VENISE, UN LIEU MA ANCHE UN VIAGGIO NELL'EUROPA CHE MI PIACE NOT THE ONE OF THE GLOBALIZATION, MAIS CELLE DES NATIONS, DES PEUPLES, DES CULTURES, PATRIA DELLA DEMOCRAZIA DELLA FILOSOFIA DELLA STORIA LA REINE DES VILLES AU SEIN DE L'EUROPE, REINE DU MONDE
26 février 2025
Que nous avions l'air bête ces années-là !
18 mai 2024
Quand le respect et la douceur de l'estime ramène le soleil
Dans nos temps où ne se répand presque jamais d'autres informations que violentes, sanguinolentes et malsaines, quand le climat fait du joli mois de mai un novembre décalé et méchant, les ciels bas et partout la grisaille et des pluies torrentielles, un article joyeux et aimant est un vrai baume. Il y a bien le « Fil good » du Monde (*), mais cela ne suffit pas à renverser la tendance. Au diable ce qui ne va pas, il y a aussi de belles choses chaque jour.
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© Veneziablog, 2024. Tous Droits Réservés |
Ce billet découvert par hasard parmi les sites sur Venise que Tramezzinimag suit, en est un lumineux exemple. Court, simple. Juste une photo et sa légende mâtinée d'une recommandation implicite. Un vieil homme de dos, courbé, qui marche dans une calle, un sac de courses dans chaque main. Il sort du marchand de fruits et légumes comme l'indique l'auteur du billet. Un vieil homme qui fait ses courses comme n'importe quel autre personne de son âge.
Pourtant, il s'agit d'un artiste célèbre, un des plus grands photographes vénitiens de notre époque : Giovanni Berengo Gardin, qui a 94 ans qui faisait ses courses au Rialto. L'auteur du billet (et de la photo) n'a pas osé l'aborder mais il a pris une photo. En émane du respect et de l'émotion. La manière dont les choses sont énoncées sous l'image est pleine de délicatesse et de respect. Des mots simples qui disent simplement ce qui est. Un petit rien qui fait du bien. Vraiment, un grand merci à Steven Narni. Alias Nonloso (**), cet italo-américain venu de New York s'installer à Venise il y a quelques années maintenant avec femme et enfants. Il rédige depuis 2011 ses chroniques sur son sympathique Veneziablog, écrit en anglais. Si vous ne le connaissez pas, je vous invite à vite le découvrir.
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(*) «Fil Good», nom du supplément public en ligne du journal Le Monde. On peut regretter le titre trop accrocheur qui transcrit bien l'idée d'une opération marketing, une manière de chercher des lecteurs par la séduction. (soit dit en passant, n'auraient-il pas pu se creuser davantage la tête et éviter ce jeu de mot franglais ?)
(**) : Littéralement «je ne sais pas», euphémisme plein d'humour et de modestie quand on lit les qu'écrit ce monsieur articles du signore Narni.
17 mai 2024
Il y a dix ans...
En relisant des commentaires anciens, j'ai retrouvé cet article d'octobre 2014 publié suite à l'envoi d'un courriel d'un lecteur, JiPé dont je ne sais s'il suit toujours Tramezzinimag mais qui a été un des plus fidèles soutiens du site. Je vous invite à aller y jeter un coup d’œil. JiPé m'avait adressé les photos qui illustrent le billet. Il était question d'architecture et de pastiche : «Venise, c'est contagieux !»
Je proposais alors que ceux d'entre vous qui ont connaissance de bâtiments du même acabit nous envoient des photos pour les publier et dresser ainsi, en dilettante, une cartographie des pastiches d'architecture vénitienne à travers le monde. Je renouvelle la demande. N'hésitez-pas, nous publierons vos envois dans Tramezzinimag.
Bonne fin de semaine et Joyeuse fête de Pentecôte.
02 mars 2024
Les années passent, l'essentiel demeure
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© Yves Bauchy -2012 - Tous Droits Réservés. |
Republié à sa date d'origine, «Le Gardien du pont» (30/09/2012) un billet de fantaisie comme les appelait un vieil ami vénitien aujourd'hui disparu. En relisant ce petit texte léger et sans prétention, j'ai revu la scène originale qui donna ces lignes, près de douze ans plus tôt. Encouragé par les 452 lecteurs (dix fois plus que d'habitude !)du précédent article qui évoquait la médiocrité et l'imposture, je ne résiste pas au plaisir de vous en donner le lien, car il n'est pas évident qu'en passant par nos pages, le visiteur ait l'idée, l'envie ou le temps d'aller voir dans les années passées...
