VENISE,UN LIEU MA ANCHE UN VIAGGIO NELL'EUROPA CHE MI PIACE NOT THE ONE OF THE GLOBALIZATION MAIS CELLE DES NATIONS DES PEUPLES DES CULTURES, PATRIA DELLA DEMOCRAZIA DELLA FILOSOFIA DELLA STORIA LA REINE DES VILLES AU SEIN DE L'EUROPE REINE DU MONDE
Serge Bassenko est écrivain et photographe. Il a passé 20 ans à photographier Venise et sa lagune. Ses images, plusieurs fois exposées, montrent la Venise méconnue et émouvante des Vénitiens : ruelles tranquilles, petits canaux qu'on ne peut découvrir qu'en barque, lagune sauvage et solitaire, nuit profonde doucement illuminée par de faibles réverbères...Tramezzinimag qui suit son travail depuis plusieurs années vous invite aujourd'hui à une exposition virtuelle des œuvres de ce photographe qui est aussi un écrivain de talent avec presque une vingtaine de romans à son actif ! Notre amie du site Venetiamicio a rendu avant Tramezzinimag un hommage à cet artiste de talent. Voilà ce qu'en dit N.H. Marino Zorzi, ancien directeur de la Marciana et directeur de la revue Comprendre fondée par Umberto Campagnola :
"« La Venise de Bassenko est tout ensemble authentique et métaphysique.
Sa main experte sait saisir des instants irréels, des lumières
mystérieuses, en créant une atmosphère d’attente, de suspension, de
rêve. La beauté des lieux, pleine d’histoire, se charge d’une valeur
nouvelle, il n’est pas de forme humaine qui trouble le silence onirique
des places et des ruelles immobiles. Le sens du mystère domine aussi les
images de la lagune : Bassenko saisit l’attrait fascinant de cet espace
unique, ni vraiment terre ni vraiment mer, qui a été le berceau d’où
Venise est née et qui aujourd’hui encore l’entoure de ses bras. Moi,
vénitien, je ressens que Bassenko a su fixer dans ses images l’essence
de notre monde, dont le caractère semble se perdre dans le vacarme
moderne mais qui aujourd’hui encore se manifeste à celui qui sait le
voir. Il est impossible d’oublier les photographies de Bassenko, car
elles nous redonnent cette Venise que nous portons en nous. »"
C'était un vieux projet que cet hommage dans Tramezzinimag à un homme voué en entier au beau et dont les mots sont pareils à ses images, l'œil sait remarquer en un instant ce que les mots décrivent avec l'acuité qui sied aux poètes véritables. On devine au fil des images qu'il propose à voir une sensibilité exacerbée, une capacité d'aimer et de souffrir toujours retenues. "De la belle ouvrage" disait en me parlant de lui un vieil ami vénitien qui m'a donné l'idée de reprendre les clichés de Bassenko pour les proposer à nouveau à nos lecteurs qui comprendront mon enthousiasme pour cette manière de traduire l'âme de la Sérénissime. Il y a dans les propos de l'artiste une nostalgie certaine. Le regret d'une Venise qu'il considère comme définitivement disparue ? Allusion au temps qui passe et nous fait percevoir les choses différemment ou simple constat que Venise aussi et périssable et que l'esprit nouveau qui fait se mouvoir les gens n'entend pas Venise comme il l'entendait - comme nous l'entendons - et que les hordes qui l'envahissent de février à décembre (il nous reste encore le silence et la tranquillité de janvier...) piétinent ses rues et ses campi comme s'il s'agissait d'un vaste et vulgaire parc d'attractions qu'on ne regarde qu'à travers son smartphone fixé en haut d'une perche fluorescente ?
La cloche de Santo Stefano sonne midi. Le ciel est d'un joli bleu. Il continue de faire froid mais le soleil donne envie de traîner. Des gens bavardent sur le campo sous mes fenêtres. Derniers jours tranquilles. dans quelques semaines ce sera le carnaval et l'invasion... Je sors rejoindre une amie pour déjeuner et laisse à une amie blogueuse et lectrice fidèle, le soin d'exprimer son approche du travail de Serge Bassenko. Qu'elle soit remerciée de cet emprunt. Elle a su, bien avant Tramezzinimag, parler de cet artiste qu'elle découvrit à l'occasion d'une exposition parisienne :
Le
héros du livre " Il pleut" habite le Campo San Boldo... et c'est grâce à
lui que j'ai fait une belle rencontre il y a quelques mois.
Il y a
un an, grâce à notre petit univers des amoureux de Venise, j'apprends
qu'une exposition de photographies se déroule dans le 13e
arrondissement de Paris, et s'intitule "Par amour pour la Venise
d'hier", de Serge Bassenko.
