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Lorsque je travaillais pour Bobo Ferruzzi dans sa galerie de san Vio (là où se dresse aujourd'hui la boutique du Musée Peggy Guggenheim), j'allais souvent prendre un café dans le bar situé juste en face de la galerie. Deux ou trois tables dehors que l'artiste m'avait expliqué faire partie des vestiges de l'ancien mobilier du Florian. Je ne sais plus le rapport entre ces tables de fonte et de marbre et ce petit maître - le terme sous ma plume n'est en rien réducteur ou méprisant - mais en retrouvant cette petite peinture actuellement en vente sur le net, j'ai revu Bobo me parlant de ce Pietro Fragiacomo en buvant un verre en face de la galerie... Les mystères du cerveau, ce flash soudain qui me ramène quarante en arrière : Il était arrivé un jour à la galerie avec un tableau de Fragiacomo sous le bras. Bobo le déballant m'expliqua qu'il venait de l'échanger contre une sculpture de bois polychrome, et en me décrivant ce qu'il y avait chez ce petit maître coloriste qui lui parlait, me ft une leçon d'harmonie, d'esthétique et de couleurs qui scella définitivement mon admiration pour lui
Né à Trieste en 1856 mais arrivé très jeune à Venise avec sa famille. élève à l'Accademia, ses maîtres ont été Domenico Bresolin et Guglielmo Ciardin, il se lia d'amitié avec plusieurs autres artistes vénitiens, notamment son condisciple Ettore Tito. On retrouve ses travaux dans bon nombre de collections particulières à Venise et dans de nombreux musées.
J'ai la chance de posséder une de ses peintures. Une petite huile sur panneau de bois, une vue marine, sobre et pleine de lumière. Il ne s'agit pas d'un travail très coté mais la sérénité qui se dégage de cette petite peinture vaut son pesant d'or qu'aucun or jamais ne me fera céder.