Pourtant, on ne peut que constater que rien n'a vraiment changé. Les images que nous donnions à voir alors de Venise sont pour la plupart semblable à la Venise d'aujourd'hui. Un peu plus de monde, des tensions plus prégnantes qu'avant, d'autres disparues ou soignées. Venise montre qu'elle demeure bien vivante.
Sur Instagram, l'amie Ilona, pianiste et vénitienne d'adoption dans son @quiviviamobene poursuit cet état d'esprit positif que l'on retrouvait dans tous les blogs consacrés à Venise. Dans ses publications, je retrouve depuis toujours une certaine familiarité de coeur et d'esprit. Je vous les recommande, si vous ne les connaissez pas encore.
Pou l'occasion, Tramezzinimag a invité dans ses pages un ravissant matou bordelais de nos relations, qui a bien voulu accepter de prendre la pause et d'avoir son élégance posture publiée dans nos pages.
Bonnes lectures et bon dimanche !
Venezianamente
23 février 2024
« Produire la civilisation en masse, comme la betterave... »
Retrouvé ce texte de Lévi-Strauss. L'extrait m'avait été envoyé par mon ami Antoine, journaliste et grand reporter, homme de radio et de passions. Parmi tout les messages que je recevais qui, pour la plupart, concernaient Venise mes publications sur Tramezzinimag, Antoine a fait partie, avec deux ou trois autres amis très chers, de ces correspondants dont on attend toujours avec impatience le courrier. Nos échanges épistolaires, avant d'être «dématérialisés» sur Hotmail, Yahoo ou Gmail, avaient la forme tant aimée de feuillets de papiers glissés dans une enveloppe aux jolis timbres dont l'oblitération portaient la date d'envoi. Toujours une surprise, un bonheur réveillé à chaque fois, A chaque missive, c'était comme un peu de soleil qui arrivait.
Qui prend désormais le temps d'écrire à la main ? On dit que les plus jeunes ne savent pas comment remplir une adresse ni où coller le timbre sur une enveloppe. On cherche les boites à lettres et les bureaux de poste se font rares, presque tous devenus des bazars où on peut acheter tout. Propos de ringards, je sais. J'assume cette nostalgie. L'attente du facteur qui passait deux fois par jour, le regret des lettres en papier pelure et leurs enveloppes encadrées d'une bande tricolore réservés aux envois «Par Avion», les cartes postales postées tôt dès la première levée et qui parvenaient à leur destinataire le soir-même, les télégrammes qu'on recevait en mains propres, porteurs de sinistres nouvelles ou de joyeuses annonces. Je pourrais paraphraser Gainsbourg, Je me «souviens des jours anciens» et «je pleure»... mes «sanglots longs ne pourront rien y changer».
Était-ce de l'aveuglement ou un trait de mon caractère naturellement porté vers la joie et l'optimisme, mais cela me semble un vrai bonheur que d'avoir connu cette époque où notre civilisation se
déployait, les guerres n'étaient que des souvenirs,
vivre semblait ne pouvoir être que joyeux. On se moquait des postes
italiennes, espagnoles et des pays qu'on disait moins civilisés. On se
moquait aussi de leurs trains toujours en retard. Puis notre époque moderne a
laissé s'emballer la technique, le progrès est devenu une fin en soi,
l'argent aussi. On nous enseignait que ce n'étaient que des outils qui allaient faciliter la vie de tous, façonner
l'égalité et par ricochet la fraternité. On sait aujourd'hui combien
progrès, technique, communication et pognon grignotent jour après jour
nos libertés, La Liberté. Et c'est la voix de Léo Ferré que j'entends
dans ma tête en tapant ces lignes « Avec le temps, va, tout s'en va... tout s'évanouit...»
Antoine donc, dans un courriel m'avait adressé cet extrait de l'ouvrage célèbre de l'anthropologue Claude Levi-Strauss. Je ne sais plus à quel propos. C'est en le lisant que j'ai pensé à cette notion du « Spirito del Viaggiatore » qui est devenu un libellé du blog et sera bientôt je l'espère, le titre d'une collection des Éditions Deltae.
