17 août 2009

COUPS DE CŒUR N°35

La Reine des lectrices
Alan Bennett
traduction de Pierre Ménard
Éditions Denoël (Coll. Denoël & d’ailleurs)
2009 - 173 p. - ISBN 978-2-20726012-8
Le roman qui m'a fait le plus rire de tout l'été. Imaginez la rein d'Angleterre (mais oui la vraie pas une reine de roman !) qui découvre par hasard un bibliobus dans la cour intérieure de Buckingham et emprunte un premier livre avant de se découvrir une véritable passion pour la lecture… Le début de ce très court roman est à mourir de rire. La toute première scène est un pur régal pour le lecteur français, car elle met en scène notre Président lors d’un dîner avec la Reine qui tente de lui parler de Jean Genêt. Le pauvre homme se sent perdu... La Reine devient vite une mordue de lecture. Tout cela grâce à un jeune employé des cuisines royales, grand lecteur mais exclusivement de littérature gay et qui orientera la reine dans ses choix et deviendra vite son conseiller privé pour la guider dans ses choix. La reine découvrira au fil des lectures le le pouvoir magique des livres et la lecture va transformer non seulement sa vie intérieure, sa manière de voir les choses et même la façon d'aborder les gens qu'elle est amenée à rencontrer... Autour d'elle on s'inquiète. Du prince Philip aux conseillers privés. Cela ira jusqu'au premier ministre et les lectures de la reine finissent par devenir une affaire d'état... Difficile d’en dire plus sans en dire trop. Sachez seulement que tout grand lecteur ne peut que se reconnaître dans l’évolution de la souveraine et que l’humour décapant d’Alan Bennett rend la lecture de son parcours absolument jubilatoire. Il y a bien un moment où le roman fléchit un peu, et on s'ennuie un peu le temps de quelques pages, mais la pirouette finale rattrape tout cela. Ce petit roman mérite d’être lu, ne serait-ce que pour rire un peu (croyez-moi les dialogues d’Alan Bennett ne peuvent vous laisser indifférents), et pourquoi pas réfléchir avec la Reine à tout ce que la lecture nous apporte. L'ayant découvert en anglais (titre original : The Uncommon Reader), j'ai dévoré l'excellente traduction de Pierre Ménard qui a su rester totalement fidèle à l'humour et à la spiritualité de l'auteur.
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La Peinture à Venise au XVIIIe siècle
Michael Levey
Traduit de l'anglais par Françoise FALCOU
Ed. Gérard Monfort, Collection Imago Mundi
1987 - 172 pages. - ISBN 2-85226-006-9
Découvert cet été à l'OCEP, la plantureuse librairie - la seule - de Coutances, la ravissante petite ville proche de notre maison, cet ouvrage qui date un peu (il a été écrit en 1959) qu'édite depuis 1987 la petite maison d'édition normande Gérard Monfort. Après un tableau général de la situation des Beaux Arts à Venise au XVIIIe siècle où sont passés en revue amateurs, collectionneurs, et peintres, l'auteur, spécialiste du XVIIIe siècle, présente avec beaucoup de clarté chacun des genres de peinture en étudiant les artistes les plus représentatifs : peintres d'histoire, de paysage, védutistes, peintres de genre, portraitistes et pour finir, le grand génie du siècle, Giambattista Tiepolo. C'est un panorama très fouillé de la peinture vénitienne du dernier siècle de la République, période trop peu connue.
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Robert Schumann
Carnaval, Papillons, etc...
Stefan Vladar, piano
Label Harmonia Mundi, 2006
Un disque assez ancien maintenant mais qui mérite d'être connu. Selon moi l'un des meilleurs enregistrements modernes de ces pièces de Schumann réputées difficiles. A interpréter, mais aussi à écouter. Avec Vladar, on est au spectacle et sous ses doigts la musique de notre grand romantique devient spectacle visuel. Les personnages prennent forme et on se laisse entraîner par ce qui chez d'autres pianistes demeure une évocation. Dans cet enregistrement, on assiste à la fête, on se retrouve au milieu des danses. J'utilise souvent cette musique et cette particulière interprétation quand je veux accompagner des images du carnaval de Venise. Écoutez vous verrez combien on se laisse emporter par le charme du virtuose viennois.

