VENISE,UN LIEU MA ANCHE UN VIAGGIO NELL'EUROPA CHE MI PIACE NOT THE ONE OF THE GLOBALIZATION MAIS CELLE DES NATIONS DES PEUPLES DES CULTURES, PATRIA DELLA DEMOCRAZIA DELLA FILOSOFIA DELLA STORIA LA REINE DES VILLES AU SEIN DE L'EUROPE REINE DU MONDE
18 mai 2024
La part de la beauté
11 février 2024
Relectures et commentaires...
Le 13 août 2009, je tempérais les propos publiés la veille (ICI) sur l'arrivée prochaine de l'armée dans les rues de Venise contre l'avis de la municipalité d'alors, progressiste et démocrate. Les militaires font leur métier certes mais ils doivent le faire dans un cadre bien précis (pour défendre le peuple souverain et son territoire ou ses alliés). Mais les ajouter aux forces de police apparemment parce que cela rassurerait les gens est une mesure qui nous paraissait dangereuse en 2009 comme de nos jours...
Elle nous habitue à cette présence armée qui un jour peut être utilisée à des fins d'oppression violente et menacer notre liberté et nos droits. Le 13 août donc, le billet se voulait rassurant et rectifiait le précédent où nous nous étions fait l'écho des rumeurs qui parlaient d'un bataillon entier appelé être déployé dans la ville comme dans une république bananière ( ce que Venise même au temps de sa toute puissance n'aura été). Les dernières lignes sur les «bonnes raisons qui pourraient être invoquées» ont ainsi pris un sens prophétique...
je vous invite à jeter un coup d’œil sur ces billets (le sommaire du site est en entier sur la colonne de gauche), et à retourner voir d'autres billets sur le MOSE encore en gestation à l'époque, des photographies de la Venise d'il y a quinze ans ou plus.
Et puis, nous avons pu retrouver les commentaires - très nombreux à l'époque - de nos lecteurs. peut-être vous y retrouverez-vous ou reconnaîtrez-vous les signatures d'amis disparus, devenus blogueurs à la suite de Tramezzinimag ou à peu près à la même époque, qui tous ensemble avec nous ont forgé une image de Venise enfin détachée des clichés d'autrefois.
Ajoutez-en, faites vivre par vos commentaires, vos réactions, vos avis, vos idées.
Notre Tramezzinimag déploie depuis 2005 la même philosophie où prime la joie, l'amour et la sérénité. Venise est un monde et sa beauté, sa lumière, les sons et bien entendu ses habitants. Le leit motiv pourrait en être ces mots de Tommaso Paradiso «Non Avere Paura...
Bon dimanche !
04 avril 2021
Aimer Venise avec l'œil et l'esprit
à Baptiste Marle, in memoriam
Ces temps un peu perturbés de confinement et de couvre-feu, de paranoïa et de terreur diffuse, difficile à contrer sans prendre le risque de se fâcher avec nos proches, nous obligent à compenser la vie sociale interdite ou drôlement codifiée, par un retour sur soi. Attitude habituelle pour celui qui écrit après tout. Reprendre mes notes, chercher parmi les livres qui m'entourent, ceux qui s'avèreront d'agréables compagnons pour quelques heures. C'est dans cet état d'esprit, studieux et apaisé que j'ai repris un carnet daté de 2014. Parmi les pages, des lettres oubliées. Un échange de correspondance avec un jeune ami récemment disparu. Sur une carte j'évoquais une question que mon correspondant m'avait posée. « Comment le mieux aimer Venise ? ».
Nous nous régalions tous deux de ces échanges et de nos longues joutes dialectiques. Lectio et disputatio étaient la base de mon enseignement. C'était plutôt un partage, un échange d'idées et paradoxes et contradictions me paraissaient les meilleurs outils pour le préparer à Sciences Po mais avant pour l'aider à intégrer Durham ou Cambridge. Les joies de la dialectique nourrirent sa réflexion quant aux choix qu'il allait devoir faire mais m'apportèrent aussi énormément, ne serait-ce que par les recherches que je faisais, les livres que je lisais avant de les lui faire découvrir et analyser. Quelques mois d'un bonheur partagé qui l'aidait à reprendre confiance et à se préparer pour les prochains combats contre la maladie.
