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02 décembre 2018

Carnevale 1729, un concert à Venise est un émission présentée par Donna Leon, diffusée par ARTE le 18 novembre dernier  et qui est disponible sur le site de la chaîne jusqu'au 24 mai 2019. L'occasion pour Tramezzinimag de proposer à ses lecteurs une promenade dans la Venise de cette année 1729...

Un jour de février 1729 à Venise. 
Alvise III, troisième du nom et sixième issu de la famille Mocenigo, ancien chef de guerre, est doge depuis sept ans. Son règne est paisible et  pacifique. La République est en déclin, l'économie n'est pas très florissante mais elle demeure un lieu admiré, un état craint et respecté. Buonaparte et la révolution française n'ont pas encore été inventés ! Le doge fait paver la Piazza, rénove de nombreux bâtiments. On lui doit la piazzetta qui garde encore l'aspect qu'elle avait dès sa réorganisation en 1722 avec les deux superbes lions de marbre rouge de Cotanello réalisés par Bonazza, que Mocenigo offrit - payé de ses deniers - à la Sérénissime. 

C'est le début de la soirée. Un jeune homme de belle apparence sort du Sturion. La taverne est déjà pleine de monde. Des commerçants et des artisans pour la plupart. C'est l'une des osterie le plus à la mode de la ville, à deux pas du Rialto. L'une des plus anciennes aussi. Le jeune homme se nomme Ludovico Ughi. Il est heureux. Le Sénat vient de lui octroyer une somme rondelette pour son plan détaillé de la ville, qu'il a présenté le matin même au Palais. Venise est resplendissante. C'est le temps du carnaval, et la République s'apprête à sortir ses plus beaux atours. La Ruga di Ca Vidal est presque vide. Ughi devise joyeusement avec son ami Alvise Valvasense. Ils se connaissent depuis l'enfance. C'est grâce à lui que Ludovico a pu faire imprimer sa carte à San Giuliano, chez le plus grand graveur de la République, Giuseppe Baroni, fondateur et administrateur de la Guilde des graveurs. Le maître a accepté d'imprimer le plan dans des délais incroyables et ce matin, ils étaient tous chez le doge qui les félicita et passa commande. Joie et fortune pour Ludovico qui vient de fêter la commande avec plusieurs pichets de vin de Malvoisie. L'atmosphère est joyeuse aussi dans les rues avoisinantes. Carnaval s'immisce déjà dans les esprits, il délie les pensées les plus moroses et allègent les esprits chagrins. Pendant plusieurs semaines, les masques vont se répandre partout. Bien que tout soit en train de vaciller et que bientôt le vieux monde s'écroulera, personne encore ici ne s'en préoccupe... 


Au diable la montée des prix et les taxes qui flamboient, on ne pense qu'aux spectacles qui vont se succéder pendant les prochains mois, jusqu'au début de l'été. Le programme en cette année 1729 est impressionnant. Grandes fêtes, concerts et surtout des opéras. Ils ne seront pas moins de sept cette année. Du jamais vu et que des grands noms. Metastase en a écrit plusieurs dont des inédits et c'est la star du moment, le jeune et tonitruant Farinelli qui en sera la vedette. Le castrat déjà célèbre restera plusieurs semaines à Venise. La saison lyrique promet d'être exceptionnelle avec notamment la création de sept opéras et les débuts du célèbre castrat Farinelli. Pour fêter sa commande, Ludovico a prévu de se rendre au théâtre Grimani, à San Giovanni Crisostomo, qui deviendra plus tard le Malibran. Les jeunes gens discutent gaiment en chemin. Les filles et les garçons sont beaux, quelques masques les abordent, les rues embaument déjà. Au détour de la rue qui mène au campiello où il vit, Ludovico croise un groupe de gens pressés, il est soudain entouré d'une douce odeur, un mélange délicat de rose et de muguet. Un petit groupe de gens élégants et masqué bavarde devant l'entrée de la Corte del Leone Bianco, sorte d'antichambre all'aperto de l'auberge la plus courue de Venise, Il Leone Bianco, aménagé depuis des années Ca'da Mosto. Parmi eux, un jeune homme, assez grand et très distingué. Il émane de lui une odeur de violette musquée. A côté de lui se tient, petit et grassouillet, Adalberto, le régisseur du théâtre qui sert aussi de chambellan et de guide auprès des artistes invités. Il connait bien Ludovico et son ami  Alvise. Depuis l'école. Il fait les présentations. 
 
