On ne rencontre jamais mieux Venise que seul et sans but. Malinconia. Cet état atroce et merveilleux, le solitaire s’y accroche car il y trouve un délicieux bonheur, une richesse unique. Triste et joyeux presque simultanément, le malade de Venise s’enrichit d’heures en heures de sensations spécifiques.
Un peu à l’image du novice qui peu à peu se dénoue et entr'aperçoit sa véritable essence après plusieurs mois, voire plusieurs années dans sa cellule solitaire. Bien au contraire.
C’est la joie de cette lumière, le bonheur de cette atmosphère unique, cet esprit unique : être et évoluer dans un milieu terriblement humain et pourtant totalement artificiel puisque gagné sur la nature. Les pierres et les piliers de bois sont de la nature mais leur utilisation et l’usage qui s’en suit est par essence anti-nature. Ce qui ne veut pas dire contre-nature… Bref au milieu de cet ensemble nature-antinature qu’est Venise, j’ai trouvé ma vraie nature. L’universalité née de sa beauté et des mythes qu’elle a ainsi suscité me permet – comme à des millions d’autres adeptes (on se croit toujours seul et unique amoureux, seul et unique connaisseur et de facto consommateur de Venise) de la retrouver partout presque instantanément et même sans le vouloir : sur les écrans de télévision, sur la toile, aux vitrines des librairies, dans les musées, les conversations. Un reflet, un son particulier, une odeur et n’importe où me voilà transporté à Venise et dans mes souvenirs aussi…
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