31 janvier 2010

Ces petits délices qui font du bien



- Manger un gianduiotto sur les Zattere au moins une fois dans sa vie.
- Passer une nuit dans une cellule du monastère de San Francesco del Deserto en évoquant François d’Assise quand il parlait aux oiseaux.
- Aller pêcher les capparozzoli devant l’île de Poveglia comme le font les vénitiens depuis plus de mille ans.
- Manger de la polenta grillée au feu de bois en écoutant du jazz live au Paradiso Perduto.
- Se promener toute la nuit dans les rues désertes de la ville en écoutant du Vivaldi.
- Essayer de reconnaître de quel campanile provient le son des cloches qui sonnent à tour de rôle.
- Prendre le traghetto à l’aube pour aller au marché du Rialto.
- Aller sur la lagune en voguant à la vénitienne sur un sandolo.
- Se baigner à minuit sur les plages désertes du Lido de Malamocco.
- Voir surgir à l’horizon les montagnes enneigées comme si on y était.
- Grimper en haut du campanile de San Pietro où personne ne va jamais.
- Prendre le thé dans un palais sur le grand canal avec de vieilles comtesses vénitiennes.
- Goûter des fruits et des légumes provenant des jardins secrets de la Giudecca.
- Aller sous les combles de la Fenice et voir l'énorme pas de vis qui retient le lustre géant de la grande salle.
- Plonger du haut d'un pont du côté de la Giudecca ou à Cannaregio quand il fait très chaud en été et nager dans l'eau de la lagune.
- Faire la sieste l'été à l'ombre d'un arbre dans un jardin tranquille, un chat sur les genoux, en plein centre de Venise.

 
Etc, etc… Autant de petits riens qui sont de grands délices et fournissent à nos vies comme des suppléments d’âme qu’on a peine à imaginer avant de les avoir réellement vécus. Ces petits riens-là sont dans l’air du temps, puisque un livre de Gianni Nosenghi vient de paraître (101 cose da fare a Venezia almeno una volta nella vita) - en cours de traduction en français -, qui énumère ces "trucs" qu’il faut avoir vécu quand on est à Venise. Un petit manuel qui enseigne au lecteur comment appréhender la vraie Venise, vivre la vraie vie vénitienne, le temps d’un séjour ou pour l’éternité. Se perdre à travers ruelles et campi et découvrir une autre Venise…Et si, vous aussi, vous dressiez la liste des petits riens que vous aimeriez vivre à Venise ou que vous avez déjà vécu et qui comptent pour vous ? Tramezzinimag pourrait les mettre en ligne...





30 janvier 2010

Que personne ne leur cherche des excuses : ce sont des vandales et des imbéciles

Au risque d'être classé parmi les vieux ringards réactionnaires, je ne puis m'empêcher de pester devant les horreurs que nous infligent quelques gamins sans foi ni loi qui aiment à enlaidir les murs de Venise avec leurs tags immondes.
.
Que personne ne s'avise à prétendre qu'il s'agit là d'une nouvelle forme d'expression, d'une nouvelle esthétique ou pire, de la manifestation d'un malaise profond qui gangrène la jeunesse universelle ! Assez de ces invocations au pseudo «street-art» ou «spray-art» ! On ne peut voyager nulle part désormais en train sans apercevoir ces graffitis envahir les murs près des gares, les wagons mêmes. Le moindre espace vide sur un immeuble, les portes, les vitrines, tout est couvert de ces laides pustulences.

Le monde entier est couvert de graffitis et comme les bêtes pissent pour marquer
leur territoire, des adolescents paumés font gicler de leur bombe de peinture toute leur bêtise. A ceux qui se pâment devant la créativité de ces jeunes gens, je réponds "vandalisme, horreur, laideur, bêtise". N'est pas Keith Haring, Di Rosa ou Combas qui veut, ne trouvez-vous pas ? En tout état de cause ces dégradations permanentes font le jeu de ces extrémistes qui vont encore en rajouter, avec des «de notre temps» voire même les sempiternels «tous des voyous», «graine de criminels», «il n'y a plus de discipline, il faudrait les envoyer à l'armée», «une bonne guerre, qu'il leur faudrait j'vous dis !» fusent de toute part. Et en dialecte vénitien, ce n'est pas piqué des vers ce qui s'entend à ce sujet ! Graffiti est un mot italien qui signifie «érafler»... Venise est éraflée par ces horreurs, salement défigurée et personne ne dit rien, baissant par avance les bras, «é cosi purtroppo» me disait un fonctionnaire de la municipalité totalement désabusé...  
 