Portrait de Farinelli
Le jeune monsieur distingué n'est autre que Carlo Broschi dit Il Faranelli, la vedette du moment ; à peine âgé de 24 ans, le chanteur dont tout le monde parle et qui fait se pâmer les dames comme les messieurs dans toute l'Italie, du royaume de Naples aux Etats pontificaux, de Toscane au Comté de Nice, est sans aucune équivoque, le meilleur chanteur de son époque ; celui dont tout le monde parle. 

Il est là, en face de Ludovico et de ses amis. D'abord interdits, les jeunes gens se plient rapidement en deux, dans un salut comique que n'aurait pas désavoué Arlequin. Farinelli est très aimable. Il semble ne voir aucune moquerie dans cette attitude et répond aux salutations par une courbette aussi profonde. Tous éclatent de rire en même temps. La glace est rompue. Le chanteur partait souper chez son protecteur à Venise.  Qu'à cela ne tienne, tout le monde est invité à suivre le célèbre castrat. Et le lendemain, tous se retrouvèrent pour assister à la première de l'opéra Catone in Utica sur un livret de Métastase et une musique du compositeur Leonardo Leo ( diminituf de Lionardo Oronzo Salvatore de Leo ) dans lequel Carlo Broschi interprète Arbace. Ludovico et Farinelli resteront amis tout au long de leur vie. Il y a quelque part dans le monde un exemplaire du plan de Ludovico Ughi, dont le titre exact est "Iconografica Rappresentazione della Inclita Città di Venezia Consacrata al Reggio Serenissimo Dominio Veneto", qui porte le nom de Carlo Broschi detto Il Farinelli écrit en forme de dédicace par l'auteur Ludovico Ughi. Cette carte, assez rare à trouver, se négocie aujourd'hui - en dépit de l'écroulement du marché des antiquités et des livres et papiers anciens, jamais moins de 1.500 euros. Gageons que l'exemplaire ayant appartenu à Farinelli, s'il existe encore, vaudrait 100 fois plus ! Mais ne nous arrêtons pas à ce genre de considérations bassement matérielles !


Carnevale 1729, un concert à Venise.
Dans l'écrin du très rococo palazzo Zenobio, longtemps collège arménien, Dans un concert privé donné au palais Zenobio, la mezzo-soprano Ann Hallenberg, accompagnée par l’orchestre Il Pomo d’Oro, dirigé par Zefira Valova, interprète les plus grands succès lyriques de cette année éblouissante. Au début du XVIIIe siècle, le carnaval de Venise rayonne bien au-delà de la lagune. Dissimulés derrière des masques, les Vénitiens et des voyageurs venus de toute l'Europe festoient, dansent, écoutent de la musique. La saison 1729 est exceptionnelle avec notamment la création de sept opéras et les débuts du célèbre castrat Farinelli. Une page d'histoire mémorable racontée aussi, entre deux pauses d'archets, par la romancière Donna Leon, qui a fait de la cité des Doges le cadre de ses enquêtes policières. 
Pour visionner la vidéo sur ARTE : c'est ICI.

22 février 2012

Ce qu'il y a de bon dans le Carnaval

Fritole e galani... Les gourmandises du carnaval. Faciles à faire et délicieuses pour ce temps d'entre-deux. Le soleil est là qui nous rappelle que bientôt tout va renaître. Régalons-nous de merveilles et de bugnes, Carnaval est mort, Mardi-gras laisse la place aux Cendres. Nous entrons en Carême. Dans quarante jours le monde chrétien fêtera la résurrection du Christ
 
Les journaux n'en parleront guère - réputé moins vendeur que le ramadan des infidèles - mais dans nos cœurs autant que dans nos maisons la magie de la fête se liera aux doux caprices du printemps, l'air au dehors bientôt se fera plus chaud, les fleurs dans les champs, les feuilles dans les arbres et le chant joyeux des oiseaux... C'est tout cela qu'évoque pour moi les fritelle et les galani qu'on déguste partout à Venise, en attendant Pâques.

