11 mai 2005

NON, NON & NON


Le 29 mai, après plusieurs mois de réflexion, je dirai NON sans hésiter au Traité Constitutionnel Européen, parce que je suis un européen convaincu.
Parce que je dis OUI à l'Europe.

Après 30 ans d'engagement pour la cause européenne, d'abord militant fédéraliste à Sciences Po, puis avec Michel Jobert (qui sut nous expliquer la valeur d'un "ailleurs" en politique), partisan d'une Europe des Nations, je sais aujourd'hui ce que je ne veux pas pour mes enfants et pour les enfants de mes enfants. Pour être plus clair, je ne veux rien de ce que le TCE prévoit.

Et puis, je n'ai peut-être rien compris à la politique, mais j'en ai une haute idée. Elle doit être au service des plus faibles, elle doit n'avoir pour objectif que le bonheur des peuples, la défense de leur liberté à l'intérieur, le maintien de la paix à l'extérieur.

Gaulliste convaincu, chrétien engagé, je ne puis comprendre ni admettre ce qui pousse le Chef de l’État à prôner aujourd'hui le contraire (mot pour mot) de ce qu'il clamait en 1978, dans son "Appel de Cochin", magnifique diatribe dans la grande lignée du gaullisme historique.

Je ne puis accepter qu'on fasse fi de la condition de vie des plus humbles, qu'on soit prêt à rogner les acquis sociaux ou à utiliser la personne humaine, au nom de la concurrence et du profit. Nous savons bien que cela justement ne profite jamais aux peuples.

J'ai lu, étudié, analysé le texte. J'ai écouté nos élus, de gauche comme de droite, ceux dont je me sens proche, ceux avec qui j'ai travaillé, ceux pour qui j'ai toujours voté, à commencer par le Président de la République. J'ai écouté depuis des mois les journalistes, j'ai lu revues, magazines, journaux, j'ai parcouru les sites internet les plus divers du monde entier. Alors, sans le moindre doute, au nom de mon engagement chrétien, au nom de mes convictions politiques, je le proclame : je voterai NON le 29 mai.

Et je suis convaincu que des millions de français feront de même.

Ce sursaut, ce réveil forcera l'ensemble de nos partenaires européens à ouvrir les yeux : la souveraineté populaire ne se laissera pas étouffer. La démocratie n'est pas un vain mot. On ne méprise pas impunément et longtemps les peuples, leurs attentes et leur désespoir. La victoire du OUI mènerait sans aucun doute à la violence, née du dépit.

Quand les peuples grondent, rien ne peut les arrêter.

La victoire du NON est une chance inouïe pour la France, son chef et nos élites politiques en tête. Elle pourra, comme souvent dans l'histoire, reprendre l'initiative et, comme le souhaitait le Général de Gaulle, visionnaire là aussi, contribuer enfin à bâtir cette Europe de l'Atlantique à l'Oural, qui n'aura rien à voir avec le libéralisme marchand, porte ouverte sur la dépendance et le diktat du modèle américain.

Il y a d'autres solutions. il y a la place pour une autre vision de l'Europe. C'est celle là que nous allons construire après la victoire du NON.

Quelques liens sur le sujet pour vous aider à aller plus loin dans votre réflexion :