Je consulte le site et commence quelques jours plus tard, la lecture du roman " Il pleut "... Au fil des mois, j'ai appris à connaître Serge Blassenko à travers ses photos et ses textes, mais aussi grâce à sa compagne Eléonore. Je laisse parler Serge maintenant :
Avant
d'aller à Venise, je n'en savais pratiquement rien. Je me souviens de
mon "visiting tour" de la ville - projet assez amusant, à vrai dire. J'avais
décidé d'arriver de nuit - parce que j'aime la nuit - de faire le tour
de la ville et de passer sur le Pont des Soupirs... en voiture. La
réalité a été quelque peu différente. D'abord, j'ai dû laisser la
voiture dans un endroit impossible à définir. Puis, voguer sur une eau
d'un noir d'encre, craignant à chaque instant de couler. La nuit était
noire, tout alentour était si noir, seules quelques pauvres lumières
luisaient çà et là. En descendant sur le quai, je
me suis précipité dans les ruelles et après un moment, j'ai débouché sur
la Place St Marc, sans même oser lever les yeux, tellement j'étais
effrayé. De nouveau, j'ai couru vers les ruelles et me suis finalement
arrêté auprès d'un pont. Je me rappelle le canal - si sombre, silencieux
et tendre - et la pensée qui m'est venue : "Venise est une ville où on
peut pleurer". Faire des photos exige une bonne santé et de l'entraînement. En
arrivant, courir par les rues et les ponts pour prendre le moteur de la
barque, le réservoir, les cordes et le diable ; puis courir pour
attraper le bateau de la lagune ; enfin, tirer à deux personnes tout ce
chargement, les bagages, les appareils photographiques et le trépied,
par une route pleine d'ornières et sous une pluie battante .... Ensuite,
marcher de jour, de nuit, manger debout, ramer, et à la fin, la nuit,
quand on se gèle dans le vent après une difficile mise au point, arrive
une barque inattendue qui trouble le calme du canal pour une autre
attente de vingt minutes... Pourtant, pour moi,
cela a toujours été une promenade, tranquille et sereine, seulement une
promenade. J'aimais à dire : "Allons nous promener à Venise".... ... Faire des photos exige aussi de la patience. ... Je photographie ce que je regarde et regarder ne s'apprend pas. ... Ainsi, malgré les apparences, je n'ai pas photographié Venise, mais ce qu'elle contenait, et qui n'est plus. (Extrait du Cd-Rom de Venise et sa Lagune/Histoire de mes photos)
Serge Bassenko Il pleut, Venise en 1973 Ed. Edilivre
Un roman très agréable à lire tant il nous touche par les petits riens qu'il évoque au fil des pages. L'auteur nous fait partager la vie du héros du livre et de ses jeunes amis vénitiens. On découvre les petits métiers de l'univers vénitien, et le quotidien sans histoire d'un peuple qui continue de vivre comme il l'a toujours fait en dépit du monde qui change. Apprendre à ramer à la vénitienne, accompagner un vieil homme vendre sa production de légumes au marché du Rialto, se régaler de cette cuisine casalinga qui n'a pas son pareil, et puis le lien qu'on découvre et qui passe par le dialecte, cette "si caressante langue vénitienne". "Toute une vie
ignorée des touristes pressés par le temps – si simple mais si pleine" que les lecteurs de Tramezzinimag connaissent où dont ils ont si souvent entendu parler dans nos colonnes. La vie à Venise au quotidien. Paisible, unique, normale mais pourtant tellement différente des autres lieux urbains du monde de'aujourd'hui.
"La marée monte et descend, l’eau clapote contre les
barques de bois, les palais se reflètent dans l’eau calme, le brouillard
vient envelopper la lagune. Peut-être, comme le jeune héros,
tomberez-vous amoureux de ce monde si attachant, mais déjà si
dangereusement menacé par la vie moderne ?"(le texte en italiques d'Eléonore Mongiat, la compagne de l'auteur a été écrit pour la revue Altritaliani, 27/XI/2017)
Il rétablit pour quelques mois la liberté et l'indépendance de la Sérénissime qui dût courber l'échine une fois encore et ne se remettra jamais plus se remettre du coup fatal que l'exécrable petit général corse - que d'aucuns continuent d'admirer pour sa bravoure et son génie - qui fut l'assassin d'une république vieille de mille ans. Tout cela afin d'assouvir ses appétits de gloire et de puissance. Pourtant, généreux et brave, Daniel Manin n'eut pas un destin heureux et mourra non pas de chagrin mais presque quelques années plus tard à Paris, pleuré par son fils et sa sœur qui partagèrent son exil. Il fut le dernier à présider aux destinées, bien que pour seulement quelques mois (de janvier 1848 à août 1849), de l'éphémère République de Saint-Marc, indépendante, démocratique et souveraine. Quand le reste de l'Italie se rangea sous la bannière des souverains piémontais, bien que fervent républicain, il soutint l'unification et encouragea l'intégration de Venise et de ses territoires sous le giron du roi Victor-Emmanuel de Savoie.