Bacaro Alle Alpi di dante
Castello 2877, Corte Nova
près de la salizzada S.Francesco
Tel. : 041 528 5163
Au risque de me faire remonter les bretelles par mes amis vénitiens, laissez-moi vous livrer cette adresse. Après tout plusieurs guides mentionnent cet authentique bacaro qui ne paie pas de mine et qui se cache loin des chemins les plus fréquentés par les touristes pressés qui se ruent sur les pizzas et les sodas vendus dans les rues. Le cadre n'est certes pas près de figurer dans une de ces revues de décoration à la mode, mais vos papilles ne pourront que se réjouir des cichetti et autres délices qui vous seront servis dans cette osteria traditionnelle, au milieu d'authentiques vénitiens (tant qu'il en reste) et pour un prix raisonnable. Les vins sont bons et l'accueil assez cordial, ce qui n'est pas le cas de tous les endroits que les vénitiens se réservent mais on leur pardonne, 21 millions d'intrus qui vous empêchent de vivre tranquillement et contribuent à faire disparaître épiceries, boulangeries, maternité et écoles, cela a de quoi agacer un peu !
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Recette :
Melanzane alla giudea (aubergines à la juive)
Les traditions culinaires des juifs du ghetto ont au cours des siècles enrichi la cuisine vénitienne de saveurs inconnues ailleurs. Cette recette classique de la cuisine italienne en est un exemple. Elle est souvent réalisée en été, notamment pour les sorties en bateau ou les pique-niques sur la terraferma car une fois préparées de cette manière, les aubergines se conservent facilement et se mangent froides, mais chaud le plat est bon aussi. On les trouve dans tous les bons bacari, ce plat faisant partie de la liste traditionnelle des cichetti.
 
Ingrédients : Aubergines, huile d'olive, vinaigre balsamique, ail, basilic, sel et poivre.
 
Couper les aubergines en petites morceaux et les mettre à frire dans beaucoup d'huile d'olive.
Hacher plusieurs gousses d'ail, ciseler des feuilles de basilic. Quand les aubergines sont bien cuites (elles ne doivent pas griller ni durcir sinon elles deviennent amères), les égoutter sur du papier absorbant et les mettre dans un plat creux ou une terrine.
Ajouter l'ail taillé finement, le vinaigre et le basilic. Laisser reposer pendant au moins deux heures et dégustez. Un régal avec du jambon de Parme ou de la Bresaola, sur des pâtes nature aussi mais aussi simplement avec du pain frais et un bon verre de vin.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Venise, si mystérieuse...
M.17

Anne a dit…

Merci pour toutes ces informations. Le premier livre me tente beaucoup.
Anne

autourdupuits a dit…

Encore un moment de bonheur commun en tout bien tout honneur avec La reine des Lectrices, j'avais moi aussi beaucoup ri grâce à ce récit un peu loufoque,merci pour votre recette d'aubergines qui semble bien savoureuse

Lorenzo a dit…

Merci à vous tous de rester de fidèles lecteurs (lectrices) !

AnnaLivia a dit…

Merci pour l'adresse du Bacaro! J'y passerai en septembre.
à bientôt

Michelaise a dit…

merci pour ce panier d'idées !

eric.valmir a dit…

Bonjour Lorenzo,

Touché, j'ai été touché par votre gentil commentaire posté sur mon blog. Surtout parce qu'il émane d'un vénitien amoureux de sa ville et conscient des difficultés qui la tenaillent au fil des ans.

Etre correspondant en Italie est un travail semé d'embuches, "traiter" Venise une difficulté majeure, tant la cité pour celui qui n'y habite pas est un piège, un repaire de clichés. Et c'est toujours avec appréhension que je fais un reportage sur place.

Mais la clé est peut être de se laisser porter et de l'aimer. Tout simplement. Alors on touchera peut être l'essentiel et pour un approfondissement, on goutera le plaisir de ses infinis détails grace à un blog comme le votre dont je ne me lasse pas d'assurer la promotion.

A mon tour de vous retourner le compliment, sans aucun esprit d'échanges de services et avec la plus grande sincérité.

A bientot, je l'espère entre Venise et Bordeaux. Toute ma famille est dans le bordelais et le périgord.

Eric

Lorenzo a dit…

A mon tour d'être touché par votre gentillesse.

Ce commentaire est de ceux qui justifient mon "travail". Il prouve bien ce que je ne cesse de dire après avoir écouter ou lu vos interventions, que vous êtes de ceux, peu nombreux dans le monde des médias, qui comprennent vraiment l'Italie et savent exercer leur métier avec exprit et hauteur de vue.

N’'est-ce pas le rôle du journaliste que de présenter la réalité comme elle est. Sans arrangement aucun. C’est ce que vous faites. Avec rigueur et humour.

L'essentiel pour parler de Venise n'est pas forcément le détail approfondi, mais le détachement et la défiance envers les clichés qui arrangent tout le monde. Un peu comme lorsque on salue quelqu'un : Au "comment allez-vous ?", l'usage veut qu'on ne réponde jamais que par un "très bien et vous"… Il en va de même avec l'idée qu'on se fait de Venise, au 20 heures, et dans les dîners en ville : cela pue, il y a plein de pigeons, et la ville s'enfonce… Parler d'autre chose peut paraître indécent.

Effectivement, il faut s'être imprégné d'elle, pour comprendre la démarche intellectuelle de Cacciari, la colère des vénitiens envers Rome, leur lassitude devant la lente dégradation du quotidien, mais aussi l’acharnement des 40xVenezia à inventer l’avenir...

Entre Venise, le bordelais et le Périgord, entre Rome et Paris, nous nous croiserons certainement très vite.

Bien à vous,

Lorenzo

martine a dit…

"La Reine des lectrices"...voilà un livre un brin décalé comme je les aime!
Moment de lecture jubilatoire! Merci d'en avoir parlé!

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