"E col nostro sachetin, ve cantemo el San Martin"
Ces paroles d'une filastrocca (comptine) traditionnelle en Vénétie auront marqué des générations d'enfants depuis des lustres. Le 11 novembre à venise, on fête la San Martino d'une manière on ne peut plus bruyante. Partout sur les campi et dans les calle de la ville des bandes d'enfants se répandent munis de casseroles et de couvercles sur lesquels ils frappent avec des louches et des cuillères en bois, en répétant cette comptine que nous avons tous chanté. En dépit de la concurrence d'Halloween qu'on essaie d'imposer depuis des années en Europe pour des raisons commerciales, la San Martino continue d'être très attendue par les enfants et les familles. C'est un rite joyeux dont peu de gens, adultes ou enfants, connaissent l'origine.
Sur le campo San Barnaba, 11 novembre 2020
Cacophonie et tintamarre, bonbons et pâtisserie traditionnelle en forme de Saint Martin sur son cheval, c'est Saint Martin qui est fêté. C'est la fin de l'année, les dernières récoltes sont rentrées, la campagne prépare son hibernation et il faut célébrer cela. Et depuis des siècles, les enfants descendent dans les rues pour semer la confusion et faire le plus de bruit possible. Tous connaissent les paroles de la comptine typique de Venise. Mais peu de gens se souviennent de ce qu'on racontait encore aux enfants de ma génération et dont personne n'a jamais pu confirmer la véracité. Il y a tant de légendes à Venise et dans les environs qui mêlent de véritables évènements à des faits inventés ou magnifiés.
San Martin xè andà in sofita
par trovar la so noviza;
so noviza no ghe giera,
San Martin xè andà par tera.
E col nostro sachetin,
ve cantemo el San Martin.
Su 'sta casa ghe xè do putele
tute risse e tute bele
col viseto delicato
suo papà ghe lo gà stampato.
E col nostro sachetin,
ve cantemo el San Martin.
Siora Cate xè tanto bela
in mezo al peto la gà 'na stela,
se no la gavesse maritada
so papà no ghe l'avaria dada.
E col nostro sachetin,
ve cantemo el San Martin.
Siora Lussia la fassa presto
ch'el caigo ne vien adosso,
el ne vien adosso sul scarselin,
siora Lussia xè San Martin.
On expliquait par exemple les surprenantes paroles du premier couplet où il est dit que San Martino va dans une soupente retrouver sa fiancée (la noviza, la promise) et que ne la trouvant pas, il en tombe xé anda...col cul par tera (nul besoin de traduire je suppose !). Voilà ce qu'on racontait chez moi : Il y a très longtemps, dans le sestier de Castello, dans la contrada de San Francesco della Vigna, habitait un vieil homme célibataire ou veuf, appelé Martino, dont tout le monde se moquait. Il courtisait les filles jeunes. Un jour l'une d'elles attirée par la fortune du vieillard céda. Martino dès lors la considérait comme sa promise, sua noviza, à tout jamais. Un jour, il monta dans la soupente où vivait la jeune fille et ne la trouvant pas, il découvrit qu'elle était en douce compagnie. Il en fut tellement surpris, qu'il en tomba le cul par terre...
Crédits Photographique Catherine Hédouin - novembre 2020