Pour les amateurs, la recette des Galani est sur TraMezziniMag (ICI), celle des Fritelle (ICI)

16 février 2012

Le carnaval démasqué par France 2


A TraMeZziniMag, on peste souvent contre la superficialité des émissions consacrées à Venise, de la manière dont les journalistes répandent et entretiennent les clichés, voilant le plus souvent les réalités profondes de la ville et des maux dont elle souffre. Parmi de trop nombreuses caricatures, surgit il est vrai parfois quelques perles rares qui réconcilient avec une certaine presse. N'est pas Éric Valmir qui veut. 

Le premier volet du feuilleton que France 2 consacre au carnaval de Venise me semblait bien mal commencer : la charmante présentatrice du journal qui s'était mélangée dans ses papiers et confondait le campanile et la Fenice, les images d'une pauvre reine de beauté lâchée à 25 mètres au-dessus de la foule, des commentaires sans originalité. Le deuxième épisode montrait des images dont on pouvait deviner qu'une certaine vision de Venise présidait aux choix des journalistes. On rentrait dans un vrai documentaire. Le cahier des charges imposé par le cadre du journal et ce que sa direction imagine être l'attente du spectateur, obligeant à rester dans le cliché, il s'avère difficile en quelques minutes de sortir des sentiers battus. 

Pourtant le troisième épisode programmé hier je crois (je l'ai visionné en podcast) donnait à voir une partie de la réalité que l'on peut dénoncer voire refuser, mais France 2 a su sortir de la carte postale, comme d'autres chaînes avant elle qui ont su nous présenter des documentaires réalistes, certes toujours imparfaits parce que toujours trop pressés et donc forcément tronqués et superficiels. Il faut attendre la fin du travail de Renaud Bernard pour porter un jugement. En attendant, voir la Sérénissime en hiver est un délice pour les Fous de Venise qui ne peuvent y être et attendent avec impatience de s'y rendre de nouveau. Quand le carnaval aura jeté ses dernières flammes et que la folie sera retombée. 

Pour voir les images présentées par France 2, c'est ici .

8 commentaires:

Nathalie a dit…
Impossible d'y accéder !

Lorenzo a dit…
En effet, le lien a été désactivé. Nous avons questionné France 2 sans avoir encore obtenu de réponse.

Lorenzo a dit…
En attendant, La Panse de l'Ours présente la première des cinq vidéos : http://www.lapanse.com/venise/actu/2012_02_le-carnaval-2012-demasque-sur-france2-colombine-prend-son-envol/
ladivinecomédie a dit…
Pour changer des clichés de France 2, un réflexion bien plus intéressante dans Le Monde magazine !
http://www.lemonde.fr/m/article/2012/02/17/venise-en-guerre-contre-les-croisieres_1644026_1575563.html
"No Grandi Navi !"
Anonyme a dit…
Le JT de 13H de France 2 ici
http://jt.france2.fr/player/13h/
Fregerno
Anonyme a dit…
Je fulmine aussi contre la superficialité de tout ce que les médias publient sur Venise. Ce qui est vrai pour Venise l'est aussi pour d'autres villes.
Fregerno
Veneziamia a dit…
Anonyme : C'est vrai que les médias ne reflètent pas Venise mais est-ce vraiment important ? Ceux qui connaissent et aiment cette ville ne s'y laissent pas prendre. La superficialité du carnaval,de Venise ou d'ailleurs,n'est-il pas un exutoire nécessaire à l'équilibre des peuples ? Après tout, personne n'est obligé d'y participer !!!

Lorenzo a dit…
Veneziamia, je suis tout à fait en accord avec vous. Bon carnaval à ceux qui se réjouissent d'en être et bon week-end à tous les autres. Moi ce qui me manque ce sont les fritelle. Je vais d'ailleurs en préparer demain !

13 février 2012

Carnaval : Le vol de l'ange



Le ridicule du commentaire d'un petit reportage du journal de France 2 - certainement (enfin je l'espère - du second degré) : "Julia monte vers son destin"... C'est en effet avec ses mots que le commentateur présentait l'ascension - à pied - du campanile de San Marco, de la belle Giulia Selero qui jouait ce week-end le rôle très envié de l'Ange, appelé Colombine dans le reportage, qui traditionnellement descendait du Paron di casà vers le balcon du palais des doges où il venait offrir des fleurs à la dogaresse. Plus de saltimbanque aujourd’hui, mais une jeune vénitienne, l'une des Maries de l'an passé devenue "Miss Carnaval 2011", solidement harnachée qu'on descend doucement à l'aide de solides filins vers le centre de la piazza où a été dressé le palcoscenico. Le doge est là au milieu de la foule.
 