Il mourut quelques années plus tard après une vie au service de sa patrie. Héros du Risorgimento, il était vénéré et adulé. pourtant sa fin fut des plus tristes. Il vécut chichement ses dernières années, dans un petit appartement parisien, donnant des cours d'italien. Très marqué par la mort de sa femme, Teresa Perissinotti contaminée par le Choléra dès leur arrivée à Marseille, puis par celle de leur fille, il devait mourir à son tour en 1857, à seulement 53 ans.
Un peu plus de dix ans après sa mort, ses cendres furent transportées à Venise où le gouvernement fit organiser des obsèques solennelles en présence d'une foule incommensurable. Sa dépouille fut placée sur l'un des flancs de la basilique San Marco et non pas à l'intérieur, les lois imposées par le Code Napoléon qui interdisaient d'enterrer à l'intérieur des églises. Seul son fils lui survécut. Il mourut en 1882 dans la maison familiale de San Paternian. On ne sait rien des circonstances de son décès. Suicide ou suites d'une maladie. Patriote comme son père, il ne s'intéressa pas à la politique bien que sollicité à plusieurs reprises pour occuper des fonctions au sein de la municipalité de Venise ou au gouvernement à Rome, il préférait poursuivre ses expériences scientifiques et vécut solitaire. Il était très lié à l'épouse d'Ernest Renan dont il était devenu l'ami et qui se rendirent à plusieurs reprises chez lui avant sa mort.
Il n'y a aucun descendant direct du dernier chef d'état vénitien.
Je me demande pourquoi cette photo volée il y a cinq ou six ans me remplit de mélancolie et qu'elle me renvoie directement à cette merveilleuse chanson de Barbara et Moustaki ? A priori rien, absolument rien à voir entre les strophes émouvantes de la chanson et cette scène d'un quotidien tranquille à Venise avec ces deux vieilles dames dont nous rejoindrons bientôt l'âge... "Nos superbes défaites, nos angoisses secrètes..."
Peut-être parmi les paroles celles que je pourrais adresser à Venise surgissant des tréfonds de mon cœur quand, passant par les rues et les campi comme je l'ai fait aujourd'hui, je suis témoin de cette vie qui grouille partout, là où les touristes ne font que passer... Ainsi tout à l'heure, en revenant des Crociferi où j'étais allé travailler, dans ce café fort agréable en toute saison. Je traversais San Cancian, le campo San Giovanni e Paolo, remontais ensuite par Santa Maria Formosa.
Tout au long du chemin, des vénitiens se promenaient avec leurs chiens, des parents attendaient la sortie des écoles, un jeune violoncelliste d'une quinzaine d'années s'en allait vers son cours de musique en bavardant avec un ami qu'il venait de croiser. Devant l'hôpital des gens papotaient, formant des petits groupes devant Rosa Salva... Une ambiance bon enfant, un décor magistralement éclairé par un soleil d'hiver particulièrement inspiré. Des images d'un bonheur tranquille, un quotidien paisible tellement rare ailleurs dans nos paysages urbains défigurés par l'automobile, bruyants et pollués...
Beaucoup de joie et de plaisir ressentis, cette impression roborative qui s'empara de moi au fil des pas s'accompagnait aussi de cette nostalgie qui revient souvent. Mais de quoi s'agit-il en vérité ? Est-ce le regret de n'avoir pu voir naître et grandir mes enfants à Venise et de pas avoir fait vivre ma famille comme vivent toutes les familles croisées ? Le regret de n'être plus vraiment d'ici ? d'être finalement devenu étranger au quotidien de ces gens ? Est-ce ma difficulté pour renouer avec ma vie vénitienne ? Je sais pertinemment qu'elle est mienne pourtant, qu'elle est constitutive de ce que je suis vraiment. Pas seulement parce que j'ai vécu ici mes "années d'apprentissage" et que, de tout ce qui fait un homme, beaucoup a été reçu, appris, vécu ici bien plus qu'ailleurs, mais surtout parce que je sens en moi cet appel aux sources, aux fondements de ce que je suis, de ce que sont les miens. Le sang qui coule dans mes veines est vénitien après tout.
