06 novembre 2024

Fortuny, un prince de l'esthétique à Venise

Début des années 80, le commencement de l'hiver à Venise. A l'époque les étudiants ne disposaient pas d'autant de lieux qu'aujourd'hui pour se retrouver après les cours et le soir tout fermait rapidement. Dès 18 heures une chape de brume et de silence recouvrait la ville. C'était envoûtant mais parfois désespérant pour les jeunes gens que nous étions. Quelques établissements cependant restaient ouverts tard, mais au vu du public qui les fréquentait, l'addition était vite salée. Le Haig's, près du Gritti, le Cherubin' à San Luca... Il y avait aussi - plus abordable - le Corner pub, à San Vio, qui existe toujours. Ailleurs, les bars baissaient leur rideau dès la tombée du jour. Je connaissais encore peu de monde, quelques étudiants, surtout ceux de mon cours à la Dante Alighieri pour parfaire mes connaissances en italien. Surtout des étrangers. Je désespérais de frayer avec mes condisciples italiens et je n'avais encore aucune relation avec des vénitiens en dehors de Gabriele avec qui je travaillais chez Biasin et du plus jeune fils de l'aubergiste, Federico. 
 
C'est au Cherubin que je rencontrais par hasard un groupe de vénitiens de mon âge. A l'époque je fumais des Craven A, cigarettes de tabac blond au goût délicieux munies d'un faux-filtre qu'on vendait dans un emballage de carton renforcé rouge et blanc que je trouvais fort élégant. C'étaient déjà les cigarettes que fumaient mes parents. Je ne sais pas ce qu'un psychanalyste en déduirait, mais cela avait attiré l'attention du petit groupe. 
 
Ils étaient quatre ou cinq dont deux filles ravissantes déjà croisées du côté de Santa Margherita. J'avais remarqué leur allure, nonchalante autant que décidée, qui me rappela aussitôt ma bande d'amis laissée en France, Nicolas, Antoine, Didier, Marie-Laure et les autres... Ceux que nous appelions à Sciences-Po la bande de Cognac car ils venaient tous de Charente, filles et fils de familles liées à la production de ce nectar.
 
Ils n'avaient plus de cigarettes, j'avais un paquet à peine entamé. J'en offris. Ils me payèrent un second verre. La soirée fut drôle, mes nouveaux amis sympathiques. Parmi eux, l'une des filles et son copain étaient en Histoire de l'Art à San Sebastiano. Tous deux travaillaient au Palais Fortuny que je n'avais visité qu'une fois. Quand il fallut partir, rendez-vous fut pris le lendemain pour visiter cet endroit magique, à l'époque peu connu.  C'est ainsi que j'eus droit à une visite du palazzo de fond en combles. Dès lors, je ne ratais plus aucun vernissage. 
 
J'ai eu ainsi la chance de pouvoir me promener partout comme quelques années plus tard nous le ferions au Mocenigo - prenant le thé dans l'un des salons - avant que les lieux soient finalement ouverts au public. Privilège dont je n'avais pas conscience à l'époque. Mais cela est une autre histoire.
 
Palazzo Dario. © Gunter Derleth /Venice,Camera Oscura, 2000.Tous Droits Réservés

...Raconter que nous restions parfois très tard à papoter au début de l'été assis sur les marches de l'escalier intérieur...Que nous avions la possibilité d'ouvrir toutes les portes, de visiter mêmes les lieux non ouverts au public... Cela parait impossible aujourd'hui, où tout est verrouillé, clos, protégé, surveillé à l'image du monde et des esprits... La plupart des pièces sentaient la poussière, les tiroirs étaient gorgés d'objets abandonnés, témoignages d'une vraie vie, « une vie d'avant » comme disait ma fille Alix petite pour parler des lieux qui la faisaient rêver... Beaucoup trouvèrent depuis un nouvel emplacement, plus cinégénique quand le palais prit vraiment l'allure d'un musée. J'ai eu la même impression en visitant un jour la Ca'Dario et son jardin. Il restait peu de mobilier à l'époque, mais certaines pièces étaient encore garnies avec des meubles hétéroclites, quelques coussins de velours fanés ou de soie brûlée et le jardin très encombré. Il y avait un système pour actionner la porte au grillage de bois qui permet d'accéder à la petite allée qui mène au ponton sur le grand-canal, entre le palais Dario et son voisin la Ca'Barbaro-Walkoff. Le gardien du Dario nous laissait rentrer, trop heureux d'avoir de la compagnie. Je ne sais plus par qui ou pour quelles raisons nous avions pu disposer de ce privilège, banal certes, mais qui me semblait précieux alors. Nous y allions souvent. Une autre époque, nous abordions les années 80 où tout allait changer. Je raconterai un jour les nombreuses fois où nous nous sommes faufilés dans des lieux abandonnés ou fermés, des étages interdits et des greniers fantastiques...
 
By Courtsey of © Vittorio Sgarbi, edizione FMR, 1984.