Pour la première fois, une caméra était fixée au-dessus de la belle permettant de voir ce qu'elle voyait en descendant les 25 mètres qui la séparait du sol. Hormis l'erreur - ou la distraction - de la présentatrice du journal qui a fait partir la pauvre Colombine de la Fenice - à 800 mètres de là ! - pour atterrir sur la piazza, le reportage, premier d'une série sur le carnaval 2012, a le mérite de vouloir montrer la manifestation de l'intérieur, en suivant des français qui vont déambuler durant toute la semaine avec leurs magnifiques costumes et leur bel enthousiasme. Attendons la suite pour savoir comment Venise et son carnaval vont être montrés par France 2. Avec lucidité et vérité ou, comme c'est trop souvent le cas, à base de clichés éventés et rassis  sur la Sérénissime ?

A suivre donc. En attendant le prochain journal de la mi-journée, sachez seulement que le vol n'a pas été de tout repos. Avec la température très basse et le vent glacé, le vol a eu quelques soucis. Le treuil électrique s'est bloqué, il a fallu s'y reprendre à deux fois pour faire glisser la donzelle. Mais cela n'a pas entamé l'enthousiasme de la foule, bien au contraire. Du temps de la République, le fil était tendu sur la piazzetta, à l'abri du vent.




12 commentaires:
Anonyme a dit…
Bien, alors ouvrons les paris pour France 2 : je pense qu'ils vont faire façon clichés pourris, comme vous dites... De toute façon le carnaval de Venise c'est bien un peu comme un parc d'attraction sans âme non ? Tout juste relancé pour faire de bonnes affaires, non ? Je me trompe ? Allez courage et cordialement à tous. 
Isabelle
Anonyme a dit…
Laissons le Carnaval, tel qu'il est devenu, aux touristes, et savoureux les précieux moments que nous offre Venise, le reste du temps. Viva Venezia Gabriella
Anonyme a dit…
Pour avoir été présente à Venise en ce premier week-end de carnaval, mais bien emmitouflée dans une doudoune, je confirme que cette manifestation n'a aucune âme, et tombe petit à petit dans le ridicule : peu de touristes, la plupart chinois ou russes, avec un loup sur le visage et leurs moon-boots aux pieds pour faire couleur locale! A côté de cela, des concerts gratuits à la Fenice (Jordi Saval et Hyspérion XX vendredi soir dans la grande salle!) et une journée entière consacrée à Venise (mais pas à son carnaval) sur Radio classique hier ! Et dire que Benetton est sur le point d'ouvrir un méga-store au bord du Grand Canal avec une méga terrasse dominant le Rialto, conçu par le grand architecte Rem Koolhas donnant son sérieux au projet, terrasse qui comme le Concordia permettra de s'approcher au plus près du cœur de Venise!
Anonyme a dit…
J'avais bien raison de jurer de ne jamais mettre les pieds à Venise lors du carnaval ! où es tu Venise secrète dont les fantômes rôdent dans les ruelles ? On est pas loin , du parc d 'attractions ! Lamentable ! 
Estelle