Tramezzinimag s'est à plusieurs reprises intéressé à ce triste phénomène de fin de civilisation... Anodin et indolore au début, voire amusant et quelquefois presque joli à voir, il s'attaque aujourd'hui aux monuments et endommage sérieusement le patrimoine architectural de Venise. Il est temps de réagir. Mais comment ? Quand on vous dit que les barbares - les vandales en vérité - sont de retour !

26 commentaires:

29 janvier 2010

Voici que revient enfin le temps des Galani !

Bientôt le temps du carnaval, et des gourmandises qui vont avec ! Personnellement c'est seulement ces dernières qui me rendent cette période agréable. En général, il fait froid, il pleut, Venise est envahie par des hordes de gens excités avec des déguisements ridicules et des attitudes saugrenues et la foule est tellement dense, qu'il est impossible d'avancer dans les rues. Mais tous les lecteurs connaissent mon mauvais caractère et mes sautes d'humeur. J'ai "fait" de nombreux carnavals. Les premiers notamment, spontanés et merveilleusement frais, quand débarquaient essentiellement de jeunes italiens d'abord venus des environs, puis de toute la péninsule, puis arrivèrent les français et les allemands, et puis le reste de la planète. Il y avait des bals partout et les palais s'ouvraient souvent aux inconnus masqués pour de somptueuses soirées où tout devenait possible. Comme avant, du temps de la République. L'essentiel des costumes reprenait l'idée qu'on se faisait - à juste titre - du carnaval vénitien d'antan : masques traditionnels, manteaux et tricornes, marquises et chevaliers enperruqués, saltimbanques de la Commedia dell'Arte

Partout des Polichinelles et des Colombines, des Pantalone et des Grisdelda. Trop de Pierrot ensuite, avec leur visage blanc marqué d'une larme noire, quand les français débarquèrent. Puis des Mickey et des Blanche-Neige arrivèrent, des travestis fantasques et ce fut le triste mélange d'une gay-pride salace et du cortège traditionnel du carnaval de Nice avec un peu de Rio. Beaucoup de bruit, beaucoup de vulgarité et plus aucune spontanéité. La description peut sembler bien noire mais c'est ainsi que je vois les carnavals d'aujourd'hui. Sauf à être invité à une de ces magnifiques fêtes costumées dans un des salons d'apparat du Grand Canal, de pouvoir assister au bal de la Fenice ou de se retrouver entre amis et de vouloir s'amuser entre soi, le carnaval de Venise n'est qu'ennui et odeurs de fritures.
.
A propos donc de fritures, on me demande la recette des Galani, ces "merveilles" vénitiennes qu'on trouve partout pendant ce temps du carnaval. Voici celle de ma grand-mère.

Ingrédients (pour 6-8 personnes) : 6 œufs, 100 g de sucre en poudre, 15 cl de grappa, 15 cl de vin blanc, 100 g de beurre, 1 kg de farine, 1 gousse de vanille, 1 citron, sel, huile de friture.

Fouetter ensemble dans une terrine le sucre, les œufs, le zeste du citron, la vanille grattée, la grappa, le vin blanc, le beurre fondu et du sel. Ajouter ensuite la farine. Bien mélanger. Laisser reposer au moins une heure à température ambiante. Pétrir ensuite la pâte sur un marbre, puis l'étirer. L'appareil obtenu doit être très fin.

L'idéal étant une machine à pâtes qui permettra de réaliser de belles feuilles très fines, mais pas transparentes sinon elles se déchireraient à la cuisson. Quand les feuilles sont prêtes, les les plier en trois. Les aplatir de nouveau. Il faut refaire cela plusieurs fois, jusqu'à obtention de longues bandes bien fines et régulières. A l'aide d'une roulette, découper des rectangles de 3-4 cm de large sur 10 cm de long environ. faire un trou au centre de chaque pièce.

Verser dans l'huile chaude. Laisser gonfler et dorer 3 à 4 minutes en les retournant. Les Galani gonflent et se couvrent de grosses bulles qui mettent l'eau à la bouche des petits gourmands vénitiens. Après les avoir égoutter sur du papier absorbant, les saupoudrer largement de sucre et déguster froid.