Mais revenons à Mariano Fortuny, (1871-1949), cet esthète hors-pair. Comme son père il peignait, comme son père il était plein de talents et d'idées, et... d'entregent. 
« Les hommes et les femmes de la Renaissance» sont rares qui vécurent après le XVIe siècle jusqu'aux temps modernes. Et lorsqu'ils honorent le siècle de leur présence, ils sont exceptionnels ! C'est le cas de Mariano Fortuny y Mandrazo, de l'entreprise éponyme Fortuny. Artiste, designer, photographe, graveur, architecte et peintre, il est arrivé à Venise en provenance de Grenade, à la fin du XIXe siècle, à l'époque où la ville était l'une des plus riches du monde, et il a fini par créer un empire textile.»
La légende veut qu'à son arrivée dans la Sérénissime, le jeune artiste ait été instantanément séduit par la lumière magique de la ville, par sa palette de couleurs époustouflantes. Il passait des heures terré dans le grenier du Palazzo Martinengo (depuis Palazzo Fortuny) à expérimenter les pigments, les couleurs, à étudier la lumière , les ombres et la photographie. Ces jeux combinés et le fait de suivre les traces d'une longue lignée d'artistes familiaux, (son arrière-grand-père, son grand-père, son oncle et son père), ont permis à Mariano Fortuny de créer une usine de textile et d'impression sur soie à qui il donna son nom. Les lecteurs de Tramezzinimag savent tous que l'entreprise existe encore aujourd'hui. 
 

Venise était sa muse, la haute société devint vite son terrain de jeu et la plupart de ses acteurs - dont les meilleurs, tous célèbres et brillants comme Gabriele D'Annunzio, l'actrice Eleonora Duse et l'écrivain Hugo von Hofmannsthal - étaient ses amis. Sa créativité s'enrichit ainsi de tous leurs échanges. L'une de ses inspirations les plus lyriques est venue du concept de Gesamtkunstwerk de Richard Wagner, cette synergie fondamentale qui regroupe tous les arts que le créateur doit maîtriser pour élaborer un opéra, l'écriture et la musique bien évidemment, mais aussi les techniques scéniques, les décors, les costumes, l'éclairage et la conception architecturale du théâtre... Fortuny, enhardi par cette idée qui s'alignait également sur les pratiques esthétiques de la Grèce antique, a supervisé les moindres détails de ses créations, du développement des couleurs exactes de ses propres pigments à la création de ses propres chevalets, en passant par la conception de ses propres blocs pour l'impression des motifs textiles, des motifs uniques et facilement distinctifs qui peuvent être imitées mais n'ont jamais la perfection des créations pures du maître.. 
 
 
Les teintures et les pigments caractéristiques de la marque (impossibles à reproduire) ont été créés grâce à des techniques traditionnelles, inventées par les tisserands vénitiens, en tenant compte aussi des conditions climatiques uniques de la cité des doges. Fortuny a été fortement influencé par la lumière, les reflets et les couleurs hypnotiques de la ville, ces tons qui passent du jade à l'émeraude en passant par le bleu unique des eaux des canaux au printemps, ces effets de clair-obscur de l'hiver vénitien, en passant par les teintes chaudes et scintillantes des ciels d'été vénitiens... À l'époque, les Vénitiens superstitieux racontaient que le créateur avait recours à la magie et à la sorcellerie pour réaliser ses créations oniriques. Inventeur infatigable, l'artiste a déposé plus d'une douzaine de brevets pour ses tissus, ses papiers peints, ses lampes et ses créations vestimentaires, dont le fameux tissu plissè. Il est l'inventeur d'un système d'éclairage théâtral indirect et son fameux lampadaire crée en 1907 demeure un must. (1) 

La fameuse robe Delphos, créée en 1920

La robe Delphos, la plus célèbre création de Fortuny avec son épouse Henriette Negrin, a choqué le monde de la mode lors de sa sortie en 1930. Décrite par Marcel Proust comme « fidèlement antique mais nettement originale », cette robe plissée, simple et ajustée, était aussi scandaleuse que douce. Réalisée en soie ou en velours dans une gamme de couleurs chatoyantes, Fortuny a enfilé des perles de verre de Murano sur des fils de soie pour donner du poids à la robe et maintenir sa forme en place. Mais où est le scandale, vous demandez-vous ? Il voulait que la robe soit portée sans corset ni gaine, à même le corps. « seulement le strict nécessaire », à la Rose McGowan. La valeur actuelle d'un modèle original tourne autour de 30.000 dollars... La robe a été adorée et ornée par de nombreuses personnes au cours du siècle dernier, dont Peggy Guggenheim, l'actrice Lauren Bacall et l'intellectuelle Susan Sontag pour ne citer que les plus célèbres. 
 
Quelques conseils de lecture pour ceux qui veulent aller plus loin que ce long verbiage, voir Note 2, ci-dessous.
 
 Isadora Duncan et sa fille adoptive Irma,  en robes Delphos, en compagnie deSergei Yesenin 1922.