Au risque de lasser le lecteur, me voilà une fois encore ressassant de sempiternelles questions qui n'auraient pas été si compliquées autrefois. parce que la vie ici était plus simple, parce que ma vie ici coulait de source... Recevoir ce weekend mon fils pour quelques jours était une épreuve redoutée. Non pas que je doutais de la manière dont tout allait se passer, mais parce que je craignais que son séjour ne révèle l'absurdité de ma situation et soit inconfortable pour lui. Il s'est installé chez moi avec son ami comme il l'aurait fait dans la maison familiale au détail près que, en dehors des photos de famille et de quelques objets familiers, rien dans l'appartement ne lui était familier. Je n'occupe les lieux que quelques semaines par an pour bien vite repartir. Par nécessité. Par peur aussi certainement. Peur de ne plus voir mes enfants aussi souvent et facilement que je les vois quand je réside en France, dans la même ville que leur mère et que la plupart de leurs amis et les membres de notre famille. Ils n'ont à Venise que des souvenirs, le plus souvent des bribes du temps de leur enfance. Leur vie est désormais à Paris, Lyon, Nantes ou Montréal. Si je m'installais définitivement ici, ou du moins plusieurs mois par an, viendraient-ils ? Vaut-il mieux renoncer et rester plus près d'eux ? Questions sans réponse encore...
Mais qu'importe les états-d'âme. Ils ne sont souvent que les prétextes fallacieux d'une âme trop faible - ou trop tendre en vérité - qui a peur de l'échec, ou de l'erreur, ou du regard désapprobateur des autres. Qu'importent les autres aussi finalement. Ils ne sont pas ce que nous sommes et nous ne serons jamais ce qu'ils sont. Contentons-nous de ne pas les brusquer, les choquer ou les décevoir. Ils ne savent pas ce qui vibre et flamboie en nous, ni non plus ce qui souffre ou s'étiole.
Heureusement, au hasard des rencontres, selon un plan mystérieux qui nous échappe le plus souvent et qu'élabore la Providence pour notre bien, nous approchons et croisons des êtres d'exception, ou d'autres qui nous semblaient ordinaires en apparence mais qui tous, nous aident à grandir, à avancer, à être tout simplement. Mon chemin de vie à Venise, mais aussi ailleurs auparavant, est pavé de ces rencontres merveilleuses qui continuent de me nourrir et m'accompagnent dans une quête de joie qui ne cessera jamais, même après la vie. Et tant pis pour les pisse-vinaigres qui trouveront à redire et se moqueront de cet angélisme... Mes fidèles lecteurs reconnaîtront une fois encore dans ces lignes cette petite lumière qui brille aussi en eux pour la plupart j'en suis convaincu, et laisseront avec moi les persifleurs s'enfoncer dans leur triste et amère pénombre.
Lancée il y a un peu plus d'un an, l'application Cool Cousin, inventée par de jeunes et brillants cerveaux fait florès. De plus en plus de cousins la rejoignent présentant ainsi à travers leur profil la ville où ils vivent. A Venise, nous sommes sept, avec des profils ( et des âges) différents. Au 10 décembre dernier, soit 195 jours après avoir été choisi pour y participer, 2596 personnes avaient utilisé ma carte, mes 54 spots avaient déjà été "likés"3119 fois et une bonne vingtaine de personnes se sont mises en contact avec moi pour des compléments d'informations, des demandes très diverses et des conseils. Une belle dynamique qui s'ouvre à de nombreuses nouvelles villes chaque jour. Montrer la Venise que j'aime, sans rien déflorer de ce qui fait la Sérénissime pleine de vie, accompagner son évolution et les changements qui s'opèrent spontanément le plus souvent à l'initiative des vénitiens eux-mêmes, donner à voir une ville qui palpite et vibre autrement qu'au rythme imposé du flot touristique. Une grande joie et beaucoup d'espoir pour demain.
où quand l'esprit des lieux sollicite la mémoire des poètes.
Mardi 22 janvier.
[...] Parfois le désir du « donner à voir » me reprend. Montrer, faire découvrir, partager mes coups de cœur, transmettre, autant de postures qui s'imposent en moi depuis qu'il m'a été donné de « prendre un enfant par la main pour lui montrer le chemin ».
Je ne connais rien de plus gratifiant, de plus joyeux que de voir une étincelle dans les yeux d'un enfant qui apprend et s'approprie le trésor qu'on dépose dans ses mains. L'enseignement aurait dû être le meilleur terrain pour développer ce goût et en faire un talent utile.
C'est sûrement pour cela que l'écriture est très tôt devenue une part de moi-même. Mes lecteurs le savent bien qui connaissent mon parcours. Peu savent combien ce besoin m'est nécessaire. Un coucher de soleil qui m'émeut, un tableau, une musique, la page d'un livre qui résonne soudain, je voudrais pouvoir tout partager. Lorsque la magie opère et que la transmission se fait, j'ai la sensation d'être plus riche et cela me rend heureux. « Le bonheur de donner est le plus nourrissant pour l'âme » disait ma chère grand-mère.
Mercredi.
Long moment de lecture et d'écriture attablé dans la librairie-café Sulla Luna sur la fondamenta della Misericordia. La musique y est douce, la lumière au dehors très belle. Peu de monde. Lecture et Lapsang Souchong. Le bonheur. Un bonheur cuicuicui pour certains, mais peu m'importe.
Holocene de Bon Iver en fonds sonore. Impeccable.
