"Que j’aime le premier frisson d’hiver !"
Alfred de Musset
Nous y sommes en cette fin d'année. Les jours très courts, le vent glacé, la lumière plus blanche... On a commencé par de belles acque alte, si l'adjectif peut-être associé à ce phénomène parfois pénible quand on doit sortir de chez soi et se rendre à un rendez-vous. Puis ces derniers jours, le brouillard est tombé, froid, humide mais tellement poétique.
Les gens se hâtent dans les rues mouillées par la brume salée qui nous vient de si loin. Le silence dans la ville s'est fait mystère. Par endroits des lampions s'essayent à la joie. Quelques enseignes leur répondent, nimbant l'épais brouillard de tâches de couleurs qu'on se surprend à trouver incongru tant la ville semble désormais vidée de toute sa polychromie. C'est si beau Venise en hiver. Bruits et senteurs, tout devient étranger comme en rêve.
Puis après d'autres journées de pluie, de bourrasques et de brume, la neige arrivera. Elle est déjà tombée sur la Terre ferme, du côté de Padoue et de Vérone. Déjà les montagnes sont couvertes de ce merveilleux manteau immaculé qui tout embellit. Si par bonheur la neige se met à tomber, pour le bonheur des cœurs simples et des voyageurs ébahis, Venise sera plus féérique que jamais. Un poème, un tour de magie, et le rire des enfants. cela durait plusieurs semaines autrefois. La lagune gelait bloquait les bateaux sur les rives aux pavés glissants. La ville désertée sentait bon la tourbe et l'air semblait aussi pur qu'en pleine montagne. Le plus beau décor pour nourrir avec délice notre mélancolie. Évoquer l'hiver à Venise me fait penser à chaque fois à cette musique que certains trouveront sirupeuse mais qui illustre tellement bien ce temps si particulier : The Very Thought Of You par Jerry Vale, ou Vera Lynn, The Day AfterTomorrow, mais aussi Moonlight in Vermont dans la très belle version de Tutti Camarata, presque impossible à trouver aujourd'hui.
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