Aujourd'hui, les visiteurs peuvent découvrir l'incroyable talent de Fortuny et ses chefs-d'œuvre dans les salles du Palazzo Fortuny, son ancienne maison et son atelier dans un cadre datant du XIIIe siècle. L'usine et la salle d'exposition des établissements Fortuny, situés sur le canal de la Giudecca,  continuent de présenter au monde entier des tissus luxueux en utilisant les mêmes machines et les mêmes méthodes secrètes employées il y a plus d'n siècle. Bien que les visiteurs ne soient pas autorisés à pénétrer dans l'usine (secret de fabrication oblige !), ils peuvent visiter la salle d'exposition, le magasin et les jardins adjacents sur rendez-vous. 
 

© Montage Tramezzinimag 2022 - Tous Droits Réservés.


Notes :
 
1 -  Considéré par beaucoup comme l'un des produits d'éclairage les plus innovants et les plus remarquables de son époque, le lampadaire Fortuny est monté sur un trépied et conçu pour diriger la lumière vers l'intérieur de l'abat-jour (les designers faisaient l'inverse avant l'invention de Fortuny), ce qui permet d'obtenir un effet de projecteur de lumière et d'obtenir un doux flot de lumière. Aujourd'hui encore, cette lampe est considérée comme une icône contemporaine et intemporelle.
 
2 - Pour en savoir plus :
    - Gérard Macé, Le Manteau de Proust, éditions Le Bruit du Temps, 2014.
    - Marcel Proust, La Prisonnière, Gallimard.
    - Venise, Histoire, Promenades, Anthologie & Dictionnaire sous la direction de Delphine Gachet et Alessandro Scarsella, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2016. (pp.552-562, 975-976, etc.)
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26 juillet 2024

Coups de Cœur N°62

Miracles happen,
Marie Malherbe
Œuvres récentes
jusqu'au 31 août
Galleria Ferruzzi
DD368
sur rendez-vous
Après d'autres expositions à Venise, c'est la deuxième fois que Marie expose chez Ferruzzi, juste en face de l'ancienne galerie où j'ai eu le bonheur de travailler apprenant de Bobo mille choses à commencer par l'amour de la lumière, de la couleur et des vins rares du Veneto. Mais là n'est pas le sujet. Le travail de Marie Malherbe mérite d'être vu, il est rempli de poésie, de spiritualité et de force. Chagall est souvent évoqué quand on évoque ses travaux, mais c'est du Malherbe. Quelque soit le support, l'artiste née à Nice mais vivant en autriche, qui a étudié à Ca'Foscari en même temps qu'elle fut élève à la Scuola di Grafica de la ville, montre son talent dans un kaléidoscope de couleurs et de formes où la spiritualité se mêle à la sensualité, la lumière au silence. Avis aux personnes sensibles à l'âme de poète, ses travaux peuvent émouvoir et atteindre au plus profond de l'âme. On y perçoit autre chose qu'une émotion ou une foi. Il y a de la profondeur, de l'amour et du sens, du sol au plafond. C'est jusqu'au 31 août, et sur RDV (en appelant au +43 650 630 04 08). Allez-y vite, pour ceux qui ne connaissent pas le lieu, c'est juste en face de la boutique de la Guggenheim, entre San Vio et les Zattere. Sur le chemin vers le gianduioto de la Gelateria Nico. Nous reviendront bientôt dans Tramezzinimag sur cette exposition et sur l'artiste, son originalité et son parcours.

The Russian Saxophone
Edison Denisov,
Sonate for Alto Saxophone and Cello
Claude Delangle, Verene Westpahl.
Label Bis-765 CD
1996 
La musique d'aujourd'hui est parfois difficile pour les oreilles habituées au baroque pourtant des compositeurs contemporains nous offrent parfois de bien belles choses. C'est le cas de ces compositeurs russes qui ont écrit pour le saxophone des pièces de grande qualité. Par le biais de Juliette Fabre dont nos lecteurs se souviennent de la chronique publiée dans nos colonnes à l'époque où cette jeune architecte étudiait à Venise. Je l'avais connue alors que je présidais l'association Tempo di Cello fondée avec Laurence Lacombe, qui réunissait de nombreux violoncellistes professionnels et amateurs. Violoncelliste au conservatoire, elle vint étudier l'architecture à Venise. Une jolie plume et une interprète passionnée. D'abord réticent, elle cita ce disque il y a quelques années en le recommandant. A mon tour de le proposer aux oreilles des lecteurs de Tramezzinimag. Le CD réunit outre deux oeuvres de Denisov, des pièces de Sofia Gubaidulina,Vadim Karasikov, Alexander Raskatov, Alexander Vustin. Cette musique mériterait d'être mieux connue. En ces temps où on nous dresse contre la Sainte Russie et les russes, alors qu'il ne s'agit que d'une sordide histoire de suprématie financière et d'ego. France et Russie, hormis la détestable parenthèse de Buonaparte, sont deux pays frères qui ont su apprécier au cours des siècles la culture de chacun des deux nations. Ci-après le lien pour se faire une idée de cette sonate où le saxophone et le violoncelle marient leurs sonorités dans une belle harmonie et du caractère : ICI
 

