N'allez pas vous moquer mais voilà que me reprend cette horrible
sensation pas du tout à l'ordre du jour des mentalités d'aujourd'hui. Si
j'ai chaque année beaucoup de mal à lever le pied au début de l'été et
qu'il me faut envisager de dételer pour quelques semaines, couper avec
les préoccupations matérielles et oublier les préoccupations de ma vie
professionnelle, si cette petite mort périodique me perturbe et me rend
de très mauvaise humeur, le lâcher-prise qui suit et me prend
tout entier, fait de moi un animal heureux qui se blottit vite dans ce
cocon tissé de mille petits bonheurs et cela me renouvelle à un
point tel qu'il m'est presque impossible de reprendre le collier. Je
traîne, j'hésite, je passe au bureau, je repars, sans regarder les mails
ni le courrier, je prétexte mille impondérables pour refuser dîners et
rendez vous. Pourtant il faut bien s'y remettre. La vie doit être gagnée,
du moins pour la plupart d'entre nous et ce n'est pas toujours de
gaieté de cœur que nous devons nous atteler au joug, nous mettre au
travail. Notre campagne me manque. Les journées sans but précis, les
longues promenades sur la plage, les jours de marché, les petits plats
préparés en famille.
Et puis Venise aussi me
manque terriblement, mais c'est la rentrée et je ne puis plus prolonger
mes séjours lagunaires tant que les enfants vont à l'école et que mon
entreprise ne peut fonctionner sans moi... Alors, hauts les cœurs. La Régate Historique
marque la fin de l'été, du moins de l'été du farniente et de la
sérénité retrouvée. Les images, les mille petits riens qui font les
jolis souvenirs serviront à pallier le stress et l'ennui de la vie
sociale. Le costume de Peter Pan
est remisé dans la penderie avec les maillots de bains, les serviettes
de plage et les romans faciles. Soyons sérieux, mettons-nous au travail
et point de nostalgie, l'été reviendra. Le temps des vacances aussi. More Veneto (*)...
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(*) : More Veneto : littéralement "selon l'usage vénitien".
Du temps de la République, l'année commençait le 1er mars. Pour
distinguer les dates du calendrier vénitien du calendrier en vigueur
dans le reste du monde, on ajoutait les initiales MV, après la date.
Selon cet usage, mars étant le premier mois de l'année, c'est février
qui en était le douzième et les mois de septembre, octobre, novembre et
décembre étaient effectivement les septième, huitième, neuvième et
dixième mois comme leur étymologie l'indique. Cet usage a été aboli par
Buonaparte en 1797 avec l'assassinat de la République.
1 commentaire:
- Même pour les activités qui nous sont chères, il est difficile de reprendre le rythme et l'allant habituel. Il y a des signes qui ne trompent pas : un ticket de musée, un livre de la Toletta, un numéro du Gazzettino et l'irrésistible envie de courir, toutes affaires cessantes, à brides abattues, vers la lagune.