Ceux d'aujourd'hui n'ont rien connu de cette époque. C'était déjà la fin de ce monde porté par nos grands-parents, ceux qui ne voulaient plus de guerre, plus de misère, plus d'injustice. Un réalisateur disait sa surprise en tournant un film se déroulant dans les années 80, de voir ses jeunes acteurs de vingt ans ne pas savoir comment utiliser le cadran d'un téléphone pour y faire un numéro pris dans un annuaire en papier... La mélancolie ne doit pas tourner à l'aigreur ni aux regrets. Les premières automobiles étaient réservées à une élite, n'importe qui aujourd'hui possède une voiture et les voyages sont plus rapides, les distances abolies...
On peut voir les choses ainsi et penser qu'en dépit de ce que nous avons perdu, oublié ou sacrifié du passé, tout est pour le mieux ; qu'il suffit de quelques ajustements, quelques recadrages pour qu'enfin le monde vive un nouvel âge d'or... Et pourtant, combien les signaux se font de plus en plus voyants ! Partout la démocratie recule, mise en cause par ceux-là même qui devraient la défendre, partout les égoïsmes prennent le dessus sur la solidarité, l'empathie, le partage. La fraternité est devenue communautariste, les esprits ne connaissent plus les nuances, il y a ce qui est blanc et il y a ce qui est noir... C'est là-dedans que nos enfants grandissent. Vettore Zanetti. Coll. Part.
Venise - Tramezzinimag a toujours défendu cette idée - est un laboratoire. On peut y observer à la fois les pires choses, les choix les plus imbéciles, les comportements les plus détestables qui à un moment ou à un autre se reproduisent ailleurs. On peut y retrouver des idées, des techniques et des systèmes spécifiques qui peuvent être implantés ailleurs. C'est l'exemple de la protection des eaux que dès le Moyen-Âge la Sérénissime sut mettre en place, celui de la gestion des communications et des infrastructures qui fascina Le Corbusier et inspira l'architecture des villes nouvelles, etc. Aujourd'hui la Venise contemporaine doit affronter, comme ailleurs, la déliquescence de ses élites qui, à de rares exceptions, travaillent pour leur propre intérêt et semblent n'avoir pour devise que le triste "après nous le déluge"* qu'on attribue à tort à l'un de nos rois.
« Voyages, coffrets magiques aux promesses rêveuses, vous ne livrerez plus vos trésors intacts. Une civilisation proliférante et surexcitée trouble à jamais le silence des mers. Les parfums des tropiques et la fraîcheur des êtres sont viciés par une fermentation aux relents suspects, qui mortifie nos désirs et nous voue à cueillir des souvenirs à demi corrompus.
« Aujourd'hui où des îles polynésiennes noyées de béton sont transformées en
porte-avions pesamment ancrés au fond des mers du Sud, où l'Asie tout entière prend le visage d'une zone maladive, où les bidonvilles rongent l'Afrique, où l'aviation commerciale et militaire flétrit la candeur de la forêt américaine ou mélanésienne avant même d'en pouvoir détruire la virginité, comment la prétendue évasion du voyage pourrait-elle réussir autre chose que nous confronter aux formes les plus malheureuses de notre existence historique ? Cette grande civilisation occidentale, créatrice des merveilles dont nous jouissons, elle n'a certes pas réussi à les produire sans contrepartie. Comme son œuvre la plus fameuse, pile où s'élaborent des architectures d'une complexité inconnue, l'ordre et l'harmonie de l'occident exigent l'élimination d'une masse prodigieuse de sous-produits maléfiques dont la terre est infectée. Ce que d'abord vous nous montrez, voyages, c'est notre ordure lancée au visage de l'humanité.
« Je comprends alors la passion, la folie, la duperie des récits de voyage. Ils apportent l'illusion de ce qui n'existe plus et qui devrait être encore, pour que nous échappions à l'accablante évidence que vingt-mille ans d'histoire sont joués. Il n'y a plus rien à faire : la civilisation n'est plus cette fleur fragile qu'on préservait, qu'on développait à
grand peine dans quelques coins abrités d'un terroir riche en espèces rustiques, menaçantes sans doute par leur diversité, mais qui permettaient aussi de varier et de revigorer les semis. L'humanité s'installe dans la monoculture, elle s'apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. Son ordinaire ne comporte plus que ce plat. »
17 juin 2023
Un jour dans la vie d'un chat à Venise
© Walter Fano - 2011 - Droits Réservés
En Hommage à Mitsou, roi des chats de la dynastie Orange qui choisit notre famille et honora notre domus de sa présence pendant 15 ans, de la Normandie à Bordeaux, en passant par Milan, Venise, Le Moulleau et La Réole. Grand amateur de voyages en train, du du violoncelle et du saxophone, ami de Woody Allen (qui n'aime pas les chats mais qui fut séduit par lui et envisagea presque de le faire tourner dans un de ses films), ce petit film rigolo conçu en famille par la famille de Walter Fano que Tramezzinimag remercie au nom de ses lecteurs.