Galuppi, Goldoni
Il mondo alla roversa
Coro della Radio Svizzera, Lugano and Coro calicantus
Label Chandos, 2001
CD  
Un disque tout à fait adapté à l'été dont on aura beaucoup douté ces dernières semaines mais qui semble bien vouloir remplir ses obligations. Une musique pleine de vie, de joie et de légèreté sans pour cela tomber dans le mièvre ou le convenu. Rien de révolutionnaire, de surprenant non plus. Comme l'a écrit un critique britannique «Rien qui change la vie», mais un bon exemple de la musique lyrique à Venise du milieu du XVIIIe siècle.  
Créé en 1750 au Teatro San Cassiano de Venise, Il Mondo alla roversa, musique de Baldassare Galuppi et livret de Carlo Goldoni, est une vraie rareté. Réalisé à Lugano, il y a un peu plus de vingt ans, avait permis de faire redécouvrir cet opera seria pour le moins original avec l'Ensemble I Barocchisti dirigé par Diego Fasolis avec le ténor Davide Livermore, qui a fait depuis une belle carrière de metteur en scène.
L’intrigue est pour le moins originale (on est en 1750 !) : dans ce monde à l’envers, les femmes dirigent le pays. Parmi elles, trois fortes personnalités sont animées par la jalousie, l’ambition et les luttes de pouvoir... des comportements finalement très masculins ! Une histoire somme toute très moderne où les femmes font la loi jusqu'à ce que les chamailleries forcent les hommes à imposer leur pouvoir. C'est enlevé et spirituel, bien élevé et on ne s'ennuie pas à l'écoute de ce disque. 
Le premier acte présente les protagonistes et les airs se succèdent, on s'ennuie donc un peu mais l'intérêt décolle avec un trio – le premier morceau qui n’est pas un numéro pour soliste seul – lorsque le séducteur Giacinto qui courtise en même temps Aurora et Cintia, propose de se couper en deux pour satisfaire chacune : « Mie belle, se volete, io mi dividero ». 
Puis la force de la pièce se maintient jusqu’à la fin, comme dans la scène qui suit immédiatement, à l’occasion d’un vote pour déterminer qui, de Tulia, Aurora ou Cintia, dirigera le monde, après que l’une émit l’idée d’une monarchie. Aucune ne recueillant le moindre suffrage, le chœur chante à nouveau « Libertà, libertà, cara libertà ». 
Au dernier acte, les situations deviennent cocasses quand Cintia demande à Giacinto, comme condition de leur union, de tuer cent femmes. Celui-ci accepte mais craque à la première rencontrée, Aurora… « Qui peut résister à la beauté des femmes » ! Cela se termine par un quatuor accompagné d’une gestique saccadée, comme des mouvements de marionnettes.
L'écriture de Galuppi est étonnamment moderne par rapport à tout ce qu'on trouve à cette époque dans le reste de l'Europe, Italie comprise. On sent des vibrations nouvelle annonciatrices de l'opéra moderne, comme bien des années plus tard avec les  Giacomo Rossini. Le final de l'Acte II en est la preuve sonore). Un agréable moment musical donc bien dirigé et interprété. Chez les bons disquaires lisaient-on dans ma jeunesse dans les publicités.


21 juillet 2024

Redentore 2024 : un joyeux millésime

Pour Anne L. dont c'est le premier Redentore

Pour les médias internationaux et les touristes, la Fête du Redentore, c'est avant tout un gigantesque feu d'artifice. Quelques uns évoquent le pont votif qui enjambe traditionnellement le canal de la Giudecca. Mais rares sont les journalistes qui soulignent l'importance de cette fête pour les vénitiens.


D'autres pays aussi, ont leur tradition de feux d'artifice, d'illuminations et de parades nautiques. Je me souviens de la première fois qu'il m'a été donné d'assister à Oxford au  May Day appelé aussi May Morning, quand juste avant l'aube le premier jour de mai, tout le monde se presse au pied du campanile de Magdalen College, pour écouter le chœur d'enfants du collège chanter en latin des madrigaux et recevoir la bénédiction solennelle. Même rituel depuis 1695... Étudiants, professeurs, visiteurs, familles, il y a foule sur le pont et sur les rives de la rivière Cherwell. Il y a plein de barques, remplies d'étudiants joyeux, et les abords du collége sont noirs de monde. Parfois certains plongent ensuite du pont, puis on assiste aux danses folkloriques avant d'aller boire et se restaurer. Les pubs et les cafés ouvrent très tôt ce jour-là. Certains existaient déjà du temps du roi Henri VIII !  Réminiscence de la Floralia, cette belle fête romaine pour célébrer le printemps revenu. Souvent à Oxford il pleut ce jour-là mais lorsque j'y assistais, le beau temps était de la partie !

