Je revenais l'autre jeudi d'une réunion à Montauban. Ne conduisant pas, mes déplacements depuis toujours se font le plus souvent en train. Pour m'y rendre, j'ai dû changer à Marmande, petite ville pittoresque. Par chance - il était à peine 9 heures du matin - le magasin de journaux de la gare était ouvert. C'est le supplément du Figaro qui retint mon attention, un numéro entier consacré à la "Venise éternelle"...
J'avais un peu moins d'une heure avant ma correspondance. Trouver un café ouvert si tôt le matin fut assez compliqué, la gare en travaux avait peut-être ou aura une brasserie comme toutes les gares se doivent d'en avoir, mais en l'occurrence rien en dehors d'un automate distributeur de boissons ou de sucreries. Et c'est en face que j'ai trouvé un débit de tabacs avec quelques tables à l'extérieur.
Curieux comme en France, les gens commencent tard leur journée. En Italie, et notamment à Venise, on peut trouver dès avant 7 heures un endroit pour se restaurer, boire un café et manger une brioche. A Marmande avant 10 heures, il n'y a que ce Bar-Tabacs un peu glauque. Au moins le café était chaud, la tenancière aimable et les consommateurs matutinaux, déjà au Ricard pour certains et tous venus gratter un de ces tickets qui peuvent en un coup d'ongle changer la vie des joueurs. Deux vieux italiens étaient attablés juste à côté de moi. Immigrés venus soixante ans plus tôt du Trentin. La conversation s'engagea vite quand ils virent la couverture de la revue. Ils ont quitté la Vénétie avec leurs parents alors qu'ils portaient encore des culottes courtes. L'un d'entre eux se souvenait de ses vacances chez un oncle à Jesolo. On a parlé de la lagune, de ses bateaux. C'était sympathique.
En évoquant cette rencontre inopinée, je m'apprêtais à rédiger un billet sur les embarcations vénitiennes. Le hasard d'une conversation tout à l'heure avec une amie, fidèle lectrice du blog et soutien des premiers jours qui en revenait, m'a rappelé que ce dimanche était le jour de la grande régate des gréements traditionnels, notamment de la régate al terzo (au tiers), - c'est-à dire des voiles auriques - très attendue et très belle surtout quand, comme ce dimanche, le temps est magnifique et l'air très doux. Cette course existe depuis une quinzaine d'année.
L'édition 2022 de la «Veleziana » ( la XVe), s'est donc tenue aujourd'hui à Venise, dans le Bassin de San Marco, du côté de l'Arsenal, face à la Biennale d'art contemporain qui entame son dernier mois d'ouverture. Cette régate et le grand évènement automnal pour la plaisance à Venise, grand moment pour les amateurs de voile hauturière est organisée par la Compagnia della Vela, dans le cadre du programme de « Le Città in Festa », réunissait plus de 250 participants qui se sont affrontés dans les eaux de la lagune.
La Veleziana clôt une semaine importante pour la navigation dans le nord de l'Adriatique. Elle suit la Barcolana de Trieste, formant une combinaison d'événements attractifs qui attirent beaucoup de monde, tant du côté des participants que des spectateurs. Outre les professionnels de la voile, de nombreux passionnés se pressaient sur la ligne de départ ce dimanche matin à 11h, au Lido, pour une arrivée au bout du bassin de San Marco.
Les bateaux arrivés vendredi et samedi étaient amarrés pour la première fois à l'intérieur de l'Arsenal, où se tenait hier soir la soirée des équipages qui a été une belle réussite.
Trois autres événements de voile étaient également prévus ce week-end. Vendredi les bateaux participants à la course Trieste-Venise, baptisée «Deux villes, une mer », (régate au large organisée en partenariat avec le Yacht Club Adriaco) sont arrivés à Venise. Puis samedi, plus de 60 Dinghy 12 ont participé à la IVème édition de la Veleziana Dinghy 12' Cup, co-organisée avec l'Associazione Velica Lido. Pour cet événement, jusqu'à 5 tests ont eu lieu dans le plan d'eau devant le siège de l'association Lidense et, à la fin, en plus des trois prix du classement, était décerné également le Prix Master (65 ans et plus), le Prix Super Master (à partir de 75 ans), le Prix Legend (à partir de 80 ans) et la Prix Féminin. Puis ce fut le tour de la course toujours très attendue, la course dédiée aux gréements auriques traditionnels, les splendides voiles au tiers (Vela al terzo) pour un défi qui leur est dédié, la fameuse Veleziana al Terzo.
[Crédits photographiques © Catherine Hédouin, 2022 pour les photos 3, 4, 5, 6]