"Bastardi, deliquenti, barbari !" criait une vieille dame devant le spectacle. Aucune traduction ne semble nécessaire pour qualifier les auteurs, de plus en plus nombreux qui ne trouvent rien d'autre à offrir au monde que la laideur de leurs déprédations qu'ils considèrent comme de l'art. Un exemple du niveau où notre civilisation est tombée. Bien bien bas.
Il y a les hordes de touristes qui envahissent la ville, les Grandi Navi qui encombrent de plus en plus les eaux de la lagune et font courir à la ville le risque d'une catastrophe sans précédent, l'érosion produite par les émanations chimiques et les remous provoqués par les hors-bords circulant à grande vitesse ; il y avait les pigeons, grands pollueurs et destructeurs de monuments qu'on a réussi à circonvenir. Hélas, il y a aussi, encore, toujours et de plus en plus, ces débiles qui doivent penser que la Sérénissime n'est pas assez belle et ont entrepris depuis quelques années de transformer les murs de la ville en lieux d'exposition en plein-air pour montrer au monde ce qu'ils pensent certainement être de talentueux chefs-d’œuvre.
Mis à part quelques pochoirs ou collages vraiment réussis, qui se fondent avec grâce et humour dans le paysage et sont réellement du street-art et ne sont donc qu’œuvres éphémères, les ignobles graffitis, les tags qui surgissent comme des champignons vénéneux sont d'ignobles dégradations,d'immondes saloperies qui dégradent Venise. Ailleurs dans le monde ils apparaissent dans les ruines de certains quartiers, dans les friches industrielles, les quartiers en cours de démolition, les hangars éloignés, le long des voies ferrées. A Venise, il y en a partout. Celui sur la photo d'Alberto Alberti que nous publions est d'autant plus insupportable qu'il vient d'apparaître sur la façade toute neuve de l'église San Simeone Piccolo,en face de la gare. Cachée aux regards pendant de nombreuses années pour être restaurée. restauration qui a coûté fort cher et a été très longue, rendant à ce magnifique monument sa splendeur d'origine. Jusqu'à ce matin où un petit imbécile, un barbare, ignare et prétentieux (il s'agit d'une signature) surgisse pour marquer son territoire comme le font les chiens avec leur urine.
Comme l'a proposé un ami gondolier - certes un peu extrémiste dans ses propos, mais l'amour ne connait pas la raison après tout - "attrapons-les et après les avoir badigeonné avec leurs bombes de peinture, faisons-leur bouffer ces bombes !"... Propos violents et grossiers, mais l'idée est réjouissante et puis aux grands mots les grands remèdes (second degré).
Un des commentaires sur Facebook rappelait qu'on a mis Ezra Pound en prison pour ce qu'il avait écrit pendant la guerre et que ces jeunes délinquants poursuivent leur travail de destruction et d'enlaidissement en toute impunité. "Il y a quelque chose qui cloche dans ce monde, quand parmi les jeunes se répandent des iconoclastes psychotiques qui traquent et démultiplient la laideur et l'horreur. Je veux bien croire que notre société est responsable de leur désespoir, mais ce n'est ni vous ni moi qui armons ces soldats du diable de peinture et d'irrespect. Pas de pitié pour les salopards. Prison ferme et travaux d'intérêt général". La colère du commentateur produit des propos outrés mais, ma foi, leur permettre de prouver leur bonne foi et après quelques mois au service des autres, les obliger à suivre des cours d'art plastique et d'histoire de l'art vénitien...
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12 commentaires postés à la suite de ce billet complétaient ces propos et signifiaient l'agacement et la colère des lecteurs devant ces horribles tags et graffitis qui dénaturent Venise comme ils le font pour la plupart des espaces urbains du monde depuis quelques années. Le robot Google en faisant se volatiliser le premier TraMeZziniMag en juillet 2016 n'a pas permis qu'ils soient conservés.