30 mars 2023
Orafi, argentieri, les maîtres vénitiens de Sant'Antonio
En passant l'autre jour devant l'église San Salvador, perdu dans mes rêveries comme souvent, j'ai soudain vu, comme sur un film qui aurait été projeté dans l'air, une scène de l'ancienne Venise... A la place des hordes de touristes qui se bousculaient, les uns pour rejoindre San Marco qui est à deux pas, les autres pour regagner la Stazione avec leurs épouvantables valises à roulettes, se déroulait devant mes yeux une procession d'un tout autre ordre.
07 juin 2020
COUPS DE CŒUR (HORS-SÉRIE 38) : "Venise nous parle", par Lara Lucilli, vénitienne, guide
Merci Lara pour ce joli moment. Sur sa page FB, la jeune femme s'explique brièvement, et remercie tous ceux qui lui ont permis d'obtenir cet entretien exclusif avec la Sérénissime :
Nous reparlerons de Lara et de ses collègues toutes et tous passionnés par leur ville et qui savent transmettre leur amour et sont les meilleurs ambassadeurs de la ville certes mais aussi de ses habitants. Qui est mieux placé qu'un guide pour expliquer aux touristes comment se comporter dans ces lieux uniques, et leur rappeler que Venise est un trésor à ciel ouvert mais pas un tombeau, ni un parc d'attraction, mais un lieu où on vit, où on travaille et pas seulement au service des touristes. Je suis convaincu que tout toujours se résout par la pédagogie et la sincérité."Venise se raconte, pendant et juste après le confinement... d'une idée née dans mes journées solitaires de quarantaine... Je remercie Andrea et Igor Pizzato, Roberto Dotto de Venice Water Limousine Service, Valeria Medici, Al Timon, l'osteria Al Cicheto, Matto le fabricant de forcole et... Venise, bien sûr."
25 janvier 2020
COUPS DE CŒUR (HORS-SÉRIE 38) : Ma tasse de thé, le blog de Virginie M.
07 octobre 2019
TraMeZziniMag aime Lorenzo Mattotti, la Biennale aussi
06 avril 2019
Ce qu'était Tramezzinimag en 2009 : pages retrouvées
08 février 2019
Chute d'anges. La preuve par l'image
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© Giorgio Lotti, 1968 |
27 janvier 2019
"Making a real difference" avec Cool Cousin, l'autre manière de découvrir la Venise de ceux qui y vivent
18 octobre 2018
La magie de Venise en novembre : les Dolomites en décor de fond sur la lagune
26 août 2018
L'enfant inconnu qui disait Venise en vérité
Il mord goulûment dans la brioche que la vieille dame lui a tendue. Il continue de me regarder. Je recommence à lire.
Je lève les yeux vers lui, tenant le livre d’une main.
« Louis, il faut aller prendre ta sœur. » lance-t-elle à l’enfant, sans se retourner.
« Au-revoir Monsieur » m’a-t-l lancé spontanément.
21 août 2017
Belle promenade du côté de Sant'Elena avec Claudio
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© Claudio Boaretto - 2017. |
16 août 2017
Chemins de traverse
L'esprit du Large.
Mais pour que vraiment s'accomplisse la métamorphose qui enrichit toute une vie, il s'agit d'aller au-delà des itinéraires tracés, franchir le mur des conventions. Ne pas hésiter à aller fuorirotta. Si la traduction littérale du mot italien a une connotation moins positive (fausse route), sa véritable acception est le chemin de traverses, la voie inédite, différente. Alternative. Et cette velléité de sortir d'une routine perçue comme un enfermement quand il y a tant à voir et à apprendre dehors, en deçà du confort rassurant de nos rites et usages, se répand de plus en plus parmi les esprits libres.