A Venise, il y a lurette qu'on ne saute plus des ponts pour plonger dans les eaux de la Lagune. Quelques enfants, des adolescents provocateurs parfois, s'y baignent encore bien que cela soit interdit parce que dangereux à cause de toute la pollution invisible des eaux. Comme eux, je l'ai fait dans les années 80, depuis certains ponts de Cannaregio, du côté nord de la Giudecca, à Sacca Fisola aussi du temps où il y avait encore des semblants de plage.

Mais mon meilleur souvenir est du côté des Fondamente Nuove, au bout de la passerelle. Là on y allait la nuit, en barque le plus souvent et souvent une vedette de la police éclairait soudain nos ébats dans l'eau, nous nous faisions sermonner. C'était bon enfant, les policiers tous vénitiens, eux aussi avaient été jeunes...

Mais revenons à notre fête du Redentore. Tout commence par un pont, le pont votif,, une longue passerelle montée sur des barges, le chemin qu'emprunteront le jour J les pèlerins, avec en tête le patriarche et les autorités civiles et militaires bientôt suivis par la foule des vénitiens, tous redevenus très pieux pour ce jour-là. Les rives des deux côtés sont décorées de lampions. 


Un peu partout les riverains installent des tables, des chaises et des bancs. depuis quelques années, les emplacements sont marqués au sol et attribués en priorité aux habitants devant chez eux.

Les bateaux aussi sont décorés, fleuris, aménagés. Il y en aura sur tout le bassin de San Marco et à l'entrée du canal de la Giudecca. Le soir de la fête, on y fait ripaille entre amis, en famille. L'ambiance est joyeuse en attendant le feu d'artifice, l'un des plus beaux d'Europe dit-on ici. 

 

C'est vrai qu'il est toujours impressionnant, avec les mille reflets qui font pousser des cris d'admirations au public. Quand vient le bouquet final, tous les bateaux ou presque se précipitent vers le Lido où il est d'usage de se rendre pour continuer la fête sur les plages du Lido en attendant le lever du soleil. 

 

Une bien belle fête qui, une fois encore, montre combien les vénitiens sont attachés à leurs traditions lorsqu'elles ne sont pas dénaturées par les marchands du temple ou grossièrement déformées comme le carnaval tellement éloigné de ce qu'il fut lors de sa renaissance dans les années 78/80, une série de fêtes et d'évènements spontanés où l'esprit de la Sérénissime n'était pas encore souillé par la « disneylandisation » de la ville lagunaire... et la pollution permanente du tourisme Unesco.

21 juin 2024

L'ultime dogaresse ou la Narcisse magnifique

L
es lecteurs de Tramezzinimag ont déjà souvent entendu parler des Morosini, cette vieille et importante famille patricienne de Venise. Une légende familiale les fait descendre du célèbre roi des huns, Attila. Des généalogistes affirment qu’ils sont issus de marchands venus de Mantoue. Leur fortune fut immense et leur gloire, comme leur réputation furent très tôt reconnues et ils participèrent en 697 à l’élection du tout premier doge, Paolo Lucio Anafesto. Mais ont-ils entendu parler de l'impressionnante Annina Morosini ? Une histoire à faire étouffer de rage un lecteur du nom de personne ! (1)
 
Ils participèrent donc très tôt à la vie publique de la Sérénissime et lui donnèrent pas moins de huit doges ! : Domenico en 1147, Marino en 1249, Michele en 1382, qui mourut de la peste et ne régna que quatre mois et Tommaso en 1414,  Pietro en 1474, Giovanni en 1478, lui aussi mort de la peste et qu’on enterra dans la plus grande clandestinité par peur de la contagion. Le XVIe siècle vit monter sur le trône de San Marco, en Alvise Ier, grand intellectuel, sous le règne duquel eut lieu la fameuse bataille de Lépante et qui reçut en grande pompe le roi Henri III revenant de Pologne pour coiffer la couronne de France, son descendant Alvise II fut le premier doge du XVIIIe siècle qui parvint à faire vivre la république en paix tout au long de son règne en dépit de la guerre entre les espagnols et les français. Alvise III, communément appelé Sebastiano, fut élu en 1722. Lui aussi grand pacifiste, qui sut maintenir la neutralité de Venise. On lui doit le pavement de la Piazza et la construction du dernier Bucentaure, la somptueuse galère dogale que Buonaparte fera brûler, non pas pour détruire un symbole (contrairement à la légende tellement surfaite du caporal corse), mais pour en récupérer l’or qui recouvrait la coque et les sculptures du navire. Le dernier de la famille à coiffer le corno, antépénultième souverain de la République (il y en eut 120 entre 697 et 1797, soit 11 siècles !), le transparent Alvise IV, régna de 1773 à 1778. La famille donna aussi au cours des siècles à l’Église, un grand nombre de prélats, dont trois cardinaux et un patriarche de Constantinople. (2)
Le palais Morosini Da Mula sur Canalazzo
Longtemps après la chute de la République dépecée et ruinée par Buonaparte et par les autrichiens, un autre membre de l’illustre famille fit briller à nouveau le blason de la famille. C’est par son mariage avec le N.H. Michele Morosini, comte de l’Empire d’Autriche, que Anna Sara Nicoletta Maria Rombo est devenue une Morosini. Dite Annina en famille, elle était issue d’une famille de la grande bourgeoisie génoise et naquit à Palerme en 1864. Son père était un des principaux actionnaires de la Banque d’Italie. La petite fille grandit dans le deuil de ses deux aînées, mortes très jeunes, l’une de diphtérie, l’autre de consomption, avec une mère dépressive qui reporta ses attentes et ses soins sur la seule enfant qu’il lui restait.