J'étais ce matin dans un café près du campo San Barnaba. Attendant des amis qui devaient me rejoindre pour une promenade, je relisais les premières pages du carnet que j'emporte toujours avec moi. Des notes écrites il y a quelques semaines en France. Un prétexte pour entreprendre cette chronique et nourrir Tramezzinimag en janvier sur la joie qu'on ressent quand en donnant à voir, on offre une part de bonheur en partageant notre découverte...
Donner à voir...
De mes années d'apprentissage, mes études en France puis à Venise, puis mes premières expériences professionnelles, somme toutes privilégiées, je ne surprendrai personne en disant qu'elles ont laissé une forte empreinte et ont imprégné à jamais ma vie, déterminant mes choix, réussites et échecs mêlés. Je pense notamment à ces années passées dans la galerie de Giuliano Graziussi à la Fenice puis dans celle de San Vio aux côtés de Bobo Ferruzzi. j'ai gardé longtemps la nostalgie. C'est ainsi que longtemps après mon retour, mon mariage, les enfants, le divorce et pas mal de pataugeage, j'ai ouvert la Galerie Blanche. Une petite galerie associative aux parois immaculées comme le suggère son nom. Un lieu sans prétention mais construit avec beaucoup de passion. L'aventure dura seulement trois ans. Trois belles années où je cherchais avant tout à « donner à voir ». La rue était fréquentée par de nombreux étudiants, d'abord parce qu'il y avait en face les Archives Municipales, dans un bel hôtel du XVIIe dont la salle tranquille accueillait de futurs historiens, et un peu plus loin une bibliothèque ouverte tard le soir. La rue abritait aussi plusieurs cafés et un pubs, tous très fréquentés. Les jeunes qui s'y retrouvaient envahissaient plusieurs soirs par semaine les trottoirs pour fumer leurs cigarettes et boire leurs chopes de bière. Souvent ils venaient s'asseoir sur le rebord de la vitrine.
Je restais souvent tard dans la galerie (j'étais en plein naufrage matrimonial) et je voyais depuis mon bureau tous ces jeunes gens qui bavardaient et riaient. Parfois, ils regardaient ce qui était accroché sur les cimaises. Un jour, je décidais de laisser la porte ouverte. Bien m'en prit : ils s'engouffrèrent jour après jour. Le lieu était joli, l'espace confidentiel et chaleureux et mon sourire avenant. Filles et garçons prirent alors l'habitude de venir voir les expositions. Lieu associatif, j'outrepassais les interdits concernant la tabagie et les laisser entrer avec leurs cigarettes et leurs verres d'alcool. Bientôt passer un moment dans la galerie devint un des rites des fins de semaine pour bon nombre d'étudiants. Beaucoup devinrent des amis et même des clients. J'avais réalisé mon projet de donner à voir à un public en majorité peu familier de l'art et des galeries.
La galerie tournait bien mais il fallait vendre de plus en plus pour pouvoir payer nos charges, notamment le loyer qu'un propriétaire avide et peu honnête augmentait chaque année. Bref, l'aventure s'est arrêtée, mais le désir de montrer reste toujours aussi fort. C'est ainsi que je suis ravi lorsque Cécile Odartchenko, éditeur et écrivain me demande de la remplacer dans sa jolie petite galerie du Vieux Bordeaux. Cela lui rend service et j'aime ces moments passés C'est de là que j'écris ces lignes.
Je
retrouve ici l’atmosphèrequi
était celle de la galerie de Ferruzzi en hiver. Des livres, de la
musique, un mug de thé fumant, et autour de moi sur les cimaises,
des petites huiles intéressantes et belles de l'américain Michael
Pierce. Le temps passe.
Simplement : je rêvasse en écoutant Pierre HantaÏ dans la Canzona terza de Frescobaldi. Peu de visiteurs mais qu'importe. Le
soleil joue avec les nuages, les cloches de l’église voisine qui
viennent de sonner sont comme un rappel de ma vie vénitiennes. Les
gens passent, ragaillardis par un ciel bleu. Parmi eux, des enfants
tout pleins de la joie du mercredi après-midi. Les passants vont
par vague. Il n'y a soudain plus personne dans la rue.
C'est sur un
palcoscenico vide et silencieux que trois jeunes lascars sont entrés
en scène, me tirant de ma rêverie. Beaux et purs comme des anges,
innocents encore, ces trois petits bonshommes d’une douzaine
d’années à peine se sont arrêtés devant la galerie pour je ne
sais quelle raison n'appartenant sûrement qu'à leur monde. L’un
d’entre eux, peut-être attiré par la musique, a levé les yeux
vers la vitrine et a remarqué les peinture qui sont exposées, puis
il m’a vu et m’a lancé un joli sourire en s'approchant de la
vitrine, puis, curieux, il m’a regardé. J’étais en train de
ranger des livres. En leur disant bonjour, je les ai invités à
rentrer. Ils m’ont salué à leur tour mais sans faire un pas,
hésitants. Nous sommes restés ainsi quelques secondes, moi avec
mes livres à la main, amusé par ces trois enfants à l’air
espiègle mais qui soudain apostrophés par un adulte avaient perdu
toute faconde et eux, intimidés semblaient attirés aussi. Celui qui
m’avait souri, le plus grand des trois, le plus joli aussi, en
culottes courtes comme les autres, a décidé ses camarades d’un
« allons-y, ça a l’air chouette »,
et ils sont rentrés.