 

9 commentaires: (Archives Google)

J F F GrandsLieux a dit…
Glace, le sucre, n'est-ce pas ?
C'est le contraste entre le gras craquant soufflé de la pâte et la légèreté sèche et douçâtre du sucre glace qui rend ces bugnes - pardon ces galani si délicieuses.
A propos, savez-vous d'où vient ce non particulier de galani ?
J F F GrandsLieux a dit…
Je voulais dire ce nom
Florence a dit…
Ah les Galani que mon père faisait. Il les laissait s'égouter sur du papier jaune, que je ne trouve pas en France. Puis du zucchero velo et hum on se régalait. Moi, en cette période je fais des fritelle alla veneziana. Je peux vous donner ma recette familiale si vous le souhaitez.
A presto. Fiorenza.
VenetiaMicio a dit…
Miam, les Galani ! J'en ai vu ce matin chez l'Italien de St Rémy ...
Merci pour la recette de votre "Nano", je la garde.
Mais non, vous n'avez pas "mauvais caractère", qui dit cela ? Je dirai que aujourd'hui vous avez l'humeur chagrine, vous qui avez connu sans aucun doute de merveilleux et joyeux carnavals.
Je vous taquine, car je suis totalement d'accord avec vous, pour moi "Le" carnaval de Venise c'est celui des masques et costumes traditionnels de la Commedia dell'ArtE. En 2008, j'ai vu les 7 nains et Blanche-Neige comme vous le dîtes, ce n'est plus l'esprit de Venise, j'avais l'impression d'être dans le monde de Disney.
Bon week-end
Danielle
Michelaise a dit…
Toute la magie est, vous avez raison, dans ces fameuses bulles qui sont autant d'appels à la gourmandise ! je ne connaissais pas les galani, seulement, autres lieux autres noms, et recette toujours différente, les bugnes !
Lorenzo a dit…
Bugnes dans l'Est et le Midi, Merveilles dans le Sud-Ouest, Galani, orechini en Italie. Le plaisir gourmand reste le même. ce papier jaunâtre se trouve encore dans certaines drogueries italiennes.
maite a dit…
i gaeàni venexiane, i galài veronesi, i grostoi trentini, i cenci toscani, le bugie piemontesi, le frappe umbre, etc...et à Bordeaux, les merveilles !
anita a dit…
....et les "oreillettes" du côté d'Avignon !!!!

miam !!!!

anita
Lorenzo a dit…
Il faudrait organiser un concours de dégustation et comparer les mérites de toutes ces recettes ! C'est un peu comme avec les crêpes, il existe tellement de recettes différentes toutes aussi excellentes les unes que les autres !

20 janvier 2010

Que personne ne leur cherche des excuses : ce sont des vandales et des imbéciles

Au risque d'être classé parmi les vieux ringards réactionnaires, je ne puis m'empêcher de pester devant les horreurs que nous infligent quelques gamins sans foi ni loi qui aiment à enlaidir les murs de Venise avec leurs tags immondes.
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Que personne ne s'avise à prétendre qu'il s'agit là d'une nouvelle forme d'expression, d'une nouvelle esthétique ou pire, de la manifestation d'un malaise profond qui gangrène la jeunesse universelle ! Assez de ces invocations au pseudo "street-art" ou "spray-art" ! On ne peut voyager nulle part désormais en train sans apercevoir ces graffitis envahir les murs près des gares, les wagons mêmes. Le moindre espace vide sur un immeuble, les portes, les vitrines, tout est couvert de ces laides pustulences.

Le monde entier est couvert de graffitis et comme les bêtes pissent pour marquer
leur territoire, des adolescents paumés font gicler de leur bombe de peinture toute leur bêtise. A ceux qui se pâment devant la créativité de ces jeunes gens, je réponds "vandalisme, horreur, laideur, bêtise". N'est pas Keith Haring, Di Rosa ou Combas qui veut, ne trouvez-vous pas ? En tout état de cause ces dégradations permanentes font le jeu de ces extrémistes qui vont encore en rajouter, avec des "de notre temps" voire même les sempiternels "tous des voyous", "graine de criminels", "il n'y a plus de discipline, il faudrait les envoyer à l'armée", "une bonne guerre j'vous dis !" fusent de toute part. Et en dialecte vénitien, ce n'est pas piqué des vers ce qui s'entend à ce sujet ! Graffiti est un mot italien qui signifie "érafler"... Venise est éraflée par ces horreurs, défigurée et personne ne dit rien, baissant par avance les bras, "é cosi purtroppo" me disait un fonctionnaire de la municipalité totalement désabusé...  
 
Tramezzinimag s'est à plusieurs reprises intéressé à ce triste phénomène de fin de civilisation... Anodin et indolore au début, voire amusant et quelquefois presque joli à voir, il s'attaque aujourd'hui aux monuments et endommage sérieusement le patrimoine architectural de Venise. Il est temps de réagir. Mais comment ? Quand on vous dit que les barbares - les vandales en vérité - sont de retour !


