11 mai 2014

10 choses à ne pas faire quand on est à Venise

 
© Fausto Maroder - Alloggi Barbaria


Notre ami Fausto, de l'Alloggi Barbaria, exprimait dans son (excellent) blog, sa mauvaise humeur face au sans-gêne d'une maman faisant faire pipi à son fils dans le rio san Barnaba, à l'endroit même où Katharine Hepburn tombait à l'eau dans le célèbre film de David Lean, "Vacances à Venise" (Summertime). 

S'il a raison de s'indigner, car cette attitude montre un certain sans gêne et une bien piètre éducation, c'est avant tout parce que les gestes irrespectueux se reproduisent à Venise par milliers chaque jour et que parfois, les vénitiens qui n'en peuvent plus explosent. Imaginons les proportions que prendrait l'incivilité dans un espace aussi restreint que le centro storico, la Venise que visitent les touristes, si tout le monde agissait ainsi ! 

Basons-nous seulement sur les statistiques :  Venise accueille désormais un peu plus de 21 millions de visiteurs chaque année. Tous ne veulent pas utiliser les toilettes publiques - ou ne savent pas que cela existe, d'autres, effrayés à l'idée de ne pas parler italien, l'esprit rempli des on-dit sur les italiens roublards qui profitent des pauvres touristes naïfs, n'osent pas entrer dans un bar, commander un café et amener le petit aux toilettes. Admettons que sur les 21 millions de touristes, un tiers soit formé de familles avec deux enfants, cela fait 3.500.000 gamins qui arpentent chaque année les rues de la ville, buvant force Coca Cola, Sprite et autres boissons. Donc 3.500.000 envies de faire pipi. 

Une petite minorité utilisera les toilettes publiques, celles des cafés et des restaurants, les plus avisés prendront leurs précautions avant de quitter l'hôtel, et une infime minorité de la minorité fera dans ses culottes. Donc, à la louche, on peut imaginer que près de 2.000.000 de mouflets pourraient chaque année alléger leur vessie dans les eaux des canaux de Venise ! De quoi ficher en l'air assez rapidement ce qui reste du pauvre écosystème lagunaire... 

Bon, je plaisante mais ce qui est sérieux, c'est ce qui ressort de cet indicateur de mauvaise éducation. C'est l'idée que se fait la majorité des touristes sur la Sérénissime qui est préoccupante. Leur vision engage finalement l'avenir de la ville et de ses habitants. Beaucoup de visiteurs n'ont plus conscience que Venise est avant tout une ville comme les autres, un lieu où on vit et travaille comme partout ailleurs, et pas seulement dans l'industrie touristique. Un univers où on nait, où on grandit et où on meurt. Un espace urbain magnifique et unique qui se visite et dont la découverte ne devrait jamais être anodine tant les merveilles qu'on y découvre sont partie intégrante de notre culture et de notre patrimoine universel, mais qu'on se doit de respecter et de protéger, chacun à notre niveau. 
© Fausto Maroder - Alloggi Barbaria
Fausto, ainsi, avait publié il y a quelques années un billet sur les 10 cose da non fare a Venezia que je vous recommande (voir le lien ICI). Pour nous, habitués au quotidien de la vie vénitienne, ces recommandations sur ce qu'il NE faut pas faire paraissent évidentes.

Les bons guides, ceux qui aiment la Sérénissime et pas seulement l'argent qu'ils retirent de leur activité, prennent le temps d'expliquer ces évidences. A titre d'exemple (Fausto en énumère la plupart) et en vrac : 
- On ne nourrit pas les pigeons dont les fientes et l'urine endommagent les pierres et les sculptures. 
- On ne pique-nique pas sur la Piazza 
- On ne s’assoit pas par terre au milieu des lieux de passage, ni sur les marches des ponts (surtout quand on est en groupe).
 - On ne trempe pas ses pieds dans les canaux. 
- On ne bloque pas l'accès aux vaporetti, notamment du côté sortie des passagers. 
- Sur le vaporetto, on évite de agglutiner sur le pont aux heures de pointe, empêchant les gens de monter et de descendre et le marinier d'effectuer son travail.
 - on marche à droite le long des rues et on évite de s'arrêter en plein milieu ou de couper la route aux autres piétons venant en sens inverse. 
- Quand il pleut on soulève son parapluie quand on voit la personne qu'on croise qui penche le sien ou inversement. 
- On dit buongiorno ou buona sera quand on rentre dans un café ou dans un restaurant. - On dit Grazie quand on est servi et arrivederci ou buongiorno, ou buona sera de nouveau quand on quitte un lieu. 
- On ne fait pas pipi dans la rue et encore moins dans un canal. 
- On ne laisse pas de canettes vides, de sacs plastique ni de papiers gras par terre ou sur les bancs. 
- On ne jette pas de mégots par terre. 
- On ramasse les déjections de son chien. 
- On respecte les interdictions notifiées sur les sites touristiques (pas de station assise à califourchon sur les lions de la piazza dei leoncini, à San Marco par exemple). 
- On ne s'arrête pas en haut d'un pont sous prétexte que la vue est belle et qu'on veut faire une photo. 
- On ne se promène pas en bikini ni en short de bain torse nu dans les rues. 
- On ne rentre pas dans les églises en mangeant et buvant ni en tenue de plage. 
- Etc., Etc. 

Mais revenons au petit garçon qui fait pipi dans le canal. Si je suis d'accord avec Fausto (et avec les personnes qui ont fait un commentaire), je tenais à préciser que j'ai souvent vu, dans ma vie vénitienne d'autrefois, des petits vénitiens faire pipi dans les canaux - et des adultes aussi parfois. Certes jamais dans des lieux très fréquentés (le canal San Barnaba est bordé de chaque côté d'une fondamenta (un quai) et donc uriner ainsi n'est pas des plus discrets ni des plus agréables pour l'intimité du petit jeune homme ! Idem pour les ivrognes qui se soulageaient en sortant d'une tournée trop alcoolisée en se tenant à une rambarde ou à des palli... On raconte que plus d'un de ces messieurs avinés a fini la tête la première dans l'eau ! Mais ce n'était pas un usage répandu et démultiplié comme aujourd'hui avec 21 millions de touristes !
 
© Fausto Maroder - Alloggi Barbaria