« C’est
la première fois que je rentre dans une galerie de tableaux »
a dit le plus petit, à la frimousse couverte de tâches de rousseur
comme un poulbot, « ce n’est pas une galerie a dit le
grand, c’est une librairie, tu vois bien que c’est plein de
livres aussi ». Le troisième, pour ne pas être en reste a
lancé à mon attention, « mon frère, il m’a lu
l’histoire du Petit Prince. Vous l’avez ce livre ? ».
Je lui explique que la galerie-librairie est aussi une maison
d’édition spécialisée dans la poésie et que le livre de
Saint-Exupéry n’est pas en vente ici. Ce court échange a délié
les langues. Nous avons ainsi parlé de peinture, d’art moderne, de
poésie, d’écriture, et l’échange était passionnant. Ces
trois-là ne manquaient pas d’à-propos ni de jugement. Visiblement
éveillés par des parents attentifs et cultivés, ils savaient
utiliser le vocabulaire adéquat et leur savoir m'a paru surprenant.
Le plus grand parla de Prévert et de Baudelaire que lit son père.
Ils aimèrent les petits formats de l’américain, les couleurs du
crépuscule.
« C’est
comme les nuages à l’océan » me dit le plus petit.
« C’est cela même », lui ai-je répondu,
expliquant que le peintre aimait à peindre sur des carnets les
couchers de soleil sur l’océan où il habite une partie de l’été…
Les deux autres aimèrent les paysages d’Irène Mamantova, qui vont être exposés dès la semaine
prochaine. Je leur raconte que la dame, encore jeune fille (elle
avait vingt ans à peine) eut la vie sauve grâce à un domestique
qui la cacha dans un placard quand les bolchéviques (je leur
expliquais ce que cela voulait dire) envahirent la datcha familiale
pour la piller et massacrer tout ce qu’ils trouvaient
d’aristocratique donc honni. Objets, meubles, gens, animaux.
Les trois garçons furent captivés par l’histoire. La fuite
d’Irène, son arrivée à Nice où sa famille finalement se
réfugia, sa vie ensuite, la musique au conservatoire (le blond
m’apprit qu’il était en classe de hautbois), les rencontres avec
les émigrés, la misère matérielle mais la richesse
intellectuelle. En partant, ils me remercièrent et promirent de ne
jamais passer devant la galerie sans rentrer voir ce qu’il y avait
sur les cimaises. « On viendra avec nos parents »
dit le plus grand. « Ah oui, on leur montrera les tableaux
et on racontera l’histoire de la fille russe qui les a peints »
répondit le plus petit.
Leur
sourire radieux et satisfait, sans aucune feinte, tout rempli de sincérité et
de reconnaissance, me réchauffa le cœur. Le ciel avait beau être passé au gris,
les nuages se faire menaçants et la lumière triste, les adultes pressés et
hautains au regard indifférent, que je vis passer tout au long de l’après-midi
et qui ne rentraient jamais en dépit de la porte ouverte, tout s’effaçait devant la magie de cet instant où
trois jeunes garçons, beaux et espiègles, vinrent à ma rencontre et repartirent
joyeux, paisibles, satisfaits et contents, tout comme moi. Il n’y a de vraie
joie que dans ces rencontres, toujours inattendues qu'il nous est parfois
donné de faire avec la pureté vraie, la candeur, la simplicité et l’innocence.
Le Largo du concerto en sol majeur pour flûte traversière de Vivaldi, Sul Modo Antico, accompagna leur sortie,
digne et sympathique. Il sera bientôt l’heure de fermer. Une bien belle
journée.
24 janvier
Ces notes vieilles de quelques mois me font repenser à un texte de
Diego Valeri sur les poètes français qu'il affectionnait. Fatigué de travailler
à une traduction qui s'avèreinsatisfaisante et sur laquelle je peine depuis mon retour à Venise, j'avais là un bon prétexte pour sortir un peu. La promenade fut de courte durée : je
suis allé fouiller à la Querini-Stampalia dans le Fonds consacré à l'auteur.
Dehors, le ciel bas n'a pas encore livré la neige quetout le monde annonçait. Les cloches de Santa
Maria Formosa répondent à celles de San Zanipolo. Il fera bientôt nuit. En
dépit du chauffage, il ne fait pas vraiment chaud dans les salles. J'aime quand
mon souffle se transforme en buée et que mon haleine soudain participe aux
mouvements de la nature en se faisant brouillard...