« Qualité, lumière, couleur, profondeur, qui sont là-bas devant nous, n'y sont que parce qu'elles éveillent un écho dans notre corps, qu'il leur fait accueil. » Merleau-Ponty, quand il écrit ces mots était peut-être comme moi en ce moment, assis à une table du Harry's Dolce... A-t-il seulement été à Venise ? Lorsqu'il écrit "L’œil et l'esprit", il est installé dans une maison de Provence, sous le même ciel que Cézanne des années plus tôt. Le philosophe écrit sa pensée comme un poète crée son univers, dans un jaillissement d'images et de sensations.
Mon obsession de Venise, de sa lumière et de son atmosphère voudrait apprendre qu'il y passa et que cette rencontre fut un choc constitutif d'un des pans de sa pensée esthétique. J'ai découvert cet ouvrage il y a des années dans la bibliothèque paternelle, alors que je n'avais encore aucune idée de cet envoûtement qui me rendrait tout entier et ad vitam, faisant de moi un inadapté absolu à d'autres mondes que celui des bords de la lagune. Paru chez Gallimard en 1964 dans la collection L'Infini, l'ouvrage est bien défraîchi aujourd'hui. Il comporte six planches dont ce tableau de Nicolas de Staël qui m'a fait longtemps rêver, enfant. Un coin d'atelier - Bien plus tard, quand j'ai eu l'occasion de découvrir le musée Picasso à Antibes, ce fut une grande émotion que de découvrir l'atelier de Staël, avec les objets qui servirent de modèles pour le tableau...
En relisant l'essai du philosophe cet été, parce que la lecture du Dictionnaire des couleurs de Venise d'Alain Buisine, m'avait donné envie d'aller plus avant dans ma réflexion sur les approches esthétiques dans les études et les recherches sur ce qui a fait de Venise ce qu'elle fut et demeure encore pour une large part. Le « mystère vénitien » comme l'a écrit Ferdinand Bac au début du XXéme siècle... C'est de divagations en farfouillages que j'ai retrouvé ce petit texte de Philippe Jaccottet, l'un des plus grands poètes contemporains, intitulé « Promenade à Venise » et daté de décembre 1976 (paru dans La Semaison, carnets de 1954-1979) :
"Rêve. Nous sommes retournés à Venise, A.-M. et moi. Je nous revois d’abord dans une immense et haute salle, proche de la mer, où passe beaucoup de monde, une sorte de halle aux voûtes peintes; et dans le rêve même, je me souviens avoir déjà rêvé de Venise ainsi, avec des bateaux visibles dehors dans la lumière, à travers de larges ouvertures (des portiques comme chez Claude Lorrain) ; il me semble que je trouve cela à la fois admirable et assez différent de la Venise réelle. Mais bientôt, c’est aux peintures dont sont couverts les murs et les plafonds de cette halle que je reviens, sachant que ce sont bien les fameux Tintoret, à propos desquels je note deux choses : l’éclat excessif de la restauration dans l’un d’eux et, dans l’ensemble, la fréquence des lances et des épées qui organisent la composition (comme chez Uccello plus que chez le vrai Tintoret)..."
"Ensuite, nous marchons au bord d’un canal. Et c’est là, peut-être, que nous apercevons le premier grand oiseau noir posé sur un poteau plongé dans l’eau, pareil à ces cormorans en qui j’ai vu naguère des oiseaux funèbres, à cause de leur couleur, de leur nom (qui sonne comme corps mourants) et de ma mère malade. Le rêve a tourné aussitôt au cauchemar. Je nous ai retrouvés dans une église, immense elle aussi, surtout très haute, mais fermée, et dont le sol s’était effondré, ou avait été fouillé; et les énormes piliers, dont quelques-uns portaient des peintures à dominante jaune, solaire, de style primitif, montaient de ces espèces de caves ou de fondrières. Là-dedans s’est mis à voler, menaçant, prêt à fondre sur nous, l’un de ces oiseaux. Ensuite, on ne pouvait plus aller où que ce soit sans en rencontrer. Sur un quai où passaient des mères avec leurs enfants, tout à coup, on a cru en distinguer un qui marchait au milieu d’autres, inoffensifs mais assez gros, du genre dindon ou paon, et la panique s’est emparée des promeneuses. Il a fallu embarquer dans le premier bateau venu pour fuir cette ville. (Ces oiseaux, dans le rêve, il me semble que je les nommais vraiment des harpies, et les jugeais tels.)"
