Son nom de famille était Venezia.
Juif italien né à Salonique (Grèce), Shlomo Venezia, déporté à
Auschwitz-Birkenau à 20 ans où il fut affecté au Sonderkommando, ces
équipes qui sous la contrainte, vidaient les chambres à gaz et
alimentaient les crématoires. Il s'est éteint le 1er octobre. Il avait 88
ans. C'était l'un des derniers survivants de Birkenau. Il a laissé un
extraordinaire et poignant témoignage dans un livre préfacé par Simone
Veil.
Il
n'y a rien de commun entre cet homme et la Sérénissime, sinon le
patronyme que sa famille choisit de porter au début du XXe siècle, sauf
que les siens avaient certainement vécu dans le ghetto de Venise
autrefois. Tramezzinimag souhaitait lui rendre hommage car il était l'un des derniers survivants de ces Sonderkommandos
que les nazis avaient chargé de la pire besogne, vider les chambres à
gaz et transporter les cadavres vers les fours crématoires. Nous
publions un entretien qu'il accorda à Jacques Fortier pour le journal Le Monde :
«- Vous dites dans votre livre que vous n'avez commencé à parler que tard. Pourquoi ?
- J'avais écrit avant. Mais je n'en avais jamais parlé. C'est en 1992, quand à Rome où je vis, sont apparus des signes d'antisémitisme, que je me suis interrogé et que j'ai pensé témoigner. J'ai été sollicité alors pour accompagner des juifs à Auschwitz. J'ai proposé d'y aller avec un ami italien, dont le père avait été dans les Sonderkommando avec moi à Birkenau. Nous avons accompagné des groupes. Le premier, je m'en souviens, c'était le 4 décembre 1992. J'ai commencé à témoigner dans l'autobus. Sur place, tout était blanc de neige. Quand nous sommes arrivés devant les crématoires, je ne les ai pas reconnus : les nazis avait tout détruit à leur départ. Mais, c'est depuis que je parle dans les écoles et dans des voyages aussi.
- Comment êtes vous devenu Sonderkommando ?
- Ils ont choisi des hommes jeunes et valides pour un travail alors que nous étions en quarantaine. Nous ignorions quel travail. Nous espérions seulement qu'il nous permettrait de manger un peu plus. Ils nous ont demandé nos métiers, j'ai dit que j'étais coiffeur... C'est un camarade qui m'a expliqué ensuite ce qu'était ce travail, et qui m'a dit aussi que, tous les trois mois, nous serions sélectionnés, donc que certains d'entre nous seraient tués.
- Comment réagissez-vous quand vous entendez des négationnistes nier la Shoah ?
- Je suis prêt à accompagner là-bas ceux qui n'y croient pas, à expliquer exactement ce que nous avons fait, à montrer les lieux. On a commencé dans un petit bunker, puis on en a construit quatre autres, une vraie fabrique. Les négationnistes disent que ce n'était que pour de la désinfection. Tout ça ! Sérieusement, on peut dire tout ce qu'on veut, moi, je l'ai vu et je dis ce que j'ai vu ! Un groupe de 1.500 personnes était tué, puis brûlé en trois jours...
- Vous êtes un témoin direct. Pour les nazis, vous étiez un homme qui devait mourir. Vous y avez échappé en vous confondant avec d'autres détenus. Vous avez vécu l'horreur. Au soir de votre vie, vous êtes optimiste sur l'être humain ?
- Par nature, je suis pessimiste. Et je me demande parfois si le monde n'est pas fou ! Après tout ce qui s'est passé, les hommes n'ont pas compris la brièveté de la vie. Mais, ceci dit, j'espère bien, pour mes enfants, pour mes petits-enfants, des lendemains meilleurs.»
- J'avais écrit avant. Mais je n'en avais jamais parlé. C'est en 1992, quand à Rome où je vis, sont apparus des signes d'antisémitisme, que je me suis interrogé et que j'ai pensé témoigner. J'ai été sollicité alors pour accompagner des juifs à Auschwitz. J'ai proposé d'y aller avec un ami italien, dont le père avait été dans les Sonderkommando avec moi à Birkenau. Nous avons accompagné des groupes. Le premier, je m'en souviens, c'était le 4 décembre 1992. J'ai commencé à témoigner dans l'autobus. Sur place, tout était blanc de neige. Quand nous sommes arrivés devant les crématoires, je ne les ai pas reconnus : les nazis avait tout détruit à leur départ. Mais, c'est depuis que je parle dans les écoles et dans des voyages aussi.
- Comment êtes vous devenu Sonderkommando ?
- Ils ont choisi des hommes jeunes et valides pour un travail alors que nous étions en quarantaine. Nous ignorions quel travail. Nous espérions seulement qu'il nous permettrait de manger un peu plus. Ils nous ont demandé nos métiers, j'ai dit que j'étais coiffeur... C'est un camarade qui m'a expliqué ensuite ce qu'était ce travail, et qui m'a dit aussi que, tous les trois mois, nous serions sélectionnés, donc que certains d'entre nous seraient tués.
- Comment réagissez-vous quand vous entendez des négationnistes nier la Shoah ?
- Je suis prêt à accompagner là-bas ceux qui n'y croient pas, à expliquer exactement ce que nous avons fait, à montrer les lieux. On a commencé dans un petit bunker, puis on en a construit quatre autres, une vraie fabrique. Les négationnistes disent que ce n'était que pour de la désinfection. Tout ça ! Sérieusement, on peut dire tout ce qu'on veut, moi, je l'ai vu et je dis ce que j'ai vu ! Un groupe de 1.500 personnes était tué, puis brûlé en trois jours...
- Vous êtes un témoin direct. Pour les nazis, vous étiez un homme qui devait mourir. Vous y avez échappé en vous confondant avec d'autres détenus. Vous avez vécu l'horreur. Au soir de votre vie, vous êtes optimiste sur l'être humain ?
- Par nature, je suis pessimiste. Et je me demande parfois si le monde n'est pas fou ! Après tout ce qui s'est passé, les hommes n'ont pas compris la brièveté de la vie. Mais, ceci dit, j'espère bien, pour mes enfants, pour mes petits-enfants, des lendemains meilleurs.»
La RAI a présenté ce soir (TG1 Speciale)
le documentaire qui lui avait été consacré et qui devrait être montré
inlassablement aux jeunes générations afin de ne jamais oublier ce que des hommes ont
pu faire à d'autres hommes, en plein XXe siècle.
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Schlomo Venezia, Sonderkommando, dans l'enfer des chambres à gaz,
préface de Simone Veil, éditions Albin Michel.