26 commentaires:
Appartement Venise a dit…

C'est triste de voir cela ...
en dehors de réprimer sévèrement ces pratiques je ne vois pas bcp de solutions ... Peut être dans la sensibilisation, l'éducation ? Pas facile tout de même de sensibiliser et de responsabiliser ce genre de vandales

Catherine a dit…

Je suis d'accord avec vous .Ce vandalisme est intolerable.Je me souviens d'avoir été tres choquée par les premiers que j'ai vus en 2008;ce nouveau phenomene m'a hotrrifée;comment peut on s'en prendre à Venise?

Anne a dit…

"N'est pas Keith Haring, Di Rosa ou Combas qui veut": je suis d'accord avec vous, Lorenzo! Je ne sais pas trop où pourrait être la solution, en tout cas je crois qu'elle ne réside ni dans la permissivité et l'encouragement de la surdimension de l'ego des adolescents, ni dans la répression féroce. L'éducation? Il faut l'espérer et proposer d'utiliser l'énergie de ces jeunes (tous ne "taguent" pas sur les murs de Venise, heureusement) à des fins positives.
Vous avez raison de rappeler l'origine du mot "graffiti". Le "sgraffite" est en effet une technique où l'on gratte par endroits la couche supérieure de couleur pour faire apparaître des couleurs sous-jacentes.
Anne

Gérard a dit…

Ah oui , j'avais oublié de dire que dans le reportage de France 5 , on voyait beaucoup de ces saloperies sur les murs de Venise .
Dans l'éducation , c'est aussi comme pour les lipizzans , il y a une pointe sèche et une partie sévère qui doit être consacrée au dressage . En un mot éradiquer en permanence ce travers qu'il ne faut jamais faire . Avec une persévérance à jamais oublier . Bref , une excroissance de la ruralité . Et quand on oublie cette exigence , c'est le début de la fin de l'ensemble .
C'est beau , les lipizzans , n'est-ce pas ? L'école , d'ailleurs se trouve en Slovénie , juste à côté de Trieste . Et donc finalement pas très loin de Venise .

Valy a dit…

Il fallait le dire, il fallait l'écrire.
Bravo et merci pour votre blog, tout simplement.

Marie a dit…

C'est effectivement intolérable. Ailleurs ça l'est déjà et, à Venise c'est quasi incompréhensible. Comment peut-on en toute volonté enlaidir cette magnifique cité? Quel plaisir à saccager? Et qui? Qui fait ça? Contre qui et contre quoi? Quel est ce phénomène?
Et comment le combattre... J'ignore.
Mais nous vivons dans un monde où plus rien n'est respecté parce que les mensonges, la malhonnêteté l'agression et tutti sont la force vive de la politique mondiale et la source d'idéologies douteuses. Autrement dit, guère de chances de contrecarrer les choses ;-(

Ce coup de gueule est légitime et, même si c'est un coup d'épée dans la lagune, n'hésitez pas à réitérer, ça fait du bien.

J F F GrandsLieux a dit…

Sujet intéressant, le phénomène a ses causes invisibles, et ses effets sont on ne peut plus évidents.
A l'origine, il s'agit d'imitation. Et oui ! A l'instar de la mode (jeans) de la musique (rock), du mode de vie (autos, achats, alimentation, etc.), les taggueurs imitent ce qui se passe aux USA. C'est facile, on vient la nuit, on laisse des traces, une signature, et on s'en vante auprès de ses copains le lendemain.
Il n'y a que par l'éducation -très tôt- dans les familles et à l'école, par une attention permanente des adultes aux enfants, que nous arriverions à supprimer cette pollution, cette dégradation. En outre il y a un trop gros écart entre les capacités immenses des jeunes et leur place-pouvoir dans une société de vieux, gérée par les vieux, exploitée par les vieux. La rançon est qu'ils font n'importe quoi pour exister... Une autre solution serait de taxer lourdement les ventes de peinture en aérosol, mais ne comptez pas sur le lobby des marchands et fabricants de peinture pour soutenir ce projet !
J'espère que vous aimerez tout ce que je viens de dire... comme vous je déteste les tags (comme les tatouages-tiens ! y aurait-il un lien ?).

VenetiaMicio a dit…

Merci Lorenzo, pour ce coup de geule, bien légitime ! J'en ai marre de voir toutes ces saloperies sur les murs, c'est un sacrilège de faire cela à Venise, mais aussi à Paris ou ailleurs !!!
Danielle

tia o'c a dit…

A Paris il y a une equipe speciale d'intervention (paiye par les autorites locales) qui s'ocupe de cette afaire.

