Il faisait si chaud l'été dernier. Un caldo africano. La tentation était grande pour ces enfants. Plonger du pont des Capuzzine et se rafraîchir dans l'eau du rio de San Girolamo,
devant chez eux. Récemment nettoyé, débarrassé de sa vase et de sa
puanteur, il semblait bien attirant. Autrefois (et jusque dans les
années 80), les enfants avaient l'habitude de plonger ainsi des ponts de
Venise et de nager sans l'au des canaux. C'était toujours un joli
spectacle de voir ces petits barboter et sauter en craint, riant, sous
le regard amusé des anciens qui eux aussi, au même âge, s'étaient
adonnés aux mêmes loisirs.
Cependant, et sans vouloir jouer le rabat-joie de service, les analyses faites récemment des eaux de Venise, même dans les canaux curetés et restaurés montrent leur haut degré de pollution : plomb, zinc, hydrocarbures, mercure, arsenic et pesticides en tous genres... Un vrai bouillon de culture explosif !
Et
les usines polluantes de Marghera, finalement ne semblent pas être
seules en cause : le nombre croissant de bateaux à moteurs, les huiles
et les carburants qui sont rejetés chaque jour, les eaux sales des
maisons pleines de résidus de phosphate et de graisse, les eaux
ruisselantes qui drainent les résidus de ferraille des toitures, la
corrosion des marbres et des métaux des immeubles sont responsables de
cette pollution. Sans compter les déchets des hôpitaux, des
imprimeries... La présence quotidienne de 130.000 personnes, résidents
et visiteurs a transformé cette eau en élixir empoisonné. Espérons que
ces enfants ont pris de bonnes douches en rentrant chez eux !