J'ai vite retrouvé ce que je cherchais.
L'ouvrage que j'avais si souvent feuilleté du temps de mes années d'étudiant en
Histoire des Arts à San Sebastiano, est toujours là. Intitulé Poeti Francesi del nostro tempo. Commeil porte une dédicace de l'auteur, il est maintenant classé parmi les manuscrits, autographes et ouvrages rares. Une édition bien ordinaire pourtant,
qui ne date que de 1924. Certes, la page de garde comporte unesignature autographe du maître mais elle semble avoir été apposée là bien distraitement... La consultation ne peut donc se
faire que dans une petite salle sans âme, située à proximité de l'accueil -
j'ai même dû laisser ma carte d'identité... Je ne pourrai donc pas repartir
avec l'ouvrage ni m'installer dans ma salle préférée, celle qui donne sur le
jardin, avec les murs couverts de tableaux anciens et meublée des lourdes
tables de bois sculpté (hélas, la plupart des lampes des années 1910 ont été remplacées par des machins modernes.Le lieu idéal pour lire
du Diego Valeri, le poète comme le critique.
Diego
Valeri qui concevait la critique artistique comme partie intégrante de sa
recherche créative – il a écrit de nombreux commentaires et préfaces sur les
peintres modernes et publia beaucoup sur l'art et la littérature -, écrit dans
son commentaire sur le poète béarnais :
« Toute l’œuvre [de Jammes] est la transcription immédiate de ses sensations, de ses sentiments comme de
ses pensées. Son sublime est totalement spontané et inconscient, Ça et làsurgit quelque chose qui est plus qu'un
sourire ou un sanglot.[...] Il ne sait pas ou plutôt, ne veut pas savoir
ce qu'est l'Ars Poëtica. »
Cette spontanéité, pareille à celle de ces
trois petits bonshommes venus dans la galerie l'autre jour, me touche
terriblement. Elle résonne en moi bien plus que les mots d'un Sollers ou d'un
Houellebecq, ces représentants d'un crépuscule parfois splendide et rayonnant?
mais qui n'en demeure pas moins un crépuscule, l'illustration pathétique d'une fin, l'odeur déliquescente d'un
monde qui s'achève et qui meurt. Un peu comme ce que Debussy disait de la
musique de Wagner dont le sublime n'a rien d'une aube joyeuse mais bien plutôt d'un
crépuscule. La « la disgrâce de la nuit qui engloutit » écrivait
René Char...
La poésie de Francis Jammes rayonne ainsi comme l’innocence des
enfants. Et Diego Valeri de citer lepoème Cette personne, qu'il qualifie de « Poesia profumata della più pura essenza francescana » (poésie embaumant la plus pure essence franciscaine) :
Cette personne a dit des méchancetés
[…] Alors j'ai été révolté.
Et j'ai été me promener près des champs
où les petits brins d'herbes ne sont pas méchants
avec ma chienne et mon chien couchants.
Là, j'ai vu des choses qui jamais n'ont dit aucune méchanceté, et de petits oiseaux innocents et gais.
Je me disais, en voyant au-dessus des haies s'agiter les tiges tendres des ronciers : ces feuilles sont bonnes. Pourquoi y a-t-il des gens mauvais ?
Mais je sentais une grande joie dans ce calme que tant ne connaissent pas, et une grande douceur se faisait en moi.
Je pensais : oiseaux, soyez mes amis. Petites herbes, soyez mes amies. Soyez mes amies, petites fourmis.
Et là-bas, sur un champ en pente, auprès d'une prairie belle et luisante, je voyais, près de ses bœufs, un paysan.
Qui paraissait glisser dans l'ombre claire du soir qui descendait comme une prière sur mon cœur calmé et sur la terre.
D'aucuns aujourd'hui hurleraient à la niaiserie - l'esprit bisounours, injure suprême - en entendant ces vers. Je les laisse à leurs aigreurs de pisse-vinaigres patentés ! Ils le classent dans les simples. Pas assez morbide, malsain ou pessimiste à leur goût... Virgile et Saint Jean de la Croix aussi je suppose, ne trouvent grâce à leurs yeux. Pour ma part, je trouve comme Diego Valeri, une belle profondeur dans la poésie de Francis Jammes. Pas de faux-semblants, de tics, d'effets chez le béarnais. Rien d'artificiel, tout émane de son cœur et résulte du vécu et le plus souvent du quotidien. C'est ce que j'aime chez le Cueilleur de papillons comme le nomme Diego Valeri, faisant allusion à ces lignes extraites du court roman écrit par Jammes en 1899, Clara d'Ellébeuse, qui fit mes délices d'adolescent un jour d'été pluvieux, dans le grenier de la maison où nous passions nos vacances dans un village des Pyrénées :
« Prends ce petit livre. Il est fait sans art. Mais je souris parce que je l'aime à cause de toi, et que tu n'as jamais su, ô cueilleuse de papillons, pas plus que moi, selon quelle formule il faut aimer en vers, il faut pleurer en prose ».