"La fin de ce cauchemar, ou une scène d’un autre rêve de la même nuit, se déroule sur un versant de colline ensoleillé, portant au-dessous d’une forêt un champ de hautes plantes pareilles à du maïs. On pourrait se croire à la montagne, dans la belle lumière d’été. Or, un moissonneur est en train de moissonner ce champ, à la faux, si je vois bien; quoi qu’il en soit, les hautes plantes sont coupées; et à ce moment-là, je décolle de la pente, ainsi qu’un planeur, je suis changé en oiseau, je vole, je triomphe des harpies – et je sais (ou, l’on m’apprend) que c’est parce que l’on a coupé les plantes du champ vert que le miracle a été possible."
Simples bribes, voilà, quelques notes pour guider votre réflexion (méditation ?), comme une réponse à votre question : comment aimer Venise ? simplement, avec "l’œil et l'esprit".»
[La suite hélas semble perdue. peut-être les autres feuillets sont-ils restés dans ses dossiers à lui ou bien les ai-je rangés ailleurs...]
11 février 2017
Un jeune homme m'écrit
Le Jeune homme et le triptyque |
Les heures passées devant l'ordinateur pour produire ces quelques textes qui partent ensuite vivre leur vie auprès de milliers de lecteurs inconnus font souvent l'objet chez leurs auteurs de grandes interrogations. Ai-je eu raison de publier cela ? Ne vais-je pas heurter quelqu'un ? Suis-je parvenu à transmettre mon idée ? En suis-je seulement capable ?... Autant de questions qui le plus souvent ne trouvent pas de réponse et forment finalement l'engrais ou le combustible nécessaires pour continuer. Parfois, un commentaire enthousiaste ou critique montre que l'on n'est pas seul, perdu au milieu de l'immensité du vide. Il y a quelqu'un quelque part, attentif et sensible à nos mots. Parfois aussi un courriel vient justifier soudain ces heures de solitude passées à peaufiner une phrase, à illustrer une conviction. C'est le cas de cette lettre virtuelle reçue il y a quelques jours. Peu ordinaire, elle m'a été adressée par un jeune homme, étudiant d'une classe préparatoire parisienne, qui ne dit pas son âge. Sa verve et l'éclat de ses mots me fait penser qu'il est très jeune. Je ne sais pas pourquoi mais sa missive dématérialisée s'est associée aussitôt à cette photo trouvée sur pinterest ou tumblr, je ne sais pus, d'une jeune garçon en train de contempler trois toiles de je ne sais plus quel peintre.
Lecture chez les dominicains de Venise |
On crie vite à l'emprise morale et psychique, attitude perverse qui mène droit à toutes sortes d'abus dangereux pour ces jeunes cervelles et ces cœurs tendres. Mon jeune lecteur a la tête sur les épaules et le recul nécessaire pour ne pas me sembler à la recherche d'un gourou. Jeune mais libre et posé. Mais revenons à la question qui m'a paru la plus importante. Il ne m'en voudra pas de la rendre publique comme je rends publique ma réponse. Pas plus que le renvoi fait à cette citation de l'auteur polonais, Gombrowitcz cité dans TraMeZziniMag il y a quelques années (voir ICI) et qui contient en quelques lignes l'essence même de la position la meilleure pour l'écrivain en herbe. La question qui semble tenir à cœur au jeune Grégoire - le prénom non plus n'est pas ordinaire - porte sur le désir d'écrire et le travail d'écriture, vous l'aurez deviné : "Que faut-il considérer avant tout quand on veut faire de l'écriture son métier et comment savoir si nous en sommes capables ? "
Spontanément j"ai envie de répondre qu'il s'agit avant tout de demeurer clairvoyant, insoumis, insolent et audacieux. Cela ne veut pas dire qu'il faut à tout prix et systématiquement cultiver la provocation et chercher à choquer. Il faut seulement être soi-même dans chacun des mots qu'on emploie, être déterminé dans la volonté d'affirmer ce que l'on croit et d'essayer de le définir, de le comprendre afin de pouvoir mieux l'expliquer. C'est cet état d'âme que celui qui veut écrire doit entretenir quand il est face à sa feuille - à son clavier; quand peu à peu les mots s'alignent dans sa tête, avant que de venir s'ordonner d'eux-même en phrases et en paragraphes. Ensuite, vient le vrai travail de leur inventeur : relire, refaçonner, remodeler... Quand le texte est prêt à être lu, on le sait. on le sent. C'est comme une petite musique qui résonne harmonieusement en nous.