Gérard a dit…

Je pense que ça va beaucoup plus loin que tout ce qui est écrit . C'est un rejet complet de tout ce qui constitue notre civilisation . Et sa mémoire . Surtout de ce qu'elle porte de délicatesses extérieures . Un nihilisme pastiche , mais un nihilisme quand même . Donc , sans vraiment rien proposer à la place . Que le vide . Les 250 lipizzans de l'école de Vienne furent sauvés in extremis par le vieux " tripes et sang " , en l'occurrence George Patton , dont les deux caractéristiques principales de caractère étaient l'attrait indéfectible des grécos-latins antiques et la détestation du nazisme , des barbares .

Artemisia a dit…

Tout se mondialise au travers des ces affreux gribouillis qui griffent les murs et agressent les esprits en niant toutes les cultures ! C'est un des signes d'une relative "décadence" qui précéde - souhaitons le - une "renaissance" !Il y a eu de tous temps des nivellements par le bas de la culture qui fort heureusement ont permis à des merveilles de voir le jour par réaction. En attendant, il faut être les gardiens forts et déterminés de la beauté et de la richesse des cultures ... Il y a du boulot c'est sûr !

FRANCOIS a dit…

Oui c'est honteux et inadmissile que des personnes se livrent à ses actes qui enlaidissent notre environnement!
Quelle politique envisage la ville de Venise!!!Il serait temps qu'il y ait une réaction: éducation/prévention/sanctions et nettoyage systématique par des équipes spécialisées cela se pratique dans de nombreuses villes et les résultats sont probants

Michelaise a dit…

Oui c'est révoltant parce que Venise est belle, mais c'est aussi révoltant ailleurs : sur une maison modeste, repeinte à grands frais par son propriétaire pas nécessairement richissime, cela fait des dégâts parfois impossibles à réparer

Michelaise a dit…

On admet plus facilement que ce soit choquant à Venise, mais que diable pourquoi détériorer le bien d'autrui ?

Lorenzo a dit…

Que de (bonnes)réactions suscite ce billet. Mais qui a la solution ? Comment résoudre ce problème ? Comment juguler cette hémorragie généralisée de peinturlure et autres bombages ?

FRANCOIS a dit…

Existe-t-il une association internationale ou vénitienne des amoureux de Venise qui pourrait faire des propositions à la municpalité de Venise à laquelel on peut adhérer ?

Anne a dit…

JFF Grands Lieux, il m'arrive d'utiliser de la peinture en aérosol (JAMAIS pour taguer, rassurez-vous, toujours sur papier ou toile dans mon atelier). Le produit n'est pas responsable des tags et je ne souhaite pas qu'il soit taxé, de grâce!
Anne

Polar a dit…

Keith Haring (à mon humble avis très largement surévalué), je ne sais pas, mais Combas et plus encore Di Rosa ne se permettraient jamais des dégradations de ce genre, même pour faire un chef-d'œuvre. Quand on connait les Italiens d'une manière générale, les Vénitiens en particulier et la fierté qu'ils ont tous à l'égard de leur pays et de son extraordinaire patrimoine (si vous voulez voir un Vénitien heureux, montrez-lui le respect et l'admiration que vous inspire sa ville!), je suis toujours étonné que leurs propres gosses aillent faire eux aussi des conneries pareilles... Et encore, Venise, c'est rien... Allez faire un tour à Rome...Même à Florence!

J F F GrandsLieux a dit…

Anne, je comprends votre réaction. D'ailleurs imposer une taxe, c'est un mauvais réflexe de politicien (que je ne suis pas) impuissant (que je ne suis pas non plus)... une sorte de solution de facilité.
Nul doute, vous faites bon usage de ces bombes. Bombes ? Le même mot que ces armes, qu'on ne laisserait pas dans les mains de n'importe qui. Certainement pas un hasard.
Alors je propose à la place que l'achat des peintures en aérosol soit sous contrôle strict, réservé aux professionnels et assimilés.
Cela existe bien pour les fusils, nous en sommes fiers en France.
On mettrait en jeu une sorte de "permis de peinture", il y aurait bien des accidents collatéraux... mais limités. En revanche :
- Economies substantielles pour les collectivités locales et les régies de transports publics,
- Esthétique des lieux respectée.
Je rêve ? Qu'en pensez-vous ?

Anne a dit…

Un "permis de peinture"? J'avoue que j'ai beaucoup ri en lisant cela. Personnellement, j'aime trop l'universalité de la peinture pour ne pas souhaiter que chacun puisse s'exprimer avec et découvrir l'infini bonheur qu'elle procure.

Je n'appelle pas "bombes" les aérosols; je dis naturellement le nom de la couleur, c'est tout ce qui compte.