oliaiklod a dit…
Bonjour Lorenzo, Je trouve que ce commentaire "Julia monte vers son destin" résume bien ce qu'est devenu le Carnaval, pardon, la parodie de Carnaval façon VeniceLand. Malgré une température sibérienne, le vent, on a risqué la vie et attenté à la santé de la belle (malade depuis), simplement parce que quelques bobos ont payé 100 €uros pour "assister au spectacle dans l'espace VIP". C'est scandaleux, tout comme sont scandaleuses les fontaines de vins placées au bas des deux colonnes roses du palais ducal. San Marco étant désormais privatisé, les costumés européens ont décidé de ne plus y aller, c'est pourquoi, hier, la Nuova titrait "Tanto turisti, poco maschere". Nous aussi, costumés, souhaitons le retour à un Carnaval humain. RdV vendredi sur les Zattere pour cela...
Lorenzo a dit…
Ravi de vos commentaires. Nous pensons tous la même chose sans être élitistes et snobs. Venise en février, je n'y vais plus parce que je veux garder intact le souvenir des carnavals de 1979, 80, 81 et suivants jusqu'en 1985. Spontanés, drôles, magnifiques, imaginatifs, plein de surprises, ces carnavals-là attiraient déjà de plus en plus de touristes (français pour la plupart déjà) mais on sentait une authenticité et une joie qui ont disparu depuis. Qu'y faire ? Rosa Salva doit être bien dépassé et les tentatives de Bruno Tosi ou d'autres authentiques passionnés de la tradition vénitienne semblent ne pas pouvoir inverser le cours des choses... Vous avez bien raison de fêter ce temps de mascarade avec les autres masques loin de la piazza et des fontaines. L'idéal demeurant les quelques vraies fêtes et concerts "privés" mais on retombe dans une sorte d'élitisme qui ne devrait plus être de mise avec tout ce qui se passe et se trame dans notre pauvre monde exsangue. La moralité aurait été d'annuler le carnaval par solidarité avec les grecs, mais aussi les syriens, les libyens, les égyptiens...
Anonyme a dit…
L'argent n'a pas d'odeur, comment peut-on lui demander d'avoir de la morale ? Venise, pareille à Ibiza, devient un lieu de fêtes absurdes et vulgaires... Ainsi va le monde... Bien cordialement. 
Régis
Anonyme a dit…
Ceux qui se rendent à Venise en ces circonstances sont ceux qui sont à la recherche d'une identité et d'un illusoire ailleurs. Le roman "Sombre Lagune" exprime bien cette recherche, cette quête et l'inquiétude devant la mort. Entretemps l'évènement fait fonctionner le tiroir caisse de la cité pour le plus grand bienfait des journaliers de Mestre et des alentours qui viennent y chercher leur pain quotidien. Venise a toujours été une machine à fabriquer de l'argent. N'est-ce pas elle qui a inventé la banque, la bourse, le crédit et les lettres de change. Pour visiter cette ville emblématique il ne nous reste qu'à éviter les grandes concentrations touristiques car Venise restera toujours un ailleurs. 
Fred
Douille a dit…
Quand je lis certains commentaires ou je vois des carnavaleux étrangers se plaindre d'autre carnavaleux étrangers, ne frise-ton pas le ridicule???
Anonyme a dit…
Douille, chacun a le droit de vivre Venise à sa guise tout de même.
Douille a dit…
Oui et non!!! Les libertés des uns s'arrêtent ou commencent celles des autres... C'est comme si quelqu'un qui fume une cigarette dans un lieu public allait dénoncer son voisin qui fume la pipe...
dominique a dit…
reconnaissons la grâce de l'ange 2012 ...

13 février 2012

Fête des Maries 2012

Réinventée par Bruno Tosi, l'inénarrable proveditore des fêtes et réjouissances vénitiennes, la Festa delle Marie est chaque année un franc succès. Avec les rigueurs de l'hiver, l'antique cérémonie qui est devenue un des moments-phares du carnaval moderne, avait dû recouvrir les douze belles jeunes femmes sélectionnées de lourds manteaux de lainage. Mais le défilé se fit comme prévu, chaque jeune Marie portée par quatre gondoliers de blanc vêtu comme le veut la tradition. Le public aime cette introduction au carnaval, comme il aime le vol de l'ange (hélas assez dénaturé par rapport à ce qu'il était du temps des doges mais adapté aux temps modernes) et le Xe Brucia il Carnaval, qui sera cette année le taureau rampant tout de bois et de carton-pâte qui sera brûlé pour clôturer les réjouissances et laisser la Sérénissime nettoyer ses rues et ses campi, et entrer (enfin) en Carême.

1 commentaire:

oliaiklod a dit…
Nous avons fait des photos côte à côte sans se voir !
Se serait bien de se rencontrer enfin ici à Venezia

09 février 2012

Le taureau d'Aquilée, allégorie du carnaval 2012

Réalisé par le célèbre scénographe et sculpteur Guerrino Lovato, l'allégorie du carnaval 2012, ce gigantesque taureau de bois et de cartapesta mesure neuf mètres de haut. La sculpture qui sera brûlée jeudi gras pour marquer la fin du carnaval et l'entrée en Carême de la Sérénissime renoue avec le passé.

L'histoire remonte à longtemps. Au début du XIIe siècle pour être précis. Le patriarche d'Aquilée, Ulrich von Treffen s'allia avec des feudataires impériaux et envahit Grado dont les salines étaient exploitées par les vénitiens, obligeant le patriarche Enrico Dandolo à fuir. Le doge Michiel II furieux envahit Aquilée et fit prisonnier son patriarche, les feudataires et de nombreux clercs. Pour recouvrer la liberté, von Treffen offrit au doge un taureau, douze paons et douze porcs. Cette compensation se transforma en tribut annuel.