C’est avec ce poids que l’enfant débarqua avec ses parents à Venise, son père y ayant été nommé gouverneur de la Banque d’État. Elle raconta souvent bien plus tard combien ces années furent difficiles, avec une sorte de chape de tristesse et de silence qui recouvrait la demeure familiale. Cela renforça son caractère et fut peut-être la cause de sa détermination d’être heureuse et l’origine de sa forte personnalité. « Je voulais faire tout mon possible pour satisfaire les ambitions de ma chère mère » écrivait-elle à dans une lettre à une amie qui devait devenir mon aïeule.

Annina devint une des plus jolies jeunes filles de Venise. Gracieuse, elle était élancée, très claire de peau, elle était brune avec des yeux verts qui ne laissèrent indifférent aucun jeune homme. Ils avaient la réputation de changer de nuances selon la lumière. La grâce personnifiée. Très vite, les calle qui entouraient la demeure familiale devinrent un but de promenades des jeunes messieurs de la bonne société vénitienne. Les jours de réception de sa mère, bon nombre des dames venaient accompagnées de leur fils. Les prétendants se firent nombreux.


Celui qu’elle choisit – avec ses parents – était un beau jeune homme issu d’une des plus grandes et nobles familles de la noblesse vénitienne. Michele Morosini, dit Gino en famille, descendait en ligne directe (la famille Morosini eut de nombreux ramages) du doge Francesco dit le Péloponésiaque (1618-1694). Il avait peu de fortune, mais le titre et le rang, ce qui manquait aux Rombo, très riches mais seulement (grands) bourgeois. 
 

robe de mariée maison Worth
Le mariage eut lieu en 1885. Annina avait 21 ans. Ce fut le mariage de l’année dont le monde entier parla. Un mariage royal, mais après tout Gino  ne descendait-il pas des doges, deux femmes de son sang ne furent-elles pas reines à la fin du Moyen-Âge, l’une coiffant la couronne de Hongrie et l’autre de Serbie ? La mariée portait une somptueuse robe dessinée à Paris par Worth, Venise    était en liesse comme aux heureux temps de la République. C’était bien le mariage d’une dogaresse, surnom dont elle fut affublée très vite, sans aucune nuance péjorative. Elle était tellement jeune, tellement jolie. Le jeune couple s’installa à la Ca' d'Oro. De cette union naquit une fille, baptisée Morosina. Mais en dépit des meilleurs auspices, ce ne fut pas un mariage heureux. Gino Mosorini supportait mal les mondanités, c’était un bel homme, cultivé, intelligent mais très réservé, timide qui n’aimait pas les fêtes et les relations superficielles. Ma grand-mère disait que le sang de bien des familles vénitiennes était fatigué et l’esprit des descendants des valeureux fondateurs de la Sérénissime affaibli. Morosini quitta femme et enfant pour s’installer à Paris.
 
Restée seule, elle quitte la Ca d’Oro pour le très agréable palazzo Da Mula, dont la façade a été immortalisée par Claude Monet. Appelée la Dogaressa, seule et libre de toute attache, se mit à vivre et à agir comme telle, participant activement à la vie sociale de la ville. Son salon devint rapidement le point de mire de la vie mondaine de la Sérénissime. Elle organisa jusqu’à la seconde guerre mondiale des fêtes restées légendaires. Ses grands bals costumé, celui de la Saint-Sylvestre, comme celui de la fête du Rédempteur étaient courus par toute la société vénitienne et beaucoup d’étrangers s’y pressaient. Elle y faisait se produire les plus grands artistes européens, les meilleurs orchestres européens jouèrent à ses soirées.
 
Parfaite hôtesse, elle tenait son rang avec grâce et rigueur, se comportant toujours comme une reine sait le faire. C’est ainsi qu’elle s’attira l’amitié et le respect des monarques du monde entier. La liste est longue de toutes ces têtes couronnées qui vinrent chez elle, de l’empereur d’Autriche au Shah de Perse... « Devant son charme, des hommes importants s'inclinaient, parmi lesquels l'empereur allemand Guillaume II et Gabriele D'Annunzio. » explique un biographe : en 1894, elle rencontre le Kaiser, de passage à Venise où il rencontra le roi Umberto Ier. L’empereur passant sous son balcon fit arrêter le bateau des souverains pour monter la saluer ; Il eut cette phrase impériale « Je m’incline devant le soleil » en claquant ses talons comme les allemands savent le faire. Il s’attarda et avec sa suite sortit sur le balcon en compagnie de la comtesse. Fervente monarchiste, elle ne pouvait qu’en être ravie et son amitié pour le kaiser ne se démentit pas, même après la chute de l’Empire des Hohenzollern.
 
