Il
y a 30 ans aujourd’hui mon père nous quittait. Je rends grâce pour tout
ce qu’en plus de la vie je lui dois, et de là où il est, je sais qu’avec notre mère, il
se réjouit de voir leurs merveilleux petits-enfants grandir et embellir.
Je regrette de n’avoir pas su lui dire quand je le pouvais encore, tout
mon amour, mon affection, mon admiration et ma reconnaissance ! J'ai
découvert récemment dans un carnet lui appartenant, ce texte noté de sa
main qui semble comme un conseil, une règle de vie adressée par delà le
temps à ses fils.
Sous le titre « Le sabbat est fait pour l'homme», il s'agit en fait d'un écrit d'Aelred de Rielvaux, célèbre moine cistercien du XIe siècle, considéré comme docteur de la charité et de l'amitié :
« Quand un homme s'est retiré du tumulte extérieur pour rentrer dans le
secret de son cœur, qu'il a fermé sa porte à la bruyante foule des
vanités et a fait le tour de ses trésors intérieurs, quand il n'a plus
rien rencontré en lui d'agité ni de désordonné, rien qui puisse le
tourmenter ou le contrarier mais que tout en lui est plein de joie,
d'harmonie, de paix, de tranquillité ; quand tout le petit monde de ses
pensées, paroles et actions lui sourit comme le ferait la maisonnée d'un
père de famille dans une demeure où règne l'ordre et la paix ; alors se
lève soudain une merveilleuse assurance. Et de cette assurance vient
une joie extraordinaire et de cette joie jaillit un chant d'allégresse
qui éclate en louanges de Dieu.
Ces louanges sont d'autant plus
ferventes que l'on voit plus clairement combien tout ce qui est bon en
soi-même est un don de Dieu. C'est la joyeuse célébration du sabbat qui
doit être précédée de six autres jours, c'est-à-dire du complet
achèvement des œuvres. Nous transpirons d'abord en faisant des œuvres
bonnes, pour nous reposer ensuite dans la paix de notre conscience A
partir des œuvres bonnes naît la pureté de la conscience qui conduit au juste amour de soi-même, qui nous permettra d'aimer notre prochain comme nous-mêmes.»
Même
pour les non-croyants - mon père croyait en Dieu mais restait profondément agnostique -, ces paroles ont une résonance particulière. Les
évidences énoncées sont tellement porteuses de paix et de vérité. un
appel à la sérénité que j'assimile bien évidemment aux sensations que
procure un séjour à Venise. Pas vous ?
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