Les bêtes étaient utilisées le jeudi saint lors d'une corrida qui devint vite une grande attraction. Elle s'achevait par la mise à mort du taureau. Cet honneur revenait aux membres de la Confrérie des Menuisiers dont les membres s'étaient illustrés par leur bravoure et leur fougue lors de la libération de Grado. La coutume fut abolie en 1520 par Andrea Gritti puis reprise en 1550 jusqu'à la chute de la République. Peu à peu on abandonna les porcs et les paons pour ne garder que l'imposant taureau.

L'esprit (mauvais) d'Ulrich von Treffen a dû souffler en même temps que la bora puisque l'imposante icône qui était installée depuis dimanche devant la Pointe de la Douane a été renversée ! Heureusement l'incident n'a causé aucun dommage important. Le taureau sera remis en place dès que les conditions météorologiques le permettront.

Carnaval 2012, sous le signe de l'élitisme et du grand froid

On n'avait pas vu cela depuis presque cent ans : la lagune gelée, les canaux couverts de congères comme un lac sibérien. S'il fait moins froid que du temps de ces hivers terribles que connurent les vénitiens du temps de la Sérénissime, il vaut mieux se couvrir et oublier les costumes légers pour ceux qui entendent participer déguisés au carnaval 2012.
Beaucoup à dire sur ce carnaval et les discussions vont bon train dans les bars de Venise en ce moment. Même les étrangers - du moins ceux qui sont des habitués et de Venise et du Carnaval - participent de ce mouvement de grogne : la piazza de plus en plus réduite afin de laisser la place aux Happy Few qui payent pour être du carré (géant) réservé aux VIP, les fontane di vino de la piazzetta, censées renouer avec la tradition festive du XVIIIe, obturent les arcades du palais des doges avec leurs réserves de toile. Partout des vigiles, ces milices privées qui sévissent de plus en plus dans notre monde qui se fait davantage totalitaire de jour en jour sans que personne n'y fasse attention. Ils sont partout ces gardes privés en uniforme, agressifs et nerveux - la plupart sont armés ! - qui surveillent l'entrée des magasins de luxe et les abords des lieux où vont se dérouler des manifestations privées d'où le peuple doit bien entendu être éloigné. On se croirait presque dans une république bananière... même du temps de Mussolini, l'ambiance était moins tendue...

Le monde décidément, à Venise comme ailleurs, marche sur la tête et je suis heureux de n'être jamais plus à Venise au temps du Carnaval. Les journalistes attirés par l'évènement doivent montrer patte blanche et sont traités de diverse manière - je veux dire plus ou moins bien, vous l'aurez compris - selon qu'ils sont accrédités auprès de Venezia Marketing Eventi, la société gestionnaire de la fête ou simplement mandatés par leur journal...

Je ne ressasserai pas mes vieux souvenirs du carnaval quasi-spontané des années 80, quand tout était joyeux, facile, débordant d'authenticité et de familiarité. Mon vieil ami Emilio Targhetta d'Audiffret - l'un des masques les plus célèbres des anciens carnavals - disait en 1980 : "c'est merveilleux, tout le monde est masqué, tout le monde s'amuse et comme du temps de la Sérénissime, les vénitiens sont tous là"... pourtant quel contraste entre la Venise de cette époque et ces fontaines à vin ! Le signor Rosa Salva, président de l'organisation semble cependant satisfait : bien que la régate en costume, que les vénitiens apprécient particulièrement et qui attire beaucoup de touriste, ait été annulée pour cause de mauvais temps, bien que la Bora et les températures sibériennes refroidissent l'enthousiasme des gens, tout a été mis en place pour que la fête soit réussie. Le Gazzettino appelle chaque jour les jeunes vénitiennes à concourir pour devenir les élues de la traditionnelle procession des Maries (qui aura lieu samedi soir) ; Le théâtre du Monde a été dressé sur la piazza où seront présentées plusieurs animations théâtrales. on pourra y signer la pétition de la Compania della Calza qui vise à faire revenir les cendres de Giacomo Casanova qui sont à Dux pour les faire reposer à San Michele. 