C'est avec toutes ces réflexions dans la tête que je me hâtais d'aller retrouver ce couple d'amis venus passer quelques jours à Venise. Ils logent dans un rez-de-chaussée trop sombre à deux pas du Ponte dei Pugni. Bonheur de longer la fondamenta qui fait face au campo San Barnaba encore vide de ses terrasses en ce mois de janvier finissant. Une pensée pour Katherine Hepburn barbotant dans l'eau du canal, dans la fameuse scène de Summertime,, le film de David Niven.
Je découvre au passage que la boutique du marchand bellâtre dont Jane, la vieille fille américaine qu'interprète l'actrice, tombe amoureuse, est à céder.
Il y a longtemps que ce n'est plus un magasin d'antiquités. L'endroit reste un des lieux mythiques de Dorsoduro, avec sa vitrine ouvrant directement sur le pont de fonte qui conduit par la rue des antiquaires et des libraires à la Ca'Foscari.
Me voilà aussitôt rêvant y installer là une librairie française, qui serait aussi galerie et salon de thé. Ainsi, à deux pas de la Ca'Rezzonico, proche de la fermata du vaporetto, de l'Université, lieu de passage de milliers de touristes et d'étudiants, quel bonheur ce serait. Et puis, sauver ce lieu qui risque de devenir un énième bar ou une boutique de faux artisanat vénitien Made in Bengladesh tenu par des chinois maffieux qui y blanchiront leur argent sale avec la bénédiction de l'équipe municipale actuelle... Mais le prix demandé doit être faramineux !
J’appellerai tout de même pour me renseigner. Sait-on jamais... Une librairie française avant que le Signor Pinchi s'installe Barbaria delle Tolle, existait sur la fondamenta, juste au débouché du Ponte dei Pugni. A côté d'une mensa* très bon marché où se côtoyaient étudiants et ouvriers. Il n'y a plus désormais aucune librairie de langue étrangère à Venise. le livre s'y porte relativement bien pourtant avec plusieurs nouveaux espaces ouverts depuis un an : la Marco Polo de la Giudecca (première librairie dans l'histoire millénaire de ce quartier), Sullaluna à la Misericordia, joyeuse librairie-salon de thé, Zazà, la librairie de Bande dessinée...
San Barnaba, l'église deJoseph de Chypre, l'ermite juif que les apôtres appelèrent Barnabé - littéralement Fils de la consolation ou de l'exhortation - me fait penser toujours - trivialement - à Fernandel et à la chanson éponyme : "J’ai plus d’un truc pour réussir / Car je possède en vérité / Un nom qui plaît / Barnabé, Barnabé / C’est assez facile à épeler !" - avec son campanile qui a plus de mille ans dont le sommet ressemble à celui des minarets anciens avec sa pointe en forme de pigne, est un point de rendez-vous pour les vénitiens, comme naguère (avant que les lieux soient envahis en permanence par les hordes de touristes), la loggia du campanile de San Marco ou la statue de Goldoni à San Bartolomeo.
Qui se souvient qu'à cet endroit, le 29 janvier 1441, se déroula une fête extraordinaire qui marqua l'esprit des vénitiens d'alors ? C'était un dimanche et on célébrait dans l'église une messe d'action de grâce pour le mariage de Jacopo Foscari, le fils du doge alors en fonction, avec la belle Lucrezia Contarini dont c'était la paroisse Les deux époux sont restés dans la mémoire universelle avec l'opéra de Giuseppe Verdi, I due Foscari. De nombreux cavaliers arrivèrent sur la place grâce à un pont de bateaux, partout des tentures et des oriflammes ornaient les fenêtres et les balcons. Le doge lui-même vint chercher sa belle-fille qui venait de recevoir l'eucharistie, pour l'accompagner ensuite jusqu'au Bucintoro qui avait accosté non loin de là, à l'emplacement de l'actuelle fermata du vaporetto, où attendaient cent cinquante dames choisies pour escorter la jeune épousée jusqu'au palais ducal. On fit de belles révérences, le parvis de l'église était couvert de splendides bouquets, et la foule subjuguée par tant de faste, applaudissait à tout rompre. Pompes et parades, fêtes et réjouissances furent tout au long des siècles des outils de communication très utilisés par la Sérénissime, pour séduire le monde extérieur et s'assurer l'adhésion du peuple... Ce Jacopo eut une fin terrible comme tous ceux qui portèrent ce nom depuis. Mais c'est une autre histoire et elle reste bien douloureuse pour moi. * Restaurant universitaire et ouvrier.