Je pense cependant comme vous que les lieux doivent être respectés et lorsqu'il s'agit de Venise encore plus qu'ailleurs.

Bonne soirée!
Anne

Thierry a dit…

Je propose deux peines indissociables, pour ces "tueurs de beauté": fortes amendes, bien plus élevées que la simple facture de "nettoyage", compte tenu que le dit nettoyage, sera toujours une atteinte, hélas irréparable, à la "peau" du bâtiment ou de l'oeuvre souillée (et responsabilité pécuniaire des parents, cela va sans dire, en cas de délinquants "mineurs", si j'ose dire pour des petites frappes de cet acabît);

Second volet: rétablissement (j'allais dire des peines physiques, que l'on infligeait autrefois dans les meilleurs collèges anglais...non, je n'irai pas jusque là, je suis devenu libéral, moi aussi, je vieillis et je me ramollis) mais rétablissement d'une sorte de pilori; que ces criminels de l'Art, aillent passer quelques heures par jour, dans un enclos ad-hoc, dans un endroit bien touristique et bien fréquenté où ils devront affronter les risées et le mépris du public, pour leur immonde grossièreté de faire du mal à Venise et pour payer un peu ce crime contre l'intelligence,figurant parmi les pires des forfaits.

Moi, j'vous le dis: les tags, graffitis et autres déjections de ces petites larves, il n'y en n'aurait plus beaucoup.

P.S. à creuser quand même, le lien entre ces cochonneries...et celles de la Biennale, souvent de la même eau mais adulées par les "connaisseurs" (de quoi?) et payées à prix d'or: ça ne vous pose pas un problème de fond?...lol

Catherine Chaumet a dit…

J'ai apprécié de lire tous ces commentaires intéressants qui ont précédé le mien et notamment le P.S. de Thierry juste au-dessus en forme de clin d'oeil (oui, cela me pose un problème!). Je ne rajouterai donc rien sur l'enlaidissement de Venise par les tags, l'essentiel sinon tout a été dit sur le sujet, mais, me promenant avant-hier à Venise, j'ai envie de pousser mon coup de gueule sur la forêt d'antennes rateaux qui déparent cette si jolie ville. Difficile de comprendre comment il n'a n'a pas encore tout fait pour câbler la réception de la télé. Pour moi, tags ou antennes télé dépassant des toits, c'est pratiquement aussi laid!

Anne a dit…

Thierry, la Biennale d'art contemporain et ses artistes ne sont en rien responsables des tags sur les murs de Venise! Je ne peux pas vous laisser établir une telle association sans réagir! Aucun artiste, contemporain ou non, n'a tagué la Sérénissime et n'aurait le désir de le faire. L'art contemporain provoque parfois, mais il s'agit d'une provocation raisonnée destinée à faire réagir le public par rapport à des idées, des phénomènes de société, etc... On est plus ou moins d'accord, on aime ou pas, je vous l'accorde, mais on ne peut pas dire que ces oeuvres temporairement exposées poussent aux dégradations! L'art contemporain n'existerait pas, que les taggers s'empareraient des murs de la même manière. Que le marché de l'art vous irrite, je peux le comprendre. Moi-même je suis souvent très réservée face à certains discours. Mais ne convient-il pas, lorsqu'on aime la mesure en toute chose et qu'on respecte les autres, de différentier les multiples aspects de l'art contemporain et de ne pas tout rejeter ou dénigrer "en bloc"?
Bon weekend.
Anne

Thierry a dit…

Chère Anne, je reconnais bien là votre sens de la mesure et votre grande sensibilité, qui rendent vos posts si intéressants: vous avez d'ailleurs grandement raison...n'empêche qu'il y a un lien secret, c'est cela que je voulais faire ressortir, entre certaines formes décadentes et néanmoins portées au pinâcle, de ce que l'on nomme "Art Contemporain" et le fait que des gens, se promènent dans Venise (et ailleurs!), leurs bombes aérosol, sous le bras et trouvent tout à fait normal, pour ne pas dire héroïque ou "artistique" (les sombres idiots) d'en asperger ici, un bas-relief en marbre du XIVè. siècle, ou là, la façade amoureusement restaurée, d'un Palais du XVIè.

Mais là, effectivement, il faudrait s'expliquer en détail, en profondeur, ça dépasse un peu le cadre de nos conversations, au demeurant fort amicales, par posts interposés, grâce à Lorenzo.

Lorenzo a dit…

24 commentaires ! Voilà ce qui motive l'existence d'un blog : la transversalité des idées,des opinions,des solidarités.

