Êtes-vous
déjà allé vous promener à la Giudecca par un matin d'hiver ? La
traversée, pourtant rapide, est déjà une aventure. La brume, la largeur
du canal, ses eaux profondes et les énormes navires que l'on y croise
souvent... Débarqué à San'Eufemia ou aux Zitelle, le visiteur se
retrouve dans un monde calme qui grouille pourtant de vie : bars, petits
magasins, passants qui se croisent et bavardent. Un autre univers.
Insulaire. Différent. Paisible et joyeux à la fois.
En face, les Zattere et San Marco semblent
tellement loin. Les gens que vous croiseraient ne vous dévisageront pas
ou s'ils le font ce sera avec bienveillance. On est accueilli à la
Giudecca. En quittant la fondamenta, enfoncez-vous dans les ruelles.
Vous croiserez des chats, des chiens tranquilles qui viendront vous
renifler. Et puis soudain, au détour d'une calle sombre, vous
trouverez un jardin, un petit parc public ou un square avec des bancs,
des jeux pour les enfants parmi les arbres. La balustrade ou la barrière
séparera ce lieu policé de la nature encore sauvage, la lagune, la
grande et profonde lagune qui sépare ce coin de Venise de la mer.
Un
autre monde vous dis-je, paisible et étrange. Partout des bâtiments
neufs rénovés se mêlent aux vieilles bâtisses ancestrales. Il y avait là
des casini, ces résidences de loisirs que bâtirent les
patriciens pour se détendre des rigueurs de la vie officielle loin du
regard de de l'inquisition ou pour satisfaire leurs maîtresses. On y
recevait joyeusement pour danser, faire de la musique, jouer, aimer. Et
puis il y avait aussi de grands jardins, des roseraies, des arboretums remplis d'essences et de plantes précieuses. Il y avait des vignes et des vergers... Il y en a encore et pas des moindres. Nous en reparlerons.