De nombreuse autres attractions sont prévues qui rendront la piazza impraticable mais raviront les visiteurs (à condition d'aimer la foule agglutinée et l'amoncellement de milliers de fêtards avinés). Les plus avisés se promèneront loin du circuit Stazione - Rialto - San Marco pour apprécier les costumes souvent très originaux et parfois somptueux qui défileront tout au long de ce carnaval 2012. Certains ont même eu l'intelligence d'organiser des rassemblements off du côté de San Elena ou San Alvise. A suivre sur les réseaux sociaux ! En attendant, les vénitiens, petits et grands, glissent en musique sur la patinoire de San Polo.

11 commentaires:

douille a dit…
Ce ridicule défilé de non-vénitiens en costume kitch pris en photo par d'autres non-vénitiens va encore me les briser menu pendant 1 mois...

Lorenzo a dit…
Ce n'est pas gentil ça ! N'ont-ils pas le droit de se faire plaisir eux aussi ? Les ambassadeurs et leur suite ne défilaient-ils pas autrefois sur les canaux de Venise. Personnellement je préfèrerai toujours ce défilé de gens passionnés aux imbéciles vulgaires qui ne viennent su la piazza que pour se bourrer la g... et faire des plaisanteries salaces même si eux sont italiens. Non non je ne suis pas d'accord avec vous. Et si de plus en plus de gens ont la nostalgie du passé c'est que le présent n'est vraiment pas beau à vivre !
Quant au kitsch, la Venise touristique qu'on donne en pâture aux hordes convient bien ce me semble à leurs appétits de pacotille. Allez, il y a un public pour Disneyland et il est de plus en plus nombreux. Nous devons tous nous faire une raison et boire la coupe jusqu'à la lie.
Anonyme a dit…
C'est quoi ce snobisme dites-donc ! Le carnaval appartient à tout le monde.
douille a dit…
Qu'ils aillent fêter leur carnaval chez eux! Oui, le carnaval appartient à tout le monde, ce n'est pas une question de snobisme, mais si votre ville et/ou votre quartier était envahi par des étrangers pendant 10 jours cela ne vous ferait pas rire. Dans mon bled, c'est la brocante un dimanche par an et ça me les brise déjà... Quand on voit pas mal de sites sur le carnaval de Venise, il y a une faune qui ne va là que pour parader avec son costume (qui est en général un ramassis de tout ce qu'il peut y avoir de plus kitsch avec souvent des couleurs que seul un daltonien myope arrive à supporter) sans aucun esprit de fête et d'autres qui vont juste là pour faire des photos... Le carnaval, c'est la fête!!! A Venise ce n'est plus la fête depuis longtemps... Si vous voulez une vraie fête revenez le 3ème W-E de Juillet...

Lorenzo a dit…
Allons allons, restons calmes et ne nous énervons pas ! Tous les goûts sont dans la nature. Bonne semaine à vous.
Anonyme a dit…
Je suis assez d'accord avec ce Mr Douille dont le franc-parler et la mauvaise humeur sont toujours assez réjouissants. Surtout concernant le carnaval qui illustre il me semble tout à fait ce que nous détestons tous : la disneylandisation de Venise, sa transformation en un musée compassé et artificiel. Cet esthétisme de pacotille n'est pas plus la vraie Venise que celle qui est envahie de touristes débraillés l'été.
Soazig
douille a dit…
Et encore, je préfère les touristes débraillés.. C'est vous dire... Ils sont naturels eux, ils viennent avec leur vilains short bariolés manger des hamburgers..

Par contre les neuneux en costume, qui on prép&ré leur ramassis de dentalles mauves à lignes vertes pendant 1 an, c'est de la préméditation...

Sinon, Lorenzo, comme si ce genre de masquarade te plaisait???
Anonyme a dit…
Froid à Venise, mais il ne faut rien exagérer! Aucun canal pris par les glaces et quelques rares flocons comme du sucre glace dimanche matin, juste de quoi faire une traditionnelle photo de gondole bâchée de blanc! mais je ne sais pas qui a vu les canaux gelés et la lagune prise par les glaces!
Des photos ici prises par moi-même ce weekeend:
https://picasaweb.google.com/Sayagou/VeniseFevrier2012

Lorenzo a dit…
Douille, j'évite de trop m'étendre sur le carnaval mais -pacotille ou non - il fait partie du paysage de la Sérénissime désormais et ne pas le citer, l'ignorer n'empêchera pas cette "disneylandisation" dont parle à juste titre Soazig (je revendique la création du terme sur TramezziniMag !) de se développer comme une lèpre sur Venise et les vénitiens. Au contraire. Non, je n'aime pas ce que l'on a fait du carnaval, ni ce qu'on est en train de faire de Venise. Mais je me dois d'en parler et de montrer tout ce qui se fait, se passe et... trépasse ! Merci en tout cas pour vos réactions et Bonne journée à tous.