En 1896, elle fit la connaissance de Gabriele d’Annunzio, le Vate. Pris à son charme, lui vouant une admiration sans bornes, il l’appelait « La Beauté vivante ». Avec l’écrivain aussi, une profonde amitié naquit qui dura et a duré jusqu'à la mort de D’Annunzio. Ils échangèrent de nombreuses lettres. Pourtant, bien que parlant plusieurs langues, lisant beaucoup et sachant se tenir et parler, Annina avait la réputation de n’être pas très cultivée ni curieuse intellectuellement. Il faut bien que chez les sots et les envieux, on trouve à redire devant autant de perfection.


Ma grand-mère me raconta qu’en 1913, la comtesse, aidée par sa fille et son gendre, organisa dans sa villa de Trévise, un grand dîner en l’honneur de la duchesse douairière d’Aoste, Son Altesse Impériale et Royale était arrivée quelques jours auparavant. Parmi les invités, toute l’aristocratie vénitienne, mais aussi la grande-duchesse Vladimir et le grand-duc et la grande-duchesse Cyrille de Russie, le duc et la duchesse de Manchester, des artistes, des écrivains. Le dîner fut joyeux. Il y eut le lendemain une bagarre entre des ouvriers sardes ou génois et des vénitiens sur un campo. Les ouvriers s’étaient moqués de la comtesse et de tous ces aristocrates prétendant que la rumeur courait qu’ils faisaient des choses peu convenables lors de ces diners. Les vénitiens témoins de ces propos virent rouge et tombèrent comme un seul homme sur ces types qui se permettaient de critiquer « leur » comtesse. De tout temps, les vénitiens adorent ces fêtes qui rappelaient une époque révolue comme du temps où la pompe et la magnificence de la République était affaire d’État et cause publique. Les ouvriers sardes auraient mis en pièce sans l’intervention des carabiniers ! On ne voyait rien d’injuste dans ces fêtes. Narcissique et fière de sa liberté et de son rang, la Dogaressa ne se montrait jamais arrogante ou méprisante.

 La fantasque marquise Casati
Elle avait pourtant des tas d'occasions pour se montrer cassante. Comme avec la célèbre marquise Casati. C’est à la Casetta Rossa, chez D’Annunzio que la comtesse Morosini fit sa connaissance. Bien que voisines, les deux femmes n’avaient jamais eu l’occasion de se rencontrer. Lorsque le maître de maison fit les présentations, la Casati, de vingt ans plus jeune que la Dogaressa, lui dit: « Quand j'étais enfant, mon père me parlait de votre célèbre beauté ». Ce à quoi la comtesse répondit calmement, en souriant : « Sans remonter aussi loin, ma chère, votre mari me parlait de la vôtre tous les soirs ». Ce qui montre à quel point elle est restée belle –  - jusqu'à un âge avancé ;
mais aussi combien elle avait de l’esprit et qu'il restait très vif... Elle confiait volontiers à son entourage que son secret consistait de rester une fois par semaine 24 heures d’affilée dans son lit et de pratiquer un jeûne complet. Elle prétendait avec un certain humour que le fait d’avoir eu de nombreux amants tout au long de sa vie contribua à lui conserver plus longtemps que de raison, sa jeunesse... Ces propos renforcent l’idée que cette femme était d’un narcissisme éhonté ! De jeunes officiers, des nobles, des hommes de lettres, des artistes sont passés dans sa vie. Pourtant, elle avouait avoir rarement vécu une vraie relation amoureuse. « Ce que j'aimais le plus, c'était le goût de la conquête et d'être courtisée par de beaux hommes » lui fait dire son biographe.
Elle resta jusqu’à la fin une grande dame. Dans une Venise devenue indifférente, elle se laissa rattraper par la vieillesse, ne recevant plus que quelques intimes, sortant peu et ne se montrant plus du tout en société. Un matin, sa femme de chambre la trouve immobile dans son lit, paralysée et incapable d’articuler une phrase, Elle survécut une semaine à cette attaque d’apoplexie, ne prononça plus un mot, même à la comtesse Louis de Robilant, sa fille venue à son chevet. La plus belle femme de Venise s’éteint le 10 avril 1954. Elle avait 89 ans. La Dogaressa repose au cimetière de San Michele, dans la chapelle de sa famille.
 