Gina Paillette a dit…

Peut-être que pour limiter les dégâts il faudrait... encourager ces jeunes?!! Souvent il y a beaucoup moins de moches graffiti une fois qu'on leur demande de peindre les barrières des chantiers, le mur d'un bâtiment municipal (souvent aveugle et décrépi), ou que des commerçants leurs demandent de peindre leurs rideaux de fer.
En les encourageant et peut-être même en leur apprenant à faire de leurs graffiti de vrais beaux tags -ou autre- je suis sûre que le plus gros des dégâts serait évité... en associant cela à un apprentissage de certaines techniques ancestrales et en replaçant celles-ci dans l'histoire de Venise ; ils seraient valorisés, ils se rendraient compte du travail nécessaire et du coût, et ils seraient associés au fonctionnement de la ville (je crois que c'est aussi là que le bât blesse!).
Non?

12 janvier 2010

Quand il fait bien froid, le rôti de veau réconfortant s'impose

A Hubert D. et à sa compagne, Sophie.


Non seulement il fait vraiment froid mais le ciel s'est fait très gris et bas. Une sorte de neige fondue tombe et se transforme en verglas sur les dalles des rues. Peu de monde dehors, presque aucun bruit. Les chats dégoutés de ne pouvoir aller regardent par la fenêtre puis vont se lover dans les endroits les plus abrités de la maison. La panière de linge à repasser pour Ulysse, le noiraud, un gros pull-over tyrolien en laine bouillie laissé sur un fauteuil près du radiateur de la bibliothèque pour Mitsou, le roi des chats que tous les lecteurs de Tramezzinimag connaissent. N'est-ce pas le temps rêvé pour se mettre à cuisiner ? 

Concocter de bons petits plats est l'un des meilleurs remèdes contre la morosité. Puisque c'est de réconfort dont il s'agit ce matin, laissez-moi vous proposer un rôti de veau réconfortant (ou revigorant) : Arrosto di vitello detto di Casanova.

Il va vous falloir : un beau rôti de 1,5 à 2 kilos (noix ou quasi de veau), des gousses d'ail, des filets de harengs, des épices (romarin et thym), un verre de vin blanc, du beurre, de l'huile d'olive, du sel et du poivre.
 
Préparer une marinade avec du vin blanc, du romarin et du thym, poivrer le rôti avant de le tremper dans cet appareil. Ne pas saler à ce stade. Laisser mariner une ou deux heures dans un endroit frais (à l'abri des chats si vous en avez !). Puis égoutter légèrement la viande, la piquer d'ail, et barder le dessus du rôti de morceaux de harengs que vous aurez découpé comme du lard. Mettre au four dans le plat de cuisson avec deux cuillères à soupe d'huile et un bon morceau de beurre. Ajouter des herbes, la marinade. En milieu de cuisson saler et poivrer. Quand la viande est cuite, le hareng caramélisé et croustillant aura l'aspect et le goût relevé d'un morceau de lard rôti. Le suc du poisson se sera mélangé à celui de la viande, dégageant un arôme raffiné. Couper en tranche et servir aussitôt, nappé du jus que je déglace au dernier moment.

Comme accompagnement ? : Un plat de pâtes simplement cuites al dente avec de l'ail et du parmesan fraîchement râpé, ou bien une vraie bonne purée à la manière d'Alain Ducasse et vous allez vous régaler ! Pour la purée, voici le secret :


Prendre de belles pommes de terre, les peler et les laver, puis les mettre dans une casserole avec une branche de romarin et une gousse d'ail. Recouvrir d'eau froide (l'eau doit à peine couvrir les pommes de terre). Mettre une poignée de gros sel. Laisser cuire. Et mettre le lait à bouillir et le maintenir au chaud. Quand il n'y a presque plus d'eau dans la casserole, vérifier la cuisson des pommes de terre. La lame du couteau doit s'enfoncer facilement dans la chair devenue jaune pâle. Faire évaporer toute l'eau en remuant la casserole sur le feu, cela équivaut à égoutter les pommes de terre qui vont s'écraser une peu (ce qui est bon signe). Veiller à ne pas les faire accrocher cependant sinon elles prendront vite un goût de brûlé. 

Enlever l'ail et le romarin. Mettre les pommes de terre dans le moulin à légumes que vous aurez chauffé dans de l'eau bouillante et mélanger dans une terrine avec 15 cl de lait entier pour 1,5 kilos de pommes de terre. Mélanger les pommes de terre avec la préparation à l'aide d'une cuillère en bois. Ne pas trop remuer la chair écrasée des pommes de terre toute seule car elle risquerait de corder (la chair devient gluante et seulement bonne à coller du papier-peint !), ajouter ensuite 60 g. de beurre frai. Vérifier l'assaisonnement et servir aussitôt ou réchauffer à feu très doux au moment de servir. Vous aurez obtenu la meilleure purée du monde. Au Louis XV de Monte Carlo, Ducasse ajoute de l'huile de truffe mais cela n'irait pas avec notre rôti de veau d'aujourd'hui ! Bon appétit !


