1er juin 1982, 10 heures.
Doux soleil sur la lagune. La barque a glissé doucement sur les canaux tranquilles. Il faisait un peu frais ce matin mais le soleil maintenant éclate comme en été. presque trop chaud. Nous voguons vers le Lido. Des motoscafi nous croisent, un cargo grec vient de saluer la ville en entrant dans le chenal. Ou bien était-ce nous qu'il honorait au passage ? Des pêcheurs nous encouragent en agitant leur casquette. Impression incroyable que celle qui nous saisit à chaque fois, lorsque debouts sous le soleil de l'Adriatique, nous voguons. Nos corps, dans un rythme identique, impeccable harmonie dont nous sommes fiers, avancent et reculent en suivant le mouvement de nos rames. Le glissement de la barque sur l'eau me rappelle un bruit de soie froissée. L'image d'une jolie fille en robe de bal me vient en mémoire. Etait-ce ici à Venise ou autrefois, dans ces improbables soirées bordelaises où nous nous enivrions d'odeurs et de sensations, persuadés d'être les rois d'un monde merveilleux protégé et immuable ? La chaleur nous envahit et décuple nos forces. Nous avançons, tendus dans l'effort. Mon coéquipier pousse des "han, han" auxquels répondent le bruissement de nos rames sur les forcole ; un rictus presque méchant déforme son visage. Il transpire. Comme lui, je suis en nage.
J'aime cette sensation quand l'effort est extrême, presque sensuel et qu'enfle en nous cette sensation de plénitude. Le vent, toujours présent à cet endroit de la lagune, comme une caresse rend nos mouvements plus légers. Nous approchons du Lido. Le ciel est incroyablement bleu. Nous accostons près du cimetière juif, là où le ponton de bois est un peu en pente. Au retour, nous utiliserons le moteur.
Notre bon pupparin amarré, nous sautons à terre, les jambes un peu douloureuses et remontons par les avenues qui longent les immeubles sans beauté, près de l'hôpital. Il y a sur ce chemin une patisserie où nous allons trouver de quoi récompenser notre effort. Les meilleures tartes aux amandes de toute la lagune. Des sortes de petits paniers en pâte sablée tendre à souhait remplie de cette pâte sucrée, parfumée avec les morceaux d'amande qui fondent dans la bouche...
Nous avons rendez-vous avec Julia et Marina qui ont dormi sur place, dans la maison d'une tante de Marina, partie pour Milan. Il y aura aussi ce garçon anglais que j'aime beaucoup. Son père est de Venise et sa mère de Londres. Il est intelligent, beau, raffiné et aime, comme nous voguer sur la lagune et se baigner la nuit au Lido. Il sort avec une fille gentille qui aimerait retourner avec lui à Londres mais qui devra attendre de finir ses études.
La maison est dans un désordre inimaginable. Il fait tellement chaud que toutes les fenêtres sont ouvertes. les rideaux volent au vent. C'est beau comme une image de film.
Une chanson de Tom Waits nous accueille. Après un verre de vin blanc bien frais, nous partons pour les murazzi. Ce sera notre première baignade. L'eau est fraîche.
De nombreux baigneurs nous ont devancé pourtant. Les rochers sont chauds et parfumés comme en été. Près de nous, deux très jeunes garçons nus, plongent et replongent en riant.
Incroyable sensation de plénitude. Comme une journée de plein été.
Nous regagnons Venise vers 19 heures. Le moteur ronronne, les avirons gisent sous nos pieds. Éreintés, nous parlons peu. Federico a pris un coup de soleil sur le nez. Anna et sa sœur Graziella rentrent avec nous. Il fait doux. La lagune est remplie d'odeurs sucrées. L'eau est d'un vert d'émeraude. "Une lumière de cinéma" dit Federico.
Dîner ensuite au Paradiso Perduto, après avoir retrouvé les autres au baretto, à Santa Margherita. Antonio le serveur est en pleine forme. Il est aux petits soins et nous rejoint dans la salle du fond.
Il voudrait que j'aille écouter son groupe, Death in Venice. Il voudrait bien davantage aussi ce me semble. Federico et les autres se moquent de ma tête quand il me fait comprendre son attirance et que je reste la bouche ouverte. Mais qu'ont-ils tous ?
Tout le monde a un peu bu. Les filles sont belles. J'ai la tête qui tourne.
Tom Waits encore en fond sonore. Blue Valentine... Comme un générique pour illustrer notre journée sur la lagune. Demain, les premiers certificats de la maîtrise. A la grâce de Dieu.
Nous avons rendez-vous avec Julia et Marina qui ont dormi sur place, dans la maison d'une tante de Marina, partie pour Milan. Il y aura aussi ce garçon anglais que j'aime beaucoup. Son père est de Venise et sa mère de Londres. Il est intelligent, beau, raffiné et aime, comme nous voguer sur la lagune et se baigner la nuit au Lido. Il sort avec une fille gentille qui aimerait retourner avec lui à Londres mais qui devra attendre de finir ses études.
La maison est dans un désordre inimaginable. Il fait tellement chaud que toutes les fenêtres sont ouvertes. les rideaux volent au vent. C'est beau comme une image de film.
Une chanson de Tom Waits nous accueille. Après un verre de vin blanc bien frais, nous partons pour les murazzi. Ce sera notre première baignade. L'eau est fraîche.
De nombreux baigneurs nous ont devancé pourtant. Les rochers sont chauds et parfumés comme en été. Près de nous, deux très jeunes garçons nus, plongent et replongent en riant.
Incroyable sensation de plénitude. Comme une journée de plein été.
Nous regagnons Venise vers 19 heures. Le moteur ronronne, les avirons gisent sous nos pieds. Éreintés, nous parlons peu. Federico a pris un coup de soleil sur le nez. Anna et sa sœur Graziella rentrent avec nous. Il fait doux. La lagune est remplie d'odeurs sucrées. L'eau est d'un vert d'émeraude. "Une lumière de cinéma" dit Federico.
Dîner ensuite au Paradiso Perduto, après avoir retrouvé les autres au baretto, à Santa Margherita. Antonio le serveur est en pleine forme. Il est aux petits soins et nous rejoint dans la salle du fond.
Il voudrait que j'aille écouter son groupe, Death in Venice. Il voudrait bien davantage aussi ce me semble. Federico et les autres se moquent de ma tête quand il me fait comprendre son attirance et que je reste la bouche ouverte. Mais qu'ont-ils tous ?
Tout le monde a un peu bu. Les filles sont belles. J'ai la tête qui tourne.
Tom Waits encore en fond sonore. Blue Valentine... Comme un générique pour illustrer notre journée sur la lagune. Demain, les premiers certificats de la maîtrise. A la grâce de Dieu.