Grégoire me demande aussi de lui recommander des lectures avant d'aller découvrir Venise pendant les vacances que ce jeune homme bien né et à l'âme bien trempée qualifient de Pâques, terme passé de mode et qui vous fait aussitôt suspecter si vous l'employez, d'être un suppôt, fascisant, passéiste et ombrageux, de la Manif pour Tous.. J'ai aussitôt pensé, outre l'excellent Venise de la collection Bouquins qui réunit un joli panaché d'opinions et d'idées sur la Sérénissime, à l'ouvrage du croate Matvejevic, L'Autre Venise, au Petit Guide sentimental de Venise écrit par Paolo Barbaro. Puisqu'il est en prépa, pourquoi pas lire aussi l'excellent et très précieux ouvrage de Sophie Basch, Paris-Venise 1887-1932 sur la "folie vénitienne" dans le roman français de Paul Bourget à Maurice Dekobra, paru chez Champion en 2000 que j'ai découvert grâce à Dominique Pinci de la regrettée librairie française de Venise. Bien entendu, il lui faudra lire Portrait historique d'une cité de Philippe Braunstein, Le Carnet vénitien de Liliana Magrini et Henri de Régnier aussi... Enfin, j'ai ajouté dans ma liste Les Ciels de Tiepolo d'Alain Buisine et les Lettres de Venise du baron Corvo...
Je me réjouis en tout cas qu'il existe encore des jeunes gens enthousiastes et poètes, qui ne laissent pas leur sensibilité s'étioler avec des passions vulgaires, qui ont le sens de la beauté et demeurent passionnés dans un monde revenu de tout, n'ont pas envie de fabriquer des explosifs pour se faire sauter en tuant des centaines de victimes innocentes au nom d'un dieu qui, si il existe, a depuis longtemps détourné son regard magnanime devant toutes ces horreurs commises en son nom.
07 février 2017
La vérité sur la mort de Pateh, le jeune gambien qui s'est noyé à Venise
Sur le bateau, un maître-nageur, secouriste cherche à sortir sur le pont. On le retient. L'eau est à moins de 5° ! Sans une tenue spéciale sauter ainsi dans l'eau est particulièrement dangereux. Partout les gens s'arrêtent pour regarder ce qui se passe. On explique aux nouveaux venus les faits, on commente. Inconscients, ceux qui n'ont rien entendu rigolent, papotent. Des groupes, après un regard distrait, passent leur chemin sans interrompre leur bavardage... Une scène courante. Et ici, une scène à la Goldoni.
Soudain, la même voix qui avait injurié le jeune désespéré surgit du silence " laissez-moi sortir, je veux sortir, je me sens mal, pourquoi on reste là ? laissez moi". Et la voix qui avait hurlé au batelier de jeter les bouées, invective la femme. "Tu n'as pas honte, tu ne peux pas patienter, ce type que tu traitais de merde est mort et tu ne penses qu'à tes fesses ? C'est toi la merde". S'en suit un échange musclé. Là encore, dans d’autres circonstances, tout le public aurait ri ! Une scène de Commedia dell'Arte comme les vénitiens - et les italiens en général - en raffolent. Hélas, sur le palcoscenico, aujourd'hui un jeune homme a perdu la vie.
Crier "Africa" est une apostrophe sinon affectueuse, du moins courante à l'adresse d'un étranger, à la romaine ou à la napolitaine. Rien de raciste qui soit avéré dans ce cri. Lancé ici à l'adresse du jeune gambien pour attirer son attention vers les bouées qu'on venait de lui jeter, ou à l'intention des bateaux qui passaient pour leur signaler le jeune homme, cela n'avait rien d'injurieux ou de méprisant. Un cri spontané lié à l'effroi. Un cri maladroit pour tenter de le ramener à la raison peut-être aussi... J'ai souvent rencontré ici des gens frustres qui pensent qu'un migrant africain ne parle que petit nègre et ne comprend pas tout. Les vendeurs de faux Vuitton qui pullulaient un moment dans les rues de Venise n'avaient-ils pas été surnommé (par la presse) les Vu comprà ? Personne à l'époque n'y avait vu un épithète à caractère raciste... Il faut relire les propos de Tintin en Afrique aujourd'hui considérés comme méprisants. Ils en sont encore là.
