les brocantes et les vide-grenier, d'autres encore qui enfourchent leur bicyclettes pour arpenter fougueusement les routes de campagne. Et puis il y a le marché du dimanche, le breakfast en famille où les enfants ont enfin le temps de raconter leur semaine. On se prépare gaiement pour le repas familial, on va à la messe ou au culte. Après l'office, il y aura le parvis, ce moment sympathique où les fidèles se retrouvent sur les marches de l'église - ou du temple - comme une seule et grande famille. La chanson de Michael Bublé qui n'a pas grand chose à voir avec le dimanche et ses plaisirs, me parait pourtant parfaite pour illustrer le bonheur d'un dimanche matin. peut-être parce que la BBC la diffuse souvent le matin et que la voix chaude du jeune crooner britannique et les jolies paroles de sa chanson s'accordent avec le soleil printanier qui perce en ce premier dimanche de Carême. Bonne journée à tous !

25 février 2012

Les chats de Burano

Le roi des chats a longtemps été vénitien. C'est du moins ce que racontait une de mes nouvelles écrites il y a des années pour ma petite filleule Domitille (elle a plus de trente ans aujourd'hui). Les aléas de la vie, la décadence des mentalités et la trahison des vénitiens ont réduit la communauté féline. On ne voit plus ces colonies de chats, réunissant plusieurs générations aux abords du pont de l'Accademia, sur le Rio terrà San Vio, à Santi Apostoli ou au Rialto.
On les retrouve désormais à Burano où les esprits ont su rester fidèles à la tradition. Les chats y sont aimés, respectés et très bien soignés. Non stérilisés pour la plupart, ils forment de belles familles nombreuses qui égayent les jardins et les ruelles de l'île. Les habitants les nourrissent tout en respectant leur liberté. Profitant des nombreux terrains et des bâtiments des chantiers navals abandonnés, ils vivent une vie agréable et paisible. Le roi des chats, certainement, vit parmi eux dans un exil heureux !

2 commentaires:

Anne a dit…
Le roi des chats qui vous encourageait à écrire, n'est-ce pas?
Anne
Lorenzo a dit…
Lui même.

24 février 2012

Arsenale della Danza : Portes ouvertes au Teatro Piccolo de l'Arsenal

La Biennale Danza présente samedi la deuxième restitution du travail des élèves qui assistent à la masterclass d'Ismael Ivo, le directeur du secteur danse de la Biennale. C'est désormais la tradition au Teatro Piccolo dell’ Arsenale, installé dans l'ancien cinéma de l'Arsenal : la Biennale invite des danseurs étoiles et des chorégraphes de renommée internationale qui viennent régulièrement dispenser leur savoir et leur passion à vingt quatre jeunes danseurs confirmés sélectionnés sur dossier. Les spectateurs sont ainsi invités au rythme de deux spectacles par mois, lors des Portes Ouvertes, à se rendre compte des progrès de ces jeunes danseurs.
Après Francesca Harper, c'est au tour du jeune et talentueux chorégraphe indien, Terence Lewis d'officier avec ses célèbres chorégraphies autour de la Bollywood Dance et des danses indiennes sacrées. Lecteurs de Tramezzinimag qui êtes à Venise, ne ratez pas ce spectacle. L'entrée est libre (il y a un peu plus de 300 places dans la salle) et c'est à 18 heures. Petit conseil, venez assez tôt, il y aura foule !

Tous solidaires pour sauver Venise avec les Guides Touristiques de la ville

A l'occasion de la 23e Journée Internationale des Guides Touristiques, l'association des guides de Venise organise aujourd'hui vendredi 24 février et demain une visite commentée gratuite de l'Oratorio dei Crociferi, sur le campo de Gesuiti, et de la Ca’ Rezzonico. Les heureux participants seront libres de laisser une contribution. Les sommes rassemblées sont destinées à participer au financement du nettoyage des deux colonnes de la Piazza récemment souillées par des graffitis.
Cette démarche - qui a tout de suite reçu le Nihil Obstat de l'administration municipale - est une contribution concrète de l’Associazione Guide Turistiche di Venezia pour renforcer l'engagement des vénitiens dans la défense et la protection du patrimoine artistique de la Sérénissime. Opération de solidarité, la démarche des guides a pour but de solliciter les vénitiens à la défense de leur patrimoine. L'engagement de tous représente une incroyable ressource pour les organisations qui travaillent à la sauvegarde de la cité des doges. Cette sauvegarde est l'affaire de tous. L'engagement du plus grand nombre ne pourra qu'avoir des conséquences bénéfiques pour tous, habitants de Venise et visiteurs.

Si vous avez la chance d'être en ce moment à Venise, n'hésitez-pas à participer à l'opération en réservant par mail à l'adresse suivante :  

assoguideve.eventi@libero.it 
ou en envoyant un texto au numéro : 340 75 25 223
Ce que vous donnerez à l'issue de la visite contribuera à la pérennisation d'un des plus beaux patrimoines artistiques du monde.

Et pour ceux qui auraient envie de participer au financement du nettoyage des colonnes de San Marco, TraMeZziniMag vous invite à envoyer vos dons par virement bancaire directement sur le compte ouvert spécialement pour l'opération :

Associazione Guide Turistiche di Venezia,
IBAN: IT 71 F 051 88 020 71 000000070228.  

Les sommes récupérées seront intégralement versées à l'entreprise chargée de la restauration. Les chiffres seront publiés par la municipalité afin de garantir la plus totale transparence de l'opération.

Les horaires des visites sont, pour l'Oratorio dei Crociferi, aujourd'hui de 10 heures à midi et de 14h30 à 16h 30. Pour la Ca’Rezzonico, demain samedi 25 février de 10h 30 à 12h 30 et l'après-midi de 14h 30 à 16 heures.

Pour plus d'informations : www.comune.venezia.it