Quinze ans. Chez l'homme, ces 5475 jours forment un temps d'adaptation et de croissance, où toute la machine humaine s'amplifie et prépare son déploiement, où les fondamentaux s'acquièrent et s'intensifient. La plupart du temps, pas de ratées, c'est d'une construction qu'il s'agit, et elle est faite pour durer. Avec la technique et particulièrement l'informatique, outil désormais obligé, on se rend compte qu'il n'en est pas ainsi. Hélas. Ma génération, née dans une période de prospérité retrouvée et appréciée, n'était entourée que d'outils solides et bien pensés, conçus pour durer, pour servir longtemps et jouer ainsi vraiment leur rôle d' “outil”.
Quinze ans c'est aussi l'âge de ce blog, un terme qui sent déjà le démodé, le “has been”. 5475 jours plus tôt, le lecteur aimait découvrir de longs textes remplis d'informations originales, de réflexions et les commentaires sur les billets rédigés à la va-vite ou trop succincts se faisaient toujours critiques. C'est le contraire aujourd'hui, où il faut que tout aille vite et encore plus vite, l'homme n'a plus de temps à perdre (c'est surement pour ça qu'on remplace les hommes et les femmes par humains ou les individu-e-s (!!!!) de l'insupportable écriture que les modernes essaient d'imposer (c'est vrai que la discrimination homme/femme est une souffrance fondamentale voire vitale, l'horreur absolue, vous rendez-vous compte : montrer qu'on est homme et pas femme ou le contraire, berk ! Mais je me gausse et vais encore m'attirer des ennemi-e-s, dans cette période palpitante où l'on déboulonne des statues pour un rien...).
Mais revenons à notre propos. Tout s'accélère et en corollaire, rien de dure. Pire encore, rien de doit durer. Profit oblige. On modernise à tout va, on transforme, on prétend avancer et on sème le trouble dans nos cerveaux, pas du tout formatés pour cette précipitation et cette hystérie du changement 5.0. Cela pour dire ma colère devant une nouvelle attaque aux traces que toute création doit pouvoir laisser dans le temps. A une époque où on envoie dans l'espace des documents enregistrés dans un format que plus personne déjà ne peut lire faute des lecteurs adéquats - mais les extra-terrestres ont certainement des ouvre-boîtes plus perfectionnés que nous pauvres humains pas assez inventifs encore, on supprime sans vergogne des outils. pas un message pour nous prévenir. Du jour au lendemain, un outil disparaît et on n'a rien à dire. Aucun recours non plus. Il n'y a pas de respect de l'autre ni de démocratie avec internet. Cet outils qui devait être totalement gratuit et au service de tous est vite devenu un moyen supplémentaire de faire du fric tout en déployant une hypocrisie mortifère qui nous vient de la pudibonderie écœurante des américains et des fondamentalistes de tous poils, pour une fois alliés dans un même combat contre nos libertés. (Je vais encore me faire taper - virtuellement - sur les doigts, haha !).
Cette fois, c'est le Livre d'Or, ajouté au menu de ce blog à la demande de lecteurs, en 2006. Il contenait des milliers de messages, la plupart du temps signés avec un lien vers l'adresse de leur auteur. Cela permettait à Tramezzinimag de rester en contact, de suivre les besoins et les demandes des gens, de connaître leur opinion et de se sentir soutenu. Une lectrice vient de m'informer par courriel (rappelons l'adresse la plus directe : tramezzinimag@yahoo.it et celle liée à Blogger : buderi@hotmail.com) que le site qui hébergeait notre livre d'or avait purement et simplement disparu Ont sombré avec lui ces milliers d'adresse et de messages, autant de souvenirs sympathiques engloutis. Cela fiche un coup au moral, ne trouvez-vous pas ? Nous cherchons donc un nouveau fournisseur. Blogger interrogé ne répond pas...
En attendant, je vous invite, chers amis lecteurs qui m'avaient lu jusqu'à cette ligne, à prendre votre plume, par mail ou ci-dessous dans les commentaires, pour nous aider par vos amis, vos critiques, vos idées, vos demandes et vos besoins. D'avance merci et aussi, pardon pour vos messages engloutis avec notre cher livre d'or disparu !