 

Notes :
1  Pendant la rédaction de ce billet, j’ai repensé à un lecteur inconnu qui, en 2006, avait laissé un commentaire assez négatif et méprisant. Sous le pseudonyme de ich bin niemand (je ne suis personne), il critiquait les chroniques de Tramezzinimag mais le lisait quand même. je me demande parfois ce qu'il est devenu presque 20 ans après nos échanges qui furent assez virulents. Je n'ai jamais découvert qui se cachait derrière ce je ne suis personne. Je me demande ce qu'il a pu devenir. Toujours vendeur de pizza cultivé, arrogant et méprisant ? Tout le contraire de la comtesse Morosini. Je dédie donc ce billet à ce nessuno qui a pris vingt ans lui aussi mais lit peut-être encore et toujours notre misérable site, avec la même colère et la même hargne. Lui rappeler que Tramezzinimag existe toujours et garde des lecteurs fidèles, en rien agacés par «mon édifiante weltanschauung». Les improbables duchesses le saluent.
 
2  voir le billet sur les doges de Venise :

07 juin 2024

Connaissez-vous Pietro Fragiacomo ?

Voiles sur la lagune par Pietro Fragiacomo, circa 1910

Lorsque je travaillais pour Bobo Ferruzzi dans sa galerie de san Vio (là où se dresse aujourd'hui la boutique du Musée Peggy Guggenheim), j'allais souvent prendre un café dans le bar situé juste en face de la galerie. Deux ou trois tables dehors que l'artiste m'avait expliqué faire partie des vestiges de l'ancien mobilier du Florian. Je ne sais plus le rapport entre ces tables de fonte et de marbre et ce petit maître - le terme sous ma plume n'est en rien réducteur ou méprisant - mais en retrouvant cette petite peinture actuellement en vente sur le net, j'ai revu Bobo me parlant de ce Pietro Fragiacomo en buvant un verre en face de la galerie... Les mystères du cerveau, ce flash soudain qui me ramène quarante en arrière : Il était arrivé un jour à la galerie avec un tableau de Fragiacomo sous le bras. Bobo le déballant m'expliqua qu'il venait de l'échanger contre une sculpture de bois polychrome, et en me décrivant ce qu'il y avait chez ce petit maître coloriste qui lui parlait, me ft une leçon d'harmonie, d'esthétique et de couleurs qui scella définitivement mon admiration pour lui

Né à Trieste en 1856 mais arrivé très jeune à Venise avec sa famille. élève à l'Accademia, ses maîtres ont été Domenico Bresolin et Guglielmo Ciardin, il se lia d'amitié avec plusieurs autres artistes vénitiens, notamment son condisciple Ettore Tito. On retrouve ses travaux dans bon nombre de collections particulières à Venise et dans de nombreux musées.

J'ai la chance de posséder une de ses peintures. Une petite huile sur panneau de bois, une vue marine, sobre et pleine de lumière. Il ne s'agit pas d'un travail très coté mais la sérénité qui se dégage de cette petite peinture vaut son pesant d'or qu'aucun or jamais ne me fera céder.

 

22 mai 2024

Offrez-nous un café !

Un des plus jeunes lecteurs de Tramezzinimag (19 ans) mais aussi le plus jeune des Fous de Venise mais déjà fort érudit, m'a conseillé ce site dénommé «Buy Me A Coffee». Laissez-moi expliquer de quoi il s'agit pour ceux qui n'ont avaient entendu parler.

Il s'agit de proposer à nos lecteurs un moyen pour nous soutenir en adressant via un QR code l'équivalent d'un ou plusieurs cafés. L'idée est sympathique et je l'ai essayé auprès de sites que j'aime bien et qui ont adopté la formule.

Mais, à Buy Me A Coffee ils ne se contentent pas de proposer une adaptation contemporaine des cafés suspendus ou des appels aux dons. Ils donnent aux abonnés la possibilité d'avoir une boutique, et autres outils intéressants et bien plus légers que le sempiternel FaceBook de moins en moins utilisé par les jeunes générations.

Nous avons donc adopté Buy Me A Coffee. La page des dons est désormais opérationnelle. Les sommes engrangées, outre les cafés que nous consommerons pour ne pas nous endormir, viendront compléter le résultat des dons que certains fidèles ne manquent pas de nous adresser, nous permettant de créer une cagnotte. Celle-ci sera utilisée pour aider au fonctionnement de notre maison d'édition, modeste projet qui démarre piano piano entre Venise et Bordeaux.

Bien entendu, nous publierons régulièrement des informations concernant l'usage que nous ferons des sommes réunies : publier des ouvrages bilingues ou des traductions françaises de textes déjà publiés en italien, sur Venise et sa civilisation, de poésie, d'histoire, etc. Nous pensons aussi à apporter notre contribution à des initiatives qui nous toucheront dans l'esprit de Tramezzinimag. Ne nous sommes-nous pas baptisé après tout, et ce depuis presque vingt ans, les «Fous de Venise» dont ce site  est l'organe ? 

Phase test donc. N'hésitez-pas à nous faire part de vos ressentis et vos idées. Comme votre fidélité, la régularité et la pertinence de vos commentaires font notre bonheur ! Alors à vos claviers !