Lorenzo a dit…
Je vais vous dire ce que j'aime dans le carnaval : la joie des enfants et l'humour décalé des vénitiens désabusés, mais plus que tout les fritelle et les galani !
Anonyme a dit…
Ne vous excusez pas d'aimer le carnaval, ni d'en parler Lorenzo. C'est votre blog après-tout.
Et désolée de vous avoir piqué le mot Disneylandisation, j'ignorais que vous en étiez le créateur. C'est vrai qu'il semble avoir été inventé pour Venise (même s'il va aussi très bien au Mont St-Michel).
Ceci étant, je me rappelle d'avoir passé quelques heures à Venise au début du carnaval dans les années 80, j'avais été horrifiée et avais pris la fuite, en décidant de ne plus jamais y revenir à ce moment là.
Bonne journée.
Soazig 

14 février 2012

19 janvier 2012

COUPS DE CŒUR (HORS SÉRIE 22) : Connaissez-vous Robert de Laroche ?

© Jean-Michel Labat - Éditions La Tour Verte
Normand et vénitien, Cet écrivain joyeusement prolixe écrit et vit une partie de l'année à Venise. Il écrit donc - entre autres - bien évidemment sur Venise et... sur les chats. Les lecteurs de Tramezzinimag savent combien nous y apprécions sa vision de la Sérénissime. Subjugué par la cité des doges quand il avait huit ans, comme je le fus à douze ans, il a redécouvert Venise en 1983, à l'âge adulte et a fait de la ville un lieu de méditation et de travail. Pour mieux le connaître, voici Passeport-Passion, un document sonore qui permet de saisir le pourquoi du comment de cet amour de Venise, que je partage avec les mêmes réserves et le même enthousiasme. Pour écouter le document, cliquer ICI.
Robert de Laroche a publié de nombreux ouvrages, dont certains consacrés à la Sérénissime et a créé il y a quelques années sa propre maison d'édition, La Tour Verte :
  • Chats de Venise, paru chez Casterman en 1991, avec de très belles photographies de Jean-Michel Labat.
  • Lagune vénitienne, paru en 1995, toujours avec le même photographe-complice.
  • Venise carnaval secret, édité à La Renaissance du Livre en 2002
  • Florian Venezia 1720. Superbe publication du Caffè Florian-Sacra Srl (2008).
  • Venise sauvée par ses chats, aux Éditions de la La Tour Verte.

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4 commentaires:

Anonyme a dit…
Oh que oui, je connais Robert ! C'est un ami de longue date : nous nous sommes rencontrés la première fois, sur le traghetto entre S.Sofia et la Pesceria. Amoureux de Venise et des chats, tout comme moi, cela ne pouvait que faire "tilt". Il écrit très bien et je vous conseille ses ouvrages.
Je rentre aujourd'hui de Venise où le froid et le brouillard ont pris possession de la ville : c'est magique !!!
Cordialement
Gabriella
Lorenzo a dit…
Quand je dis que Tramezzinimage et ses lecteurs sont à l'unisson. Pour ceux qui ne l'ont jamais encore lu, le document sonore qui illustre ce billet leur donnera à coup sûr l'envie de le lire !
VenetiaMicio a dit…
J'ai dans ma bibliothèque Venise sauvée par ses chats et bien sûr le Florian mais aussi Venise carnaval secret...
Je suis allée faire un tour sur les liens. J'ai découvert qu'il avait des chats noirs et blancs, trois de mes chats ont aussi la même "robe" !
Bien à vous
Danielle
Anonyme a dit…
moi aussi j'ai eu la chance de rencontrer Robert de Laroche, c'était à Arcachon dans les années 90 lors d'un salon du livre (pour la jeunesse je crois) nous avons parlé chats bien sur, je le revois sortir de son porte feuille la photo de son chat noir et blanc et je suis repartie avec un exemplaire dédicacé des "Chats de Venise" .
quel bon souvenir
Dominique
quel bon souvenir