Il
venait d'Amérique du Sud, sa famille était originaire d'Italie, il
était devenu l'un des écrivains français les plus importants de son
temps, reconnu et couronné par ses pairs. L'académicien Hector Bianciotti vient
de s'éteindre à l'âge de 82 ans, après des mois d'une terrible
souffrance, peut-être la pire pour un auteur, quand il ne trouve plus
les mots et en perd le sens même. Après avoir écrit en espagnol, après
s'être intéressé à la littérature italienne qu'il fit traduire le plus
souvent possible quand il était éditeur chez Gallimard, Bianciotti s'exprima en français. cela donna des ouvrages magnifiques, comme Sans la miséricorde du Christ qui lui valut en 1985, le prix Fémina en suivi par le prix de l'Académie Française, Le Traité des saisons, ou encore l'émouvant Seules les larmes seront comptées.
Le dernier texte que j'ai lu de lui, Le pas si lent de l'amour, m'avait remué. L'écrivain s'y montrait convaincu de n'avoir pas d'autre issue à sa vie que de "se perdre pour toujours" :
"La vie est trop dissipée pour le pas si lent de l'amour ; il se fait tard ; et je n'ai pas d'Ithaque."
Il
avait compris que Venise, où l'infini prend si peu de place, pouvait
être conçue comme un mythe et que si on a le bonheur de pouvoir s'y
fondre réellement un jour - privilège somme toute assez rare - on y
était enfin chez soi.