Il est significatif que ce souffle neuf prenne source parmi la jeunesse - au moins une partie de celle-ci - de pays façonnés par la pensée humaniste largement étouffée par le matérialisme et l'utilitarisme. Les enfants de ces mondes repus et insatisfaits résistent spontanément et cherchent d'autres voies que les chemins officiels qui leur sont proposés-imposés et c'est bien. Ce sont eux qui aujourd'hui inventent le monde de demain. Ils avancent et leurs fanions claquent au vent. Les culs-de-plomb crient leur effroi devant ces jeunes qui prétendent réinventer le monde et font passer l'amour et la paix, la fraternité et la beauté avant le profit et la sécurité. Ils pourraient se contenter de profiter de tout ce qui est mis à leur disposition et se repaître du confort et de la prospérité de leur monde. Ils on choisi l'inconfort de l'inconnu, la main tendue à l'étranger, et partent à la recherche de terres impollues. Ces conquérants peuvent sauver le monde et rien ne résistera à leur détermination. Ils sont l'espoir de l'humanité.
Mes voyages et mes activités - autre forme de voyage, intérieur celui-là - m'en font souvent rencontrer. Particulièrement ici à Venise. Et leur détermination ne reste pas sur le rebord des verres que nous buvons ensemble. Ils ont retroussé leur manche depuis longtemps et le passage à l'acte n'a jamais été pour eux un problème. S'ils sont respectueux des règles et des lois, ils n'hésitent pas à les utiliser, les contournent ans les enfreindre, pour avancer vers le but qu'ils se sont fixés. On les retrouve sur tous les fronts et ils attirent la sympathie des gens, du moins de ceux qui ont du cœur et savent les regardent comme de jeunes pionniers ardents prêts à prendre la relève. Je ne puis évoquer cette situation étrange où les adultes que nous sommes laisseront à ceux qui nous suivent un univers en péril sans entendre la marche du Bourgeois gentilhomme de Lully, martiale et légère à la fois. Comme est le pas de cette génération qui cherche, invente et innove.
A Venise, ils ouvrent des logements laissés vides, les rénovent et les offrent à ceux qui ne trouvent plus où vivre parce que les règles impitoyables de l'idole Profit en ont ainsi décidé et s'organisent en nouvelles communautés solidaires. D'autres en rénovant des embarcations anciennes selon des procédés oubliés faute d'artisans pour les transmettre, contribuent à faire revivre le mode de vie de leurs ancêtres, le mieux adapté à leur lieu de vie unique, d'autres organisent concerts et évènements sociaux dans des lieux confisqués et laissés à l'abandon faute d'intérêt financier. Ainsi jardins et bâtiments sont ouverts à tous, permettant à la population de se rapproprier la ville. D'autres encore combattent les paquebots géants qui sont légion désormais et débarquent chaque jours des milliers de visiteurs pressés, polluent l'air et l'eau et représentent un réel danger pour la cité des doges et l'écosystème lagunaire. Il y en a qui produisent et diffusent dans toute la ville légumes et fruits issus d'une agriculture biodynamique et ont était de Venise ce qu'elle fut de tous temps, une cité locavore...
TraMeZziniMag défend bec et ongles l'idée que Venise est un laboratoire. La ville fourmille d'événements et d'initiatives toutes plus innovantes les unes que les autres et le plus souvent ceux qui les mettent en œuvre n'ont pas trente ans. Ils n'attendent pas de monter des dossiers qui ici demandent encore plus de temps et d'énergie qu'en France. L’État ne donne rien, les édiles étant trop occupés à défendre leurs prés-carrés et leur future réélection. La municipalité même composée d'un certain nombre de femmes et d'hommes de bonne volonté, n'a plus aucune imagination depuis longtemps et elle se contente de sauver les meubles, écopant le fonds de la barque quand il faudrait revoir l'embarcation, calfater et changer mâture et voilures...
La République est morte de sa vanité et des excès d'une élite fatiguée et repue. Mais l'esprit de San Marco n'a jamais vraiment quitté le cœur des vénitiens. Les exemples sont légion qui montrent que les usages et les techniques, les règlements et les coutumes sont autant nécessaires et vitaux qu'ils le furent autrefois. Rien n'a jamais été fait dans et autour de cette ville qui ne soit en réponse aux besoins de son développement et de sa survie. Il ne faut pas être un génie pour comprendre que rien dans ce contexte très spécial ne peut être appréhendé comme on le ferait ailleurs. On ne peut y appliquer les modes de gestion et de fonctionnement en usage dans toutes les villes du monde. Tout ce qui a été entrepris ici par mimétisme s'est révélé à chaque fois inefficace et les résultats toujours catastrophiques, pire que le problème qu'il y avait à résoudre. Partout la méconnaissance du passé, des usages et des traditions mène à plus ou moins brève échéance les sociétés à la catastrophe.