10 commentaires:


Anne a dit…
Merci pour ces recettes. Je n'aurais jamais osé mettre du hareng avec du veau! Mais pourquoi le titre "di Casanova"?
Anne
Lorenzo a dit…
dans le nom est la réponse : rôti réconfortant ou revigorant. Censé donner des forces à qui en a besoin... Recette vénitienne du XVIIIe, on pense aussitôt aux ébats dont Giacomo se vantait... Ce plat était souvent préparé aux jeunes mariés pour le souper du milieu des noces. Un clin d’œil des cuisinières d'autrefois, à une époque où sous des airs affranchis, le monde est bien plus prude qu'il n'était alors. Il y a aussi les anchois qui bardent la viandes sensées donner force et vigueur et donnent un goût génial à celle-ci dans la recette du Fricandeau Remedio de jean Clausel. Un rappel des pratiques culinaires des anciens temps.
VenetiaMicio a dit…
Miam ! Miam ! Vous êtes une perle, comment peut-on se passer de vous ?
Voilà un plat qui m'aurait bien ravigotée...surtout que j'ai travaillé à l'extérieur, car nous sommes toujours bloqués dans notre belle Provence. Déjà la pelle est presque trop lourde pour moi, mais j'y suis arrivée !
Puis-je me permettre de vous donner une excellente recette de purée de pommes de terre à l'huile d'olive.
1 kg de pommes de terre moyennes (charlotte, ratte) 2,5 dl d'huile d'olive extra vierge -150 gr de lait -150 gr de beurre frais- sel de mer -4 pincées de fleur de sel
Choisir des pommes de terre de même taille et les peler. Les couvrir d'eau salée. Cuire à petite ébullition durant 20 à 25 min.Les égoutter soigneusement et les transvaser dans un moulin à légumes. Les passer immédiatement dans un plat chaud. Incorporer à l'aide d'un spatule le lait bien chaud et le beurre. Rectifier l'assaisonnement en sel. Incorporer petit à petit l'huile d'olive en mélangeant. Conserver au bain-marie. Au moment de servir, ajouter sur l'assiette un filet d'huile d'olive et une pincée de fleur de sel.
Voilà c'est la meilleure purée que j'ai mangé et elle est la recette de Wout Bru, l'excellent cuisiner de mon village chez Bru
Corinne a dit…
Du veau et du hareng ! C'est audacieux. Je remercie Patrick de m'avoir permis de découvrir ce blog. Il me semble qu'il existe aussi une sauce dite "ravigote", pour rester dans le même esprit. Que Casanova ait eu souvent besoin de recharger ses accus, nul n'en doute !
C'est un plaisir de vous rendre visite.
Lorenzo a dit…
Vous êtes la bienvenue Corinne. VenetiaMicio, cette variante de la purée de pomme de terre me semble délicieuse, nous allons l'essayer à la première occasion.
Corinne a dit…
Merci !
J F F GrandsLieux a dit…
Et voilà, je découvre que Venise a encore une recette inventive à son actif (au delà des macarons, du tiramisù, du foie au lard et des spaghetti aux clovisses).
Magnifique recette.
Dommage, ma cuisinière (oui, j'ai cette chance, mais pour combien de temps ? ) ne veux préparer que ses plats à elle...
Il va falloir que je m'y mette si je veux goûter à ce veau-là !
Anonyme a dit…
Bonjour
je voulais faire votre plat ce week end sauf que je n'ai pas su choisir entre les filets de hareng "nature" et les "fumé". J'imagine que si vous n'avez pas précisé c'est qu'il s'agit des nature .. mais j'aimerai bien en être certaine!
merci
Lorenzo a dit…
C'est avec des harengs "frais" mais les fumés font aussi bien l'affaire de même que l'on utilise selon son propre goût du lard fumé ou non dans d'autres recettes. Si vos harengs ne se laissent pas effiler jusqu'à ressembler à de belles bandes de lard (cela dépend de la qualité du produit), vous pouvez aussi essayer de larder la viande avec des lanières de poisson. personnellement je préfère barder le rôti, le poisson finit par caraméliser et le suc en devient d'autant plus subtil. Attention cependant à ne pas mettre trop de harengs. Pour un beau rôti quatre ou cinq bardes suffiront.