On ergote sur l'indifférence, sur la non intervention des gens... Venise n'est pas une ville comme les autres, tout prend des proportions différentes ici. L'absence de voitures, l'essentiel de la vie qui se passe dans les rues, le chaos mal contenu causé par les hordes de visiteurs et qui finit par créer des tensions, tout concourt à poser un décor et une atmosphère différente de celle des autres grandes villes d'aujourd'hui. Mais les habitants ont toujours conservé cet esprit d'autrefois qui transforme le moindre incident, la moindre algarade en une affaire publique, le plus souvent légère et joyeuse, fort heureusement. Non, à Venise, de par sa structure même, personne n'est indifférent. Pourrait-on dire la même chose de Paris ou de Londres, où vitesse et indifférence règnent en maîtres incontestés ?
Peut-être qu'en été beaucoup auraient sauté sans hésiter. Mais encore une fois à cet endroit c'est dangereux. Le courant, le trafic et parfois la vitesse de certaines embarcations. Comme l'a dit un vénitien : « J'aurai certainement tenté de l'aider mais je ne crois pas que je me serai jeté à l'eau ». Interrogé pour la télévision, il répondait à la question d'une jeune journaliste : « Et vous, auriez-vous sauté ? ». Et un pompier de rajouter sur une autre antenne : « Habillé, on ne tient pas cinq minutes dans cette eau glacée. Si des gens avaient sauté, nous n'aurions pas eu un mort, mais trois ou quatre ! »...
Le parquet a rendu un premier rapport. Le verdict est tombé : finalement, il y a bien eu non assistance à personne en danger. Il ne s'agit pas des gens restés à filmer la scène, mais du pilote de la vedette du Casino qui passait là au même moment et a vu la scène. L'homme, âgé de 36 ans, qui conduisait le bateau a été inculpé. Toutes les images confirment les témoignages : passant près du jeune homme il n'a rien tenté, n'a pas diminué l'allure du bateau, et à continué sa route, indifférent. Le procès permettra de savoir la raison de cette attitude. S'est-il enfermé dans sa mission, devait-il aller chercher ou ramener quelques VIP au casino voisin ? A-t-il sciemment continué sa route en dépit des cris que le public lui lançait parce que l'homme était noir ? Cette infraction au code international de la navigation est considérée comme un crime.
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Une couronne et le silence recueilli de la population
« El fa finta, disgraxià ». On a dit que quelqu'un avait crié cela pendant que le garçon se noyait. Non il ne faisait pas semblant. Dans son désespoir, il a dit assezFiori per Pateh, profugo morto a VeneziaC'est juste ainsi qu'il faut désormais penser cette triste affaire. Défendre la solidarité sans condition, permanente, active mais en même temps refuser l'anathème, les raccourcis, les présupposés et les approximations. Venise, comme l'Italie est touchée par la grande peur devant l'afflux des migrants. La crise rend la vie dure et les gens inquiets. Mais le racisme, la haine et le mépris ne sont pas dans les mœurs italiennes. Le sens de l'autre, l'accueil, la disponibilité demeurent des valeurs profondément ancrées dans l'ADN de ce pays. La foule venue spontanément rendre un hommage silencieux au jeune gambien en est la confirmation. Son silence a étouffé les pitoyables cris racistes de la femme en colère. Mais de cela aucun journal n'a parlé. C'est tellement moins porteur..
„. Assez de cette vie de marginal, assez de l'incertitude, assez des vaines espérances. Pourquoi n'as-tu n'a pas fait semblant quand tu as salué ta famille puis que tu es reparti de ton pays pauvre et ravagé [...] Si tu es parti, c'est que tu faisais partie de ceux qui croyaient en une vie plus digne. Mais les amis, de ceux qui auraient pu s'occuper de toi, seulement de toi, pas comme un matricule, pas comme dans un formulaire, où étaient-ils ? Tu n'as rencontré personne ici, dans notre monde qui sait seulement se méfier mais perd de vue ce que c'est que la solidarité. Nous voudrions t'avoir connu le jour d'avant, Pateh. Nous t'aurions embrassé, nous t'aurions serré dans nos bras. Nous aurions au moins essayé.»
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19 décembre 2016
Mériter Venise ou l'éloge de la Lenteur
Le vrai tempo de Venise
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